CARTES - Vents d`Anges
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CARTES - Vents d`Anges
48-53_CartesPostales_MM168-FR_cartes postales 12/11/14 09:37 Page48 CARTES POSTALES Les bateaux cousins : deux familles dans les MERS CHAUDES artir en bateau traînait dans la tête des deux familles depuis longtemps. Mais si un tel projet est facile à rêver, il est encore plus aisé de trouver tous les prétextes pour y renoncer. Finances, boulot, enfants trop petits, montagne d’organisation… P Et puis, à l’automne 2012, Marine a envoyé un SMS à son frère : "Suis dans le train pour Paris. Proposition : on part à deux familles (deux bateaux) faire le tour du monde à la voile. Tu es le chef d’escadre-réparateur, Laurent le toubib, Christel gère le programme pédagogique des enfants et moi l’intendance. Plus sécurisant qu’à une famille, plus sympa pour les enfants. On n’a qu’une vie !" Samuel, qui n’a pas tout de suite osé se défiler, a répondu laconiquement : "Ça a l’air sympa, ton truc, on en reparle à Noël", en pensant que de l’eau coulerait sous les ponts d’ici là. Mais à Noël, Marine n’a pas lâché le morceau, et Christel a tout de suite passé quelques nuits blanches de réflexion sur le sujet. "En pensant au concret, à commencer par les disponibilités des quatre adultes, on s’est rapidement rendu compte que, si on ne voulait pas tout lâcher, le voyage se limiterait à 6 ou 7 mois. Trop court pour acheter deux bateaux semblables et les préparer, surtout en habitant loin de la mer. On s’est donc orientés vers la location longue durée. Sur des catas, cela va de soi, très bien adaptés à la navigation au soleil en famille. Les recherches nous ont rapidement menés vers Punch Croisières en Martinique. Nous sommes donc allés rencontrer Eric Vasse, son responsable, sur le salon de La Grande Motte en avril 2013. Au mois de juin, il nous assurait de la disponibilité de deux Nautitech 40 entre juillet 2014 et janvier 2015. Le projet était définitivement lancé. Aujourd’hui, nous y sommes. Où ça ? Eh bien, aux Roques, au Vénézuéla, et hier soir, on a fait des crêpes. Certes, dans la complète, le jambon avait été remplacé par du bacon et le fromage était du cheddar râpé, le blé noir était blanc, et le cidre à base de houblon. Mais on avait notre disque de musique bretonne et, si ce n’était la température extérieure, dans la nuit noire, on se serait cru à Concarneau." Christel, Samuel, Hugo, Elouan, Pauline et Marine, Laurent, Maëlle, Anouk, Solène http://lesbatocousins.wordpress.com 48-53_CartesPostales_MM168-FR_cartes postales 12/11/14 09:37 Page49 Zouk, en Polynésie ! inq mois après avoir franchi les portes du canal de Panama, l’équipage de Zouk nous envoie cette carte postale depuis la Polynésie. C "Il est maintenant loin le temps des Caraïbes et son ambiance créole. Il n’y a pas à dire ! Ce coin du monde recèle des trésors naturels photogéniques des plus appréciés par nos mirettes, et pour ne rien gâcher à ce plaisir oculaire, les parfums subtiles de vanille, de tiaré, d'ananas, de citrons et de monoï fait maison, nous font planer dans une atmosphère irréelle, très loin des problèmes de la vie métropolitaine. Ici, dans ce territoire de France, la vie des hommes a pris le temps de suivre celle de la nature. Les atolls nous ont procuré autant de bonheur visuel que les îles Sous-le-Vent. Les enfants ont découvert pour la première fois la plongée sous-marine avec bouteille, accompagnés chacun d'un moniteur devant la passe de Tiputa, dans l'atoll de Rangiroa... Sur le chemin de retour sur Tahiti, nous avons fait escale à Mooréa, et c’est à l’extérieur du récif que la plus belle rencontre s'est faite, la visite d’une baleine et de son baleineau. Le monde de la mer est vraiment beau, puissant, sauvage, mystérieux, un peu comme nos montagnes de Maurienne auxquelles nous pensons régulièrement." L'équipage de Zouk www.tdmencata.canalblog.com Banana en Malaisie arti de Cape Town en 2010, l’équipage de Banana, un Saint Francis 50, nous écrit de Malaisie, dans le détroit de Malacca. Il nous parle de l’Indonésie. P "L'Indonésie est le plus grand archipel du monde, pourtant, nous n’y avons croisé que deux voiliers. Dès notre arrivée aux îles Kei, nous avons eu droit à une bénédiction, on ne peut plus solennelle, à l'eau de coco. Mais ce n'était que la première manifestation d'une hospitalité aussi chaleureuse que démonstrative des habitants de l'archipel des Moluques. Officiels, civils, parents, enfants, tous dégainaient appareils photo, téléphones, iPad, pour nous mettre dans la boîte. En abordant les îles Raja Ampat (à vous de les chercher, comme nous l'avons fait il y a 4 mois !), il nous a fallu revoir notre palmarès des plus belles escales. Pas surprenant que la revue Géo les ait récemment classées parmi les 10 derniers paradis nature du globe. L'étape suivante nous conduisit à Pulau Wangi Wangi (Pulau signifie "île" en indonésien), aux portes du Parc national marin de Wakatobi, dans le sud-est des Célèbes. Nous avions ici deux missions : trouver un coiffeur pour le capitaine qui ne voulait pas faire concurrence à son fils, et faire de l'approvisionnement après avoir déposé les armes devant les mouches et la puanteur du marché à Raja Ampat. Pour le coiffeur, le salon pour hommes débusqué, ce ne fut qu'une formalité. En ce qui concerne l'avitaillement, ce fut beaucoup plus compliqué..." Sophie et Robert-Louis, à bord de Banana 48-53_CartesPostales_MM168-FR_cartes postales 12/11/14 09:37 Page50 CARTES POSTALES amoureux Nomadeus : de la Polynésie arti de France il y a deux ans, l’équipage de Nomadeus, un Cataclub 48, revient pour nous sur ses premières impressions polynésiennes. P "Chiffre 4. Voilà plus de 4 jours que nous sommes arrivés en Polynésie, heu… 4 semaines… Pardon, plus de 4 mois. C’était le 4 juin 2014, et nous sommes toujours là. Je n’arrive pas à le réaliser. Je nous revois aux Antilles écarquillant de grands yeux quand certains navigateurs évoquaient leurs escales polynésiennes variant entre un et dix ans, voire plus. Aujourd’hui, je comprends beaucoup mieux. Ici, la notion du temps est vraiment autre, tout comme la manière de vivre. Tout d’abord, nous avons écumé les Marquises du sud au nord, en commençant par Fatu Hiva, la première terre d’accueil au paysage hallucinant. Un mouillage d’exception. Première rencontre avec le peuple du sourire. Première rencontre avec une nature d’une richesse presque surnaturelle. Plus au nord, les richesses culturelles et naturelles de la capitale Vents d’Anges : c’est des Marquises, Taioahé, méritent un long stop. Le lieu empreint d’une vraie histoire tribale et de légendes séculaires, l’ambiance et les gens nous ont conquis dès le premier regard. C’est donc là que nous retournerons pour passer la saison cyclonique. Les filles se sont régalées de ces moments partagés où l’on se retrouve tous en bord de mer et en toute liberté (les aires de jeux, les plateaux sportifs sont toujours grands ouverts, tout comme les églises, à toute heure et à tout le monde. On se fait un honneur de respecter les lieux communs). Nos ados ont fait le plein d’amitiés et sont impatientes d’y retourner et d’être inscrites au collège." Astrid, Jérôme, Eoline et Cyane, à bord de Nomadeus www.ptitsboutsdumonde.org parti ! l y a quelques mois, l’équipage de Vents d’Anges nous avait présenté le thème de son voyage, les vins. A la veille de larguer les amarres, Sandrine revient sur ce moment intense que peut être un départ pour un grand voyage en voilier. I "Chaque membre de l’équipage ressent un moment unique et très fort. C’est "enfin" pour le capitaine, qui va tracer son itinéraire, découvrir toutes les facettes de son bateau et motiver au mieux son équipage encore peu aguerri en choisissant d’un commun accord les points de chute ! C’est "snif" pour les ados, l’acte leur paraît énorme, ils craquent un peu, expriment des peurs compréhensibles. Ils passent un cap : lâcher mais ne pas perdre leurs grands-parents, leurs amis, leurs passions, leur territoire aussi, la danse classique, les skate-parks, les facilités du quotidien. Pour moi, c’est "ouf", un soulagement, après tous ces préparatifs, en temps et en énergie. Est-ce que vivre avec une certaine lenteur, au fil de l’eau, des hasards des rencontres, des cours du CNED aussi, va nous plaire ? Pour tout dire, on ressent ce départ dans nos corps : une boule au ventre, des petits tremblements, des embrassades. Pour toute la famille, on sait que c’est un temps fort de nos vies ! Nous nous sentons ensemble. Nous demandant juste si nous serons assez forts ensemble ? Des petites décisions commencent à faire le reste : envisager "W-alter" comme notre maison, être curieux aux escales, rire de nous et entre nous et ne pas oublier d’être fiers de nous chaque jour sur quelques progrès ou satisfactions personnels. Et puis nous sommes partis, devenant peu à peu voyageurs, la première escale fut pour Minorque. Entamer son tour du monde en Minorquin, cela signifie aller à l’autre bout de l’île … soit aller du sable blanc du sud au sable rouge du nord, soit oser quitter Mahon pour Ciutadella, cités rivales que 45 km séparent. Les villes ont le charme discret avec des pépites architecturales au long des promenades : portes antiques, influence moderniste ou galeries chics et de grandes églises de pierres qui cachent toujours un immense orgue. A Mahon, nous avons fait notre première rencontre, Elisa et sa famille, avec qui nous avons partagé nos premiers mets..." Sandrine, Olivier, Inès et Henri, à bord de W-alter www.ventsdanges.org 48-53_CartesPostales_MM168-FR_cartes postales 12/11/14 09:37 Page52 CARTES POSTALES Fat Cat autour du monde lmut et Oliver sont un couple allemand qui a décidé de vivre son rêve en naviguant autour du monde... A "Avant de partir, la recherche du bateau a été un processus assez passionnant. Nous avions loué plusieurs fois des catamarans, mais il y a une différence notable entre vivre à bord pendant une semaine et passer sa vie sur un bateau à temps complet. Nous avons finalement trouvé notre "maison flottante" idéale : un Lagoon 470 de 8 ans en version propriétaire très bien équipé, avec notamment des panneaux solaires, une éolienne, une machine à laver, etc. Il y avait quand même pas mal de choses à revoir, et finalement, nous avons passé deux ans en Méditer- Unikaflo : un an ranée à préparer le bateau. En octobre dernier, il était enfin temps de quitter la Méditerranée pour nous lancer dans notre première grande traversée. D'abord Tenerife, puis une semaine avant Noël la météo nous a semblé favorable. Je dois dire que, si j'ai été un peu anxieux au début, tout s'est bien passé et nous sommes arrivés à la Barbade 19 jours après notre départ. Quelle expérience fabuleuse !" Almut et Oliver, à bord de Fat Cat déjà ! e 11 novembre 2013, Unikaflo sortait du port de Noirmoutier, avec un équipage à la fois heureux… et angoissé. L "Après le canal du Midi, nous avons dû adapter nos navigations aux caprices de la météo. Une nuit où nous étions au mouillage au Frioul, la houle est rentrée et l’ancre a dérapé. Nous avons frôlé les rochers à deux mètres, avant de nous résoudre à aller au port de nuit. Quelle frayeur ! Un an sur l'eau, c'est aussi un an d'école à bord. Ils sont trois pour nous offrir toujours des journées occupées, les deux cousines de 3 ans et notre aîné de 6 ans. Nous avons choisi de ne pas passer par le CNED, trop scolaire à notre goût. Nous avons préféré une instruction en famille avec divers supports, dont un organisme de cours en Belgique, très ludique. Nous comptons entre 15 et 30 minutes d'école par jour, pas plus. Les apprentissages se font au quotidien dans les visites, la cuisine, les discussions. Et il n’y a pas que l’école : les pontons sont remplis d'enfants, les copains ne sont jamais les mêmes et c'est ce qui fait le plaisir de toujours faire de nouveaux jeux. Nous nous dirigeons vers Gibraltar, pour retrouver les bateaux copains rencontrés au fil des mois et qui partent eux aussi vers le sud. Sauf imprévus, nous avons fixé la transat pour fin 2015. Ce qui nous laisse le temps de visiter l'Espagne et le Maroc. Sur un an, ce sont près de 5000 euros qui sont partis dans les ports, la météo ne nous ayant autorisé que peu de mouillages forains, et moins de 3000 euros en nourriture, soit 8,50 euros par jour à nous tous ! Au cours de ces 365 jours, nous avons parcouru plus de 700 km à vélo, 900 km à pied, et 870 milles sur l'eau ! Notre route pour cette année de navigation s'arrête à Rosas, où nous profitons du soleil et de la chaleur, c'est impressionnant ce qu'il fait chaud ici, pourtant si près de la frontière..." Yohan, Déborah, Christophe, Franck, Alysse et Noémie, à bord d'Unikaflo www.auxtoursdunmonde.com