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> Ar ts Sauts : un retour
aux sour ces triomphal !...
En attendant les délires
clownesques et les frasques
périlleuses du Cirque des
Nouveaux Nez qui s’implantera du 22 au 26 mai sur le site
du Moulin du Duc, Les Arts
Sauts sont revenus pour la
3e fois dans le Trégor qui les
avait accueilli, il y a 9 ans,
pour créer durant cent jours
« Kayassine » et gonfler leur
première bulle. Après une
grande tournée mondiale et
avant de dissoudre définitivement la compagnie cet automne, ils nous ont présenté avec
ferveur et émotion leur nouveau spectacle « Ola Kala »
dans une nouvelle bulle encore plus impressionnante de
28 m de haut où ils nous ont
fait frémir en se balançant
à tue tête dans leurs trapèzes
en croix et en tutoyant les
étoiles. Frissons garantis !
ne nouvelle bulle à
Cosmopolis ? Etrange
impression... Non loin de celle
du Planétarium, la grosse bulle gonflable des Arts Sauts fait front à
celle du Radôme. Semble même la
narguer effrontément. Entre radars
géants branchés sur l’espace et
antennes pointées vers l’inconnu,
confinés à l’intérieur de leur ruche,
les hommes oiseaux veulent eux
aussi tutoyer les étoiles filantes.
Tout va bien... « Ola Kala » !
U
Un P’tit Cirk pas en « Tok»
et bourré de talent...
Juste à côté, sous un chapiteau
couleur de ciré jaune (Nota : on est
en Bretagne !), trois évadés
de la compagnie (la Lannionnaise
Danielle Le Pierrès, Christophe
Lelarge et Patrice Wojciechowsk)
continuent leur chemin avec leur
P’tit Cirk, pas en « Tok » et bourré
de talent. Un cirque plus proche du
cirque traditionnel. Plus humble, plus
humain, plus généreux. Plein de
sensibilité à fleur de peau. Hyper
musical mais muet, au sein duquel
on peut côtoyer les ombres de
Buster Keaton, de Charlie Chaplin et
de Grand Guignol... Le cinéma du
début du XXe siècle au son du bandonéon à rallonge bien fiévreux de
Philippe Ollivier et de quelques grin-
cements de contrebasse et de violoncelle ! Souvenirs, souvenirs... On
rit. On reste bouche bée. On s’émerveille comme des enfants heureux.
Et on reste figé et sans voix à suivre
cette petite histoire sans paroles
entre ce groom-groom, apparemment stressé mais à l’aise dans ses
baskets, aux jambes et aux mains
très très élastiques, qui se transforme tour à tour en M. Guignol ou en
hyper trapéziste, ce grand ahuri
sympathique et un peu simplet qui
semble tout rater, cette housse de
contrebasse en rébellion qui se met
à danser et cette Mme La Colonel, à
l’apparence autoritaire, qui dirige la
baraque rouillée et qui se laisse aller
dans un drôle de tango, qui se
découvre en maillot de bain bien
fleuri sixties avant de s’envoler, in
fine, en chantant sur un trapèze
volant... Une superbe entrée en
matière avant d’affronter tête-bêche
les rouleaux de vent chaud des sas
de l’énorme bulle et de découvrir les
trapèzes des hommes volants bien
identifiés des Arts Sauts perchés
sur leur étrange vaisseau de fer et
d’acier stationné au dessus d’un
énorme filet et d’un espace en clairobscur éclairé à ras de terre...
David et Vincent n’en croient pas
leurs yeux, les extra-terrestres sont
déjà parmi nous...
Ar t Sauts :
tombés du ciel...
Ici, plus de repaire. Etrange monde
aux confins de l’infini. Le temps de
trouver sa place, son transat, de
boucler sa ceinture, on est déjà
parti pour l’inconnu avant d’avoir
décollé. Comme dans les premières
représentations de la Fura Dels
Baus, d’étranges êtres humains
semblent tomber du ciel. Avant de
s’agripper comme des singes au
filet. Pluie d’étoiles. Les hommes
tombés du ciel se relèvent au son
d’une fine musique. Reprennent pied
sur leur étrange vaisseau spatial.
Bon voyage au cœur de l’espace !
2007, l’Odyssée de l’espèce ?
Les hommes et les dames oiseaux
dont deux anges, l’un avec d’étranges antennes sur le dos et l’autre en
carton pâte, tournent comme des
singes en cage dans leur ruche
métallique au dessus de nos têtes.
Montent. Descendent.
Redescendent les mâts d’acier.
Avant de s’envoler à travers leur trapèzes en croix dans des tourbillons
incommensurables. A en perdre la
boule. A nous faire rêver à ce rêve
d’Icare, à ces anges célestes, à ces
chevaliers du ciel qu’on aimerait un
jour côtoyer au Septième Ciel. Les
hommes araignées, véritable gladia-
teurs de l’espace, Spidermen, se
lancent dans le vide, s’attrapent, se
rattrapent quelques fois de justesse
dans des corps à corps voluptueux
au dessus du néant. Certains se
ratent, tombent... Chute. Ivresse du
vertige. Espace réinventé !!!! Les
spectateurs, têtes en l’air, un peu
dans la lune, suivent à la trace ce
ballet aérien féérique, surréaliste et
poétique. Poussent des « Oh ! » de
stupeur et des « Ouf » de soulagement ou se mettent tout d’un coup à
applaudir les prouesses jusqu’à la
standing ovation finale. Peur, joie et
émotion. Sens en émoi. Plaisirs partagés. Perchés comme des merles
siffleurs sur la scène de 12 m de
haut, les cinq musiciens accompagnent ce va-et-vient spatio-temporel.
La musique en parfaite harmonie
avec les corps, se laisse glisser,
devient tour à tour fine ou plus
ardue. Les accords de la guitare
électrique se mêlent aux pleurs des
violoncelles dans quelques délires
arabo-andalous quand la lumière
jaillit et se transforme en images.
Le ciel explose. L’orage guette...
Dans le feu d’artifice final, l’ange
aux ailes en carton virevolte comme
un papillon de nuit au dessus du
public en extase. Comme les autres,
toujours entre équilibre et déséquilibre, il se laisse aller dans un dernier
saut final. Ce Saut de l’Ange qu’on
retrouve sans filet du côté de la Baie
d’Acapulco et qui permet, selon certains, d’aller plus haut. Toujours plus
haut ! De cotoyer, in fine, le ciel et le
Paradis... G