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PENSEES POUR MOI-MEME (édition numérique, Kindle / Mac) - 177-180 après JC
Liens :
- Traduction bilingue (grec/français) de Barthélémy Saint-Hilaire (1876) avec notes en ligne
- Article Wikipedia exposant les fondements et la modernité du stoïcisme de Marc Aurèle
- Article biographique avec de très nombreux liens sur le site empereursromains.net
Mes réflexions au fur et à mesure :
- sidérée par la modernité de la pensée de Marc Aurèle, et la proximité ressentie : nécessité
impérieuse de découvrir ses Pensées
Pour mieux comprendre, le chapitre consacré à l’apport philosophique de Marc Aurèle dans l’article
Wikipedia :
« Réfléchis souvent à l'enchaînement de toutes choses dans le monde et à leurs rapports réciproques, elles
sont pourrait-on dire entrelacées les unes aux autres et, partant, ont les unes pour les autres une mutuelle
amitié, et cela en vertu de la connexion qui l'entraîne et de l'unité de la matière. »
— Marc-Aurèle dans Pensées pour moi-même (VI, 38)
Marc-Aurèle s'inscrit dans un "stoïcisme abouti", c'est-à-dire que l'empereur avait suffisamment intégré
l'enseignement d'Épictète, Sénèque et Zénon pour prolonger avec adresse la connaissance de cette
maîtrise des passions que formule l'enseignement du stoïcisme. Appliquant cette philosophie, quand il
assistait aux jeux du cirque, ostensiblement il ne regardait pas le spectacle et lisait9. On disait de MarcAurèle qu’il était « la philosophie (stoïcienne) assise sur un trône »10.
La reconnaissance de l'harmonie du pneuma, de ce souffle chaud qui traverse notre être pour le mener vers
le mouvement de la vie et de son équilibre avec le destin, n'implique aucun fatalisme mais demande une
certaine pratique.
C'est à cet art praxis que s'exerce Marc-Aurèle. C'est de lui, en effet, que nous tenons "cette matière pour la
conduite", éthique en réalité très éloignée de l'aspect manichéen qu'impose souvent la morale collective,
éthique proche au contraire d'un juste discernement dans nos actes : "la meilleure manière de se venger,
c'est ne pas se rendre semblable à ceux qui t'ont fait mal".
Marc-Aurèle aura toujours à cœur de reconnaître au sein de la complexité des relations humaines et des
formations même physiques ce que l'homme peut apporter en termes d'équilibre autant pour lui-même que
pour le monde. La conduite s'inscrit donc dans une dynamique qui dépasse l'être humain afin de se lier plus
étroitement à l'harmonie d'un seul et même monde : "Toutes choses sont liées entre elles et d'un nœud
sacré, et il n'y a presque rien qui n'ait ses relations. Tous les êtres sont coordonnés ensemble, tous
concourent à l'harmonie du même monde ».
L'entendement de l'empereur philosophe vient donc promettre un certain accord entre ce qu'il nomme "le
génie (ou démon) intérieur", la possibilité d'appréhender la nature par la création, et ce que la nature à son
tour crée et détermine. De cette relation naît une certaine sagesse et manière de vivre, une idée de ce que
peut apporter l'univers à l'individu, comme ce que l'individu peut apporter à l'univers : "Souviens-toi de la
matière universelle dont tu es une si mince partie ; de la durée sans fin dont il t'a été assigné un
moment si court, et comme un point ; enfin de la destinée dont tu es une part et quelle part !".
L'empereur philosophe confronte ses obligations politiques avec les valeurs que ses maîtres stoïciens lui ont
enseignées, mais aussi avec d'autres références : l'apport philosophique de Platon, Épicure, Démocrite,
Héraclite. C'est en ce sens que les textes de Marc Aurèle gardent un intérêt certain. Ils mettent effectivement
en exergue une justesse éthique au sein d'une politique où l'art de décider doit toujours s'articuler à cette
interrogation : veux-tu le pouvoir pour le pouvoir ou l'exercice du pouvoir ? Autrement dit, ton ambition estelle d'obtenir la puissance, ou d'être capable à travers elle de réfléchir, dire et agir afin qu'un chemin
vertueux soit tracé pour la cité ?
Loin d'être simple à mettre en pratique, cette interrogation souligne le souci d'un empereur qui, détenant le
pouvoir suprême, continue à s'interroger sur ses propres motivations et intentions plus enfouies. Le fait de
s'arrêter de polémiquer pour se demander si ce que l'on essaie de créer relève d'une certaine 'bonté' et d'un
désir d'aider, ou d'une ambition toute personnelle, conduit l'homme politique à se recentrer et marquer un
temps nécessaire dans sa prise de décision.
Marc Aurèle souligne tout au long de ses écrits les plus hautes valeurs de l'être humain : Prudence, Justice,
Courage et Tempérance, qui depuis Platon sont les quatre vertus principales du Philosophe, celles qui
assurent la cohérence et la force de ses actions. L'originalité de son œuvre réside dans le ton personnel des
"Pensées pour moi-même", qui témoigne d'une attention aiguë à l'urgence de "vivre pour le bien", c'est-àdire vivre dignement dans un monde plein de troubles, à l'urgence d'accomplir son rôle d'homme possesseur
d'un "génie intérieur" : forme d'intelligence pour situer la raison et élever son jugement. La précarité de
l'existence humaine, la fugacité du temps, de la mémoire, qui engloutit tous les hommes, grands ou petits,
dans l'oubli et la mort ; la petitesse de l'homme et de la terre dans l'infini de l'univers : tels sont les grands
thèmes de la philosophie de Marc Aurèle. Cette insistance si moderne n'a rien de tragique car l'homme a sa
place dans cet univers où chaque être est situé de façon ordonnée. Par son "génie intérieur", son esprit
raisonnable (il ne s'agit pas encore de rationalité), l'homme participe de ce cosmos divin. Il comprend son
éternelle transformation. Cette vision élimine donc la peur de la mort qui n'est pas anéantissement mais
changement, renouvellement de l'univers. Il faut donc accepter sereinement cet événement naturel. Le but
de l'homme est alors de vivre dignement le présent, de jouer son rôle qui est d'être utile au bien commun,
car tous les hommes sont liés à la Nature : "Que l'avenir ne te trouble pas car tu viendras à lui, quand il le
faudra, avec la même raison que tu utilises pour les choses présentes ».
Marc-Aurèle manifeste un sens très haut de sa responsabilité dans l'État, et se critique sévèrement luimême tout en interrogeant sans cesse la finalité de l'action politique : "Prends l'habitude autant que possible,
de te demander à quelle fin se rapporte cette action, que désire l'homme qui veut agir ?". Dans tous les cas,
le philosophe insiste très longuement sur l'idée que la vision du Tout, de ses éternelles transformations,
élève notre âme. Prendre part à l'équilibre naturel en faisant de sa pensée un moyen pour être en harmonie
avec le monde participe à notre propre équilibre. "La vision du Tout" va même au-delà de cette conception
de l'équilibre, elle place l'individu dans un rapport complexe avec l'ensemble de l'univers et l'oblige à penser
la multiplicité des relations entre un homme et "la totalité de l'existence" (ce qui implique toute vie mais aussi
toute durée). C'est pourquoi le destin ne nous est pas si étranger. Certes, il peut parfois nous dominer mais il
n'existe pas sans ses "acteurs" et les hommes en font partie.
Cette vision du tout élimine les fausses représentations, les passions (au sens de la souffrance), en
particulier l'ambition, l'orgueil, la colère, et nous amène à être modestes, justes et bienveillants envers
chaque homme, notre égal en tant qu'être raisonnable et sociable, qu'il faut écouter en "entrant dans son
âme". L'homme qui suit la raison en tout est "tranquille et décidé à la fois, radieux et en même temps
consistant". En ce sens, l'empereur était un précurseur du siècle des Lumières spécifiant (comme Kant) la
Raison comme meilleur guide pour la compréhension et le jugement de l'être humain.
La raison humaine qui est donc "génie intérieur" de l'homme devient cette parcelle de la finalité universelle
divine qui est providence et à laquelle l'homme doit agréer car il est, nous l'avons compris, comme une partie
dans un tout particulièrement significatif. L'originalité et la modernité de la pensée de Marc-Aurèle réside
également dans la distinction radicale et déjà "cartésienne" (anachronisme voulu) de l'intelligence humaine,
non seulement d'avec le corps, mais aussi d'avec l'âme d'essence matérielle. C'est d'ailleurs à partir de cette
conception physique que l'empereur philosophe parle ensuite de ses considérations éthiques qui sont :
"principe des fonctions vitales, maîtrise des passions" et "marque de l'esprit du temps ».
Marc-Aurèle se considère comme un "progressant", c'est-à-dire comme celui qui progresse peu à peu sur le
chemin de l'ordre universel en vivant justement selon la Nature, mais aussi celui qui détient son directeur de
conscience toujours confronté à la dure réalité des évènements. Par conséquent, l'exigence stoïcienne face
aux décisions que l'homme doit prendre va en progressant et ne saurait atteindre totalement la perfection
mais seulement une certaine sérénité : l'ataraxie.
Ainsi le bonheur est possible dans ce qui rend la Nature contente d'elle-même, il ne dépend d'aucun bien
extérieur mais d'un état d'esprit où l'individu se sent sensiblement capable d'être en paix avec lui-même et
avec le monde. Il faut donc suivre son "génie intérieur" et ne considérer comme bien et mal que ce qui
dépend de nous car, en réalité, l'on ne peut juger véritablement et avec justice que sa propre conduite. Ce
souci éthique d'une "morale individuelle désirée" et naturellement articulée à la collectivité semble être
l'apport majeur de la philosophie de Marc-Aurèle.
Il est également central de rappeler l'importance d'une notion chère à l'empereur : l'harmonie, la potentialité
d'adjoindre aux manifestations incertaines de l'existence individuelle ou collective, un équilibre menant à une
part relative de stabilité, elle-même nous laissant la possibilité de comprendre la Nature et de réfléchir sur
notre conduite. Si le philosophe stoïcien souligne l'impact de cette harmonie tout en signifiant le propre,
selon lui, de la justesse éthique, ce n'est que pour asseoir davantage son interrogation plus profonde de
l'universalité, de ce qui, comme il le précise souvent dans ses Pensées, est marqué par le sceau d'une
intrication perpétuelle, c'est-à-dire par la présence constante du lien qui unit chaque élément à tous les
autres. Marc-Aurèle est un penseur de la liaison, d'une relativité de liens s'inscrivant dans l'absolu d'une
unification donnant sens à nos actions.
Nombre de philosophes ont été et sont encore influencés par la vision très moderne et à la fois antique de
Marc-Aurèle et beaucoup ont vu en lui un apport pragmatique et avant tout une justesse dans l'affirmation et
l'action, c'est-à-dire dans les deux manières de décider et de garder sa détermination.
Pour avoir favorisé le développement de la philosophie, il ne supporte pas « le fanatisme des chrétiens » et
ne peut tolérer leur « fétichisme » pour le Christ. Conservateur, il les persécute, jugeant qu'ils sont une
menace pour l'unité de l'Empire (ils refusent notamment de brûler de l'encens devant les statues de
l'empereur et de prier par les dieux de l'Empire). Selon Marc Aurèle, le christianisme se sert des passions
pour installer une morale sans lien avec la Nature, mais surtout aucunement réfléchie.
À travers les douze livres qui composent les Pensées, plusieurs thèmes, souvent sous forme de maximes
récurrentes. On a ainsi :
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Toutes les choses participent d'un Tout (qu'il nomme parfois L'Un, Dieu, Nature, Substance, Loi,
Raison). Nous, les hommes, sommes des parties de ce Tout.
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Nous devons vivre selon la Nature, c'est-à-dire en suivant la Loi de la Nature et celle-ci procède de
la Providence, donc tout ce qui arrive est nécessaire et utile au monde universel, dont tu fais partie
(Livre II).
Cela veut dire aussi vivre en conformité avec la Nature de l'homme qui est raisonnable et sociable. Il
faut tendre vers ce qui est utile et bien approprié à la communauté (Livre VII)
La mort fait partie de la Nature, car tout change, tout se transforme, tout, depuis l'éternité,
semblablement se produit et se reproduira sous d'autres formes semblables à l'infini (Livre IX).
Ce qui importe c'est le présent, ce n'est ni le futur, ni le passé qui te sont à charge, mais toujours le
présent.
NOTES de LECTURE « Pensées pour moi-même »
L’une des pensées de Marc Aurèle LIII/I : "Il faut se hâter, non seulement
parce qu'à tout moment nous nous rapprochons de la mort, mais encore
parce que nous perdons, avant la mort, la compréhension des questions, et
le pouvoir d'y prêter attention". Edifiant !
Ou alors, cette autre pensée fondamentale LII/XVI, qui devrait
devenir mon mantra et vers laquelle je reviens sans cesse depuis 3
jours : " (Cinquièmement) L'âme de l'homme se fait surtout injure
lorsqu'elle ne dirige son activité et son initiative vers aucun but,
mais s'applique à n'importe quoi, au hasard et sans suite, alors que
nos moindres actions devraient être ordonnées par rapport à une
fin. Or la fin des êtres raisonnables, c'est d'obéir à la raison et à la
loi du plus vénérable des Etats et des Gouvernements."
Questionnement soulevé : quelle acception pour 'la raison et la loi
des Etats et Gouvernements'...et comment s'assurer de la
'vénérabilité' d'un Etat et de son Gouvernement ? Sûrement
lorsqu'il s'agit d'une démocratie où les valeurs romaines sont
défendues et mises en oeuvre ? Bien évidemment, ce fut le principe
directeur auquel Marc Aurèle adhéra toute sa vie...je devrais en
apprendre davantage au fil de mes lectures.
D'ailleurs je crois que ma stratégie lecture des Pensées va être, dans un
premier temps, de parcourir les 12 livres. Puis de refaire une lecture attentive
et studieuse, dans l'ordre des livres. Et en parallèle de parcourir les livres de
manière thématique (voir l'index thématique en fin de livre).