MISSE Cécile (32 ans)
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MISSE Cécile (32 ans)
MISSE Cécile (32 ans) Fin octobre, Cécile Misse a pris le train de Paris pour Nice. Elle est allée chez son amie Aurore Harrouis, elle s’est cachée entre les boîtes aux lettres de l’immeuble, en attendant qu’arrive sa « clochette » comme elle l’appelait, pour lui faire une surprise, le jour de ses 30 ans. Des amis étaient là, il y eut une belle fête. « Ça, c’était Cécile, dit Aurore. La fidélité, l’amitié, la joie de vivre. Un sourire. » Ce sourire, tous ceux qui ont connu la jeune femme en parlent. Sa maman, ses proches, ses collègues de travail, au Théâtre Jean-Vilar de Suresnes (Hauts-de-Seine). « Parfois, quand on engage quelqu’un, on se trompe, dit le directeur, Olivier Meyer. Avec Cécile, on ne s’est pas trompé. Elle faisait remarquablement son travail, et elle était solaire. » Cécile Misse, 32 ans, était chargée de production. Un rôle important, qui consiste à suivre les contrats et à s’occuper des relations avec les artistes. Cette partie lui plaisait particulièrement : elle aimait le contact et s’était formée pour en faire son métier, dans le domaine de la culture. À Nice, où elle avait passé le bac, elle avait obtenu une licence en sciences de la communication, puis elle avait poursuivi, à Paris, en passant un master de médiation culturelle à l’École d’arts et de culture. Ses études l’ont menée à Madrid, en Erasmus, un an. Elle en a profité pour parcourir l’Espagne. Cécile aimait voyager. C’était une fille de la génération EasyJet, un saut à Londres, un autre à Berlin, Rome, Dublin, Lisbonne, Sofia… Elle est aussi partie seule au Japon, et au Chili, avec ses parents et son amoureux, Luis Felipe Zschoche Valle. Tous les deux s’étaient rencontrés à travers un site de musique ; il vivait au Chili, elle en France. Son amie Aurélie Le Goff se souvient qu’elle arrivait fatiguée en cours le matin, après avoir passé la nuit à parler avec Luis, qui est ensuite venu en France, où il est resté, par amour pour sa belle. Luis travaillait dans l’import-export et il avait un groupe de rock, Captain Americano. Cécile faisait de la boxe française, depuis deux ans, et l’été dernier, elle avait découvert les joies du parapente, avec son frère aîné, dans la région de Gap, où vit la famille. Elle était déterminée et curieuse de tout, elle croquait la vie, fédérait les amis. Deux jours avant les attentats, elle parlait avec sa maman d’avoir des enfants. Elle sera enterrée avec Luis, mort avec elle au Bataclan. « Ce qui me fait sourire aujourd’hui, dit son amie Aurore, c’est qu’elle a dû partir sans regrets. » Brigitte Salino http://www.lemonde.fr/attaques-a-paris/visuel/2015/12/05/cecile-misse-32-ans-enmemoire_4825365_4809495.html