Présentation de l`IEA - Maison des Sciences de l`Homme
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Présentation de l`IEA - Maison des Sciences de l`Homme
INSTITUT D’ETUDES AVANCÉES DE NANTES Présentation « Dans le courant de l’année 1999, j’ai estimé qu’il était important pour une grande collectivité française d’examiner les voies et moyens par lesquels elle pouvait participer au développement de la recherche scientifique. Je pense en effet que, dans notre pays, l’investissement dans l’intelligence est une clé essentielle pour l’avenir de notre économie et pour l’équilibre de notre société. La réflexion qui m’animait, était la suivante : les pays du nord consciemment ou non, ont le réflexe d’offrir aux pays du sud « des modèles » plutôt que d’avoir avec eux des rapports d’échange. C’est une attitude qui est multiséculaire depuis que l’Europe est sortie de ses octrois. Mon état d’esprit, mon ambition est qu’à travers la création d’un Institut d’Etudes Avancées, nous puissions établir, entre chercheurs du nord et du sud, des rapports d’égalité, respectueux de nos cultures et de nos mentalités ». Jean-Marc Ayrault Député – Maire de Nantes Président de Nantes Métropole – Communauté urbaine « J’ai été très marqué par l’intérêt que revêt ce projet, qui s’inscrit dans l’histoire de Nantes, et qui confortera le rayonnement international de (l’) agglomération et devrait apporter une contribution intéressante aux réflexions sur rapports Nord/Sud dans le contexte de la globalisation. Le choix des axes scientifiques, en particulier la santé et la ville, et la priorité accordée au dialogue et à la confrontation entre chercheurs du Nord et du Sud, notamment du continent africain, rencontre des préoccupations qui sont les nôtres, en tant qu’important opérateur de la gestion de l’eau, partenaire des collectivités locales, engagé auprès de la communauté internationale pour contribuer à faire du droit à l’eau pour tous une réalité. Antoine Frérot Directeur général Veolia Eau 2/14 LES IEA : UN CADRE DE RECHERCHE ET UN LIEU DE VIE Les Instituts d’Études Avancées (IEA) sont des lieux d’innovation intellectuelle qui misent sur la liberté et la créativité des chercheurs plutôt que sur leur programmation. Ils ont pour objet essentiel de réunir temporairement sur un même site des universitaires, auteurs ou créateurs de renommée internationale. Venus de tous pays et de toutes disciplines, ces chercheurs résidents (fellows) se trouvent ainsi temporairement libérés de leurs obligations professionnelles habituelles, et libres de mener, dans un environnement de qualité, les recherches fondamentales auxquelles ils souhaitent se consacrer à temps plein, individuellement ou en collaboration. Apparus dans les années trente aux Etats-Unis, les Instituts d’Etudes Avancées se sont développés ensuite de par le monde (Princeton, Stanford, Triangle Park, Berlin, Uppsala, Wassenaar, Budapest). Ils se sont avérés essentiels pour compenser les difficultés que la recherche rencontre dans son organisation institutionnelle classique, en particulier dans le domaine des sciences humaines et sociales. Les chercheurs ont besoin de temps, d’être libérés des tâches habituelles et multiples d’administration, d'évaluation et d’enseignement, pour pouvoir se concentrer sur un travail de recherche réellement innovant. Se trouver dans un tel milieu multidisciplinaire et international leur ouvre des horizons de savoir et des opportunités d’échanges intellectuels inédits. Tenant compte de cette situation, le Conseil National pour le Développement des Sciences de l’Homme et de la Société avait dès 2001 préconisé la création d’un Institut d’Etudes Avancées en France. L’Institut d’Etudes Avancées de Nantes est, avec ceux qui doivent être créés à Paris, Lyon et Marseille, l’un des quatre membres du Réseau français des Instituts d’Études avancées. Il ouvrira ses portes en 2009 et accueillera une vingtaine de résidents français et étrangers. Le Président de la communauté urbaine de Nantes, Jean-Marc Ayrault, est à l’initiative de la création de cet Institut, avec le soutien financier de Veolia Eau. Le projet a depuis reçu le soutien du Ministère de la recherche, du CNRS, de Science-Po, des Maisons des Sciences de l’Homme de Paris et de Nantes, et de l’Université de Nantes. La particularité de l'Institut d’Études Avancées de Nantes sera de tisser des relations d’un type nouveau entre les chercheurs occidentaux et ceux du reste du monde, en s’ouvrant largement à ces derniers et en autorisant une réelle diversité d’approche des problèmes qui se posent aujourd’hui à tous dans le contexte de la mondialisation. Le texte qui suit donne une vue d’ensemble du projet : les arguments de fond justifiant la création de l’Institut (I), la description des axes thématiques sur lesquels l’activité scientifique se concentrera les premières années (II) et enfin une brève description de son organisation matérielle (III). 3/14 I – LES RAISONS MOTIVANT LA CREATION D’UN INSTITUT D’ETU D’ETUDES DES AVANCEES A NANTES Rompre avec l’unilatéralisme dans le domaine des sciences de l’humain L'aspiration à l'universalisme a été, pour le meilleur et pour le pire, l'un des traits caractéristiques de la vie intellectuelle en France. Et la France demeure aujourd’hui, avec les Etats-Unis, un des rares pays d’Occident qui prétende explicitement se trouver porteur de valeurs universelles. Cette prétention est de moins en moins fondée, car elle n'est plus accompagnée d'une pensée forte et originale sur l'état présent du monde "globalisé". Soit qu'elle se replie narcissiquement sur elle-même, soit qu'elle adopte les standards et les références des sciences sociales internationales, la recherche française ne contribue plus guère, à quelques brillantes exceptions près, à ouvrir des vues originales et stimulantes sur l’état présent du monde. La France ne participe pas davantage à la construction d'une "pensée européenne". Des indicateurs objectifs (par exemple l'apprentissage mutuel des langues ou bien le nombre de traductions d'ouvrages, hors l'anglais) montre un dépérissement accéléré de "l'espace public européen", chaque pays se tournant de plus en plus exclusivement vers le monde anglophone. Le modèle impérial qui s'installe ainsi dans le domaine intellectuel (beaucoup plus rapidement et profondément que dans le domaine politique), nous rend de moins en moins capables de poser correctement les énormes problèmes soulevés par le processus dit de « globalisation ». C'est pourtant cela qu'on est en droit d'attendre du monde de la recherche : non pas de répondre à des questions déjà formulées, mais d'identifier et de comprendre les questions nouvelles que l'histoire fait surgir. Un tel renouvellement suppose un décloisonnement des connaissances, tant au plan territorial que disciplinaire. L'histoire montre qu'en France un tel décloisonnement a toujours été le fait d'institutions nouvelles créées à sa périphérie (du Collège de France aux Maisons des sciences de l'Homme, en passant par la Fondation des sciences politiques, le CNRS, l'École pratique des hautes études, l'Institut Universitaire de France, etc.) et qui parient sur la libre créativité des chercheurs plutôt que sur leur programmation. L’ambition de l’Institut d’Etudes Avancées de Nantes est donc de contribuer à sortir les sciences de l’humain de l’autoréférentialité où elles tendent à s’enfermer dans les pays occidentaux, en les ouvrant aux savoirs et aux pensées d’intellectuels d’autres continents. Au lieu de considérer les autres grandes civilisations comme des objets d’étude ou comme des terres de mission destinées à se convertir aux modes de pensée venues de l’Occident, il s’agit de créer un nouveau style de relations intellectuelles entre penseurs de tous continents, et de confronter la manière dont ils perçoivent et formulent des questions qui, avec le processus de mondialisation, se posent désormais à tous. Il s’agit donc de rompre avec l’unilatéralisme dominant, qui veut que les chercheurs du Sud se mettent à l’école de ceux du Nord, en créant les conditions d’un apprentissage mutuel et en tissant des liens nouveaux et durables entre institutions de recherche de par le monde. 4/14 … Qui s’articule au sein d’une réalité territoriale intellectuelle et politique Les opportunités d'installer durablement à Nantes un pôle d'activités intellectuelles d’un bon niveau international en mesure d'aborder en profondeur les problèmes que nous pose « la globalisation » sont réelles. Une telle entreprise devra s'appuyer tout d'abord sur les acquis de l'expérience d’institutions qui, à des titres divers, ont déjà frayé les voies que l’IEA de Nantes entend emprunter et avec lesquels il a noué des liens privilégiés. C’est le cas au plan local de la Maison des Sciences de l’Homme Ange Guépin, qui a su en peu d’année devenir un lieu attractif pour les chercheurs étrangers (qui y trouvent une véritable communauté de travail et des collègues avec qui parler quotidiennement). Son expérience réussie d'accueil de doctorants (à mettre en relation avec la difficile émergence des "écoles doctorales" officielles dans nos disciplines), la logique de partenariat entre universitaires et autres institutions, la gestion rationnelle des ressources autorisée par l'émancipation des règles de la comptabilité publique, le haut niveau d'exigence scientifique requis pour l'agrément des programmes de recherche indiquent la voie à suivre. C’est aussi le cas au plan national de la Fondation MSH de Paris, dont les programmes d’échanges internationaux ont permis d’ouvrir la recherche française à des horizons et des cultures trop négligés par les universités. C’est le cas enfin du Wissenschaftskolleg zu Berlin, qui est aujourd’hui l’institution européenne de référence en matière d’Instituts d’Etudes Avancées et de constitutions de réseaux internationaux de chercheurs. Cette entreprise pourra s'appuyer ensuite sur l'histoire et la géographie de la ville de Nantes, qui a eu, comme Julien Gracq en fait la remarque, "le grand large comme seul arrière-pays", ainsi que sur le rayonnement dû à la politique culturelle qui y a été conduite depuis une quinzaine d'années. Une initiative dans le domaine des sciences humaines a, en effet, d'autant plus de chances de réussir qu'elle s'enracine dans une histoire et qu'elle participe d'une politique globale à l'échelon d'une ville ou d'un territoire. Elle pourra s'appuyer enfin sur les opportunités qu'offre à la pensée européenne le choc actuel, non pas des civilisations, mais des fondamentalismes qui les rongent. À la différence des USA et du Royaume-Uni, tous les grands pays d'Europe continentale1 ont connu dans une histoire encore récente un effondrement complet (de l'Espagne de la guerre civile à l'Allemagne de 1945 en passant par la France de 1940 ou l'Italie de 1944). Ils ont tous caressé à un moment de leur histoire une ambition impériale. Tous en ont été durablement vaccinés par l'expérience sanglante du néant où elle les a conduits. L'Europe pourrait ainsi devenir un lieu fécond d'échange entre civilisations plutôt que de se fondre dans un modèle occidental uniforme. Encore faudrait-il qu'elle opère un double décloisonnement de sa pensée : décloisonnement intra européen en œuvrant à la création d'un véritable espace public européen, et décloisonnement extra occidental, en s'ouvrant aux grandes civilisations qui lui sont étrangères au Sud comme à l’Est. 1 Ce trait leur est commun avec le Japon. 5/14 II – CADRE SCIENTIFIQUE : LES RAPPORTS NORD/SUD Les fondements dogmatiques de l’identité Ce qu'on appelle la "globalisation" n'est pas un phénomène radicalement nouveau. Elle est la dernière étape d'un processus pluriséculaire de mondialisation, dont on peut faire remonter les origines à la Renaissance et à la conquête du Nouveau Monde. De l'extermination des Indiens d'Amérique à nos jours, ce processus s'est toujours identifié à la domination exercée par les pays occidentaux sur tous les autres. Cette domination n'a pas reposé sur une quelconque supériorité morale de l'Occident, mais sur la puissance matérielle qu'il tire de sa science et de sa technique. La science et la technique, de même que l'économie de marché, sont historiquement les fruits de la civilisation occidentale et continuent d'être liées à elle par des liens extrêmement étroits. L'entreprise scientifique et technique s'est ainsi fondée sur la croyance que Dieu avait donné la Terre en héritage à l'Homme, qu'Il avait organisé la Nature selon des lois immuables et que la connaissance de ces lois permettrait à l'Homme de s'en rendre maître. La puissance matérielle de l'Occident doit ainsi beaucoup au christianisme, qui a cimenté son identité. Ce ciment n'a pu prendre d'ailleurs qu'au prix d'une marginalisation de ses branches orientales (orthodoxe, copte, chaldéen). Beaucoup pensent que cela appartient au passé et que les sociétés européennes se sont émancipées de la religion. Le "désenchantement du monde" et la "sortie du religieux" sont des poncifs répandus encore il y a peu par les sciences sociales et beaucoup d'occidentaux voient encore dans l'attachement explicite d'autres peuples aux fondements religieux de leurs sociétés un archaïsme appelé à disparaître. Mais le fait que le christianisme ait perdu aujourd'hui dans certains États occidentaux toute place constitutionnelle ne signifie nullement que ces États se trouvent dépourvus de fondements dogmatiques. Les États comme les personnes continuent d'être portés par des certitudes indémontrables, par des croyances, qui ne procèdent pas d'un libre choix car elles participent de leur identité. Au cœur même de la rationalité par le calcul qui marque notre temps, se trouvent ainsi des croyances instituées et garanties par le Droit. L’économie de marché n’est pas un état de nature, mais une construction institutionnelle qui repose sur une sorte de trépied juridique, consistant à traiter la terre, le travail et la monnaie comme des produits échangeables. Pour faire du marché un principe général de régulation de la vie économique, il a fallu faire comme s’il s’agissait de marchandises, alors que ce n’est bien sûr pas le cas. La terre n’est pas produite par l’homme et c’est bien plutôt l’homme qui est un produit de la terre. Le travail est l’activité même de production, inséparable de l’être humain et sans laquelle aucun produit n’existerait. Quant à la monnaie, elle symbolise une croyance collective sans laquelle aucun échange marchand ne pourrait advenir. Lorsqu’on fait comme si c’étaient des marchandises, on a affaire à ce qu’on nomme en droit des fictions. Ces fictions ne sont soutenables, dans les sens à la fois anglais et français du mot, qu’à la condition d’être humainement vivables. De ce point de vue, on pourrait définir le droit du travail comme l’ensemble des règles qui soutiennent la fiction du travail-marchandise, de même que le droit de l’environnement pourrait être défini comme l’ensemble des règles qui soutiennent la fiction de la nature-marchandise. Ces étais juridiques ont été posés au niveau national et ils s’effritent aujourd’hui sous la pression du processus de mondialisation. 6/14 En fin de compte ni l'Homme, ni la société ne sauraient se soutenir sans mobiliser un certain nombre de croyances fondatrices, qui échappent à toute démonstration expérimentale et déterminent leur manière d'être et d'agir. De même que la liberté de parole et la possibilité de communiquer n'y seraient pas possibles sans la dogmaticité de la langue, de même les hommes ne pourraient y vivre librement et en bonne intelligence sans partager des corpus dogmatiques qui fondent leur personnalité et donnent sens à leurs échanges. Ces corpus ne se limitent pas au Droit et aux institutions, mais peuvent aussi résider dans la religion (au sens commun du mot) ou dans l'art (musique, danse, littérature) qui sont autant de formes d'écriture (musicale, chorégraphique, littéraire, etc.) où se lit la question du sens de la vie humaine, laquelle échappe par définition aux sciences expérimentales. Le rejet de la notion de dogmatique par les sciences sociales procède de leur propre régime de dogmaticité. Postulant la possibilité pour l’homme de devenir transparent à lui-même, elles sont conduites à identifier la raison à la science et à soutenir la réduction scientiste de l’être humain à l’état d’une chose entièrement explicable et parfaitement gérable. Le Droit, la religion et l’esthétique ont en commun de signifier un sens, un sens posé et non pas démontré, qui ne procède pas d’une explication scientifique, mais d’une affirmation dogmatique. Bien que cette dimension dogmatique soit nécessairement présente en toute civilisation (en Occident comme ailleurs), elle se trouve refoulée par les sciences sociales, dont le programme consiste à envisager les hommes et les faits sociaux comme des choses, et à expliquer leur comportement par des déterminations naturelles (aujourd’hui massivement empruntées à l’économie et la biologie). Les sciences sociales fournissent ainsi la base « scientifique » de techniques de management qui visent à réguler ce comportement et à optimiser son efficience au regard de critères de performances quantifiables. Dans cette perspective, le droit, la religion ou l’esthétique sont eux-mêmes considérés comme des produits, dont la valeur se révèle dans une compétition à l’échelle mondiale, que le processus de « globalisation » doit permettre de faciliter et d’organiser. Cette manière de penser et d’agir ne peut que précipiter la violence, dans la mesure où elle ignore les conditions dans lesquelles chaque être humain accède à la subjectivité et se voit reconnaître une place parmi ses semblables. Non seulement elle enferme les sciences sociales et la gestion des organisations dans une boucle autoréférentielle qui les coupent de l’expérience humaine, mais elle les mobilisent dans une entreprise fondamentaliste d’éradication des autres systèmes de croyance. L’un des objectifs poursuivis par l’Institut d’Etudes Avancées de Nantes, sera d’aider des savants de tous les continents à considérer d’un autre œil les systèmes dogmatiques : non pas comme des restes d’irrationalité dans un monde destiné à devenir transparent et gérable, mais comme des armatures indispensables à l’institution de la raison dans un monde destiné à demeurer divers et imprévisible. Rompant avec les mirages du scientisme, ce type de recherche fondamentale peut contribuer puissamment à la compréhension du monde globalisé auquel sont aujourd’hui confrontés les individus, les entreprises et les États. Elle est en effet susceptible d’applications concrètes dans les domaines les plus divers. 7/14 Des modes de coexistence des corpus dogmatiques La compréhension et la comparaison de ces corpus devraient permettre d'aborder rationnellement des questions certes anciennes, mais qui se posent aujourd'hui avec une particulière urgence : existe-t-il des croyances communes à toute l'humanité, autrement dit des valeurs universellement reconnues, sinon observées, et susceptibles de fournir une base dogmatique à la globalisation ? Les systèmes dogmatiques sont-ils au contraire imperméables les uns aux autres et ne peuvent-ils que s'ignorer ou se faire la guerre ? Quelles sont les conditions entre eux d'un dialogue ou d'échanges dans un intérêt bien compris ? L'universalité des valeurs ne suppose-t-elle pas la reconnaissance mutuelle de leur singularité respective? Ces questions dessinent des champs d'études à la fois immenses dans leur objet (art, droit, économie, éthique, langues, littératures, philosophie, sciences religieuses, sociologie, etc.) et très précises dans leurs méthodes. Elles ne sont pas de celles qui progressent dans de grands colloques, ou qui exigent de coûteuses machines, car leur approfondissement repose sur une confrontation patiente et confiante entre des érudits soucieux de sortir du champ clos de leur érudition. C'est cette mise en situation d'échanges de chercheurs de premier plan qui est la marque distinctive des instituts d'études avancées. Ils fournissent à leurs hôtes à la fois le temps et l'assistance nécessaire pour se concentrer sur leurs propres travaux et l'opportunité de confronter leurs connaissances et leurs interrogations. Un tel environnement de travail est particulièrement approprié pour que des chercheurs issus de cultures et pays différents, en particulier du Nord et du Sud, puissent échanger sur un pied d’égalité et nouer, au-delà de leur séjour à Nantes, des liens intellectuels et personnels authentiques et durables. 8/14 III – ORGANISATION et FONCTIONNEMENT La Fondation Institut d’Etudes Avancées de Nantes Nantes La structure juridique de la fondation est celle qui s’adapte le mieux aux objectifs d’un Institut d’Etudes Avancées. En effet « l'affectation irrévocable de biens, droits ou ressources à la réalisation d'une œuvre d'intérêt général et à but non lucratif » (loi du 23 juillet 1987 sur le développement du mécénat) est le garant de la pérennité et de l’indépendance scientifique de la fondation puisque les biens ainsi donnés ou légués ne peuvent être repris. Or un IEA a besoin, pour remplir sa mission et garantir sa pérennité, de ressources sûres et suffisamment élevées qui lui permettent d’assurer son fonctionnement ainsi que son indépendance et de développer une activité lui donnant une importance et un rayonnement justifiant sa reconnaissance d’utilité publique2. La fondation Institut d’Etudes Avancées de Nantes sera dirigée par un Conseil d’administration, d’administration composé - de membres fondateurs : Nantes Métropole et Veolia Eau, - de membres de droit : CNRS et Université de Nantes - de personnalités qualifiées : o Samir Amin, Professeur à l’Université de Poitiers, Paris et Dakar, directeur du Forum du Tiers Monde. o Richard Descoings, Directeur de Sciences-Po. o Pierre Legendre, Professeur émérite à l’Université Panthéon-Sorbonne, directeur d’études à l’EPHE, Ve section, Paris. o Soizic Lorvellec, Ingénieur de recherche à l’Université de Nantes. o Helga Nowotny, membre du Conseil scientifique du Conseil européen de la o Yves Saint-Geours, Ambassadeur de France, Président de l’établissement Recherche, membre du Wissenschaftszentrum, Vienne, Autriche. public du Grand Palais. La direction scientifique de l’Institut est confiée à Alain Supiot, Supiot Professeur de droit à l’Université de Nantes, membre de l’Institut Universitaire de France. Un Conseil scientifique composé de 12 membres majoritairement étrangers évaluera la politique d’invitation de l’Institut ainsi que les grandes thématiques de recherche retenues. Les personnalités ayant accepté à ce jour de siéger dans le Conseil sont : - Perry Anderson, Professeur d’histoire, UCLA, USA. - Roger Chartier, Professeur au Collège de France. - Sunil Khilnani, Starr Foundation Professor of South Asia Studies, The Johns Hopkins University, Washington D.C., USA. - Charles Malamoud, Directeur d’Etudes à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes indianiste, France. 2 La reconnaissance d'utilité publique est accordée par décret en Conseil d'État et signée du Premier Ministre et du Ministre de l'Intérieur. 9/14 - Annie Montaut, Professeur de Hindi/Linguistique indienne et générale à l'Inalco, France. - Philippe Moullier, Directeur de recherche INSERM, France. - Martha Mundy, Professeur d’anthropologie, LSE, GB. - Jean-Noël Robert, Ecole Pratique des Hautes Etudes (Ve section), France. - Ousmane Sidibe, Professeur auprès de la faculté des sciences juridiques et politiques de l’Université de Bamako, Mali. - Joseph Tonda, Professeur de Siociologie à l’Université de Libreville, Gabon. De plus, l’IEA est aidé par un réseau réseau de correspondants qui acceptent d’en faire la promotion dans leurs réseaux, de proposer des candidatures aux instances de l’IEA, et d’expertiser celles de leur champ de compétence. A ce jour, les personnalités sollicitées dans ce cadre sont : - David Annoussamy, Juge honoraire membre de l’Académie des Sciences d’Outre-Mer, Inde. - Robert Aronowitz, M. D., Associate Professor of History and Sociology of Science, University of Pennsylvania, USA. - Balveer Arora, Professeur de sciences politiques, JN University, Inde. - Jean-Baptiste Butat, médecin, France. - Michel Cartry, EPHE (Ve section), France. - Mamadou Diawara, Professeur d’histoire, Université de Francfort, Allemagne. - Suren Erkman, sociologie des sciences, directeur ICAST, Suisse. - Claude Evin, ancien Ministre des affaires sociales et médicales, ancien Député de Loire-Atlantique, Professeur associé à l’Université de Nantes, France. - Muriel Fabre-Magnan, Professeur de droit, Paris-I Sorbonne, France. - Altan Gokalp, directeur de recherche CNRS, France. - Abdellah Hammoudi, Professeur de sociologie, Princeton University, USA. - Cornelia Isler-Kerényi, archéologue, Suisse. - Grahame Lock, Professeur de théorie politique et de philosophie à l’Université de Nijmegen et Leiden, Pays-Bas. - Anne-Marie Moulin, Directeur de recherche IRD, Egypte-France. - Martin Ndende, Professeur de droit à l’Université de Nantes, France. - Michael Power, Professeur d’économie, LES, GB. - Ibrahima Thioub, Professeur d’histoire, Université Cheikh Anta Diop, Sénégal. - Roland Waast, Directeur de recherche IRD, France. - Alain Wijffels, Directeur de recherche CNRS, France et Belgique. L’accueil des chercheurs L’IEA de Nantes accueillera une vingtaine de chercheurs par année universitaire (octobre – juin), français et étrangers, de disciplines diverses, post-docs et professeurs. Ils formeront une communauté de travail temporaire d’un type original, propre à faire surgir des échanges et des collaborations inenvisageables dans leur cadre disciplinaire et national habituel. Les 10/14 invitations sont faites après une sélection des dossiers des chercheurs candidats, sur la base de l’excellence des travaux antérieurs et de l'originalité du projet individuel pour l’année à venir. L’Institut accueillera aussi des intellectuels et artistes sans affiliation académique (photographes, plasticiens, musiciens ou écrivains). L’IEA offrira aux chercheurs qu’il accueille, une bourse selon le principe "ni gain ni perte" pour les chercheurs du Nord et selon le niveau des salaires en France pour ceux du Sud. Les chercheurs seront logés ainsi que leur famille dans une résidence mitoyenne de l’Institut où une vingtaine d’appartements du studio au 5 pièces seront réservés aux résidents. Ils disposeront à l’Institut d’un bureau bien équipé, de services communs (assistance administrative, documentaire et linguistique, salle de conférences, bibliothèque) ainsi que d’espaces de rencontre et de convivialité (restaurant, salon, jardin), le tout dans un bâtiment moderne, situé près du centre de la ville, à deux pas de la gare TGV et au bord de la Loire. Ce bâtiment de 6000 m² sera partagé avec l’actuelle Maison des Sciences de l’Homme Ange Guépin, ce qui permettra aux résidents de l’IEA de nouer facilement contact avec les meilleurs chercheurs en sciences humaines de l’université de Nantes . La Communauté urbaine de Nantes est maître d’ouvrage de la construction de ce bâtiment pour lequel une enveloppe de 15 millions d’euros est prévue. Le 28 septembre 2005, l’équipe d’architectes Ferrier-Gazeau-Paillard Associés a été désignée comme maître d’œuvre de l’opération immobilière. La livraison des travaux est prévue pour septembre 2008. Image FGP(a) Les partenaires de la Fondation L’objectif de l’IEA de Nantes est de faire profiter aux chercheurs invités à Nantes des réseaux français et européens dans lesquels il s’inscrit. L’IEA est donc autant un lieu d’accueil qu’un 11/14 lieu de rencontre et de mise en contact entre chercheurs étrangers et chercheurs français et européens. A Nantes : G.I.P. Maison des Sciences de l’Homme Ange Guépin et Université de Nantes La MSH Ange Guépin abrite le programme de recherche préfigurant l’activité de l’IEA depuis 3 ans dans ses locaux. Dans le cadre de la convention, la MSH met à disposition ses services administratifs et de gestion. Elle est aussi un partenaire scientifique et institutionnel privilégié. La mutualisation des futurs locaux en cours de construction sur les abords du Stade Marcel Saupin renforcera ce partenariat. Par ailleurs, un protocole d’accord établit un partenariat entre l’Université de Nantes, Nantes Métropole et la future fondation IEA. Cet accord porte sur la mise en délégation d’enseignants-chercheurs nantais auprès de l’IEA, ainsi que sur la possibilité d’inviter un chercheur étranger pendant 12 mois. Les échanges entre les chercheurs invités par l’IEA et la communauté scientifique nantaise seront encouragés. En France : Fondation Maison des Sciences de l’Homme de Paris, CNRS, Science-Po et Réseau Français des Instituts d’Etudes Avancées Depuis 2004, la FMSH de Paris est partie à la convention aux côtés de la Communauté urbaine de Nantes et de la MSH Ange Guépin de Nantes. Outre le partenariat scientifique avec cette institution qui développe elle-même depuis plusieurs années des programmes d’échange en direction de l’Afrique et de l’Inde, la FMSH a proposé son soutien logistique au développement de l’IEA de Nantes. Le Centre National de Recherche Scientifique a attribué 4 « postes rouges » (soit douze mois d’invitation chercheurs étrangers) à l’IEA de Nantes en 2006. Par ailleurs, le CNRS envisage de siéger au sein de la fondation en cours de création en tant que membre de droit. Le CNRS compte en effet soutenir le futur IEA en termes de personnel et de moyens techniques dans le cadre de la mutualisation des moyens (centre de documentation, ressources informatiques) avec l’actuelle MSH Ange Guépin. Le Centre d’Etudes et de Recherche sur l’Inde (CERI, directeur Christophe Jaffrelot) de Science-Po est l’un des laboratoires de recherche les plus dynamiques en France en direction du sous-continent indien. Un accord a été mis en place afin de créer des chaires partagées permettant l’accueil de chercheurs venant donner des conférences à Sciences-Po et effectuant un séjour de recherche à Nantes. Réseau Français des Instituts d’Etudes Avancées Le 7 mars 2007 était publié le décret de création de la fondation de coopération scientifique « Réseau Français des Instituts d’Etudes Avancées ». Seul projet de l’Ouest de la France retenu dans ce nouveau dispositif de la recherche française, l’IEA de Nantes devient ainsi 12/14 membre d’un réseau qui réunit aussi Lyon, Paris et Marseille. Ce réseau profitera du financement de l’Etat. En Europe : Wissenschaftskolleg zu Berlin et Net IAS (Network of Institutes for Advanced Studies in Europe) Créer il y a 25 ans, le "WiKo" accueille tous les ans une quarantaine de scientifiques de renommée internationale. Une convention est en cours de négociation afin que Joachim Nettelbeck, Secrétaire général du Wissenschaftskolleg, consacre une part de son temps à l’organisation initiale de l’IEA de Nantes. Le NetIAS est le réseau des Instituts d’Etudes Avancées en Europe. Réunissant une vingtaine d’IEA, il permet de répondre de manière efficace à des appels d’offre européens dans le domaine de la recherche. Il permet aussi de confronter et d’améliorer les pratiques de chacun. Alain Supiot représente les IEA français au sein de ce groupe. Dans le monde : Continent africain : CODESRIA (Conseil pour le Développe de la Recherche en Sciences Sociales en Afrique) Le CODESRIA est né en 1973 de la volonté des chercheurs africains en sciences sociales de développer des capacités et des outils scientifiques susceptibles de promouvoir la cohésion, le bien-être et le progrès des sociétés africaines. Ceci passait par l'émergence d'une communauté panafricaine de chercheurs actifs, la protection de leur liberté intellectuelle et de leur autonomie dans l'accomplissement de leur mission et l'élimination des barrières linguistiques, disciplinaires, régionales, de genre et entre les générations. Correspondants de l’IEA Nord-Sud à Nantes : Samir AMIN, Professeur à l’Université de Poitiers, Paris et Dakar, directeur du Forum du Tiers-Monde (a accepté de devenir membre du Conseil d’Administration de la Fondation IEA Nord-Sud à Nantes) et Ali El Kenz, Professeur à l’Université de Nantes, membre du Comité scientifique du Codesria. Amérique Latine : FLACSO (Facultad Latinoamerica de ciencias sociales) Le FLACSO est un organisme international autonome et régional, créé en 1957, sur l’initiative de l’UNESCO et des gouvernements régionaux. Son objectif principal est la promotion des sciences sociales en Amérique Latine et dans les Caraïbes. Correspondant de l’IEA Nord-Sud à Nantes : Pablo Kremer, Professeur à l’Université Nationale de Quilmes (Bueno Aires, Argentine), Instituto de Estudios Sociales de la Ciencia y la Tecnologia, Directeur du FLACSO. Inde : CSDS (Center for the Study of Developing Societies), Dehli, Inde. 13/14 Le CSDS a été établi en 1963 par un groupe de chercheurs pour créer un espace de recherche théorique et empirique en sciences sociales et politiques et pour comprendre leurs implications dans les choix humains. Créé officiellement en 1967, sa principale source de financement provient du Indian Council of Social Science Research. En juin 2006, le CSDS et le Programme d’Etudes Avancées Nord-Sud à Nantes ont conclu une convention de partenariat portant sur l’invitation croisée de chercheurs, sur l’organisation de manifestations scientifiques communes et sur la possibilité de servir de « tête de pont » sur leur continent respectif (le CSDS ouvrant son réseau scientifique en Inde aux chercheurs français et réciproquement). Correspondant de l’IEA Nord-Sud à Nantes : Suresh Sharma, Ph.D., Directeur du CSDS. 14/14