PDF, 317.55 Ko - Journal du Jura
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NOUVELLE DISTINCTION POUR KESSI Après la guitare de Clapton, le câble de guitare de Kajdan! Quand bien même il consacre beaucoup (trop) de temps à la BD, Pierre-Alain Kessi demeure l’un des meilleurs gratteurs du pays et même d’ailleurs. Ne vient-il pas de se distinguer pour la deuxième fois lors d’un concours organisé par Guitarist Magazine? Et dire qu’on l’avait un peu forcé... C’est avec une vieille gratte pourrie que celui qui a renié Eric Clapton pour Jeff Beck a remporté ce deuxième prix. PIERRE-ALAIN BRENZIKOFER fter Shave, Slick, Chip’s, Gopfriedstutz? On ne compte plus les gangs dans lesquels Pierre-Alain Kessi a exercé son talent de guitariste au cours d’une carrière faite de fulgurances comme de désillusions. It’s only rock and roll, tout simplement. A plus de 60 balais – la précision ne le fera pas rire –, le plus Biennois des Tavannois vient de réussir un nouveau coup flamboyant en remportant le deuxième prix du concours de Guitarist Magazine, publication prestigieuse que chaque gratteur, touché par la grâce ou la graille, se doit d’éplucher. Avec sa deuxième place, notre guitar hero n’a certes gagné qu’un câble de gratte. Mais, avant d’entrer dans les détails, il convient de remonter à l’an de grâce 1998 où, pour le compte du même Guitarist Magazine, Pakman avait alors raflé la première place et la Stratocaster Blackie griffée Eric Clapton, dédicacée par le maître himself. «Il s’agissait à l’époque de produire un titre d’Eric Clapton, se souvient l’heureux lauréat. J’avais choisi ‹Badge›, de la période Cream.» Surtout, Kessi avait décidé de placer trois intros l’une sur l’autre. Soit celle de «Sunshine of your love», de «Layla» et bien sûr de «Badge». «C’est cela que le jury avait trouvé original: trois chansons différentes unifiées sur un unique riff, mais bien A PIERRE-ALAIN KESSI Sur la présente photo, il joue sur la fameuse Luke, modèle inspiré par Steve Lukather, de (DAVID KESSI) Toto. En dessus du manche, on peut même apercevoir la dédicace de Steve à Pakman. présentes cependant.» Bref, de quoi recevoir la Strat Blackie dédicacée par un Clapton qu’il a applaudi de nombreuses fois – moins que les 43 revendiquées par un certain Carlo Valenti –, mais qu’il n’a jamais côtoyé. Le brave Eric, toutefois, a reçu par le biais de Guitarist Magazine le fruit du travail de Kessi. Lequel l’avait emporté à l’époque sur 600 participants. Mais revenons à 2010 et à ce nouveau concours mis sur pied par le canard précité en collaboration avec Jean-Michel Kajdan, gratteur français qui s’est notamment illustré en compagnie d’Eddy Mitchell. Et qui tourne avec différents groupes orientés blues rock et jazz rock. «C’est un tout bon, confirme Pierre-Alain Kessi. Il est très influencé par la vague des sixties et des musiciens plus jazzy comme Larry Carlton.» Eh bien, ce gars cherchait un morceau pour le lancement de son application iPhone menant à tout son boulot. Il proposait donc à tous les participants au concours de jouer avec lui sur un de ses titres baptisé «Der Aktivist». Un deal simple, finalement. Kajdan joue l’intro, la mélodie et le refrain pendant une minute 15. Puis, il laisse intervenir le participant pour qu’il place un solo sur une ligne de basse et de batterie. Au bout de deux minutes 40 environ, Kajdan reprend le thème et conclut. Bref, les concurrents ne devaient que placer un solo, un peu comme lors d’un bœuf en public. Reste que Kessi, le bougre, n’était guère motivé par ce concours. Il a fallu que sa sœur Françoise, une pote de Kajdan, insiste lourdement pour qu’il se lance dans la compétition. Finalement, l’homme s’est décidé pour une seule et unique raison. Comme il joue parfois dans des conditions extrêmes – moins quinze à SaintMoritz ou plus quarante au bord de l’eau –, il lui fallait une guitare à deux francs 40 pour ménager ses précieuses pièces de collection. De quoi faire l’acquisition d’une OLP – rien à voir avec l’organisation palestinienne qui se fait bouffer par le Hamas –, vulgaire sous-mar- que de Music Man qu’il a retapée avec soin. Eh bien, c’est avec ce vieux clou rouillé que celui qui a renié Eric Clapton pour Jeff Beck a remporté un deuxième prix juste derrière un certain Laurent Tillier dont l’histoire n’a pas encore retenu le nom. «Oui, j’ai fait ça uniquement pour le fun, sur un truc imposé de surcroît. Rien à voir avec le précédent concours, où j’avais véritablement créé quelque chose. Mais bon, même dans ce cadre restreint, j’ai quand même ajouté des harmonies d’accords, plus un riff supplémentaire pour soutenir le solo.» A plus de 60 balais, on ne va quand même pas nous le changer, notre Kessi, hein? /PABR