ANALYSE D`EXTRAIT PHANTOM corrigé
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ANALYSE D`EXTRAIT PHANTOM corrigé
BOCQUART MAËL ANALYSE D’EXTRAIT DE BRIAN DE PALMA 0’39’’17 à 0’43’’33 Phantom of the paradise est le 8ème long-métrage de Brian de Palma (voir Biographie).Il le réalise en 1977 après un succès (Sisters en 1975).C’est un thriller musical / rock-opera combinant des références littéraires dont le Faust de Goethe, le portrait de Dorian Gray d’Oscar Wilde et le fantôme de l’opéra de Gaston Leroux. Résume du film : Winslow Leach (William Finley), un jeune compositeur, se fait voler sa cantate intitulée Faust par un certain Swan (Paul Williams), producteur démoniaque d'une firme appelée "Death Records" et propriétaire d'une salle de spectacle, le "Paradise"... Bien décidé à récupérer ses créations musicales, Winslow s'introduit à "Death Records", mais Swan a donné des instructions visant à éloigner le chanteur de son sanctuaire. Pas désespéré pour autant, Winslow va entrer dans la salle des auditions. Là, il fera la connaissance et se prendra de sympathie avec Phœnix (Jessica Harper), qui chante un extrait de sa cantate. Il est vite mis dehors par les sbires de Swan, et il sera arrêté par deux policiers pour usage de stupéfiants. Il est envoyé à la prison de Sing-Sing où il se fait arracher les dents dans le cadre d'un programme de réinsertion. Devenu fou de rage après avoir entendu à la radio d'un des gardiens sa version de Faust par un groupe rock, les Juicy Fruits, Winslow s'évade de l'établissement pénitentiaire. Il s'introduit au sein de la maison de disques, mais, poursuivi par un gardien, il trébuche, se fait coincer la tête dans une énorme presse à disque et en ressort avec la tête à moitié brûlée, imprimée définitivement de la marque du disque... Il sort de la maison de disque, et plonge dans la rivière. Tout le monde le considère mort... Quelques temps plus tard, Winslow réapparaît, devenu "The Phantom of the Paradise"... Une bombe explose au "Paradise" pendant la répétition du spectacle. C'est signé le Fantôme (Winslow Leach portant un costume de cuir avec une cape et un masque d'oiseau de métal)... Avant l’extrait : Swan trouve un compromis avec Winslow : réécrire la cantate pour Phoenix, choisi par Winslow pour le rôle titre et donc ne pas retarder le spectacle.Cela est mis par écrit dans un contrat aux allures diaboliques, signés avec leur sang. L’extrait : L’extrait se situe juste après la signature.Winslow se met à la réécriture de la cantate pendant que Swan cherche un interprète à la place de Phoenix .Il surveille cependant l’avancée du travail de Winslow. Il se situe au milieu presque exact du film.Il met en exergue les trois personnages principaux du film, les liens qui les unissent et aussi leur pouvoir d’action .Nous allons voir comment Brian de Palma crée l’intrigue latente autour des personnages et plus profondément une réflexion critique chez le spectateur. L’extrait est composé de 25 plans et dure 4 minutes 16 secondes environ. Il est presque entièrement musical. DES PERSONNAGES ET DES LIENS INTROSPECTION ET ANNONCIATION QUI SE REVELENT, Swan, le maître absolu L’omniprésence de Swan saute aux yeux tout de suite qu’il soit à l’image ou non, par son rapprochement à la couleur rouge .Le décor intérieur du Paradise d’abord et la salle d’enregistrement notamment que l’on voit dans le plan 2.Le rouge est aussi matérialisé par la bougie, l’ephemeride mais aussi par le veston rouge de Swan. (Image 1 ; 2 ; 3 (voir documents annexes).Swan est un « fil rouge » qui ne s’efface presque pas. Celui-ci est aussi le maître du temps.Tout d’abord symbolisé par le disque d’or (représentatif de l’industrie musicale) qui est une horloge (image 5) et aussi par l’ephemeride.Swan maîtrise le temps également dans la structure de l’extrait .Il crée une rupture dans la continuité musicale de Winslow en plein centre de l’extrait et s’octroie le temps maximum d’une durée de plan.Il peut arrêter ou se faire continuer le temps. Swan est maître de l’espace également.Les « symboles Swaniens » (l’horloge, l’ephemeride) quadrillent l’écran, prennent parfois la place d’autre objets ou personnes, et se trouvent souvent au centre du plan (image 7).Swan est le seul personnage qui peut évoluer entre l’espace rouge (le Paradise) et l’espace noir (la salle où Winslow compose)(image 8 et 9) .Il met à l’écart qui il veut (ses sbires, les gens) par un isolement choisi représenté par le symbole du cercle qui traduit en même temps sa volonté de la perfection.Ce cercle est par exemple la table/disque d’or (image 10) mais aussi le travelling/panoramique circulaire pendant le casting.Sa maîtrise de l’espace se traduit aussi par sa maîtrise de la camera : Elle suit ses faits et gestes ,jusqu’à suivre son regard (image 12 puis image 13).La mise au point , les travellings , les panoramiques , tout cela tourne autour de la dynamique de Swan.Il contrôle notre point de vue sur ses interventions.Il maîtrise la lumière et met d’ailleurs en lumière ceux qu’il veut. (Image 28 29 30 31 32 33). Swan est le maître du travail de Winslow.La bougie qui s’étale sur les partitions représente cette emprise sur la création de Winslow.La rupture dans la musique effectuée par Swan traduit cela également.Il est aussi le seul qui ait la parole et il détient la parole de Winslow sur la bande magnétique.Swan extrait la partition des mains de Winslow (Image 15 16 17 ) :nous avons une amorce de Winslow (sa main )mais on ne le voit pas , il s’efface devant Winslow comme à l’image.La maîtrise du travail de Winslow s’accomplit dans le fait qu’ il applique celui-ci aux chanteurs qui passent le casting. Swan, à travers sa maîtrise de l’espace-temps, mais aussi des personnages et des objets précieux de l’intrigue, démontre sa puissance et son monopole face à l’histoire et face aux personnages.Aux dépens de Winslow qui est dans un conflit latent dans cet extrait pour survivre. Winslow, l’anti-héros Winslow est un personnage isolé et impuissant.Perdu dans le cadre, isolé par le noir , il est enfermé à l’image comme il l’est dans l’intrigue.Il est écrasé même par le manque de profondeur de champ (image 27).Il semble créer sa propre lumière (Image 18) , métaphore d’une certaine création artistique , mais en fait c’est Swan qui isole Winslow par le noir et la lumière ( Image 12 ).Winslow se bat pour être dans le cadre dont il semble souvent éjecté ou inséré.Il n’a pas la maîtrise de la camera.Par exemple quand il allume la bougie la camera suit l’allumette et après il rentre dans le cadre qui s’est fixé sur la bougie.Winslow est toujours décalé et mal à l’aise dans l’image. Winslow entretien des liens étroits et ambigus. Avec Swan tout d’abord, le fait d’être lié par contrat est clairement mis en scène.Les liens entre eux sont nombreux comme la continuité de la fumée ( cigare/allumette ) qui nous dévoile deux conceptions du feu dans le temps, mais aussi par les concordances évidentes :Swan semble être le négatif de Winslow , par la concordance et l’inversion des couleurs (rouge/noir ;noir/rouge , Image 1 et 2) mais aussi par la superposition de leur tête dans le fondu enchaîné entre le plan 2 et 3( image 20) .Malgré leurs convictions opposées ils sont liés et pas si différent puisque Winslow a pactisé avec le « diable », devenant ainsi diabolique.Les fondus enchaînés nombreux créent ce lien intime et la continuité entre eux. Avec Phoenix, Winslow n’est jamais superposé (sauf une fois à la fin de l’extrait mais c’est imparfait, elle semble être trop imposante pour lui et penchée vers une direction opposée, image 24). Ils sont mis l’un à cote de l’autre ou alternativement à l’image (image 22).De plus elle apparaît brièvement, souvent oppressée par les « symboles swaniens ».Le splitscreen (qui est en fait une superposition, image 25) représente l’image de Phoenix se développant dans le cœur ou la tête de Winslow,menacée par Swan.Mais cela traduit aussi leur incompatibilité « superpositionnelle » qui fait qu’ils ne connaissent ni l’un et l’autre la réalité de chacun.Elle est souvent combinée à l’écriture (image 21) par les fondus enchaînés et l’on comprend qu’elle motive Winslow.Le lien entre Winslow et Phoenix est fort mais semble impossible concrètement. Winslow entretient un lien avec le spectateur.Il détient le temps maximum au niveau de l’apparition et l’on suit son travail au fil de la musique.Le spectateur suit le processus de création en même temps que ses sentiments.Le spectateur crée le lien avec Swan et Phoenix et joue un quatrième spectateur inconsciemment qui fait le lien entre tous.Par le regard camera de Phoenix et la mise en scène visuelle , il fait le lien entre elle et lui ,et d’une certaine manière s’identifie , autant qu’il s’identifie à Swan qui maîtrise le point de vue techniquement. Winslow est à la merci de l’extérieur, maîtrisé par Swan, et de l’intérieur qui ressort par l’intermédiaire de l’image de Phoenix et de la position instable et décalé de Winslow.Le spectateur est le témoin du malaise qui le lie aux autres personnages. Introspection et Annonciation L’introspection est le moteur de l’extrait.Elle est introduite grâce aux travellings avants sur les personnages ,souvent combinés à des fondus enchaînés ou des plans en plongée, mais aussi assuré par le flash-back sonore de Swan au début de l’extrait.Elle est aussi assurée par la continuité de la musique et du sens des paroles ( « Come together in me now »,voir documents annexes).Grâce à la mise en scène visuelle et sonore et grâce à la structure de l’extrait , l’introspection ici révèle les sentiments et les objectifs des personnages (motivations , projections) tout en créant des liens importants entre eux.La caractérisation des personnages plus cette plongée dans leurs perceptions , pensées et sentiments amene le spectateur à jouer un rôle : il devient témoin mais du fait qu’il est aussi manipulé (par Swan et/ou Brian De Palma) il doit prendre le recul pour entamer une réflexion critique. L’annonciation ( dans le sens d’annoncer quelque chose qui pourrait se produire dans un futur) de l’intrigue se base sur le fait que cet extrait nous synthétise l’intrigue principale articulée entre ces trois personnages à travers l’introspection et la création musicale (créatrice de l’intrigue). Ainsi Phoenix habillée de noir et apparemment de plumes est une image de Winslow, un double également manipulé par Swan (image 23).Mais peut-être est-il, lui Winslow,une image d’elle plus tard, quand la pureté aura disparu, fanée par la répétition et la surcharge (surcharges d’effets : les couches perdent de leur esthétisme, image 27), c’est-à-dire quand Swan en aura tiré toute l’essence (il lui demande plus tôt dans le film qu’elle lui donne sa voix (pure et parfaite)). La répétition de l’image de Phoenix dans la structure et le fait qu’elle ait presque autant de temps à l’image que Swan fait qu’elle est l’obsession de Winslow et jusqu’à la fin elle sera engagée dans un combat.Sa couleur noire, son regard profond et sa posture immobile appelle au deuil et présage l’issu du combat, la mort d’un des personnages.Le seul regard non-camera (et avec une certaine pitié) sera d’ailleurs pour Winslow. La bougie, représentative du temps qui passe et de Swan annonce, en plus de l’emprise de Swan sur la cantate, la déformation effectuée par le temps et celle effectuée sur le visage de Swan à la fin du film. (Image 34 et 35).Elle annonce aussi la mort par sa forme finale proche de la flaque de sang (image 14). Swan se révèle énormément dans cet extrait :outre toutes les marques visuelles , il est dans la lumière alors qu’il était jusqu’à présent tapis dans l’ombre , caché dans l’obscurité.Comme un animal , il sort de l’ombre pour frapper.Sa trahison (qui est le casting d’un autre interprète que Phoenix pour la cantate ) s’en trouve renforcer.Placé sous des lumières évidentes et artificielles (image 1 , 9 , 10 ) sa fausseté ( auréole lumineuse alors qu’il est diabolique ) s’accentue. L’extrait fait donc charnière de l’intrigue tout en la redynamisant par l’accentuation mise sur la construction triangulaire entre Swan, Winslow et Phoenix.Il annonce implicitement l’inévitable et prend donc le spectateur a parti, pour l’emmener au-delà de ce qu’il voit. UNE LIAISON SUPPLEMENTAIRE, ENTRE LE REALISATEUR, LE SPECTATEUR ET LES PERSONNAGES. Un jeu de point de vue L’identification aux personnages est forte , par la proximité dans l’échelle des plans choisie.Leur isolement (de tous à différents niveaux ) oriente le regard vers l’intérieur pour une compréhension des motivations des personnages et pour être complice de l’intrigue .L’extrait ,se basant sur l’introspection, délimite un espace circonscrit que le spectateur doit détailler.Il doit en voir assez à l’intérieur pour ne pas ressentir le besoin de voir à l’extérieur.Il n’y a d’ailleurs dans l’extrait presque aucune notion de hors champ et de questionnement du spectateur sur celui-ci.Le grand nombre de caractères propres aux personnages l’encourage. Brian de Palma met en scène le regard à l’image de Swan.Il contrôle le spectateur tout en lui faisant croire qu’il a le choix (split-screen, différentes couches de lecture (image 27), mise en scène du cadre).Ceci est à mettre en parallèle avec le travail de Brian de Palma sur la mise en abîme. La mise en abîme Les références littéraires (Faust dans Faust par exemple) et le spectacle dans le spectacle initient d’emblée cette notion de mise en abîme qui ponctue tout le film.Dans l’extrait,ceci est caractérisé par la multiplication des cadres , des objets mais aussi par la construction hiérarchique et sentimentale entre les personnages. La musique joue un rôle important également car elle est interprété à plusieurs niveaux.Par Winslow qui la crée dans l’histoire et dont le texte est directement représentatif de la situation , c’est-à-dire de son sacrifice pour Phoenix et de leur incompatibilité (« The beauty and the Beast » est le titre de la chanson ,voir documents annexes).A un deuxième niveau , elle est chantée par le compositeur des musiques du film , Paul Williams , qui joue également le personnage de Swan.A un troisième niveau elle est détournée par Swan et chantée par les différents groupes du casting qui restent dans la continuité du texte (et donc de ce que chante Winslow). En manipulant le regard et le point de vue du spectateur et en jouant avec différents niveaux de lecture et d’interprétations, alors qu’on est dans une introspection des personnages et de l’intrigue, Brian de palma cherche à créer un conflit chez le spectateur, pour l’amener à une réflexion autour de la critique d’un système. Une critique d’un système L’extrait présente la construction d’un spectacle à plusieurs niveaux et les problèmes intérieurs et extérieurs qui en résultent, avec une construction typique du triangle producteur , compositeur , interprète.La réflexion se porte sur l’acte créateur , sa revendication et sa motivation dans un monde où l’argent et le pouvoir donnent la maîtrise absolu (Swan).nous voyons concrètement les transformations , les évolutions et les difficultés subites par les personnages (mutilation,trahison,manipulation,déchéance,destruction). Elle se porte aussi sur l’isolement de l’auteur (projection de Brian de Palma) et la sensation claustrophobique, oppressante effectué par un système (Hollywood=Swan) qui crée, recrée les modes, recycle au dépens du créateur (casting de Swan qui parcourt plusieurs genres/modes/styles de musique en quelques secondes pour finalement arriver à un style destructeur/imparfait mais assurant le spectacle et donc la rentabilisation).La surenchère d’effets dans l’extrait traduit cette sensation (La question du renouvellement dans le cinéma hollywoodien est forte à l’époque de Phantom of the Paradise). C’est finalement une critique du spectateur, au-delà de cet extrait, qui par son voyeurisme (spectateur = témoin volontaire), son exigence du renouveau et de la démesure participe à la perte de la vision de Palmienne du créateur.Dans l’extrait Swan maîtrise l’œuvre de Winslow qui, lui, croit en d’autres valeurs, représentées par Phoenix.Nous, spectateur, sommes témoin de leur malaise mais nous nous en délectons d’une certaine manière. Brian de Palma est bien conscient qu’il fait parti de ce système et c’est à travers ces thèmes de l’introspection, de la mise en abîme et du voyeurisme, en plus de sa position face à la caractérisation de ces personnages principaux qu’il prend le recul nécessaire à la remise en question et le propose aux spectateurs. A travers cet extrait , Brian de Palma synthétise l’intrigue et le triangle des personnages.L’extrait au milieu du film assure la continuité des personnages dans leurs objectifs malgré les rapprochements et les éloignements qui succèdent à l’extrait.Swan trahira de par sa nature démoniaque , Winslow se donnera et sera manipulé tout comme phoenix naïve et finalement abusé tel le spectateur.C’est un moment de poésie où la violence des conflits internes s’annonce , à travers les forces et les dynamiques propres aux trois personnages.De plus , Brian de Palma parvient en 4 minutes à caricaturer toute une industrie musicale qu’il transpose implicitement à l’industrie cinématographique.Phantom of the paradise est aujourd’hui un film culte et un succès incontestable par sa construction plastique et narrative , beaucoup influencé mais originalement adapté , et par sa portée et les questions qu’il soulève , encore aujourd’hui. DOCUMENTS ANNEXES IMAGES : 1 2 34 56 78 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 BIOGRAPHIE et FILMOGRAPHIE DE BRIAN DE PALMA Brian De Palma est né le 11 septembre 1940 à Newark dans le New Jersey, d'un père chirurgien orthopédiste et d'une mère très croyante, et avec un frère aîné, Bruce, extrêmement influent qui mourra dans les années 90. Le jeune Brian cultive très tôt une passion pour la physique dont il décide de faire sa spécialité. Adolescent, il était fasciné par l'astronomie et fan des films de science-fiction. Il conçoit lui-même des ordinateurs et, à dix-sept ans, il reçoit une médaille d'or pour une thèse sur "l'application de la cybernétique à la résolution d'équations différentielles". Il obtient le divorce de ses parents en surprenant son père dans les bras d'une autre femme, après l'avoir suivi pendant un temps avec un appareil photo et autres appareils d'enregistrement. Il entre à l'Université Columbia de New York, dans le but d'achever sa formation et de devenir astrophysicien, mais à dix-huit ans, fortement marqué par la vision de VERTIGO d'Alfred Hitchcock, Brian laisse tomber la physique et se consacre alors pour le théâtre, puis le cinéma... En 1960, il réalise son premier moyen métrage: ICARUS, suivi de 6601224, THE STORY OF AN IBM CARD et WOTON'S WAKE, pour lequel il remporte plusieurs prix. Au cours de ses études au Sarah Lawrence College, De Palma aborde le long-métrage avec THE WEDDING PARTY, comédie semi-improvisée qui marque les débuts à l'écran de Robert De Niro et Jill Clayburgh. Après ce premier essai, il poursuit son apprentissage sur divers documentaires et courts métrages dont THE RESPONSIVE EYE consacré à une exposition d'Op Art au Musée d'Art Moderne de New York. En 1967, il revient au long métrage avec MURDER A LA MOD, thriller sophistiqué émaillé de références hitchcockiennes. L'euphorie contestataire des années soixante inspire De Palma. Se questionnant finalement sur les paradoxes artificiels de la société américaine et l'absurdité de la guerre du Vietnam, il réalise les comédies satiriques GREETINGS (Ours d'Argent au Festival de Berlin) et HI! MOM, qui l'imposent parmi les jeunes talents de la Nouvelle Vague américaine. Entre-temps, il réalise DYONISUS IN '69, film-documentaire sur un happening filmé en écran partagé, technique qu'il reprendra dans plusieurs de ses films. Avec Margot KidderLes grands studios hollywoodiens commencent alors à s'intéresser à lui, et on lui offre de réaliser une comédie, GET TO KNOW YOUR RABBIT, avec Tom Smothers, Katharine Ross et Orson Welles. Puis c'est avec une modeste production indépendante : SISTERS, que De Palma connaît son premier grand succès. Rompant avec le style semi-improvisé de ses précédents films, il affirme là d'exceptionnelles qualités d'écriture, un sens de la construction, du cadrage et du rythme digne des meilleurs réalisateurs hollywoodiens. La consécration artistique arrivera deux ans après ce coup de maître, De Palma signe le thriller musical PHANTOM OF THE PARADISE qui remporte en 1975 le Grand Prix du Festival d'Avoriaz. En 1976, il écrit (avec Paul Schrader) et réalise OBSESSION, thriller romantique interprété par Cliff Robertson et Geneviève Bujold, puis porte à l'écran CARRIE, qui remporte un triomphe international et vaut une nomination à l'oscar pour Sissy Spacek et Piper Laurie. Le film, qui révèle Nancy Allen, John Travolta et Amy Irving, restera l'une des plus brillantes transpositions de l'œuvre de Stephen King ; sa célèbre séquence finale et certains de ses procédés ont été depuis largement imités. En 1977, De Palma dirige Kirk Douglas, John Cassavetes et Amy Irving dans THE FURY, film d'espionnage mêlant occultisme et politique-fiction. En 1978 il réalise HOME MOVIES, comédie semi-autobiographique avec Kirk Douglas et Nancy Allen, avec le concours de ses étudiants en cinéma de Sarah Lawrence College. Il se fait vite une réputation d'affreux jojo du cinéma US avec la série de films ultra-violents et provocateurs qui suivront, peuplés de meurtres à la tronçonneuse ou à la perceuse, et de perversions sexuelles gratinées, avec notamment DRESSED TO KILL qu'il réalise en 1980, interprété par Michael Caine, Nancy Allen, et Angie Dickinson. Puis avec BLOW OUT qu'il écrit et met en scène, le film explore avec brio deux des thèmes dominants de son oeuvre: voyeurisme et manipulation. En 1982, Brian De Palma réalise une nouvelle version, baroque et hyper-violente de SCARFACE sur un scénario d'Oliver Stone avec Al Pacino et Michelle Pfeiffer. En 1984, il signe BODY DOUBLE qui offre son premier grand rôle à Melanie Griffith dans un des meilleurs thrillers de son auteur. Abandonnant temporairement ce genre qui a fait sa réputation, il réalise THE UNTOUCHABLES, d'après la célèbre série télévisée. Marquant le début d'une collaboration de De Palma avec Ennio Morricone pour encore deux films, le film vaudra l'Oscar à Sean Connery et lancera simultanément Kevin Costner et Andy Garcia. En 1989, il dirige Michael J. Fox et Sean Penn dans le film de guerre CASUALTIES OF WAR. En 1990, il adapte le roman de Tom Wolfe THE BONFIRE OF THE VANITIES, avec Tom Hanks, Melanie Griffith et Bruce Willis. Le film sera un immense fiasco financier et critique, le plus difficile de la carrière de De Palma. Cet esprit se voulant désespérément libre s'est alors risqué à de nouvelles expériences toujours impressionnantes du point de vue artistique, retournant au thriller en 1992 avec RAISING CAIN qu'interprètent John Lithgow et Lolita Davidovitch, puis dirigeant Al Pacino dans ce qui est considéré à juste titre comme l'un des meilleurs polars des années 90, CARLITO'S WAY, et réunissant, en 1996, Tom Cruise, Jon Voight, Emmanuelle Béart et Jean Réno dans MISSION: IMPOSSIBLE, hommage à la série culte qui connaîtra un succès international (le plus gros succès de sa filmographie à ce jour). Il sera suivi du thriller SNAKE EYES, interprété par Nicolas Cage et Gary Sinise, dont le premier plan est impressionnant de virtuosité. Puis, en 2000, sort son premier film de science-fiction: MISSION TO MARS, interprété par Gary Sinise, Tim Robbins, Don Cheadle et Connie Nielsen. Le film est descendu par la critique et le public ne suit pas. De Palma s'installe en France, parcours Paris en mobylette et décide d'y tourner un film sur les mésaventures d'une manipulatrice. Marquant son retour au thriller érotique, ce sera FEMME FATALE, sorti en 2002, avec Rebecca Romijn et Antonio Banderas, démarrant sur un audacieux vol de bijoux au Palais des Festivals de Cannes. Trois années sans réalisation viennent de s'écouler, et Brian De Palma met en scène en ce moment LE DAHLIA NOIR d'après le roman de James Ellroy - un film très attendu par les fans d'un cinéaste qui n'a jamais cessé d'être créatif, après quarante-cinq ans de carrière, et dont le désir de faire du cinéma reste intact... COURTS-MÉTRAGES DE FICTION Icarus (1960) 660214, The Story Of An IBM Card (1961) Woton's Wake (1962) Jennifer (1964) DOCUMENTAIRES Mod (inachevé, 1964) Bridge That Gap (1965) Show Me A Strong Town And I'll Show You A Strong Bank (1966) The Responsive Eye (1966) LONGS-MÉTRAGES The Wedding Party (1964-66) Murder à la Mod (1967) Greetings (1968) Dionysus in '69 (1969) Hi! Mom (1970) Get to Know your Rabbit (1972) Sisters (1973) Phantom of the Paradise (1974) Obsession (1975) Carrie (1977) Furie (1978) Home Movies (1979) Dressed to Kill (1980) Blow Out (1981) Scarface (1983) Body Double (1984) Wise Guys (1986) The Untouchables (1987) Casualties of War (1988) The Bonfire of the Vanities (1990) Raising Cain (1992) Carlito's Way (1993) Mission: Impossible (1996) Snake Eyes (1998) Mission to Mars (2000) Femme Fatale (2002) Phantom's Theme (Beauty and the Beast) Half asleep I hear a voice Is it only in my mind Or is it someone calling me someone I failed and left behind To work it out I let them in All the good guys and the bad guys that I've been All the devils that disturbed me and the angels that defeated them somehow Come together in me now Face to face I greet the cast Set in silence we begin Companions in an empty room I taste their victory and sin To work it out I let them in All the good guys and the bad guys that I've been All the devils that disturbed me and the angels that defeated them somehow Come together in me now A tale of beauty and the beast I defend my soul from those who would accuse me I share the famine and the feast I have been the world and felt it turning seen the jester yearning to amuse me Like a circus on parade Seldom close enough to see I wander through an angry crowd and wonder what became of me To work it out I let them in All the good guys and the bad guys that I've been All the devils that disturbed me and the angels that defeated them somehow Come together in me now