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Pharma-News novembre 2012 Le journal de l'équipe officinale Numéro 99 Sommaire Editorial : Nouveautés : PRADAXA° RESOLOR° Génériques du NEXIUM° ZABAK° Pour en savoir plus : Les bouchons de cire L’anémie durant la grossesse Chute chez la personne âgée En bref : La coagulation dans tous ses états Laxatif pas pour hommes ! Fin de règne Devinez la forme du flacon… Bouchons de son Toutes aux fers ! Graves conséquences ? XALATAN° - RENNIE° ICE - rougeole Tests L’image du mois : Bientôt le numéro 100 ! Et pour le coup, un article sur les chutes chez les personnes âgées… Editorial Donnez-nous votre avis Vous tenez sous vos yeux la dernière couverture du Pharma-News ancien look. Comme nous changerons probablement aussi le mode de présentation du contenu, il est temps pour vous de nous donner un petit feed-back. Dans la mise en page, qu’avez-vous aimé, pas aimé, détesté ? Les images du mois ont parfois choqué ou dérangé. Nous en tiendrons compte à l’avenir, sans pour autant tomber dans la banalité. Nous vous remercions pour votre fidélité et vous encourageons à nous donner votre avis sur l’email du CAP : [email protected]. Bonne lecture à tous! Jérôme Berger Pierre Bossert Séverine Huguenin Julia Farina Caroline Mir Marie-Thérèse Guanter Germanier Martine Ruggli Nouveautés PRADAXA° (dabigatran) La gamme des anticoagulants oraux s’est fortement étoffée ces deux dernières années . Après l’arrivée de XARELTO°, de BRILIQUE°, puis d’ELIQUIS°, voici le dernier venu, PRADAXA°. PRADAXA° contient du dabigatran, un inhibiteur spécifique de la thrombine. Il est commercialisé sous forme de capsules à deux dosages : 110 et 150 mg. La dose de 110 mg est réservée aux patients à risque hémorragique élevé, ou dont la fonction rénale est diminuée ainsi qu’aux patients très âgés (plus de 80 ans). PRADAXA° a pour indications officielles la prévention d’AVC et d’embolie (thrombus) chez les patients avec fibrillation auriculaire ayant des risques thrombotiques modérés à importants. Officiellement, il ne devrait être utilisé que chez les personnes de plus de 75 ans ou de plus de 65 ans si elles ont des co-pathologies (diabète, © Pharma-News page 2 Numéro 99, novembre 2011 hypertension, atteinte coronarienne) 1. Cette limitation aux patients âgés vient du fait que c’est la population-cible des études réalisées avec le dabigatran, à voir en pratique comment elle sera interprétée! Son efficacité est démontrée aux deux dosages : les essais versus warfarine (anticoagulant de référence non commercialisé en Suisse – de la même famille que SINTROM° ou MARCOUMAR°) montrent une efficacité similaire sur la diminution de mortalité. La forte dose est un peu plus efficace pour réduire le risque d’AVC que la dose plus faible. A noter que dans ces études près de 20% des patients ont arrêté leur traitement, ce qui est un peu plus fréquent que sous warfarine (env 16%) 2,3. Les patients sous PRADAXA° n’ont pas besoin de contrôle sanguin durant leur traitement (mesure de l’INR ou temps de Quick pour mesurer l’anticoagulation) au contraire des patients sous SINTROM° ou MARCOUMAR°. Si cela semble un grand avantage, il faut le contrebalancer par le fait qu’il n’existe aucun antidote en cas de saignements ou d'hémorragie (KONAKION° pour les deux autres produits) 2. Les effets indésirables les plus redoutés sont bien sûr les hémorragies graves. Dans les études, elles n’ont pas été plus fréquentes que sous warfarine pour le dosage élevé et même moins fréquentes sous le dosage à 110 mg 2,3. Encore un vampire sous PRADAXA… Cependant, à la fin octobre le fabriquant a fait savoir que les données de pharmacovigilance postmarketing montrent des décès suite à une hémorragie et recommande de ce fait un contrôle de la fonction rénale avant et durant le traitement (le médicament est éliminé au niveau rénal et s’il y a une atteinte de cet organe il peut y avoir une augmentation de l’anticoagulation) 4. Les autres effets indésirables sont les troubles digestifs (surtout dyspepsies et nausées), l’anémie et les saignements du nez. Si les dyspepsies (qui touchent environ 6% des patients) sont sévères, il est préférable de prendre les comprimés avec les repas et si cette mesure s’avère insuffisante, il est possible d’administrer conjointement un anti-H2 (ZANTIC° ou autres) ou un IPP (ANTRA°, NEXIUM°, ZURCAL°, AGOPTON° et leurs génériques) 5. Le traitement concomitant par antiplaquettaires oraux (dont l'aspirine et le clopidogrel), AINS ou autre anticoagulant augmente le risque hémorragique. La dose recommandée de PRADAXA° est de 150 mg deux fois par jour, de préférence à 12 heures d’intervalle et pendant les repas. Si le patient oublie une dose, il doit la prendre dès que possible le même jour pour autant qu’il reste encore 6 heures jusqu’à la dose suivante. Si par contre le patient se rend compte de son oubli juste avant la dose suivante, il ne doit pas rattraper la dose oubliée, ni vouloir la compenser par une double dose. 1 Compendium Suisse des médicaments 2012 La Revue Prescrire 2011 ; 31 (338) : 888-892 3 Arznei-telegramm 2011,42(9): 74-77 4 Fda.gov: Pradaxa (dabigatran etexilate mesylate): Drug Safety Communication - Safety Review of Post-Market Reports of Serious Bleeding Events) 5 Pharmacist’s letter 2010;# 261101 2 © Pharma-News page 3 Numéro 99, novembre 2011 Si le patient était précédemment sous un traitement par antivitamine K (p.ex. SINTROM°), il ne doit commencer le PRADAXA° que quand il a stoppé l’ancienne thérapie et que l’INR est < 2. Encore un point très important à dire au patient : il ne faut pas sortir les capsules du blister avant leur utilisation car l’humidité diminue l’efficacité du produit 6! PRADAXA° - A retenir pour le conseil : nouvel anticoagulant oral prise deux fois par jour, de préférence avec les repas attention aux risques de saignement augmentés en cas de prise conjointe d’AINS ou aspirine ou clopidogrel une dose oubliée peut être reprise dans les 6 heures, sinon elle ne doit pas être rattrapée ne pas sortir les capsules du blister avant utilisation RESOLOR° (prucalopride) Peut-être verrez-vous passer une ordonnance d’un gastro-entérologue pour du RESOLOR°, un nouveau traitement de la constipation chronique chez la femme. Vous allez sûrement vous demander la différence entre ce produit et les autres laxatifs à disposition puisqu’en général un laxatif coûte par mois dans les 10 à 20 francs alors que le RESOLOR° coûte entre 69 et 100 francs. Voici donc quelques explications! RESOLOR° contient du prucalopride, un agoniste des récepteurs sérotoninergiques indiqué dans le traitement de la constipation chronique idiopathique (sans cause connue) chez la femme, si d'autres laxatifs et les mesures diététiques n'ont pas eu les effets escomptés 8. Il est commercialisé en comprimés à 1 ou 2 mg. En Suisse, l’indication officielle n’exclut pas l'utilisation de RESOLOR° chez les hommes (ce qui n’est pas le cas dans le reste de l’Europe 7), mais on manque encore de données concernant son efficacité et sa sécurité chez les hommes 8. La limitation de remboursement de ce produit par les caisses-maladie est très stricte 9: Prescription réservée à un médecin spécialiste en gastro-entérologie. Le traitement n’est destiné qu'aux femmes (âgées de >18 ans) qui n’ont pas répondu à un traitement antérieur avec au moins 2 laxatifs de classes différentes pendant une période de 9 mois au minimum. Si le traitement n’est pas efficace au bout de 4 semaines, l’administration du médicament doit être arrêtée. La durée maximale du traitement est de 12 semaines. Pour une répétition du traitement par RESOLOR°, le médecin-conseil doit être consulté. 6 FDA safety communication 2011 7 La Revue Prescrire, 2011 ; 328 (31) : 90-94 Compendium Suisse des médicaments 2012 9 Liste des spécialités 2012 8 © Pharma-News page 4 Numéro 99, novembre 2011 L’utilisation d’agonistes des récepteurs sérotoninergiques stimulant la motricité digestive pour traiter la constipation n’est pas nouvelle. Peut-être vous rappelez-vous de ZELMAC° (tegaserod), un agoniste sérotoninergique pour la même indication qui a dû être retiré du commerce à cause de ses effets indésirables cardiaques. L’efficacité du prucalopride a été démontrée dans trois études versus placebo, l’amélioration n’était visible que chez environ 1/3 des patients et sans différence entre les dosages 7. Aucune étude n’a Bon à savoir… RESOLOR° a une structure apparentée à celle du cisaprid été faite versus d'autres laxatifs 10. (ex-PREPULSID° qui était utilisé dans la dyspepsie) qui Les effets indésirables les plus fréquents sont les céphalées dont se plaint environ un patient sur cinq, les nausées qui touchent un patient sur six, les diarrhées et les douleurs abdominales chez un patient sur dix. Les vertiges sont aussi fréquents, ainsi que de la pollakiurie (fréquent besoin d’uriner). lui aussi a été retiré du commerce à cause des problèmes cardiaques liés à son utilisation. Un risque également sous RESOLOR°? Les effets indésirables cardiaques ont aussi été présents dans les études, mais étaient surtout des palpitations (environ 1% des patients), sans aucun allongement de l’intervalle QT notifié. Cependant il faut toujours rester prudent car les patients des études sont sélectionnés de manière très rigoureuse et il est possible que les patients dans la vie réelle aient plus de problèmes cardiovasculaires 7. Attention aussi aux interactions : ce médicament accélère le transit intestinal et peut de ce fait provoquer des diarrhées. Si celles-ci sont sévères, la résorption de certains médicaments, comme par exemple les contraceptifs oraux, peut être diminuée 10. L'utilisation d'une méthode contraceptive supplémentaire est alors recommandée. Ce d'autant plus que des cas d’avortements spontanés ont été rapportés, ce qui a conduit les autorités à contre-indiquer ce médicament chez la femme enceinte et à conseiller l’utilisation d’une contraception efficace à toute femme en âge de procréer 7,8. Le traitement commence avec 1 mg une fois par jour pris indépendamment des repas, à n'importe quel moment de la journée. Si cela s’avère insuffisant, il est possible d’augmenter la dose à 2 mg par jour en une prise. Des doses journalières plus élevées ne sont pas plus efficaces! En cas de diarrhées, il est recommandé de diminuer la posologie 8. Si la prise quotidienne d'une dose de RESOLOR° 2 mg n'est pas efficace au bout de 4 semaines, il faut interrompre le traitement. RESOLOR° - A retenir pour le conseil : 10 laxatif indiqué quand les laxatifs traditionnels n’ont pas été efficaces 1 mg par jour, pouvant être augmenté à 2 mg en cas d'inefficacité traitement à stopper si le traitement n’est pas efficace en quatre semaines céphalées, nausées, diarrhées sont les effets indésirables les plus fréquents attention : en cas de diarrhées l’efficacité des contraceptifs oraux peut être diminuée toute femme en âge de procréer doit utiliser une contraception efficace contre-indiqué durant la grossesse arznei-telegramm 2010;41:27-28 © Pharma-News page 5 Numéro 99, novembre 2011 GENERIQUES DU NEXIUM° (esoméprazole) Fin de règne et arrivée des génériques pour le NEXIUM° (esoméprazole). Profitons-en pour redéfinir la place de ce dernier parmi les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) ! L’esoméprazole est l’énantiomère S du racémat oméprazole (ANTRA° et génériques). Comme tout IPP, il agit en inhibant de manière irréversible les pompes à proton actives stimulées par un repas. En Suisse cinq molécules sont enregistrées : DCI Oméprazole Esoméprazole Pantoprazole Lansoprazole Rabéprazole Rappel : Racémat : mélange en proportions égales des énantiomères lévogyre et dextrogyre d'une molécule chirale (molécule non superposable à son image dans un miroir). Enantiomères : chacune des deux entités moléculaires qui sont des images l'une de l'autre dans un miroir et qui ne sont pas superposables. Leur formule chimique est identique, mais leur conformation spatiale est différente. Spécialités ANTRA° et génériques NEXIUM°, ESOMEP° et génériques ZURCAL°, PANTOZOL° et génériques AGOPTON° et génériques PARIET° Dose standard 20mg 20mg 40mg 30mg 20mg Aucun IPP ne semble être supérieur à un autre à dose équivalente 13. Cependant, parmi les IPP, l’oméprazole est le mieux évalué. L’esoméprazole n’apporte rien de plus au niveau thérapeutique et vient juste compléter la gamme de produits à disposition. Pour rappel, les IPPs sont prescrits dans 11: - la prise en charge du reflux gastro-oesophagien - l’éradication d’Helicobacter pylori en association avec des antibiotiques - la prévention et le traitement de récidives de maladies ulcéreuses - la prévention et le traitement des ulcères chez les patients à risque qui prennent des AINS. Les IPP présentent un profil d’effets indésirables semblable et sont bien tolérés à court terme. Il a été constaté l’apparition de maux de tête, troubles digestifs et réactions cutanées. A long terme, par contre, leur usage semble moins sûr. Il a été fait mention d’une augmentation du risque de fractures (prise > une année). Pour aller plus loin… Astra Zeneca a cherché une première fois avec la sortie du NEXIUM° (esoméprazole) à contrer la fin du brevet de l’ANTRA° (oméprazole) qui était un médicament générant un important revenu, cette molécule étant une des plus prescrites dans le monde. Voilà qu’arrive également à sa fin le brevet pour le NEXIUM° avec l’arrivé sur le marché des différents génériques. Ceci a déjà été anticipé en lançant le co-marketing du NEXIUM°, ESOMEP°, mêmes comprimés, mais moins cher. Pour comparaison, la boîte de 14 pièces d’ESOMEP° 20mg revient à Frs 35.- et celle de NEXIUM° 20mg à Frs 41.20. L’ESOMEP° n’est actuellement pas considéré comme un générique, son prix n'étant pas 30% moins cher que l'original comme exigé en Suisse. A voir si avec la sortie des différents génériques, son statut et son prix vont changer pour s’adapter à la concurrence! Le niveau de preuve est encore faible pour le moment, mais des recommandations ont été tout de même émises 12: - signaler le risque de fracture lors de traitement de longue durée (>1an) - évaluer l’efficacité du traitement et discuter d’un éventuel arrêt avec le médecin D’autres risques, comme l’augmentation d’infection par Clostridium difficile ou de pneumonies, ont également été signalés, mais à ce jour les études ont mené à des résultats divergents. Les IPP présentent tous diverses interactions par l'intermédiaire des cytochromes. Une interaction à prendre en compte concerne le traitement concomitant avec le clopidogrel (PLAVIX° et génériques), conduisant à une diminution de son efficacité. Cette interaction a été, pour l’instant, 11 12 Compendium suisse des médicaments 2012 pharmaDigest, Inhibiteurs de la pompe à protons: risque de fracture, 18.05.2012 © Pharma-News page 6 Numéro 99, novembre 2011 observée surtout in vitro et son implication clinique n'est pas complètement claire. Il est cependant recommandé : - de revoir l'indication d’un IPP chez un patient sous clopidogrel - de changer l'oméprazole ou l'esoméprazole pour un autre IPP (de préférence le pantoprazole) chez les patients nécessitant la prise d'un IPP (risque élevé de saignements gastro-intestinaux) - dans les traitements symptomatiques ou chez les patients à faible risque de saignements gastrointestinaux, préférer l’administration d’un anti-H2 comme la ranitidine (ZANTIC° et génériques) Une autre interaction est liée à l’action propre des IPP par augmentation du pH gastrique qui réduit l’absorption de certains médicaments. Cela concerne l'itraconazole (SPORANOX°), mais également certains antirétroviraux, comme l’indinavir (CRIXIVAN°) ou l'atazanavir (REYATAZ°). Après administration, les IPP sont rapidement éliminés. Leur effet dépend donc du nombre de récepteurs actifs présents lorsqu’ils sont en circulation ; il est donc important de rappeler aux patients de les prendre 30 à 60 minutes avant un repas 13: avant le premier repas de la journée en cas de symptômes diurnes et avant le repas du soir en cas de symptômes nocturnes. GENERIQUES DU NEXIUM° (esoméprazole) - A retenir pour le conseil : cinq IPP enregistrés en Suisse : tous équivalents à dosage équivalent! oméprazole reste le mieux évalué esoméprazole est l’énantiomère S du mélange racémique oméprazole, mais aucune supériorité démontrée face à ce dernier les IPP se prennent avant un repas pour augmenter leur efficacité ZABAK° collyre (kétotifène 0.025%) ZABAK° est un nouveau collyre indiqué pour le traitement symptomatique de la conjonctivite allergique. Son principe actif, le kétotifène, est un antihistaminique H1 commercialisé depuis de nombreuses années sous forme orale et ophtalmique sous le nom de ZADITEN°. Comme ZADITEN° SDU (Single Dose Unit), ZABAK° est un collyre sans agent conservateur. Il se différencie par son conditionnement en flacon multidoses comportant une membrane filtrante située entre l’embout et le contenu du flacon (système ABAK°). Le kétotifène a une efficacité similaire à celle des autres antihistaminiques H1 tels que : lévocabastine (LIVOSTIN°), azélastine (ALLERGODIL°), émédastine (EMADINE°) et olopatadine (OPATANOL°). Dans le traitement local de la conjonctivite saisonnière, il n’y a pas de 13 Cercles de qualité, cours de base, 2012 © Pharma-News page 7 Numéro 99, novembre 2011 Rappel : Le système ABAK (=sans BAK = sans chlorure de benzalkonium) est un dispositif comportant une membrane filtrante (0.2 microns) située entre l’embout et le contenu du flacon multidoses. Elle retient les résidus éventuellement aspirés lors de l’instillation, protégeant le collyre contre une contamination microbienne pendant sa période d’utilisation (PN n°96, juillet 2012). critère de choix entre ces différents médicaments, qui diffèrent peu en termes d’efficacité et d’effets indésirables, ces derniers étant surtout locaux 14. Les effets indésirables reportés pour le kétotifène sont une sensation de brûlure et d’œil sec 14. La posologie de ZABAK° est d'une goutte matin et soir. Selon le Compendium, le traitement ne devrait pas dépasser six semaines. Les recommandations suivantes doivent être données aux patients avant sa délivrance 15: - éliminer les cinq premières gouttes avant la première utilisation, - n’instiller le collyre qu’après s’être lavé les mains, - n’instiller qu’une goutte par œil, - éviter tout contact entre la pointe de l’embout et l’œil ou les paupières, - si d’autres collyres sont utilisés conjointement, attendre cinq minutes entre deux applications. En Suisse, ZABAK° est autorisé dès l’âge de trois ans, il est vendu en liste B et enregistré dans la LS. Son prix de vente est environ 30% inférieur à celui du ZADITEN° SDU. Le flacon une fois ouvert, son contenu ne doit pas être utilisé au-delà de 8 semaines 15. La conjonctivite allergique : Les symptômes principaux de la conjonctivite allergique sont : démangeaisons, larmoiement, œil rouge et sécrétions peu abondantes. Ces signes sont souvent associés à d’autres symptômes allergiques tels qu'éternuements et écoulement nasal (PN n°4, juin 2003). En présence d’une conjonctivite allergique, les préparations ophtalmiques sont conseillées lorsque les symptômes ne répondent pas suffisamment aux autres traitements (oraux, nasaux) ou lorsque la conjonctivite est le seul symptôme (PN n°44, mai 2007): a. en prévention, les inhibiteurs de la libération d’histamine sont efficaces ; ils doivent être administrés minimum deux semaines avant l’exposition aux allergènes (p.ex. OPTICROM°, CROMOSOL°, ALLERGO COMOD°), b. en traitement, les antihistaminiques H1 agissent rapidement et sont généralement bien supportés (p.ex. LIVOSTIN°, ZADITEN°, ALLERGODIL°, OPATANOL°, EMADINE°, RELESTAT°), c. en cas de forte réaction inflammatoire, on peut avoir recours à des corticoïdes ophtalmiques ; ils doivent être utilisés sous surveillance médicale, car ils peuvent être responsables de glaucome, cataracte ou d’infection virale (p.ex. SPERSADEX°, etc). Les collyres indiqués en gras peuvent être remis sans ordonnance. ZABAK° - A retenir pour le conseil : 14 15 nouveau collyre antiallergique muni du système ABAK° même principe actif que ZADITEN° efficacité identique à LIVOSTIN°, ALLERGODIL°, OPATANOL°, EMADINE° vendu en liste B, peut être délivré dès l’âge de 3 ans ne pas utiliser plus de huit semaines après ouverture du flacon La Revue Prescrire, mai 2004, 250, 329 Compendium suisse des médicaments, 2012 © Pharma-News page 8 Numéro 99, novembre 2011 Pour en savoir plus… LES BOUCHONS DE CIRE 16,17 A l’officine, nous sommes souvent confrontés à la demande de patients se plaignant d’une gêne au niveau de l’oreille, accompagnée d’une réduction de l’acuité auditive. Ceci nous fait généralement penser à un bouchon de cérumen, mais de quoi s’agit-il exactement ? Le cérumen est un mélange de lipides, d’acides aminés et de minéraux produit par l’oreille, notamment dans la partie cartilagineuse du conduit auditif externe. Ce dernier possède deux types de glandes : 1. les glandes cérumineuses (glandes sudoripares de type particulier) qui sécrètent du cérumen; cette production est stimulée lorsque l’on touche la peau du conduit auditif externe et lors d’émotions, 2. les glandes sébacées qui sécrètent du sébum (liquide huileux). La fonction du cérumen et du sébum est de lubrifier la peau du conduit auditif externe, empêchant ainsi son assèchement et les démangeaisons qui pourraient s’ensuivre. Ils servent également de piège aux poussières et autres petits débris ayant pénétré dans l’oreille. De part leur pH acide (5.2 à 7.0), ils ont une fonction antibactérienne, protégeant ainsi l’oreille d’une otite externe. Le conduit auditif externe osseux quant à lui, ne produit pas de cérumen. Il est autonettoyant, son Anatomie de l’oreille externe : L’oreille externe se compose du pavillon et du conduit auditif externe. Le pavillon est la partie externe et visible de l’oreille. Il est essentiellement constitué de cartilage recouvert de peau. Il possède de nombreuses irrégularités de surface portant chacune un nom différent, telle la conque, partie ou s’ouvre le conduit auditif externe, Le conduit auditif externe s’étend du fond de la conque au tympan. Sa longueur est en moyenne de 25 mm et son diamètre varie de 4 à 10 mm. Il se divise en deux parties, la partie externe, cartilagineuse, avec des poils et des glandes et la partie interne, osseuse et lisse. Les deux parties sont recouvertes de peau. Le fond du conduit auditif externe est le tympan. 16 17 http://www.oreillemudry.ch Le médecin du Québec, volume 42, numéro 5, mai 2007, Cérumen, vous avez dit ? © Pharma-News page 9 Numéro 99, novembre 2011 épiderme, composé de kératine, glissant lentement vers l’extérieur du conduit lors de son renouvellement. Cette kératine se mélange aux sécrétions précédentes en vue de son évacuation. Pour simplifier la compréhension de ce fonctionnement, le mélange de cérumen proprement dit et de sébum, associé aux débris de kératine et de poils est également appelé cérumen! Sa migration latérale vers le pavillon de l'oreille est due aux mouvements de la mâchoire, qui assurent le nettoyage du conduit auditif. La cause la plus fréquente d’un bouchon de cire est l’utilisation de cotons-tiges (Q-tips) à l'intérieur du Bon à savoir… conduit auditif. Parmi les autres facteurs, on Pour s’assurer de la présence d’un bouchon de cire, le trouve : seul moyen est de regarder dans le conduit auditif à l’aide d’un otoscope. Il existe deux types principaux de un conduit auditif étroit, bouchons de cire : l'usage de prothèses auditives, 1. Le bouchon classique, souvent situé dans la une production excessive de cérumen, partie cartilagineuse et dans le début de la partie osseuse du conduit auditif externe. Il se présente une hypertrophie des glandes cérumineuses, sous différents aspects selon sa composition, sa notamment chez les personnes âgées, quantité et sa durée d’existence. rendant les bouchons de cérumen plus 2. Le bouchon épidermique, qui obstrue la partie osseuse du conduit auditif externe par un bloc de communs dans ce groupe, débris de peau et de cérumen. Très adhérant à la la présence de poils assez touffus dans peau, dur, il moule le conduit auditif jusqu’au l’oreille, tympan. Il est souvent très difficile à enlever. des attouchements réguliers du conduit auditif, chaque manipulation dans le conduit provoquant des microtraumatismes, qui engendrent la production de cérumen afin de lubrifier la zone irritée. Les bouchons de cire peuvent être responsables de divers désagréments tels que : perte auditive, inconfort et vertiges si le bouchon entre en contact avec la membrane tympanique, augmentation des risques d’infection de l’oreille. Le nettoyage des oreilles fait partie de l’hygiène corporelle de base. Le conduit auditif externe n’a cependant pas besoin d’être nettoyé régulièrement, car comme indiqué ci-dessus, il s’auto-nettoie. Le cérumen se déplace vers la conque (partie du pavillon de l’oreille qui s’ouvre sur le conduit auditif externe) ou il peut être nettoyé sans danger. Le nettoyage du cérumen ne doit se faire qu’à ce niveau (orifice du conduit auditif externe et pavillon), à l'aide p.ex. d'un morceau de coton ou éventuellement d'un coton-tige. Il faut dans tous les cas éviter de nettoyer l'intérieur du conduit auditif à l'aide d'un coton-tige, qui y poussent le cérumen plus en profondeur. Il se forme alors un bouchon par accumulation, pouvant allez jusqu’au niveau du tympan. Certains bouchons de cire contiennent parfois même des corps étrangers (morceaux de coton, etc.). Un nettoyage profond de l’oreille n’est nécessaire qu’en présence d’un bouchon. Dans ce cas, après s’être assuré que l’oreille est intacte (attention, certaines perforations du tympan peuvent être asymptomatiques et ne peuvent être révélées qu’à l’aide d’un otoscope), qu’il n’y a ni otorrhée (écoulement), ni d’antécédents de perforation du tympan et d’infections, ni de dermatite ou d’eczéma, nous pouvons conseiller en première intension un produit céruménolytique tel que CERUMENEX° ou CERUMENOL°. Ces produits ont la propriété de dissoudre le cérumen pour qu’il s’écoule plus facilement vers l’extérieur ; leur efficacité est cependant fortement discutée dans la littérature. Après une vingtaine de minutes de pause, ils doivent être rincés par un lavage abondant de l’oreille, à l’eau tiède, sous légère pression en évitant d'introduire un objet dans l'oreille (éviter les seringues p.ex. et préférer la douche). Une solution de bicarbonate de soude à 10% ou de d’eau oxygénée diluée à 3% peuvent également être utilisées. Dans la mesure du possible, le lavage devrait être suivi d’un séchage à l’aide d’un sèche-cheveux pour éviter d’augmenter l’humidité dans le conduit et donc la production de cérumen. © Pharma-News page 10 Numéro 99, novembre 2011 Emploi des céruménolytiques : L'emploi de telles solutions est déconseillé en cas de perforations de tympan. Quand les recommander si l'on ne peut s'en assurer sans employer un otoscope? La littérature est très pauvre sur le sujet! A noter tout d'abord que les perforations totalement asymptomatiques sont rares. L'avis du PN est qu'il semble possible de les conseiller chez un adulte n'ayant pas de sensibilité particulière au niveau des oreilles, pas d'antécédent d'otite et dont les symptômes de bouchon sont clairs (notamment forte baisse de l'audition après une douche ou un bain chaud, car le cérumen se dilate sous l'effet de la chaleur et colmate toute brèche pouvant laisser passer le son). Il s'agit aussi souvent de personnes utilisant régulièrement un coton-tige pour nettoyer le conduit auditif interne! Bougies auriculaires : Le nettoyage d’oreille à l’aide d’un instrument (curette, irrigateur) est considéré comme un geste médical. Il ne devrait être effectué que par un professionnel, quelle que soit la méthode utilisée (curetage, aspiration, irrigation) pour enlever le bouchon. Les bougies auriculaires sont des cylindres, généralement à base de cire répartie sur une trame en coton, qui permettent d’exposer le conduit auditif externe à la flamme d’une bougie. Cette méthode repose sur le principe d’une production de vide dans l’oreille qui entraînerait le cérumen avec lui au fur et à mesure que la bougie brûle. Des études ont montré cependant, qu’il n’y a aucun phénomène d’aspiration, le résidu de cire mis en évidence après la combustion de la bougie se retrouvant également si la bougie est consumée sans être appliquée. Cette méthode est donc inefficace et doit être déconseillée en raison des complications qui y sont associées (eczéma de contact, brûlures, occlusion du conduit par accumulation de cire, perforation du tympan). En conclusion, retenons qu’une fine couche de cérumen est nécessaire à la protection de l’oreille. S’obstiner à l’enlever à l'aide de cotons-tiges ou de tout autre objet peut provoquer des démangeaisons et des irritations du conduit auditif externe, ainsi que la formation d’un bouchon par accumulation. Le conduit auditif externe étant autonettoyant, seul un nettoyage du cérumen au niveau de l’entrée doit être effectué régulièrement. LES BOUCHONS DE CIRE – A retenir pour le conseil : produits par l’accumulation de cire dans le conduit auditif externe des excès de sécrétion de cire peuvent être provoqués par des irritations régulières du conduit auditif externe le nettoyage de l’intérieur du conduit auditif à l’aide de Q-tips doit être banni dans tous les cas, seule l’entrée du conduit auditif externe et le pavillon ont besoin d'être nettoyés lors de bouchons résistants, l’intervention d’un professionnel est indispensable © Pharma-News page 11 Numéro 99, novembre 2011 TRAITEMENT DE L'ANEMIE DURANT LA GROSSESSE Une anémie signifie que la synthèse de l’hémoglobine, constituant principal des globules rouges, est insuffisante. La cause la plus répandue de l’anémie est la carence en fer, fréquente chez les jeunes femmes. En effet, elles perdent le fer contenu dans le sang lors des menstruations. Les femmes enceintes ont plus de risque La carence en fer est déterminée de par le dosage de la ferritine dans le souffrir sang, c’est-à-dire la protéine qui de carence constitue les réserves de fer de l’organisme. Les valeurs de en fer car la référence sont des intervalles très grossesse en larges : augmente les chez les hommes 30 à 400 g/l chez les femmes 15 à 150 g/l besoins. Selon dès la ménopause, les valeurs pour l’OMS, l'anémie les femmes rejoignent celles des affecte près de la moitié des hommes pendant la grossesse les valeurs femmes enceintes dans le monde : 52 % dans les pays en voie de sont plus proches du seuil minimal, développement et 23 % dans les pays développés 18. Il n’est pas du surtout au troisième trimestre ; enressort de l’équipe officinale de conseiller une supplémentation en dessous de 30 g/l , le médecin prescrira en principe une fer chez les femmes enceintes. Le taux d'hémoglobine est en supplémentation pour prévenir les principe contrôlé d’office par le gynécologue tout au long de la carences. grossesse et des dosages de fer et ferritine (= réserves) sont effectués en cas d’anémie. Par contre des conseils d’alimentation peuvent être donnés pour limiter les carences, en particulier manger de façon équilibrée, en privilégiant la viande rouge et les fruits de mer… Lorsque les besoins en fer ne sont pas couverts par l’apport alimentaire et qu’une carence est prouvée par dosage sanguin, il est nécessaire d’administrer du fer à l'aide de médicaments. En effet, l’anémie ferriprive, outre la fatigue et la plus grande susceptibilité aux infections, augmente le risque de petite taille du fœtus, de prématurité (risque multiplié par 2,5 à 3), de mortalité fœtomaternelle et aggrave l’état général en cas d’hémorragie importante lors de la délivrance. Avec quels médicaments la carence en fer peut-elle être traitée ? Il existe deux voies d'administration du fer : ▪ par oral (TARDYFERON° p.ex.) : cette variante est la plus sûre et doit toujours être privilégiée, même si elle peut entraîner des troubles gastro-intestinaux de type constipation ou diarrhées, gastralgies, nausées. Quelle que soit la spécialité, on administre 1 comprimé 1 fois par jour, voire 2 fois par jour dans les cas d'anémies graves. ▪ par perfusion ou par injection intraveineuse (VENOFER° et FERINJECT°) : ces préparations ne sont utilisées que lorsque le traitement oral à base de fer n'est pas suffisamment efficace ou pas toléré. L’avantage de l’administration par i.v. (une à trois fois par semaine ou plus espacé en fonction du taux de ferritine à faire remonter) est un effet plus rapide et une recharge des réserves plus efficace, 18 Commentaire de la Bibliothèque de Santé génésique de l’OMS (http://apps.who.int/rhl/fr/ ) © Pharma-News page 12 Numéro 99, novembre 2011 car le fer arrive en grande quantité directement dans le sang. La dose à injecter doit être calculée en fonction de la valeur de l’hémoglobine et du poids corporel du patient. La spécialité FERINJECT° permet une administration brève (15 minutes) et des hautes doses potentielles par rapport à VENOFER° 19. Les risques liés à l'administration de fer par voie i.v. sont principalement des réactions d'hypersensibilité qui peuvent être graves dans de rares cas (p. ex. chute de la pression artérielle, troubles respiratoires). Le médecin doit donc être prêt à faire face à de telles réactions et déterminera avec prudence et au cas par cas la dose adaptée à chaque patient. Les effets indésirables les plus fréquents sont une coloration au site d’injection et une extravasation (passage du produit injecté en-dehors de la veine dans les tissus). De plus, des restrictions et précautions supplémentaires doivent être observées chez les femmes enceintes en cas d'administration par voie intraveineuse de VENOFER° ou FERINJECT°. En effet, il n’existe actuellement pas suffisamment de données sur la sécurité pour le fœtus humain lors d’administration intraveineuse de fer. Les études chez l'animal montrent que le fer injectable peut traverser la barrière placentaire et que son utilisation durant la grossesse peut avoir un impact sur le développement du squelette chez le fœtus (entraînant potentiellement un retard de croissance). Ainsi les recommandations actuelles sont que : les préparations injectables à base de fer sont contreindiquées pendant les trois premiers mois de la grossesse par mesure de précaution, car à ce stade de développement, le fœtus est particulièrement sensible dès le quatrième mois de grossesse, il appartient au médecin de déterminer si les avantages d’une administration de fer par voie intraveineuse dépassent les risques pour la mère et le fœtus. L’avis d’expert de la société Suisse de Gynécologie et d’Obstétrique (de 2009) estime que malgré le manque d’études chez l’humain, l’utilisation de FERINJECT° et VENOFER° est possible pendant les deuxième et troisième trimestres après évaluation minutieuse des avantages et des risques 20. C'est notamment le cas lors de carence sévère en fer (avec anémie) et uniquement lorsque les préparations orales à base de fer n’ont pas été efficaces ou ne peuvent être utilisées, en raison d’effets indésirables importants limitant l'adhésion 21. Bon à savoir… La majorité des préparations à base de fer par voie orale contiennent du fer bivalent (fer 2+) et doivent être prises à jeun pour augmenter l’absorption ; cependant en cas de troubles gastro-intestinaux, elles peuvent être prises pendant les repas. MALTOFER° contient du fer trivalent (fer 3+), mieux supporté mais devant être transformé en fer 2+ dans l’intestin, et peut être pris avec les repas. Pour rappel, le fer contenu dans les aliments d'origine animale (fer héminique) est mieux absorbé que le fer des végétaux (fer non-héminique). La vitamine C améliore l’absorption du fer non-héminique de l’alimentation et on recommande parfois d'en associer une source (p.ex. verre de jus d'orange) lors d'un repas ; elle participe en effet à la transformation du fer 3+ en fer 2+. Ceci n’est pas nécessaire lors de prise de médicaments à base de fer 2+. 19 Forum Médical Suisse, 2010 ; 3 (http://ww.medicalforum.ch) Avis d’expert N°22 (2009) http://www.sggg.ch/fr/content/avis-dexpert 21 Communiqué de Swissmedic du 17.08.2012 (http://www.swissmedic.ch/aktuell 20 © Pharma-News page 13 Numéro 99, novembre 2011 ANEMIE ET GROSSESSE – A retenir pour le conseil : la grossesse augmentant les besoins en fer, les femmes enceintes sont plus sujettes à l’anémie par carence en fer celle-ci affecte près de la moitié des femmes enceintes dans le monde la supplémentation par voie orale est à privilégier car elle entraine moins de risques, mais elle cause souvent des troubles gastro-intestinaux une administration orale pendant les repas permet une meilleure tolérance mais diminue l’absorption du fer (sauf pour MALTOFER°) les préparations à base de fer injectables sont contre-indiquées pendant les trois premiers mois et à considérer avec prudence dès le 4ème mois de grossesse ; le bénéfice doit être évalué par rapport au risque pour la mère et l’enfant, notamment de réactions potentiellement graves d’hypersensibilité CHUTE CHEZ LA PERSONNE AGEE Près du tiers des personnes âgées de 65 ans et plus, vivant à domicile (hors institutions pour personnes âgées), rapportent avoir chuté au moins une fois au cours de l’année écoulée, et cette proportion augmente considérablement avec l’âge. Si seulement une chute sur 50 entraîne un décès, une sur dix provoque des blessures graves 22. Les conséquences physiques et psychologiques d’une chute peuvent être importantes chez la personne âgée : diminution de la mobilité, perte de confiance en soi, limitation des activités quotidiennes le tout entraînant un déclin des capacités fonctionnelles, remettant parfois en question le maintien à domicile. Il est donc impératif de prévenir les chutes et l'équipe officinale peut y contribuer! 22 PrimaryCare 2006, 6, n°11, pp. 200-203 © Pharma-News page 14 Numéro 99, novembre 2011 La prévention et la prise en charge des chutes chez les personnes âgées reposent sur trois niveaux complémentaires 22: -la prévention primaire (diminuer le risque de survenue d’une première chute) -la prévention secondaire (diminuer le risque de récidive de chute) -la prévention tertiaire (diminuer les conséquences négatives provoquées par une récidive de chute). Il existe de multiples facteurs de risque qui sont regroupés en trois catégories : Facteurs intrinsèques Facteurs extrinsèques Facteurs situationnels tous les problèmes et comorbidités dépendants directement de l’état de santé du patient, en particulier les troubles articulaires et musculaires des membres inférieurs, les troubles neurologiques centraux ou périphériques, les troubles visuels, les troubles cognitifs, etc. la polymédication et tout particulièrement la prise de médicaments psychotropes, les barrières architecturales à domicile (surface glissante, tapis, cordons électriques, mauvais éclairage, etc.), les chaussures ou les moyens auxiliaires inadaptés. la mise en danger de chute par des activités à risque, par exemple monter ou descendre les escaliers, se laver seul(e) dans une baignoire inadaptée, etc. La majorité des chutes chez les personnes âgées sont d’origine multifactorielle dont les Différents groupes de substances sont susceptibles de favoriser médicaments sont une composante. Il n’est 23 une chute : donc pas négligeable de jeter un œil à - psychotropes (benzodiazépines, somnifères et antidépresseurs) l’historique des patients en cas de chute, voire - médicaments risquant de provoquer une chute de pression : de les aider dans leur prise en charge antihypertenseurs, dérivés nitrés mais aussi antidépresseurs, neuroleptiques ou antalgiques opioïdes thérapeutique en pharmacie (p.ex. entretien de - hypoglycémiants : notamment insuline ou sulfamidés polymédication) afin d'aider à optimiser - médicaments pouvant provoquer des troubles du rythme et/ou de l'efficacité de leurs traitements. Il serait conduction cardiaque : digitaliques, bêta-bloquants, antiarythmiques, inhibiteurs des canaux calciques non judicieux d’interroger le patient, sur la prise dihydropyridiniques, lithium, théophylline de ses médicaments, et d'évaluer tout nouveau - substances pouvant provoquer des accidents hémorragiques : traitement. En effet, l’abus de substances traitements anticoagulants, AINS. comme les psychotropes (benzodiazépines) est parfois la cause de chutes et devrait être référé au médecin. La sur-prescription (notamment par plusieurs prescripteurs) de substances susceptibles de conduire à une chute devrait aussi être rapportée. De même tout nouvel accident suite à un changement de traitement devrait être signalé. Pour aller plus loin… 23 Il est actuellement recommandé à tout patient âgé de discuter avec son médecin de la possibilité d'effectuer un dépistage du risque de chute une fois par année. Son médecin déterminera si nécessaire ce risque en se basant d’une part sur l’anamnèse du patient avec évaluation des facteurs de risque, mais également par une évaluation de la marche 22. 23 www.protec-chute.com , 2012 © Pharma-News page 15 Numéro 99, novembre 2011 CHUTE CHEZ LA PERSONNE AGEE - A retenir pour le conseil : concerne plus d’un tiers des personnes de plus de 65 ans avec dans 10% des cas des blessures graves conséquences physiques et psychologiques, notamment avec perte de mobilité et de confiance importance de la prévention et du dépistage des personnes à risque nombreux facteurs de risque dont les médicaments toute chute chez une personne âgée doit être signalée au médecin traitant En bref XALATAN° et LATANOPROST PFIZER° : plus de réfrigération nécessaire Les génériques de XALATAN° (latanoprost) ont été présentés dans le PN de mars 2012. Pour rappel, le latanoprost est un analogue de la prostaglandine prescrit pour le traitement du glaucome à angle ouvert ou en cas d’hypertension intraoculaire. Cette molécule est un deuxième choix après les bêtabloquants (p.ex. timolol). Depuis l'arrivée de génériques, Pfizer qui commercialise XALATAN° et son propre générique en co-marketing, a judicieusement modifié la formule de son médicament! Jusqu'à récemment, il nécessitait une conservation au frigo jusqu'à son ouverture. Il pouvait ensuite être conservé à température ambiante. La nouvelle formule permet d'être conservé constamment à température ambiante, ce qui est intéressant notamment pour les emballages trimestriels que les patients n'ont plus besoin de conserver au réfrigérateur. A noter qu'après ouverture, sa durée de conservation est toujours de 4 semaines. Les autres génériques de XALATAN° doivent actuellement tous être conservés entre 2 et 8°C jusqu'à leur ouverture. RENNIE ICE° : nouveau goût… et c'est tout! Vous avez certainement vu passer diverses publicités pour une nouvelle spécialité : RENNIE ICE°. Il s'agit d'un comprimé à sucer contenant les mêmes principes actifs que les autres comprimés de RENNIE°. Seul le goût est nouveau : mentholé et frais. Pour rappel (voir PN n°61 de janvier 2009), RENNIE° fait partie de la classe des antacides. Ils agissent en neutralisant l'acide chlorhydrique sécrété par l'estomac. Ce sont des traitements d'appoint lors d'inconfort ou de douleurs liés à l'acidité, à prendre ponctuellement entre les repas et au coucher. Tous pouvant interférer avec l'absorption de nombreux médicaments, prudence lors de leur conseil à des patients polymédiqués. La plupart des antacides commercialisés en Suisse contiennent des sels de magnésium (pouvant créer de la diarrhée) et des sels d'aluminium (pouvant créer de la constipation). Les comprimés de RENNIE° contiennent un sel de magnésium et un sel de calcium. Comme le dit la publicité, "RENNIE° transforme l'acidité gastrique en eau et d'autres substances". Parmi ces autres substances, figure du gaz carbonique pouvant provoquer des éructations et des flatulences… en tenir compte également lors des conseils! Selon les symptômes des patients, il peut être préférable de leur recommander un autre antacide ne contenant pas de sel de calcium. © Pharma-News page 16 Numéro 99, novembre 2011 Rougeole: augmentation de la couverture vaccinale en Suisse… mais toujours jugée insuffisante! Nous avions parlé de la vaccination contre la rougeole dans le PN n°88 d'octobre 2011. Cette maladie d'origine virale peut laisser des séquelles graves et même provoquer le décès dans de rares cas. Dans cet article, nous avions parlé du taux de couverture vaccinale qui était insuffisant en Suisse. Plusieurs épidémies de rougeole ont sévi en Suisse et la presse en a abondamment parlé… Ceci peut expliquer que les dernières données à disposition publiées dans un récent bulletin de l'OFSP montrent une augmentation de la couverture vaccinale, passant de 71% à 83% en moyenne nationale. Le taux de couverture visé de 95% n'est toutefois pas encore atteint. Pour rappel, un rattrapage est actuellement recommandé chez les personnes nées après 1963 dont la couverture n’est pas optimale. Note de l'éditeur Les avis exprimés dans le Pharma-News reflètent l'opinion de leurs auteurs en fonction des données disponibles au moment de la rédaction et n'engagent en aucune manière le CAP. Résultats du test de lecture du PN 95 – Lauréates : Sans faute ! Rabii Samira Gilliéron Marine Ansel Nicole Zeghida Souaâd Burnier Mary-Laure Nicoulaz Michelle Barbier Mathieu Lendi Nadja Hofmann Evelyne Grenier Murielle Jacot Valérie Contégat Mylène Grenci Mélissa Peguiron Nicole Fatio Marie-Jeanne Neuhaus Annie Von Siebenthal Dominique Zenoni Corinne Brönnimann Caroline Zufferey Olivia Fioritto Priscille Crettenand Lara Fonseca Solange Jordan Chantal Blanc Thierry Piller Jessica Mosimann Tiffany Moullet Sylviane © Pharma-News Pharmacie Sun Store Pharmacie de la Cerisaie Pharmacie de la Cerisaie Pharmacie de la Cerisaie Pharmacie de Bière-Capitole pharmacie centrale Pharmacie Amavita La Harpe Pharmacie Amavita La Harpe Pharmacie de St-Prex SA Pharmacie de la Cerisaie Pharmacie de Bière-Capitole Pharmacie Nyonnaise Pharmacie Sun Store Pharmacie de la Vallombreuse Pharmacie de Chardonne Pharmacie Arc-en-Ciel Pharmacie Amavita D’Herborence Pharmacie Dr C. Repond Pharmacie Amavita La Harpe pharmacieplus de bramois SA Pharmacie Schneeberger pharmacieplus de bramois SA Pharmacie de Malagnou pharmacieplus de la fauvette pharmacieplus de la fauvette Pharmacie du Bourg Pharmacie Sun Store Pharmacie Sun Store Les Eplatures page 17 Thônex Chavannes-Renens Chavannes-Renens Chavannes-Renens Bière La Chaux-de-Fonds Lausanne Lausanne St-Prex Chavannes-Renens Bière Nyon Etoy Prilly Chardonne Oron-la-Ville Boudry Bulle Lausanne Bramois Tramelan Bramois Genève Lausanne Lausanne Marin La Chaux-de-Fonds La Chaux-de-Fonds Numéro 99, novembre 2011 Martinoli-Baume Christine pharmacieplus franches-montagnes Wassmer-Blanchut Carolyne Pharmacie du Petit-Saconnex Fournier Nathalie Pharmacie de Nendaz Kramer Carine pharmacieplus de la neuveville Bau Sandra pharmacieplus de la neuveville Pierre Sandra Pharmacie Amavita D’Herborence Crettaz Alexandra Pharmacie de Savièse Devaud Laetitia Pharmacie Sun Store 231 Sacco Bruno Maria-Angela Pharmacie de Malagnou Pierre Laurence Pharmacie Sun Store Mourot Sonia Pharmacie Sun Store Les Eplatures Chenal Maude Pharmacie Sun Store Les Eplatures Da Silva Kelly Pharmacie Populaire de la Sallaz Branche Véronique Pharmacie du Hêtre Gobet Vyolène Pharmacie du Hêtre Simond Marielle Pharmacie Populaire de la Sallaz Perez Castineira Raquel Pharmacie Ruch Poyet Tiphaine Pharmacie de Chailly SA Bénon Véronique Pharmacie Capitole Schönberg Frésard Anne-Laure Pharmacie Sun Store Les Eplatures Plancherel Fanny Pharmacie Coop Vitality Nessi Sharon Farmacia Neuroni SA Schmid Jaël Pharmacie Plus Centrale Bersier Alexandra Pharmacie Capitole Bullet Pedretti Valérie Pharmacie de Moillesulaz Di Blasi Ida Pharmacie Sun Store Droghi Cinzia Pharmacie de Charnot Jaha Suzana Pharmacie Amavita Gare Diserens Nicole Schloss Apotheke Nidau AG Ney Maude Pharmacie Sun Store Von Bergen Natacha Pharmacie Sun Store Jenzer Davina Pharmacie Amavita D’Herborence Puthod Orlane Pharmacie de Chailly SA Boson Malika pharmacie von roten Francisco Kelly pharmacie von roten Modolo Sonia Pharmacie Plus Centrale Saignelégier Genève Haute-Nendaz La Neuveville La Neuveville Boudry Savièse Bulle Genève Le Locle La Chaux-de-Fonds La Chaux-de-Fonds Lausanne Belfaux Belfaux Lausanne Bassecourt Lausanne Fribourg La Chaux-de-Fonds Neuchâtel Riva San Vitale Fleurier Estavayer-le-Lac Thônex La Chaux-de-Fonds Fully Lausanne Nidau Rolle Rolle Boudry Lausanne Fully Fully Fleurier La gagnante d’un bon de Frs 100.- (Ochsner Sport, Ikea, FNAC ou Manor) de notre tirage au sort est Annie Neuhaus que nous félicitons chaleureusement, ainsi que toutes les participantes au questionnaire !!! © Pharma-News page 18 Numéro 99, novembre 2011 TEST DE LECTURE Pharma-News N° 98 Cochez la ou les réponses correctes, entourez VRAI ou FAUX, respectivement répondez à la question. 1) Cochez les propositions exactes concernant la vitamine D : a) Le risque de fracture peut être augmenté à la fois par une carence mais aussi par un excès de vitamine D b) La vitamine D étant hydrosoluble, il n’y a pas de risque d’accumulation dans l’organisme c) Les poissons gras sont une bonne source alimentaire de vitamine D d) Nos besoins en vitamine D ne sont couverts que par l’alimentation e) Certains suppléments en vitamine D peuvent être pris tous les trois mois, au lieu de tous les jours 2) Après une greffe d’organe, le patient doit prendre d’autres médicaments que ceux anti-rejet. Lesquels et pourquoi ? 3) VRAI ou FAUX sur la mesure à domicile de la tension artérielle ? a) Les appareils qui effectuent la mesure au bras sont plus fiables pour autant que la circonférence du brassard soit adaptée b) Les valeurs de tension artérielle sont les mêmes que la mesure soit faite au bras gauche ou au bras droite c) VRAI FAUX VRAI FAUX Le tabac, le café et la température n’ont aucune influence sur la tension artérielle VRAI FAUX d) On parle d’hypertension à partir de valeurs supérieures à 140/90 mmHg VRAI FAUX e) Lors de traitement de l’hypertension, on cherche à obtenir des valeurs de pression différentes selon qu’il y a une pathologie associée ou pas VRAI FAUX 4) A vous de choisir ! a) Le BYDUREON° appartient à la même famille que VICTOZA° GALVUS° b) BYDUREON° s’injecte une fois par semaine une fois par jour c) BYDUREON° se présente sous une forme injectable prête à l’emploi à reconstituer d) L’administration du BYDUREON° se fait indépendamment d’un repas après un repas e) L’exénatide est à l’origine d’une prise de poids d’une perte de poids © Pharma-News page 19 Numéro 99, novembre 2011 5) L’ARLEVERT° c’est (plusieurs réponses possibles) : a) Une association de deux principes actifs indiquée dans le traitement des vertiges b) Une spécialité contenant les mêmes principes actifs que ceux du STUGERON° et du TRAWELL° c) Un médicament pouvant être obtenu sans ordonnance d) Un traitement des vertiges contre-indiqué chez les personnes souffrant de la maladie de Parkinson e) Une combinaison de principes actifs agissant sur le système vestibulaire et n’entraînant pas de somnolence 6) Quelle est la particularité du nouvel IMPLANON NXT° ? A votre avis, quel est le but de cette modification ? 7) A quelle famille d’antidiabétiques oraux appartiennent ACTOS° et son générique PIOGLITAZONE MEPHA° ? Que suspecte-t-on à propos du principe actif contenu dans ces spécialités ? 8) Vous délivrez à un client un emballage de BYDUREON° pour la première fois. Vous lui dites : a) Qu’il peut se l’injecter dans l’abdomen, la cuisse ou l’arrière du bras b) Qu’il ne faut pas injecter le produit exactement au même endroit à chaque fois c) Qu’il peut conserver le médicament à température ambiante chez lui pour autant qu’il l’utilise dans un délai de quatre semaines d) Qu’il est possible de reconstituer la solution à l’avance e) Qu’en cas d’oubli de l’injection, il faut contacter son médecin au plus vite 9) Une femme de 60 ans se présente à votre officine et vous explique qu’on lui a diagnostiqué un déficit en vitamine D. Elle vous demande, à part prendre des suppléments, ce qu’elle peut faire pour y remédier. Vous lui dites : a) Que malheureusement, avec l’âge, la peau perd de sa capacité à synthétiser de la vitamine D b) Que sous nos latitudes, en hiver, le rayonnement journalier du soleil est trop faible pour déclencher une production suffisante de vitamine D par la peau c) Que le jaune d’œuf et le beurre sont des sources alimentaires de vitamine D d) Qu’il faut qu’elle cesse totalement d’utiliser de la crème solaire e) Qu’il faut qu’elle profite d’exposer son visage et ses mains au soleil par beau temps pendant minimum deux heures © Pharma-News page 20 Numéro 99, novembre 2011 10) VRAI ou FAUX sur le traitement anti-rejet de greffes ? a) De part leur action immunosuppressive, les corticoïdes pourraient être utilisés pour éviter un rejet du greffon VRAI FAUX b) La ciclosporine A, contenue dans le SANDIMMUN NEORAL°, a été découverte dans un champignon microscopique VRAI FAUX c) Après une greffe, on administre un seul immunosuppresseur pour limiter les effets indésirables VRAI FAUX d) La ciclosporine A peut entraîner l’apparition de poils à des endroits habituellement glabres VRAI FAUX e) Les traitements immunosuppresseurs pourront être interrompus une fois la greffe stable VRAI FAUX Test à renvoyer une fois par assistant(e) en pharmacie par fax au N° 022/363.00.85 avant le 25 août 2011. Nom Prénom Signature Timbre de la pharmacie © Pharma-News page 21 Numéro 99, novembre 2011