diplome d`etat de docteur en medecine
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diplome d`etat de docteur en medecine
1 UNIVERSITE D’ANGERS FACULTE DE MEDECINE Année 2013 N° . . . . . . . . . . . THESE pour le DIPLOME D’ETAT DE DOCTEUR EN MEDECINE Qualification en : GYNECOLOGIE MEDICALE Par Carole TALON Née le 19 décembre 1983 à Saumur Présentée et soutenue publiquement le : 4 juillet 2013 PRISE EN CHARGE OPTIMALE EN ASSISTANCE MEDICALE A LA PROCREATION DES PATIENTES INSUFFISANTES OVARIENNES PREMATUREES DEBUTANTES AU CHU D’ANGERS Président : Monsieur le Professeur Vincent ROHMER Directeur : Madame le Docteur Catherine MORINIERE LISTE DES ENSEIGNANTS DE LA FACULTÉ DE MÉDECINE D’ANGERS Doyen Vice doyen recherche Vice doyen pédagogie Pr. RICHARD Pr. BAUFRETON Pr. COUTANT Doyens Honoraires : Pr. BIGORGNE, Pr. EMILE, Pr. REBEL, Pr. RENIER, Pr. SAINT-ANDRÉ Professeur Émérite : Pr. GUY Professeurs Honoraires : Pr. ACHARD, Pr. ALLAIN, Pr. ALQUIER, Pr. BIGORGNE, Pr. BOASSON, Pr. BREGEON, Pr. CARBONNELLE, Pr. CARON-POITREAU, Pr. M. CAVELLAT, Pr. COUPRIS, Pr. DAUVER, Pr. DELHUMEAU, Pr. DENIS, Pr. EMILE, Pr. FOURNIÉ, Pr. FRANÇOIS, Pr. FRESSINAUD, Pr. GESLIN, Pr. GROSIEUX, Pr. GUY, Pr. HUREZ, Pr. JALLET, Pr. LARGET-PIET, Pr. LARRA, Pr. LIMAL, Pr. MARCAIS, Pr. PENNEAU, Pr. PIDHORZ, Pr. POUPLARD, Pr. REBEL, Pr. RENIER, Pr. RONCERAY, Pr. SIMARD, Pr. SORET, Pr. TADEI, Pr. TRUELLE, Pr. TUCHAIS, Pr. WARTEL PROFESSEURS DES UNIVERSITÉS MM ABRAHAM Pierre Physiologie ARNAUD Jean-Pierre Chirurgie générale ASFAR Pierre Réanimation médicale AUBÉ Christophe Radiologie et imagerie médicale AUDRAN Maurice Rhumatologie AZZOUZI Abdel-Rahmène Urologie Mmes BARON Céline MM Médecine générale (professeur associé) BARTHELAIX Annick Biologie cellulaire BASLÉ Michel Cytologie et histologie BATAILLE François-Régis Hématologie ; Transfusion BAUFRETON Christophe Chirurgie thoracique et cardiovasculaire BEAUCHET Olivier Médecine interne, gériatrie et biologie du vieillissement BEYDON Laurent Anesthésiologie et réanimation chirurgicale BIZOT Pascal Chirurgie orthopédique et traumatologique BONNEAU Dominique Génétique BOUCHARA Jean-Philippe Parasitologie et mycologie BOYER Jean Gastroentérologie ; hépatologie CALÈS Paul Gastroentérologie ; hépatologie CAROLI-BOSC François-Xavier Gastroentérologie ; hépatologie CHABASSE Dominique Parasitologie et mycologie CHAPPARD Daniel Cytologie et histologie COUTANT Régis Pédiatrie COUTURIER Olivier Biophysique et Médecine nucléaire DARSONVAL Vincent Chirurgie plastique, reconstructrice et esthétique ; brûlologie de BRUX Jean-Louis Chirurgie thoracique et cardiovasculaire DESCAMPS Philippe Gynécologie-obstétrique ; gynécologie médicale DIQUET Bertrand Pharmacologie fondamentale ; pharmacologie clinique DUBAS Frédéric Neurologie DUBIN Jacques Oto-rhino-laryngologie DUVERGER Philippe Pédopsychiatrie ENON Bernard Chirurgie vasculaire ; médecine vasculaire FANELLO Serge Épidémiologie, économie de la santé et prévention 2 MM FOURNIER Henri-Dominique Anatomie FURBER Alain Cardiologie GAGNADOUX Frédéric Pneumologie GARNIER François Médecine générale (professeur associé) GARRÉ Jean-Bernard Psychiatrie d’adultes GINIÈS Jean-Louis Pédiatrie GRANRY Jean-Claude Anesthésiologie et réanimation chirurgicale HAMY Antoine Chirurgie générale HUEZ Jean-François Médecine générale (professeur associé) Mme HUNAULT-BERGER Mathilde Hématologie ; transfusion M. IFRAH Norbert Hématologie ; transfusion Mmes JEANNIN Pascale Immunologie JOLY-GUILLOU Marie-Laure Bactériologie-virologie ; hygiène hospitalière LACCOURREYE Laurent Oto-rhino-laryngologie LAUMONIER Frédéric Chirurgie infantile LE JEUNE Jean-Jacques Biophysique et médecine nucléaire LEFTHÉRIOTIS Georges Physiologie LEGRAND Erick Rhumatologie LEROLLE Nicolas Réanimation médicale Mme LUNEL-FABIANI Françoise Bactériologie-virologie ; hygiène hospitalière MM MALTHIÉRY Yves Biochimie et biologie moléculaire MARTIN Ludovic Dermato-vénéréologie MENEI Philippe Neurochirurgie MERCAT Alain Réanimation médicale MERCIER Philippe Anatomie MILEA Dan Ophtalmologie Mme NGUYEN Sylvie Pédiatrie M. PARÉ François Médecine générale (professeur associé) Mme PENNEAU-FONTBONNE Dominique Médecine et santé au travail MM PICHARD Eric Maladies infectieuses ; maladies tropicales PICQUET Jean Chirurgie vasculaire ; médecine vasculaire PODEVIN Guillaume Chirurgie infantile PROCACCIO Vincent Génétique PRUNIER Fabrice Cardiologie RACINEUX Jean-Louis Pneumologie REYNIER Pascal Biochimie et biologie moléculaire Mme RICHARD Isabelle Médecine physique et de réadaptation MM RODIEN Patrice Endocrinologie et maladies métaboliques ROHMER Vincent Endocrinologie et maladies métaboliques ROQUELAURE Yves Médecine et santé au travail MM Mmes ROUGÉ-MAILLART Clotilde MM Médecine légale et droit de la santé ROUSSELET Marie-Christine Anatomie et cytologie pathologiques ROY Pierre-Marie Thérapeutique ; médecine d’urgence ; addictologie SAINT-ANDRÉ Jean-Paul Anatomie et cytologie pathologiques SENTILHES Loïc Gynécologie-obstétrique SUBRA Jean-François Néphrologie URBAN Thierry Pneumologie VERRET Jean-Luc Dermato-vénéréologie 3 MM VERNY Christophe Neurologie WILLOTEAUX Serge Radiologie et imagerie médicale ZANDECKI Marc Hématologie ; transfusion MAÎTRES DE CONFÉRENCES M. ANNAIX Claude Mmes BEAUVILLAIN Céline Biophysique et médecine nucléaire Immunologie BELIZNA Cristina Médecine interne, gériatrie et biologie du vieillissement BLANCHET Odile Hématologie ; transfusion M. BOURSIER Jérôme Gastroentérologie ; hépatologie ; addictologie Mme BOUTON Céline Médecine générale (maître de conférences associé) MM BOUYE Philippe Physiologie CAILLIEZ Éric Médecine générale (maître de conférences associé) CAPITAIN Olivier Cancérologie ; radiothérapie CHEVAILLER Alain Immunologie Mme CHEVALIER Sylvie Biologie cellulaire MM CRONIER Patrick Anatomie CUSTAUD Marc-Antoine Physiologie Mme DUCANCELLE Alexandra Bactériologie-virologie ; hygiène hospitalière MM DUCLUZEAU Pierre-Henri Nutrition EVEILLARD Matthieu Bactériologie-virologie ; hygiène hospitalière FORTRAT Jacques-Olivier Physiologie GALLOIS Yves Biochimie et biologie moléculaire HINDRE François Biophysique et médecine nucléaire JEANGUILLAUME Christian Biophysique et médecine nucléaire Mme JOUSSET-THULLIER Nathalie Médecine légale et droit de la santé M. LETOURNEL Franck Biologie cellulaire Mmes LIBOUBAN Hélène MM Biologie cellulaire LOISEAU-MAINGOT Dominique Biochimie et biologie moléculaire MAY-PANLOUP Pascale Biologie et médecine du développement et de la reproduction MESLIER Nicole Physiologie MOUILLIE Jean-Marc Philosophie NICOLAS Guillaume Neurologie PAPON Xavier Anatomie Mmes PASCO-PAPON Anne Radiologie et Imagerie médicale PELLIER Isabelle Pédiatrie PENCHAUD Anne-Laurence Sociologie M. PIHET Marc Parasitologie et mycologie Mme PRUNIER Delphine Biochimie et biologie moléculaire M. PUISSANT Hugues Génétique Mmes ROUSSEAU Audrey MM Anatomie et cytologie pathologiques SAVAGNER Frédérique Biochimie et biologie moléculaire SIMARD Gilles Biochimie et biologie moléculaire TURCANT Alain Pharmacologie fondamentale ; pharmacologie clinique octobre 2011 4 COMPOSITION DU JURY Président du jury : Monsieur le Professeur Vincent ROHMER Directeur de thèse : Madame le Docteur Catherine MORINIERE Membres du jury : • Professeur Vincent ROHMER • Docteur Catherine MORINIERE • Professeur Patrice RODIEN • Docteur Pascale MAY-PANLOUP 5 Remerciements A Monsieur le Professeur Vincent Rohmer, Je souhaite adresser mes sincères remerciements pour avoir été tout au long de mon internat, un réel soutien professionnel ainsi que d’avoir su être à mon écoute durant ces années, et aussi m’avoir fait l’honneur d’être le Président de mon jury de thèse. A Madame le Docteur Catherine Morinière, Je tiens à la remercier chaleureusement pour la transmission de son savoir, de son accueil dans le service, d’avoir eu l’honneur de travailler à ses côtés et ce toujours dans la bonne humeur. Un grand merci pour sa disponibilité et pour son aide à la réalisation de ce travail, ainsi m’avoir fait l’honneur d’être ma Directrice de thèse. A Monsieur le Professeur Patrice Rodien, Merci de m’avoir fait honneur en faisant partie des membres de mon jury, et pour toutes les connaissances transmises. A Madame le Docteur Pascale May-Panloup, Merci pour son accessibilité et son enseignement, ainsi que pour son partage du goût des statistiques, et de m’avoir fait l’honneur de faire partie des membres de mon jury. A toute l’équipe d’Assistance Médicale à la Procréation du CHU d’Angers, En particulier aux secrétaires Agnès et Sandrine pour leur aide à colliger les dossiers de cette thèse, Aux sages femmes Françoise, Natacha, Stéphanie pour leur sympathie, Au Docteur Sophie Lemerle pour son partage des connaissances et sa gentillesse. 6 Une mention toute particulière à Jérémy, pour son soutien, sa patience au quotidien, sa présence à mes côtés durant ces 9 ans. Je tiens à le remercier spécialement pour son aide précieuse dans la réalisation de cette thèse, notamment pour les statistiques. Merci du fond du cœur à mon chéri pour tous les instants partagés pendant mes études, pour tout son amour, et pour être là encore aujourd’hui en ce jour si particulier. Une attention spéciale, A mes parents de m’avoir permis de réaliser ses longues études dans les meilleures conditions possibles. A Laura ma petite sœur adorée pour son soutien constant, pour être toujours là quand il faut, et pour sa syntaxe parfaite. A ma mamie Lulu j’adresse mes affectueux remerciements pour ses encouragements constants pendant toutes ces années, et à mon papy pour sa cocasserie. Et à ma grand-mère paternelle qui aurait été fière d’être là en ce jour. A Betty et Guy, merci pour leur présence chaleureuse en ce jour. A Flore et Anthony pour leur amitié et leur soutien durant toutes ces années d’études. 7 Liste des abréviations AMH : Anti-Müllerian Hormone AMP : Assistance Médicale à la Procréation DHEA : Déhydroépiandrostérone DOR : Diminished Ovarian Reserve FSH : Follicle Stimulating Hormone FIV : Fécondation In Vitro E2 : Estradiol FCS : Fausses Couches Spontanées GnRH : Gonadotropin Releasing Hormone hCG : human Chorionic Gonadotropin IGF1 : Insulin-like Growth Factor IOP : Insuffisance Ovarienne Prématurée IIU : Insémination Intra Utérine LH : Luteinizing Hormone NOR : Normal Ovarian Reserve OATS : Oligo Asthéno Térato Spermie POA : Premature Ovarian Ageing soit vieillissement ovarien prématuré RCP : Réunion de Concertation Pluridisciplinaire SOPK : Syndrome des Ovaires microPolyKystique TEC : Transfert d’Embryon(s) Congelé(s) TSH : Thyroid Stimulating Hormone 8 Sommaire REMERCIEMENTS ..............................................................................................................................6 LISTE DES ABREVIATIONS ..............................................................................................................8 SOMMAIRE ...........................................................................................................................................9 1 PREAMBULE ................................................................................................................................10 2 INTRODUCTION .........................................................................................................................11 3 MATERIEL ET METHODE .......................................................................................................38 4 RESULTATS..................................................................................................................................42 5 DISCUSSION .................................................................................................................................56 6 CONCLUSION ..............................................................................................................................65 7 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ....................................................................................67 LISTE DES FIGURES .........................................................................................................................72 LISTE DES TABLEAUX ....................................................................................................................73 TABLE DES MATIERES ...................................................................................................................74 9 1 Préambule Les techniques d’assistance médicale à la procréation (AMP) ont permis de mettre en évidence une forme d’infertilité, auparavant classée dans le groupe des infertilités inexpliquées, les insuffisances ovariennes prématurées (IOP) débutantes ou occultes. Elles diffèrent de l’IOP avérée (anciennement appelée ménopause précoce) par l’absence de signes cliniques (aménorrhée, bouffées de chaleur), et n’apparaissent que lorsque la femme désire avoir un enfant. Certaines présentent des anomalies biologiques (IOP débutante), rendant prévisible l’IO, d’autres sont à marqueurs normaux (IO occulte) et ne se révèleront qu’en cas de stimulation ovarienne. On parle alors de « mauvaises répondeuses » aux stimulations de l’ovulation, avec une diminution de la réserve ovarienne (DOR) ou à réserve ovarienne normale (NOR). L’âge moyen de la ménopause en France est de 51 ans, mais 10 % des femmes seront ménopausées à l’âge de 45 ans, 1 % avant 40 ans et 0,1 % avant 30 ans. Ces données sont à mettre en parallèle avec l’âge moyen de la première grossesse en France, qui est aujourd’hui de 29 ans. Ainsi, de plus en plus de femmes désirent avoir une grossesse au delà de 35 ans et risquent de se trouver confronter à une IOP débutante. L’idéal serait donc de déceler en consultation les patientes présentant des facteurs de risque d’insuffisance ovarienne, afin de sensibiliser ces femmes à la diminution plus rapide de leur fécondité. Le guide des bonnes pratiques en AMP précise qu’une stimulation ovarienne n’est pas justifiée lorsque le bilan biologique ovarien est péjoratif ; en revanche, celle-ci est indiquée avec certaines adaptations chez ces femmes présentant une IOP débutante. 10 2 Introduction 2.1 Définitions et épidémiologie de l’insuffisance ovarienne La terminologie entourant ce qu'on appelle l'insuffisance ovarienne prématurée (IOP) a été quelque peu déroutante. L’IOP avérée ou vraie est définie par une aménorrhée de plus de 4 mois, associée à un taux de FSH (follicle stimulating hormone) de base > 30UI/L, un taux d’œstradiol < 50 pg/mL, avant l’âge de 40 ans, sur au moins 2 prélèvements [1]. Elle atteint 1 à 2 % de la population féminine. Sa prévalence est de 1/10 000 chez les femmes de moins de 20 ans, de 1/1 000 chez les femmes de moins de 30 ans et de 1 % chez les femmes de moins de 40 ans [2]. L’IOP apparait comme un processus plus ou moins rapide et imprévisible. Il convient de noter que l’IOP représente le stade final d'une perte progressive de la fonction ovarienne et que les phases de transition doivent être identifiées. Il existe donc un stade précurseur fréquent de l’IOP, à savoir le stade d’IOP débutante ou vieillissement ovarien prématuré (POA) [3]. Leur définition est extrêmement variable dans la littérature : nombre de follicules antraux inférieur à deux ou cinq ; FSH de base supérieure à 9,5 ou à 15 UI/l ; estradiolémie à J6 de stimulation inférieure à 75 ou à 660 pg/ml ; âge féminin inférieur à 40 ans ; dose quotidienne de gonadotrophines supérieure à 300 UI/j ; nombre d’ovocytes récupérés inférieur à trois ou six, etc [4]. Cette difficulté de définition tient aux multiples étiologies et tableaux cliniques auxquels peut correspondre une IO débutante. Pratiquement toutes les femmes ont une diminution de la réserve ovarienne fonctionnelle à partir de 40 ans. Le bilan de la réserve ovarienne est donc surtout utile chez les jeunes femmes, où la diminution de cette réserve est souvent négligée et souvent confondue avec une infertilité inexpliquée. Il est donc important de faire le diagnostic à temps. 2.2 Folliculogénèse et ovogénèse La différenciation ovarienne débute au cours de la 8ème semaine de grossesse, où les cellules germinales se différencient en ovogonies. Au 4ème mois de la vie fœtale, les ovaires contiennent 6 à 7 millions d’ovocytes, entourés des cellules folliculaires ou de la granulosa 11 formant ainsi les follicules primordiaux. A partir de la seconde moitié de la vie fœtale, l’atrésie par le phénomène d’apoptose conduit à la naissance à un nombre de 1 à 2 millions de follicules primordiaux, et à la ménarche il n’en reste plus que 300 000 à 400 000. Les ovocytes sont bloqués au stade diplotène de la prophase de la première division méiotique jusqu’à la puberté. La taille du pool folliculaire est génétiquement programmée. Wallace et Kelsey suggèrent entre 35 000 et 2,5 millions de follicules par ovaire à la naissance [5]. Les taux de recrutement semblent également varier. Le nombre de follicules entrant en maturation par mois varierait de 100 à 7 500, avec des chiffres record atteints à l'âge de 14 ans. Par la suite, le nombre de follicules recrutés diminue constamment, indépendamment du nombre de follicules initiaux. Le vieillissement de l’ovaire varie donc selon les individus et la cohorte de follicules est de plus en plus hétérogène avec l’âge. La folliculogénèse est constituée de 2 phases. La première permet le recrutement initial et la croissance basale des follicules primordiaux jusqu’au stade pré-antral, indépendante des gonadotrophines. Ce processus de croissance folliculaire est continu et lent, sa durée est de plus de 220 jours. Après la puberté, un petit nombre de follicules pré-antraux Endocrine Reviews, August 2009, 30(5):465– 493 échappent à l’atrésie et commencent le recrutement cyclique (figure 1). edrv.endojournals.org 473 FIG. 9. Schematic representation of follicle development from the primordial to the preovulatory status. Initial recruitment and development onto Figure 1 a continuous : Schéma de leading la folliculogenèse montrant une étapeIn cyclic initiale indépendante des the antral stages is process invariably to demise through apoptosis or atresia. recruitment, several of the antral follicles present at the time of rising FSH will grow, with only one follicle being selected from this group to become the dominant one and ovulate. gonadotrophines et (328). une étape finale dépendante des gonadotrophines, du stade primordial au Adapted from McGee and Hsueh stade préovulatoire (d’après F.J. Broekmans, « Ovarian aging: mechanisms and clinical tion stages, a clear decrease in inhibin levels can be noted consequences », Endocr Rev, B2009). along with further increases in FSH levels (Fig. 10) (109, 122). This finding emphasizes the great, but variable, reduction in the number of antral follicles (117) in the early menopausal transition. Estradiol and inhibin A production during the early follicular phase remains largely unaltered in women, until be held responsible for the monotropic FSH rise found in older ovulatory women (176). Still, luteal phase defects do occur in women during the late menopausal transition when overt cycle irregularity has been established (97). 12 Finally, several reports have demonstrated a gradual decline in levels of androgens, even from the early reproductive phase onward (177, 178). So far, it has remained L’initiation de la croissance folliculaire est sous le contrôle de facteurs comme le kit ligand, exprimé par les cellules de la granulosa. Son récepteur c-kit est exprimé par les ovocytes et les cellules de la thèque. L’ovocyte joue un rôle majeur dans la folliculogénèse par l’intermédiaire de protéines, telles que GDF9 et BMP15. La communication entre l’ovocyte et les cellules de la granulosa est indispensable pour le développement du follicule pré-antral, via des jonctions gap. La seconde phase ou recrutement cyclique permet le recrutement et la croissance du follicule dominant pendant la première partie du cycle ovarien (phase folliculaire), dépendante des gonadotrophines. En début de phase folliculaire, un à 15 follicules antraux entrent dans le pool des follicules sélectionnables et un seul évolue vers le stade préovulatoire, c’est le follicule dominant. Celui-ci contient un ovocyte qui reprendra sa méiose et sera bloqué en métaphase II, au moment de l’ovulation via le pic de LH. Sous l’action de la FSH, il existe une prolifération des cellules de la granulosa qui expriment le récepteur de la FSH. Les récepteurs de la LH sont exprimés sur les cellules de la thèque. Selon la théorie bicellulaire, les cellules de la thèque stimulées par la LH, sécrètent des androgènes qui sont transformés en estrogènes par les cellules de la granulosa sous l’action d’une enzyme, l’aromatase, dont l’activité est stimulée par la FSH. Le potentiel de progression vers le stade pré-ovulatoire du follicule dépend donc de son stade de maturité et d’acquisition de récepteurs aux gonadotrophines, au moment de l’élévation physiologique du taux de FSH en fin de phase lutéale et pendant la période menstruelle. De même en clinique, le recrutement folliculaire par les gonadotrophines exogènes dépend du « niveau-seuil de sensibilité à la FSH » des follicules antraux, qui est propre à chaque femme et non déterminable dans les données actuelles de la médecine, mais qui serait peut-être envisageable à l’avenir avec les approches pharmacogénomiques [6]. Les traitements de la fertilité sont basés sur les deux dernières semaines de la maturation folliculaire, la phase FSH dépendante. Une voie de recherche serait de redéfinir un «cycle de traitement complet ». Comme la cohorte des follicules, entrant dans leur phase sensible aux gonadotrophines, est produite déjà depuis plusieurs mois, seuls des traitements destinés aux premières étapes de la folliculogénèse permettraient d'améliorer encore la stimulation ovarienne. 13 2.3 Physiopathologie du vieillissement ovarien précoce Ces dernières années, la procréation assistée a contribué à une meilleure compréhension du processus de vieillissement de la fonction de reproduction. Il est maintenant clair que le développement de l'insuffisance ovarienne est un continuum [7] comme présenté sur la figure 2, dont le premier signe serait une mauvaise réponse à une hyperstimulation ovarienne avec un bilan biologique normal (IO occulte). Le stade suivant Nelson serait l’IO biologique (IO débutante), sujet de notre travail. Le stade final est l’IOP avérée, Table 3 anciennement appelée ménopause précoce, où laindéplétion en follicules est complète.* Clinical States Included the Spectrum of Primaryovariens Ovarian Insufficiency. NIH-PA Author Manuscript Clinical State Serum FSH Level Fertility Menses Normal Normal Normal Regular Occult Normal Reduced Regular Biochemical Elevated Reduced Regular Overt Elevated Reduced Irregular or absent Figure 2 : Stades cliniques * Categories of clinical states are based on data from Welt3 and proposed recommendations for terminology related to F figurant dans le spectre de l’IOP (d’après L.M. Nelson, « Clinical follicle-stimulating hormone. practice, Primary ovarian insufficiency », N Engl J Med, 2009).[8] Physiologiquement on observe dans le monde, un pic de fertilité à la deuxième décennie et le déclin commence à la troisième décennie. Cependant les facteurs influant sur la variation de l'âge à la ménopause ne sont pas bien compris. De nombreux facteurs environnementaux, comme le tabac, y compris probablement l’environnement intra utérin, ainsi que le mode de vie ont été proposés pour expliquer cette variation, mais ne suffisent pas NIH-PA Author Manuscript [9]. Le rôle des facteurs génétiques a reçu une attention croissante ces dernières années (figure 3). L’association entre l'âge de la ménopause des mères et des filles, et aussi entre les jumeaux a permis de démontrer que les facteurs génétiques doivent être impliqués dans les processus de vieillissement de la reproduction. Les estimations de cette héritabilité ont été montrées pour aller de 30 à 85% [9]. Des gènes connus affectent principalement la fonction folliculaire en exerçant des effets hormonaux (FSH, FSHR, LH, LHR, CYP17, et CYP19), tandis que d'autres influent sur le taux de recrutement initial du pool de follicules primordiaux (BMP15, GDF9, FOXL2, et GPR3). Un autre groupe de gènes comprenant des protéines de liaisons à l’ADN et des facteurs de transcription comme NOBOX et LHX8, ainsi que des protéines liant l’ARN comme NANOS, ont été identifiés récemment [10]. NOBOX est préférentiellement NIH-PA Author M exprimée dans les ovocytes et joue un rôle crucial dans la première étape de la folliculogénèse 14 (facteur majeur de régulation de 2 gènes fondamentaux de la folliculogénèse GDF9 et OCT4). Une récente étude française a retrouvé une forte prévalence de 6,2 % de mutations du gène NOBOX, considéré comme le premier gène candidat autosomique impliqué dans l’IOP [11]. La recherche chez les patientes présentant une IOP a donc fourni de nombreux gènes candidats (sur les chromosomes 20, 19, 5, 6, et 13) qui pourraient également être impliqués dans la variation de la durée de la vie reproductive. Par exemple, des microdélétions des facteurs GDF9, BMP15, et FOXL2 entrainent des anomalies de la maturation folliculaire [9]. 260 L PERSANI and others . POF genetics GDF9 Theca cells BMP15 LHR Ovarian follicle N C GnRH mRNA FMR1 N EIF2B FSHR C NOBOX INHA FSH FOXL2 FIGLA FMR1 Oocyte BMPRIB Granulosa cells Figure 2 Schematic illustration of the principal genes known to be involved in POI Figure 3 : Schéma illustrant les site principaux gènes connus pathogenesis and their of expression in the ovary. pour être impliqués dans la pathogénie de l’IOP et leur siteearly d’expression l’ovaire the (d’après Persani,while L., R. Genes in regionL. Xq13–q21, onlyRossetti, interstitial« deletions elevated FSH levels since childhooddans (Reynaud Xq23–q27 were found associated with POI. Alternative et al. involved 2004, Fechner et al. 2006). However, spontaneous in human premature ovarian failure », J Mol Endocrinol, 2010). [12] mechanisms proposed for the explanation of the menarche and pregnancy have been reported not only ovarian defect account for the size of the critical Xq in patients with mosaic karyotype, but also in few region (Toniolo 2006). They include the direct nonmosaic 45,X women (Pasquino et al. 1997, Cools Le point clé dans le vieillissement de l'ovaire est que le nombre et la qualité des disruption of relevant loci or a ‘position effect’ caused et al. 2004, Livadas et al. 2005). The TS phenotype may be explained severalsont mechanisms, including ovocytes by restants étroitement corrélésthe (figureby4).the rearrangements on contiguous genes. The ‘position effect’ is a mechanism involving the deletion defective pairing of X chromosomes at meiosis (Ogata or translocation of regulatory domains to different & Matsuo 1995), but the most substantiated one is the position on the genome that might cause changes in haploinsufficiency of X-linked genes (such as SHOX) gene transcription. Transcriptional characterization of that physiologically escape X chromosome inactivation breakpoint regions in O40 balanced translocations led and are needed in two copies for ovarian function to the identification of five genes interrupted by (Zinn & Ross 1998). The requirement for a double translocations: the XPNPEP2 (MIM *300145) gene in dosage of certain X-linked genes is supported by the Xq25 (Prueitt et al. 2000), the POF1B (MIM *300603) observation that complete spontaneous puberty can gene in Xq21.2, the DACH2 (MIM *300608) gene in be reached in 30–40% of mosaic Turner patients Xq21.3 (Bione et al. 2004), the CHM (MIM *300390) (Pasquino et al. 1997). Consistently, 45,X subjects have gene in Xq21.2 (van Bokhoven et al. 1994), and the FSH levels already in the postmenopausal range during DIAPH2 (MIM *300108) gene in Xq22 (Bione et al. infancy, whereas FSH levels are frequently low in mosaic 1998). Only the DIAPH2 gene, a human homolog of the Turner patients of the same age (Fechner et al. 2006). Drosophila melanogaster diaphanous gene affecting The mechanism supporting pubertal development in a spermatogenesis and oogenesis, was found disrupted small subset of 45,X Turner patients is presently by a breakpoint in a family with POI, but no mutation unexplained, but low mosaic percentages undetected at demonstrated its role in ovarian function nor that of standard karyotyping might be a possible explanation. the others candidates. However, most breakpoints Cytogenetic and molecular analyses of POI women 15 described in POI patients were frequently mapped in carrying a balanced X-autosome translocation allowed Xq21, outside of genic regions, consistent with models the identification of a ‘critical region’ for ovarian for POI associated with X to autosome translocations development and function on the long arm of the male infertility (14). change in decay rate, but a consistently increasing rate of tion of couples will follicle loss as women age. This model for primordial follicle ancy, solely on the loss may be more biologically plausible because physiologearing. ART will be ical aging processes tend to be gradual (Fig. 1) (28, 29). ed natural fertility eaving many couples g infertility therapies. n of ART in infertile TFR (17), although sts and high rates of with a possible bene1). aging varies considsome women remain , whereas others face heir mid-thirties. Feargely based on ageecreasing numbers of FIG. 1.duSchematic representation of the number of primordial nombre de follicules primordiaux présents dans lesfollicles ovaires et la qualité ocyte quality,Figure dictate4 : Schéma present in the ovaries and the chromosomal quality of oocytes in des and ovocytes relation en fonction de l'âge de corresponding la femme (d’après F.J. Broekmans, « Ovarian aging: cycle regularity to female age and reproductive events. Graph behind the observed was clinical drawn after Hansen et»,al. (27) and de2009). Bruin et al. (267). mechanisms and consequences Endocr Rev, A la réduction quantitative de la réserve folliculaire, s’ajoute les altérations de la qualité ovocytaire, dès l'âge de 31 ans lorsque la fécondité commence à diminuer progressivement [10]. Cette perte de la qualité ovocytaire est considérée comme étant due principalement à une augmentation de la non-disjonction méiotique, résultant en une augmentation du taux d'aneuploïdie chez l'embryon précoce des femmes aux âges plus élevés. Ce qui implique des taux de fécondation moindres, une diminution de la qualité embryonnaire, ainsi que du taux d’implantation, et un taux accru de fausses couches spontanées [13]. Des mécanismes sousjacents peuvent impliquer des différences entre les cellules germinales au moment où ils sont formés pendant la vie fœtale, des dommages accumulés des ovocytes au cours de la vie d'une femme, des changements liés à l’âge dans la qualité des cellules de la granulosa qui entourent l'ovocyte [9]. Le déclin des follicules lié à l’âge dans l’ovaire humain est bi-exponentiel et fait plus que doubler lorsque le nombre tombe en dessous d'un seuil critique de 25 000 follicules, atteint vers l’âge de 37,5 ans [14]. Plus récemment Wallace et al. ont démontré un déclin accéléré de la réserve ovarienne à partir de 35 ans [5]. Ainsi, il a été suggéré qu'un nombre critique de follicules plutôt que d'un âge critique détermine le moment de la ménopause [14]. Le temps nécessaire pour atteindre la ménopause (1000 follicules restants à un âge moyen de 51 ans) à partir du point critique de 25 000 follicules (âge moyen 37,5 années) est stable autour de 13 ans. 16 Dès lors, en supposant un intervalle fixe de 13 ans entre le début du déclin accéléré de la fertilité (25.000 follicules restants) et la ménopause (1000 follicules restants), on peut supposer que, les femmes ménopausées avant l'âge de 45 ans, connaissent une baisse rapide de leur fécondité à partir de 32 ans, et peut être une perte totale de la fertilité à 36 ans [15]. Dans les années suivant le diagnostic ces femmes de 32 ans voire moins, auront le même potentiel de reproduction qu’une femme de 37 ans. Néanmoins, ces femmes peuvent continuer à être asymptomatiques, avec des cycles menstruels réguliers mais plutôt courts, pendant plusieurs années encore. Cela conduit à l'hypothèse selon laquelle une proportion importante de femmes d’une trentaine d’années asymptomatiques, peut être à risque d’apparition précoce d'une hypofertilité. Elle devraient être alors considérées comme une nouvelle entité clinique, « le vieillissement ovarien précoce » [16, 17], touchant 10% de la population générale. On a rapporté que le nombre de follicules primordiaux dans les ovaires des femmes ayant des cycles réguliers était 10 fois plus élevé que chez les femmes avec des menstruations irrégulières. On a montré également que l'intervalle de temps entre la perte de la régularité menstruelle et la ménopause était d'environ 6 ans, indépendamment de l'âge à la ménopause [15]. L’IOP peut être expliquée par 3 mécanismes (figure 5), conduisant tous à l’épuisement du stock folliculaire : une déplétion primitive du stock de follicules primaires (pool de follicules primordiaux trop faible), ou une atrésie folliculaire par apoptose accélérée, ou un blocage de la maturation folliculaire. 17 trois derniers mois de vie fœtale, les deux tiers de ces cellules sont détruites. Les ovaires possèdent environ 2 millions d’ovocytes à la naissance, 400 000 à la puberté et 10 000 à l’âge de 40 ans [14]. Lors de la dernière décennie de la vie reproductive, la destruction folliculaire s’accélère et à l’âge de la ménopause, vers 50 ans, très peu de follicules sont encore présents au sein du tissu ovarien [15]. affection demeure mal connue. ■ Atrésie folliculaire L’apoptose est donc la destinée la plus fréquente d’un follicule ovarien puisque plus de 99 % des follicules qui entrent Stock faible IOP 6 millions de follicules à 20 SA Follicule primordial Follicule primaire Atrésie accélérée IOP Atrésie Follicule secondaire Défaut de maturation Ovulation 300-450 follicules de la puberté à la ménopause IOP Follicule tertiaire Follicule de De Graaf Cellules de la granulosa Thèque interne Thèque externe 2. Mécanismes physiopathologiques de l’insuffisance (IOP). SA d’aménorrhée. Figure 5Figure : Mécanismes physiopathologiques deovarienne l’IOPprématurée (d’après R.: Semaine Braham, « Insuffisance ovarienne prématurée », Elsevier Masson, 2009). 3 Gynécologie © 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 12/09/2011 par Talon Carole (317723) 2.4 Réserve ovarienne (RO) et ses marqueurs Compte tenu de la variabilité de la fonction reproductrice chez les femmes, il y a eu un besoin de développer des tests afin de fournir des informations cruciales au-delà de l'âge chronologique, qui est cependant le critère de la qualité ovocytaire et le facteur pronostic le plus important [18]. Bien qu’il soit généralement admis que la réserve ovarienne diminue avec l’âge, celle-ci est évaluée par des marqueurs indépendants de l’âge. Par définition le pool folliculaire initial, c’est à dire la RO totale, est constitué des follicules non en croissance ou primordiaux et des follicules en croissance après recrutement. Ces derniers forment la RO fonctionnelle, et est évaluable par les marqueurs de la RO avec la FSH, l’AMH (anti-müllerian hormone), le compte des follicules antraux (CFA). Par conséquent une FSH élevée et une AMH anormalement basse ne signifient pas l’absence de tous les follicules. 18 Endocrine Reviews, August 2009, 30(5):465– 493 2.4.1 edrv.end FSH et E2 (227), with antral follicles present at ovarian ultrasonogra- by TVS provide direct or indirect measur phy and ovulation described in cases that were followed with numbers (232). The endocrine markers A regular endocrine assessments. Also, ème 5–10% of POF patients B released from antral follicles provide o Le dosage de with la FSH basale au children 2ème oumay 3 conceive jour at dusome cycle interprété en the desire to have timedoitersêtre of quantity (93, 106). Basal FSH, ext after diagnosis (228). Despite this, therapeutic options such past twoen decades, fonction de l’estradiolémie du même jour. Le taux d’E2 de base peut être the augmenté début provides the mos as ovulation induction treatment have shown to be illusive (154) because pituitary FSH release cha de cycle quand l’initiation de la folliculogénèse donc isl’élévation du pic intercyclique deB and estradiol. En (228). IVF combined with oocyte et donation the only realfeedback from inhibin istic solution presently available for the treatment of infer- tests, in which the cohort of FSH-sensitiv FSH ont été plus précoces, en fin de phase lutéale du cycle précédent. Cette hypertility in POF (229). exposed to FSH and the estradiol and inh estradiolémie peut normaliser artificiellement la FSH par effet feedback négatif. measured, may add La to baseline tests by m docrine capacity of the follicle cohort (15 diminution de la production d’hormones anti-gonadotropes par le corps VI. Clinical Testing for Ovarian Reservecomme l’estradiol The evaluation of the usability of ova ing (ORT) for individual outcome pred jaune entraine l’élévation de la FSH endogène, ayant pour conséquence une croissance A. Rationale on three criteria. One is the accuracy of t In view of the distinct variability of reproductive perfolliculaire antrale prématurée, et la production d’estradiol quand le follicule atteint 8theà test 10 correctly predict to what extent formance among women of the same age, there has been a long-lasting need to develop a test that provides crucial interest, generally expressed as the area u mm. information beyond chronological age. Most clinical tests operator characteristic (ROC) curve. Se Le taux de FSH augmente enfocused début on de their cyclecapacity quand tolaaccurately réserve ovarienne diminue, en be assessed by ta value of the test should examined so far how an abnormal ORT predict some defined outcome related to ovarian raison de la diminution du feedback négatif de l’estradiol et de reserve. l’inhibine B, qui sont moins would change th The preferred standard outcome of prediction studies would the infertile couple in an effective way. T is perfect, the proportion of false-pos produits par le pool bediminué follicules (figure 6). La FSHART. basaletestest généralement live birthde after spontaneous intercourse or after However, other surrogate outcomes (such as oocyte yield or to erroneous management decisions and considérée comme unfollicle marqueur tardif du vieillissement de la fonction de reproduction number in IVF treatment) have been more commonly abnormal tests in the screened populatio usability In the next sections studied. Thelaprediction of outcome in IVF treatment for qu’à (s’élevant environ 10 ans avant ménopause). Une méta-analyse montre lui evaluation. seul le taux individual couples principally uses female age as base- basal and challenge ORTs will be evalu basal de FSH n’est qu’un indicateur that de ovarian la réponse un indicateur line test,modeste with an expectation reserveovarienne tests thisetsequence, using the outcome criter would clearly expand the accuracy of a prediction based sponse and pregnancy after IVF. médiocre du succès des FIV [19]. Ces résultats ont été confirmés par d’autres travaux récents, on female age alone. Most studies have omitted such an approach evaluated onlyjeune the particular tests qui conduisent à considérer queand chez la femme de moins deof38in-ans,B.une diminution de Accuracy of baseline tests terest, although some exceptions are known (230, 231). In several la réserve ovarienne parEvery une current valeur ovarian élevée reserve de FSH rester compatible avec des systematic taux de reviews of the e testpeut relates to follicle cothe predictive performance of baseline hort sizeacceptable (Fig. 13). The AFC de and22 ovarian volume grossesse (par ponction) très allant à 25 % [20].assessed single test or in combination, has been a 236 –239). It was demonstrated that mos quite adequate capacity to predict po ovarian hyperstimulation for IVF, wi AMH exhibiting the best performance (F ian volume and inhibin B, the areas und are considered insufficient to be consider The predictive ability for outcome pre IVF cycle appeared only marginal for al only very small proportions of the nonpr predicted correctly, and false-positives p extreme cutoffs for an abnormal test (F Efforts have been made to evaluate the v several tests to improve the overall predicti From a meta-analysis of cohort studies, th diction models for poor ovarian response a did not perform better than a single test l FIG. 13. Schematic illustration of the changes in ovarian follicle emphasizes the fact that most, if not all Figure 6 : Schéma illustrant lesincreasing changements associés à l’âge de la femme et à la reserve with female ageendocriniens and the effect of these quantitative same, quantitative, aspect of ovarian res changes upon several ovarian and hypothalamo-pituitary endocrine morphologie ovariennefactors. (d’après F.J. Broekmans, « al. Ovarian aging: mechanisms Graph was adapted from Soules et (330). combinedand basalclinical test protocol is not recom consequences », Endocr Rev, 2009). 19 Il a été montré que la réponse ovarienne à la FIV dépend du récepteur à la FSH. Différents variants de génotypes du récepteur à la FSH ont été associés aux différents niveaux de FSH basale et des réponses différentes à la stimulation ovarienne avec gonadotrophines [15]. Ainsi, un taux de FSH basale légèrement élevée à un âge relativement jeune ne signifie pas nécessairement un vieillissement ovarien précoce, ce qu’on devrait garder à l'esprit au moment de conseiller les patientes. En particulier dans les cas où il y a eu une perte soudaine de tissu ovarien à un âge jeune, pendant une chirurgie par exemple, une FSH relativement élevé reflète davantage la quantité d’ovocytes, plutôt que la qualité. Cela étant une FSH élevée n’apparaît pas comme une contre indication à la FIV chez les femmes jeunes (moins de 38 ans). Seules des valeurs très élevées de FSH (15 ou 25 UI/L) chez les femmes de plus de 35 ans devraient contre indiquer « a priori » l’initiation ou la poursuite de la prise en charge en FIV [21]. Il est également important de tenir compte de la technique de dosage, de sa variabilité inter-cycles et de sa confrontation au taux d’estradiol, ainsi que de la présence ou non d’un ou plusieurs follicules de plus de 10 mm à l’échographie de début de cycle reflétant une sélection folliculaire précoce. La LH augmente aussi avec l’âge, mais plus tardivement (5 à 10 ans) que la FSH. 2.4.2 Compte des Follicules Antraux (CFA) On estime que 20 à 150 follicules primordiaux (0,05 à 2 mm) entrent en croissance à chaque cycle [9]. Une petite proportion se développe en follicules pré antraux puis antraux (2 à 9 mm), les autres s’atrésient. Ces follicules sont très sensibles et réceptifs à la FSH, et sont décrit comme les follicules « sélectionnables ». Ils sont facilement visualisables par une échographie pelvienne endovaginale, réalisée en début de cycle (entre le 1er et le 7ème jour du cycle au plus tard). Avec le vieillissement des femmes, la diminution du nombre de follicules primordiaux est parallèle à la diminution de la taille de la cohorte des follicules antraux sensibles à la FSH [22]. Ces dernières années plusieurs études ont publié la relation entre le CFA total et la réponse ovarienne en FIV [6]. Il s’agit d’un marqueur quantitatif. Par ailleurs la qualité des follicules ne peut être évaluée par leur aspect échographique. Il est important également de visualiser la présence anormale d’une avance de maturation folliculaire (follicule de plus de 10 mm). Comme le CFA est bien corrélé à la réponse à la stimulation ovarienne maximale en 20 termes de rendement ovocytaire, on peut en déduire que certains follicules peuvent être «sauvés» dès les premiers stades de l'atrésie par une stimulation gonadotrope [9]. Le seul inconvénient est que le CFA est dépendant de l’opérateur et de la technique utilisée (2 ou 3 dimensions) [23]. 2.4.3 Inhibine B Les inhibines sont des produits de la granulosa, avec l'inhibine B sécrétée principalement pendant la phase folliculaire par la cohorte de follicules antraux. Bien que l'inhibine A a la capacité d'inhiber la sécrétion de FSH par l'hypophyse, cela n'a pas été démontré pour l'inhibine B. L'inhibine B est censé fournir une évaluation directe de la réserve ovarienne, car elle est principalement produite par la cohorte de follicules antraux sensibles à la FSH. Une diminution de la sécrétion d'inhibine B (< 45 ng/ml), à la suite d'une réduction de la taille de la cohorte liée à l'âge, est associée à des niveaux élevés de FSH et d’une diminution de la qualité des ovocytes et de la fertilité potentielle [9]. Le taux d’estradiol, de progestérone et d’inhibine A reflètent la fonction du follicule dominant, tandis que l'inhibine B dans la phase folliculaire précoce reflète la cohorte de follicules recrutés. Cependant en pratique courante, son dosage n’est pas effectué avant une prise en charge en AMP, et est remplacé par le dosage de l’AMH. 2.4.4 AMH Chez la femme, l’AMH est synthétisée exclusivement dans l’ovaire dès la naissance, par les cellules de la granulosa des follicules pré antraux (primaires et secondaires) et des petits follicules antraux (de 2 à 9 mm) (figure 7). 21 primordial to the primary stage, production of AMH starts and continues until the follicles have reached the midantral stages with diameters of 2– 6 mm (98 –100). Although AMH primarily has autocrine and paracrine ac- A. The menstrual cycle The reproductive system in women depends on repetitive cyclic follicle recruitment, single dominant follicle selection, followed by ovulation (release of the oocyte) and FIG. 6. The role of AMH in ovarian follicle development (red center represents the oocyte, gray area the granulosa cell layer). The inhibitory effects Figure 7 : Le rôle de l'AMH dans le développement des follicules ovariens (le centre rouge of AMH ! are shown upon the recruitment of primary follicles from the resting primordial follicle pool (a) and the sensitivity of antral follicles for FSH and their ability to develop into a preovulatory Reprintedde with permission Ref. 327. Les effets inhibiteurs représente l'ovocyte, et la zonefollicle grise (b). la couche cellules de lafrom granulosa). de l'AMH sont montrés sur le recrutement des follicules primaires issus du stock des follicules primordiaux ayant échappés à l’atrésie (a) et la sensibilité des follicules antraux à la FSH et de leur capacité à se développer en un follicule pré-ovulatoire (b) (d’après F.J. Broekmans, « Ovarian aging: mechanisms and clinical consequences », Endocr Rev, 2009). Le nombre de petits follicules antraux est directement lié à la taille du pool de follicules primordiaux, ce qui en fait un bon marqueur de cette réserve. Avec la diminution du nombre de follicules antraux avec l'âge, les niveaux d'AMH sérique diminuent également et seront indétectables à l’approche de la ménopause. Une étude récente a montré que le taux sérique d’AMH devient très faible ou indétectable 5 ans avant la dernière période menstruelle, après une baisse linéaire d’environ 10 ans [24]. Au niveau de l’ovaire, l’AMH inhibe le recrutement initial des follicules primordiaux permettant ainsi le maintien du stock folliculaire et diminue la sensibilité des follicules pré-antraux et des petits follicules antraux à la FSH. Il existe une forte corrélation entre l’AMH et le CFA [25]. Cependant, en pratique il peut exister une discordance entre le taux d’AMH et le CFA, comme par exemple un taux d’AMH bas et un CFA normal [26]. Le taux sérique d'AMH représente un marqueur quantitatif de la réserve ovarienne, et peut donc prédire la réponse à la stimulation ovarienne chez les patientes en FIV. L’AMH apparaît comme le meilleur paramètre pour évaluer l'ampleur de l'épuisement des follicules ovariens et serait peut-être le meilleur marqueur pour le diagnostic d’insuffisance ovarienne [27]. L’AMH, contrairement à d'autres marqueurs de la réserve ovarienne, peut être dosée 22 indépendamment de la phase du cycle menstruel, et son taux est reproductible. Le problème reste que son dosage n’est pas remboursé par la sécurité sociale, et il existe toutefois une hétérogénéité technique selon la méthode de dosage utilisée. L’AMH est le seul paramètre fortement associé avec le nombre d'ovocytes recueillis, marqueur de la réponse à la stimulation ovarienne [28]. Grzegorczyk-Martin et al. ont confirmé le fait qu’une AMH abaissée (≤ 2ng/ml) est corrélée à un pronostic diminué en FIV, quelle que soit la valeur de la FSH. Le pronostic de la FIV est certes meilleur lorsque la femme a moins de 35 ans mais reste inférieur à celui des patientes ayant une AMH normale [29]. Ces résultats permettent d’informer les couples avant la première tentative et d’adapter le traitement de stimulation en FIV. Cependant l’AMH n’est pas corrélée avec la survenue d’une grossesse clinique [28]. On observe également une assez bonne corrélation entre la FSH et l’AMH en fonction de Gleicher et al. Reproductive Biology and Endocrinology 2011, 9:23 Page 4 of 11 http://www.rbej.com/content/9/1/23 l’âge féminin (figure 8). Cependant l’AMH apparait être plus spécifique que la FSH pour prédire le rendement ovocytaire et les chances de grossesse en FIV [27]. Figure 1 Age-specific FSH and AMH levels: (Modified from Barad et al., 2010, with permission). The Figure presents on exponential scale AMHprésentant (ng/mL) and FSH (mIU/ML) in a center-specific patient population of donors and infertility patients. Modified Figure 8 :age-specific Figure l’évolution exponentielle deoocytes l’AMH (ng/ml) et de la with FSH (mUI/ml) permission [7]. selon l'âge, dans une population de patientes donneuses d’ovocytes et de patientes infertiles Controlling OR 55-200) CGG triple nucleotide repeats has been aging varies between individuals [12]. Using age at repeat numbers may also denote risk towards premature ovarian senescence, at times representing milder forms of so-called POA/OPOI, is a more recent discovery [48-51]. The genotypes relating to ovarian function are distinctly different from the genotypes historically reported to define the gene’s neuro/psychiatric risks. In regard to ovarian function, 26 to 34 CGG nucleotide repeats represent normal (median 30), independent of ethnicity/ (d’après Wallace N. Gleicher, Defining ovarian reserve known to better understand ovarian aging », Reprod and Kelsey« recently reaffirmed that ovarian for decades [47] but that even lower CGG Biol Endocrinol, 2011). menopause as end points, they determined that speed of follicle recruitment and follicle numbers vary significantly at different stages of life. We have come to similar conclusions, recently describing effects of the FMR1 gene on the ovary [46]. Evaluations of the FMR1 gene have become increasingly popular because of the gene’s neuro/psychiatric effects [47]. It, however, also, independently, demon- 23 2.4.5 La réponse à la stimulation ovarienne Les femmes qui répondent « mal » à la stimulation ovarienne avec les gonadotrophines, deviennent ménopausées plus tôt [16, 30, 31]. La FIV peut être considérée comme un test dynamique de la réserve ovarienne. Il a été suggéré que la taille de la cohorte des follicules de plus de 2 mm, susceptibles de répondre à la stimulation par des gonadotrophines exogènes lors d'une FIV, peut-être un reflet du pool folliculaire restant [17]. 2.5 Etiologies L’IOP débutante et l’IOP vraie représentent un continuum dans l'expression phénotypique des différentes étiologies du vieillissement prématuré des ovaires. Il est donc important de rechercher une ou des étiologies sous jacentes [3]. Les principales sont représentées dans le tableau I. Cependant dans plus de 90 % des cas, l’étiologie de l’IOP n’est pas connue. 2.5.1 Iatrogènes La chimiothérapie est l’une des causes les plus fréquentes d’atrésie folliculaire accélérée. Les substances les plus toxiques pour les ovocytes sont les agents alkylants, comme le cyclophosphamide (Endoxan®). Cette molécule utilisée notamment dans le traitement du lymphome de Hodgkin entraine une insuffisance ovarienne prématurée dans 5 à 25% des femmes de moins de 30 ans [32]. Le risque de survenue d’une insuffisance ovarienne dépend du type de molécule utilisé, de la dose, et surtout de l’âge de la patiente au moment du traitement (exemple l’aménorrhée apparaît dès une dose totale cumulée de 5,2g de cyclophosphamide chez une patiente de 40 ans, alors qu’une dose de 9,5g est nécessaire pour avoir cet effet chez des patientes plus jeunes) [33]. La radiothérapie pelvienne peut provoquer également une insuffisance ovarienne, par la toxicité accrue sur les petits follicules primordiaux. Ce risque est lié à la dose délivrée, aux champs d’irradiation, et à l’âge de la patiente (phénomène quasi constant après l’âge de 40 ans pour une dose fractionnée de 400 à 700 cGy sur les ovaires) [33]. L’iode radioactif pour traiter un cancer thyroïdien peut entrainer une insuffisance ovarienne transitoire [33]. 24 La chirurgie pelvienne notamment ovarienne comme les kystectomies (pour des kystes endométriosiques ou dermoïdes le plus fréquemment) peut entrainer des lésions plus ou moins sévères du cortex ovarien. La réserve ovarienne peut également être altérée par une ovariectomie, ou une embolisation des artères utérines [34], ou en cas d’infections pelviennes créant des adhérences, ou en cas de salpingectomie endommageant la vascularisation ovarienne. 2.5.2 Génétiques La cause génétique la plus fréquente est le syndrome de l’X fragile ou X-FRA, dû à la répétition anormalement élevée de triplets CGG, situés sur le gène FMR1 en Xq27.3, qui est un gène candidat. Les femmes ayant une prémutation sur le gène FMR1 avec une répétition du triplet nucléotidique (de 55 à 200 environ) est connu depuis des décennies. Il semblerait que des chiffres encore plus faibles de répétition de CGG peuvent également désigner des risques vers la sénescence ovarienne prématurée, représentant des formes modérées d’IOP, est une découverte plus récente [13]. Le nombre de triplets normal est de 26 à 34 (médiane 30), indépendamment de l’ethnie. Lorsque la prémutation est recherchée de façon systématique chez les patientes atteintes d’IOP, elle est retrouvée dans environ 3 % des cas d’IO sporadique et dans environ 12 % des cas d’IO familiale [35]. Les jeunes femmes avec une réserve ovarienne normale ont un recrutement folliculaire plus actif, entrainant par conséquent une diminution de la réserve ovarienne plus rapide, par rapport aux femmes hétérozygotes et homozygotes qui dès le plus jeune âge ont un recrutement folliculaire plus lent. Les femmes mutées ont un déclin plus lent et constant du taux d’AMH [13]. Paradoxalement les femmes non mutées ayant un recrutement folliculaire rapide ont un risque d’épuisement folliculaire précoce. Le syndrome BPES de type I (blepharophimosis ptosis epicanthus inversus syndrome) est une maladie génétique rare autosomique dominante, mais facilement reconnaissable car elle associe un syndrome malformatif ophtalmique (rechercher un antécédent de chirurgie des paupières dans l’enfance) à l’insuffisance ovarienne. D’autres causes génétiques plus rares sont connues. On distingue celles liées aux autosomes, notamment sur le chromosome 2, 3 et 11, comme les mutations du récepteur de la 25 FSH, et celles liées au chromosome X, par anomalie de nombre comme la monosomie X complète ou partielle, ou par anomalie de structure (tableau I). Le niveau de compréhension de la quantité folliculaire et de la baisse de la qualité des ovocytes avec l'âge peut être considérablement amélioré par des études d'identification de génétique Vol.variation 67, n° 6, 2006 dans les gènes ou loci qui ont trait aux fonctions clés de l'ovaire. L’insuffisance ovarienne prématurée Tableau I Tableau I : Principales étiologies des IOP et fréquence de ces pathologies dans la population Étiologies des insuffisances ovariennes prématurées (IOP) et fréquence de ces pathologies dans la population générale. Table I générale (d’après S. Christin-Maitre, « Premature ovarian failure », Ann Endocrinol, 2006). Main causes of premature ovarian failure and frequency of these conditions in the general population. Étiologies Auto-immune Syndrome APECED Polyendocrinopathie de type II IOP avec maladie autoimmune Toxique-Iatrogène Chimiothérapie Radiothérapie Ovariectomie bilatérale Tabac ? Virale Oreillons ? Fréquence < 1/25 000 ? Génétiques Chromosome X Autosomes Syndrome de Turner Triple X Délétions du chromosome X Translocation X, autosome FRAXA Gène BMP15 1/2 500 1/900 1/590 < 10 cas Mutation du récepteur de la FSH Mutation de FSHβ < 10 cas < 10 cas Syndrome APECED Blépharophimosis (BPES) Gène FOXL2 < 1/25 000 ? Ataxie-télangiectasie Galactosémie 1/40 000 1/20 0001/30 000 Syndrome de Perrault Gène de l’aromatase Gène 17 α hydroxylase, 17-20 desmolase Gène STAR Gène inhibine alpha Gène GDF9 ? < 10 cas < 10 cas < 10 cas < 10 cas APECED : Autoimmune PolyEndocrinopathy Ectodermal Dystrophy ; GDF9 : Growth Diferrenciation Factor 9. 2.5.3 aux oreillons qui concernent 2 à 8 % des femmes ayant molécule utilisée, de la dose etAuto-immunes de la durée de traitement. déclaré la maladie [79]. Le mécanisme exact expliquant Les agents alkylants sont les molécules les plus toxiques. l’atteinte ovarienne n’est pas élucidé. Il est probable que L’âge de la patiente au moment du traitement est un certains cas d’IOP idiopathiques puissent facteur pronostic. Plus traitement est administré Le rôle delel’auto-immunité dans lachez pathogénie de l’insuffisance ovarienne a étérelever depuisd’une ovarite virale. une enfant jeune, plus la toxicité est faible. Le risque de suspecté du 30 fait l’association IOPlongtemps est élevé après l’âge de ansde[28]. L’irradiation fréquente entre IOP et d’autres maladies autocorps entier avant greffe de mœlle induit un effet délétère Causes génétiques en particulier ovarienne peut être associée surimmunes, la fonction ovarienne. Une dosel’hypothyroïdie. ≤ 10 Gray, en une L’insuffisance Ces dix dernières années ont été marquées par une augseule dose, avant la puberté, induit une insuffisance mentation de la connaissance des étiologies également à une myasthénie, un lupus, une maladie d’Addison, un diabète de type génétiques. I, un ovarienne dans 55 à 80 % des cas [74]. Les doses fracIl est maintenant établi que l’âge de la ménopause physiotionnées sontune moins toxiques, mais une dose supérieure vitiligo, polyarthrite rhumatoïde, une maladielogique de Crohn, encore entrer dansUn le premier cadre ara une ou composante génétique. à 15 Gray donne une IOP dans la majorité des cas. gument est qu’il existe un lien étroit entre l’âge de la d’une polyendocrinopathie familiale type I (APECED) ou II [2]. L’ovariectomie bilatérale est une étiologie exceptionnelle ménopause d’une mère et de ses filles [15]. Un deuxième chez la femme de moins de 40 ans. est basé sur des études chez des jumelles. La part génétiLes antigènes cibles de l’ovaire impliqués dans l’auto-immunité sont mal connus. Causes virales Quelques cas d’IOP apparus après un épisode viral ont été rapportés. Le lien de cause à effet est difficile à affirmer dans la plupart des cas, en dehors des ovarites secondaires que dans l’âge de survenue de la ménopause a été évaluée dans ces familles entre 60 et 70 % selon les études [19]. Une dernière étude hollandaise a établi une liaison génétique entre l’âge de la ménopause et le 26 chromosome X (41). 559 L’origine auto immune d’une insuffisance ovarienne est difficile à démontrer en dehors d’un contexte familial auto-immun ou de l’association à une autre pathologie auto-immune, notamment l’hypothyroïdie ou l’insuffisance surrénalienne. En pratique courante la recherche d’anticorps anti-ovaires n’est pas utile, tant d’un niveau diagnostic que pronostic [33]. 2.5.4 Infectieuses et toxiques L’exposition aux hydrocarbures aromatiques polycycliques, comme le tabac, favorise un arrêt du fonctionnement ovarien plus précocement que chez des patientes non fumeuses [36]. Les effets des perturbateurs endocriniens, les métaux lourds, les solvants, les pesticides, les plastiques, les produits chimiques industriels et la fumée de cigarette sur la fonction de reproduction ont été décrits [37]. Le mécanisme par lequel les agents chimiques affectent la fonction ovarienne peut impliquer la perturbation hormonale ou immunitaire, la formation d'adduits de l'ADN, la prolifération cellulaire altérée, ou la mort cellulaire inappropriée. Les données sur l'association des expositions aux produits chimiques et les résultats négatifs sur la reproduction chez l'Homme, sont cependant équivoques et d’autres études sont nécessaires pour préciser quelles substances toxiques affectent la reproduction humaine et comment. Une IOP peut apparaitre après un épisode viral, comme dans un cadre d’ovarites secondaires aux oreillons, ou au cytomégalovirus, chez des patientes immunodéprimées [2, 36]. Il est probable que certains cas d’IOP idiopathiques puissent relever d’une ovarite virale. 2.5.5 Idiopathiques La cause de l’IO reste inconnue dans plus de 80 % des cas [37]. 2.6 Comment faire le diagnostic d’IOP débutante ? A l’interrogatoire, les facteurs de risque à rechercher comprennent des antécédents personnels de chirurgie ovarienne, de chimiothérapie ou de radiothérapie, une intoxication tabagique importante, une endométriose. Les antécédents familiaux à demander sont un antécédent de ménopause précoce chez la mère, une histoire familiale d’auto-immunité 27 (thyroïde, diabète), ainsi que la recherche d’une mutation du gène FMR1 avec une histoire de retard mental chez un garçon de la famille. Le bilan étiologique à réaliser comprend un caryotype et la recherche de la prémutation du gène FMR1 pour éliminer une cause génétique, un bilan auto-immun avec dosage de la TSH, des anticorps anti thyropéroxydase (TPO) et des anticorps anti thyroglobuline (TG), une glycémie à jeun. Un prélèvement d’ADN peut être réalisé à des visées de recherche de gènes candidats, dans le cadre de protocoles de recherche [33]. Le principal élément clinique évoquant une diminution du pool ovocytaire est l’apparition prématurée de cycles courts, c’est à dire ≤ à 26 jours, par raccourcissement de la phase folliculaire. Ce signe d’alerte est souvent méconnu et apparaît plus précocement que les signes relatifs à l’hypoestrogénie (bouffées de chaleur, sécheresse vulvo-vaginale, diminution de la libido, irritabilité, asthénie) révélant une insuffisance ovarienne plus avancée. Enfin l’âge chronologique lui même est un marqueur d’insuffisance ovarienne, mais il ne permet pas de dépister à temps la diminution de la réserve. Il convient donc comme le recommande le Collège National des Gynécologues et Obstétriciens, de réaliser un bilan de réserve ovarienne systématique chez une femme de plus de 35 ans consultant pour un désir de grossesse, même en l’absence de signes cliniques évocateurs. Un bilan hormonal et échographique de la réserve ovarienne en début de cycle est réalisé afin de dépister et diagnostiquer une IO, pour la prendre en charge au plus tôt. Certains centres ne réalisent pas de bilan systématique, mais après la première tentative de stimulation ovarienne en cas de mauvaise réponse. Cependant il n’y a pas de consensus sur les seuils péjoratifs de ces marqueurs. Selon la littérature et comme expliqué précédemment, la FSH doit être couplée à l’E2 pour une meilleure interprétation. Le taux d’estradiol est élevé quand il est supérieur à 50 pg/ml et le taux de FSH est augmenté à partir de 10 UI/L. Un taux d’AMH inférieur à 2 ng/ml est considéré comme diminué. Enfin la valeur seuil du CFA n’est pas admise par tous, la valeur inférieure variant de 4 à 6 follicules par ovaire selon les équipes. 28 2.7 Infertilité et prise en charge en AMP 2.7.1 Protocoles de stimulation ovarienne multi-folliculaire en vue d’une FIV Le meilleure protocole de stimulation chez ces patientes ayant une réserve ovarienne diminuée reste à ce jour sans réponse, comme le montre la récente analyse de la Cochrane Database [38]. Le but étant d’obtenir un nombre suffisant d’ovocytes matures afin d’avoir un nombre et une qualité embryonnaire suffisants pour l’obtention de la grossesse désirée. Certains préfèrent utiliser un protocole agoniste avec des microdoses (afin d’éviter une désensibilisation trop importante de l’ovaire), d’autres ne trouvent pas de différence entre un protocole agoniste ou antagoniste, qui sont les protocoles de stimulation classiques [13]. Pour améliorer la réponse ovarienne de ces femmes à la stimulation, plusieurs protocoles ou traitements adjuvants ont été proposés. Ces derniers sont utilisés en cas d’échec de la première stimulation avec un protocole standard. 2.7.1.1 Agonistes de la GnRH longs Blocage de la fonction ovarienne Stimulation de la fonction ovarienne Contrôle Désensibilisation hypophysaire Agoniste de la GnRH 0,1 , SC mg/j A partir de J1 ou 21 du cycle Ponction Transfert hCG Règles Gonadotrophine 1 injection/j Environ 10 jours Figure 9 : Schéma d’un protocole agoniste long Dans ce protocole est utilisé un agoniste de la GnRH, exemple Triptoréline (Décapeptyl®) à la dose de 0,1 mg par jour pendant minimum 10 jours, afin d’obtenir une désensibilisation de l’axe hypothalamo-hypophyso-ovarien. Puis la FSH est introduite associée à l’agoniste de la GnRH à demi dose soit 0,05 mg par jour. Cette réduction de moitié de la dose d’agoniste quotidien permet une amélioration des paramètres de la stimulation, 29 avec une diminution des doses de gonadotrophines, des annulations, de la durée de stimulation, une augmentation de l’estradiolémie, des ovocytes recueillis, des embryons obtenus, par rapport à un protocole long sans diminution des doses d’agonistes [39, 40]. Cela permet de diminuer la désensibilisation ovarienne et donc d’augmenter la réponse folliculaire. D’autres ont testé une diminution des doses d’agoniste d’emblée, avant la désensibilisation de l’axe gonadotrope, avec des résultats variables. D’autres encore ont étudié le protocole long avec l’interruption de l’agoniste de la GnRH dès le contrôle de la désensibilisation, les résultats ont été contradictoires [4]. 2.7.1.2 Agonistes de la GnRH courts Stimulation de la fonction ovarienne Agoniste de la GnRH 0,1mg/j, SC Ponction Transfert hCG Règles Gonadotrophine 1 injection/j Environ 10 jours Figure 10 : Schéma d’un protocole agoniste court « flare up » Un traitement d’agoniste du GnRH en « flare up microdose » permet d’améliorer la sécrétion de gonadotrophines endogènes et d’améliorer la réponse à l’utilisation consécutive de gonadotrophines exogènes, sans suppression ovarienne excessive préalable. L’agoniste du GnRH (exemple Décapeptyl®) est débuté à J1 du cycle à 0,1mg par jour pendant 2 jours, puis la FSH est introduite et l’agoniste poursuivi à mi-dose. Dans un but d’homogénéiser la cohorte de départ, et pour éviter également qu’un corps jaune résiduel du cycle précédent puisse être relancé par l’effet flare-up et ainsi gêner la réponse folliculaire par des taux de LH et de testostérone élevés, une combinaison oestro-progestative antigonadotrope (exemple pilule oestroprogestative) pendant 21 jours, est utilisée avant de débuter la stimulation [41]. Surrey et al. ont comparé ce protocole avec un prétraitement par oestroprogestatif chez les patientes mauvaises répondeuses, versus un protocole agoniste long. Ils observent avec le protocole court, une augmentation significative du nombre d’ampoules de gonadotrophines 30 consommées, du taux d’estradiol le jour du déclenchement (sans différence entre les deux protocoles concernant le nombre d’ovocytes recueillis), une diminution significative des abandons de cycle, et un taux de grossesse évolutive par transfert de 33,3% avant 40 ans [42]. Ces résultats ont été retrouvés par certains mais pas par d’autres [4]. 2.7.1.3 Antagonistes de la GnRH Stimulation de la fonction ovarienne Antagoniste 0,25mg/j, SC Estradiol 4 mg/j PO A partir de J20-25 du cycle Ponction Transfert hCG Règles Gonadotrophine 1 injection/j Environ 10 jours Figure 11 : Schéma d’un protocole antagoniste avec pré-traitement L’utilisation d’antagonistes en fin de phase folliculaire a été proposée, afin d’éliminer le risque de survenue d’un pic prématuré de LH, sans désensibiliser l’ovaire durant la période de recrutement folliculaire [43, 44]. Plusieurs études ont montré des résultats encourageants, Marci et al. ont trouvé un meilleur taux de grossesse avec les antagonistes comparés aux agonistes longs [45]. D’autres auteurs ont montré des résultats similaires en termes de nombre d’ovocytes récupérés et de taux de grossesse par transfert [46, 47] voir meilleurs [48] avec le protocole antagoniste versus le protocole agoniste court. Des méta-analyses récentes [49, 50] ont retrouvé des résultats équivalents en termes de cycles annulés, de nombre d’ovocytes récupérés et de taux de grossesse, entre protocoles antagoniste et agoniste (long et flare up) de la GnRH chez les patientes mauvaises répondeuses. Avant de débuter la stimulation ovarienne et dans le but d’homogénéiser la cohorte folliculaire (par freination de la FSH endogène et ralentissement de la croissance des follicules sélectionnables), l’estrogène naturel est utilisé en phase lutéale. Il s’agit du 17β œstradiol (exemple Provames®) à la dose de 4mg par jour per os, débuter à J25 du cycle précédent ou J21 si les cycles sont raccourcit, pendant minimum 7 jours. L’œstradiol en phase 31 lutéale semble augmenter les résultats chez les patientes mauvaises répondeuses, en termes de taux de grossesse et de qualité embryonnaire [51]. L’antagoniste de la GnRH, Cetrorelix (Cétrotide®) ou Ganirélix (Orgalutran®) est administré de façon quotidienne à partir du 6ème jour de stimulation ou lorsqu’un follicule atteint 14 mm, jusqu’au jour du déclenchement à la dose de 0,25 mg. Le protocole antagoniste est le plus souvent utilisé en première intention, quelque soit la réserve ovarienne. Il permet d’obtenir des résultats au moins équivalents aux protocoles agoniste court microdose, et supérieurs aux protocoles agoniste long, chez les patientes mauvaises répondeuses [4]. 2.7.1.4 Augmentation des doses des gonadotrophines Certains pensent qu’il est inutile d’augmenter les doses de gonadotrophines au delà de 300 UI par jour [52-54], d’autres ne sont pas d’accord [55, 56]. De plus, le fait que la réponse soit améliorée ne signifie pas forcément une probabilité de grossesse supérieure [57]. Les données de FIVNAT 2004 montrent que l’augmentation de la dose totale de gonadotrophines, efficace chez les femmes jeunes, l’est de moins en moins si l’âge des patientes augmente. La Cochrane Database a constaté qu’une dose supérieure à 3000 UI par cycle était péjorative en termes de résultat [58]. Il semble même que la diminution des doses de gonadotrophines en cours du cycle ne soit pas péjorative [4]. Des données sur les animaux ont démontré que les follicules primordiaux et pré antraux étaient aussi sensibles à la FSH [13]. Une exposition continue à la FSH pourrait être bénéfique sur le recrutement folliculaire, applicable aussi à des doses élevées. Cependant les follicules recrutés sensibles à la FSH proviennent d’une cohorte ayant commencé leur croissance des mois plus tôt, ce qui implique que l’augmentation des doses quelques jours avant l’ovulation, ne peut agir de manière significative. 2.7.1.5 Cycles semi naturels ou MILD stimulation Ce protocole peut être proposé dans la prise en charge des patientes ayant un mauvais pronostic en FIV, à savoir en cas de pauci-recrutement folliculaire (< 5 follicules ≥ à 17 mm) à la stimulation ovarienne, en cas de défaut d’implantation répété, ou en cas d’échec de fécondance. 32 A noter que les premières FIV ont eu recours au cycle naturel, puis la stimulation ovarienne a été jugée plus bénéfique. Cependant l’incidence d’une mauvaise réponse à l’hyperstimulation contrôlée n’est pas rare, et varie entre 8 et 18 % [59]. L’inconvénient principal de la FIV en cycle naturel est la survenue d’ovulations prématurées. L’introduction des antagonistes de la GnRH a ouvert de nouvelles perspectives pour le contrôle du pic prématuré de LH [60]. Ainsi, la FIV peut être proposée en « cycle semi naturel », après que le follicule dominant ait été sélectionné au cours d’un cycle menstruel. Fauser et al. [61] ont avancé l’hypothèse selon laquelle le cycle semi naturel pouvait produire des follicules de meilleure qualité que ceux produits par une stimulation ovarienne classique. On obtiendrait des ovocytes en moins grande quantité mais de meilleure qualité, donc une meilleure qualité embryonnaire, et un endomètre de meilleure réceptivité (car non exposé à une hyper-estradiolémie supra physiologique). L’efficacité des cycles naturels varie selon les équipes de 0 à 23 % de grossesses cliniques par ponction, avec comme facteur limitant l’échec de la récupération ovocytaire [4]. Le protocole débute par un dosage hormonal (E2, LH, progestérone) et une échographie endovaginale effectués au 5ème ou 7ème jour du cycle menstruel, afin d’analyser le statut ovarien. Selon la croissance folliculaire observée, la gonadotrophine à la dose de 150 à 225 UI est débutée quand le taux d’E2 est ≥ à 50 pg/mL. En retardant le début de la stimulation ovarienne au milieu de la phase folliculaire, la FSH exogène ne peut stimuler les follicules les plus matures donnant lieu à des ovocytes de meilleure qualité. Cela pourrait être le résultat d’une sélection « naturelle » des ovocytes de bonne qualité ou d’une exposition réduite des follicules en croissance aux effets potentiellement négatifs de la stimulation ovarienne. Un antagoniste est également administré quand un follicule est ≥ à 14 mm, afin d’empêcher l’ovulation et d’attendre la fin de la maturation folliculaire. La ponction folliculaire est réalisée 36 heures après le déclenchement de l’ovulation par une injection d’hCG (urinaire 5000 UI ou recombinante Ovitrelle®), lorsque l’on obtient 3 follicules ≥ à 17 mm. Quel que soit le taux d’AMH ou du CFA, il n’y a pas de variation de résultat dans ce type de prise en charge [62]. Une étude a montré un meilleur taux d’ovocyte récupéré lorsqu’au moment du déclenchement les follicules mesuraient de 18 à 18,5 mm [59]. La simplicité du cycle semi naturel se traduit par l’utilisation minimale de médicaments (et donc un coût moindre) et dans la légèreté du monitorage, avec la possibilité de renouveler la prise en charge rapidement. De plus, les risques carcinologiques liés à 33 l’exposition répétée de l’hyperstimulation ovarienne renforcent l’intérêt du cycle semi naturel [59]. Castelo-Branco et al. ont montré que le cycle semi spontané apparaît comme une option de prise en charge pour des patientes de mauvais pronostic dont l’âge est < 38 ans, avec un taux de grossesse clinique par transfert de 28 % (81 % de ponction par cycle débuté) [59]. Les taux d’implantation en cycle semi naturel, même dans ces cas de mauvais pronostic, sont supérieurs à ceux obtenus au cours de cycles stimulés (environ 20 %) [59]. Une méta-analyse récente montre qu’après une stimulation ovarienne « légère » la récupération d’un faible nombre d’ovocytes (5) est associé à un meilleur taux de grossesse évolutive par transfert (30,7 %), comparé à un protocole long où le meilleur taux de grossesse (28,5 %) est obtenu avec une médiane de 10 ovocytes prélevés [63]. D’autres équipes ont comparé le cycle semi naturel avec un protocole agoniste long ou agoniste court, et retrouvaient des résultats similaires voire supérieurs [4]. L’intérêt est de permettre la sélection de quelques follicules de meilleure qualité. Cependant, les taux d’annulation, de ponction blanche, d’absence de fécondation, ou de non développement embryonnaire restent élevés, et donc on observe une diminution du taux de transfert. La pratique du rinçage folliculaire ou flushing au cours du cycle semi-naturel permet d’augmenter le pourcentage de récupération ovocytaire et donc de diminuer les absences de transfert. De plus les ovocytes obtenus par flushing ont montré un potentiel reproductif similaire à ceux obtenus dans la première aspiration du liquide folliculaire, et par conséquent le taux de grossesse serait amélioré [64]. Ce protocole apparaît comme une option thérapeutique pour des patientes au pronostic réservé. 2.7.1.6 Traitements adjuvants : androgènes/DHEA L'une des questions les plus controversées en médecine de la reproduction est de savoir si la diminution de la réserve ovarienne peut être pharmacologiquement améliorée. Cela peut être une raison pour laquelle la supplémentation en déhydroépiandrostérone, (DHEA) est utilisée dans quelques centres [65] [66], dont le CHU d’Angers. Physiologiquement les taux de DHEA diminuent avec l’âge chez les femmes comme chez les hommes. La DHEA est une hormone endogène secrétée par la zone réticulée du cortex surrénalien et par les cellules de la thèque des follicules pré-antraux, puis est convertie dans 34 les tissus périphériques vers des formes plus actives en testostérone et œstrogènes. C’est une prohormone essentielle dans la stéroïdogénèse folliculaire ovarienne [66]. Les androgènes peuvent influencer la croissance folliculaire ovarienne, non seulement en agissant comme un précurseur métabolique de la production de stéroïdes, mais aussi en servant de ligands pour les récepteurs aux androgènes. D’autres mécanismes ont été décrit comme une augmentation du taux sérique du facteur de croissance à l’insuline (IGF1) pouvant être dû à l’augmentation de la sécrétion d’androgènes. Ceci entrainerait « un syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) like », et une activité méiotique ovocytaire augmentée, en cas d’exposition prolongée à la DHEA. Un «retard» du processus atrétique a été noté chez les femmes anovulatoires atteintes de SOPK, où l'augmentation de concentration en DHEA folliculaire a été associée à une augmentation de l'activité aromatase [66]. Ces dernières années plusieurs études ont rapporté les effets bénéfiques de la DHEA chez les patientes avec une réserve ovarienne diminuée [65-69]. La supplémentation en DHEA (à raison de 75 mg par jour pendant 4 mois avant la FIV) améliorerait les paramètres des résultats en FIV, comme le taux d’E2 en fin de stimulation, la quantité et la qualité des ovocytes et donc des embryons, ainsi que les chances de grossesse clinique [67]. Elle réduirait également le taux d’aneuploïdie et donc de fausses couches [70]. Une récente étude a mis en évidence une amélioration des marqueurs de la réserve ovarienne (FSH, E2, CFA, AMH, inhibine B) chez les patientes ayant une réserve ovarienne diminuée quel que soit leur âge, après une supplémentation en DHEA (75 mg par jour pendant au moins 6 semaines) [71]. La DHEA n’agit pas directement sur l’ovocyte, mais sur l’environnement ovarien, favorisant ainsi une meilleure maturation folliculaire et qualité ovocytaire [72]. Mamas a démontré une diminution de la FSH de base, et a rapporté un cas de grossesse spontanée, sous traitement [68]. Le nombre de follicules recrutés augmenterait donc après 75 mg par jour per os de DHEA pendant 4 mois avant la tentative de FIV. Aucun effet secondaire n’a été rapporté aux doses utilisées. Une échographie mammaire bilatérale plus ou moins une mammographie est prescrite avant de débuter le traitement au CHU d’Angers. L’utilisation de la DHEA reste cependant controversée. Une étude randomisée a confirmé l’efficacité de cette hormone, avec 23,1% d’accouchement après 2 cycles de FIV, comparé à 4% dans le groupe contrôle [73]. Mais une toute récente méta-analyse (sous presse) (seulement 3 études randomisées admissibles sur 22 publications) ne trouve aucune différence 35 significative du taux de grossesse clinique et du taux de fausse couche entre les femmes ayant reçu un prétraitement par DHEA et celles sans traitement adjuvant [74]. D’autres équipes ont testé la testostérone en patch ou en gel (12,5 mg pendant 3 semaines), mais les études sont contradictoires [75, 76]. De nouveaux essais sont nécessaires afin de déterminer la dose optimale et la durée du traitement. 2.7.2 Grossesse spontanée L’insuffisance ovarienne diffère bien de la ménopause précoce, du fait qu’elle soit non définitive et réversible, avec la survenue rapportée de grossesses spontanées. Ainsi la reprise de la fonction ovarienne est imprévisible. Selon la littérature, 5 à 10% des patientes IOP peuvent concevoir spontanément après le diagnostic posé [77]. Une ovulation est notée chez 20 % des patientes sur un temps d’observation de 4 à 6 mois, mais la probabilité de rémission spontanée pour un individu donné est impossible à prédire [36]. Une enquête du groupe d’étude sur le don d’ovocytes en France a rapporté 27 grossesses spontanées sur 518 femmes en attente d’un don d’ovocytes, soit 5,2 % avec seulement 11 % de FCS [78]. La presque totalité des grossesses spontanées, publiées dans la littérature, est survenue sous traitement hormonal substitutif séquentiel [36, 79]. Dans un contexte de désir de grossesse, il est préférable d’utiliser des estrogènes et progestatifs naturels. Le mécanisme d’action de ce traitement n’est pas clairement défini. L’administration d’estrogènes aurait un effet d’inhibition sur la production des gonadotrophines et leur diminution sérique autoriserait la restauration du nombre et de la fonctionnalité des récepteurs de la FSH et de la LH et ainsi de la sensibilité des follicules ovariens restants. Dans la littérature 2 cas de grossesse spontanée ont été publiés chez des femmes avec un taux d’AMH indétectable (<0,4 ng/mL) [26]. La précision du taux d’AMH dans la prédiction des chances de grossesse spontanée a ses limites. Les informations concernant la fertilité future des femmes infertiles présentant des niveaux extrêmement bas ou indétectable d’AMH doivent donc être données avec prudence. Il n’existe pas à ce jour de facteur prédictif d’une grossesse, et les marqueurs de la réserve ovarienne ne sont d’aucun apport. Il faut donc informer les femmes que les chances de récupération du fonctionnement ovarien et de grossesse existent, mais qu’elles ne sont pas prévisibles. 36 Within the context of normal female reproductive agbnormalities seem much more common in ing, as already outlined, large individual variation exists in ed with sperm. the age at which the various reproductive events occur. competence of oocytes can be adversely This variation has major implications for the preventive ages of development. Chromosome errors management of age-related decreased fertility and general entially with increasing female age. Howhealth risks associated with extremely early menopause in highly speculative how age influences ooconditions such as POF. aturation (191). A close relationship be- Alternatives 2.7.3 ge and oocyte-embryo aneuploidy (38, B. Age-related decreased fertility stablished convincingly in women underThe notion that female fertility decreases with increashe case for an association between age and ing age stems from a number of observations. Studies inLe don d’ovocytes est une des premières alternatives à proposer, en cas d’échec de la rriage rates in the general population (193, volving historical populations—where either none or no volving human oocytes have indeed con- de consistent première tentative stimulation de of l’ovulation. démarche methods birth controlCette were applied— havepeut être effectuée en ed changes in spindle formation and chro- shown a clear decline in fecundity after the age of 30 yr, poursuite de la prise en charge en AMP en intraconjugale. Cette technique ment (35, 37, 195,parallèle 196) (Fig.de 11).laOther leading to fertility loss at a mean age of 41 yr (1, 2, 8). In t have been implicated in the age-related addition, it has been demonstrated in contemporary popobtient de bons résultats, étant donné que le taux de naissance vivante est corrélé à l’âge de te aneuploidy involve the different stages ulation studies that the chance of not conceiving a first development, the l’ovocyte depletion of(figure the follicle 12). Le don d’ovocytes est encadré par la loi de bioéthique, et est soumis à 3 child within 1 yr increases approximately 6-fold when t life, the number of years of primordial women over 30 yr of age are compared with younger grandsFSH principes (donwomen volontaire, anonyme, et gratuit). Cette technique s’est développée irect effects of increasing concentra(3). In recent decades, numerous reports regarding and many others (197, 198). the outcome of ART treatment have confirmed that the depuis près de 30 ans, avec des résultats et des modalités variables selon les pays. L’AMP probability of a live birth decreases distinctly after the age avec don d’ovocytes enofFrance aboutit à 5, un199). taux de grossesse clinique par transfert de 31 % et 35 yr (Fig. 12) (4, In general, the human species can be considered as rel- un taux d’accouchement de 23 % [78]. En Europe le taux moyen d’accouchement est de 39 % atively infertile compared with many other animal species (194, de 200, 201). The average monthly ratedonneuses of par transfert. La différence résultats s’explique par la fecundity pénurie de et l’âge moyen about 20% indicates that among healthy young human des femmes françaisescouples donnant ovocytes. Il en résulte un délai d’attente tryingleurs to conceive, many exposure monthségalement may be required to achieve their goal. With increasing female age this pattern becomes more and more pronounced (Table pouvant aller jusqu’à plusieurs années. micrographs of confocal images of the meiotic obtained from naturally cycling women in two age op) and 40 – 45 yr (bottom). Chromatin is propidium iodide) and microtubules in green yanate). Top, Oocytes obtained from the younger hase II exhibit a uniform matrix of microtubules in FIG. 12. Effect upon average singleton live birth rates of female age, Figure 12 : Illustration du taux de naissance FIV avec ses propres ovocytes stinct, uniform chromosome distribution within the showing a steady decrease aftervivante the age ofen 34 yr. The par dottedcycle, line ottom, Oocytes obtained from the older age group represents the average singleton live birth rate after oocyte donation (courbe enin trait ena function fonction l’âgeage, dewhich la femme, et potential avec les n disarray compared with the oocytes the topplein) as of thede recipient underlines the of ovocytes d’une donneuse etaphase plate of chromosomes is not visible this treatment in women who remain unsuccessful in previous IVF en pointillé) entreatment fonction de laData receveuse F.J. Broekmans, « Ovarian mosomes were not well(courbe aligned or dislocated from usingde theirl’âge own oocytes. were drawn(d’après from the 2005 e. Reprinted with permission from Ref. 35. CDC ART report (5). aging: mechanisms and clinical consequences », Endocr Rev, 2009). L’accueil d’embryon est une autre possibilité, qui peut se définir comme une sorte d’adoption prénatale, avec pour la femme receveuse l’opportunité de vivre une grossesse, et donc de nouer des liens prénatals avec son enfant, et d’être la mère au sens légal du terme. Théoriquement il ne devrait pas être proposé aux femmes IOP, mais la pénurie d’ovocytes en France pousse les couples vers cette technique, qui existe depuis 2002, mais peu de centres la 37 pratique. C’est une technique simple mais qui soulève de nombreuses questions éthiques. De ce fait peu de couples donnent leurs embryons. L’adoption d’un enfant est encore une autre option, qui est souvent présentée comme l’ultime solution. Mais là aussi le nombre d’enfants à adopter en France est en diminution. L’accueil d’embryon est donc une alternative séduisante à l’adoption. Mais les stimulations de l’ovulation actuelles évitant toute hyperstimulation non contrôlée, pourraient limiter le nombre d’embryons congelés. Si toutes les techniques ont échoué, ou que le couple ne souhaite pas d’alternative à l’AMP intraconjugale, celui-ci devra faire son deuil et apprendre à « vivre heureux à 2 », ce qui impose un accompagnement psychologique tout au long de ces différentes démarches éprouvantes. 2.8 But de l’étude L’objectif principal de notre étude est de définir la prise en charge optimale des patientes IOP débutantes, dans le service d’AMP du CHU d’Angers, avant de proposer les alternatives en cas d’échec. Les objectifs secondaires sont d’établir le type de protocole de stimulation obtenant le meilleur taux de grossesse clinique, le nombre de rang, la possibilité de conversion en IIU, les traitements adjuvants, le nombre de tentative avant un arrêt éventuel de prise en charge. 3 Matériel et méthode 3.1 Population étudiée La série présentée ici correspond à une analyse rétrospective portant sur 253 cycles de stimulation en vue d’une prise en charge en AMP, faite au CHU d’Angers, entre le 1er janvier 2009 et le 31 décembre 2012. Pour chaque patiente, toutes les stimulations ont été prises en compte. Le recrutement des sujets, à savoir 102 patientes, a été fait lors de la Réunion de Concertation Pluridisciplinaire (RCP) d’AMP hebdomadaire, et à l’aide du logiciel MEDIFIRST utilisé dans le service du CHU d’Angers ; selon l’âge de la femme, son taux de 38 FSH de base, son taux d’AMH, et son CFA. Nous avons demandé et obtenu l’accord du Comité d’Ethique, afin de réaliser cette étude (numéro 2013/10). 3.1.1 Critères d’inclusion La population étudiée comprend 93 femmes infertiles âgées de moins de 38 ans, qui, dans la base de données de notre centre ont été identifiées IOP débutantes, selon les critères suivants ; FSH ≥ 11 mUI/mL et/ou AMH < 2 ng/mL et/ou CFA ≤ 8. Ces seuils sont ceux habituellement retrouvés dans la littérature. Certaines femmes ont cumulé plusieurs critères. L'âge a été limité à moins de 38 ans afin d’exclure les effets du vieillissement physiologique des ovaires sur les résultats. Chaque patiente a eu une ou plusieurs stimulation(s) ovarienne(s), ce qui représente(nt) 253 cycles de stimulation. Dans notre population, un taux de FSH basal à J3 était < à 11 UI/L (étendue = 2,1-10,9) dans 159 cycles, et ≥ à 11 UI/L (étendue = 11-40) dans 94 cycles. Un taux d’AMH était ≥ à 2 ng/ml (étendue = 2-3,5) dans 10 cycles, entre 1,5 et 2 ng/ml dans 77 cycles, entre 1 et 1,5 ng/ml dans 93 cycles, entre 0,5 et 1 ng/mL dans 48 cycles, et < 0,5 ng/ml (soit indétectable) dans 25 cycles. Le CFA est > à 8 dans 136 cycles, et ≤ à 8 dans 117 cycles. Le taux d’E2 était > à 50 pg/mL (étendue 51-503) dans 106 cycles. L’âge de la femme était < à 30 ans dans 74 cycles, de 30 à 35 ans dans 106 cycles, et ≥ à 35 ans dans 73 cycles. 3.1.2 Critères d’exclusion Sur l’ensemble des sujets recrutés, 9 ont été exclus selon les critères suivants. Une femme a été exclue de l’étude car elle a eu une grossesse spontanée avant sa 1ère FIV. Elle était âgée de 31 ans, 2ème geste primipare, avec un bilan de base comprenant une FSH à 8,3 mUI/mL, un E2 à 36 pg/ml, une AMH à 0,9 ug/l, un CFA à 5, et elle avait eu 3 inséminations intra utérines (IIU). Une deuxième patiente a également été exclue en raison d’une grossesse spontanée en cours de désensibilisation au Décapeptyl® pendant un protocole long de FIV, et après 3 IIU. Trois patientes ont été exclues car leur âge était égal à 38 ans lors de leur prise en charge initiale dans notre centre. Enfin 4 patientes n’ont pas été incluses en raison de données manquantes dans leur dossier médical (femmes suivies à l’extérieur du CHU). 39 3.2 Grossesses observées Nous avons observé l’issue de chaque tentative en termes de grossesse. En cas de grossesse, le délai d’obtention de celle ci a été répertorié, il s’agit du temps entre la première stimulation et le premier dosage d’hCG positif. Les grossesses sont dites « hCG positif », c’est-à-dire toutes les grossesses y compris les grossesses biochimiques. Ces dernières sont identifiées par la positivité des βhCG à la prise de sang (taux d’hCG > 10 UI/L) réalisée à 15 jours de l’IIU ou de la FIV, puis se négativent rapidement et n’ont pas de traduction échographique. Les grossesses cliniques sont l’ensemble des grossesses hormis les grossesses biochimiques et les grossesses extra-utérines. Elles sont visibles à l’échographie de 5-7 semaines d’aménorrhée, par un sac gestationnel intra utérin ainsi que la présence d’une vésicule vitelline et d’un embryon avec une activité cardiaque. Elles sont l’expression du succès de la prise en charge en AMP. Elles sont donc les plus étudiées dans la littérature. Enfin nous observerons le nombre d’accouchements et le taux de naissance vivante. En cas d’absence de grossesse à l’issue des tentatives d’AMP en intraconjugale, le devenir des couples a été rapporté. Si le projet de leur désir d’enfant n’était pas noté dans le dossier, la femme a été contactée par téléphone afin de compléter le devenir du couple dans leur démarche de projet parental. 3.3 Protocoles étudiés Les patientes IOP débutantes de notre cohorte ont été prises en charge par différents protocoles de stimulation en vue d’une technique d’AMP. Pour chaque cycle nous avons observé le rang de la stimulation, le type de protocole utilisé, la molécule, la dose de départ de gonadotrophine, la durée de la stimulation (soit le jour du déclenchement), le taux d’E2 au déclenchement, la dose totale de gonadotrophine, le nombre de follicules matures (≥ à 17 mm), l’épaisseur de l’endomètre, le nombre d’ovocytes recueillis, le nombre d’ovocytes en métaphase II c’est-à-dire fécondables, le nombre d’embryons obtenus, le nombre d’embryons transférés, le nombre d’embryons congelés, l’utilisation ou non de la DHEA, et le type d’AMP. 40 Nous avons réalisé 93 stimulations avec un protocole long, 31 stimulations avec un protocole court, 112 stimulations avec un protocole antagoniste, 12 stimulations avec un protocole en cycle semi naturel, et 5 stimulations avec un protocole d’IIU (à plus ou moins fortes doses). La FIV classique a été réalisée dans 78 cycles soit 30,8 %. La technique d’ICSI (injection intra-cytoplasmique de spermatozoïde) a été utilisée en cas d’infertilité masculine associée avec un test de migration spermatique < à 500 000 spermatozoïdes/ml, ou en cas d’échec de fécondance à la FIV précédente. Cette technique a été employée dans 82 cycles soit 32,4 %. La tentative de FIV a été transformée en IIU en cas de défaut de recrutement folliculaire, c’est-à-dire lorsqu’on obtenait moins de 5 follicules matures sur les 2 ovaires, à la condition qu’au moins une trompe soit perméable et que les paramètres spermatiques du conjoint soient corrects. Nous avons converti pour 44 cycles soit 17,4 %. 3.4 Analyse statistique Le recueil de données a été effectué à l’aide du logiciel Excel® de Microsoft®. Les résultats ont été exprimés sous forme de moyenne, médiane et valeurs extrêmes ou écart type (pour les variables quantitatives), ou sous forme de pourcentage (pour les variables qualitatives). Les données ont ensuite été incluses dans le logiciel SPSS pour la réalisation des tests comparatifs. Pour analyser les résultats obtenus, nous avons réalisé une étude comparative d’échantillons non appariés, au moyen du test du Chi-2 ou de Ficher si les variables étaient nominales. Pour les valeurs quantitatives, nous avons effectués des comparaisons de moyenne, par un test non paramétrique à 2 échantillons indépendants de Mann-Withney-Wilcoxon. Les valeurs de p < 0,05 ont été considérées comme statistiquement significatives. 41 4 Résultats 4.1 Caractéristiques de la population Les caractéristiques clinico-biologiques de notre cohorte sont résumées dans le tableau II. L'âge moyen de nos patientes IOP débutantes à la prise en charge dans notre centre était de 31,5 ans (extrêmes : 23-37 ans), l’IMC était de 22,9 Kg/m2. La majorité des femmes, 74 (79,6 %) étaient non fumeuses, 11 (11,8 %) fumaient moins de 10 cigarettes par jour, et 8 (8,6 %) fumaient plus de 10 cigarettes par jour. Concernant les antécédents personnels, 10,8 % de nos patientes avaient une endométriose, 5,4 % ont eu une kystectomie de l’ovaire, 7,5 % une salpingectomie, et 4,3 % une maladie auto immune de la thyroïde associée. Sur le plan familial 2,2 % des femmes avaient un antécédent familial du 1er degré atteint d’une ménopause précoce. Au niveau gynéco-obstétrical, l’âge moyen de la ménarche était de 12,8 ans. La durée des cycles menstruels était en moyenne de 27,8 jours. La durée d’infertilité était en moyenne de 3,2 ans (extrêmes : 0,6-11). Quarante-sept (50,5 %) femmes étaient nulligestes, 17 (18,3 %) primi ou multigestes mais nullipares, et 29 (31,2 %) primi ou multipares. L’infertilité du couple était primaire (pas de grossesse au sein du couple) chez 56 (60,2%) couples, secondaire (au moins une grossesse et un enfant) chez 30 (32,3 %) couples, et primosecondaire (au moins une grossesse mais sans enfant) chez 7 (7,5 %) couples. Parmi l’ensemble des couples 29 % ont été pris en charge en IIU avant une tentative de FIV. Concernant le bilan de la réserve ovarienne, les taux moyens étaient ; pour la FSH basale de 10,4 UI/L (extrême : 2,1-40), pour l’estradiol de 58,4 pg/ml (2,4-503), pour l’AMH de 1,2 ng/ml (0,1-3,5), et pour le CFA de 9,3 (3-20). La cause d’infertilité était mixte (IOP et OATS) chez 46 couples (soit 49,5 %), et un homme présentait une azoospermie. L’étiologie était donc exclusivement d’origine féminine en raison d’une IOP débutante chez 46 (49,5 %) couples. Le nombre moyen de stimulations par patiente était de 2,7 (extrêmes : 1-8). 42 Tableau II : Caractéristiques clinico-biologiques des couples Patientes (n=93) Age (ans) médiane moyen (min-max) IMC (Kg/m2) médiane moyen (min-max) Tabac (cigarettes/jour) 0 < 10 ≥ 10 74 (79,6%) 11 (11,8%) 8 (8,6%) aucun endométriose kystectomie salpingectomie chirurgie pelvienne 38 (40,9%) 10 (10,8%) 5 (5,4%) 7 (7,5%) 27 (29%) Antécédents médicaux/chirugicaux (appendicectomie, césarienne, péritonite, hernie) chirurgie utérine (curetage, polype, fibrome, synéchie) maladie auto immune (basedow, hypothyroïdie) diabète anneau gastrique Antécédents ménopause précoce Age ménarche (ans) médiane moyen (min-max) Durée du cycle moyenne (min-max) (J) Durée infertilité (ans) Gestité Parité G0 G+P0 G+P+ Infertilité du couple Antécédents IIU FSH (UI/L) E2 (pg/ml) AMH (ug/l) CFA Spermogramme 32 31,5 (23-37) 21,9 22,9 (16,7-39,5) primaire secondaire primo/secondaire normal OATS azoospermie Rang moyen de la stimulation 12 (12,9%) 4 (4,3%) 1 (1,1%) 1 (1,1%) 2 (2,2%) 13 12,8 (9-16) 27,8 (20-45) 3,2 (0,6-11) 47 (50,5%) 17 (18,3%) 29 (31,2%) 56 (60,2%) 30 (32,3%) 7 (7,5%) 27 (29%) 10,4 (2,1-40) 58,4 (2,4-503) 1,2 (0,1-3,5) 9,3 (3-20) 46 (49,5%) 46 (49,5%) 1 (1,1%) 2,7 (1-8) 43 4.2 Issue de l’ensemble des tentatives de stimulation ovarienne en termes de type d’AMP et des taux de grossesse Sur les 253 cycles débutés, 32 ont été arrêtés en cas d’absence ou pauci réponse à la stimulation ou en cas d’ovulation prématurée (progestérone > à 1,5 ng/ml), soit un taux d’annulation de 12,6 %. Nous avons déclenché en vue d’une AMP dans 221 cycles soit 87,4 % (figure 13). Pour 169 cycles la ponction folliculaire en vue d’une technique de FIV a été réalisée soit dans 66,8 % des cycles. Un transfert d’embryon a été fait dans 143 cycles soit 56,5 %. On peut expliquer l’absence de transfert dans 20 cycles, en cas de recueil d’ovocytes immatures (3 cycles), ou d’échec de fécondance (12 cycles), ou d’échec de culture prolongée c’est-à-dire un transfert au stade de blastocyste (5 cycles). La tentative a été transformée en IIU dans 44 cycles soit 17,4 %. Nous avons effectué 5 soit 2 % cycles d’IIU et nous avons réalisé une stimulation simple pour 3 cycles (figure 13). La ponction a recueilli aucun ovocyte c’est-à-dire une ponction a été blanche dans 6 cycles soit 2,4 %. Les ovocytes ont été récupérés dans 163 cycles soit 64,4 %, ou 96,4 % des ponctions soit en moyenne 5,5 (1-19) ovocytes recueillis par ponction positive. Le rendement ovocytaire, c’est-à-dire le nombre d’ovocytes en métaphase II recueillis à la ponction sur le nombre de follicules mûrs à l’échographie, était de 69,3 %. Sur l’ensemble des ovocytes recueillis 54,9 % ont été fécondés, soit en moyenne 2,9 (0-14) embryons obtenus par ponction. Le taux de fécondance (définit comme le nombre d’embryons obtenus sur le nombre d’ovocytes fécondables) était de 70,8 %, soit un échec de fécondance dans 29,2 %. Un transfert d’embryon a été effectué pour 48,5 % des embryons obtenus soit en moyenne 1,4 (0-2) embryons transférés par ponction. Pour une bonne compréhension de nos résultats, nous avons rapporté ceux de l’ensemble de la population prise en charge en AMP au CHU d’Angers, selon le dernier rapport de l’activité des centres de l’agence de la biomédecine de 2010 (tableau III). 44 253 Cycles 32 Arrêts 3 Stimulations Simples 5 IIU 221 Déclenchements 44 Transformations IIU 169 Ponctions folliculaires 6 Ponctions Blanches 163 Ponctions ovocytaires 20 Absences de Transfert (ovocytes immatures, échecs de fécondance, échecs de culture prolongée) 143 Transferts d'Embryon(s) Figure 13 : Issue des tentatives de stimulation ovarienne en termes de type d’AMP Nous avons obtenu 60 grossesses « hCG positif » (figure 14) par cycle soit 23,7 %, dont 12 grossesses biochimiques (4,7 %) et 2 grossesses extra-utérines (0,8 %). Les grossesses cliniques ont été au nombre de 46 (figure 14) soit 18,2 % par cycle, dont 3 fausses couches spontanées au 1er trimestre (1,2 %), 2 fausses couches tardives (0,8 %), une interruption médicale de grossesse (à 17 SA pour nanisme tanatophore) (0,4 %), et une mort fœtale in utéro (0,4 %). Le taux de grossesse clinique par ponction était de 21,9 % (37/169) soit 25,9 % (37/143) par transfert. Le taux d’implantation définit comme le nombre de sac gestationnel obtenu par rapport au nombre d’embryons transférés était de 18,4 %. Le nombre d’accouchements était au nombre de 39 (figure 14) soit 15,4 % par cycle, avec 31 (12,3 %) grossesses singletons et 8 (3,2 %) grossesses gémellaires, soit un taux de naissance vivante de 18,6 % (47/253) par cycle. Enfin nous avons observé 4 (9,1 %) grossesses cliniques par transformation en IIU et 5 (100 %) grossesses cliniques par IIU. Le délai d’obtention de la grossesse a été en moyenne de 14,9 mois (extrêmes : 1-74), avec une médiane à 11,5. La durée d’infertilité à l’obtention de la grossesse était en moyenne de 4 ans (extrêmes : 0,8-11) avec une médiane à 3,55 ans. 45 60 hCG+ 12 grossesses biochimiques 3 fausses couches du premier trimestre 2 grossesses extra-utérines 46 grossesses cliniques 2 fausses couches tardives 37 en FIV 4 en transformation IIU 5 en IIU 1 interruption médicale de grossesse 1 mort foetale in-utero 39 Accouchements 31 grossesses simples 8 grossesses gémélaires Figure 14 : Issue des tentatives de stimulation ovarienne en termes de grossesse Tableau III : Résultats globaux de notre population et de l’ensemble de la population du service Population étudiée en tentative de FIV (n=169) Population générale au centre d’AMP du CHU d’Angers en 2010 (n=506) 21,9 % 28,5 % Ovocytes recueillis/ponction moy. 5,3 8,8 Embryons obtenus/ponction moy. 2,9 4,9 Taux de ponction sans transfert 15,4 % 11,3 % 1,4 1,2 Taux de grossesse clinique/ponction Embryons transférés moy. 4.3 Résultats de l’ensemble des cycles en termes de grossesse en fonction des critères clinico-biologiques de la population Nous avons observé les cycles aboutissant à une grossesse clinique en comparaison des cycles en échec, c’est-à-dire l’absence de grossesse ainsi que les grossesses biochimiques et les GEU ; en fonction des caractéristiques de notre cohorte (tableau IV). 46 Sur l’ensemble des critères étudiés, nous avons mis en évidence une différence statistiquement significative pour le type d’infertilité primaire. Concernant l’âge de la patiente, l’IMC, le tabagisme, la gestité, la parité, la durée et le type d’infertilité, le facteur masculin, et le bilan biologique de la réserve ovarienne, aucun de ces paramètres était significativement différent, entre le groupe grossesse et pas de grossesse. Tableau IV : Résultats de l’ensemble des cycles en termes de grossesse en fonction des critères clinico-biologiques de la population Grossesses Cliniques (n=46) Pas de grossesse (n=207) Significativité Age moyen (ans) 31,6±3,4 31,7±4,4 p=0,8 IMC moyen (Kg/m2) 23,2±4,5 23,1±4,4 p=0,9 Tabagisme (n=50) 9 (19,6%) 41 (19,8%) p=0,57 p=0,19 21 (45,6%) 25 (54,3%) 118 (57%) 89 (43%) Gestité nulligeste (n=139) Primi ou multigeste (n=114) p=0,46 Parité nulligeste (n=183) Primi ou multigeste (n=70) 31 (67%) 15 (33%) 152 (73%) 55 (26,6%) 4±2 3,5±1,4 p=0,18 24 (52%) 17 (37%) 5 (11%) 141 (68%) 56 (27%) 10 (48%) p=0,031 p=0,12 p=0,11 22 (47,8%) 24 (52,2%) 0 95 (45,9%) 107 (51,7%) 5 (2,4%) p=0,47 p=0,54 p=0,36 FSH moyenne (UI/L) 8,9±3,7 10,5±4,9 p=0,2 Estradiol moyen (pg/ml) 51,2±37 60±71 p=0,7 AMH moyenne (ng/ml) 1,4±0,6 1,2±0,5 p=0,16 CFA moyen 9,4±3,1 9,3±2,9 p=0,77 Durée d’infertilité moyenne (ans) Type d’infertilité Primaire (n=165) Secondaire (n=73) Primo/secondaire (n=15) Spermogramme Normal (n=117) OATS (n=131) Azoospermie (n=5) 47 4.4 Résultats en termes de grossesse des tentatives en fonction des paramètres de la stimulation Nous avons étudié les cycles aboutissant à une ponction (soit 169) en fonction des différentes données de la stimulation (tableau V). Pour cela nous avons donc exclu les cycles arrêtés, convertis en IIU, ainsi que les cycles d’IIU. Nous avons observé une significativité concernant l’obtention d’une grossesse clinique pour les protocoles antagoniste et long, ainsi que pour le nombre d’ovocytes recueillis, le nombre d’ovocytes fécondables et le nombre d’embryons obtenus. Pour le rang de la tentative, la molécule utilisée, la dose de départ en gonadotrophine, le jour du déclenchement ou la durée de la stimulation, le taux d’estradiol au déclenchement, la dose totale de FSH injectée, le nombre de follicules matures soit ≥ 17 mm, l’épaisseur de l’endomètre, le type d’AMP, et l’utilisation de la DHEA, aucune différence significative n’a été mise en évidence entre les 2 groupes. 48 Tableau V : Résultats de l’ensemble des cycles de ponction en termes de grossesse en fonction des critères de la stimulation Rang moyen (min-max) Protocole Antagoniste (n=82) Long (n=59) Court (n=21) MILD (n=7) Grossesses Cliniques (n=37) 2,5 (1-5) Pas de grossesse (n=132) 2,3 (1-8) 24 (64,9%) 8 (21,6%) 2 (5,4%) 3 (8,1%) 58 (43,9%) 51 (38,6%) 19 (14,4%) 4 (3%) p=0,019 p=0,04 p=0,11 p=0,18 12 (32,4%) 8 (21,6%) 10 (27%) 6 (16,2%) 1 (2,7%) 315 (150-450) 10,6 (7-12) 1325 (268-3851) 3068 (900-4950) 6,2 (2-11) 47 (35,6%) 38 (28,8%) 30 (22,7%) 17 (12,9%) 0 341 (150-450) 10,5 (6-14) 1351 (111-4381) 3262 (1000-5850) 5,9 (1-13) p=0,44 p=0,26 p=0,36 p=0,39 10,8 (6,8-15) 10,6 (5,1-19) p=0,68 6,3 (1-19) 5,1 (1-15) 4 (1-14) 1,9 (1-2) 5 (0-16) 3,9 (0-15) 2,6 (0-12) 1,3 (0-2) p=0,026 p=0,009 p=0,001 15 (40,5%) 22 (59,5%) 6 (16,2%) 63 (47,7%) 60 (45,4%) 24 (18,2%) p=0,28 p=0,09 p=0,5 Significativité p=0,11 Molécule Gonal F (n=59) Puregon (n=46) Ménopur (n=40) Pergoveris (n=23) Autre (FSH+LH) (n=1) Dose de départ moy. (UI/L) Durée de la stimulation moy. (j) Taux d’estradiol moy. (pg/ml) Dose totale de FSH moy. (UI/L) Nombre de follicules ≥17 moy. Epaisseur de l’endomètre moy. (mm) Ovocytes recueillis moy. Ovocytes en Métaphase II moy. Embryons obtenus moy. Embryons transférés moy. Type d’AMP FIV (n=78) ICSI (n=82) DHEA (n=30) p=0,14 p=0,49 p=0,57 p=0,54 p=0,4 4.5 Comparaison des protocoles Nous avons analysé chacun des différents protocoles de stimulation utilisés en vue d’une prise en charge en FIV chez nos patientes IOP débutantes (tableau VI), sur les 248 cycles (exclusion des 5 protocoles d’IIU). Pour les 112 cycles avec le protocole antagoniste, nous avons observé un âge médian de la femme à 32 ans, un rang de la stimulation à 1,9 en moyenne (figure 15), une 49 dose totale de gonadotrophine moyenne à 3054 UI, une durée de stimulation à 10,5 jours en moyenne, un taux d’estradiol moyen de 1165 pg/ml, un taux d’annulation des cycles de 13,4%, un taux de ponction à 77,6 %. Le nombre moyen d’ovocytes recueillis était de 5,4 en moyenne et le nombre moyen d’ovocytes fécondables soit en métaphase II était de 4,5. En moyenne 3,2 embryons ont été obtenus, 1,4 ont été transférés, et 0,37 embryon a été congelé. Le taux de grossesse par cycle a été de 22,3 % (p=0,04) et de 27,6 % par ponction soit 33,3 % par transfert. En cas de conversion en IIU, le taux de grossesse obtenu était de 6,7 %. Nous avons réalisé 32,1 % de FIV, 39,3 % de FIV/ICSI, et 13,4 % de transformation en IIU. Dans un cycle nous avons obtenu un seul ovocyte immature, et un cycle a été soldé par une ponction blanche. Pour les 93 cycles avec le protocole long, nous avons observé un âge médian de la femme à 31 ans, un rang de la stimulation à 2,4 en moyenne (figure 15), une dose totale de gonadotrophine moyenne à 3157 UI, une durée de stimulation à 10,5 jours en moyenne, un taux d’estradiol moyen de 946 pg/ml, un taux d’annulation des cycles de 16,1%, un taux de ponction à 63,4 %. Le nombre moyen d’ovocytes recueillis était de 5,7 en moyenne et le nombre moyen d’ovocytes fécondables soit en métaphase II était de 4,2. En moyenne 2,9 embryons ont été obtenus, 1,5 ont été transférés, et 0,15 embryon a été congelé. Le taux de grossesse par cycle a été de 11,8 % (p=0,01) et de 13,6 % par ponction soit 15,4 % par transfert. En cas de conversion en IIU, le taux de grossesse obtenu était de 15,8 %. Nous avons réalisé 32,2 % de FIV, 29 % de FIV/ICSI, 20,4 % de transformation en IIU, et 2 cycles ont été soldés par une ponction blanche. Pour les 31 cycles avec le protocole court, nous avons observé un âge médian de la femme à 34 ans, un rang de la stimulation à 3,3 en moyenne (figure 15), une dose totale de gonadotrophine moyenne à 4131 UI, une durée de stimulation à 11,2 jours en moyenne, un taux d’estradiol moyen de 1383 pg/ml, un taux d’annulation des cycles de 12,9%, un taux de ponction à 67,7 %. Le nombre moyen d’ovocytes recueillis était de 3,3 en moyenne et le nombre moyen d’ovocytes fécondables soit en métaphase II était de 2,3. En moyenne 1,4 embryons ont été obtenus, 1,1 ont été transférés, et aucun embryon n’a été congelé. Le taux de grossesse par cycle a été de 6,5 % (p=0,12) et de 9,5 % par ponction soit 13,3 % par transfert. En cas de conversion en IIU, le taux de grossesse est nul. Nous avons réalisé 32,2 % de FIV, 25,8 % de FIV/ICSI, et 19,3 % de transformation en IIU. Dans un cycle nous avons obtenu un seul ovocyte immature, et 2 cycles ont été soldés par une ponction blanche. Pour les 12 cycles avec le protocole MILD stimulation, nous avons observé un âge médian de la femme à 30,5 ans, un rang de la stimulation à 3,8 en moyenne (figure 15), 50 une dose totale de gonadotrophine moyenne à 1365 UI, une durée de stimulation à 7,4 jours en moyenne, un taux d’estradiol moyen de 500 pg/ml, un taux d’annulation des cycles de 8,3%, un taux de ponction à 58,3 %. Le nombre moyen d’ovocytes recueillis était de 2,6 en moyenne et le nombre moyen d’ovocytes fécondables soit en métaphase II était de 1,9. En moyenne 1,1 embryons ont été obtenus, 1 a été transféré, et aucun embryon n’a été congelé. Le taux de grossesse par cycle a été de 25 % (p=0,42) et de 42,9 % par ponction soit 75 % par transfert. En cas de conversion en IIU, le taux de grossesse est nul. Nous avons réalisé 16,7 % de FIV, 25 % de FIV/ICSI, et 33,3 % de transformation en IIU. Dans un cycle nous avons obtenu un seul ovocyte immature, et un cycle a été soldé par une ponction blanche. Figure 15 : Répartition de l’utilisation des protocoles en fonction des rangs de la tentative de stimulation 51 Tableau VI : Comparaison des différents protocoles utilisés dans la prise en charge des IOP débutantes Antagoniste Long Court MILD 112 93 31 12 32 31,9 (23-38) 31 31,5 (24-37) 34 32,7 (26-37) 30,5 30,1 (24-36) 1,9 (1-5) 2,4 (1-8) 3,3 (1-7) 3,8 (2-5) 3054 (1500- 3157 (1600- 4131 (2400- 1365 (300- 4950) 6375) 8550) 2700) 10,5 (6-14) 10,5 (6-18) 11,2 (9-20) 7,4 (3-13) 1165 (53-4381) 946 (76-4019) 1383 (14-3420) 500 (33-1236) 15 (13,4%) 15 (16,1%) 4 (12,9%) 1 (8,3%) 87 (77,6%) 59 (63,4%) 21 (67,7%) 7 (58,3%) Ovocytes/ponction 5,4 (0-19) 5,7 (0-15) 3,3 (0-10) 2,6 (0-7) Meta II/ponction 4,5 (0-15) 4,2 (0-11) 2,3 (0-8) 1,9 (0-4) Embryons obtenus/ponction 3,2 (0-14) 2,9 (0-10) 1,4 (0-3) 1,1 (0-2) Embryons transférés/ponction 1,4 (0-2) 1,5 (0-2) 1,1 (0-2) 1 (0-2) Embryons congelés/ponction 0,37 (0-3) 0,15 (0-3) 0 0 Grossesses cliniques/Ponction 24 (27,6%) 8 (13,6%) 2 (9,5%) 3 (42,9%) Grossesses cliniques/transfert 24 (33,3%) 8 (15,4%) 2 (13,3%) 3 (75,0%) 1 (6,7%) 3 (15,8%) 0 0 25 (22,3%) a 11 (11,8%) b 2 (6,5%) c 3 (25%) d 36 (32,1%) 44 (39,3%) 15 (13,4%) 30 (32,2%) 27 (29%) 19 (20,4%) 10 (32,2%) 8 (25,8%) 6 (19,3%) 2 (16,7%) 3 (25%) 4 (33,3%) Ovocyte immature 1 0 1 1 Ponction blanche a) p=0,04 1 c) p=0,12 2 1 Nombre de cycles Age des femmes (ans) médiane moyenne (min-max) Rang de la stimulation moyen Dose totale FSH (UI) Durée de la stimulation (J) Taux d'E2 (pg/ml) Nombre annulés de cycles Nombre de ponctions Grossesses cliniques/transfo IIU Grossesses cliniques/cycles Type AMP FIV ICSI Transformation en IIU b) p=0,01 2 d) p=0,42 52 4.6 Détermination de facteurs prédictifs de grossesse ? • Les marqueurs de la réserve ovarienne L’âge de la patiente, le taux de FSH, le taux d’estradiol, l’AMH, et le CFA, analysés indépendamment, n’étaient pas significativement différents entre le groupe grossesse et le groupe pas de grossesse. En revanche une différence significative a été observée lorsque le taux de FSH était ≥ 11UI/L, que l’AMH soit ≥ 2 ou < 2 ng/ml (tableau VII). Tableau VII : Facteurs prédictifs des marqueurs de la réserve ovarienne d’une grossesse clinique Grossesses Cliniques (n=46) Pas de grossesse (n=207) Significativité 14 (30,4%) 19 (41,3%) 13 (28,3%) 60 (29%) 87 (42%) 60 (29%) p=0,49 p=0,53 p=0,54 Age (ans) < 30 (n=74) 30 – 34 (n=106) ≥ 35 (n=73) FSH (UI/L) p=0,19 < 11 (n=159) ≥ 11 (n=94) 32 (69,6%) 14 (30,4%) 127 (61,3%) 80 (38,7%) Estradiol (pg/ml) ≤ 50 (n=148) > 50 (n=105) p=0,42 28 (60,9%) 18 (39,1%) 120 (58%) 87 (42%) 19 (41,3%) 17 (37%) 8 (17,4%) 2 (4,3%) 68 (32,9%) 76 (36,7%) 40 (19,3%) 23 (11,1%) AMH (ng/ml) ≥ 1,5 (n=87) 1,4-1 (n=93) 0,9-0,5 (n=48) < 0,5 (n=25) CFA p=0,18 p=0,55 p=0,47 p=0,13 p=0,53 > 8 (n=136) ≤ 8 (n=117) 25 (54,3%) 21(45,7%) 111 (53,6%) 96 (46,4%) FSH < 11 et AMH < 2 32 (69,7%) 127 (61,3%) p=0,19 5 (10,9%) 5 (2,4%) p=0,02 9 (19,7%) 75 (36,2%) p=0,02 3 (6,5%) 31(15%) p=0,09 (n=159) FSH ≥11 et AMH ≥ 2 (n=10) FSH ≥ 11 et AMH < 2 (n=84) FSH ≥11 et AMH ≤ 1 (n=34) 53 • Selon le rang de la tentative Nous avons constaté un taux de grossesse clinique de : § 15,2 % (7/46) issues d’une stimulation de rang 1, § 39,1 % (18/46) issues d’une stimulation de rang 2 avec p=0,06 § 19,6 % (9/46) issues d’une stimulation de rang 3, § 17,4 % (8/46) issues d’une stimulation de rang 4, § 6,5 % (3/46) issues d’une stimulation de rang 5, et 2,2 % (1/46) de rang 6 • Selon la gonadotrophine utilisée Le taux de réussite des différentes molécules utilisées était de : 18,6 % (14/75) pour le GonalF®, 11,3 % (9/71) pour le Puregon®, 14,3 % (15/69) pour le Ménopur®, et 17,9 % (7/36) pour le Pergoveris®. • L’annulation des cycles Vingt patientes de notre cohorte (21,5 %) ont eu au moins une annulation de traitement (moyenne = 1,7 ; extrêmes : 1-4) pour défaut de recrutement folliculaire ou pour élévation prématurée du taux de progestérone, au rang 2,2 en moyenne (extrêmes : 1-5), avec un taux d’estradiol en moyenne à 534,5 pg/ml (extrêmes : 14-2203), après 2811 UI en moyenne de gonadotrophine (extrêmes : 1500-4950), et en moyenne 1,3 follicules mûrs (extrêmes : 0-7). Sur ces 20 patientes, 7 (35 %) ont eu une grossesse clinique (au rang 4 à 6), avec 6 accouchements et 8 naissances vivantes (car 2 grossesses gémellaires). • Les critères de ponction Lorsque nous avons décidé de réaliser la ponction folliculaire malgré la présence de moins de 5 follicules mûrs (1 à 4) à l’échographie de monitorage, à savoir dans 43 cycles (17 %), nous avons obtenu 8 (18,6 %) grossesses cliniques et 8 naissances vivantes (7 accouchements dont une grossesse gémellaire). • En cas de ponction blanche Parmi les 6 patientes ayant eu une ponction blanche, 2 ont eu une grossesse clinique soit 33,3 %, au rang 2 et 6. • Le type d’AMP réalisé Le taux de grossesse clinique selon le type d’AMP était de : 19,2 % (15/78) en FIV, 26,8% (22/82) en ICSI et 9,1 % (4/44) en transformation IIU. 54 • Selon le nombre d’embryons transférés Lorsque nous avons transféré un seul embryon, nous avons obtenu un taux de grossesse clinique de 8,7 % (4/47). Avec 2 embryons transférés nous avons obtenu un taux de grossesse clinique de 34,4 % (33/96). Parmi les 37 patientes qui ont eu un transfert d’un seul embryon, 16 ont eu une grossesse clinique soit 43,2 %, avec un rang moyen de stimulation à 3,1 (extrêmes : 1-6). 4.7 Devenir des couples Sur les 93 couples que nous avons pris en charge, 39 soit 41,9 % ont eu 1 ou 2 (en cas de grossesse gémellaire) enfant(s) vivant(s) « à la maison ». Parmi ces couples, 5 ont fait une 2ème demande, et 6 ont la possibilité de faire un transfert d’embryon(s) congelé(s) ou TEC. Les femmes de ces 11 couples avaient un bilan de réserve ovarienne avec un taux de FSH entre 2,5 et 11,8 UI/L, un taux d’E2 entre 8 et 208 pg/ml, une AMH entre 3,5 et 0,4 ng/ml, et un CFA entre 16 et 7. Parmi les 54 couples n’ayant pas encore eu d’enfant malgré la prise en charge dans notre centre, 21 (38,9 %) couples sont encore dans le parcours de soin en AMP intraconjugale, dont 5 d’entre eux ont des embryons congelés et dont les 16 autres vont réaliser une nouvelle tentative de FIV, ou une proposition d’un protocole FIV/IIU ou MILD stimulation, plus ou moins un traitement adjuvant par DHEA. Ces derniers seront en cours du 2ème au 7ème rang de tentative. Après une décision de l’équipe en RCP ou selon le souhait du couple, d’un arrêt de prise en charge en AMP intraconjugale, 3 couples ont désiré prendre un 2ème avis, et 22 couples soit 40,7 % (22/54) ont été orientés vers une alternative selon leur attente. Parmi eux 10 (45,5 %) couples ont fait une demande exclusive de don d’ovocytes (à Rennes ou Tours) dont un couple a eu un enfant par don, 5 (22,7 %) couples ont fait uniquement un dossier d’adoption, 6 (27,2 %) couples se sont orientés vers ces 2 possibilités, et 1 couple a fait une demande d’IIU avec donneur. Devant un arrêt de prise en charge, 3 couples n’ont pas souhaité faire de démarche pour une alternative, et ont toujours l’espoir d’une grossesse spontanée. 55 Enfin dans notre cohorte, 7 soit 7,5 % des femmes ont obtenu une grossesse spontanée, dans un délai de 1 mois à 3 ans, après l’arrêt de prise en charge. Une d’entre elles avait eu un enfant après FIV. Ces patientes étaient âgées de 26 à 38 ans, avaient une FSH basale entre 5,8 et 24,5 UI/L, un E2 entre 10 et 75 pg/ml, une AMH entre 1,6 et 0,9 et un CFA entre 15 et 3. 5 Discussion 5.1 Etats des connaissances La connaissance et la compréhension du vieillissement de la reproduction chez la femme ont des limites certaines. Dans ce processus de vieillissement ovarien est apprécié le rôle principal des changements ovariens, où la perte continue des follicules jusqu’à leur déplétion provoque la disparition du cycle menstruel. Des modifications dans le contrôle neuroendocrine de la fonction ovarienne cyclique peuvent être attribuées à des altérations du rétrocontrôle ovarien. La perte folliculaire au cours de la vie de la femme est actuellement mieux estimée par le nombre des follicules antraux et l’AMH, bien que l'étendue de cette baisse ne peut pas être entièrement couverte par ces marqueurs. Le déclin parallèle de la compétence ovocytaire, à côté de la quantité, a également été reconnu, comme un effet sur la fertilité féminine liée à l'âge. La perte de la qualité des ovocytes se traduit par une incidence accrue d'embryons aneuploïdes, mais les mécanismes de biologie moléculaire sont loin d'être compris. Cette baisse quantitative et qualitative est très variable selon les femmes, entrainant chez certaines une durée de fertilité diminuée. A l’heure actuelle les marqueurs de la réserve ovarienne sont prédicteurs de la capacité de la production ovocytaire plutôt que de la qualité, tandis que l’âge affecte la qualité ovocytaire. En biologie de la reproduction, on retrouve ces altérations ovocytaires qui peuvent être liées à une atteinte des fonctions des cellules de la granulosa, ou à une diminution de la micro-circulation du follicule dominant, ou à une accumulation intracellulaire du stress oxydatif par moindre réparation, ou à une quantité d’ADN mitochondrial et de transcrits diminuée chez ces patientes ayant une DOR [80]. 56 5.2 Facteurs prédictifs de l’obtention d’une grossesse Notre étude démontre des chances de grossesse diminuées (p<0,05) en cas d’infertilité primaire du couple. Wiser va dans ce sens car il a montré que les femmes ayant déjà eu une grossesse, ont un meilleur pronostic que les femmes nullipares [73]. Il est très délicat de se fonder sur les valeurs de l’un des marqueurs de la réserve ovarienne pour prédire la survenue d’une grossesse suite à un traitement de stimulation pour FIV, d’autant plus que la cause de l’infertilité peut ne pas être uniquement d’origine féminine. De plus, nombreuses sont les équipes ayant décrit des grossesses survenues chez des patientes ayant une AMH extrêmement basse. Dans notre étude le taux de grossesse est à 4,3 % (p=0,13) des cycles lorsque l’AMH est inférieure à 0,5 ng/ml. Une prise en charge en FIV (au moins une ou deux tentatives) ne peut donc être refusée à un couple en raison d’une AMH basse, d’autant plus si la femme est jeune. En cas d’AMH ELISA indétectable (< 0,1 ou 0,8 ng/ml) et une FSH > 15-20 mUI/mL, soit en cas de DOR sévère, il n’est pas indiqué de proposer des traitement de l’infertilité avec utilisation de leurs ovocytes [13]. Gleicher et al. ont démontré un taux de naissance vivante par cycle et par patiente significativement augmenté quand le taux d’AMH était supérieur à 1,05 ng/mL [81]. Nous avons également observé cette tendance sans obtenir une différence significative (p>0,05). Les femmes jeunes avec une réserve ovarienne diminuée ont un risque plus élevé d’annulation de la tentative ou d’obtenir un faible nombre d’ovocytes et d’embryons, mais ont un meilleur taux d’implantation du fait d’une meilleur qualité ovocytaire, qu’une femme plus âgée avec une réserve ovarienne normale, qui aura un nombre plus élevé d’ovocytes et d’embryons. Ainsi Galey-Fontaine et al. ont montré chez des femmes mauvaises répondeuses avec FSH normale, des taux de grossesse de 23,8 % avant 36 ans et de 6,5 % après. Quand la FSH est élevée les taux de grossesse passent de 14,6 % et 4,9 % [82]. En règle générale, l’âge féminin est le meilleur facteur prédicteur de la qualité ovocytaire, la réserve ovarienne évaluée à l’aide du taux de base de FSH, de l’AMH et du CFA, est le facteur prédicteur de la quantité ovocytaire [18]. Van Rooij et al. ont suggéré que chez la femme jeune un taux d’annulation important lié à des taux élevés de FSH n’est pas incompatible avec de bons résultats en termes d’implantation et de grossesse, alors que les résultats baissent fortement avec l’âge même à taux de FSH normaux [83]. Notre étude révèle le même constat puisque dans le groupe FSH élevée avec une AMH normale, le taux de grossesse clinique est très bon mais nous ne pouvons pas conclure car l’effectif de cette population est très bas. Cependant 57 les techniques d’AMP peuvent être tentées chez les jeunes femmes avec un taux de FSH élevée et/ou une AMH abaissée, puisque si la stimulation ovarienne permet de recueillir un certain nombre d’ovocytes, les embryons seront de bonne qualité et auront un fort potentiel d’implantation. Ainsi Aubriot et al. ont observé que si l’on transférait des embryons de bonne qualité, il n’y aurait pas de différence ensuite entre les mauvaises et les normo-répondeuses en ce qui concerne le taux de grossesse ou de fausse couche [20]. Ces résultats ont été retrouvés par Kumbak et al., qui montrent un taux de fausse couche précoce similaire chez les mauvaises répondeuses comparées aux normo-répondeuses appariées selon l’âge, ce qui nous permet d’être rassurant quant à l’issue de la grossesse obtenue [84]. Effectivement dans notre cohorte de femmes jeunes, nous avons retrouvé un taux de fausse couche particulièrement bas de 1,2 % par cycle. Plusieurs études sur les femmes mauvaises répondeuses, ou avec un taux de FSH basal augmenté (supérieur à 9,5 ou 9,9 UI/L), et/ou avec un taux basal d’E2 augmenté (supérieur à 75 pg/ml), comparées aux femmes avec une réserve ovarienne normale, retrouvaient des résultats similaires si la stimulation ovarienne était adaptée plutôt en fonction de l’âge ovarien que de l’âge chronologique des femmes [4, 85]. Ces résultats en termes de taux de grossesse étaient mêmes supérieurs à ceux des femmes de plus de 35 ans avec une FSH < 9,5 UI/L. L’élévation de la FSH n’est donc pas corrélée à une altération de la qualité des ovocytes (prédicteur du taux de fertilisation et du taux de FCS), mais uniquement à une réduction de la réserve ovarienne, prédicteur des taux d’annulation, de la dose de gonadotrophine requise ou de la quantité d’ovocytes collectés [86]. Cependant le taux de grossesse ne dépend pas seulement de l’âge ou de la fonction ovarienne de la femme, mais aussi de multiples autres facteurs, comme le rang de la tentative, les indications, et la qualité de l’utérus. Chez les femmes jeunes, une réponse ovarienne faible n’est pas forcément une indication à annuler le cycle de FIV, surtout si elle est en rapport avec une réserve ovarienne faible et que l’on peut donc supposer qu’il sera difficile d’obtenir mieux lors d’un cycle ultérieur. Ainsi chez les femmes de moins de 38 ans, même s’il n’y a peu d’ovocytes, le taux de grossesse reste correct. Le taux de grossesse par transfert est lui satisfaisant (25,9 % dans notre étude), du fait de la qualité ovocytaire qui est conservé. Selon les études, la zone critique se situe entre 35 et 38 ans. On pourrait considérer qu’avant cet âge, l’élévation de la FSH est un critère d’urgence de prise en charge, l’évolution vers une pré-ménopause pouvant se faire avec une rapidité imprévisible [85]. En cela, la FIV est sans doute la technique la plus efficace sans passer par des techniques intermédiaires. Ainsi, refuser une FIV au seul motif d’un taux de FSH élevé peut priver une femme d’une 58 chance, certes réduite, mais encore raisonnable, de procréer avec son propre matériel génétique, tout particulièrement si elle est jeune. Les cliniciens devraient donc essentiellement utiliser le taux basal de FSH non pour exclure de principe, mais comme un élément d’orientation pour proposer une dose de gonadotrophine adaptée, et pour conseiller les patientes quant à leurs chances d’obtenir une naissance [20]. Il est donc légitime de proposer un à deux essais de stimulations de l’ovulation, chez la femme jeune, quels que soient les résultats des marqueurs de sa réserve ovarienne, avant de lui proposer les alternatives possibles. Puis une des questions majeures posées chez ces femmes est l’arrêt de la prise en charge en AMP intraconjugale. 5.3 Comment obtenir le meilleur taux de grossesse clinique dans notre centre chez les patientes IOP débutantes ? Dans notre population de 93 femmes IOP débutantes avec 253 cycles de stimulation, nous avons observé un taux global de grossesse clinique de 18,2 % (46/253) par cycle, soit de 21,9 % (37/169) par ponction. Les chances de grossesse chez ces patientes sont donc satisfaisantes, mais sont inférieures à l’ensemble de la population prise en charge dans le service (tableau III) dont le taux de grossesse échographique par ponction est de 28,5 % (selon le rapport d’activité de l’agence de la biomédecine du CHU d’Angers en 2010). Nous avons constaté un taux de ponction de 66,8 % (169/253), avec un nombre moyen d’ovocytes recueillis par ponction de 5,3 comparé à 8,8 dans la population globale du service. Le taux moyen d’ovocytes fécondables récupérés était de 4,1 par ponction avec l’obtention de 2,9 embryons par ponction, comparé à 4,9 embryons pour l’ensemble de la population. La fréquence des ponctions sans transfert était de 15,4 % (26/169) comparé à 11,3 % dans la population du service. Nous avons transféré en moyenne 1,4 embryons par transfert comparé à 1,2 embryons sur l’ensemble de la population du service. Enfin nous observons un taux d’accouchement par ponction de 18,9 % (32/169) contre 23,3 % dans la population globale du service. Dans notre étude nous avons obtenu le meilleur résultat en utilisant un protocole antagoniste (figure 16) avec un taux de grossesse clinique s’élevant à 22,3 % (25/112) par cycle statistiquement prouvé. L’issue de la tentative a été une réussite avec un nombre moyen d’ovocytes récupérés de 6,3 soit en moyenne 5,1 ovocytes fécondables, 4 embryons obtenus en moyenne et 1,9 embryons transférés en moyenne (tous ces résultats ont un p<0,05). Nous 59 observons également un taux de grossesse clinique nettement supérieur au rang 2 à savoir 39,1 % (p=0,06) qui est le meilleur taux tout rang confondu. Parallèlement nous constatons un taux de grossesse nettement inférieur au rang 1 (15,2 %), comparé au rang 2 (figure 16), voire même au rang 3 (19,6) et au rang 4 (17,4). Nous avons donc cherché à expliquer cette différence. Sur l’ensemble des rangs 1 nous observons 33 échecs (arrêt, conversion en IIU, ovocytes immatures, ponction blanche) soit 38,8 % (33/87), alors que pour les rangs 2 nous constatons 19 échecs soit 27,1 % (19/70). En observant la dose totale de FSH utilisée, celle-ci est en moyenne de 2870 UI au rang 1 et de 3165 UI au rang 2, on pourrait donc penser à ne pas hésiter à mettre une forte dose de gonadotrophine d’emblée. Concernant le nombre d’ovocytes recueillis, nous n’observons pas de réelle différence (3,6 ovocytes en moyenne au rang 1 et 3,9 ovocytes au rang 2). L’hyper-estradiolémie de la 1ère stimulation pourrait améliorer l’environnement utérin en agissant favorablement sur l’endomètre, surtout chez les patientes avec un taux d’estradiol initial bas. Sur cette hypothèse, on constaterait alors une meilleure implantation embryonnaire aux tentatives suivantes. Nous pouvons aussi nous demander s’il existe un « effet rebond » pour expliquer ces résultats. Par ailleurs cet effet n’est pas bien compris. Le traitement par la FSH exogène de la 1ère tentative de stimulation pourrait peut-être mobiliser une réserve, c’est-àdire agir sur le stock de follicules primordiaux bien que ces derniers ne possèdent pas de récepteur à la FSH. Paradoxalement, nous observons souvent en pratique une meilleure réponse à la stimulation à la 2ème tentative. Une meilleure connaissance des mécanismes sous-jacents du vieillissement ovarien pourrait permettre la manipulation du recrutement des follicules du pool de follicules primordiaux. Actuellement, seules les phases finales de la folliculogénèse sont accessibles à la stimulation ovarienne. 60 18 16 14 12 MILD 10 Long 8 Court 6 Antagoniste 4 2 0 Rang 1 Rang 2 Rang 3 Rang 4 Rang 5 Figure 16 : Nombre de grossesses cliniques en fonction du protocole et du rang de la stimulation (hors IIU) 5.4 Propositions pour améliorer la prise en charge 5.4.1 Traitements de stimulation ovarienne Cette étude nous a permis d’évaluer nos pratiques dans la prise en charge complexe de ces patientes. A savoir que dans la littérature, peu d’études ont fait l’objet de la prise en charge en AMP des femmes insuffisantes ovariennes débutantes. A noter que nous avons révisé nos pratiques avec l’arrivée de nouveaux marqueurs de la réserve ovarienne, comme l’AMH. Afin de décider de la prise en charge ou non d’un couple en AMP, nous prenons en compte l’ensemble des critères féminins et masculins. Même en cas de plusieurs facteurs féminins péjoratifs, nous essayons une première tentative de stimulation, d’autant plus si la femme est jeune, comme dans notre cohorte. La réponse à cette première stimulation peut être considérée comme un test d’évaluation dynamique de la réserve ovarienne, et permet d’adapter la prise en charge ultérieure. En effet la réponse ovarienne insuffisante à la stimulation par gonadotrophine peut être prévisible. D’après les résultats de notre étude, une 1ère tentative de stimulation doit être 61 proposée avec un protocole classique soit un antagoniste de la GnRH, qui permet d’obtenir un taux significativement meilleur de grossesses échographiques (22,3 % par cycle et 27,6 % par ponction). La dose de gonadotrophine doit être adaptée dès la 1ère stimulation en fonction de l’âge de la patiente, de son taux de FSH basal, de son AMH ainsi que de son CFA. En cas d’échec de la première tentative de FIV, une nouvelle stimulation peut être proposée avec un 2ème protocole antagoniste puisque nos meilleurs taux de grossesse sont au 2ème rang de tentative (39,1 % des grossesses cliniques, à la limite de la significativité) avec un antagoniste de la GnRH (figure 16). Simultanément il est important d’ajuster la posologie de la gonadotrophine en augmentant les doses jusqu’à 300-400 UI par jour maximum, comme ce qui est admis par beaucoup actuellement [52, 53]. En ce qui concerne le protocole classique long de la GnRH, notre analyse retrouve un taux de grossesse diminué (11,8 % par cycle et 13,6 % par ponction) significativement. Nous le réservons donc aux patientes ayant une endométriose dont la symptomatologie augmente avec l’antagoniste, en raison de la non mise au repos de l’axe gonadotrope avant la stimulation, favorisant les douleurs. Le protocole de MILD stimulation pourrait être suggéré à la 3ème tentative, surtout si les 2 premières aboutissaient au recueil de seulement 3 ovocytes. On rechercherait alors avec ce protocole une amélioration de la qualité ovocytaire, par un recrutement plus « naturel » du follicule dominant, en introduisant une dose plus faible et plus tardive dans le cycle de FSH. Dans notre population nous avons obtenu un bon taux de grossesse (25 % par cycle) mais non significatif en raison du faible effectif. Enfin nous constatons un faible taux de grossesse avec le protocole agoniste court en flare up (6,5 % par cycle avec p=0,12), qui n’est donc pas à proposer en 1ère intention. Pour ce qui est du nombre de tentatives, notre étude est en accord avec le nombre de 4 FIV remboursées par la sécurité sociale. Effectivement nous observons une nette chute du taux de grossesse après le 4ème rang, à savoir 6,5 % au rang 5 et 2,2 % de rang 6. Les chances de grossesse après 4 tentatives de FIV sont donc similaires aux chances de grossesse spontanée, qui sont de 7,5 % dans notre population. Il est donc raisonnable d’aller jusqu’à 4 ponctions folliculaires suivies d’un transfert embryonnaire. Il en est de même en cas d’annulation de la tentative, ou de ponction blanche, ou du transfert d’un seul embryon, qui ne sont pas des facteurs prédictifs d’échec, puisque dans notre cohorte nous avons eu respectivement 35%, 33 %, et 43 % de grossesses cliniques. Baka et al. retrouvent également que l'annulation d'un premier cycle due à une mauvaise réponse ovarienne n'est pas prédictive d'un échec ultérieur [87]. 62 La conversion d’une FIV en IIU en cas de réponse pauci-folliculaire chez une femme avec une ou des trompes perméables et un homme ayant un sperme permettant l’IIU (à savoir plus d’un million de spermatozoïdes mobiles après préparation), est une alternative séduisante tant sur le plan médical que psychologique et économique (pas d’anesthésie, d’hospitalisation, d’arrêt de travail) [88]. Dans notre étude nous constatons un taux de grossesse en cas de transformation en IIU décevante de 9,1 % par cycle mais cette possibilité n’est pas à négliger puisqu’elle permet d’offrir une chance de grossesse supplémentaire et de ne pas arrêter la stimulation après plusieurs jours d’injection plus ou moins contraignantes pour la patiente. Sur notre population, nous pouvons remarquer que tous les cycles d’IIU ont abouti à une grossesse clinique, mais ce résultat n’est pas extrapolable en raison du très faible effectif (5/253 cycles). En cas de réponse ovarienne insuffisante à la première stimulation, un traitement adjuvant comme les androgènes peut être débuté. Sur notre population, nous avons utilisé la DHEA dans 18,6 % (47/253) des cycles et 17,8 % (30/169) des ponctions. Nous avons observé un taux de grossesse clinique sous DHEA de 19,6 % (9/46), soit un taux de grossesse de l’ensemble des cycles avec DHEA de 19,1 % (9/47), non significatif (p=0,5) du fait de la faible utilisation de ce traitement à l’heure actuelle. Malgré l’absence de différence mise en évidence, nos résultats ne nous font pas arrêter ce co-traitement et nous allons augmenter le nombre de patientes traitées, afin de rapporter dans une étude ultérieure le bénéfice ou non de la DHEA en termes de grossesse clinique. Barad et Gleicher ont mis en évidence une différence significative avec un taux de grossesse clinique cumulée de 28,4 % dans le groupe traité versus 11,9 % dans le groupe contrôle chez des patientes présentant une DOR [67]. Le vieillissement de l’ovaire est une frontière dans le traitement de l'infertilité féminine et est généralement considéré comme incurable avec les ressources médicales actuelles. La possibilité que la DHEA pourrait améliorer de façon significative la réponse ovarienne serait donc potentiellement révolutionnaire. Cependant son utilisation n’est pas validée en pratique courante. Selon la théorie bicellulaire, la LH joue un rôle essentiel dans la phase finale de la maturation folliculaire. Les androgènes sont synthétisés par les cellules de la thèque en réponse à la LH. L’élévation de la concentration intra folliculaire en androgènes pendant la phase folliculaire précoce augmenterait le nombre d’embryons de bonne qualité. C’est pour cela qu’il est intéressant de réaliser une stimulation ovarienne avec de la FSH combinée à de la LH afin d’améliorer les chances de grossesse. Il existerait un effet synergique de la DHEA et de l’apport de la LH pendant les stimulations, en augmentant le taux d’androgène intrafolliculaire [73]. Notre étude n’a pas mise en évidence cet effet, puisqu’avec l’utilisation 63 simultanée de la LH et de la DHEA, nous observons un taux de grossesse échographique de 28 % (7/25) avec p=0,4. Même avec la supplémentation en DHEA, les chances de grossesse et d’accouchement des femmes IOP débutantes peuvent être diminuées, mais nous devons être prudents dans une décision de refus de soin en raison d’une réserve ovarienne trop basse. A l’avenir les progrès à long terme de la biologie moléculaire et de pharmacologie de la reproduction pourraient permettre de développer des médicaments ou des interventions qui permettront d'accroître les chances de grossesse de ces femmes et même de retarder le déclin accéléré de la réserve ovarienne [31]. 5.4.2 Stratégies de prévention et de dépistage chez les femmes asymptomatiques En ce qui concerne la prévention primaire, le tabagisme, les infections pelviennes et les interventions chirurgicales peuvent être évités. Ces dernières années, la tendance à reporter la maternité par des phénomènes de société, conduit à davantage de tentatives de fonder une famille à un âge plus avancé, ce qui contribue considérablement à l'augmentation de l'incidence de l'infertilité. Les femmes ignorent peut-être des baisses de fécondité après le début de la trentaine. Par ailleurs, il semble que les technologies de reproduction assistée ont donné l'impression que la fertilité peut être reportée en toute sécurité. Le dépistage du vieillissement ovarien précoce vers 30 ans pourrait fournir des informations aux femmes, sur lesquelles fonder des décisions rationnelles sur leur fécondité sans risquer une infécondité involontaire. Une fois diagnostiquée, les jeunes femmes doivent être informées sur leurs prévisions des taux de conception naturelle et assistée. Mais ceci est à mettre en parallèle avec un stress possible secondaire à l’annonce de cette insuffisance ovarienne et de ses conséquences. Le challenge réside dans la possibilité d'identifier les femmes ayant une durée de vie reproductive réduite à un stade aussi précoce de leur vie afin que des mesures adéquates puissent être prises. Les techniques de reproduction assistée ont contribué au développement des tests de l’évaluation de la réserve ovarienne. Le but initial était de prédire l’issue de la tentative de FIV. Cependant il n'est pas certain que cela puisse être réalisé par n'importe quel test endocrinien ou d'imagerie car ils ne permettront d’enregistrer les variations de la fonction ovarienne qui ont déjà eu lieu. Certes les tests actuels (comme la FSH, l’AMH, le CFA) reflètent la fonction ovarienne à un « instant t » et quand ils deviennent péjoratifs, c’est déjà 64 « trop tard ». Certains de ces tests pourraient servir d’outils de dépistage du vieillissement ovarien précoce chez les jeunes femmes asymptomatiques dans la population générale, mais à ce jour il n’existe pas de marqueur prédictif fiable. Les avancées de la génétique moléculaire pourraient permettre d’entrevoir la possibilité de construire des empreintes génétiques, afin d'identifier les femmes ayant une prédisposition génétique au vieillissement ovarien précoce. L’idéal serait bien sûr de reconnaître les femmes à risques d’insuffisance ovarienne, comme les femmes ayant des antécédents familiaux de ménopause précoce, un antécédent de chimiothérapie, de radiothérapie, de chirurgie ovariennes répétées, d’endométriose sévère, ou encore une pré-mutation pour le gène FMR1, afin de leur conseiller d’avoir des enfants tôt, voire de leur proposer une autoconservation ovarienne ou ovocytaire, tout en sachant les résultats encore très limités de ces techniques. Tout en sachant que les chances de grossesse sont diminuées chez ces patientes, par rapport aux femmes avec une réserve ovarienne normale au même âge, elles restent satisfaisantes. 6 Conclusion L’évolution de notre société a nettement fait reculer l’âge de la première grossesse. En AMP, nous nous trouvons ainsi de plus en plus confrontés au vieillissement ovarien. De plus certaines femmes ont une diminution plus rapide de leur réserve ovarienne par rapport à leur âge civil. Le diagnostic se révèle lors d’un désir de grossesse du couple, et a été longtemps inconnu. L’arrivée des marqueurs de la réserve ovarienne a permis de mettre en évidence cette étiologie de l’infertilité. Après avoir fait le diagnostic clinique (par un raccourcissement des cycles menstruels) et/ou biologique (par l’AMH, le taux de FSH basal, et l’estradiol) et/ou échographique (par le CFA), la prise en charge de ces patientes insuffisantes ovariennes débutantes est un véritable défi. Notre étude a permis d’analyser les chances de grossesse dans cette population au pronostic plus réservé, en fonction de nos pratiques. Nous avons étudié les types de protocole utilisés, les caractéristiques de la tentative de stimulation ovarienne, le nombre de rang, le type d’AMP proposé, l’utilisation d’un traitement adjuvant. Les patientes IOP débutantes âgées de moins de 38 ans de notre cohorte ont eu un taux de grossesse clinique soit échographique de 18,2 % (46/253) par cycle de stimulation ovarienne en vue d’une FIV. Parmi ces grossesses, 37 d’entre elles ont été obtenues par FIV classique ou FIV/ICSI soit un 65 taux de 21,9 % par ponction, 4 par transformation en IIU, et 5 par IIU. Le taux d’accouchement était de 15,4 % (39/253) et le taux de naissance vivante de 18,6 % (47/253) par cycle. Le délai moyen d’obtention de la grossesse était de 14,9 mois avec une durée d’infertilité du couple de 4 ans en moyenne. Lorsque la ponction folliculaire a été réalisable (66,8% des cycles) les grossesses ont été obtenues avec un nombre moyen d’ovocytes récupérés de 6,3 soit 5,1 ovocytes en métaphase II c’est-à-dire fécondables, 4 embryons produits et avec un transfert de 1,9 embryons en moyenne. Le protocole permettant le meilleur taux de grossesse (22,3 % par cycle avec p=0,04) est le protocole antagoniste de la GnRH. Par ailleurs le maximum des grossesses c’est-à-dire 39,1 % (p=0,06) a été obtenu au 2ème rang de tentative. De plus 91,3 % des grossesses sont arrivées après 4 tentatives, ce qui correspond au nombre de FIV remboursé par la sécurité sociale. Après le 4ème rang le taux de grossesse est similaire aux chances de grossesse spontanée (7 à 9 %). En outre 41,9 % des couples (39/93) ont eu au moins un enfant vivant à la maison. Les autres couples poursuivent leur projet parental, par assistance médicale intraconjugale ou avec un tiers donneur, ou s’orientent vers d’autres alternatives. Ainsi ce travail aura permis de mettre en évidence le meilleur type de prise en charge en AMP intraconjugale chez ces patientes IOP débutantes. Au vu des résultats et à la condition de rester dans des limites de prise en charge médicalement et éthiquement défendables, nous prendrons en charge ces femmes initialement et plus systématiquement par un protocole de FIV type antagoniste de la GnRH avec un prétraitement par estradiol. En cas d’échec (mauvaise réponse folliculaire), un 2ème protocole antagoniste de la GnRH avec une dose de gonadotrophine ajustée et un co-traitement par DHEA, sera proposé. Parallèlement en cas d’absence des critères pour aller à la ponction, la conversion en IIU est une option acceptable. Nous pensons ensuite qu’après 2 tentatives avec ce protocole adapté n’ayant pas permis de recueillir plus de 3 ovocytes, un passage en cycle semi-naturel ou MILD stimulation peut se discuter. Il faut également à ce moment là écouter plus que d’habitude les couples qui peuvent verbaliser leur épuisement thérapeutique et physiologique vis-à-vis de ces tentatives, et ne pas hésiter alors à annoncer une abstention thérapeutique ou un passage en don d’ovocytes ou vers l’adoption. D’autres études seront nécessaires afin d’observer plus spécifiquement les effets de la DHEA dans une population IOP débutante, et également d’évaluer les résultats à moyen termes de la méthode mise en avant dans le cadre de ce travail. 66 7 Références bibliographiques 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10. 11. 12. 13. 14. 15. 16. 17. 18. 19. 20. 21. Beck-Peccoz, P. and L. Persani, Premature ovarian failure. Orphanet J Rare Dis, 2006. 1: p. 9. Christin-Maitre, S., et al., [Premature ovarian failure]. Ann Endocrinol (Paris), 2006. 67(6): p. 557-66. Gleicher, N., et al., Do etiologies of premature ovarian aging (POA) mimic those of premature ovarian failure (POF)? Hum Reprod, 2009. 24(10): p. 2395-400. 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Arch Gynecol Obstet, 2010. 282(4): p. 445-9. 71 Liste des figures Figure 1 : Schéma de la folliculogenèse montrant une étape initiale indépendante des gonadotrophines et une étape finale dépendante des gonadotrophines, du stade primordial au stade préovulatoire. .................................................................................................................. 12 Figure 2 : Stades cliniques figurant dans le spectre de l’IOP ................................................... 14 Figure 3 : Schéma illustrant les principaux gènes connus pour être impliqués dans la pathogénie de l’IOP et leur site d’expression dans l’ovaire ..................................................... 15 Figure 4 : Schéma du nombre de follicules primordiaux présents dans les ovaires et la qualité des ovocytes en fonction de l'âge de la femme. ....................................................................... 16 Figure 5 : Mécanismes physiopathologiques de l’IOP............................................................. 18 Figure 6 : Schéma illustrant les changements endocriniens associés à l’âge de la femme et à la morphologie ovarienne ............................................................................................................. 19 Figure 7 : Le rôle de l'AMH dans le développement des follicules ovariens. Les effets inhibiteurs de l'AMH sont montrés sur le recrutement des follicules primaires issus du stock des follicules primordiaux ayant échappés à l’atrésie, et la sensibilité des follicules antraux à la FSH et de leur capacité à se développer en un follicule pré-ovulatoire ............................... 22 Figure 8 : Figure présentant l’évolution exponentielle de l’AMH (ng/ml) et de la FSH (mUI/ml) selon l'âge, dans une population de patientes donneuses d’ovocytes et de patientes infertiles .................................................................................................................................... 23 Figure 9 : Schéma d’un protocole agoniste long ...................................................................... 29 Figure 10 : Schéma d’un protocole agoniste court « flare up » ............................................... 30 Figure 11 : Schéma d’un protocole antagoniste avec pré-traitement ....................................... 31 Figure 12 : Illustration du taux de naissance vivante en FIV par cycle, avec ses propres ovocytes en fonction de l’âge de la femme, et avec les ovocytes d’une donneuse en fonction de l’âge de la receveuse ............................................................................................................ 37 Figure 13 : Issue des tentatives de stimulation ovarienne en termes de type d’AMP .............. 45 Figure 14 : Issue des tentatives de stimulation ovarienne en termes de grossesse ................... 46 Figure 15 : Répartition de l’utilisation des protocoles en fonction des rangs de la tentative de stimulation ................................................................................................................................ 51 Figure 16 : Nombre de grossesses cliniques en fonction du protocole et du rang de la stimulation (hors IIU) ............................................................................................................... 61 72 Liste des tableaux Tableau I : Principales étiologies des IOP et fréquence de ces pathologies dans la population générale .................................................................................................................................... 26 Tableau II : Caractéristiques clinico-biologiques des couples ................................................. 43 Tableau III : Résultats globaux de notre population et de l’ensemble de la population du service....................................................................................................................................... 46 Tableau IV : Résultats de l’ensemble des cycles en termes de grossesse en fonction des critères clinico-biologiques de la population............................................................................ 47 Tableau V : Résultats de l’ensemble des cycles de ponction en termes de grossesse en fonction des critères de la stimulation ...................................................................................... 49 Tableau VI : Comparaison des différents protocoles utilisés dans la prise en charge des IOP débutantes ................................................................................................................................. 52 Tableau VII : Facteurs prédictifs des marqueurs de la réserve ovarienne d’une grossesse clinique ..................................................................................................................................... 53 73 Table des matières REMERCIEMENTS ..............................................................................................................................6 LISTE DES ABREVIATIONS ..............................................................................................................8 SOMMAIRE ...........................................................................................................................................9 1 PREAMBULE ................................................................................................................................10 2 INTRODUCTION .........................................................................................................................11 2.1 DEFINITIONS ET EPIDEMIOLOGIE DE L’INSUFFISANCE OVARIENNE ..........................................11 2.2 FOLLICULOGENESE ET OVOGENESE ..........................................................................................11 2.3 PHYSIOPATHOLOGIE DU VIEILLISSEMENT OVARIEN PRECOCE .................................................14 2.4 RESERVE OVARIENNE (RO) ET SES MARQUEURS .....................................................................18 2.4.1 FSH et E2 .......................................................................................................................................................... 19 2.4.2 Compte des Follicules Antraux (CFA) .................................................................................................. 20 2.4.3 Inhibine B ......................................................................................................................................................... 21 2.4.4 AMH .................................................................................................................................................................... 21 2.4.5 La réponse à la stimulation ovarienne ............................................................................................... 24 2.5 ETIOLOGIES...............................................................................................................................24 2.5.1 Iatrogènes ........................................................................................................................................................ 24 2.5.2 Génétiques ....................................................................................................................................................... 25 2.5.3 Auto-‐immunes ............................................................................................................................................... 26 2.5.4 Infectieuses et toxiques .............................................................................................................................. 27 2.5.5 Idiopathiques ................................................................................................................................................. 27 2.6 COMMENT FAIRE LE DIAGNOSTIC D’IOP DEBUTANTE ? ...........................................................27 2.7 INFERTILITE ET PRISE EN CHARGE EN AMP..............................................................................29 2.7.1 Protocoles de stimulation ovarienne multi-‐folliculaire en vue d’une FIV ........................... 29 2.7.1.1 Agonistes de la GnRH longs ...................................................................................................................... 29 2.7.1.2 Agonistes de la GnRH courts..................................................................................................................... 30 2.7.1.3 Antagonistes de la GnRH .......................................................................................................................... 31 2.7.1.4 Augmentation des doses des gonadotrophines .......................................................................................... 32 2.7.1.5 Cycles semi naturels ou MILD stimulation ............................................................................................... 32 2.7.1.6 Traitements adjuvants : androgènes/DHEA .............................................................................................. 34 2.7.2 Grossesse spontanée .................................................................................................................................... 36 2.7.3 Alternatives ..................................................................................................................................................... 37 2.8 BUT DE L’ETUDE .......................................................................................................................38 74 3 MATERIEL ET METHODE .......................................................................................................38 3.1 POPULATION ETUDIEE...............................................................................................................38 3.1.1 Critères d’inclusion ...................................................................................................................................... 39 3.1.2 Critères d’exclusion ...................................................................................................................................... 39 4 3.2 GROSSESSES OBSERVEES ..........................................................................................................40 3.3 PROTOCOLES ETUDIES ..............................................................................................................40 3.4 ANALYSE STATISTIQUE.............................................................................................................41 RESULTATS..................................................................................................................................42 4.1 CARACTERISTIQUES DE LA POPULATION ..................................................................................42 4.2 ISSUE DE L’ENSEMBLE DES TENTATIVES DE STIMULATION OVARIENNE EN TERMES DE TYPE D’AMP ET DES TAUX DE GROSSESSE ................................................................................................. 44 4.3 RESULTATS DE L’ENSEMBLE DES CYCLES EN TERMES DE GROSSESSE EN FONCTION DES CRITERES CLINICO-BIOLOGIQUES DE LA POPULATION ....................................................................... 46 4.4 RESULTATS EN TERMES DE GROSSESSE DES TENTATIVES EN FONCTION DES PARAMETRES DE LA STIMULATION ................................................................................................................................ 48 5 4.5 COMPARAISON DES PROTOCOLES .............................................................................................49 4.6 DETERMINATION DE FACTEURS PREDICTIFS DE GROSSESSE ? ..................................................53 4.7 DEVENIR DES COUPLES .............................................................................................................55 DISCUSSION .................................................................................................................................56 5.1 ETATS DES CONNAISSANCES.....................................................................................................56 5.2 FACTEURS PREDICTIFS DE L’OBTENTION D’UNE GROSSESSE ...................................................57 5.3 COMMENT OBTENIR LE MEILLEUR TAUX DE GROSSESSE CLINIQUE DANS NOTRE CENTRE CHEZ LES PATIENTES IOP DEBUTANTES ? 5.4 ...................................................................................................59 PROPOSITIONS POUR AMELIORER LA PRISE EN CHARGE ...........................................................61 5.4.1 Traitements de stimulation ovarienne ............................................................................................... 61 5.4.2 Stratégies de prévention et de dépistage chez les femmes asymptomatiques .................. 64 6 CONCLUSION ..............................................................................................................................65 7 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ....................................................................................67 LISTE DES FIGURES .........................................................................................................................72 LISTE DES TABLEAUX ....................................................................................................................73 TABLE DES MATIERES ...................................................................................................................74 75