Appel colloque journalisme et bande dessinée 31 déc 2016

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Appel colloque journalisme et bande dessinée 31 déc 2016
Appel à communications : Les petits aventuriers du quotidien.
Bande dessinée, journal et imaginaires médiatiques (XIXe-XXIe siècles)
Colloque international organisé les 28, 29 et 30 juin 2017 à Sciences Po (Campus de
Reims) par l’Université de Reims, l’Université Laval et le CELSA Paris-Sorbonne.
Responsables : Alexis Lévrier (Université de Reims) et Guillaume Pinson (Université Laval)
Les relations entre la bande dessinée et le journalisme sont anciennes et durables. Art
médiatique conciliant l’image et le texte, la bande dessinée est née au creuset du journal et de
la culture périodique, exploitant dès l’origine les enjeux de l’actualité, recyclant les
imaginaires médiatiques et inventant des personnages qui évoluent proches des milieux de
l’information, souvent journalistes eux-mêmes. Ce colloque international souhaitera ainsi
interroger l’ensemble de ces relations à partir d’une réflexion alliant une poétique de la bande
dessinée et un historique de ses formes telles qu’elles se sont développées au cœur de la
culture médiatique et des supports périodiques.
La séquence temporelle que nous envisageons pour ce colloque sera largement ouverte, du
XIXe siècle à aujourd’hui. Au XIXe siècle, la « civilisation du journal » (Kalifa, Reigner,
Thérenty et Vaillant 2011) a profondément renouvelé le rapport au monde et la représentation
du réel. La bande dessinée émerge au sein de cette nouvelle culture du regard et de l’image,
tôt théorisée par Rodolphe Töpffer (Groensteen 2014) puis pratiquée dans certains
périodiques par de grands précurseurs (Nadar, Doré, Cham). Accompagnée de la floraison de
la presse illustrée et satirique, le phénomène ira s’amplifiant au XXe siècle, tant sur le rythme
quotidien (et des suppléments illustrés) que périodique (ainsi de la série La Famille
Fenouillard de Christophe dans Le Petit Français illustré, ou encore des succès de L’Épatant
lancé en 1908). La voie sera ainsi ouverte à l’âge d’or des revues pour la jeunesse (Spirou,
Tintin, Pilote…) qui ont assuré depuis l’après-guerre le succès de la bande dessinée francobelge et en ont fait une véritable « médiaculture » (Maigret et Stefanelli 2012). Depuis une
quinzaine d’années enfin, le succès du reportage graphique, venu notamment des États-Unis
et du travail pionnier de Joe Sacco, a trouvé un prolongement dans certaines revues
d’actualités telles que XXI ou La Revue dessinée. Des revues consacrées à la bande dessinée
de fiction ont également vu récemment le jour, à l’image de Pandora, lancée par Casterman
presque vingt ans après l’interruption de son magazine (À suivre). Ces « mooks » s’adressent
il est vrai à un public adulte, mais 2016 a marqué la naissance de plusieurs revues de BDreportage destinées à la jeunesse : les éditions Dupuis publient depuis le mois de janvier 2016
un semestriel intitulé Groom, et La Revue dessinée a lancé au mois de septembre Topo, un
magazine d’actualité en bande dessinée pour les moins de 20 ans. Ces évolutions confirment
la capacité de la bande dessinée à se réinventer au contact étroit de la culture médiatique, ainsi
qu’un attachement au support papier qui vient s’ajouter aux expérimentations numériques.
Au cœur de cette histoire qui court sur près de deux siècles, notre colloque invitera les
participants à proposer des interventions éclairant un aspect de la relation entre bande
dessinée et culture médiatique. Nous ouvrons plus particulièrement trois axes de réflexion,
qui ne seront pourtant pas exclusifs, et dans lesquels les interventions pourraient s’inscrire :
1. Les imaginaires médiatiques : la bande dessinée est friande de représentations du monde
du journal (salles de rédaction, héros journalistes, petites scènes de la vie quotidienne et
personnages lisant des journaux). Elle n’hésite pas en outre à mettre en abyme le support
journal (présence de journaux fictifs dessinés dans les cases, enjeux narratifs et diégétiques
liés à la présence d’une culture médiatique au cœur même des aventures) : on sait que des
dessinateurs tels que Hergé (Les Aventures de Tintin) et Jacobs (Les Aventures de Blake et
Mortimer) sont coutumiers de tels procédés. Les interventions pourront ainsi viser à penser
cette construction d’imaginaires médiatiques, sans doute en phase avec l’essor d’une culture
de l’information et du reportage à partir des années 1920, jusqu’aux renversements narratifs
aujourd’hui opérés dans le reportage graphique.
2. Fictionnalisations graphiques de l’actualité : cette vogue du reportage dessinée
constituera également un aspect important du colloque. Le succès actuel de la livraison
graphique d’enquêtes de types journalistiques confirme la plasticité poétique de la bande
dessinée. Souvent engagée, cette nouvelle « fiction d’actualité » (Thérenty 2004) accompagne
les révolutions actuelles de l’information et situe la démarche enquêtrice au centre du
dispositif narratif. Elle paraît ainsi accompagner activement les nouveaux regards posés sur le
monde, mettant de l’avant un point de vue sensible et immergé, au cœur de l’expérience. Les
interventions chercheront à comprendre l’articulation poétique du reportage graphique, sa
liaison avec les grands enjeux sociaux et médiatiques, de même que ses racines historiques
(notamment avec le genre du grand reportage).
3. Poétique des supports : enfin, les participants seront invités à réfléchir aux effets des
supports sur la bande dessinée, afin de montrer en quoi les contraintes matérielles et
médiatiques ont été hier, et demeurent aujourd’hui encore aux sources de la poétique de la
bande dessinée. L’approche support permet probablement de revoir les enjeux de travail
collectif (la planche de BD est souvent un élément parmi un ensemble périodique et elle
engage sans doute des relations de coprésence avec les autres illustrations), de temporalité
(périodicité et dynamique du feuilleton), d’effet-rubrique (la BD occupant un espace bien
défini et proposant un rendez-vous régulier à ses lecteurs) ou encore de mise en recueil
(passage du périodique à l’album, engageant souvent un travail d’adaptation ou de reprise).
Les enjeux numériques pourraient être abordés sous cet angle.
Les interventions seront de 25 minutes. Les organisateurs du colloque invitent chercheurs et
étudiants à soumettre leurs propositions (250 mots + courte biographie) par courriel à Alexis
Lévrier et Guillaume Pinson avant la date du 31 décembre 2016.
Comité scientifique
Benoît Berthou (Université Paris 13, revue Comicalités)
Thierry Groensteen (École européenne supérieure de l’image, Angoulême et Poitiers)
Valérie Jeanne-Perrier (Celsa Paris-Sorbonne)
Philippe Kaenel (Université de Lausanne)
Björn Olaf-Dozo (Université de Liège)
Nathalie Preiss (Université de Reims)
Julien Schuh (Université de Reims)
Emmanuël Souchier (Celsa Paris-Sorbonne)
Bibliographie :
Benoît Berthou (dir.), La Bande dessinée : quelle lecture, quelle culture ?, Paris, Éditions de
la BPI, collection « Études et Recherches », 2015.
Will Eisner, Les Clés de la bande dessinée, Paris, Delcourt, 2009-2011 (t. I : La Bande
dessinée, art séquentiel, 2009 ; t. II : La narration, 2010 ; t. III : Les Personnages, 2011).
Thierry Groensteen, La Bande dessinée : son histoire et ses maîtres, Paris, Skira Flammarion,
Angoulême, Cité internationale de la bande dessinée et de l’image, 2009.
Thierry Groensteen, M. Töpffer invente la bande dessinée, Bruxelles, Les impressions
nouvelles, 2014.
Thierry Groensteen, Parodies. La bande dessinée au second degré, Paris, Flammarion, 2010.
Thierry Groensteen, Système de la bande dessinée, Paris, PUF coll. « Formes sémiotiques »,
1999 (vol. II : Bande dessinée et narration, Paris, PUF coll. « Formes sémiotiques », 2011).
Éric Maigret et Matteo Stefanelli (dir.), La Bande dessinée : une médiaculture, Paris, Armand
Colin, coll. « Médiacultures », 2012.
Scott McCloud, L’Art invisible, Paris, Vertige Graphic, 1999.
Scott McCloud, Réinventer la bande dessinée, Paris, Vertige Graphic, 2002.
Harry Morgan, Principes des littératures dessinées, Angoulême, L’An 2, 2003.
Benoît Mouchart, De la bande dessinée en France, Paris, Les Belles lettres, 2013.
Pascal Ory, Laurent Martin, Jean-Pierre Mercier, et al. (dir.), L’Art de la bande dessinée,
Paris, Citadelles & Mazenod, 2012.
Benoît Peeters, Lire la bande dessinée, Paris, Flammarion, coll. « Champs Arts », 1998, rééd.
2003.
Thierry Smolderen, Naissances de la bande dessinée : de William Hogarth à Winsor McCay,
Paris, Les Impressions nouvelles, 2009.
Marie-Ève Thérenty, « L’invention de la fiction d’actualité », dans Marie-Ève Thérenty et
Alain Vaillant (dir.), Presse et plumes. Journalisme et littérature au XIXe siècle, Paris,
Éditions Nouveau monde, 2004, p. 415-428.

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