ANALYSE D`EXTRAIT PHANTOM corrigé

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ANALYSE D`EXTRAIT PHANTOM corrigé
BOCQUART MAËL
ANALYSE D’EXTRAIT
DE
BRIAN DE PALMA
0’39’’17 à 0’43’’33
Phantom of the paradise est le 8ème long-métrage de Brian de Palma (voir
Biographie).Il le réalise en 1977 après un succès (Sisters en 1975).C’est un
thriller musical / rock-opera combinant des références littéraires dont le Faust de
Goethe, le portrait de Dorian Gray d’Oscar Wilde et le fantôme de l’opéra de
Gaston Leroux.
Résume du film :
Winslow Leach (William Finley), un jeune compositeur, se fait voler sa cantate
intitulée Faust par un certain Swan (Paul Williams), producteur démoniaque
d'une firme appelée "Death Records" et propriétaire d'une salle de spectacle, le
"Paradise"... Bien décidé à récupérer ses créations musicales, Winslow s'introduit
à "Death Records", mais Swan a donné des instructions visant à éloigner le
chanteur de son sanctuaire. Pas désespéré pour autant, Winslow va entrer dans
la salle des auditions. Là, il fera la connaissance et se prendra de sympathie avec
Phœnix (Jessica Harper), qui chante un extrait de sa cantate. Il est vite mis
dehors par les sbires de Swan, et il sera arrêté par deux policiers pour usage de
stupéfiants. Il est envoyé à la prison de Sing-Sing où il se fait arracher les dents
dans le cadre d'un programme de réinsertion. Devenu fou de rage après avoir
entendu à la radio d'un des gardiens sa version de Faust par un groupe rock, les
Juicy Fruits, Winslow s'évade de l'établissement pénitentiaire. Il s'introduit au
sein de la maison de disques, mais, poursuivi par un gardien, il trébuche, se fait
coincer la tête dans une énorme presse à disque et en ressort avec la tête à
moitié brûlée, imprimée définitivement de la marque du disque... Il sort de la
maison de disque, et plonge dans la rivière. Tout le monde le considère mort...
Quelques temps plus tard, Winslow réapparaît, devenu "The Phantom of the
Paradise"... Une bombe explose au "Paradise" pendant la répétition du spectacle.
C'est signé le Fantôme (Winslow Leach portant un costume de cuir avec une cape
et un masque d'oiseau de métal)...
Avant l’extrait :
Swan trouve un compromis avec Winslow : réécrire la cantate pour Phoenix,
choisi par Winslow pour le rôle titre et donc ne pas retarder le spectacle.Cela est
mis par écrit dans un contrat aux allures diaboliques, signés avec leur sang.
L’extrait :
L’extrait se situe juste après la signature.Winslow se met à la réécriture de la
cantate pendant que Swan cherche un interprète à la place de Phoenix .Il
surveille cependant l’avancée du travail de Winslow.
Il se situe au milieu presque exact du film.Il met en exergue les trois
personnages principaux du film, les liens qui les unissent et aussi leur pouvoir
d’action .Nous allons voir comment Brian de Palma crée l’intrigue latente autour
des personnages et plus profondément une réflexion critique chez le spectateur.
L’extrait est composé de 25 plans et dure 4 minutes 16 secondes environ. Il est
presque entièrement musical.
DES PERSONNAGES ET DES
LIENS
INTROSPECTION ET ANNONCIATION
QUI
SE
REVELENT,
Swan, le maître absolu
L’omniprésence de Swan saute aux yeux tout de suite qu’il soit à l’image ou
non, par son rapprochement à la couleur rouge .Le décor intérieur du Paradise
d’abord et la salle d’enregistrement notamment que l’on voit dans le plan 2.Le
rouge est aussi matérialisé par la bougie, l’ephemeride mais aussi par le veston
rouge de Swan. (Image 1 ; 2 ; 3 (voir documents annexes).Swan est un « fil
rouge » qui ne s’efface presque pas.
Celui-ci est aussi le maître du temps.Tout d’abord symbolisé par le disque d’or
(représentatif de l’industrie musicale) qui est une horloge (image 5) et aussi par
l’ephemeride.Swan maîtrise le temps également dans la structure de l’extrait .Il
crée une rupture dans la continuité musicale de Winslow en plein centre de
l’extrait et s’octroie le temps maximum d’une durée de plan.Il peut arrêter ou se
faire continuer le temps.
Swan est maître de l’espace également.Les « symboles Swaniens » (l’horloge,
l’ephemeride) quadrillent l’écran, prennent parfois la place d’autre objets ou
personnes, et se trouvent souvent au centre du plan (image 7).Swan est le seul
personnage qui peut évoluer entre l’espace rouge (le Paradise) et l’espace noir
(la salle où Winslow compose)(image 8 et 9) .Il met à l’écart qui il veut (ses
sbires, les gens) par un isolement choisi représenté par le symbole du cercle qui
traduit en même temps sa volonté de la perfection.Ce cercle est par exemple la
table/disque d’or (image 10) mais aussi le travelling/panoramique circulaire
pendant le casting.Sa maîtrise de l’espace se traduit aussi par sa maîtrise de la
camera : Elle suit ses faits et gestes ,jusqu’à suivre son regard (image 12 puis
image 13).La mise au point , les travellings , les panoramiques , tout cela tourne
autour de la dynamique de Swan.Il contrôle notre point de vue sur ses
interventions.Il maîtrise la lumière et met d’ailleurs en lumière ceux qu’il veut.
(Image 28 29 30 31 32 33).
Swan est le maître du travail de Winslow.La bougie qui s’étale sur les partitions
représente cette emprise sur la création de Winslow.La rupture dans la musique
effectuée par Swan traduit cela également.Il est aussi le seul qui ait la parole et
il détient la parole de Winslow sur la bande magnétique.Swan extrait la partition
des mains de Winslow (Image 15 16 17 ) :nous avons une amorce de Winslow
(sa main )mais on ne le voit pas , il s’efface devant Winslow comme à l’image.La
maîtrise du travail de Winslow s’accomplit dans le fait qu’ il applique celui-ci aux
chanteurs qui passent le casting.
Swan, à travers sa maîtrise de l’espace-temps, mais aussi des personnages et
des objets précieux de l’intrigue, démontre sa puissance et son monopole face à
l’histoire et face aux personnages.Aux dépens de Winslow qui est dans un conflit
latent dans cet extrait pour survivre.
Winslow, l’anti-héros
Winslow est un personnage isolé et impuissant.Perdu dans le cadre, isolé par
le noir , il est enfermé à l’image comme il l’est dans l’intrigue.Il est écrasé même
par le manque de profondeur de champ (image 27).Il semble créer sa propre
lumière (Image 18) , métaphore d’une certaine création artistique , mais en fait
c’est Swan qui isole Winslow par le noir et la lumière ( Image 12 ).Winslow se
bat pour être dans le cadre dont il semble souvent éjecté ou inséré.Il n’a pas la
maîtrise de la camera.Par exemple quand il allume la bougie la camera suit
l’allumette et après il rentre dans le cadre qui s’est fixé sur la bougie.Winslow est
toujours décalé et mal à l’aise dans l’image.
Winslow entretien des liens étroits et ambigus.
Avec Swan tout d’abord, le fait d’être lié par contrat est clairement mis en
scène.Les liens entre eux sont nombreux comme la continuité de la fumée (
cigare/allumette ) qui nous dévoile deux conceptions du feu dans le temps, mais
aussi par les concordances évidentes :Swan semble être le négatif de Winslow ,
par la concordance et l’inversion des couleurs (rouge/noir ;noir/rouge , Image 1
et 2) mais aussi par la superposition de leur tête dans le fondu enchaîné entre le
plan 2 et 3( image 20) .Malgré leurs convictions opposées ils sont liés et pas si
différent puisque Winslow a pactisé avec le « diable », devenant ainsi
diabolique.Les fondus enchaînés nombreux créent ce lien intime et la continuité
entre eux.
Avec Phoenix, Winslow n’est jamais superposé (sauf une fois à la fin de l’extrait
mais c’est imparfait, elle semble être trop imposante pour lui et penchée vers
une direction opposée, image 24). Ils sont mis l’un à cote de l’autre ou
alternativement à l’image (image 22).De plus elle apparaît brièvement, souvent
oppressée par les « symboles swaniens ».Le splitscreen (qui est en fait une
superposition, image 25) représente l’image de Phoenix se développant dans le
cœur ou la tête de Winslow,menacée par Swan.Mais cela traduit aussi leur
incompatibilité « superpositionnelle » qui fait qu’ils ne connaissent ni l’un et
l’autre la réalité de chacun.Elle est souvent combinée à l’écriture (image 21) par
les fondus enchaînés et l’on comprend qu’elle motive Winslow.Le lien entre
Winslow et Phoenix est fort mais semble impossible concrètement.
Winslow entretient un lien avec le spectateur.Il détient le temps maximum au
niveau de l’apparition et l’on suit son travail au fil de la musique.Le spectateur
suit le processus de création en même temps que ses sentiments.Le spectateur
crée le lien avec Swan et Phoenix et joue un quatrième spectateur
inconsciemment qui fait le lien entre tous.Par le regard camera de Phoenix et la
mise en scène visuelle , il fait le lien entre elle et lui ,et d’une certaine manière
s’identifie , autant qu’il s’identifie à Swan qui maîtrise le point de vue
techniquement.
Winslow est à la merci de l’extérieur, maîtrisé par Swan, et de l’intérieur qui
ressort par l’intermédiaire de l’image de Phoenix et de la position instable et
décalé de Winslow.Le spectateur est le témoin du malaise qui le lie aux autres
personnages.
Introspection et Annonciation
L’introspection est le moteur de l’extrait.Elle est introduite grâce aux
travellings avants sur les personnages ,souvent combinés à des fondus enchaînés
ou des plans en plongée, mais aussi assuré par le flash-back sonore de Swan au
début de l’extrait.Elle est aussi assurée par la continuité de la musique et du
sens des paroles ( « Come together in me now »,voir documents annexes).Grâce
à la mise en scène visuelle et sonore et grâce à la structure de l’extrait ,
l’introspection ici révèle les sentiments et les objectifs des personnages
(motivations , projections) tout en créant des liens importants entre eux.La
caractérisation des personnages plus cette plongée dans leurs perceptions ,
pensées et sentiments amene le spectateur à jouer un rôle : il devient témoin
mais du fait qu’il est aussi manipulé (par Swan et/ou Brian De Palma) il doit
prendre le recul pour entamer une réflexion critique.
L’annonciation ( dans le sens d’annoncer quelque chose qui pourrait se
produire dans un futur) de l’intrigue se base sur le fait que cet extrait nous
synthétise l’intrigue principale articulée entre ces trois personnages à travers
l’introspection et la création musicale (créatrice de l’intrigue).
Ainsi Phoenix habillée de noir et apparemment de plumes est une image de
Winslow, un double également manipulé par Swan (image 23).Mais peut-être
est-il, lui Winslow,une image d’elle plus tard, quand la pureté aura disparu, fanée
par la répétition et la surcharge (surcharges d’effets : les couches perdent de
leur esthétisme, image 27), c’est-à-dire quand Swan en aura tiré toute l’essence
(il lui demande plus tôt dans le film qu’elle lui donne sa voix (pure et parfaite)).
La répétition de l’image de Phoenix dans la structure et le fait qu’elle ait presque
autant de temps à l’image que Swan fait qu’elle est l’obsession de Winslow et
jusqu’à la fin elle sera engagée dans un combat.Sa couleur noire, son regard
profond et sa posture immobile appelle au deuil et présage l’issu du combat, la
mort d’un des personnages.Le seul regard non-camera (et avec une certaine
pitié) sera d’ailleurs pour Winslow.
La bougie, représentative du temps qui passe et de Swan annonce, en plus de
l’emprise de Swan sur la cantate, la déformation effectuée par le temps et celle
effectuée sur le visage de Swan à la fin du film. (Image 34 et 35).Elle annonce
aussi la mort par sa forme finale proche de la flaque de sang (image 14).
Swan se révèle énormément dans cet extrait :outre toutes les marques visuelles
, il est dans la lumière alors qu’il était jusqu’à présent tapis dans l’ombre , caché
dans l’obscurité.Comme un animal , il sort de l’ombre pour frapper.Sa trahison
(qui est le casting d’un autre interprète que Phoenix pour la cantate ) s’en trouve
renforcer.Placé sous des lumières évidentes et artificielles (image 1 , 9 , 10 ) sa
fausseté ( auréole lumineuse alors qu’il est diabolique ) s’accentue.
L’extrait fait donc charnière de l’intrigue tout en la redynamisant par
l’accentuation mise sur la construction triangulaire entre Swan, Winslow et
Phoenix.Il annonce implicitement l’inévitable et prend donc le spectateur a parti,
pour l’emmener au-delà de ce qu’il voit.
UNE LIAISON SUPPLEMENTAIRE, ENTRE LE REALISATEUR, LE
SPECTATEUR ET LES PERSONNAGES.
Un jeu de point de vue
L’identification aux personnages est forte , par la proximité dans l’échelle des
plans choisie.Leur isolement (de tous à différents niveaux ) oriente le regard vers
l’intérieur pour une compréhension des motivations des personnages et pour être
complice de l’intrigue .L’extrait ,se basant sur l’introspection, délimite un espace
circonscrit que le spectateur doit détailler.Il doit en voir assez à l’intérieur pour
ne pas ressentir le besoin de voir à l’extérieur.Il n’y a d’ailleurs dans l’extrait
presque aucune notion de hors champ et de questionnement du spectateur sur
celui-ci.Le grand nombre de caractères propres aux personnages l’encourage.
Brian de Palma met en scène le regard à l’image de Swan.Il contrôle le
spectateur tout en lui faisant croire qu’il a le choix (split-screen, différentes
couches de lecture (image 27), mise en scène du cadre).Ceci est à mettre en
parallèle avec le travail de Brian de Palma sur la mise en abîme.
La mise en abîme
Les références littéraires (Faust dans Faust par exemple) et le spectacle dans le
spectacle initient d’emblée cette notion de mise en abîme qui ponctue tout le
film.Dans l’extrait,ceci est caractérisé par la multiplication des cadres , des objets
mais aussi par la construction hiérarchique et sentimentale entre les
personnages.
La musique joue un rôle important également car elle est interprété à plusieurs
niveaux.Par Winslow qui la crée dans l’histoire et dont le texte est directement
représentatif de la situation , c’est-à-dire de son sacrifice pour Phoenix et de leur
incompatibilité (« The beauty and the Beast » est le titre de la chanson ,voir
documents annexes).A un deuxième niveau , elle est chantée par le compositeur
des musiques du film , Paul Williams , qui joue également le personnage de
Swan.A un troisième niveau elle est détournée par Swan et chantée par les
différents groupes du casting qui restent dans la continuité du texte (et donc de
ce que chante Winslow).
En manipulant le regard et le point de vue du spectateur et en jouant avec
différents niveaux de lecture et d’interprétations, alors qu’on est dans une
introspection des personnages et de l’intrigue, Brian de palma cherche à créer un
conflit chez le spectateur, pour l’amener à une réflexion autour de la critique d’un
système.
Une critique d’un système
L’extrait présente la construction d’un spectacle à plusieurs niveaux et les
problèmes intérieurs et extérieurs qui en résultent, avec une construction typique
du triangle producteur , compositeur , interprète.La réflexion se porte sur l’acte
créateur , sa revendication et sa motivation dans un monde où l’argent et le
pouvoir donnent la maîtrise absolu (Swan).nous voyons concrètement les
transformations , les évolutions et les difficultés subites par les personnages
(mutilation,trahison,manipulation,déchéance,destruction).
Elle se porte aussi sur l’isolement de l’auteur (projection de Brian de Palma) et la
sensation
claustrophobique,
oppressante
effectué
par
un
système
(Hollywood=Swan) qui crée, recrée les modes, recycle au dépens du créateur
(casting de Swan qui parcourt plusieurs genres/modes/styles de musique en
quelques secondes pour finalement arriver à un style destructeur/imparfait mais
assurant le spectacle et donc la rentabilisation).La surenchère d’effets dans
l’extrait traduit cette sensation (La question du renouvellement dans le cinéma
hollywoodien est forte à l’époque de Phantom of the Paradise).
C’est finalement une critique du spectateur, au-delà de cet extrait, qui par son
voyeurisme (spectateur = témoin volontaire), son exigence du renouveau et de
la démesure participe à la perte de la vision de Palmienne du créateur.Dans
l’extrait Swan maîtrise l’œuvre de Winslow qui, lui, croit en d’autres valeurs,
représentées par Phoenix.Nous, spectateur, sommes témoin de leur malaise mais
nous nous en délectons d’une certaine manière.
Brian de Palma est bien conscient qu’il fait parti de ce système et c’est à travers
ces thèmes de l’introspection, de la mise en abîme et du voyeurisme, en plus de
sa position face à la caractérisation de ces personnages principaux qu’il prend le
recul nécessaire à la remise en question et le propose aux spectateurs.
A travers cet extrait , Brian de Palma synthétise l’intrigue et le triangle des
personnages.L’extrait au milieu du film assure la continuité des personnages
dans leurs objectifs malgré les rapprochements et les éloignements qui
succèdent à l’extrait.Swan trahira de par sa nature démoniaque , Winslow se
donnera et sera manipulé tout comme phoenix naïve et finalement abusé tel le
spectateur.C’est un moment de poésie où la violence des conflits internes
s’annonce , à travers les forces et les dynamiques propres aux trois
personnages.De plus , Brian de Palma parvient en 4 minutes à caricaturer toute
une
industrie
musicale
qu’il
transpose
implicitement
à
l’industrie
cinématographique.Phantom of the paradise est aujourd’hui un film culte et un
succès incontestable par sa construction plastique et narrative , beaucoup
influencé mais originalement adapté , et par sa portée et les questions qu’il
soulève , encore aujourd’hui.
DOCUMENTS ANNEXES
IMAGES :
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BIOGRAPHIE et FILMOGRAPHIE DE BRIAN DE PALMA
Brian De Palma est né le 11 septembre 1940 à Newark dans le New Jersey, d'un
père chirurgien orthopédiste et d'une mère très croyante, et avec un frère aîné,
Bruce, extrêmement influent qui mourra dans les années 90. Le jeune Brian
cultive très tôt une passion pour la physique dont il décide de faire sa spécialité.
Adolescent, il était fasciné par l'astronomie et fan des films de science-fiction. Il
conçoit lui-même des ordinateurs et, à dix-sept ans, il reçoit une médaille d'or
pour une thèse sur "l'application de la cybernétique à la résolution d'équations
différentielles". Il obtient le divorce de ses parents en surprenant son père dans
les bras d'une autre femme, après l'avoir suivi pendant un temps avec un
appareil photo et autres appareils d'enregistrement.
Il entre à l'Université Columbia de New York, dans le but d'achever sa formation
et de devenir astrophysicien, mais à dix-huit ans, fortement marqué par la vision
de VERTIGO d'Alfred Hitchcock, Brian laisse tomber la physique et se consacre
alors pour le théâtre, puis le cinéma...
En 1960, il réalise son premier moyen métrage: ICARUS, suivi de 6601224, THE
STORY OF AN IBM CARD et WOTON'S WAKE, pour lequel il remporte plusieurs
prix. Au cours de ses études au Sarah Lawrence College, De Palma aborde le
long-métrage avec THE WEDDING PARTY, comédie semi-improvisée qui marque
les débuts à l'écran de Robert De Niro et Jill Clayburgh. Après ce premier essai, il
poursuit son apprentissage sur divers documentaires et courts métrages dont
THE RESPONSIVE EYE consacré à une exposition d'Op Art au Musée d'Art
Moderne de New York. En 1967, il revient au long métrage avec MURDER A LA
MOD, thriller sophistiqué émaillé de références hitchcockiennes.
L'euphorie contestataire des années soixante inspire De Palma. Se questionnant
finalement sur les paradoxes artificiels de la société américaine et l'absurdité de
la guerre du Vietnam, il réalise les comédies satiriques GREETINGS (Ours
d'Argent au Festival de Berlin) et HI! MOM, qui l'imposent parmi les jeunes
talents de la Nouvelle Vague américaine. Entre-temps, il réalise DYONISUS IN
'69, film-documentaire sur un happening filmé en écran partagé, technique qu'il
reprendra dans plusieurs de ses films.
Avec Margot KidderLes grands studios hollywoodiens commencent alors à
s'intéresser à lui, et on lui offre de réaliser une comédie, GET TO KNOW YOUR
RABBIT, avec Tom Smothers, Katharine Ross et Orson Welles. Puis c'est avec
une modeste production indépendante : SISTERS, que De Palma connaît son
premier grand succès. Rompant avec le style semi-improvisé de ses précédents
films, il affirme là d'exceptionnelles qualités d'écriture, un sens de la
construction, du cadrage et du rythme digne des meilleurs réalisateurs
hollywoodiens. La consécration artistique arrivera deux ans après ce coup de
maître, De Palma signe le thriller musical PHANTOM OF THE PARADISE qui
remporte en 1975 le Grand Prix du Festival d'Avoriaz. En 1976, il écrit (avec Paul
Schrader) et réalise OBSESSION, thriller romantique interprété par Cliff
Robertson et Geneviève Bujold, puis porte à l'écran CARRIE, qui remporte un
triomphe international et vaut une nomination à l'oscar pour Sissy Spacek et
Piper Laurie. Le film, qui révèle Nancy Allen, John Travolta et Amy Irving, restera
l'une des plus brillantes transpositions de l'œuvre de Stephen King ; sa célèbre
séquence finale et certains de ses procédés ont été depuis largement imités.
En 1977, De Palma dirige Kirk Douglas, John Cassavetes et Amy Irving dans THE
FURY, film d'espionnage mêlant occultisme et politique-fiction. En 1978 il réalise
HOME MOVIES, comédie semi-autobiographique avec Kirk Douglas et Nancy
Allen, avec le concours de ses étudiants en cinéma de Sarah Lawrence College. Il
se fait vite une réputation d'affreux jojo du cinéma US avec la série de films
ultra-violents et provocateurs qui suivront, peuplés de meurtres à la
tronçonneuse ou à la perceuse, et de perversions sexuelles gratinées, avec
notamment DRESSED TO KILL qu'il réalise en 1980, interprété par Michael Caine,
Nancy Allen, et Angie Dickinson. Puis avec BLOW OUT qu'il écrit et met en scène,
le film explore avec brio deux des thèmes dominants de son oeuvre: voyeurisme
et manipulation. En 1982, Brian De Palma réalise une nouvelle version, baroque
et hyper-violente de SCARFACE sur un scénario d'Oliver Stone avec Al Pacino et
Michelle Pfeiffer. En 1984, il signe BODY DOUBLE qui offre son premier grand rôle
à Melanie Griffith dans un des meilleurs thrillers de son auteur. Abandonnant
temporairement ce genre qui a fait sa réputation, il réalise THE UNTOUCHABLES,
d'après la célèbre série télévisée. Marquant le début d'une collaboration de De
Palma avec Ennio Morricone pour encore deux films, le film vaudra l'Oscar à
Sean Connery et lancera simultanément Kevin Costner et Andy Garcia. En 1989,
il dirige Michael J. Fox et Sean Penn dans le film de guerre CASUALTIES OF WAR.
En 1990, il adapte le roman de Tom Wolfe THE BONFIRE OF THE VANITIES, avec
Tom Hanks, Melanie Griffith et Bruce Willis. Le film sera un immense fiasco
financier et critique, le plus difficile de la carrière de De Palma.
Cet esprit se voulant désespérément libre s'est alors risqué à de nouvelles
expériences toujours impressionnantes du point de vue artistique, retournant au
thriller en 1992 avec RAISING CAIN qu'interprètent John Lithgow et Lolita
Davidovitch, puis dirigeant Al Pacino dans ce qui est considéré à juste titre
comme l'un des meilleurs polars des années 90, CARLITO'S WAY, et réunissant,
en 1996, Tom Cruise, Jon Voight, Emmanuelle Béart et Jean Réno dans
MISSION: IMPOSSIBLE, hommage à la série culte qui connaîtra un succès
international (le plus gros succès de sa filmographie à ce jour). Il sera suivi du
thriller SNAKE EYES, interprété par Nicolas Cage et Gary Sinise, dont le premier
plan est impressionnant de virtuosité. Puis, en 2000, sort son premier film de
science-fiction: MISSION TO MARS, interprété par Gary Sinise, Tim Robbins, Don
Cheadle et Connie Nielsen. Le film est descendu par la critique et le public ne suit
pas. De Palma s'installe en France, parcours Paris en mobylette et décide d'y
tourner un film sur les mésaventures d'une manipulatrice. Marquant son retour
au thriller érotique, ce sera FEMME FATALE, sorti en 2002, avec Rebecca Romijn
et Antonio Banderas, démarrant sur un audacieux vol de bijoux au Palais des
Festivals de Cannes.
Trois années sans réalisation viennent de s'écouler, et Brian De Palma met en
scène en ce moment LE DAHLIA NOIR d'après le roman de James Ellroy - un film
très attendu par les fans d'un cinéaste qui n'a jamais cessé d'être créatif, après
quarante-cinq ans de carrière, et dont le désir de faire du cinéma reste intact...
COURTS-MÉTRAGES DE FICTION
Icarus (1960)
660214, The Story Of An IBM Card (1961)
Woton's Wake (1962)
Jennifer (1964)
DOCUMENTAIRES
Mod (inachevé, 1964)
Bridge That Gap (1965)
Show Me A Strong Town And I'll Show You A Strong Bank (1966)
The Responsive Eye (1966)
LONGS-MÉTRAGES
The Wedding Party (1964-66)
Murder à la Mod (1967)
Greetings (1968)
Dionysus in '69 (1969)
Hi! Mom (1970)
Get to Know your Rabbit (1972)
Sisters (1973)
Phantom of the Paradise (1974)
Obsession (1975)
Carrie (1977)
Furie (1978)
Home Movies (1979)
Dressed to Kill (1980)
Blow Out (1981)
Scarface (1983)
Body Double (1984)
Wise Guys (1986)
The Untouchables (1987)
Casualties of War (1988)
The Bonfire of the Vanities (1990)
Raising Cain (1992)
Carlito's Way (1993)
Mission: Impossible (1996)
Snake Eyes (1998)
Mission to Mars (2000)
Femme Fatale (2002)
Phantom's Theme (Beauty and the Beast)
Half asleep I hear a voice
Is it only in my mind
Or is it someone calling me someone I failed and left behind
To work it out I let them in
All the good guys and the bad guys that I've been
All the devils that disturbed me and the angels that defeated them somehow
Come together in me now
Face to face I greet the cast
Set in silence we begin
Companions in an empty room I taste their victory and sin
To work it out I let them in
All the good guys and the bad guys that I've been
All the devils that disturbed me and the angels that defeated them somehow
Come together in me now
A tale of beauty and the beast
I defend my soul from those who would accuse me
I share the famine and the feast
I have been the world and felt it turning seen the jester yearning to amuse me
Like a circus on parade
Seldom close enough to see
I wander through an angry crowd and wonder what became of me
To work it out I let them in
All the good guys and the bad guys that I've been
All the devils that disturbed me and the angels that defeated them somehow
Come together in me now

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