Claude Cahun - Musée des Beaux

Transcription

Claude Cahun - Musée des Beaux
XXe
Fiche d’œuvre/
Claude Cahun (Nantes, 1894 – Jersey, 1954)
Autoportrait au miroir, 1928
Mots clefs
L’autoportrait / Mise en scène / L’identité /
Androgyne / Surréalisme / Photographie /
Miroir
Autoportrait au miroir
vers 1928
Tirage argentique d'époque
30 x 23,8 cm
Achat à la Galerie Zabriskie en 1993
Inv. : 993.7.1.Ph
L’œuvre
L’œuvre de Claude Cahun a été redécouverte dans les années 1980 grâce aux recherches et publications de François
Leperlier, philosophe, essayiste et poète. Ce sont les expositions au musée des beaux-arts de Nantes1 et au Musée d’Art
moderne de la Ville de Paris2 qui ont contribué à révéler son travail au grand public. Le musée conserve une des plus
riches collections d’œuvres de l’artiste.
L’ambigüité des genres
« Brouiller les cartes - Masculin ? Féminin ? Mais ça dépend des cas - Neutre est le seul genre qui me convienne toujours.
S’il existait dans notre langue on n’observerait pas ce flottement de ma pensée » Aveux non avenus, 1930.
Claude Cahun se sert de la photographie comme d’un outil permettant de questionner sa propre identité et de brouiller
les pistes sur le genre. Dans cet autoportrait, elle apparait debout le visage de trois-quarts devant un miroir, les cheveux
courts avec une veste à carreaux. Son regard est orienté vers l’objectif tandis que celui du reflet semble se dérober et
fuir tout contact visuel. Le miroir qui est pour l’artiste un moyen d’interroger son identité lui permet de se dédoubler, elle
se représente femme et homme à la fois. Devant l’objectif, le côté masculin ressort par la posture droite de la tête et le
poing serré alors que le reflet renvoie une image plus féminine et sensuelle en dévoilant sa nuque, son cou et le début
d’un décolleté.
Cette photographie illustre l’ambigüité qui plane sur le personnage de Claude Cahun. Elle développe dans l’ensemble de
ses travaux une réflexion sur le féminin, le masculin, l’androgynie ou l’homosexualité.
L’importance de la mise en scène
La mise en scène des portraits et autoportraits tient une place importante dans les recherches artistiques de Claude
Cahun. La composition de l’image n’est pas laissée au hasard mais participe aux interrogations identitaires. La place du
miroir comme sa place devant l’objectif permet d’accentuer l’appartenance à un genre neutre. Le reflet dévoile le double
de l’artiste et renvoie une autre image d’elle afin de révéler l’ambigüité de l’image. Elle n’aura de cesse de se mettre en
scène : crâne rasé, cheveux courts, maquillée, avec masque, en homme ou en femme.
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« Le rêve d’une ville. Nantes et le surréalisme », 1994
« Claude Cahun 1894-1954 : photographe » 1995
Musée des beaux-arts de Nantes / Service des Publics / Elodie EVEZARD / Janvier 2014
L’artiste
1894 : Naissance de Lucy Schwob à Nantes. Son père Maurice Schwob est le directeur du quotidien nantais Le Phare de la
Loire. Dès son plus jeune âge, Lucy voit sa mère sombrer dans la folie avant qu’elle ne soit internée définitivement dans
une clinique parisienne. Elle grandit dans un milieu intellectuel et littéraire privilégié. Elle est la nièce de Marcel Schwob,
écrivain français, conteur, traducteur et la petite nièce de Léon Cahun, érudit français auteur de roman d’aventure.
1909 : Rencontre Suzanne Malherbe ; celle qui deviendra par la suite sa demi-sœur puis sa compagne
1912 – 1915 : Ecrit ses premiers textes pour la revue française Le Mercure de France.
1917 : Lucy Schwob devient Claude Cahun. Elle emprunte le nom de jeune fille de sa grand-mère paternelle, Mathilde
Cahun. Son père épouse Mme Malherbe, la mère de Suzanne.
1920 : Suzanne et Claude Cahun déménagent à Paris.
1930 : Publication de Aveux non avenus, essai-poème de Claude Cahun, illustré par des photomontages de Suzanne (nom
d’artiste Moore).
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1936 : Participe à l’Exposition surréaliste d’Objets chez le marchand d’art Charles Ratton aux côtés d’André Breton.
1937 : Illustre de 20 photographies le recueil de poèmes de Lise Deharme Le cœur de pic.
Suzanne et Claude Cahun s’installent sur l’île de Jersey.
1940 - 1945 : Claude et Suzanne entrent en résistance contre l’occupation nazie. Arrêtées par la Gestapo, elles sont
libérées en 1945.
1954 : Décède sur l’ile de Jersey à Saint Hélier.
Bonus
Son appartenance au mouvement surréaliste.
Claude Cahun est citée depuis quelques années comme membre de la deuxième génération des surréalistes. Philippe
4
Soupault membre fondateur du groupe lui propose dès 1919 d’écrire dans la revue Littérature mais elle refuse cette
première filiation. Son intégration s’est faite progressivement par le biais de rencontres. Elle se lie d’amitié avec plusieurs
membres fondateurs : Jacques Viot5, Henri Michaux et Robert Desnos mais sa rencontre la plus marquante est sans aucun
doute celle d’André Breton en 1932. Elle entretient avec l’auteur du Manifeste du surréalisme (1924) une correspondance
jusqu’à la fin de sa vie. À partir de cette date, Claude Cahun collabore à l’écriture de plusieurs textes et expose des objets
dans L’exposition surréaliste d’Objets à la Galerie Charles Ratton en 1936. L’artiste par ses pratiques artistiques (écriture,
objet et photomontage) a gravité autour des surréalistes. Après la Seconde Guerre mondiale, elle tente en 1953 de
reprendre contact avec ses amis et envisage de revenir à Paris, ce que ça santé ne lui permet pas. Elle décède un an plus
tard.
Le musée a acquis en 2013, une nouvelle photographie de Claude Cahun Objet sous globe de verre réalisée vers 1936.
Cette œuvre qui a appartenu à André Breton témoigne des liens qui les unissaient et de leur intérêt commun pour
l’assemblage et le détournement d’objets.
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Charles Ratton (1897-1986) est un marchand et collectionneur d’art. Il a contribué à la valorisation des arts primitifs en France.
Philippe Soupault et André Breton ont publié en 1919 Les champs magnétiques, un ouvrage écrit avec la méthode d’écriture automatique.
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Jacques Viot est né à Nantes en 1898, après la Première Guerre mondiale, il se rapproche d’André Breton et du mouvement surréaliste.
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Musée des beaux-arts de Nantes / Service des Publics / Elodie EVEZARD / Janvier 2014
Pour aller plus loin
Le mouvement surréaliste
http://www.histoiredelart.net/courants/le-surrealisme-16.html
http://www.histoiredelart.net/courants/le-surrealisme-16.html
Bibliographie
- Catalogue d’exposition, Claude Cahun 1894 – 1954, photographe, Musée d’art moderne de la ville de Paris, 1995.
- Catalogue d’exposition, Claude Cahun, Jeu de Paume, Paris, Juan Vicente Aliaga, François Leperlier, Tirza T. Latimer,
Patrice Allain, 2011.
- Claude Cahun, Aveux non avenus, Mille et une nuit, Paris, 2011.
- François Leperlier, Claude Cahun, Nathan, Paris, 1999.
- François Leperlier, Claude Cahun, L’écart et la métamorphose, J-M.Place, Paris, 1992.
Sitographie
France :
http://www.jeudepaume.org/index.php?page=article&idArt=1488
http://fresques.ina.fr/elles-centrepompidou/fiche-media/ArtFem00017/claude-cahun-autoportrait-1919.html
Musée des beaux-arts de Nantes / Service des Publics / Elodie EVEZARD / Janvier 2014