la métamorphose

Transcription

la métamorphose
LA MÉTAMORPHOSE
Une adaptATION en bande dessinée DE LA NOUVELLE DE FRANZ KAFKA.
Scénario
Eric Corbeyran
Dessin et couleur
Horne
Éditions Delcourt - Collection Ex-Libris, mars 2009.
Texte non intégral et adapté.
LA MÉTAMORPHOSE
de FRANZ KAFKA
Horne a fait ses débuts en bande dessinée avec Philippe Sternis. Il collabore ensuite avec le scénariste Eric Corbeyran pour la série publiée aux
Éditions Delcourt, Le Maître de jeu, avant de réaliser cette adaptation de Kafka.
Quelques repères…
1 - Les dates et la genèse de l’œuvre
Franz Kafka est né à Prague en juillet 1883
et il meurt à Kierling en Autriche en juin
1924. Bien que Tchèque, Franz Kafka
écrit en allemand. Ses œuvres les plus
connues sont ses romans Le Procès (1925)
et Le Château (1926) ainsi que la nouvelle
La Métamorphose (1915).
C’est l’un des écrivains majeurs du XXe
siècle dont l’œuvre résonne très fortement
aujourd’hui. Il installe ses personnages
2 - Le résumé de la nouvelle
et les thèmes abordés par MaRIVAUX
Le résumé :
« En se réveillant un matin après des rêves agités, Gregor Samsa se
retrouva dans son lit, métamorphosé en un monstrueux insecte. »
Telle est la première phrase de la nouvelle. Gregor ignore les raisons
de sa métamorphose et à aucun moment dans le texte, cette métamorphose n’est explicitée. Gregor, représentant de commerce dans le
domaine des tissus et de la confection, vit avec ses parents et sa sœur
Grete dans le grand appartement familial de la rue Charlottestrassen.
Les affaires de son père ont périclité cinq ans auparavant et seul
le travail de Gregor permet de faire vivre les siens et de leur assurer un
train de vie assez confortable.
Devenu un insecte répugnant, il ne peut plus communiquer avec sa famille, mais comprend pourtant tout ce qu’il se dit.
Il ne peut plus travailler, sortir, espérer la moindre vie sociale.
Quant à ses parents, ils l’ignorent, n’éprouvent aucune compassion
et ne cherchent pas à comprendre ce qu’est devenu leur « fils ».
Seule Grete le nourrit, nettoie la chambre, en faisant le plus vite possible pour ne pas voir l’être immonde et inquiétant enfermé dans la
pièce. Gregor est ainsi devenu un monstre, que l’on cache et pourtant
celui-ci culpabilise de ne pouvoir aider sa famille. Il tente de garder
un peu de son ancienne humanité, suit de loin la vie dans l’appartement, et parcourt inlassablement les murs de sa prison dont on a
ôté tous les meubles. Meurtri psychologiquement et physiquement,
il désespère et finit par se laisser mourir pour échapper à sa condition.
Sa mort est accueillie comme une véritable libération par ses parents
et sa sœur.
Cette nouvelle est au cœur de la thématique de Kafka :
quelle est la signification de la vie ? L’humain n’est-il qu’une vermine
destinée à mourir, délaissée et vilipendée par les autres qui ne manifestent aucune pitié ? Kafka n’explique pas le pourquoi de cette métamorphose, il se contente de décrire ce qui est, comme une fatalité.
À cela on ne peut rien changer, on ne peut échapper à la condition
de l’absurde. La seule issue reste la mort. L’élément fantastique de
départ, c’est-à-dire la transformation de Gregor en cafard, est très vite
évacué au profit d’un réalisme très prégnant. Aucun des personnages
ne s’étonne de ce qui arrive à Gregor. Leurs réactions de rejet s’expliquent parce que sa transformation implique seulement des changements dans leur propre vie.
dans des atmosphères sinistres, cauchemardesques, aux prises avec
une société et une bureaucratie inhumaines, aliénantes. Son univers
raconte des humains déracinés, broyés par le système, en proie à la
culpabilité et à la contrainte. Il pousse la déclinaison de ces thèmes
forts jusqu’à l’absurde et au réalisme fantastique.
Franz Kafka écrit La Métamorphose en 1912. Fonctionnaire
à Prague, sa ville natale, il est alors âgé de 29 ans. Cette nouvelle
occupe dans son œuvre une place singulière et passe pour l’un de ses
textes les plus énigmatiques. Elle compte une soixantaine de pages
selon les éditions.
Dans cette allégorie, on entre vraiment dans ce que l’on
appelle la vision kafkaïenne de la vie avec tout ce qu’elle comporte :
absurdité, inutilité, handicap, routine insupportable, relations sociales
convenues et relations familiales corrompues.
Enfin, les traducteurs et les commentateurs de l’œuvre de
Kafka ont toujours hésité sur l’insecte qu’est devenu Gregor : certains
le désignent comme une « vermine », d’autres penchent pour le cafard
ou le cancrelat, qui inspirent la répulsion ; d’autres encore emploient
le vocable « punaise » à cause de l’odeur nauséabonde qu’il dégage.
Vladimir Nabokov, qui a longuement exploré l’œuvre de Kafka avait
choisi le scarabée, qui n’aurait cependant pas su utiliser ses ailes.
Au moment de la publication de la nouvelle, Kafka avait
expressément recommandé à son éditeur de ne jamais représenter ou
dessiner Gregor insecte. D’ailleurs à la fin du récit, lorsque la femme
de ménage découvre le corps de Gregor, elle crie au reste de la famille
(dans certaines traductions) : « Venez voir un peu ça, c’est crevé ; c’est
là, par terre, complètement crevé ». Gregor, le monstre, est réduit
à un « ça ».
Le récit est au passé et à la troisième personne.
2
LA MÉTAMORPHOSE
de FRANZ KAFKA
Les thèmes :
Une double métamorphose : Gregor Samsa se métamorphose
en insecte. Il ne veut pas admettre sa nouvelle condition tout d’abord,
nie que sa voix change et que sa famille ne peut plus le comprendre.
Puis il se rend compte que ses goûts changent, que les meubles de sa
chambre l’encombrent, qu’il peut marcher sur les murs. Tout en gardant ses sentiments humains, il apprend à devenir insecte et à utiliser
son nouveau corps.
Parallèlement s’opère une autre métamorphose au sein de
la famille : devant l’incapacité de Gregor à subvenir à leurs besoins,
les parents et la sœur réagissent, en l’excluant progressivement du
cercle de la famille, en travaillant à l’extérieur pour gagner leur vie
et en acceptant des sous-locataires. À la mort de Gregor, la famille
disloquée se soude à nouveau et peut enfin penser à l’avenir. La famille
passe progressivement de l’amour à la haine, de la vie à la mort.
La métamorphose est un thème littéraire important que
la mythologie et les contes, entre autres, ont largement exploré
et décliné. Cependant, Kafka renouvelle ce thème et y imprime
sa marque. Il devient un thème « kafkaïen » où règnent l’absurde,
l’incongru, l’illogique.
Quelques repères …
ans, depuis que son entreprise a périclité. Gregor tire donc satisfaction et fierté de son rôle et de son importance. Cependant, il souffre
au travail, dans ses relations professionnelles, et vit mal ses déplacements en train, l’autorité hiérarchique ainsi que le mépris de la part
de son patron. Il espère que dans cinq ans au plus tard, il sera libéré de
ses obligations et pourra dire ce qu’il pense de sa situation pour enfin
se consacrer à lui. Il se sent à la fois indispensable et coincé dans une
vie étriquée et ingrate.
Ainsi, au début de la nouvelle, Gregor subit-il réellement sa
métamorphose ou bien est-ce une façon d’échapper définitivement à
sa condition et à ses obligations familiales ?
La Métamorphose est écrite entre le 17 novembre 1912 et le 7 décembre 1912 ; Kafka travaille parallèlement dans une compagnie d’assurances en tant que spécialiste de la prévention des accidents du travail
et dans une usine d’amiante. Il souffre dans ce travail autant que
le héros de la nouvelle.
Les relations familiales : Lorsque Kafka écrit La Métamorphose,
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L’exclusion / L’enfermement : Gregor, devenu
insecte,
est enfermé dans un corps qu’il ne connaît ni ne maîtrise. Il se mure
dans le silence puisqu’il a perdu la parole. Peu à peu, il perd son humanité pour finalement renoncer à la vie.
Il est aussi enfermé dans sa chambre. Il s’enferme lui-même
tout d’abord puis sa famille l’enferme pour ne pas le voir. Il se réfugie,
se cache sous le canapé pour épargner aux siens la souffrance que
provoquerait une rencontre avec un monstre.
Ce double enfermement signifie l’exclusion familiale
et sociale. En cela, La Métamorphose décortique de manière efficace la
dynamique de l’exclusion et elle est tout à fait d’actualité.
Le poids social : Gregor souffre de sa condition de voyageur de
commerce. Il est fils modèle puisque lui seul subvient aux besoins de
sa famille et son travail permet aux siens de vivre assez confortablement dans un bel appartement. Son père ne travaille plus depuis cinq
il est en conflit très violent avec sa famille, qui l’accuse de vouloir
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brider son travail d’écriture. Il développe une véritable haine pour
son père, qu’il qualifie de tyrannique. On peut donc comprendre que
la genèse de cette œuvre a été dictée par la haine que Kafka éprouve
pour ses parents.
La famille qu’il dépeint dans la nouvelle fait figure
de carcan. Gregor aime les siens et met toute son énergie à les faire
vivre confortablement, mais cela lui pèse et l’étouffe. Aussi, les relations au sein de la famille sont d’emblée ambiguës. Puis, elles se
détériorent très nettement au fil des jours : Gregor n’est plus le fils,
mais un monstre, un parasite, qui empêche ses parents et sa sœur
de vivre, qui les contrait à travailler, à partager l’appartement avec des
sous-locataires, à cacher ce monstre qu’ils enferment dans sa chambre. Enfin, la mort de Gregor, vécue comme une véritable libération,
entrouvre la possibilité de prendre un nouveau départ et permet d’envisager l’avenir de manière optimiste. Dans l’adaptation, les parents
et la sœur de Gregor sont montrés de manière très noire, très sombre.
Ils ne sourient jamais (sauf dans les dernières planches), ils subissent
ou ils se montrent extrêmement violents avec lui.
3
Quelques repères …
LA MÉTAMORPHOSE
de FRANZ KAFKA
4 - Le découpage de la nouvelle dans la bande dessinée
Les trois
chapitres
1
2
3
Texte de Kafka
BD de Horne
Environ 26 pages, selon les éditions.
Le réveil
« En se réveillant un matin après des rêves agités, Gregor Samsa se
retrouva, dans son lit, métamorphosé en un monstrueux insecte »
Jusqu’à « Ensuite, la porte fut encore claquée d’un coup de canne, puis
ce fut enfin le silence. »
Page 3 à page 16
13 planches
24 pages
L’enfermement
« C’est au crépuscule seulement que Gregor se réveilla, après un sommeil lourd et comateux »
Jusqu’à « Il vit seulement encore, d’un dernier regard, qu’on ouvrait
la porte de sa chambre et que, suivie par sa sœur qui criait, sa mère
en sortait précipitamment, en chemise, car sa sœur l’avait déshabillée
pour qu’elle respirât plus librement pendant son évanouissement, puis
que sa mère courait vers son père en perdant en chemin, l’un après
l’autre, ses jupons délacés qui glissaient à terre, et qu’en trébuchant sur
eux elle se précipitait sur le père, l’enlaçait, ne faisait plus qu’un avec
lui – mais Gregor perdait déjà la vue – et, les mains derrière la nuque
du père, le suppliait d’épargner la vie de Gregor. »
Page 17 à page 30
14 planches
25 pages
La souffrance et la mort pour Gregor. La famille est libérée.
« Cette grave blessure, dont Gregor souffrit plus d’un mois –personne
n’osant enlever la pomme, elle resta comme un visible souvenir, fichée
dans sa chair – parut rappeler, même à son père, qu’en dépit de la
forme affligeante et même répugnante qu’il avait à présent, Gregor
était un membre de la famille, qu’on n’avait pas le droit de le traiter
en ennemi et qu’on contraire le devoir familial imposait qu’à son
égard on ravalât toute aversion et l’on s’armât de patience, rien que de
patience. »
Jusqu’à : « Et ce fut pour eux comme la confirmation de ces rêves
nouveaux et de ces bonnes intentions, lorsqu’en arrivant à destination
ils virent leur fille se lever la première et étirer son jeune corps. »
Page 31 à page 46
16 planches
4
LA MÉTAMORPHOSE
de FRANZ KAFKA
Pistes de travail
pour l’étude de L’ALBUM
1 – la métamorphose dans les programmes
de collège et lycée
1.3 : Programmes du collège (Bulletin Officiel
spécial n°6 du 28 août 2008)
Programme de français (extraits des instructions officielles) – Préambule
et objectifs : La lecture
Lecture analytique, lecture cursive
Pour fonder cette culture humaniste, le professeur de français construit sa progression à partir de la découverte et de l’étude de
textes littéraires. Chaque année, les élèves sont invités à lire plusieurs
oeuvres du patrimoine, principalement français et francophone, mais
aussi européen, méditerranéen ou plus largement mondial. L’étude
d’œuvres intégrales et la lecture d’extraits s’articulent à cette fin.
Le professeur doit s’assurer de la capacité de ses élèves à lire des œuvres
intégrales, en tenant compte du niveau de chacun. Il développe leurs
compétences en lecture et les amène progressivement à être des lecteurs autonomes. Il cherche à susciter le goût et le plaisir de lire.
L’étude de l’œuvre intégrale s’appuie sur une lecture complète préalablement effectuée par l’élève. En classe, elle combine la lecture analytique d’extraits avec un parcours transversal, qui peut être organisé
à partir d’une question ou d’un thème donné. La lecture cursive est
une lecture personnelle de l’élève, en dehors du temps scolaire mais
le plus souvent en rapport avec le travail conduit en classe. Pour cette
raison, elle gagne à être recommandée par le professeur qui cherche à développer le goût de lire, en proposant un choix commenté
d’œuvres accessibles. La littérature de jeunesse occupe une place
naturelle dans ce choix d’œuvres. Qu’elle revienne sur le passé ou
qu’elle ouvre sur le monde d’aujourd’hui, elle contribue à l’acquisition
d’une culture personnelle. Elle permet d’instaurer un dialogue avec
les œuvres patrimoniales et elle facilite parfois l’accès à la lecture des
œuvres classiques. Le professeur choisit des textes de qualité adaptés
à ses élèves et à son projet pédagogique.
Cette lecture personnelle de l’élève n’exclut pas le recours à
la lecture cursive, en classe, de textes ou documents destinés à éclairer
l’étude qui est en cours.
Ces différentes formes de lecture sont pratiquées avec le
souci constant de privilégier l’accès au sens, de prendre en compte la
dimension esthétique et de permettre une compréhension approfondie du monde et de soi. Elles s’attachent dans tous les cas à développer les compétences de lecture et à susciter le plaisir de lire.
La lecture de l’image
L’image, fixe ou mobile, constitue, pour l’enseignement en
général et celui du français en particulier, une ressource précieuse à
plus d’un titre : en fournissant à l’élève des représentations du monde
présent et passé, elle contribue efficacement à la constitution de sa
culture et de son imaginaire ; elle favorise l’expression des émotions et
du jugement personnel ; elle peut en outre consolider l’apprentissage
de méthodes d’analyse. Selon les préconisations du socle commun de
connaissances et de compétences (pilier 5), « une connaissance d’œuvre cinématographique majeure du patrimoine français, européen
et mondial » est encouragée.
Dans une démarche comparable à la lecture des textes,
l’image est analysée en tant que langage. Il importe de faire percevoir
aux élèves, confrontés chaque jour à une abondance d’images variées,
que celles-ci sont des représentations porteuses de sens et que souvent
leur visée peut être explicitée. Face à l’image, comme face au texte,
les élèves doivent apprendre à s’interroger sur ce qu’ils voient
et à observer l’image avant d’en parler. On pourra alors les amener à
passer d’une approche intuitive à une interprétation raisonnée en les
initiant progressivement à quelques notions d’analyse.
De la Sixième à la Troisième, l’approche de l’image est
toujours mise en relation avec des pratiques de lecture, d’écriture ou
d’oral. La lecture de l’image a sa place en préparation, accompagnement, prolongement des textes et domaines abordés durant l’année.
Classe de Troisième – Programme de français (extraits des instructions officielles)
Formes du récit aux XXe et XXIe siècles
Le professeur fait lire au moins deux œuvres, en lecture
intégrale ou par extraits, choisies dans les deux entrées suivantes :
Récits d’enfance et d’adolescence : L’élève étudie par exemple l’une des œuvres suivantes : Colette, Sido, La Maison de Claudine ;
Albert Cohen, Le Livre de ma mère ; Nathalie Sarraute, Enfance ;
Fred Uhlman, L’Ami retrouvé ; Hervé Bazin, Vipère au poing ; AlainFournier, Le Grand Meaulnes ; Romain Gary, La Promesse de l’aube ;
Italo Calvino, Le Baron perché ; Driss Chraïbi, La Civilisation, ma
mère ! ; Camara Laye, L’Enfant noir ; Amos Oz, Soudain dans la forêt
profonde ; Annie Ernaux, La Place ; Tahar Ben Jelloun, L’Enfant de
sable ; Andreï Makine, Le Testament français.
Romans et nouvelles du XXe et XXIe siècles, porteurs d’un
regard sur l’histoire et le monde contemporains : le choix est laissé à
l’appréciation du professeur.
5
LA MÉTAMORPHOSE
de FRANZ KAFKA
1.2 : Programmes du lycée : programmes de
français, classes de Seconde et Première
applicables à la rentrée 2001.
Programme de lycée français (extraits des instructions officielles, dans
le document d’accompagnement des programmes) – Le récit en la
nouvelle en classe de seconde
Roman, nouvelle et histoire littéraire
La prépondérance du narratif romanesque dans la littérature constitue, en soi, un élément de construction de l’histoire littéraire. L’étude de tels textes s’articule particulièrement bien, de plus,
avec des mouvements littéraires tels que le réalisme et le naturalisme,
la littérature engagée, voire l’art pour l’art (avec « l’écriture artiste » de
Flaubert), ou encore avec le romantisme.
Lectures : auteurs et œuvres
Le programme spécifie que le choix des œuvres est ouvert
et appartient aux professeurs, au sein des œuvres des XIXe et XXe
siècles. La liste de romanciers et de romans, ainsi que de nouvellistes
des XIXe et XXe siècles qui suit a été établie à partir de la consultation
et des mises en oeuvre qui ont déjà eu lieu. On y distingue, d’une
part, les auteurs que l’histoire littéraire a consacrés et qui constituent
de grands repères culturels, d’autre part ceux qui, sans être secondaires, sont moins directement perçus comme des repères, et enfin
des œuvres qui sont sans doute moins attendues mais peuvent être
étudiées avec profit. On suggère en outre l’étude d’œuvres intégrales
du domaine francophone, mais aussi des possibilités d’ouvrir aux élèves – par des lectures cursives notamment – un accès aux littératures
étrangères.
les longs récitatifs et dans les bulles contenant les pensées de Gregor
et les rares dialogues entre les personnages. La tonalité générale
de l’album est très sombre, dans des gammes de noir et de clair,
où tranche parfois le rouge du ciel de Prague ou celui des pommes
assassines. Très peu de couleurs éclairent le récit, sinon dans les deux
dernières planches montrant la délivrance de la famille de Gregor à
la mort de celui-ci, délivrance morale et délivrance physique puisque
les parents et la soeur de Grete sortent enfin de leur appartement.
Nous sommes donc introduits d’emblée dans ce huis-clos et évoluons
avec les personnages de la chambre au salon et à la cuisine.
Comment graphiquement montrer l’insecte qu’est devenu
Gregor ? Il est présent dans presque toutes les planches de l’album
sous forme insectoïde. Horne utilise abondamment les vignettes incrustées, les insert pour le mettre en scène, ce qui renforce sa
présence et qui souligne aussi parfois sa présence cachée ou discrète
lorsqu’il est avec les « siens ». Ses attributs d »insecte : yeux proéminents, pattes ou antennes très longues, apparaissent en gros plan dans
certaines planches et attirent particulièrement le regard du lecteur.
Peu de mouvements : les personnages humains sont le plus souvent
représentés dans des attitudes figées, passives, tristes, ils subissent un
mauvais sort en vivant au côté d’un monstre, d’un parasite. Aussi,
la scène de la fin du deuxième chapitre montrant l’affrontement très
violent entre père et « fils » dans la cuisine, prend elle un relief particulier, comme un ballet de violence et de mort.
Bien que le texte de Kafka ne soit pas intégral et soit adapté,
« condensé », l’adaptation respecte les thématiques de Kafka : métamorphoses – exclusion / enfermement – relations familiales et rend
graphiquement très perceptible le malaise, la difficulté à communiquer, à accepter l’autre, le silence, les douleurs et la résignation.
Romans des XIXe et XXe siècles
– Lire et étudier un roman : Balzac, Camus, Colette,
Flaubert, Hugo, Maupassant, Perec, Queneau, Stendhal, Zola.
– Mais aussi : Aragon, Beauvoir, Cendrars, Cohen, Dumas,
Duras, Gautier, Gide, Giono, Gracq, Huysmans, Kourouma,
Le Clézio, Malraux, Mauriac, Saint-Exupéry, Sand, Simenon, Sue,
Tournier, Vallès, Vercors, Villiers de l’Isle-Adam, Vercel, Vian,
Yacine.
– Ainsi que, pour une initiation aux littératures étrangères,
des romans : Bradbury, Buzzati, Calvino, Cervantès, Conrad,Dickens,
Dostoïevski, Garcia Marquez, Goethe, Gorki, Hemingway,
Hesse, Huxley, Kafka, Kipling, Kundera, London, Mann, Orwell,
Soljenitsyne, Steinbeck, Susskind, Tolstoï, Tourgueniev, Wilde,
Zweig.
Nouvelles des XIXe et XXe siècles
– Recueils de nouvelles françaises : Aymé, Barbey d’Aurevilly, Flaubert, Maupassant, Mérimée, Sartre, Vercors, Yourcenar.
– Mais aussi d’autres auteurs français, francophones et
étrangers : Berberova, Borges, Buzzati, Diop, Gautier, Gogol, Joyce,
Kafka, Poe, Pouchkine, Schnitzler, Tchekhov.
2 – L’intérêt d’une adaptation en bande
dessinée
Adapter La Métamorphose en bande dessinée n’est pas chose
aisée. La nouvelle raconte l’histoire étrange d’un jeune homme modèle
qui subit une transformation radicale à laquelle il n’est donné aucune
explication. Le texte de Kafka est dense ; écrit à la troisième personne,
il adopte un point de vue omniscient et subjectif, et il est entrecoupé
des monologues intérieurs de Gregor méditant sur sa nouvelle condition et son incapacité brutale à s’occuper des siens. Ces monologues
diminuent puis disparaissent dans le récit lorsque Gregor bascule
vers l’animalité. Peu de dialogues ponctuent le récit. D’autre part,
il se déroule dans un lieu unique, l’appartement familial, et surtout
dans la chambre de Gregor : un huis clos symbole de l’enfermement
et de l’exclusion. Peu d’actions spectaculaires, peu de déplacements,
peu de mouvements.
Corbeyran et Horne en proposent une lecture qui tient
compte de ces éléments : le texte, condensé et adapté, tient dans
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LA MÉTAMORPHOSE
de FRANZ KAFKA
3 – Fiches de travail pour les élèves
3.1 – Etude de l’entrée dans l’histoire
Les premières lignes de La Métamorphose font entrer rapidement le lecteur dans le vif du sujet. Le personnage central se réveille
métamorphosé en insecte. Le récit se développe ensuite lentement,
à la troisième personne principalement, entrecoupé par les réflexions,
le monologue intérieur de Gregor. Ses réflexions ne portent pas tant
sur sa métamorphose, dont il ne s’inquiète pas plus que cela, mais sur
son retard et plus globalement sur sa vie de labeur, qu’il supporte très
mal. Il a raté son train et risque une sévère remontrance.
Peu d’actions dans ce début, le personnage est immobile sur
son lit, enfermé dans sa petite chambre et dans un nouveau corps dont
il ne sait pas encore se servir. Les seuls éléments extérieurs à ce double
huis clos sont les interventions encore discrètes des trois membres de
sa famille : la mère tout d’abord, le père ensuite, et la sœur enfin.
Comment traduire en bande dessinée un tel passage ?
Pas facile !
Fiche élèves : l’entrée dans l’histoire
1 – Analyse de la première planche
1 – Le découpage.
Horne n’utilise pas un découpage classique en plusieurs vignettes
et en trois bandes. Comment procède-t-il ?
2 – Quel angle de prise de vue est utilisé ici ? Pourquoi ?
3 – Les éléments de décor : quels sont ils ?
4 – Le personnage : comment est-il représenté dans la planche ?
4 – Quelle impression a-t-on lorsque l’on découvre cette planche ?
2 – Comparaison texte / bande dessinée : 83 lignes / 8 planches
Le texte de Kafka :
« En se réveillant un matin après des rêves agités, Gregor Samsa
se retrouva, dans son lit, métamorphosé en un monstrueux insecte.
Il était sur le dos, un dos aussi dur qu’une carapace, et, en relevant un
peu la tête, il vit, bombé, brun, cloisonné par des arceaux plus rigides,
son abdomen sur le haut duquel la couverture, prête à glisser tout à
fait, ne tenait plus qu’à peine. Ses nombreuses pattes, lamentablement grêles par comparaison avec la corpulence qu’il avait par ailleurs,
grouillaient désespérément sous ses yeux.
‘Qu’est-ce qui m’est arrivé ?’, pensa-t-il. Ce n’était pas un
rêve. Sa chambre, une vraie chambre humaine, juste un peu trop
petite, était là tranquille, entre les quatre murs qu’il connaissait bien.
Au-dessus de la table où était déballée une collection d’échantillons
de tissus – Samsa était représentant de commerce –, on voyait accrochée l’image qu’il avait récemment découpée dans un magazine et
mise dans un joli cadre doré. Elle représentait une dame munie d’une
toque et d’un boa tous les deux en fourrure et qui, assise bien droite,
tendait vers le spectateur un lourd manchon de fourrure où tout son
avant-bras avait disparu.
Le regard de Gregor se tourna ensuite vers la fenêtre,
et le temps maussade – on entendait les gouttes de pluie frapper
le rebord en zinc – le rendit tout mélancolique. ‘Et si je redormais un
peu et oubliais ces sottises’, se dit-il ; mais c’était absolument irréalisable, car il avait l’habitude de dormir que le côté droit et, dans l’état
où il était à présent, il était incapable de se mettre dans cette position. Quelque énergie qu’il mît à se jeter sur le côté droit, il tanguait
et retombait à chaque fois sur le dos. Il dut bien essayer cent fois,
fermant les yeux pour ne pas s’imposer le spectacle de ses pattes en
train de gigoter, et il ne renonça que lorsqu’il commença à sentir sur le
flanc une petite douleur sourde qu’il n’avait jamais éprouvée.
‘Ah, mon Dieu, songea-t-il, quel métier fatigant j’ai choisi !
Jour après jour en tournée. Les affaires vous énervent bien plus qu’au
siège même de la firme, et par-dessus le marché je dois subir le tracas
des déplacements, le souci des correspondances ferroviaires, les repas
irréguliers et mauvais, et des contacts humains qui changent sans
cesse, ne durent jamais, ne deviennent jamais cordiaux. Que le diable
emporte tout cela !’ Il sentit une légère démangeaison au sommet
de son abdomen ; se traîna lentement sur le dos en se rapprochant
du montant du lit afin de pouvoir mieux redresser la tête ; trouva
l’endroit qui le démangeait et qui était tout couvert de petits points
blancs dont il ne sut que penser ; et il voulut palper l’endroit avec une
patte, mais il la retira aussitôt, car à ce contact il fut tout parcouru de
frissons glacés.
Il glissa et reprit sa position antérieure. ‘À force de se lever
tôt, pensa-t-il, on devient complètement stupide. L’être humain a
besoin de son sommeil. D’autres représentants vivent comme des
femmes de harem. Quand, par exemple, moi je rentre à l’hôtel dans
le courant de la matinée pour transcrire les commandes que j’ai obtenues, ces messieurs n’en sont encore qu’à prendre leur petit-déjeuner.
Je devrais essayer ça avec mon patron ; je serais viré immédiatement.
Qui sait du reste, si ce ne serait pas une très bonne chose pour moi.
Si je ne me retenais pas à cause de mes parents, il y a longtemps que
j’aurais donné ma démission, je me serais présenté devant le patron
et je lui aurais dit ma façon de penser, du fond du cœur. De quoi le
faire tomber de son comptoir ! Il faut dire que ce ne sont pas des
manières, de s’asseoir sur le comptoir et de parler de là-haut à l’employé qui de plus est obligé d’approcher tout près, parce que le patron
est sourd. Enfin, je n’ai pas encore abandonné tout espoir ; une fois
que j’aurai réuni l’argent nécessaire pour rembourser la dette de mes
parents envers lui – j’estime que cela prendra encore de cinq à six ans
–, je ferai absolument la chose. Alors, je trancherai dans le vif. Mais
enfin, pour le moment, il faut que je me lève, car mon train part à cinq
heures.’
Et il regarda vers la pendule-réveil dont on entendait le
tic-tac sur la commode. ‘Dieu du ciel !’ pensa-t-il. Il était six heures
et demie, et les aiguilles avançaient tranquillement, il était même la
demie passée, on allait déjà sur moins un quart. Est-ce que le réveil
n’aurait pas sonné ? On voyait depuis le lit qu’il était bien réglé sur
quatre heures ; et sûrement qu’il avait sonné. Oui, mais était-ce possible de ne pas entendre cette sonnerie à faire trembler les meubles
et à continuer tranquillement à dormir ? Eh bien, on ne pouvait pas
dire qu’il avait dormi tranquillement, mais sans doute son sommeil
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LA MÉTAMORPHOSE
de FRANZ KAFKA
(3.1 – ÉTUDE DE L’ENTRÉE)
Fiche élèves
avait-il été d’autant plus profond. Seulement, à présent, que fallait-il
faire ? Le train suivant était à sept heures ; pour l’attraper, il aurait
fallu se presser de façon insensée, et la collection n’était pas remballée,
et lui-même était loin de se sentir particulièrement frais et dispos.
Et même s’il attrapait le train, cela ne lui éviterait pas de se faire passer un savon par le patron, car le commis l’aurait attendu au départ
du train de cinq heures et aurait depuis longtemps prévenu de son
absence. C’était une créature du patron, sans aucune dignité ni intelligence. Et s’il se faisait porter malade ? Mais ce serait extrêmement
gênant et suspect, car depuis cinq ans qu’il était dans cette place,
pas une fois Gregor n’avait été malade. Sûrement que le patron
viendrait accompagné du médecin de la Caisse Maladie, qu’il ferait
des reproches à ses parents à cause de leur paresseux de fils et qu’il
couperait court à toute objection en se référant au médecin de la
Caisse, pour qui par principe il existe uniquement des gens en fort
bonne santé, mais fainéants. Et du reste, en l’occurrence, aurait-il
entièrement tort ? Effectivement, à part cette somnolence vraiment
superflue chez quelqu’un qui avait dormi longtemps, Gregor se sentait fort bien et avait même particulièrement faim.
Tandis qu’il réfléchissait précipitamment à tout cela sans
pouvoir se résoudre à quitter son lit – la pendulette sonnait juste
six heures trois quarts –, on frappa précautionneusement à la porte
qui se trouvait au chevet de son lit. ‘Gregor’, c’était sa mère qui l’appelait, ‘il est sept heures moins un quart. Est-ce que tu ne voulais
pas prendre le train ?’ La douce voix ! Gregor prit peur en s’enten-
dant répondre : c’était sans aucun doute sa voix d’avant, mais il venait
s’y mêler, comme par en dessous, un couinement douloureux et irrépressible qui ne laissait aux mots leur netteté qu’au premier instant,
littéralement pour ensuite en détruire la résonance au point qu’on
ne savait pas si l’on avait bien entendu. Gregor avait d’abord l’intention de répondre en détail et de tout expliquer, mais dans ces conditions il se contenta de dire : ‘’Oui, oui, merci maman, je me lève ‘’.
Sans doute la porte en bois empêchait-elle qu’on notât de l’extérieur le changement de sa voix ; car sa mère fut rassurée par cette
déclaration et s’éloigna d’un pas traînant. Mais ce petit échange de
propos avait signalé aux autres membres de la famille que Gregor,
contre toute attente, était encore à la maison, et voilà que déjà, à l’une
des portes latérales, son père frappait doucement, mais du poing,
en s’écriant : ‘Gregor, Gregor, qu’est-ce qui se passe ?’ Et au bout
d’un petit moment il répétait d’une voix plus grave et sur un ton de
reproche : ‘Gregor ! Gregor !’ Et derrière l’autre porte latérale, la sœur
de Gregor murmurait d’un ton plaintif : ‘Gregor ? Tu ne te sens pas
bien ? Tu as besoin de quelque chose ?’ À l’un comme à l’autre, Gregor
répondit ‘je vais avoir fini’, en s’imposant la diction la plus soignée et
en ménageant de longues pauses entre chaque mot, afin que sa voix
n’eût rien de bizarre. D’ailleurs, son père retourna à son petit déjeuner,
mais sa sœur chuchota : ‘Gregor, ouvre, je t’en conjure.’ Mais Gregor
n’y songeait pas ; il se félicita au contraire de la précaution qu’il avait
apprise dans ses tournées et qui lui faisait fermer toutes les portes
à clé pour la nuit, même quand il était chez lui. »
La bande dessinée :
Ces quatre-vingt-trois lignes sont racontées dans les huit premières planches de l’album, de la page 3 à la page 10.
Texte Kafka
Bande dessinée
(planches et
vignettes)
Ce que les
auteurs ont
gardé
Ce que les
auteurs ont
ajouté
Ce que les
auteurs n’ont
pas gardé
Pensées de Gregor
Description de
Gregor
Eléments de
dialogues
Connecteurs
temporels
Eléments de décor :
mobilier
catalogue
photo découpée
fenêtre et pluie
le drap
L’évocation du
métier de Gregor
Les lieux :
gare
magasin
hôtel
Le père
La mère
Grete
8
Pistes de travail
pour l’étude de l’album
LA MÉTAMORPHOSE
de FRANZ KAFKA
3.2 – Les personnages
Fiches élèves :
Plusieurs entrées possibles pour travailler sur les personnages. Trois fiches sont proposées.
Fiche 1 : Comparaison texte de Kafka / Bande dessinée
Complétez le tableau suivant, en retrouvant les planches et vignettes dans lesquelles ces extraits de la nouvelle sont mis en images et en textes
(bulles et récitatifs). Indiquez dans la troisième colonne ce que le scénariste et le dessinateur ont gardé du texte, ont modifié, ont ajouté ou bien
ont supprimé.
Personnage
(par ordre
d’entrée en
scène)
Texte de Kafka
BD (page)
Dessin et texte
Comparaison : ce qui est
gardé / ce qui est ajouté
dans la BD
« métamorphosé en un monstrueux insecte. Il
était sur le dos, un dos aussi dur qu’une carapace
[…] bombé, brun, cloisonné par des arceaux plus
rigides, son abdomen. |] ses nombreuses pattes,
lamentablement grêles par comparaison avec la
corpulence qu’il avait par ailleurs, grouillaient
désespérément »
« c’était sans aucun doute sa voix d’avant, mais il
venait s’y mêler, comme par en dessous, un couinement douloureux et irrépressible. »
Gregor Samsa « les coussinets de ses petites pattes avaient un peu
de colle. »
« les mâchoires étaient fort robustes. »
« il y avait un liquide brunâtre qui lui sortait de la
bouche. »
« Tâtonnant encore lentement avec ses antennes,
qu’il commençait seulement à apprécier. »
« il plongea aussitôt la tête dans ce lait, jusqu’aux
yeux ou presque. »
« il ne pouvait manger qu’à condition que son
corps entier y travaillât. »
Sa mère
« La mère, - elle était là, en dépit de la présence
du fondé de pouvoir, avec les cheveux défaits
comme pour la nuit, et qui se dressaient sur sa
tête - commença par regarder le père en joignant
les mains, puis fit deux pas en direction de Gregor
et s’effondra au milieu de ses jupes étalées autour
d’elle, la face tournée vers sa poitrine et impossible
à discerner. »
« elle qui avait de l’asthme, elle pour qui la traversée de l’appartement était déjà un effort et qui
passait un jour sur deux à suffoquer sur le sofa près
de la fenêtre ouverte. »
9
Pistes de travail
pour l’étude de l’album
LA MÉTAMORPHOSE
de FRANZ KAFKA
(3.2 – LES PERSONNAGES)
Fiche élèves
Personnage
(par ordre
d’entrée en
scène)
Texte de Kafka
Son père
« Le père serra le poing d’un air hostile comme
s’il voulait repousser Gregor dans sa chambre, puis
regarda la pièce autour de lui d’un air égaré, puis se
cacha les yeux derrière ses mains et se mit à pleurer
tellement que sa puissante poitrine tressautait. »
« Se levant parfois de table, il allait jusqu’au petit
coffre-fort qu’il avait sauvé cinq ans auparavant du
naufrage de son entreprise. »
« Or le père était en bonne santé, mais c’était un
vieil homme qui n’avait plus travaillé depuis cinq
ans et qui ne devait pas en tout cas présumer de
ses forces. »
« Il avait beaucoup engraissé et était du coup
devenu passablement lent. »
« Le père se refusait, même en famille, à quitter
son uniforme ; et tandis que sa robe de chambre pendait, inutile, à la patère, il sommeillait en
grande tenue sur sa chaise. […] En conséquence,
cette tenue, qui au début déjà n’était pas neuve,
perdit de sa propreté. […] cet uniforme constellé
de taches, mais brillant de ses boutons dorés toujours astiqués. »
Grete
« sa sœur, presque entièrement habillée, ouvrit la
porte de l’antichambre et regarda dans la chambre
avec curiosité. »
« elle en eut une telle frayeur que, sans pouvoir
se contrôler, elle referma la porte de l’extérieur
en la claquant à toute volée. Mais comme si elle
regrettait de s’être conduite ainsi, elle ouvrit de
nouveau la porte aussitôt et entra sur la pointe des
pieds, comme chez un grand malade, voire chez un
inconnu. »
« elle qui était encore une enfant, avec ses dixsept ans, elle qu’on n’avait pas la moindre envie
d’arracher à la vie qu’elle avait menée jusque là,
consistant à s’habiller joliment, à dormir longtemps, à aider aux travaux du ménage, à participer
à quelques modestes distractions et surtout à jouer
du violon ? »
BD (page)
Dessin et texte
Comparaison : ce qui est
gardé / ce qui est ajouté
dans la BD
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LA MÉTAMORPHOSE
de FRANZ KAFKA
(3.2 – LES PERSONNAGES)
Fiche élèves
Personnage
(par ordre
d’entrée en
scène)
Texte de Kafka
Le fondé de
pouvoir
« le fondé de pouvoir faisait dans la chambre attenante quelques pas résolus, en faisant craquer ses
bottines vernies. »
« - Bonjour, monsieur Samsa ! lança alors aimablement le fondé de pouvoir. »
« quand il entendit le fondé de pouvoir pousser
un grand « oh !» […] porter la main à sa bouche
ouverte et reculer lentement, comme repoussé par
une force invisible qui aurait agi continûment. »
« Mais, dès les premiers mots de Gregor, le
fondé de pouvoir s’était détourné et ne l’avait plus
regardé avec une moue de dégoût, que par-dessus
son épaule convulsivement crispée. »
« il battit en retraite vers la porte, en ce très
progressivement, comme si quelque loi secrète interdisait de quitter la pièce. Il était déjà dans l’antichambre et, au mouvement brusque qu’il eut pour
faire son dernier pas hors de la pièce, on aurait pu
croire qu’il venait de se brûler la plante du pied,»
La femme de
ménage
BD (page)
Dessin et texte
Comparaison : ce qui est
gardé / ce qui est ajouté
dans la BD
« une gigantesque femme de ménage tout en os,
avec des cheveux blancs qui lui flottaient tout
autour de la tête, vint matin et soir pour exécuter
les gros travaux. »
« Tout ce qui n’avait pas son utilité sur le moment,
la femme de ménage toujours extrêmement pressée, le balançait tout simplement dans la chambre
de Gregor »
« Quand de bon matin la femme de ménage
arriva – à force d’énergie et de diligence, elle faisait
claquer si fort toutes les portes que, dans tout
l’appartement, il n’était plus possible de dormir
dès qu’elle était là- et qu’elle fit à Gregor sa brève
visite habituelle, elle ne lui trouva tout d’abord rien
de particulier. »
Fiche 2 : Une fiche par personnage
En choisissant dans la bande dessinée des vignettes significatives, vous présentez les personnages en réalisant sur une feuille A4 une
fiche par personnage : Gregor Samsa ; le père ; la mère ; Grete ; le fondé de pouvoir ; la femme de ménage, les sous-locataires.
Vous rédigerez un portrait de chacun avec une description physique et morale ; vous ferez également ressortir la situation sociale, la position des
personnages face à Gregor et l’évolution de chacun au fil de la nouvelle.
11
LA MÉTAMORPHOSE
de FRANZ KAFKA
Fiche 3 : Les personnages dans les planches
Comment les images et les textes de la bande dessinée montrent les personnages ? Quelles indications sur leurs relations et sur chacun
d’eux peut-on avoir ? Complétez le tableau suivant en vous référant aux pages et vignettes indiquées.
Personnages
Dans la bande dessinée
Gregor
p. 3 – p.4 – p. 5 – p. 6 V5 – p. 9 – P. 13 V 1, 3 et 4
p. 14 – p. 16 – p. 17 – p. 18 – p. 19 V6 – p. 20
V4 – p. 22 V1 – p. 23 V1 et V2 – p. 26 (derniers
inserts) – p. 27 V6 – p. 30 V2 et 3 – p. 33 V6 – p.
34 V4 – p. 36 p. 42
La mère
p. 11 V3 – p. 12 V1 – p. 14 V1 – p. 15 V1 – p. 21
V6 – p. 30 V5 – p. 34 V2 - p. 39 – p. 40
Le père
p. 11 V3 – p. 12 V2 – p. 15 – p. 16 – p. 21 V5 – p.
28 V2 – p. 29 V5 – p. 33 V4 – p. 35 V3 – p. 38 –
p. 39 – p. 44 V3
Grete
p. 13 V5 – p. 19 V1, 2 et 3 – p. 22 V2 et 3 – p 27
V3 – p. 35 V1, V5 – p. 39 – p. 40 – p. 46 V2 et V4
Portrait de chacun / relations entre eux
Le fondé de pouvoir p. 11 V5 – p.12 – P.13 V6
Les sous-locataires
p. 34, 35 et 36 – p. 38 – p. 43 – p. 44 V4
La femme de ménage
p. 42 – p. 45
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LA MÉTAMORPHOSE
de FRANZ KAFKA
3.3 – Un parcours de lecture plus global
1. Le découpage de l’album
Les planches de cet album ne sont pas constituées
de vignettes régulières disposées en trois lignes. Comment procède
Horme pour le découpage de la grande majorité des planches ?
Quel procédé et quel angle de prise de vue utilise-t-il, notamment
pour dessiner Gregor insecte ?
Donnez la définition de « insert » et de « vignette incrustée ».
Pourquoi utiliser ce procédé dans l’album ?
2. Gregor, le personnage principal
Il est présent, sous forme humaine ou insectoïde, dans toutes les planches, sauf deux : les planches 35 et 45. Expliquez les raisons de son absence dans ces deux planches.
3. Gregor mis en cases
Pour dessiner Gregor, Horme utilise principalement
des vignettes incrustées, des insert, sauf à de rares exceptions : p. 27,
p. 29, p. 38 et p. 41, où il est dessiné dans des vignettes classiques.
Pourquoi ce choix différent dans ces quatre planches ?
4. Gregor, de l’humain à l’animal
Montrez les différentes étapes de la métamorphose
de Gregor, qui lutte tout d’abord pour tenter de garder une partie
de son humanité et qui, peu à peu, utilise les ressources de son corps
animal et s’éloigne de ce qu’il était. Choisissez des vignettes significatives tout au long de l’album en montrant ce que nous indiquent
les images et les textes qu’elles contiennent. Remarquez, entre autres,
la place des antennes de l’insecte dans certaines images.
5. Communiquer et penser
Quand Gregor l’insecte parle au fondé de pouvoir ou aux
siens, ceux-ci ne le comprennent pas. Comment graphiquement
Horne traduit-elle la perception brouillée ou l’incompréhension ?
Quand Gregor pense, ses pensées figurent, dans un texte à la première personne, dans des bulles dont l’appendice comportant de
petits ronds. Cependant à partir de la page 28, les pensées de Gregor
sont absentes. Il n’y a plus ensuite que des récitatifs écrits à la 3ème
personne. Pourquoi cette absence de pensées ?
6. La chambre de Gregor
7. La vie de famille et les relations au sein de la famille
Quelle vision de la famille la bande dessinée nous
donne-t-elle ? Répondez en examinant les planches 20 – 21 22 – 24
– 32 – 36 – 37 – 44 V5 – 45 V3 – 46.
8. L’appartement, un huis clos
De nombreuses scènes se déroulent dans la chambre de
Gregor. Cependant sont mises en scène d’autres pièces de ce bel
appartement.
Le salon salle à manger : p. 11 – 21 – 27 – 29 – 32 – 34 – 35 – 36
La cuisine : p. 20 – 27 – 34
La chambre des parents : 42
Décrivez chacun de ces lieux à l’aide des planches indiquées (objets,
couleurs…) et précisez l’impression que dégagent ces pièces et ce
qu’elles nous apprennent de la situation de la famille.
9. La dynamique de l’exclusion
Dans la nouvelle, chacun des trois chapitres se termine sur
une scène très violente, qui montre comment l’exclusion de Gregor
s’accentue. Dans le chapitre 1, le père agresse physiquement son
fils avec un balai et le blesse. Dans le deuxième, le père et le « fils »
s’affrontent violemment dans la cuisine et le père bombarde Gregor
avec des pommes. Dans le troisième, les masques tombent : les parents
et Grete doivent se débarrasser du monstre pour retrouver la paix.
10. D’autres lieux
Certaines vignettes nous montrent d’autres lieux, à l’extérieur de l’appartement, moins sombres, et qui permettent une
respiration. Trouvez des vues de la gare, de la ville où vivent Gregor et
les siens, de l’endroit où il travaillait, de l’extérieur de la ville. Décrivez
chaque vignette et indiquant ce que vous pouvez apprendre.
Dans quelle ville Horme a-t-il situé l’action ? Quelle
vignette nous permet de le savoir ?
11. Fins de chapitres
Trois chapitres constituent la nouvelle ; trois planches dans
la bande dessinée constituent chacune la fin d’un chapitre : page 16 –
page 30 – page 46. Comparons ces trois planches à l’aide du tableau
ci-dessous que vous complèterez.
La chambre de Gregor est un symbole de son passage d’humain à animal, de son état de « fils » à celui de monstre. Commentez
cette évolution à l’aide des planches 3 – 26 – 33 – 34 – 41 – 43.
Fin chapitre 1 : page 16
Fin chapitre 2 : page 30
Fin chapitre 3 : page 46
Les personnages
présents
Le lieu
Le moment /
Les indicateurs
temporels
Mouvement /
immobilité
L’attitude
des personnages
La tonalité
La violence
et l’exclusion
de Gregor
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LA MÉTAMORPHOSE
de FRANZ KAFKA
Pistes de travail
pour l’étude de l’album
(3.3 – UN PARCOURS DE LECTURE PLUS GLOBAL)
Fiche élèves
METAMORPHOSE (LA)_INT.indd 16
La Métamorphose de Franz Kafka par Eric Corbeyran et Horne, page 16.
22/12/08 17:06:25
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LA MÉTAMORPHOSE
de FRANZ KAFKA
Pistes de travail
pour l’étude de l’album
(3.3 – UN PARCOURS DE LECTURE PLUS GLOBAL)
Fiche élèves
METAMORPHOSE (LA)_INT.indd 30
La Métamorphose de Franz Kafka par Eric Corbeyran et Horne, page 30.
22/12/08 17:08:00
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LA MÉTAMORPHOSE
de FRANZ KAFKA
Pistes de travail
pour l’étude de l’album
(3.3 – UN PARCOURS DE LECTURE PLUS GLOBAL)
Fiche élèves
METAMORPHOSE (LA)_INT.indd 46
La Métamorphose de Franz Kafka par Eric Corbeyran et Horne, page 46.
22/12/08 17:09:48
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LA MÉTAMORPHOSE
de FRANZ KAFKA
Immobilité et mouvement
Dans la plupart des planches, les personnages sont figés
dans une position, une attitude, une expression, ce qui accentue la
tension et le malaise des protagonistes. Quelques planches travaillent
le mouvement. Lesquelles ? Pourquoi sont-elles importantes ?
Quelques planches particulières
Page 32 : dernier récitatif : « Qui donc – dans cette famille
surmenée par le travail et brisée par la fatigue – aurait eu le temps de
s’occuper de Gregor autrement que pour ses besoins les plus pressants ? » Est-ce que les images confirment ce passage ?
Page 33 : cette planche pourrait s’appeler « Compression de
budget ». Relevez tous les éléments qui justifieraient ce titre, graphiques et textuels.
Page 37 : C’est la seule planche dans l’album qui soit douce
et gaie. Pourquoi ? Comment ?
Page 41 : L’une des planches la plus sombre de l’album.
Pourquoi ? Comment ?
Du noir et des couleurs
Peu de couleurs dans cet album sombre. Relevez les notes de
couleurs au fil des pages et indiquez leur signification.
Planches et titres
46 planches et 46 titres proposés.
La liste ci-dessous propose les 46 titres dans le désordre.
À vous de les remettre dans l’ordre des planches, de 1 à 46, en vous
aidant des images et des textes.
Première blessure – Gagner de l’argent à 17 ans ? – Projets
d’avenir – Les gouttes de pluie sur le zinc – Drôles de voix – Pas de
déjeuner – La musique comme un aimant – Grete se lâche – Il cessait
d’être responsable – Manger bruyamment – Deuxième coup de balai
- « C’est positivement incroyable » – Mort – Le métier de commis
– Face à face – Revers de fortune – La chambre vide – Le retour du
père – « Le machin d’à côté » – Arrêt de mort – Que m’est-il arrivé ? –
Crépuscule – De plus en plus insecte – Garder ou enlever les meubles
– Pommes – La vie de famille – Soulagement – La rêverie de Gregor
– Locataires et conséquences – Tous les espoirs sont encore permis –
Hors du lit – Rouge et noir – Gregor hésite : oublier ou garder son
humanité ? – Grete au violon – Compression de budget – Le temps
qui passe – De bon matin – L’affrontement père-fils – De chaque côté
de la porte – Premier coup de balai – Leçon de morale – Un appétit
singulier – Ne pas traîner au lit inutilement – Mère et « fils »
4 – D’autres adaptations
La nouvelle de Kafka a déjà fait l’objet d’une adaptation en
bande dessinée aux éditions Rackham, avec un dessin de Kuper.
Au cinéma : La métamorphose, un film français de Mathieu
Zaetindjoglou, avec Jean-Claude Dreyfus, 2009
METAMORPHOSE (LA)_INT.indd 37
© Guy Delcourt Productions, 2009- Eric Corbeyran, Horne.
Fiche pédagogique réalisée par Catherine Gentile
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