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8e art est une publication
des Editions Bagatelle
19, avenue de Delphes 13006 Marseille
09 81 80 63 79
Numéro ISSN : En cours d’attribution
Dépôt légal : Mai 2013
Directeur général : Nicolas Martin
[email protected]
Directeur de la publication :
Frédéric Guérini
[email protected]
# 01
Direction Edition Côte-d’Azur :
Fabrice Adam
[email protected]
Rédacteur en chef : Pierre Le Beller
[email protected]
Direction artistique : Jonathan Azeroual
[email protected]
Maquette :
Côte d’azur
art&culture freemagazine
Printemps - Eté 2013
WWW.8E-ART-MAGAZINE.FR
The Americans are landing...
Alexandra Zébina
Logistique, diffusion et partenariats :
Romuald Protin
[email protected]
04 91 41 63 79
Webmaster éditorial : Léa Coste
[email protected]
Ont collaboré à ce numéro :
Joël Assuied, Léa Coste,
Maéva Rosenbaum, Olivier Levallois.
Service commercial : 06 29 75 09 85
Tirage : 20.000 exemplaires
JEAN-PAUL GOUDE. CHAPEAU : PHILIP TREACY. MGL 957 503 931 RCS PARIS.
Impression :
ZAC St Martin - 23, rue Benjamin Franklin
84120 PERTUIS
Tél. 04 90 68 65 56
[email protected]
OUVERTURES
EXCEPTIONNELLES
LES DIMANCHES
7, 14 ET 21 JUILLET
DE 10H À 19H
GALERIES LAFAYETTE CANNES – 6 RUE DU MARÉCHAL FOCH
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Du mercredi 3 juillet au samedi 3 août, votre magasin est ouvert du lundi au samedi jusqu’à 20h.
La reproduction même partielle des articles et illustrations
sans autorisation est interdite. 8e art décline toute
responsabilité pour les documents et articles remis par les
annonceurs. Dépôt légal à parution.
© FDC / C. Duchène
Les Américains
débarquent…
e
En août 1944, plus de 300.000
soldats français et américains
débarquèrent au son du bebop du
côté de Saint-Tropez. Aujourd’hui,
si le complet casque-rangers ne fait
plus recette un 15 août sur la plage
de Pamplonne, les débarquements américains ne
sont pas pour autant passés de saison sur la côte.
Et ce millésime 2013 s’apparente déjà à un
déferlement de stars Made in America, dont la
pluie diluvienne de la soirée d’ouverture du 66e
Festival a fait office de coup d’envoi.
Après Steven Spielberg, Leonardo di Caprio
et tout le gratin hollywoodien, ce sera au tour
des grands noms de la scène jazz, blues, pop ou
électro de se produire durant tout l’été sur la
Côte. Parmi ces artistes qui vont faire vibrer l’été
azuréen, une mention spéciale est attribuée à
Jared Leto, qui avait foulé le tapis rouge cannois
en 2000 pour son interprétation dans Requiem
for a dream, et qui revient cette année à la tête de
son groupe de rock 30 seconds to Mars.
Cinéma, musique, arts visuels et plastiques,
le 8e art vous invite à découvrir cette saison
américaine hors norme et à goûter à la vitalité
culturelle un lieu aux mille et un trésors.
Le 8e art Côte d’Azur, c’est un condensé de culture
et d’arts, en version bilingue, et c’est gratuit…
Enjoy !
La rédaction
In August 1944, over 300,000
French and American soldiers
landed on the St Tropez and St
Raphael’s beaches. Since then,
population movements on the
southern coast have accelerated in a much more peaceful
way. Among the ten millions
tourists who visit the French
Riviera each year, Americans
make up one of the principal
headcount, 2013 being no exception to the rule.Since the
Cannes Festival opening, on
May 15th, a tsunami of stars
Made in America has swamped
over our region, and it’s not
about to stop. Steven Spielberg, named jury president of
a Festival “a touch” American,
sets the ball rolling and now it’s
time for the big names of jazz,
blues, pop and electro scenes
to show up between St Tropez and Menton this summer.
Among others, Jared Leto who
walked the red carpet for his
role in Requiem for a Dream
in Cannes in 2000 comes back
this time at the head of his band
30 Seconds to Mars. Cinema,
music and Arts; 8e Art invites
you to discover this extraordinary American season and to
have a taste of the cultural life
of a place offering one thousand and one treasures.The 8th
Art Cote d’Azur, is a culture and
arts digest, in French and in
English, and it’ free!
Enjoy!
The editorial board
Deep Blu
Pub
BLEU
profond
Pub
64
sommaire
côte d’azur art&culture freemagazine
# 01
Printemps - Eté 2013
16
20
48
35 Dossier
Festivals
La saison américaine
06 ActuS
L’art (re)prend l’air
11 Focus
Festival de Cannes
12 La liste de Spielberg
16 Mister President
20 Palmes vs. Oscars
24 Des palmes et des étoiles
28 Independents’ day
6
8e art magazine • Printemps - Eté 2013
36 Jazz et Riviera – Un siècle de passion
42 Jazz à Juan – La référence
44 Wynton Marsalis, le virtuose
45 Wayne Shorter, l’homme-orchestre
46 Nice Jazz Festival – La métamorphose
48 Ben Harper, l’oncle d’Amérique
50 Crazy Week !!! – L’âge de raison
52 Pantiero – Jusqu’au bout de la nuit
53 Summer Golfe – Le jeune premier
54 Nuits du Sud – Le festival exemplaire
56 Hi Beach Party – Sous le dancefloor, la plage
57 Plages Électroniques – La crème de la crème
73
67
68 Made in Cannes
70 Danse
72 Musiques
74 Expos
58 Portfolio
L’École marseillaise 1850 – 1920
8e art magazine • Printemps - Eté 2013
7
actus
ART
Art éphémère et développement durable
L’art (re)prend l’air
Avec le retour des beaux jours, les œuvres d’art investissent les espaces extérieurs
dans une logique éco-responsable. Focus sur deux installations temporaires, visibles
jusqu’au mois de septembre à Nice et à Cannes, créations en matériaux naturels,
qui retourneront à la terre dès la fin de leur mise en lumière.
© Arne Quinze Studio
With the return of beautiful days, artworks invade the outdoor spaces in an eco-friendly logic. The focus is on two
temporary installations presented in Nice and Cannes until September, created with natural materials that will return
to the earth after their exhibition.
© Arne Quinze Studio
Hommage à Alexander Calder,
2013 Installation en bois, MAMAC,
Nice
Arne Quinze au MAMAC
Depuis le 17 avril, le plasticien flamand déploie sa dernière installation sur la façade du
Musée d’art moderne et d’art contemporain de Nice. Une structure en bois « recyclable à
200% » comme une évocation des connections symboliques et physiques entre les individus,
la nature et l’architecture. Un hommage à Alexander Calder de l’artiste qui a déjà rhabillé
de sa mantille aux tons rouge-orange des lieux comme la façade du Parlement flamand à
Bruxelles, le pont Boieldieu à Rouen ou l’intérieur de l’hôtel Royal Monceau à Paris.
8
8e art magazine • Printemps - Eté 2013
Arne Quinze at MAMAC
From April 17, the Flemish visual
artist presents his latest installation
on the facade of the Musée d’art
moderne et d’art contemporain in
Nice. A “200% recyclable” wooden
structure as an evocation of physical and symbolical connections
between individuals, nature and
architecture. A tribute to Alexander Calder from an artist who has
already revitalized with red and
orange tones the facades of many
buildings such as the Flemish Parliament in Brussels, the Boieldieu
bridge in Rouen and the inside of
the Royal Monceau hotel in Paris.
THE FUTURE
Double layered dress in printed organza and knit,
shaded crystal plexiglass neck piece,
patent calf leather shoes
S/S 2013
THE PAST
Multicolor knitted patchwork swimsuit, S/S 2002
knit sandals, S/S 1997
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8e art magazine • Printemps - Eté 2013
9
ART
LandArt
à l’Île Sainte-Marguerite
© Jean-Jacques Castex
actus
Land Art on l’Île Sainte-Marguerite
Tree trunks, pebbles, branches and infinity of natural
materials make up, in the national park of the island, a
peculiar installation that draws an obvious link between
art and nature.
This promotional event for the environmental art movement deployed since the month of April uses only natural
materials taken on-site.
Bringing six Finish and four French artists together, this
first Land Art experience in the region allows the public
to rediscover the place and a form of art in symbiosis
with nature.
10
8e art magazine • Printemps - Eté 2013
© Maria Huhmarniemi
Des troncs d’arbres, des galets, des branches et une
infinité de matériaux naturels forment dans la forêt
domaniale de l’île une étrange installation au cœur de
laquelle se dessine un lien évident entre art et nature.
Cette manifestation de promotion du mouvement d’art
environnemental déployée depuis le mois d’avril utilise
des matériaux naturels prélevés sur le site.
Réunissant six artistes finlandais et quatre artistes
français, cette première expérience de LandArt dans la
région permet au public de redécouvrir les lieux et une
forme d’art en symbiose avec la nature.
8e art magazine • Printemps - Eté 2013
11
Festival de
CANNES
Textes : Olivier Levallois
The Cannes Festival has rarely been as American
as this 66th anniversary. A Hollywood president
of the jury, five American films nominated and a
plethora of US stars walking up the Palais des
Festivals’ red carpeted steps.
The relationship between Cannes and Hollywood is certainly not new. From the very first
festival, which should have taken place in September 1939, MGM (Metro Goldwyn Mayer)
chartered a transatlantic liner to ship stars like
Tyrone Power, Gary Cooper, Annabella, Norma
Shearer and George Raft. The invasion of Poland
by Nazi troops resulted in the cancellation the
first festival. In 1946, the reconstruction of Europe funded by America promoted the spread of
Hollywood cinema. Since then, the two greatest
world ceremonies dedicated to the seventh art
have maintained relationships of mutual attraction
and fascinations as well as aversion and disdain.
In some way, this evolution between the French
and the American festivals unveils the aesthetic,
economic and technological transformations
that world cinema is experiencing. Today, in this
global world, the aspects which distinguished
American cinema from European cinema are
fading. The cultural opposition in the global cinema industry, which lasted over a century and
resulting in two film festivals, is not as noticeable
any more. As can be seen in this years nominations and the growing presence of American
artists in Cannes.
8e art magazine • Printemps - Eté 2013
© FDC / L. Fauquembergue
Rarement dans son histoire, le festival de Cannes aura été si américain que pour cette 66ème édition. Un président du jury hollywoodien, une sélection officielle comprenant pas moins de cinq films
issus d’outre-Atlantique et une profusion de stars made in USA
montant les célèbres marches du palais.
L’histoire de la relation entre Cannes et Hollywood n’est pourtant
pas récente, dès le tout premier festival qui aurait du se dérouler
en septembre 1939, la Metro Goldwyn Mayer avait affrété un transatlantique pour amener ses stars telles que Tyrone Power, Gary
Cooper, Annabella, Norma Shearer ou George Raft. L’invasion de
la Pologne par les troupes de l’Allemagne nazie fit que ce premier
festival fut annulé. En 1946, la reconstruction de l’Europe avec
l’aide des financements américains impliquait une diffusion de
son cinéma. Depuis, les deux plus grandes cérémonies mondiales
consacrées au 7ème art n’ont cessé d’entretenir des relations d’attraction et de répulsion, de fascination et de dédain mutuels.
D’une certaine façon, cette évolution de la relation entre le cinéma
français et américain reflète les mutations esthétiques, économiques et technologiques que vit le cinéma mondial. Aujourd’hui,
dans un univers mondialisé, ce qui distingue le cinéma américain
du cinéma européen tend à s’estomper. Et la bi-polarité culturelle
dans l’industrie cinématographique mondiale qui a perdurée pendant plus d’un siècle, dont sont issus ces deux festivals n’est plus
aussi marquée. En témoigne cette sélection officielle et cette présence croissante des artistes américains à Cannes.
13
focus
festival de cannes
La liste de
Spielberg
« Depuis l’origine du cinéma, sept des dix
films réalisant le plus d’entrées au monde
sont de Steven Spielberg. »
T
Steven Spielberg
© Istockphotos
Très souvent sollicité pour assurer cette fonction dans le
passé, mais jamais disponible en raison de ses nombreux
tournages, le cinéaste avait donné un accord de principe
dès 2011.
L’histoire de la relation du festival et de Spielberg débute
dès son deuxième film Sugarland Express, cinglant échec
commercial aux États-Unis qui se trouve sélectionné à
Cannes en 1974. Il y obtient le prix du scénario. Dès lors,
le réalisateur et producteur américain reviendra sporadiquement sur la Croisette, principalement pour présenter
en avant-première mondiale et sa compétition, certains de
ses films, comme E.T. en 1982 (qui sera le tout dernier film
projeté dans l’ancien palais du festival avant se destruction), La Couleur pourpre en 1986 ou Indiana Jones et le
Crâne de Cristal en 2008.
Depuis le 28 février dernier
l’identité du président du jury du
66ème festival de Cannes n’est
plus un secret. Il s’agit de Steven
Spielberg. Étonnante coïncidence,
Since February 28 the identity of the president le cinéaste a le même âge que le
of the jury of the 66th Cannes Film Festival is festival dont il est familier depuis
no longer a secret. It is Steven Spielberg. A quarante ans.
surprising coincidence, the filmmaker is the
same age as the festival he has been regularly
visiting for the past forty years.
14
8e art magazine • Printemps - Eté 2013
Cinéaste emblématique d’Hollywood
Si le nom du réalisateur évoque spontanément quelque
Mecque du cinéma mondial, c’est à Hollywood et sa culture
du divertissement de masse, plutôt qu’au rendez-vous cannois et son exigeante sélection de films d’auteur que l’on
songe. En une trentaine d’œuvres réalisées en un peu plus
de quarante ans, l’homme est devenu le cinéaste emblématique de cette industrie du divertissement hollywoodien.
Il a produit des succès planétaires comme Les dents de la
mer, Rencontres du 3e type, E.T l’extraterrestre, la série des
Indiana Jones, ou encore Jurassic Park, et battu à plusieurs
reprises ses propres records de rentabilité.
Depuis l’origine du cinéma, sept des dix films réalisant le
plus d’entrées au monde sont de Steven Spielberg. Mais si
son succès public est immense, il a moins de chance avec
les festivals européens. Ses films y sont peu sélectionnés,
que ce soit à Cannes à Berlin ou à Venise. De fait, la critique du vieux continent n’a pas toujours été tendre avec
Spielberg, déplorant son manque de profondeur et son
simplisme, mais aussi son goût prononcé du spectaculaire.
Il a longtemps été considéré comme un homme d’affaires
plus qu’un créateur véritable, usant du cinéma comme
d’une industrie et non comme d’un art.
Spielberg et ses maîtres
Pourtant certaines de ses œuvres révèlent une cinéphilie
plus subtile qu’il n’y parait. À commencer par son tout pre8e art magazine • Printemps - Eté 2013
15
festival de cannes
mier film de 1971 Duel, ce thriller routier dans lequel un
représentant de commerce se voit harcelé par le chauffeur
d’un camion dont on ne verra jamais le visage. D’autres
films tels que La liste de Schindler, Il faut sauver le soldat
Ryan, A.I Intelligence artificielle, Minority Report, Arrêtemoi si tu peux, Munich, ou encore le dernier en date Lincoln, bien qu’étant tous des films à grand spectacle affirment une ambition artistique certaine.
Quoi qu’il en soit, cette année, le producteur-réalisateur ne
sera pas jugé pour ses films, mais jugera ceux des autres. La
question qui se pose à chaque nouveau cinéaste endossant
ainsi l’habit de président de jury est de savoir si les goûts
du président-spectateur s’accorderont à ceux du présidentcinéaste ? En d’autres termes est-ce que les films défendus
par Spielberg ressembleront à son cinéma ?
On connaît les maîtres qui l’ont influencé tout au long de
sa carrière. Stanley Kubrick (avec qui il était ami et qui lui
envoyait tous ses scénarios), Akira Kurosawa, David Lean,
John Ford, mais aussi, Preston Sturges, Frank Capra, Howard Hawks, Alfred Hitchcock...
Une autre piste sur le spectateur Spielberg nous est donnée par la liste de ces dix films préférés qu’il a évoquée à
plusieurs reprises, notamment lors d’entretiens auprès de
l’American Film Institute. Fantasia (1940); Citizen Kane
(1941); Un nommé Joe (1943); La vie est belle (1946); La
guerre des mondes (1953); Psychose (1960); Lawrence d’Arabie (1962); 2001, l’odyssée de l’espace (1968); Le parrain
(1972) et La nuit américaine (1973).
Dans cette liste on retrouve une très grande majorité de
films américains, un britannique et un français réalisé par
François Truffaut (qu’il admire au point de l’avoir fait jouer
dans Rencontres du 3e type). S’il fallait trouver le point
commun entre ces dix films, ce serait un certain sens du
récit à grand spectacle, pour un propos philosophique plus
intimiste sur la condition de l’homme pris dans un destin
entre création et destruction. Voilà peut-être le cocktail
savant que devront posséder les films pouvant séduire le
nouveau président cannois. Réponse le 26 mai lors de la
soirée de clôture.
16
8 e art magazine • Printemps - Eté 2013
Often asked to play this role, but never available because of his
numerous shootings, the filmmaker has finally given his principle
agreement since 2011.
The relationship between Spielberg and the festival started with his
second film, Sugarland Express, a complete commercial failure in
the United States but selected for Cannes in 1974, where it won an
award for best screenplay. From then on, the American director
and producer came back periodically to the Croisette, mainly
to present his films as world premieres and out-of-competition,
such as E.T. in 1982 (the last film projected in the old Palais des
Festivals before its demolition), The Color Purple in 1986 and
Indiana Jones and the Kingdom of the Crystal Skull in 2008.
An emblematic Hollywood filmmaker
If the name of the director spontaneously evokes some mecca
of international cinema, one rather thinks of Hollywood and its
mass entertainment culture rather than of the Cannes rendez-vous
and its rigorous selection of art cinema. With about thirty films
directed in more than forty years, Spielberg became the symbol
of the Hollywood entertainment industry. He produced films that
became world hits such as Jaws, Close Encounters of the Third
Kind, E.T. the Extra-Terrestrial, the series Indiana Jones, and Jurassic Park, and has several times beaten his own profit record.
Since the origins of cinema, out of the ten most successful films
in the world, seven were directed by Steven Spielberg. Yet, despite
his great success with the audience, Spielbeg never had much
luck with European festivals. His films were rarely selected, either
at Cannes, Berlin or Venice. In fact, the critics of the Old continent
have not always been gentle with Spielberg, deploring his lack
of depth and his simplicity, as well as his obvious taste for the
spectacular. For a long time Spielberg has been considered more
of a businessman than a real creator, using cinema as an industry
rather than an art form.
Spielberg and his masters
Yet some of his works reveal a cinephilia more subtle than it
might seem. Starting with Duel, his first film, a 1971 road thriller
in which a sales representative is terrorized by an unseen truck
driver. Other films such as Schindler’s list, Saving Private Ryan,
A.I. Artificial Intelligence, Minority Report, Catch Me If You Can,
Munich and the most recent Lincoln, manifest a certain artistic
ambition despite being blockbusters.
In any case, this year, the director-producer will not be judged for
his films, but will be the judge. The question for every filmmaker
that takes on the task of president of the jury is whether his taste as
the president-spectator will match that of the president-filmmaker.
In other words whether the films to be defended by Spielberg
will resemble his own?
The masters that influenced him all along his career are wellknown: Stanley Kubrick (a friend of his who sent him all his scripts),
Akira Kurosawa, David Lean, John Ford, and also Preston Sturges,
Frank Capra, Howard Hawks, Afred Hitchcock…
Another lead on spectator-Spielberg is to be found in the list of
his ten favourite films that he mentioned several times during the
interview at the American Film Institute. Fantasia (1940); Citizen
Kane (1941); A Guy Named Joe (1943); It’s a Wonderful Life
(1946); The War of the Worlds (1953); Psycho (1960); Lawrence
of Arabia (1962); 2001 Space Odyssey (1968); The Godfather
(1972) and Day for Night (1973).
The majority of the films on this list are American productions,
except one British film and one directed by François Truffaut
(whom he admired to the point of giving him a leading role in
Close Encounters of the Third Kind). If one had to find a common point between these ten films it would be a certain sense of
spectacular narratives, for a more intimist philosophical point on
the condition of a man trapped in a destiny between creation and
destruction. This may be the effective mix that the films will need
in order to seduce the new president of the Cannes Film Festival.
We will have the answer at the closing ceremony on May 26.
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Rejoignez-nous sur
La charge de président du jury
du festival de Cannes consacre
une carrière exceptionnelle
au service du cinéma. Mais
au-delà de cette distinction
honorifique, l’évolution de
la nationalité des présidents
qui se sont succédés depuis
1946, traduit aussi un état
des lieux de la production
cinématographique mondiale.
© FDC
festival de cannes
Being president of the jury of the Cannes Film Festival is
the consecration of an exceptional career dedicated to
cinema. The nationalities of successive presidents since
1946, beyond the honorary nature of this distinction,
bear witness to the state of world film production.
Mister
President
P
Parmi les 1.858 longs métrages proposés au comité du Festival
de Cannes cette année, dix-neuf ont été finalement distingués
dans la sélection officielle. Dévoilés par le délégué général
Thierry Frémaux mi-avril, le millésime 2013 se révèle foncièrement franco-américain.
Côté français, Valeria Bruni Tedeschi, Arnaud Desplechin,
François Ozon, Abdellatif Kechiche, Arnaud des Pallières.
Côté américain Steven Soderbergh, Ethan et Joel Coen, James
Gray, Alexander Payne et Jim Jarmusch. Force est de constater
que si à l’origine du festival les films français représentaient
naturellement la majorité des films en compétition – et cela
jusque dans les années 70 – rarement les américains y ont
connu une telle prépondérance. Ajoutons au panorama de
cette 66ème édition, Steven Spielberg comme président du
jury, Gatsby le magnifique en film d’ouverture hors compétition, œuvre de Baz Luhrman, un réalisateur australien certes,
mais avec Leonardo di Caprio en vedette principale, et All is
Lost de J.C. Chandor (hors compétition lui aussi), film américain avec Robert Redford.
Loin d’être un phénomène accidentel, l’américanisation de
Cannes se constate aussi dans l’évolution du choix des présidents du jury de ces dernières années.
Sans compter Fritz Lang qui doit sa nationalité américaine à
18
8e art magazine • Printemps - Eté 2013
sa fuite de l’Allemagne nazie, le premier réalisateur américain
qui officie à cette fonction est Joseph Losey en 1972. Dès lors, il
y en aura régulièrement d’autres, tels que Kirk Douglas (1980)
Sydney Pollack (1986), Clint Eastwood (1994), Francis Ford
Coppola (1996), Martin Scorsese (1998) pour n’en citer que
quelques uns. Cette présence américaine d’abord sporadique
s’est accentuée progressivement au fil du temps. Ainsi, ces dix
dernières années, par cinq fois le président du jury a été une
personnalité américaine (Quentin Tarantino, Sean Penn, Tim
Burton, Robert de Niro, et aujourd’hui Steven Spielberg). Ce
qui donne une moyenne significative d’un festival sur deux.
Comment interpréter un tel phénomène ?
Quand dans les années 70, la seconde nationalité après la
France à occuper la présidence du jury cannois était l’Italie
(Sophia Loren 1966, Luchino Visconti 1969, Roberto Rossellini 1977), cela correspondait à une réalité de la production du
cinéma du pays dans le panorama mondial. Alors qu’en est-il
pour le cinéma américain d’aujourd’hui ?
Si l’on interrogeait Thierry Fremaux sur la question, il est probable qu’il répondrait par une réponse assez similaire à celle
donnée, il y a quelques semaines, sur la polémique de la disparité réalisateur/réalisatrice dans la sélection.
A savoir que le Festival de Cannes n’est qu’un reflet de la réalité
© FDC
focus
« Loin d’être un phénomène accidentel,
l’américanisation de Cannes se constate
aussi dans l’évolution du choix des
présidents du jury de ces dernières années »
de la production mondiale. Si on y retrouve une majorité de
films américains, et de nombreux présidents du jury de nationalité américaine, c’est principalement parce que son cinéma
d’auteur se porte bien mieux économiquement et artistiquement que la plupart des autres cinémas du monde.
Il faut comprendre que chaque festival international affirme
son identité à travers ses propres critères sélectifs. Si la cérémonie des Oscars est principalement une vitrine du cinéma
anglo-saxon (voire américain) grand public, la sélection
officielle du Festival de Cannes, n’a pas pour unique critère
la qualité créative et novatrice des œuvres. L’ours d’Or de
Berlin ou La Mostra de Venise sont, sur ce point sans doute,
plus téméraires. Et il existe bien d’autres rencontres internationales distinguant des œuvres plus innovantes. Cannes,
il faut le comprendre est un festival de films d’auteur grand
public, avec parfois, ça et là, dans sa sélection, quelques choix
plus radicaux. Au final, la personnalité du président et des
autres membres du jury infléchissent plus ou moins à travers
les œuvres primées le caractère « auteuriste » ou grand public
de l’édition dont ils ont la charge. Aussi s’il y a, ces dernières
années, une plus grande représentation du cinéma d’auteur
américain, c’est certainement moins le fait de l’évolution du
festival lui-même que celui du cinéma d’outre-Atlantique.
Among the 1.858 feature films submitted to the committee of
this year’s Cannes Film Festival, only nineteen have been singled
out for the official selection. Revealed in mid-April by the General
Delegate Thierry Frémaux, the 2013 vintage turned out to be
mainly Franco-American, with films by Valeria Bruni Tedeschi,
Arnaud Desplechin, François Ozon, Abdellatif Kechiche, Arnaud
des Pallières on the French side and Steven Soderbergh, Ethan
and Joel Coen, James Gray, Alexander Payne and Jim Jarmusch
on the American side.
It must be noted that if, in the early years of the festival, French
films naturally made up the majority of the selection and so up
until the 1970s, American films have seldom been so overriding.
Adding to this, the 66th edition will feature Steven Spielberg as
president of the jury, The Great Gatsby, by Australian director Baz
Luhrmann, with Leonardo DiCaprio with in the lead role, to open
the festival and All is Lost by J.C. Chandor (out-of-competition),
an American film starring Robert Redford.
Far from being an incidental phenomenon, the Americanization
of the Cannes festival is evidenced by the nationality of the
presidents of the jury these past few years. Without taking into
account Fritz Lang, who only owes his American citizenship to
his fleeing from Nazi Germany, the first American director to
take on this function was Joseph Losey in 1972. From then on
there have regularly been others, such as Kirk Douglas (1980),
Sydney Pollack (1986), Clint Eastwood (1994), Francis Ford
Coppola (1996), Martin Scorsese (1998) to name but a few.
This American presence, sporadic at first, gradually increased
over time. Thus, over the past ten years, the president of the jury
has five times been an American (Quentin Tarantino, Sean Penn,
Tim Burton, Robert de Niro, and this year Steven Spielberg).
Which gives a significant average of one every two years. How
can this phenomenon be read into?
In the 1970s, when the second most frequent nationality for
the presidency of the Cannes Film Festival jury was Italian (Sophia Loren 1966, Luchino Visconti 1969, Roberto Rossellini
1977), this corresponded to a certain status of the country’s
film production within the world panorama. So what of today’s
American cinema?
If we were to discuss the question with Thierry Fremaux, he
would very probably answer in the same way he did on the
polemic of unequal representation between male and female
directors in the selection.
That is to say, that the Cannes Film Festival merely reflects the
reality of the world production. The fact that the majority of the
films in the selection are American, that most presidents of the
8e art magazine • Printemps - Eté 2013
19
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jury are American is mainly because American art cinema is
doing far better economically and artistically than most of the
international film production.
Il y a vingt ans, le cinéma d’auteur américain existait en marge
de la production officielle d’Hollywood et de ses studios. Ses
films étaient moins nombreux et surtout moins visibles à
l’international. Ses réalisateurs se trouvaient souvent plus
isolés qu’ils ne le sont aujourd’hui. La reconnaissance mondiale croissante du Festival de Sundance et la mise en tutelle
économique du cinéma d’auteur américain indépendant par
les grandes compagnies, a vu ses réalisateurs et ses œuvres se
multiplier en une décennie, gagnant en efficacité de communication sans perdre en qualité. Ainsi une nouvelle génération
de réalisateurs a vu le jour, comme Sofia Coppola, James Gray,
ou encore Jeff Nichols. Et s’ils s’écartent des codes cinématographiques et narratifs consacrés aux Oscars, leurs films d’auteur grands publics, correspondent par contre parfaitement
aux critères du comité de sélection de Cannes.
On peut d’ailleurs remarquer que la configuration de l’Hollywood d’aujourd’hui n’est pas très éloignée de celle du Cinecittà italien des années 70 : une majorité de grosses productions
de studio vouées au marché international, et dans l’ombre de
cette industrie majoritaire, le développement croissant de
films d’auteurs profitant de la manne économique générée par
les films plus commerciaux.
Si le cinéma américain a un talent depuis son origine, c’est
celui de savoir s’adapter et se régénérer. Il a toujours su, pour
cela, accueillir des cinéastes étrangers dans son giron, hier
européens (Fritz Lang, Alfred Hitchcock…), aujourd’hui asiatiques (John Woo, Wong Kar-wai…) et gagner de nouveaux
publics, de nouveaux territoires. Empire absolu du cinéma de
divertissement mondial, il investit dorénavant, avec efficacité,
le cinéma d’auteur. On peut ainsi penser que loin d’être une
réalité éphémère, la forte présence des films américains et de
leurs auteurs à Cannes devrait, si ce n’est progresser, du moins
s’affirmer davantage ces prochaines années.
20
8 e art magazine • Printemps - Eté 2013
Every international festival affirms its identity through its own
selection criteria. If the Oscars ceremony is mainly a showcase
of Anglo-Saxon cinema (or even just American) to the general
audience, the criterion of the official Cannes Film Festival selection is not only the creative and innovative quality of the works.
The Berlin and Venice International Film Festivals are certainly
more daring on this point. There are many other international
events that distinguish more innovative works. Cannes is an
art cinema festival that targets a wide audience, with a few
isolated, more radical choices. In the end, the personality of the
president and other members of the jury will more or less inflect,
through the works they will award, the “arty” or mainstream
character of the edition they preside over. The presence of this
large representation of American art cinema is mainly due to
the evolution of the American film production and certainly less
because of the festival’s evolution.
Twenty years ago, American art cinema dwelled on the fringe
of Hollywood’s official production and studios, with fewer films
and less visibility on the international stage. The art cinema
directors were much more isolated than they are today. The
increasing world recognition of the Sundance Film Festival and
economic takeover of American independent cinema by the
majors prompted the multiplication of directors and works during
the last decade, gaining in communication efficiency without
losing in quality. Thus a new generation of directors was born,
including Sofia Coppola, James Gray, and Jeff Nichols. And if
they stray away from film and narrative codes consecrated by
the Oscars, their general-audience art films perfectly match the
criteria of the Cannes Selection Committee.
It may be remarked that the configuration of today’s Hollywood
is not so different from that of Italian Cinecittà of the 1970s:
the majority of the major studio productions is dedicated to the
international market, and in its shadow, the increasing development of art films profits from the financial windfall generated
by more commercial films.
If the American cinema has had one talent from its origins,
it’s that of adapting and regenerating. It has always welcomed
foreign filmmakers, European in the past (Fritz Lang, Alfred
Hitchcock…) and Asian today (John Woo, Wong Kar-wai…) and
managed to win over new audiences and new territories. Being the absolute empire of world entertainment cinema it now
invests, with success and efficiency, in art cinema.
One might think that far from being an ephemeral reality, the
strong presence of the American films and directors in Cannes
will certainly assert itself further in years to come.
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focus
festival de cannes
Palme d’or
Oscar ?
© FDC
vs
© FDC
« Certaines années cette divergence
entre les deux festivals parait presque
caricaturale. »
The Cannes and Oscar ceremonies are the most prestigious showcases of cinema. Their respective selections
evidence two visions of what constitutes the essence and
value of this art form. Spectacular and globalized mass entertainment on one hand, versus a more intimist, singular
and local art cinema. Does this apparent bipolarity testify
to the true state of the “7th art”?
D
Début mars 2011, Andrew O’Hehir, un critique américain
écrivait un article intitulé « Why don’t Cannes films win Oscars » (Pourquoi les films de Cannes ne gagnent pas d’Oscars ?).
Il est vrai que depuis la première édition du festival de Cannes
en 1946, peu de films ont participé aux deux sélections et ont
obtenu à la fois une Palme d’or (ou un Grand prix) et un Oscar du meilleur film. Seulement deux œuvres ont réalisé cet
exploit en près de soixante-dix ans : The Lost Week-end de Billy Wilder (1945) et Marty de Delbert Mann, dix ans plus tard.
Pour exemple les années où Cannes consacre, L’anguille de
Unagi Shohei Imamura, Elephant de Gus Van Sant, ou Entre
les murs de Laurent Cantet, outre Atlantique, les Oscars du
meilleur film sont attribués à Titanic de James Cameron, Slu-
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8e art magazine • Printemps - Eté 2013
Les cérémonies de Cannes et des Oscars
sont les plus prestigieuses vitrines du cinéma
mondial. Leurs sélections respectives
traduisent deux visions de ce qui fonde
l’essence et la valeur de cet art. Un
divertissement grand public, spectaculaire
et mondialisé d’un côté, contre une
création d’auteur plus intimiste, singulière
et régionalisée de l’autre. Cette bipolarité
apparente rend-t-elle compte de l’état réel du
7ème art ?
mdog Millionaire de Danny Boyle, Le Seigneur des anneaux :
le retour du roi de Peter Jackson.
Certaines années cette divergence entre les deux festivals parait presque caricaturale. Ce fut le cas il y a trois ans. L’Oscar
distingue Le discours d’un roi, réalisé par Tom Hooper et la
Palme d’or Oncle Boonmee, celui qui se souvient de ses vies
antérieures du thaïlandais Apichatpong Weerasethakul.
Bien qu’anglais, Le discours d’un roi correspond en tout point à
ce cinéma traditionnellement apprécié du jury hollywoodien.
C’est un récit historique divertissant, avec une forme narrative
très classique, dont le principal souci est d’éviter incompréhension, ennui et temps morts. Produit selon le modèle industriel des grands studios, le film vise explicitement le public de
la classe moyenne mondiale.
Oncle Boonmee s’inscrit quant à lui, parfaitement dans ce
cinéma d’auteur estampillé arts et essais. C’est une œuvre
très personnelle et sans concession, dont la distribution est
en partie composée de comédiens amateurs. Sa narration peu
rythmée, non linéaire et contemplative n’est pas calibrée pour
répondre aux habitudes du grand public.
Cependant quelques rares films ont su concilier les cahiers des
charges apparemment antinomiques de Cannes et des Oscars,
où ils se sont retrouvés doublement sélectionnés. Ce fut le cas,
du Pianiste de Roman Polanski, de No country for old men des
frères Coen ou encore de Fahrenheit 9/11 de Michael Moore,
pour n’en citer que trois des plus récents. Ces récits, bien que
possédant une portée universelle, ne sacrifient en rien le point
de vue personnel de leurs auteurs, et la recherche d’une forme
artistique singulière.
Ils révèlent que l’apparente schizophrénie que semblent démontrer les sélections des deux festivals, ne rend pas compte
du dialogue constant entretenu entre le cinéma d’auteur à
l’européenne et le cinéma commercial à l’américaine. De fait
les frontières traditionnelles ne sont plus aussi marquées. Ces
échanges entre Europe et Amérique, cinéma d’auteur et cinéma commercial se sont accélérés ces dernières décennies en
raison de la nécessité pour les studios classiques de conquérir
de nouveaux marchés. Ces majors américaines, soucieuses de
se renouveler, ont d’abord toujours su débaucher des auteurs
issus d’un mode de production plus marginal ou artisanal (Peter Jackson, Sam Raimi, Emir Kusturica…). Mais en quelques
années, elles ont aussi racheté ou mis sous contrat la plupart
des indépendants, dont elles financent les films suivant un
schéma de sous-traitance culturelle (La MGM avec New line
CINEMA en 1993, Paramount avec Dreamworks Animation en 2004 ou Disney avec Pixar en 2006 et Lucasfilms en
2012…). L’autre facteur prépondérant favorisant ces rapprochements est la révolution numérique. Elle a transformé à la
fois le mode de production, le support même d’enregistrement
In early March 2011, American critic Adrew O’Hehir wrote an
article entitled “Why don’t Cannes films win Oscars?” As a matter
of fact, since the first Cannes Film Festival edition in 1946, few
films have run in both selections and obtained both a Palme
d’or (or a Grand Prix) and an Oscar for Best Film. Only two films
achieved this: The Lost Week-end by Billy Wilder (1945) and
Marty by Delbert Mann ten years later.
For instance, the same year as Cannes consecrated The Eel
(Unagi) by Shohei Imamura, Elephant by Gus Van Sant, and
The Class by Laurent Cantet, on the other side of the Atlantic,
the Oscars for best film went to Titanic by James Cameron,
Slumdog Millionaire by Danny Boyle, The Lord of the Rings:
The Return of the King by Peter Jackson.
Some years this difference between the festivals is almost exaggerated. This was the case three years ago, when the Oscars distinguished Tom Hooper’s The King’s Speech and the Palme d’or
went to the Thai Apichatpong Weerasethakul’s Uncle Boonmee
Who Can Recall His Past Lives. While being English, The King’s
Speech is exactly the kind of cinema traditionally appreciated
by the Hollywood jury. In other words it is a classical form of
entertaining historical narrative, whose main objective is to
avoid incomprehension, boredom and downtimes. The film,
produced according to the industrial models of major studios,
explicitly targets a world middle-class audience.
As to Uncle Boonmee, the movie fits perfectly into the labelled
art cinema category. It is a very personal work with no compromises, and played partly by amateur actors. Its slow pace,
nonlinear and contemplative narrative are not meant to respond
to the expectations of the general audience.
Yet, a few rare films, being selected for both festivals, managed
to conciliate the antinomic specifications of Cannes and the
Oscars. This was the case for The Pianist by Roman Polanski,
8e art magazine • Printemps - Eté 2013
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festival de cannes
© FDC
focus
© FDC
© FDC
No country for old men by the Coen brothers and Fahrenheit
9/11 by Michael Moore, just to name a few of the most recent.
These narratives, while having a universal reach, do not sacrifice the authors’ personal point of view and their quest for a
singular artistic form.
et de diffusion des films, la technologie des salles, et plus généralement les modalités de réceptions des œuvres. Le public mondial
peut dorénavant accéder, comme jamais auparavant, aux films les
plus confidentiels comme aux blockbusters.
Cette porosité entre ces différents territoires, jadis cloisonnés, produit aujourd’hui ses effets jusqu’à Cannes, ce fief mondial du cinéma d’auteur. La présence croissante des représentants de ce cinéma
de divertissement mondialisé ne s’y constate pas uniquement lors
de la montée des mythiques marches par les stars américaines. On
la retrouve aussi dans la composition de son jury et la nationalité de
ses présidents.
Sans se résoudre toutefois à sélectionner ou « palmériser » ce cinéma
bâti sur le modèle industriel hollywoodien, en consacrant, cette année, Steven Spielberg président de son jury, Cannes confirme le rapprochement économique et culturel des deux planètes cinéma. Une
question perdure : à l’avenir qui deviendra le satellite de l’autre ?
24
8 e art magazine • Printemps - Eté 2013
These films help realize that the schizophrenic tendency of
the two festivals selections doesn’t do justice to the constant
dialogue between European art cinema and American commercial cinema. As a matter of fact, the traditional boundaries are
now blurred. Exchanges between Europe and the US, art and
commercial cinemas have increased in the past decades since
major studios need to conquer new markets. These American
studios, in a bid to renew themselves, have first managed to
poach directors of unconventional or small-scale productions
(Peter Jackson, Sam Raimi, Emir Kusturica…). But within a few
years they also have purchased or signed most of the independent studios, whose films they finance according to patterns of
cultural subcontracting (MGM with New Line Cinema in 1993,
Paramount with DreamWorks Animation in 2004, Disney with
Pixar in 2006, LucasFilms in 2012, etc.)
The digital revolution is the other main factor behind these
mergers. It transformed the production methods, the film recording and diffusion materials, the cinema equipment, and more
generally the way the works are perceived. Like never before
the world audience now has access to both small productions
and blockbusters.
The effects of the porosity between these different playgrounds,
once sealed off from one another, can even be seen in Cannes,
the stronghold of art cinema. The increasing presence of representatives of this globalised entertainment industry is not only
perceivable as American stars ascend the mythical red-carpeted
stairs. It is also evidenced by the jury composition and the
nationality of its president.
Without going as far as selecting or awarding this cinema built
on the Hollywood industrial blueprints, this year, by designating Steven Spielberg president of the jury, Cannes confirms
the economic and cultural rapprochement of the two cinema
galaxies. One question remains, which one will become the
other’s satellite?
festival de cannes
Independents’
DAYS
© FDC / C. Duchène
Cinq films d’auteurs américains ont donc été retenus dans la sélection
officielle, ceux de Steven Soderbergh, d’Ethan et de Joel Coen, de James
Gray, d’Alexander Payne et de Jim Jarmush. Tous sont des habitués
des festivals internationaux et du festival de Cannes en particulier.
Certains de leurs films y ont été sélectionnés, voire primés, ils ont
été membres du jury ou ont présidés la sélection Un certain regard.
Portraits croisés de ces Américains en compétition.
Five American independent films have been officially nominated, directed by Steven Soderbergh,
Ethan and Joel Coen, James Gray, Alexander Payne and Jim Jarmush. None of them strangers
to international film festivals and especially the Cannes films festival, in which some of their films
were nominated or awarded, they were members of the jury or presided over nominations at Un
Certain Regard. Spotlight on these five Americans
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8e art magazine • Printemps - Eté 2013
Jim Jarmush
focus
Jim Jarmush, 60 ans.
Invité de dernière minute avec Only Lovers Left Alive, figure
de proue du cinéma indépendant américain, il est le vétéran
de la bande. Son cinéma est celui d’un dandy du rock, portant
un regard désabusé sur les anti-héros de l’Amérique. Usant
d’un humour, non pas noir mais bleu nuit, il aime filmer ses
personnages au crépuscule, à ces heures entre chien et loups,
où les rencontres improbables deviennent possibles, donnant
matière à des histoires étranges et uniques. Il les abandonne
à l’aube, quand la lumière blême du matin s’éveille autour et
en eux. La musique, qu’elle soit le blues bancal de Tom Waits
(Down by law), le rock suranné d’Elvis Presley (Mystery Train),
ou le rap crépusculaire de RZA (Ghost dog) est omniprésente
dans ses films et y tient une place essentielle. De sa quinzaine
de films réalisés, nombreux sont ceux qui ont été à Cannes
(Down by Law, Ghost dog, Dead Man…). C’est peut-être
l’un des cinéastes en lice dont l’œuvre est la plus familière
du Palais du festival. Il avait remporté la Caméra d’or dès
son deuxième long métrage Stranger than paradise, en 1984,
et a reçu le Grand Prix en 2005, pour Broken Flowers sous la
présidence d’Emir Kusturica. Une palme d’or pour son dernier
long métrage, un film de vampire inévitablement singulier,
viendrait célébrer trente ans à bâtir une œuvre personnelle
d’une grande cohérence.
© FDC / DR
1.
Jim Jarmush, 60.
A last minute nomination with Only Lovers Left Alive, avantgardist of the American independent film industry, he is the
veteran of the five. His films are chic and rock n roll, taking a
disillusioned look at American anti-heroes. Using humour that’s
a little lighter than dark, he likes filming his characters at twilight,
at those hours when improbable meetings become possible and
give life to strange and unique stories. He abandons them at
dawn, when the pale morning light awakes both his setting and
his characters. Music, which may be from Tom Waits’ blues
(Down by Law), Elvis Presley’s rock and roll (Mystery Train) or
RZA’s twilight rap (Ghost Dog), is omnipresent in his films and
makes an essential contribution. Of the 15 films he’s made, a
large number have been nominated at the Cannes film festival
(Down by Law, Ghost Dog, Dead Man…) His style is probably
one of the most recognised at the festival. He won the Palme
d’Or for his second film Stranger than Paradise in 1984 and
the Grand Prix in 2005 for Broken Flowers. A Palme d’Or for
his most recent film, an inevitably unique vampire film, would
be a fitting celebration of his 30-year oeuvre.
8e art magazine • Printemps - Eté 2013
27
festival de cannes
Steven Soderbergh, 50 ans.
Cinéaste prolixe, pouvant réaliser aussi bien des films commerciaux pour les studios, ou des projets plus personnels à
petits budgets, des comédies que des drames, des biopics, que
des films de science fiction, il est le plus jeune réalisateur, après
Louis Malle, à recevoir en 1989, à 26 ans, la Palme d’or avec
Sexe, mensonges et vidéo. Il s’est aussi payé le luxe d’avoir deux
films en compétition à la cérémonie des Oscars en 2001 : Erin
Brockovich et Traffic, pour lequel il reçoit l’Oscar du meilleur
réalisateur. Proche de Georges Clooney avec qui il a fait plusieurs films et crée une société de production, habitué des succès
critiques comme public (Hors d’atteinte, la série des Ocean’s,
28
8e art magazine • Printemps - Eté 2013
Che Guevara…), il explore aussi régulièrement des formes de
cinéma plus expérimentales (Solaris, Bubble). Soderbergh est
un travailleur infatigable, réalisant et/ou produisant plusieurs
films par an. Reconnu comme une valeur sure à Hollywood, il
ne cesse d’explorer différents genres ainsi que les limites de la
narration cinématographique, proposant des structures souvent
originales dans ses récits. Peut-être le plus européen des américains en compétition. Ma vie avec Liberace, en compétition
cette année, est un biopic sur Liberace, pianiste extravagant
et homosexuel avec Michael Douglas et Matt Damon. Ayant
déclaré il y a quelques jours vouloir mettre un terme à sa carrière, il se pourrait qu’il s’agisse du dernier film du cinéaste.
Ethan, Joel Coen
Steven Soderbergh, 50.
Prolific filmmaker who can direct big budget studio films as
well as more personal smaller budget projects, comedies as
well as dramas, biopics as well as science fiction productions,
he is the second youngest director, after Louis Malle, to win
the Palme d’Or for Sex, Lies and Videotape when he was only
26. He also had two of his films, Erin Brockovich and Traffic,
nominated for the Oscars in 2001, where he won best director.
From his collaboration with George Clooney, with whom he
formed a production company, he is used to critical as well as
public acclaim (Out of Sight, the Oceans series, Che Guevara…),
but he also regularly makes more experimental films (Solaris,
Bubble). Soderbergh is a tireless filmmaker, directing and/or
producing several films every year. Well-known in Hollywood,
he never stops exploring new genres as well as the limits of
cinematographic narratives, often creating original structures
for his stories. Perhaps the most European American in the
competition. Behind the Candelabra, nominated this year, is a
biopic about Liberace, the extravagantly camp pianist, featuring
Michael Douglas and Matt Damon. Having declared a few days
ago that he is going to bring his career to a close, Behind the
Candelabra could be Soderbergh’s last film.
© FDC
Steven Soderbergh
2.
Ethan et Joel Coen, 56 et 59 ans.
La filmographie des frères Coen a longtemps reposé sur une
distribution des tâches : Joel réalisait et Ethan produisait.
L’écriture du scénario ainsi que le montage se faisant à deux.
Aujourd’hui cette spécialisation n’est plus aussi marquée et ils
signent tous les deux la réalisation. Ils sont, eux aussi, familiers
de Cannes et des autres festivals internationaux. Officiant à
la fois dans la comédie et dans le thriller, ils ont été révélés au
public international avec Barton Fink en 1991 qui obtiendra
à la fois la Palme d’or et le Prix de la mise en scène. Cinq ans
plus tard, ils seront à nouveau lauréats de ce second prix avec
Fargo, qui obtiendra aux Oscars, le prix du meilleur scénario
original. En 2001 The Barber : l’homme qui n’était pas là, leur
fera gagner, une troisième fois, ce prix cannois de la mise en
scène. Et en 2008, No Country for Old Men leur fera remporter
aux Oscars, les récompenses de meilleur film, meilleur réalisateur et meilleur scénario adapté. Ils ont souvent su séduire
le jury du Festival en usant de leur sens créatif de la mise en
scène au service de récits aux intrigues bien construite. Un
cinéma de genre mis en scène avec talent.
Ils viennent à Cannes cette fois avec Inside Llewyn Davis, le
portrait d’un musicien new-yorkais du Village.
© FDC
focus
3.
Ethan and Joel Coen, 56 and 59
The Coen brothers’ filmography has in the past depended on sharing out tasks: whilst Joel directed, Ethan produced. The scriptwriting and editing was
carried out jointly. Today this split is not as obvious and both are given the director’s credit. They are also no strangers to the Cannes festival and other
international film festivals. Equally at home with comedies and thrillers, the brothers first came to public notice in 1991, in Cannes, with their film Barton
Fink which won both the Palme d’Or and the award for Best Director. Five years later they won Best Director in Cannes for the second time with Fargo,
which also won Best Original Screenplay. And again in 2001, with The Man Who Wasn’t There they won the Best Director award for the third time. In
2008, No Country for Old Men swept the Oscars for Best Picture, Best Director and Best Adapted Screenplay. They have often seduced the festival jury
through intriguing scenarios directed in a creative way. Independent cinema directed with talent. This time they bring Inside Llewyn Davis, a film depicting
the portrait of a 60’s musician in Greenwich Village.
8e art magazine • Printemps - Eté 2013
29
James Gray, 43
James Gray is one of the main
characters of the new generation of independent filmmakers
along with producers such as
Sofia Coppola, or more recently Jeff Nichols. He was
first noticed in 1994, at the age
of 25, after his first film Little
Odessa earned a Silver Lion at
the Venice Film Festival. Three
films followed, The Yards, We
Own the Night and Two Lovers
all featuring his favourite actor
Joachim Phoenix. All three
were nominated at the Cannes
Film Festival. James Gray tells
stories where individual destinies are intertwined with community issues. Using stylish
direction to create a very dark
picture of society and human
relationships, his work is not
always warmly received. While
Little Odessa was well-received
acclaim, The Yards was panned
by the critics and shunned by
the public. We Own the Night
was a box office success but
received mixed reviews from
the critics. The film was even
jeered at the Cannes Festival
in 2007. In his film The Immigrant, the story of an American
dream turning into a nightmare,
he continues to delve into his
obsession with American history and the pressure of community, making his work both
unique and fascinating.
4.
James Gray 43 ans.
L’une des personnalités majeure de la nouvelle génération de
cinéastes indépendants (avec des réalisateurs comme Sofia
Coppola, ou plus récemment Jeff Nichols).
Il se fait remarquer en 1994 dès son premier film Little Odessa
en remportant le Lion d’argent à la Mostra de Venise alors qu’il
n’a que 25 ans. Trois autres films suivront (The Yards, La nuit
nous appartient et Two Lovers) dans lesquels on retrouve son
acteur fétiche Joaquin Phoenix. Ils se trouveront, tous trois,
sélectionnés à Cannes, sans y recevoir de prix. James Gray
raconte des histoires où les destins individuels sont en prises
avec les enjeux communautaires. Proposant un traitement personnel très sombre de la société et des relations humaines, avec
une mise en scène stylisée, l’accueil de ses œuvres est souvent
inégal. Si Little Odessa a été bien reçu, The yards est éreinté par
la critique et boudé du public. La nuit nous appartient a été
un grand succès public mais la critique n’a pas suivi. Le film a
même été hué lors de sa présentation en 2007 à Cannes. Avec The
immigrant, le récit d’un rêve américain qui vire au cauchemar,
il continue d’explorer ses mêmes obsessions pour l’histoire de
l’Amérique et le poids de la communauté, construisant d’un
film à l’autre, une œuvre singulière et passionnante.
Alexander Payne, 54 ans
5.
Certainement le moins connu des réalisateurs américains en compétition, aussi discret et élégant que le sont ses films. Il a connu
une attention particulière avec sa comédie dramatique Monsieur
Schmidt (2002), le portrait émouvant d’un américain moyen prenant sa retraite, incarné par Jack Nicholson. Ce film lui vaudra sa
première sélection à Cannes. Sideways (2004), puis The descendants (2011) viennent
confirmer son goût pour les comédies douces-amères dans lesquelles il traque les
désarrois et dépressions intimes de l’homme moderne. Deux films qui lui font gagner
respectivement deux Oscars pour le scénario. Ses deux autres expériences avec le
festival de Cannes, il les aura en tant que président du jury de la sélection « Un certain
regard » en 2005, et membre du jury de la sélection officielle de l’année passée, sous
la présidence du réalisateur italien Nanni Moretti. Avec sa dernière œuvre Nebraska,
un road movie tourné dans sa région natale, dans lequel sont embarqués un père
alcoolique et acariâtre et son fils, le cinéaste poursuit son observation de l’intime
des relations humaines dans sa veine tragi-comique.
© FDC
festival de cannes
James Gray
focus
Votre plus belle rencontre avec la Provence
L’InterContinental Marseille – Hotel Dieu est installé dans une superbe bâtisse du XVIIIe
siècle, classée monument historique : l’ancien Hotel Dieu. Tout dans l'hôtel a été pensé pour
vous. Dès votre arrivée vous ferez l'expérience de son caractère unique et vous serez
transportés dans l’histoire.
L’hôtel dispose de 194 chambres, de deux restaurants, d'un bar, d’une terrasse de 750 m2,
d’un Spa by Clarins de 1000 m2 et de nombreux espaces de réception. Idéalement situé aux
portes de la Provence où vous attend un large choix d’activités authentiques,
l’InterContinental Marseille – Hotel Dieu vous invite à découvrir l'essence même de cette
région.
- Le Capian Bar -
- La Brasserie “Les Fenêtres” -
Dans un décor chic et contemporain, le bar “Le
Capian” vous propose de délicieux cocktails à
siroter à l’intérieur ou sur la magnifique terrasse
surplombant le Vieux-Port.
Décoré avec goût dans un esprit brasserie chic, le
restaurant « Les Fenêtres » offre une cuisine résolument
méditerranéenne, dont une sélection de plats orientés
fraîcheurs de Provence, revisités par la cuisine inventive
de notre Chef Lionel Levy.
© FDC
Alexander Payne
Alexander Payne, 54
Perhaps least known of the five nominated American directors, his films are nevertheless discreet and elegant. Alexander received
particular acclaim for his comedy-drama About Schmidt (2002), the touching portrait of a retiring middle class American, played by Jack
Nicholson. This film was his first nomination for the Cannes film festival. Sideways (2004) then The Descendants (2011) confirmed his
taste for comedy-drama portraying the chaos and depression of the modern man. Two films which both won Oscars for Best Adapted
Screenplay. His other experiences of the festival were as jury president at Un Certain Regard in 2005 and main member of the jury last
year under the presidency of Italian director Nanni Moretti. Alexander Payne continues his study of the tragi-comedy of intimate human
relationships with his latest film Nebraska a road movie filmed in his homeland, about a grumpy alcoholic father travelling with his son.
InterContinental Marseille – Hotel Dieu . 1 Place Daviel, 13002 Marseille, France
réservation : + 33 (0)4 13 42 42 42 / [email protected]
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DU 19 JUILLET AU 24 AOUT
Des palmes
et des étoiles
L
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On ne saurait imaginer
un festival de Cannes
sans Palme d’or. Pourtant,
jusqu’en 1955, point de
palme mais un Grand Prix,
sous la forme d’un diplôme,
accompagné d’un trophée
signé par un artiste reconnu.
Ce Grand Prix fera une
ultime réapparition de 1963 à
1974, pour finalement céder
définitivement la place à son
concurrent, plus glamour,
qui deviendra officiellement
l’emblème du festival à partir
des années 80.
One could not fathom the Cannes festival without the Palme d’or. Yet up until
1955 there was no such thing as a Palme but a Grand Prix, coming in the form
of a diploma and a trophy signed by a renowned artist. The Grand Prix reappeared from 1963 to 1974 and was eventually replaced by the more glamorous
Palme d’or, which became the official symbol of the festival in the 1980s.
La toute première Palme d’or reviendra à un Américain, Delbert Mann pour son film Marty. Une attribution qui s’avèrera
prophétique, puisque, loin devant tout autre pays, ce sont des
films américains qui recevront, le plus souvent, l’honneur du
prestigieux trophée : treize Palmes d’or et huit Grands Prix depuis
1946. Loin derrière, on trouve la France et l’Italie, ex aequo, avec
cinq palmes et six Grands Prix.
Ce trio de tête conforte l’une des critiques souvent portées à
l’encontre de l’attribution de ce prix : en très grande majorité,
les films qui remportent le prix cannois le plus prestigieux
sont occidentaux. Il est vrai qu’en soixante-cinq éditions, cinquante palmes ou Grand Prix sont venues récompenser des
productions européennes ou nord américaines.
32
8 e art magazine • Printemps - Eté 2013
Terrasse du Palais des Festivals et des Congrès
Cette liste des films américains ayant reçu la récompense suprême à Cannes, donne des pistes de réflexion intéressantes
sur les caractéristiques nécessaires du cinéma d’auteur américain vu d’Europe.
On ne retrouve dans ces œuvres aucune histoire de self made
man faisant face à l’adversité pour finalement parvenir à s’accomplir, pas plus de héros se sacrifiant pour une valeur ou une
grande cause (ou alors cette cause s’avère tordue), et il n’y a aucun David made in USA triomphant d’un quelconque Goliath
administratif, politique ou financier.
La représentation sociétale véhiculée par ses films ne s’inscrit
jamais dans le cadre de la mythologie américaine telle que la
diffuse habituellement Hollywood. On peut constater qu’une
Réservations :
www.palaisdesfestivals.com
Billetterie Palais des Festivals 04 92 98 62 77
et points de ventes habituels
festival de cannes
© FDC
focus
majorité de ses œuvres primées mettent en scène des individus d’une Amérique quotidienne, issus de la classe moyenne,
voire même de sa marge.
C’est le cas de la toute première palme, Marty (1955) de Delbert
Mann, une comédie romantique sans argent ni star, narrant la
rencontre entre deux personnages issus d’un monde on ne peut
plus quotidien, un boucher et une enseignante. On est loin ici
de l’univers de la haute société, habituellement porté à l’écran
dans ce genre, comme chez Ernst Lubitsch, Howard Hawks,
ou plus tard Woody Allen. Cette présence à l’écran des petites
gens de l’Amérique, on la retrouve dans La loi du silence (1957)
de William Wyler, L’épouvantail (1973) de Jerry Schatzberg,
Taxi Driver (1976) de Martin Scorsese, Sexe, mensonge et vidéo
(1989) de Steven Soderberg, Sailor et Lula (1990) de David Lynch,
Elephant (2003) de Gus Van Sant, et Fahrenheit 9/11 (2004) de
Mickael Moore. On pourrait même ajouter Pulp fiction (1994)
de Quentin Tarantino, qui au-delà de son intrigue à tiroir et de
sa mise en scène de polar branché montre aussi de nombreux
personnages issus de la classe moyenne.
La seconde constance que l’on retrouve dans un certain nombre
d’autres films américains lauréat de la Palme d’or, c’est le récit
d’enjeux sociaux et moraux historiques de l’Amérique à travers
le destin d’individus. Ainsi La loi du seigneur se passe en 1862
durant la guerre de sécession, Mash (1970) de Robert Altman
pendant celle de Corée, Apocalypse Now (1979) de Francis Ford
Coppola, Taxi Driver, pendant et après la guerre du Vietnam,
Missing (1982) de Costa Gravas se déroule au moment où le président chilien Salvador Allende se fait assassiner avec la complicité
du gouvernement américain, Elephant s’inspire du fait divers
du massacre de l’école de Colombine par deux de ses élèves et
Fahrenheit 9/11 fait un état des lieux de la présidence de George
Bush dans l’Amérique de l’après 11 septembre 2001. Pour chacun
de ces films, hors de toute complaisance avec une version officielle
et valorisante, il s’agit de montrer l’envers du décor de l’histoire
de l’Amérique. On témoigne du hiatus existant entre le rêve et
34
8e art magazine • Printemps - Eté 2013
© FDC
© FDC
« Car ce pays n’est pas seulement une
nation produisant des stars, mais il est
aussi d’un bout à l’autre de son territoire,
le plus vaste et le plus célèbre décor de
cinéma planétaire»
The
very first Palme d’or was awarded to American director Delbert
Mann for his film Marty. This was something of a prophecy, since
the films most often distinguished by the prestigious prize were
American, with thirteen Palmes d’or and eight Grand prix since
1946. France and Italy come second ex æquo, with five Palmes
and six Grands Prix.
This leading trio confirms one of the most frequent criticisms made
about the attribution of this prize, namely that the vast majority
of the awarded films are Occidental. It is true that in 65 years of
existence, fifty European or North American productions have
been honoured by Palmes d’or Grands Prix.
The list of American films awarded with the highest prize is food
for thought on the essential features of American art cinema
as perceived in Europe. No stories of a self-made man facing
up to adversity in order to finally succeed and be fulfilled in
these movies. No hero sacrificing himself for some great value
or cause (or this cause inevitably turns out to be twisted), and
no American-made David prevailing over some administrative,
political or finance Goliath.
The social representation conveyed by these films never fits into
the frame of American mythology usually broadcast by Hollywood
productions. A clear majority of these awarded films feature individuals from middle-class (or even its fringe), everyday America.
Such was the case with the first ever Palme, Delbert Mann’s Marty
(1955), a romantic comedy without money or stars, staging the
encounter of two characters from an all but mundane world, a
butcher and a teacher. This takes us far from the universe of
high society usually depicted in this genre, like in the films of
Ernst Lubitsch, Howard Hawks, and later Woody Allen. America’s
simple people are also central in William Wyler’s Friendly Persuasion (1957), Jerry Schatzberg’s Scarecrow (1973), Martin
Scorsese’s Taxi Driver (1976), Steven Soderberg’s Sex, Lies and
Videotape (1989), David Lynch’s Wild at Heart (1990), Gus Van
Sant’s Elephant (2003), and Michael Moore’s Fahrenheit 9/11
(2004). One could also mention Quentin Tarantino’s Pulp Fiction
(1994), which, despite its intricate plots and hip crime film staging,
la réalité, et du dysfonctionnement profond des institutions, des
familles et des individus. Quant à Que le spectacle commence
(1980) de Bob Fosse ou Barton Fink (1991) d’Ethan et Joël Coen,
ils participent aussi de cette opération de démythification en
plongeant au cœur même de la machine à créer du rêve et de
l’illusion, pour montrer respectivement Broadway et Hollywood
sous les traits de cinglantes satires.
Plus qu’aucun autre pays, l’Amérique s’est (re)créée à travers
son cinéma. Elle a façonné son identité rêvée, un phantasme
de nation qu’elle a diffusé de manière stratégique sur la planète : le plan Marshall de reconstruction de l’Europe dans
l’après guerre comportait des clauses de diffusion du cinéma
américain. Elle a su faire de ses territoires (l’Ouest sauvage, les
mégapoles, l’Amérique profonde, etc.), de sa culture (les drive
in, Halloween, Wall street, les motels, etc.), de son histoire (la
conquête de l’Ouest, la Guerre de Sécession, celle du Vietnam,
etc.) des représentations cinématographiques devenues familières des spectateurs du monde entier. Ce pays est ainsi devenu un mythe. Et c’est l’un de ses grands paradoxes que d’être
à la fois si pragmatique, tout en entretenant en permanence
à travers ses œuvres cinématographiques un rêve éveillé. Et
même quand il s’agit de traverser les représentations de cette
Amérique rêvée, comme c’est souvent le cas dans son cinéma
d’auteur à Cannes, les nombreux prix qui lui sont attribués
témoignent de cette constante fascination qu’elle exerce. Car
ce pays n’est pas seulement une nation produisant des stars et
des films, mais il est aussi d’un bout à l’autre de son territoire,
le plus vaste et le plus célèbre décor de cinéma planétaire.
Ainsi, au-delà des qualités propres à l’œuvre, l’attribution en
février 2012 de l’Oscar du meilleur film à The Artist de Michel
Hazanavicius, (dont l’histoire se déroule dans l’Hollywood de
la fin des années 20), peut se lire comme l’attrait émerveillé de
l’Amérique contemplant un reflet européen de son propre rêve.
features multiple middle-class characters.
The second recurrent feature of many Palme-awarded American
films is the tale of social and moral issues in the history of America,
seen through the fate of individuals. For instance Friendly Persuasion is set in 1862 during the Civil War, Robert Altman’s MASH
during the Korean War, Francis Ford Coppola’s Apocalypse Now
(1979) and Taxi Driver during and after the Vietnam War, and
Costa Gavras’ Missing (1982) plays out in Chile at the time of
president Salvador Allende’s assassination, in which the American
government was involved. Elephant draws its inspiration from the
Columbine high school massacre and Fahrenheit 9/11 draws a
picture of the Bush Administation in post-9/11 America.
Each of these films attempts to unveil the hidden side of American
history without any deference to its official and complacent versions. They evidence the chasm between dream and reality, and
the deep dysfunctions of institutions, families and individuals. Bob
Fosse’s All That Jazz (1980) and the Coen Brothers’ Barton Fink
(1991) also take part in this demystification enterprise by diving
into the heart of this fairy tale factory, depicting Broadway and
Hollywood in scathing satires.
More than any other country, America recreated itself through
cinema. It shaped for itself a dreamed identity, the fantasy of a
nation, which it strategically broadcast the world over. For instance
the Marshall Plan for the reconstruction of Europe after World
War II that included clauses on the diffusion of American cinema.
It managed to turn its territories (The Wild West, big cities, American heartland, etc.) its culture (drive ins, Halloween, Wall street,
motels, etc.), its historical references (American Frontier, the Civil
War, Vietnam War, etc.) into cinematographic representations
familiar to the world audience. This country thus became a myth,
and one of its greatest contradictions is to be so pragmatic on
one hand while maintaining a woken dream through its cinema
production on the other. Even when it comes to ripping through
the representations of this dream America, as is often the case
with its art cinema in Cannes, the many prizes it received evidence
the constant fascination it kindles. America is not just a nation
producing stars and films, but also, from East to West, the greatest
and most famous cinema setting in the world.
In 2012, Michel Hazanavicius’ The Artist, set in the late 1920s’ Hollywood, received the Oscar for Best Picture. Beyond the intrinsic
qualities of the film, this attribution can be interpreted as America’s
amazed contemplation of a European reflection of its own dream.
8e art magazine • Printemps - Eté 2013
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FESTIVALS
La
saison
américaine
Jazz I pop I rock I world music
De juin à septembre, artistes de légendes
et jeunes talents débarquent sur la Côte d’Azur
en provenance d’Outre Atlantique et d’ailleurs.
La programmation d’un été musical haut en couleur
est dans le 8e art.
From June until September, legendary artists and young talents, from America and elsewhere,
will be landing on the Cote d’Azur. A colourful summer of music, is found in the 8e Art.
Textes Amir Esposito - Pierre Le Beller
Esbjörn Svensson Trio, Juan les Pins, 2004
© Yannick Seuret
8e art8 emagazine
art magazine
• Printemps
• mars-avril
- Eté 2013
37
FESTIVALS
SAISON AMERICAINE
Jazz et Riviera
Un
de
siècle
Zelda et F. Scott Fitzgerald devant la villa Saint-Louis
à Juan les Pins dans les années 1920. Les romans
de l’écrivain américains s’inspireront fortement de
l’ambiance des soirées animées de la Côte d’Azur
I
Affirmer que la Côte d’Azur figure parmi les
berceaux du jazz relève a priori de la gageure
ou de la galéjade provençale. Pourtant, en
accueillant dès les années 1920 les premiers
artistes de early jazz, la Riviera française a
contribuée à populariser ce son si envoûtant,
dont l’origine se perd dans les méandres de
l’Histoire de la musique afro-américaine.
Bien loin des champs de coton du Vieux Sud
et des speakeasies malfamés de Chicago,
le jazz age a trouvé entre Nice et Cannes
son premier espace d’expression hors des
États-Unis et une première consécration
internationale, longtemps avant l’avènement
des grands festivals.
Jamie Cullum, Juan les Pins 2009
Saying that the French Riviera is the European cradle
of jazz may seem like a typical Provencal overstatement. Yet, by welcoming the first artists of early jazz
since the 1920s, the French Riviera contributed to
the popularization of this entrancing sound, whose
origins are lost in the maze of African-American
music history. Far away from the cotton fields of the
Old South and the ill-famed Chicago speakeasies,
between Nice and Cannes, the Jazz Age found its first
space for expression outside of the United states, and
its first international recognition, long before today’s
big festivals.
Textes : Pierre Le Beller
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8e art magazine • Printemps - Eté 2013
© Yannick Seuret
Il y a près de cent ans, alors que l’Europe redécouvrait brièvement les plaisirs de la paix après le cataclysme de la Première guerre mondiale, la Riviera continuait d’accueillir
les flâneries de quelques esthètes fortunés, venus y goûter la
douceur hivernale et l’intense création artistique. Parmi ces
riches étrangers établis dans la région, les époux Gerald et
Sara Murphy, originaires de Boston, jouèrent un rôle essentiel
dans la diffusion d’une nouvelle expression musicale sur le
point de conquérir le monde.
Les enfants du jazz
À une époque où il était de bon ton d’afficher des goûts artistiques avant-gardistes, Gerald Murphy avait deux passions ; la
peinture et la musique. Ami du compositeur Igor Stravinsky
qu’il côtoya à Paris et de Cole Porter qu’il avait rencontré sur
les bancs de Yale, le jeune héritier américain avait ramené de
sa Nouvelle-Angleterre natale quantité de disques 78-tours des
meilleurs artistes du moment de musique afro-américaine.
En 1923, on commença ainsi à entendre sortir de la villa des
époux Murphy au Cap d’Antibes un son syncopé hors du
commun, qui ne tarda pas à susciter l’intérêt de leur influent
entourage. Le son du blues, du ragtime et des negro spirituals
provoqua ainsi l’admiration et la consternation de plusieurs
habitués de la villa America, mais c’est surtout celui d’un
mélange inédit de rythmes afro-caribéens et de mélodies
improvisées qui suscita les plus grandes controverses au sein
de ce milieu privilégié.
Ces premières notes de early jazz qui résonnèrent à Cap d’Antibes parmi les objets hétéroclites de la collection d’art des
époux Murphy sonnèrent pour beaucoup de visiteurs de la villa
America comme une révélation musicale, annonciatrice de
profonds bouleversements du milieu culturel européen. Parmi
les amis de Gerald Murphy, Jean Cocteau, Ernest Hemingway
© DR
© DR
passion
La plage de Juan les Pins dans les années 1930
Almost a hundred years ago, as Europe was briefly savouring the pleasures of peace after it had been torn apart by the
First World War, the Riviera continued to welcome the strolls
of wealthy aesthetes, who came to taste the mild winters in
these parts and the intense artistic creation. Among these rich
foreigners who settled in the region, Gerald and Sara Murphy
from Boston played a key role in the spreading of a new way of
musical expression about to conquer the world.
Tales of the Jazz Age
At the time when being open about one’s taste for artistic avantgarde was considered fashionable, Gerald Murphy had two
passions: painting and music. The young American heir, friends
with the composer Igor Stravinsky and Cole Porter, whom he
had met in Yale, brought many 78rpm records of the best artists of African-American music from his native New- England.
In 1923, an unheard-before, syncopated sound rang out from
the Murphy’s villa in Cap d’Antibes, a sound that soon drew the
interest of their entourage. The sound of blues, ragtime and
spirituals caused admiration and outrage among the regular
visitors of Villa America, but it’s mostly the unexpected mix of
Afro-Caribbean rhythms with improvised melodies that sparked
controversy within this privileged milieu.
These first notes of early jazz that rang out in Cap d’Antibes
amidst the Murphys’ varied art collection sounded for many
Villa America’s visitors as a musical revelation, a sign of the
profound disruptions of the European cultural environment to
come. Among Gerald Murphy’s friends, Jean Cocteau, Ernest
Hemingway and John dos Passos became enthusiastic about
this incredible sound breaking all the established codes.
While a sylvan theatre was under construction in a nearby pine
grove to welcome the stars of music hall, Gerald Murphy and
8e art magazine • Printemps - Eté 2013
39
FESTIVALS
SAISON AMERICAINE
Symbole de liberté
Trois ans après la création du premier Hot Club de France,
Django Reinhardt et Stéphane Grapelli fondèrent en 1934 le
quintette du Hot Club de France, témoignage extraordinaire
de l’émergence fulgurante d’une passion française pour le
jazz au moment où l’Europe commençait à vaciller. Grâce à
ces deux musiciens de génie, l’émulation artistique née sur la
Riviera et dans les cabarets parisiens allait faire de la France
une des place-fortes de la culture jazz durant tout le XXe
siècle. Durant la Seconde guerre mondiale, Hitler – qui voyait
dans le jazz un signe de dégénération culturelle – mènera une
guerre sans merci contre la vitalité de cette contre-culture
en Allemagne, puis en France. Comme le dira Boris Vian
au sortir de la guerre « sous l’Occupation, le jazz a créé un
monde secret et subtil dans lequel la jeunesse pouvait trouver
refuge ». Devenu symbole de résistance à l’oppression nazie,
le jazz sortit ainsi considérablement renforcé de la Seconde
guerre mondiale et revint résonner sur les bords de la Grande
Bleue, comme symbole d’une liberté retrouvée.
© DR
« sous l’Occupation, le jazz a créé un
monde secret et subtil dans lequel la
jeunesse pouvait trouver refuge »
B. Vian
Count Basie et Freddie Green à Juan les Pins en 1961
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8e art magazine • Printemps - Eté 2013
A Symbol of freedom
Three years after the creation of the first Hot Club in France,
Django Reinhardt and Stéphane Grapelli founded, in 1934, the
Quintet of the Hot Club of France, an extraordinary story of the
dazzling rise of a French passion for jazz at a time when Europe
was starting to totter. Thanks to these two brilliant musicians the
© DR
Jazz Age
Far away from the illegal bars of Prohibition America and New
Orleans’ shady cabarets, the first jazz musicians earned their
first international recognition in the south of France and quickly
won over the Old continent. Towards the end of the 1920s, the
early jazz sound thrilled Paris and Berlin, leading all of Europe
into this mythical “Jazz Age” that witnessed the rise of the first
music legends.
In 1927, Sidney Bechet directed the Revue Nègre on the stage
of the Eldorado in Nice and fell in love with the region where
he married and settled down a few decades later.
In 1935, Louis Armstrong toured through Europe with his band,
stirring up an unprecedented enthusiasm for a jazz soloist. He
performed on this occasion at the Casino municipal de Nice
for his first appearance on the Riviera.
De haut en bas :
Ray Charles, Juan les Pins, 1961 Ella Fitzgerald, Juan les Pins, 1964
© DR
Jazz age
Loin des bars clandestins de l’Amérique de la Prohibition et
des cabarets interlopes de la Nouvelle Orléans, les premiers
musiciens de jazz trouvèrent ainsi dans le sud de la France une
première consécration internationale et conquirent rapidement
le cœur du Vieux continent. Vers la fin des années 1920, Paris
et Berlin commencèrent ainsi à vibrer au son du early jazz,
entrainant toute l’Europe dans ce mythique « jazz age » qui
vit l’émergence des premiers musiciens de légende.
En 1927, Sidney Bechet dirigea la Revue Nègre sur la scène
de l’Eldorado à Nice et commença à nouer une relation intense avec la région où il se mariera et s’établira quelques
décennies plus tard.
En 1935, Louis Armstrong sillonna à son tour l’Europe à la tête
de sa formation, suscitant partout un engouement inédit pour
un soliste de jazz. Il se produisit à cette occasion au Casino
municipal de Nice, sa première apparition sur la Côte d’Azur.
his wife started organizing, in the Casino de Juan, colourful
private soirees where jazz was the main attraction. These soirees
inspired Scott Fitzgerald’s novels Tender is the night and Tales
of the Jazz Age, and made the French Riviera’s cosmopolitan
society become literally infatuated with the exceptionally talented
Black artists coming for the other side of the Atlantic.
© DR
ou John dos Passos s’enthousiasmèrent littéralement pour ce
son incroyable brisant tous les codes.
Alors que se construisait à proximité un théâtre de verdure
dans une pinède pour accueillir les stars du music hall, Gerald
Murphy et son épouse Sara commencèrent à organiser au
Casino de Juan des soirées privées hautes en couleurs où le
jazz constituait une des principales attractions. Au cœur de ces
soirées qui inspireront les romans de Scott Fitzgerald Tendre
est la nuit et Les enfants du Jazz, la bonne société cosmopolite
de la Côte d’Azur s’amouracha littéralement pour ces artistes
Noirs venus d’Outre-Atlantique aux talents extraordinaires.
8e art magazine • Printemps - Eté 2013
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© DR
© Yannick Seuret
© Yannick Seuret
De haut en bas : Carlos Santana et Robert Randolph, Juan les Pins 2011 - Sonny Rollins, Juan les Pins 2004
En 1948, Louis Armstrong revint ainsi sur la Côte et participa
du 22 au 28 février à Nice au tout premier festival de jazz au
monde, l’ancêtre du Nice Jazz Festival. Grâce à Dizzy Gillespie,
dont le concert clôtura l’événement, les festivaliers de Nice
découvrirent également le bebop, dont la diffusion en Europe
avait été enrayée par l’occurrence de la guerre.
À partir de l’été 1949, de retour sur la Côte d’Azur, Sidney
Bechet contribuera quant à lui à faire du Vieux colombier à
Antibes un des hauts lieux du New Orleans revival.
En 1960, à quelques encablures du casino où les époux Murphy organisaient leurs folles soirées trois décennies
plus tôt, s’ouvrit à Juan-les-Pins le premier festival
régulier de jazz en Europe.
En plus d’un demi-siècle, les plus grands noms
se seront produit dans les festivals de la Côte, à
Juan et à Nice perpétuant une passion sans égale
de la Riviera pour un son venu des tréfonds de
l’âme humaine.
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8 e art magazine • Printemps - Eté 2013
artistic emulation born on the Riviera and in Parisian cabarets
was going to make France one of the strongholds of jazz culture
throughout the entire 20th century. During the Second World
War, Hitler, who saw jazz as a sign of cultural degeneration,
would wage a merciless war on this flourishing counter-culture
in Germany, and then in France. Boris Vian said at the end of
the war “Under the occupation, jazz has created a secret and
subtle world where the youth could seek refuge”. A symbol
of resistance to Nazi oppression, jazz came out considerably
stronger from the Second World War and made a tremendous
return at the Big Blue, as a symbol of a newfound freedom.
In 1948, Louis Armstrong came back to the Riviera to take part
in the very first jazz festival in the world from 22 to 28th February, the precursor of the Nice Jazz Festival. Thanks to Dizzy
Gillespie, whose concert closed the event, the Nice festival-goers
also discovered bebop, whose spreading had been prevented
by the war.
From summer 1949, back on the French Riviera, Sidney Bechet
contributed to making the Vieux Colombier of Antibes the high
place of the New Orleans revival.
In 1960, not far from the casino where the Murphys organized
their crazy soirees three decades before, the first regular festival
of jazz in Europe was born, in Jean-les-Pins.
In more than half a century, the most famous artists have performed in the Coast festivals, in Juan and Nice, perpetuating
a peerless passion of the Riviera for a sound coming from the
inmost depths of the human soul.
Antibes - juan les pins :
50 ans de Jazz
Les illustrations de cet article sont tirées
de l’ouvrage de Renaud Dumenil, Antibes –
Juan les Pins : 50 ans de Jazz
Éd. Autre Vue 2010
Jazz à Juan
La référence
Textes Pierre Le Beller
Pour sa 53e édition, le festival de jazz le plus légendaire de la région ouvre sa
programmation à une myriade d’expressions musicales puisant leur inspiration
dans le même creuset culturel et émotionnel. Blues, folk, free jazz, funk, bossanova ou rock seront à l’affiche du 11 au 21 juillet à la pinède Gould, ainsi que
des mélodies de… Johann Sebastian Bach en guest star improbable !
For its 53rd edition, the legendary jazz festival of the region opens its programming to a myriad of musical
expressions drawing inspiration from the same cultural and emotional crucible. Blues, folk, free jazz, funk,
bossa nova and rock performances will take place at the Pinède Gould from July 11 to July 21, as well as
the melodies of… Johann Sebastian Bach, the unlikely guest star.
Programme
Jeudi 11 juillet - Thursday 11 July
Les «best of du off»
Vendredi 12 juillet - Friday 12 July
Keith Jarrett, Gary Peacock & Jack Dejohnette
Samedi 13 juillet - Saturday 13 July
Charles Bradley
& His extraordinaires Tower of power
The Temptations feat. Dennis Edwards
Dimanche 14 juillet - Sunday 14 July
Melanie Scholtz
Romain Thivolle big band
The Butman big band
Lundi 15 juillet - Monday 15 July
Hiatus Kaiyote
Roberto Fonseca
Avishai Cohen
Mardi 16 juillet - Tuesday 16 July
Wayne Shorter
Wynton Marsalis big band
Mercredi 17 juillet - Wednesday 17 July
Hiromi : the trio project feat.
Anthony Jackson & Steve Smith
Melody Gardot
Jeudi 18 juillet - Thursday 18 July
Sting : back to bass
Ibrahim Maalouf
Vendredi 19 juillet - Friday 19 July
Garland Jeffreys
Diana Krall
Samedi 20 juillet - Saturday 20 July
Larry Graham & Graham central station
Marcus Miller
Dimanche 21 juillet - Sunday 21 July
The London Community Gospel Choir
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8 e art magazine • Printemps - Eté 2013
« Le jazz est le mode d’expression artistique dont le langage a réussi le plus fabuleux métissage culturel de l’histoire.
Cela s’explique par l’essence même de
cet art qui est mouvement, rencontre,
échange ». C’est par cette citation de
l’écrivain Philippe Hucher que le programme 2013 du festival mythique de
jazz a été dévoilé. Un millésime 2013
qui fait la part belle au mélange des
genres, avec des artistes familiers du
lieu (Keith Jarrett, Wayne Shorter,
Wynton Marsalis, Diana Krall, Marcus Miller) et d’autres dont ce sera la
première apparition dans la pinède
Gould, qu’il s’agisse de jeunes talents
ou d’artistes confirmés. Dix jours
d’extase musicale dans un des décors
les plus enchanteurs de la côte, berceau
historique du jazz en Europe.
“Jazz is the means of artistic expression whose language has become the most fabulous cultural crossover in history. The explanation for this lies in the very essence of the art, which is
movement, meeting and exchange.” This quote by Phillippe Hucher was used to reveal the
2013 programme of the legendary jazz festival. A 2013 vintage that gives a particular focus
to the blending of genres, whether they are young or established artists (Keith Jarrett, Wayne
Shorter, Wynton Marsalis, Diana Krall, Marcus Miller) familiar with the festival or making their
first appearance at the Pinède Gould.
Ten days of musical ecstasy in one of the most enthralling settings of the Riviera, the historical
cradle of jazz in Europe.
© Franck Stewart
FESTIVALS
Le trompettiste natif de
la Nouvelle Orléans a su
s’imposer en digne héritier
de Louis Armstrong, tout
en devenant un interprète
reconnu de musique
classique. Portrait d’un
touche-à-tout de génie de
retour à la pinède Gould
pour une quatrième
participation à Jazz à Juan.
Just 51-years-old, Wynton Marsalis
has already lived a full life and is one
of the last living jazz legends. Through
his international career, started at age
17, the trumpet player reinvented the
established jazz standards; from the
roots of New Orleans Dixie to bebop
and modern jazz. He imposed himself
as the most talented jazzman of his
generation. Meanwhile, in the early
1980s, Wynton Marsalis interpreted,
with a limitless virtuosity, compositions by Haydn, Hummel, Bach or
Leopold Mozart, which made him
one of the most versatile artists on
the musical stage. For more than thirty
years, Wynton Marsalis has been using this bridging of musical styles that
few artists manage to achieve in their
career, for which he has regularly been
acclaimed by jazz and classical music critics alike. Maurice André called
him “potentially the greatest trumpet
player of all time”.
Artistic director for Jazz at Lincoln
Center, Marsalis appears among the
most recognized international artists,
recipient of dozens of prizes, medals
and awards. He was the first jazz musician to receive the Pulitzer Prize in
1997, and was made Chevalier des Arts et des Lettres and
Chevalier of the Legion of Honor, one of France’s highest
awards. Wynton Marsalis is committed to many charitable
endeavours in the United States as well as abroad. In the
wake of Hurricane Katrina in 2005, Marsalis was one of the
first to help the people of New Orleans and to contribute
to the cultural rebirth of the cradle of jazz. The audience of
the Jazz à Juan festival will have a chance to rediscover this
generous virtuoso along with Wayne Shorter at a landmark
concert on July 16th.
The New Orleans-born trumpet player
managed to impose himself as Louis
Armstrong’s worthy successor, also
recognized as a great classical musician. As he returns Pinède Gould for
his fourth participation in Jazz à Juan,
let us draw a quick portrait of the jazz
jack-of-all-trades.
Textes Pierre Le Beller
Wynton Marsalis
46
8e art magazine • Printemps - Eté 2013
Directeur artistique du département jazz du Lincoln center,
Marsalis figure parmi les artistes internationaux les plus reconnus, lauréats de dizaines de prix, de médailles et de récompenses de par le monde. Premier musicien de jazz à recevoir
le Prix Pulitzer en 1997, consacré depuis chevalier des Arts
et des Lettres et chevalier de la Légion d’honneur en France,
Wynton Marsalis s’investit également dans de nombreuses
activités caritatives aux États-Unis et à l’étranger. Après le
passage de l’ouragan Katrina à la Nouvelle-Orléans en 2005,
Marsalis a ainsi été parmi les plus actifs pour venir en aide
aux habitants de sa ville natale et faire renaitre culturellement
le berceau du jazz.
Un virtuose au grand cœur que le public du festival Jazz à
Juan pourra redécouvrir pour un concert événement avec
Wayne Shorter le 16 juillet.
l’homme-orchestre
L’invité d’honneur de l’édition 2013 de Jazz à Juan est un
habitué des lieux. Depuis sa première apparition dans la pinède Gould en 1969, Wayne Shorter est devenu un des plus
grands saxophonistes de son époque. Cet ancien disciple de
John Coltrane, compositeur prolifique apparaît aujourd’hui
comme un monument de l’histoire du jazz. En un demi-siècle
de carrière, Shorter a exploré toutes les facettes de son art
musical. « Wayne Shorter, c’est l’homme des idées, le concepteur d’innombrables innovations musicales ; moi je ne suis
que leader qui les met en scène »… Ainsi parlait Miles Davies
de celui qui lui offrit des compositions légendaires comme
Nefertiti, E.S.P. ou Footprints. Un hommage appuyé d’un génie
qui était plutôt avare en compliments. Dont acte, un concert
à ne manquer sous aucun prétexte.
© Robert Ascroft
À 51 ans à peine, Wynton Marsalis a déjà une vie bien remplie
et figure parmi les dernières légendes vivantes du jazz. Au
cours d’une carrière internationale débutée dès l’âge de 17
ans, le trompettiste a su réinventer tous les standards du jazz,
des racines du son Dixie de New Orleans jusqu’au be- bop et
au modern jazz, s’imposant comme le jazzman le plus talentueux de sa génération. Dans le même temps, dès le début
des années 1980, Wynton Marsalis a su interpréter, avec une
virtuosité sans limites, des compositions de Haydn, Hummel,
Bach ou de Leopold Mozart qui ont fait de lui un des artistes
les plus complets du spectre musical. Ce grand écart permanent, que peu d’artistes peuvent réaliser sur une carrière,
Wynton Marsalis le pratique depuis plus de trente ans, salué
régulièrement par les critiques de jazz et de musique classique.
Maurice André dira de lui qu’il est « potentiellement le plus
grand trompettiste de tous les temps ».
Wayne Shorter
© Clay McBride
A
Le virtuose
SAISON AMERICAINE
The guest of honor of the 2013 edition of the Jazz à Juan is a regular.
Since his first appearance at the Pinède Gould in 1969, Wayne Shorter
has become one of the greatest saxophonists of his time. John Coltrane’s
former disciple, a prolific composer, he is nowadays considered a jazz
legend. In his half-century career, Shorter has explored all aspects of his
musical art. “Wayne Shorter is the idea man, the mastermind of countless
musical innovations, I’m just a leader who puts them on stage…” said Miles
Davis of Shorter, who gave him legendary compositions such as Nefertiti,
E.S.P. or Footprints. A glowing tribute from a genius who was rather
sparing with compliments. Therefore, this is a concert not to be missed.
8e art magazine • Printemps - Eté 2013
47
FESTIVALS
SAISON AMERICAINE
Nice Jazz Festival
La
métamorphose
Texte : Amir Esposito
Après de grands bouleversements, l’événement culturel de l’été à Nice a trouvé son nouveau
rythme de croisière. Avec une nouvelle direction, une nouvelle programmation et de
nouveaux lieux, le festival niçois propose une édition 2013 entièrement remaniée.
After tremendous changes, the summer’s cultural event in Nice found its new cruising pace. With a new management a new
programming and new venues, the Nice festival offers a completely reshaped 2013 edition.
De haut en bas et de G. à D. : Earth, Wind & Fire - © DR
C2C - © Sylvain Richard
Maceo Parker - © DR
André Ceccarelli- © Alexandre Lacombe et Thierry Depagne
Programme
L
Le jazz est une affaire d’émotions. Pour son édition 2013 – la
troisième depuis le « déménagement » du festival de Cimiez
vers le centre ville – la nouvelle direction propose une palette
d’émotions articulant une programmation brassant les styles
et les générations d’artistes. Cinq émotions pour cinq dates et
une trentaine de concerts entre la place Massena et le théâtre
de Verdure pour un rendez-vous d’exception, du 8 au 12 juillet.
Georges Benson - © Marco Glaviano
Lianne La Havas - © Alex Lake
Robert Glasper - © Mike Schreiber
48
8e art magazine • Printemps - Eté 2013
For its 2013 edition, the third since the festival moved from Cimiez to the
city centre, the new management presents a range of emotions structuring
a programming that blends styles and generations of artists. Five emotions
for five dates and about thirty concerts between the Place Massena and the
Théâtre de Verdure, for an exceptional rendez-vous, from 8 July to 12 July.
Lundi 8 juillet - Monday 8 July: La Transe
Scène Massena : Guillaume Perret & Electric Epic ; Christian Scott ; Earth, Wind & Fire
Théâtre de Verdure : Jon Batiste & The Stay Human Band ;
Eric Legnini feat. Hugh Coltman & Mamani Keita ; André
Ceccarelli & l’Orchestre philharmonique de Nice
Mardi 9 juillet - Tuesday 9 July: Le Tempo
Scène Massena : Stéphane Belmondo feat. Sandra Nkaké
; Lianne La Havas ; Ben Harper & Charlie Musselwhite
Théâtre de Verdure : Nice Jazz Orchestra invite Janysett
McPherson & Perico Sambeat & Minino Garay ; Manu
Katché Quartet ; Robert Glasper feat. Mos Def
Mercredi 10 juillet - Wednesday 10 July: L’Énergie
Scène Massena : Kellylee Evans ; John Legend ; C2C
Théâtre de Verdure : Stéphane Chausse & Bertrand Lajudie ; Gerald Clayton Sextet feat. Logan Richardson, Sachal
Vasandani & Gretchen Parlato ; Youn Sun Nah Quartet
Jeudi 11 juillet - Thursday 11 July: Le Souffle
Scène Massena : José James ; Raphaël Gualazzi ; Maceo
Parker
Théâtre de Verdure : Etienne M’Bappé feat. Nicolas Viccaro ; Omer Avital ; Chick Correa & The Vigil w/ Christian
McBride, Tim Garland, Marcus Gilmore & Charles Altura
Vendredi 12 juillet - Friday 12 July: La Vibration
Scène Massena : Tigran – Shadow Theater ; Pedrito Martinez ; George Benson
Théâtre de Verdure : Vainqueurs du Tremplin Off ; Shai
Maestro Trio ; Esperanza Spalding Radio Music Society
8e art magazine • Printemps - Eté 2013
49
FESTIVALS
SAISON AMERICAINE
Ben Harper
L’oncle
Textes : Amir Esposito
In his twenty-year carrier, the child prodigy from Claremont,
California managed to explore a multitude of musical universes, giving rise to his extraordinary creativity. Creating a
special bond with the French audience, Ben Harper imposed
himself as a familiar character for the regional festival-goers,
seducing reggae, folk, rock and gospel amateurs throughout
the years. Nineteen years after his first appearance on stage
in Nice, the artist comes back to the roots of blues at the
Nice Jazz festival, with legendary Charlie Musselwhite.
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8e art magazine • Printemps - Eté 2013
©Danny Clinch
En deux décennies de carrière, l’enfant
surdoué de Claremont en Californie
a su explorer une multitude d’univers
musicaux au service d’une créativité hors du
commun. En nouant un lien exceptionnel
avec le public français, Ben Harper s’est
imposé comme un personnage familier des
festivaliers de la région, séduisant au fil des
ans les amateurs de reggae, de folk, de rock
ou de gospel. Dix-neuf ans après sa première
apparition sur la scène niçoise, l’artiste
revient au Nice Jazz festival, accompagné
du légendaire Charlie Musselwhite, pour un
retour aux sources du blues.
© Danny Clinch
d’Amérique
S
Si deux mots suffisaient à résumer Ben Harper, talent et éclectisme pourraient sans doute faire l’affaire. Celui qui grandît au
milieu des guitares et des vinyles de blues de son grand-père
s’est imposé en deux décennies de carrière comme un artiste
inclassable et un explorateur de tendances insatiable.
les continents. Fidèle au pays qui lui offrit ses premiers succès,
Ben Harper a conservé avec la France une attache particulière
et revient à l’affiche presque chaque année offrir au public de
l’Hexagone les derniers échantillons de ses explorations et expérimentations musicales.
Traditions et émulation
Mêlant au fil de ses douze albums des riffs rageurs à des mélopées intimistes, le son planant de la weissenborn aux voix
aigres-douces du gospel, l’artiste californien n’a eu de cesse
de faire du neuf avec du vieux pour imposer une marque
100% originale. Dans cet harmonieux mariage de respect des
traditions et d’émulation artistique aux sons inimitables, Ben
Harper a su sublimer tous les styles sans jamais tomber dans la
facilité ou la fadeur. Empreint d’une profonde spiritualité qui
transpire de l’ensemble de son œuvre artistique, Ben Harper
a inscrit ses pas dès ses premiers albums dans ceux de ses
illustres ainés. Inspiré par la force créatrice et mystique de
Bob Marley et fasciné par Robert Johnson, le père du blues,
Ben Harper a multiplié les rencontres et les featuring avec des
artistes d’exception d’horizons musicaux très larges.
Le jeune chanteur qui enthousiasma le public des Transmusicales de Rennes en 1993 a ainsi réussi à se muer en un
artiste accompli, aujourd’hui acclamé sur les scènes de tous
Old school
Depuis sa première participation au Nice Jazz Festival en 1994, le
public azuréen a ainsi pu suivre pas à pas l’évolution de la carrière
de Ben Harper et accompagner le musicien dans ses escapades
créatives. Avec la sortie de son album Get up !, interprété et coécrit
avec Charlie Musselwhite, Harper signe un retour vers la plus
pure tradition du blues old school. Avec le joueur d’harmonica
légendaire, Ben Harper concrétise ainsi une complicité musicale
nouée depuis la première rencontre entre les deux musiciens en
1996 et jalonnée de collaborations régulières. En 1997, réunis sous
les bons auspices de John Lee Hooker, les deux compères communièrent ainsi littéralement autour du son vintage de leur maître
commun. Ce dernier encouragea alors Harper et Musselwhite
à poursuivre leurs collaborations en lançant de sa voix rauque
quelque chose comme « Yeah, les gars, ça envoie… vous devriez
continuer comme çà tous les deux… ». Nul doute que le public du
Nice Jazz festival saura apprécier cette collaboration réjouissante
en forme d’hommage à John-Lee Hooker décédé en 2001.
If two words were enough to describe Ben Harper they would probably be
talent and eclecticism. Having grown up in the middle of his grandfather’s
guitars and blues vinyl records, Ben Harper imposed himself during a twentyyear career as an unclassifiable artist and an insatiable explorer of trends.
Blending furious riffs with intimist recitatives, the trippy sound of the Weissenborn with bittersweet gospel voices throughout his twelve albums, the
Californian artist has constantly made new out of old to impose a 100%
original brand. In a harmonious marriage of traditions and artistic emulation giving birth to inimitable sounds, Ben harper managed to enhance all
styles without ever being cheesy or insipid. With a profound spirituality that
transpires from his artistic creation, Ben Harper followed in the footsteps of
his renowned predecessors since his first albums. Inspired by Bob Marley’s
creative force and mysticism and fascinated by Robert Johnson, father of the
blues, Ben Harper encountered and featured with many exceptional artists
from various musical horizons.
The young singer who thrilled the audience of Les Transmusicales de Rennes
in 1993 succeeded to turn into an accomplished artist, acclaimed on stages
all over the world. Faithful to the country that offered him his first success,
Ben Harper kept a special bond with France and returns almost every year
to present the latest samples of his musical explorations and experiments
to the French audience.
Since Harper’s first participation in the Nice Jazz Festival in 1994, the audience of the French Riviera was able to follow closely the evolution of his
carrier and be taken along with the artist in his creative getaways. With the
release of his album Get up! interpreted and co-written with Charlie Musselwhite, Harper marks a return to the purest tradition of old school blues.
This album epitomizes the musical complicity he established with the famed
harmonica player since their first meeting in 1996, a relationship marked
with regular collaborations. In 1997, brought together under the auspices
of John Lee Hooker, the two fellows literally commune around the vintage
sound of their common master. Hooker encouraged Harper and Musselwhite
to continue their collaboration by throwing in his husky voice, something
like “Yeah, yeah, you guys… that’s good. Yeah, yeah. You should stay with
that. Do that.’” There is no doubt that the audience of the Nice Jazz Festival
will appreciate this exhilarating collaboration, a tribute to John-Lee Hooker
passed away in 2001.
8e art magazine • Printemps - Eté 2013
51
FESTIVALS
SAISON AMERICAINE
Crazy Week !!!
L’Âge de
raison
© DR
© Dudi Hasson
The programme includes Asaf Avidan, 30 seconds to Mars, Olivia Ruiz and many others,
awaiting holiday-makers and locals for five nights
of festival madness, from 16 - 20 July.
For its fourth edition, the Crazy Week festival welcomes artists to its image. Just like the Riviera
rendez-vous, the participants of this 2013 edition
are mainly young ones, with great artistic maturity
and critical acclaim that makes them accomplished
artists. Just for starters, the Leto brothers and Tomo
Milicevic, the members of the American rock band
30 Seconds to Mars, will give you an energetic
opening.
The following day, back to Nice three months after a
landmark concert, Asaf Avidan’s inimitable husky
voice will ring out in the Théâtre de Verdure, preceded by the melancholic and ironic tone of TéTé and
the local electro-rock sound of Hyphen Hyphen.
The evening of the 18th of July will be marked by
off-the-wall style of Australian performer Dallas
Frasca, by more reserved local Jil is Lucky and
the British Rover, before the Concrete Knives set
the Promenade on fire with their irresistible electro
pop sound.
Opened by Clarcèn, the closing night will be 100%
French with a concert of Raphaël and his poetic
and passionate creative world. Finally, Olivia Ruiz’s
talent and charm will light up the Théâtre de verdure
on the 19th of July. After the release of her latest
album, the composer-performer from Aude will
mark her musical and personal rebirth and a new
chapter in an already fulfilled career.
In three years, the Crazy Week festival has established
itself as the summer rendez-vous for pop-rock lovers
on the French Riviera, in the enchanting setting of the
Théâtre de Verdure. Just a few steps away from the sea,
the event created in 2010 by Patrice Bouchon and the
Ivoire Music team, attracted thousands of festival-goers
and renowned performers. And since 2012 the festival
welcomes a number of recognized international artists.
Textes : Amir Esposito
à
À deux pas de la mer, l’événement créé en 2010 par Patrice
Bouchon et l’équipe d’Ivoire Music a déjà attiré des dizaines de
milliers de festivaliers et des artistes de renom.
Après son ouverture à l’international en 2012, le festival Crazy
Week !!! acueille cette année des artistes qui lui ressemblent.
Comme le rendez-vous niçois, les participants de l’édition 2013
sont pour l’essentiel jeunes et ont chacun atteint un degré de
maturité artistique et une consécration critique qui en font des
artistes accomplis.
Au programme des festivités, la soirée d’ouverture sera marquée par la fougue des frères Leto et de Tomo Milicevic les trois
membres du groupe de rock américain 30 Seconds to Mars.
Le lendemain, de retour à Nice trois mois après un concert événement, c’est la voix éraillée inimitable d’Asaf Avidan qui résonnera
dans le théâtre de verdure, précédé par le ton mélancolique et
ironique de Tété et le son électro-rock des régionaux de l’étape,
les Niçois de Hyphen Hyphen.
La soirée du 18 juillet sera quant à elle marquée par le style déjanté
de l’Australienne Dallas Frasca, celui plus réservé du Niçois Jil is
Lucky et des Britanniques de Rover, avant que Concrete Knives
n’enflamme la Promenade avec un son électro-pop irrésistible.
Après une première partie assurée par Clarcèn, la soirée de
clôture sera 100% française avec un concert de Raphaël et son
univers poétique et passionné. Enfin, c’est le talent et le charme
d’Olivia Ruiz qui irradieront le théâtre de verdure le 19 juillet.
Après la sortie de son dernier album intimiste, l’interprète-compositeur originaire de l’Aude signe son renouveau musical et personnel et une nouvelle étape dans une carrière déjà bien remplie.
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8e art magazine • Printemps - Eté 2013
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© Jean-Baptiste Mondino
En trois ans, le festival niçois Crazy
Week !!! s’est imposé comme le rendezvous pop-rock de l’été sur la Côte, dans le
décor enchanteur du théâtre de verdure.
Au programme, Asaf Avidan, 30 seconds
to Mars, Olivia Ruiz et bien d’autres
attendent estivants et azuréens pour cinq
soirées de folie, du 16 au 20 juillet.
De haut en bas :
30 Seconds to Mars
Olvia Ruiz
Asaf Avidan
8e art magazine • Printemps - Eté 2013
53
FESTIVALS
Pantiero
Summer golfe
Le jeune
Jusqu’au bout
premier
nuit
Textes Pierre Le Beller
Programme
Lundi 22 juillet - Monday 22 July
Soirée rap/hip-hop
Féfé
Oxmo Puccino
Kery James
Après douze ans d’existence, la rencontre musicale cannoise fait peau
neuve pour trois soirées intenses
sur la terrasse du Palais des Festivals, jusqu’au petit matin. Décalée
au mois de juillet, l’édition 2013 du
festival Pantiero joue les prolongations en proposant une nouvelle
programmation et une fermeture
plus tardive, avec une poursuite des
réjouissances en intérieur après les
concerts. Du 11 au 13 juillet.
© DR
Féfé
Lilly Wood and the Prick
Mercredi 24 juillet- Wednesday 24 July
Mutine
Bastian Baker
Jenifer
© DR
Textes : Pierre Le Beller
©xxxxxx
After twelve years of existence, the Cannes
musical encounter renewed itself for three
intense nights on the terrace of the Palais des
Festivals, until the crack of dawn. Moved to the
month of July, the 2013 edition of the Pantiero
festival will offer a new programming with extended hours, as the party will go on indoors
after the concerts. From the 11th to 13th July.
Mardi 23 juillet - Tuesday 23 July
Lilly Wood and the Prick + Guests
© DR
de la
SAISON AMERICAINE
Programme
Vendredi 12 juillet - Friday 12 July
Soirée hip hop
Ghospoet
Hudson
Mohawke
Amon Tobin
LE1F
Samedi 13 juillet - Saturday 13 July
Soirée pop
Griefjoy
Crystal Fighters
Trust
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8e art magazine • Printemps - Eté 2013
Le dernier né des festivals azuréens a pris possession du théâtre
de la Mer Jean-Marais pour trois soirées pop placées sous le
signe de l’originalité artistique et de la variété des talents.
En mettant à l’honneur des artistes aussi différents que Lilly
Wood and the Prick, Oxmo Puccino ou Jenifer, le directeur du
festival Patrice Bouchon – créateur de la Crazy Week !!! niçoise
– invite à Golfe Juan les amateurs de hip-hop français, de rock
et de pop. Trois soirées pour lancer un événement promis à une
belle carrière.
French Riviera’s latest festival is taking over the Théatre de la Mer
Jean-Marais for three pop evenings devoted to the theme of artistic originality and diversity. Highlighting contrasted artists like Lilly
Wood and Prick, Oxmo Puccino and Jenifer, Festival Director and
Jenifer
© DR
Jeudi 11 juillet - Thursday 11 July
Soirée rock
The Hives
Duchess Says
I.R.O.K.
founder of Nice’s Crazy Week, Patrice Bouchon, invites French hiphop, rock and pop lovers to come to Golfe Juan.
Three nights with potential to launch some very promising future
events.
8e art magazine • Printemps - Eté 2013
55
FESTIVALS
Since its first edition in 1998, the
Nuits du Sud festival imposed itself
as the reference when it comes to
world music. Welcoming exeptional
artists such as Césaria Évora, Eliades
Ochoa, Ruben Gonzales, Ray Baretto,
Manu Dibango, Femi Kuti, Israel Vibration, Ernest Ranglin and many others, the little get-together of world
music lovers on the place du Grand
jardin grew into one of the summer
period’s key cultural rendez-vous.
« Cette année, l’éclectisme et la
bigarrure musicale sont une nouvelle
fois à l’honneur à Vence avec une
programmation haute en couleur. »
Nuits du Sud
Le
festival
exemplaire
In its sixteen years of existence, the Vence event has
been offering a quality programming for reasonable
prices, to the great delight of world music lovers.
Experience a month of exceptional sounds and vibrations coming from the four corners of the world.
Textes : Pierre Le Beller
56
8e art magazine • Printemps - Eté 2013
D
Depuis sa première édition en 1998, le festival Nuits du Sud
s’est imposé comme la référence en matière de world music. En
accueillant des artistes exceptionnels comme Césaria Évora,
Eliades Ochoa, Ruben Gonzales, Ray Baretto, Manu Dibango,
Femi Kuti, Israel Vibration, Ernest Ranglin et bien d’autres, la
petite rencontre des amoureux de musiques du monde sur la
place du Grand jardin s’est muée en un rendez-vous culturel
incontournable de la période estivale.
Cette année, l’éclectisme et la bigarrure musicale sont une
nouvelle fois à l’honneur à Vence, avec une programmation
haute en couleur. Signe particulier de ce grand-petit festival,
les prix des billets sont restés très bas malgré une inflation galopante du coût des concerts au cours de la dernière décennie.
Avec un prix moyen autour de 15€ et une gratuité pour les
moins de douze ans, le fondateur des Nuits du Sud Teo Saavedra a réussi son pari de conserver une programmation de
qualité pour des tarifs modiques et rendre accessible la culture
au plus grand nombre.
Au programme en 2013, des artistes confirmés comme Zucchero, Amadou et Mariam, Patti Smith, La Grande Sophie, Cali, Salif Keita, Rachid Taha, Taj Mahal, Goran Bregovic ; ainsi que de
jeunes révélations de ces dernières années comme Liz Wright,
Amparo Sanchez, Batucada Sound Machine ou Riff Cohen.
© Prisca Lobjoy
En seize ans d’existence, le rendezvous de Vence est parvenu à
proposer une programmation
de grande qualité à des prix très
raisonnables, pour le plus grand
plaisir des amoureux de world music.
Un mois de sons et de vibrations
exceptionnelles venus des quatre
coins du monde.
Liz Wright
Salif Keita
Popa Chubby
8e art magazine • Printemps - Eté 2013
© DR
Amadou et Mariam
stayed very low despite the rampant
inflation of concert tickets during the
last decade. With an average price
of 15€ and a free pass for children
under 12, the Nuits du Sud founder,
Teo Saavedra, succeeded to keep
a quality programming for modest
rates and to make culture accessible
to the majority.
The 2013 programme includes accomplished artists such as Zucchero,
Amadou & Mariam, Patti Smith, La
Grande Sophie, Cali, Salif Keita, Rachid Taha, Taj Mahal, Goran Bregovic,
as well as young revelations of the
recent years such as Liz Wright,
Amparo Sanchez, Batucada Sound
Machine or Riff Cohen.
© DR
© Benoit Peverelli
This year, musical eclecticism and
variegation will once more be celebrated in Vence, with a very colourful programming. The particularity of
this little-big festival is the prices that
SAISON AMERICAINE
57
FESTIVALS
Hi beach party
Dancefloor
plage
La plage niçoise du Hi Beach sur la Promenade des Anglais,
repaire des amoureux de la détente et du farniente dans un
décor design, se transforme durant l’été en dance floor pour
six soirées explosives. Pour sa troisième édition, qui marque
le cinquième anniversaire de l’ouverture de la plage, les Hi
Beach Parties accueillent les labels les plus prestigieux pour
faire danser les estivants dans une ambiance chic et décontractée. Avec des DJs issus de la scène locale et internationale,
la troisième édition de Hi Beach Party fera la part belle aux
sonorités les plus diverses. Le coup d’envoi des Hi Beach Party
Textes Pierre Le Beller
sera lancé le 06 juin, comme un relais avec le festival CrossOver 2013, au son Hippie Dance des Pachanga Boys et de Poni
Hoax, les enfants terribles du rock français.
La techno jazzy & latino de César Merveille, le live electrotechno de Gui Boratto, les longs voyages sonores du Berlinois
Ben Klock et du Lyonnais Agoria ponctueront l’édition 2013.
Un tout nouveau Flavor Festival très girly viendra clôturer
l’événement le 8 septembre, en partenariat avec le magazine
éponyme. Au programme, charme, énergie, esprit et sensualité pour terminer l’été en beauté.
Nice’s Hi Beach on the Promenade des Anglais, the swanky spot for relaxation and idleness enthusiasts, transforms into a
dance-floor for six supercharged parties this summer. Celebrating the fifth anniversary of the beach’s opening, the Hi Beach
Parties’ third instalment welcomes the most prestigious labels to get summer holidaymakers dancing in a chic and chilled out
atmosphere. The third anniversary of the Hi Beach Party will put the most diverse sounds under the spotlight with local and
international DJs. Kicking off on June 6th, the 2013 CrossOver Festival will present back to back the sounds of Pachanga Boys
Hippie Dance and Poni Hoax the bad boys of French rock.
César Merveille’s jazzy-latino tech, Gui Boratto’s live electro tech and sets from Berliner Ben Klock and Agoria from Lyon will
headline at this 2013 event. And finally, the brand new all girls Flavor Festival, in partnership with Eponyme magazine, will bring
to a close the event on September 8th. Charm, energy, character and allure will be on the agenda to end this summer on a high.
June 6th, July 4th, July 25th, August 22nd and September 8th
47, promenade des Anglais 06000 Nice - www.panda06production.org - www.hi-beach.net
8e art magazine • Printemps - Eté 2013
Crème
de la crème
Textes Amir Esposito
Les 6 juin, 4 juillet, 25 juillet, 8 août, 22 août et 8 septembre
47, promenade des Anglais 06000 Nice
Renseignements :
www.panda06production.org et www.hi-beach.net
58
La
© Lionel Bouffier
L
plages electroniques
© Lionel Bouffier
Sous le
SAISON AMERICAINE
E
En quelques années, le Festival cannois de musique électronique
a su attirer les amateurs de toute la région et faire des émules dans
le monde entier. L’événement organisé par Panda Events sur la
plage du Palais des Festivals et des Congrès mise pour son édition
2013 sur la diversité des sons, en se déclinant en cinq dates faisant
la part belle aux artistes locaux et internationaux.
Soirées Electro, Deep House, Bass Music et Electropicale feront
bouger les amateurs, ainsi qu’une très attendue soirée spéciale
Only Girls Techno qui verra se succéder aux platines quatre
DJ au féminin parmi les plus talentueuses de la scène électro.
Les 3, 10 17 et 31 juillet et le 14 août sur la Plage du Palais
des Festivals
In a few years, Cannes’ Electronic Beaches managed to attract electro-music lovers from the
whole region and the rest of the world. The event
organised by Panda Events on the Palais des Festivals’ Beach, plays on diversity of sounds for its
2013 edition, developing them over 5 dates and
showcasing local as well as international artists.
Electro, Deep House, Drum and Bass and Electrotropical parties will get goers moving, as well
as an eagerly awaited special “Only Girls Techno” party which will see at the turn table four of
the most talented female electro DJs.
Dates: 3rd, 10th, 17th, and 31st July and 14th August
- Where: Palais des Festivals’ Beach
8e art magazine • Printemps - Eté 2013
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portfolio
rencontres du 9 e art
L’Annonciade,
Musée de Saint-Tropez
e musée de l’Annonciade profite de
l’année 2013 pour mettre à l’honneur
l’école marseillaise de peinture du
XIXe siècle.
Avec cette exposition exceptionnelle, le musée
tropézien rend hommage aux grands maîtres
de la Cité phocéenne, qui posèrent les jalons
de la représentation picturale des paysages
provençaux, avant que les génies de la fin du
siècle ne hissent cet art au pinacle.
Inspirant tour à tour Cézanne, van Gogh,
Gauguin ou les premiers impressionnistes,
les toiles d’Émile Loubon, de Félix Ziem, de
Joseph Garibaldi, de Monticelli ou de René
Seyssaud retrouvent ici leur place dans l’histoire de la peinture provençale et dans l’histoire de l’Art en général.
Une place éminente souvent méconnue, qui
rappelle que la vitalité culturelle de Marseille
n’a pas attendu que la ville soit consacrée Capitale européenne de la Culture en 2013 pour
être un formidable catalyseur de talents et de
modernité.
L
L’Annonciade museum makes the most of 2013
and commemorates the 19th Century Marseilles’
Painting School. With this exceptional exhibition,
the St Tropez museum acknowledges Marseilles’
great masters, who paved the way of Provence’s
landscape painting, before the geniuses of the end
of the century brought the art to its pinnacle. Inspiring Cézanne, Van Gogh, Gauguin and the first
impressionists; the paintings of Emile Loubon,
Felix Ziem, Joseph Garibaldi, Monticelli and René
Seyssaud find, in this exhibition, their place in the
history of Provence painting and in Art History. A
prestigious, often forgotten status, which reminds
us that Marseilles’ cultural life did not wait for the
city to be designated European Capital of Culture
2013 to become a catalyst for modernisation and
centre of exceptional talent.
L’École marseillaise,
1850-1920
16 mars – 17 juin
L’Ecole marseillaise, 1850-1920
L’Annonciade, St Tropez Museum
16th March - 17th June
Jean-Baptiste Olive, L’Estaque, s.d.
Huile sur panneau
Collection particulière
Textes : Rémi Cartosio
60
8e art magazine • Printemps - Eté 2013
8e art magazine • Printemps - Eté 2013
61
portfolio
rencontres du 9 e art
Félix Ziem, Canal de Caronte, s.d.
Huile sur panneau
Collection particulière
Joseph Garibaldi, Déchargement face au Fort Saint-Jean, 1897
Huile sur toile
Collection particulière
62
8e art magazine • Printemps - Eté 2013
Louis-Mathieu Verdilhan, Débarquement de blocs de marbre, s.d.
Huile sur toile (détail)
Collection particulière
René Seyssaud, Les moissonneurs, s.d.
Huile sur toile (détail)
Collection particulière
8e art magazine • Printemps - Eté 2013
63
portfolio
rencontres du 9 e art
Emile Loubon, Le jeu de boule, 1850
Huile sur toile
Collection particulière
64
8e art magazine • Printemps - Eté 2013
8e art magazine • Printemps - Eté 2013
65
portfolio
rencontres du 9 e art
Paul Guigou, Promeneur face à Marseille, s.d.
Huile sur toile
Collection particulière
66
8e art magazine • Printemps - Eté 2013
Raphael Ponson, La Calanque, Vallon des Auffes, s.d.
Huile sur toile
Collection particulière
8e art magazine • Printemps - Eté 2013
67
SORTIR
68
Scènes
72
74
Musiques Expos
8e art magazine • Printemps - Eté 2013
69
sortir
scènes
l’été à cannes
spectacles & festivals 2013 une saison de rêves
4, 14, 21 et 29 Juillet / 7, 15 et 24 Août
FESTIVAL D’ART PYROTECHNIQUE
11 au 13 Juillet
PANTIERO
The Hives / Kavinsky / Amon Tobin presents Two Fingers
Crystal Fighters / Hudson Mohawke / Lescop...
19 et 20 Juillet
FIESTA FLAMENCA
David Pañiagua / Maria José Franco
Bodega, bal sévillan, initiations danse...
Le talent à la mode cannoise
La saison 2012-2013 a consacré le dixième anniversaire du
concept Made in Cannes : proposer au public cannois des
spectacles conçus et réalisés par des artistes cannois des
écoles d’arts de la ville.
Pour cette dixième édition, vingt-quatre dates ont ponctuée
l’année avec des représentations de musique, de danse, de
théâtre, de cirque et des ateliers de mode, permettant de
mettre en lumière la vitalité culturelle de Cannes et des
Cannois. En offrant des grands classiques ou des créations
originales, Made in Cannes a su s’imposer comme un événement apprécié du public et un formidable révélateur de
talents locaux.
Moliere’s Tartuffe. Theatre de la
Licorne, 31st May.
" A red season shade, mêlant rock
et orgue à l’Église Notre-Dame
de Bon Voyage le 14 juin
A Red Season Shade, a mix of rock
and organ at Notre-Dame de Bon Voyage church, 14th June.
" Une soirée Carte Blanche aux
danseurs des classes pré-professionnelles à l’ESDC Rosella
Hightower le 22 juin
Carte Blanche evening for pre-professional dance students, at the ESDC
Rosella Hightower, 22nd June.
" La Flûte enchantée de Mozart
au Théâtre Croisette le 27 juin
Mozart’s Magic Flute, Croisette Theatre, 27th June.
19 Juillet au 24 Août
CRAZY HORSE PARIS
Forever Crazy - En exclusivité à Cannes
22 au 28 Juillet
NUITS MUSICALES DU SUQUET
B. Berezovsy, M. Guttman / C. Katsaris / J. Carmona
Hommage à A. Camus, D. Mesguish, M. Villalonga, Orchestre de Cannes
Hommage à M. Theodorakis, Ens. Elégia d’Athènes
Mozart Vs Salieri, Ens. Assami...
3 Août
BREAK THE FLOOR SUMMER
9 au 12 Août
JAZZ A DOMERGUE
Rachel Ratsizafy Quartet, Michel Marre / Frédéric Viale Quartet
Hommage à C. Nougaro, Philippe Léogé / Les Doigts de l’homme
23 au 27 Août
Made in Cannes – Talents, in Cannes’ Fashion
2012-2013 season celebrated the tenth anniversary of the Made
in Cannes concept: to offer the public of Cannes performances
developed and directed by young artists from the city’s Arts
Schools.
Twenty four dates marked this anniversary with music, dance,
theatre, circus and fashion performances highlighting Cannes’
cultural energy.
By presenting great classic and original creations, Made in
Cannes established itself as a popular event and an amazing
way to discover local talent.
70
8 e art magazine • Printemps - Eté 2013
FESTIVAL DE L’ART RUSSE
Chœur Populaire d’Omsk / Dîner-Spectacle “La Nuit Russe”
Solistes du Théâtre Mariinski / “Nouveau Ballet” du Théâtre de Moscou...
www.palaisdesfestivals.com
Locations points de ventes habituels - Billetterie Palais des Festivals 04 92 98 62 77
Les spectacles de la Ville de Cannes - Réalisation Palais des Festivals et des Congrès
Licence : 1-108002 / 2-108003 / 3-108004 © Palais des Festivals et des Congrès de Cannes. Toute reproduction ou copie est interdite.
Made in Cannes
À l’affiche prochainement
" Le Tartuffe de Molière au théâtre
de la Licorne le 31 mai
sortir
scènes
sortir
Le Nouveau Ballet
du Théâtre
de Moscou
L’histoire de Manon
En clôture du Festival de l’Art russe 2013, Aïda
Chernova et Sergueï Staroukhin offrent au public cannois un spectacle exceptionnel dévoilant
l’étendue des talents de l’école russe de ballet.
Le Nouveau Ballet du théâtre de Moscou, qui
s’est imposé depuis sa création en 1989 comme
le fer de lance du renouveau culturel de la Russie est à l’honneur de l’édition 2013 du Festival.
Entre art dramatique, mime, ballet classique
et danse contemporaine, les deux danseurs de
l’élite moscovite viendront interpréter des airs
de Tchaïkovski et de Jean-Michel Jarre pour
conclure une semaine exceptionnelle.
Créé en 1974 par le Royal Ballet
de l’opéra de Londres, L’Histoire
de Manon reprend la trame de
l’opéra de Massenet sans lui emprunter un seul air. Devenu en
peu de temps un classique du répertoire mondial, le ballet de Kenneth MacMillan narre les amours
contrariés de Manon Lescaut et du
jeune chevalier des Grieux, de Paris à la Louisiane coloniale. Avec
une chorégraphie exigeante et un
Le mardi 27 août au théâtre Debussy
Béjart Ballet Lausanne
Depuis le décès de son créateur en
2007, Gil Roman a repris les rênes
de la troupe de Maurice Béjart,
avec pour mission de perpétuer la
vision de la danse transmise par
son maître. En mêlant habilement
les canons du ballet classique à
des créations et à un style plus
novateurs, les membres du Béjart
Ballet de Lausanne ont su s’imposer comme les dépositaires de la
mémoire du chorégraphe marseillais. Avec une soirée exceptionnelle dans le décor idyllique
du Théâtre de la Mer Jean-Marais,
la troupe revient proposer trois
visions de la danse et trois variations sur le thème de l’ailleurs. Au
son de la voix de Barbara interprétant des chansons de Brel, ou
pour une évocation de la danse
sacrée de l’indouisme et pour un
hommage chorégraphique au Boléro de Maurice Ravel, les spectateurs de Golfe Juan auront l’occasion de découvrir ou redécouvrir
la large palette de talents offerts
par les émules de Maurice Béjart.
Le 9 juillet à Golfe-Juan
From June 27 to June 29 at the Grimaldi Forum
Tuesday 27th August at the Debussy Theatre, Cannes.
West Side Story
« I like to be in America/OK by me in
America »… Depuis le succès planétaire
de la comédie musicale de Leonard Berstein et du film éponyme de 1961, la ritournelle de Maria, interprétée à l’écran par
Natalie Wood tourne dans toutes les têtes
à l’évocation de cette histoire d’amours
impossible. Transposition de Romeo et
Juliette dans le New York des années
1950, West Side Story apparaît toujours –
un demi-siècle après sa création – comme
la quintessence de la comédie musicale
made in the USA : airs entrainants, chorégraphies millimétrées au service d’une
histoire aux résonnances universelles et
atemporelles.
Since the death of Maurice Bejart in 2007,
Gil Roman took over his troupe with the intention of perpetuating the vision of dance
inherited from his mentor. The members
of the Bejart Ballet of Lausanne imposed
themselves as heirs of the famous choreographer’s memory through the symbiosis of the canons of classical ballet
and more innovative creations and style.
In the idyllic setting of the Théâtre de la
Mer Jean-Marais the troupe offers three
visions of dance and three variations on
the theme of otherworldliness.
The spectators of Golfe-Juan will have the
opportunity to discover or rediscover the
many talents of Maurice Bejart’s disciples
to the sound of Barbara’s voice singing
Jacques Brel, for an evocation of Hindu
sacred dances and a choreographic tribute to the Maurice Ravel’s Boléro.
Du 9 au 13 juillet au Grimaldi Forum.
“I like to be in America/OK by me in America”… Since the worldwide success of Leonard Berstein’s musical and its film adaptation of 1961,
Maria’s tune, performed onscreen by Natalie Wood, springs back to everyone’s mind at the mention of this impossible love story. A 1950s’ New
York transposition of Romeo and Juliette, West Side Story remains half a century after its creation the epitome of American-made musical:
lively tunes and meticulous choreographies serving a universal and timeless story.
Le Cirque du Soleil
8e art magazine • Printemps - Eté 2013
Du 27 au 29 juin au Grimaldi
Forum
Created in 1974 by the Royal Ballet of the Royal Opera House, L’Histoire
de Manon borrows the thread of Massenet’s opera but not a single tune.
Kenneth Mac’Millan’s ballet, which very quickly became one of the world’s
classics, tells the thwarted love story of Manon Lescaut and young Chevalier
des Grieux, taking them from Paris to Colonial Louisiana. With a demanding
choreography and a deep sense for details, the Royal Ballet troupe perfects
this classical story by giving it a striking sense of timelessness. This legendary
troupe is coming to Monaco, accompanied by the Monte-Carlo Philarmonic
Orchestra, for three unmissable performances.
To conclude the 2013 Russian Art Festival, Aida Chernova and Sergey Starukhin are presenting to the people of
Cannes an exceptional show demonstrating the great talent
of the School of Russian Ballet. Moscow Theatre’s New
Ballet, which established itself as the flagship of the Russian
cultural revival since its creation in 1989, has the place of
honour in this year’s festival. A cross between dramatic
arts, mime, classic ballet and contemporary dance, the two
Russian elite dancers will bring to a close this exceptional
week by interpreting Tchaikovsky and Jean Michel Jarre.
On July 9 at Golfe-Juan.
72
sens profond du détail, la troupe
du Royal Ballet sublime cette histoire classique en lui conférant
une atemporalité saisissante. La
venue à Monaco pour trois soirs
de cette troupe légendaire, servie
par l’orchestre philharmonique de
Monte-Carlo, est en soi un événement à ne pas manquer.
From July 9 to July 13 at the Grimaldi Forum
8e art magazine • Printemps - Eté 2013
73
sortir
musiques
sortir
At 18, Elisa Jo moves into overdrive. One of
the best Web 3.0 representatives, an artist
revealed on the Internet, Elisa Jo has launched
her first album and is now embarking on a
long-awaited tour.
In 2010, this young lady of Rouen started
posting her songs’ video clips on MySpace,
which started a buzz that attracted the interest
of professional singers. Coeur de Pirate, Yaël
Naïm and Zaz were the first to fall under the
spell of this gem of French singer. She started
performing in a succession of opening acts
for her big sisters and quickly managed to
seduce the public with her pranks and her
out of this world voice.
© Hertfelder
Discover her at the Grimaldi Forum in Monaco
on June 15.
Richard Bona
Along his fulfilled artistic career Richard Bona
has lived several lives. The child from the small
village called Minta in Cameroon, who discovered jazz in Douala’s cabarets, became one of
the best African bass-player in the 80’s. He collaborated with artists such as Manu Dibango
and Salif Keita on Europe’s stages and Harry
Belafonte in the United States. However, for
the past fifteen years Richard Bona has led
a solo career mixing the most contrasting
sounds of his bass guitar. Polishing his musical patchwork with his incomparable voice,
Richard Bona comes back this year with his
new album Bonafied. As smooth as a fine wine.
May 18, at Lino Ventura Theatre, Nice.
Au cours d’une carrière artistique bien remplie Richard Bona a déjà vécu plusieurs vies. L’enfant du petit village de Minta
au centre du Cameroun qui a découvert le jazz dans les cabarets de Douala s’est imposé dans les années 1980 comme
un des meilleurs bassistes d’Afrique. Suivant ses ainés comme Manu Dibango ou Salif Keita sur les scènes d’Europe,
puis Harry Belafonte Outre-Atlantique, il mène depuis près de quinze ans une carrière solo mêlant les sonorités les plus
contrastées au son de sa basse. Posant sur ce patchwork musical une voix inimitable, Richard Bona revient en 2013 avec
son nouvel album Bonafied. Bon comme du bon vin.
Au Théâtre Lino Ventura à Nice, le 18 mai
Groundation
Dans l’histoire du reggae, les États-Unis ont longtemps constitués une
terra incognita. Malgré les concerts américains légendaires de Bob Marley
1972 et 1974, l’émulation artistique a peu joué et rares ont été les groupes
de reggae estampillés Made in USA. Les Californiens de Groundation font
donc office d’exception dans la planète reggae, en se hissant en quinze
ans au rang de groupe phare de la scène roots, délivrant partout un message de paix et de fraternité dans la plus pure tradition du son jamaïcain.
Elisa Jo
74
8e art magazine • Printemps - Eté 2013
© DR
The United States have long been “Terra Incognita” in the history of reggae.
Despite Bob Marley’s legendary American concerts in 1972 and 1974, the
artistic emulation has not taken off and American reggae bands are rare.
Californian band Groundation is an exception in the reggae world. They became
in the space of fifteen years, the most popular band on the roots scene, and
today, they carry on delivering their message of peace and brotherhood with
the purest Jamaican sounds.
buzz et attirant l’intérêt de ses aînées. Cœur de Pirate, Yaël
Naïm ou Zaz sont les premières à tomber sous le charme
de cette petite dernière pépite de la chanson française. Elle
enchaînera alors les premières parties de ses grandes sœurs
et séduit rapidement le public par ses facéties et sa voix hors
normes.
À découvrir au Grimaldi Forum à Monaco le 15 juin
© DR
À 18 ans, Élisa Jo passe à la vitesse supérieure. Celle qui
figure déjà parmi les meilleurs représentants de la génération 3.0, de ces artistes révélés sur internet a sorti son tout
premier album au printemps et entame une tournée très
attendue.
En 2010, la jeune Rouennaise commence ainsi à poster des
vidéos de ses chansons sur MySpace, suscitant rapidement le
Au Théâtre Lino Ventura à Nice, le 29 mai
Au Festival Nuits du Sud à Vence le 8 août
May 29, at Lino Ventura Theatre, Nice.
August 8, Nuits du Sud Festival, Vence.
8e art magazine • Printemps - Eté 2013
75
sortir
expos
expos
sortir
Picasso Superstar
Monaco
Fête Picasso
Le Grimaldi Forum crée l’événement avec
une exposition réunissant plus de 150
œuvres. Deux thèmes au programme de
cet hommage exceptionnel permettent de
retracer le parcours de ce génie du XXe siècle
et le rapport intime qui le lia au Sud de la
France. Avec « Picasso et la Côte d’Azur », les
visiteurs peuvent ainsi redécouvrir Antibes,
Golfe-Juan, Cannes ou Mougins à travers
le regard que l’artiste posa sur la région de
1920 à 1946. « Picasso dans la Collection
Nahmad » permet en outre d’ouvrir une des
collections Picasso les plus riches au monde,
comprenant des chefs d’œuvres rarement
présentés au public.
Grand familier de la Riviera, qui inspira profondément son œuvre,
Pablo Picasso résida près de la moitié de sa vie entre Vallauris, Cannes
et Mougins. À l’occasion des quarante ans de la disparition du peintre,
la Côte d’Azur rend hommage à l’artiste fondamental du XXe siècle.
A regular to the Riviera, a region that profoundly inspired his work, Pablo Picasso spent nearly half of
his life between Vallauris, Cannes and Mougins. To commemorate the 40th year since the artist’s disappearance, the French Riviera pays a tribute to one of the most influential artists of the 20th Century.
1Expositions
Exhibitions
2
1
Grimaldi Forum, 10, Avenue Princesse Grace –
MC 98000 Monaco
Pablo Picasso, Minotaure à la carriole, 1936, Collection particulière © Succession Picasso 2013
The Grimaldi Forum makes the news with an exhebition gathering more than150 works. Two themes are featured in this exceptional tribute retracing the
steps of this 20th century genius and the special bond that linked him to the South of France. With “Picasso et la Côte d’Azur”, the visitors can rediscover
1920-to-1946 Antibes, Golfe-Juan, Cannes or Mougins through the eyes of the artist.
“Picasso dans la Collection Nahmad” allows a rare gaze into one of the richest Picasso collections, including seldom exhibited masterpieces.
Grimaldi Forum, 10, Avenue Princesse Grace – MC 98000 Monaco
2Collection permanente
Permanent collection
Le château Grimaldi, fondé au XIVe siècle par la famille génoise qui prit
possession de Monaco, inspira profondément Pablo Picasso dès sa première visite de l’édifice en 1945. Le conservateur du musée d’alors proposa immédiatement au peintre d’occuper une des salles pour y établir
son atelier. Il y réalisa des dizaines de chefs d’œuvres avant que le lieu ne
devienne en 1966 le premier musée au monde consacré à Picasso.
Figurant aujourd’hui parmi les principaux lieux dédiés à l’œuvre plastique de Picasso, le musée accueille également d’importantes créations
de Nicolas de Staël et d’artistes contemporains.
1
Picasso,
Le Nu en liberté
Constituée de prêts de collections privées, l’exposition estivale du centre
d’art de la Malmaison à Cannes permet d’offrir un éclairage subtil et
décalé sur le goût de Picasso pour l’érotisme. À travers une centaine
d’œuvres couvrant une période de près de soixante ans, céramiques,
peintures, gravures ou dessins témoignent de l’obsession assumée et permanente de Picasso pour le (beau) sexe.
Musée Picasso – Place Mariejol 06600 Antibes
The Château Grimaldi, founded by the Genoese family in the 14th Century, profoundly
inspired Picasso since his first visit of the edifice in 1945. The museum curator immediately
offered the artist one of the rooms to set up a studio, where Picasso later created dozens
of masterpieces before the place became the first museum devoted to Picasso in 1966.
In addition to being one of the main places dedicated to Picasso’s plastic work, the museum
also welcomes important creations of Nicolas Staël, as well as other contemporary artists.
Centre d’art la Malmaison, 47 boulevard de la Croisette – 06400 Cannes
The summer exhibition of the Malmaison art centre in Cannes, which consists of loans
from private collections, offers a subtle and staggering perspective on Picasso’s taste
for eroticism. Throughout a hundred of his works covering a period of almost 60 years,
ceramics, painting, engravings and drawings are there to demonstrate Picasso’s longlasting obsession with (the fair) sex.
Centre d’art la Malmaison, 47 boulevard de la Croisette – 06400 Cannes
76
8e art magazine • Printemps - Eté 2013
1. Nu couché à la libellule - 1968 - Huile sur toile - 98 x 162 cm
© Collection privée - © Succession Picasso 2013 - 2. Femme
debout – 1945 - 10.6 x 3.7 x 1.1 cm - Terre cuite modelée et
incisée, teintée ocre - Pièce unique © Collection Marina Picasso
© Succession Picasso 2013
Picasso, femme à l’oiseau (Dora Maar), 1939, Collection particulière © Succession Picasso 2013
8e art magazine • Printemps - Eté 2013
77
sortir
expos
Georges Rouault (1871-1958), Fille au miroir, 1906
Paris, musée national d’Art moderne - Centre Georges Pompidou
Aquarelle sur carton - 70 x 55 cm
© Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / Philippe Migeat
© Adagp, Paris 2013
Pierre Bonnard (1867-1947), Nu de profil, vers 1917
Musée Bonnard, Le Cannet, acquis avec l’aide
du Fonds du patrimoine et du FRAM, 2010 - huile sur toile
103 x 52,5 cm © Adagp, Paris 2013 – Photo Yves Inchierman
Le Nu, de Gauguin à Bonnard
Ève,
icône de la modernité
Durant l’été, le musée Bonnard du Cannet fait la part belle au corps
féminin à travers une évocation de la figure d’Ève chez les peintres de
la fin du XIXe et du début du XXe siècle. Réunissant les œuvres de
peintres majeurs issus des courants ayant marqués le paysage culturel
européen, cette exposition exceptionnelle remet en perspective l’imagerie de la nudité dans une projection idéale du Paradis terrestre.
Du 6 juillet au 3 novembre
16, bd Sadi-Carnot 06110 LE CANNET - www.museebonnard.fr
The Nude, from Gauguin to Bonnard - Eve, an icon of modernity
During the summer the Musée Bonnard in Le Cannet honours the female body
through the evocation of Eve’s figure in the paintings of the late 19th and early
20th Century. Gathering artworks of great painters from movements that marked
the European cultural landscape, this outstanding exhibition puts in perspective
the imagery of nudity in an ideal projection of the earthly Paradise.
July 6 to November 3
16, bd Sadi-Carnot 06110 LE CANNET - www.museebonnard.fr
78
8 e art magazine • Printemps - Eté 2013
Paul Sérusier (1863-1927), Eve bretonne ou Mélancolie, vers 1891
Paris, musée d’Orsay - Huile sur toile - 72 x 58 cm
© RMN-Grand Palais (musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski
sortir
expos
Un été pour
matisse
À l’occasion du
cinquantième anniversaire
du musée Matisse, Nice
rend hommage au maître
du fauvisme avec huit
expositions à travers la
ville où l’artiste vécut près
de quarante ans avant d’y
terminer ses jours. Issus
de collections du musée
de Cimiez et de prêts des
plus prestigieux musées
du monde, plus de 700
œuvres seront dévoilées
au public du 21 juin au 23
septembre.
A summer of Matisse
Celebrating the 50th anniversary of the Musée Matisse,
Nice pays a tribute to the
master of Fauvism with eight
exhibitions throughout the city
where the artist lived for almost
forty years and passed away.
Nearly 700 works, from the
Musée Cimiez collections and
loans from other prestigious
museums of the world, will be
presented to the public from
June 21 to September 23.
Au Musée Matisse,
“Matisse. La musique à l’œuvre”
At the Musée Matisse, “Matisse. La musique
à l’œuvre”
Au Musée d’Archéologie, site de
Cimiez, “À propos de piscines”
At the Musée d’Archéologie, Cimiez site, “À
propos de piscines”
Au Théâtre de la Photographie et
de l’Image (TPI), “Femmes, muses
et modèles”
At the Théâtre de la Photographie et de
l’Image (TPI), “Femmes, muses et modèles”
Au Musée d’Art Moderne et
d’Art Contemporain (MAMAC),
“Bonjour Monsieur Matisse !”
At the Musée d’Art Moderne et d’Art Contemporain (MAMAC), “Bonjour Monsieur
Matisse !”
Au Palais Lascaris,
“Matisse. Les années Jazz”
At the Palais Lascaris, “Matisse. Les années
Jazz”
À la Galerie des Ponchettes,
“Matisse à l’affiche”
At the Galerie des Ponchettes, “Matisse à
l’affiche”
Au Musée Masséna,
“Palmiers, palmes et palmettes”
At the Musée Masséna, “Palmiers, palmes
et palmettes”
© Succession H. Matisse
Au Musée des Beaux-Arts JulesChéret, “Gustave Moreau, maître
de Matisse”
At the Musée des Beaux-Arts Jules-Chéret,
“Gustave Moreau, maître de Matisse”
Henri MATISSE, Jazz, Paris, Tériade éditeur, 1947
Le Cirque, planche II
42 x 32,5 cm
Collection Villa Arson,
Nice, Don Henri Matisse à l’Ecole des Arts décoratifs de Nice en avril 1950
© Succession H. Matisse
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8e art magazine • Printemps - Eté 2013
Renseignements : www.nice.fr
Information: www.nice.fr
8e art magazine • Printemps - Eté 2013
81
sortir
expos
Metropolis, Fernand Léger et la ville
Le musée Fernand Léger de Biot déploie
durant l’été une exposition en deux volets
mettant en lumière la relation de l’artiste
à l’urbanisme et à la vie urbaine. Inspirée
des travaux des grands architectes
visionnaires de son temps, les œuvres de
Léger dessinent ainsi une vision contrastée
de l’espace urbain. Dans le premier volet
« une peinture habitable », ce sont les
projets d’intégration entre peinture et
ville de l’artiste qui sont mis en lumière.
Le second volet, consacré au « Spectacle
de la vie moderne » mettra en évidence
le rôle de Paris dans l’imaginaire de
Fernand Léger, à travers trois thématiques
complémentaires, L’image moderne,
Paris-Paname et Paris-Spectacle.
Du 23 mars au 7 octobre
Musée national Fernand Léger – Chemin du
val de Pôme – 06410 BIOT
www.musees-nationaux-alpesmaritimes.fr
Fernand Léger (1881-1955) - Le Transport des forces, 1937 gouache et crayon sur carton.
Donation Nadia Léger et Georges Bauquier Musée national Fernand Léger, Biot inv. MNFL 97053
© A.D.A.G.P. 2013
Metropolis, Fernand Léger and the town
The Musée Fernand Léger in Biot presents a two-fold summer exhibition focusing on the artist’s relationship with urban planning and city life. Inspired by
the works of visionary architects of his time, Léger’s works draw a contrasted vision of urban space. The first part titled « a habitable painting » highlights
the artist’s projects of integration between painting and the city. The second part is dedicated to « the spectacle of modern life » and emphasizes the role
of Paris in Fernad Léger’s imagination through three complementary themes: The modern image, Paris-Paname and Paris-Spectacle.
March 23 to October 7
Musée national Fernand Léger – Chemin du val de Pôme – 06410 BIOT
www.musees-nationaux-alpesmaritimes.fr
Photographie
Lucien Clergue
Écritures de lumière
Des palmes brésiliennes, des reflets dans l’eau des fontaines parisiennes ou des
épis de maïs camarguais, en capturant des objets familiers, Lucien Clergue
nous plonge dans un univers captivant, où la frontière entre photographie et
dessin s’estompe. Dans les œuvres du photographe exposées depuis le 3 février
à Menton, l’ami de Picasso, de Michaux et de Cocteau, superpose les formes
et les lumières pour évoquer des thèmes chers à ses proches. Comme tracées
à l’encre de Chine, ces Écritures de Lumière racontent un monde en suspens,
fait d’effets d’optique saisissants et de beautés morbides ou plastiques aux reflets
incroyables.
Du 3 février au 9 septembre au Musée Cocteau – Collection Séverin Wunderman
Light Scriptures
Palm shapes of Brazil, water reflections of Parisian fountains or the Camargue’s corn cobs; by
capturing familiar objects, Lucien Clergue takes us into an amazing world where the boundary
between photography and drawing vanishes. On exhibition since February 3rd in Menton, the
friend of Picasso, Michaux and Cocteau layers shapes and light to bring to life his closest relations’
dearest interests. As drawn in Indian ink, his Light Scriptures describe a suspended world made
of fascinating optical effects, incredible reflections and artistic beauty.
From February 3 until September 9, Cocteau Museum - Séverin Wunderman Collection, Menton.
© Lucien Clergue Fontaine du Gd Palais 1963 - Extrait
82
8 e art magazine • Printemps - Eté 2013
17, rue Grignan
13006 MARSEILLE
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