Jeudi 15 mars : "A Marseille, Hollande contre
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Jeudi 15 mars : "A Marseille, Hollande contre
LE FAIT DU JOUR Dans le carré VIP, Valérie Trierwiller, compagne d’Hollande devise avec le comédien Charles Berling. Derrière, l’humoriste Gérald Dahan. Le mécène et président de Sidaction Pierre Bergé. / PHOTOS FRÉDÉRIC SPEICH ET NICOLAS VALLAURI 2 Exemplaire de JCL0672151470 [Email:[email protected] - IP:80.13.95.125] Jeudi 15 Mars 2012 www.laprovence.com L’humoriste Pierre Douglas. Derrière les socialistes Jean-Marc Ayrault, Eugène Caselli et Jean-David Ciot, l’ancien président de l’OM Pape Diouf. ÀMarseille,Hollandecontre-attaque Le candidat PS a lancé, hier au Dôme, un appel à la mobilisation et fait des propositions en faveur des quartiers H ollande, acte II. Hier soir à Marseille, le candidat PS à la présidentielle a marqué une nouvelle étape dans sa campagne. À 38 jours du premier tour. Dans une ambiance fervente, porté par la foule des grands jours et des militants enthousiastes, il a contre-attaqué après le rendez-vous de Villepinte de son rival Nicolas Sarkozy. Faisant de Marseille, où le socialiste tenait l’un de ses derniers grands meetings régionaux, le miroir de sa campagne et le tremplin pour la dernière ligne droite. Miroir, parce que c’est dans la cité phocéenne, résumé des difficultés de l’heure en matière de violence, de chômage, d’inégalités, dont il a vanté le vivre ensemble et souligné les difficultés, qu’il a fait la synthèse de son projet. Déclinant les axes majeurs et rappelant les valeurs fondamentales de son corpus. Dans le domaine de la sécurité, il a promis, s’aidant d’une formule incantatoire, d’opposer à la "loi de la force, la force de la loi" profitant de l’occasion pour fustiger en creux son rival. "Je ne suis pas dans le double discours ni dans le double jeu", a-t-il lancé au début d’un discours d’une heure, n’hésitant pas à souffler sur les braises de l’antisarkozysme à de nombreuses reprises. Affublant, tout au long de ses propos, le candidat "d’en face" du qualificatif ambigu de candidat sortant. Dans cette ville populaire, il a choisi REPÈRES François Hollande, devant une foule fervente et enthousiaste, a appelé les électeurs à se mobiliser "massivement pour créer une dynamique". également d’annoncer plusieurs mesures en faveur des quartiers défavorisés. Proposant ainsi la création "d’un réseau d’aide pour parents isolés" et l’institution de "20 heures de formation pour les personnes sans diplôme". Autre mesure : "porter de 20 à 25 %" l’obligation de construire les logements sociaux et créer dans ces territoi- IL A DIT... '"Oublions la page qui s'est tournée et écrivons ensemble le livre de la République." '"Vous ne pouvez pas vous tourner vers les extrêmes. L'extrême droite n'a jamais été dans la République." '"Il faut donner enfin un successeur de gauche à François Mitterrand à la présidence de la République." ' "Il est possible que nous gagnions, ce serait même souhaitable, mais nous n'en sommes pas sûrs. La victoire nous irons la chercher." '"Mon projet c'est la République, rendre l'espoir aux Français." '"Mon premier devoir c'est de protéger les faibles, de protéger tous les Français, où qu'ils vivent sur le territoire." '"Toute la rigueur c'est la loi, la justice, c'est la République." '"Jugez-moi en 2017 si je suis devenu président." '"Je préfère protéger la jeunesse que les plus riches de France." '"J'aime Marseille parce que je sais les difficultés que vous rencontrez, parce que Marseille a donné l'hymne de la République (...) et je sais qu'elle se sent abandonnée par l'État". 71418 res "une filiale" de sa future banque publique d’investissement. Ne manquant pas de faire dans le symbole devant une assistance comblée, il s’est engagé à bannir le terme de "zone" parce "dans les quartiers, la République sera de retour après le moi de mai". Jeunesse, emploi, service public, laïcité, Hollande a récapitulé les épisodes précé- dents. N’omettant pas une phrase forte à l’encontre des "élus qui se rendraient coupables de corruption" et pour qui "il n’y aura aucune faiblesse". Le meeting se déroulait à quelques mètres du conseil général dont le président-sénateur, Jean-Noël Guérini, est mis en examen et l’immunité parlementaire examinée aujourd’hui. Insistant sur "la cohérence" de sa candidature, pointant "les improvisations" de son adversaire de l’UMP, dont il s’est amusé à détourner le slogan de 2007 avec un "rien n’a été possible", il n’a pas manqué de battre le rappel de son camp. "C’est au premier tour que nous devons donner au changement la force nécessaire". Invoquant Lieu: le Dôme de Marseille dans le quartier de Saint-Just, à deux pas du conseil général. Supporters : 8 000 à l'intérieur, 4 000 sur l'esplanade selon les organisateurs. Ambiance : scène rectangulaire avec trois écrans géants. Les militants dans la fosse avec drapeaux français, européens ou socialistes. Les VIP au milieu des gradins. Slogan : "Le changement, c'est maintenant." Carré VIP : les comédiens Charles Berling et Christophe Malavoy, l’ancien judoka Thierry Rey, l’ancien président de l’OM Pape, le navigateur Marc Thiercelin, le pédopsychiatre Marcel Rufo... Des socialistes, bien sûr, Élisabeth Guigou, Manuel Valls, André Vallini, Aurélie Fillipetti, Najat Belkacem, Michel Vauzelle, Jean-Louis Bianco, Eugène Caselli, Jean-David Ciot, Charles-Émile Loo, Edmonde Charles-Roux, Patrick Mennucci, Samia Ghali, Sylvie Andrieux... pour conclure François Mitterrand. Alors que le match se resserre dans les sondages, la bataille prend un tour différent. Le bain de foule de François Hollande, descendant de la tribune, en est la preuve. Une nouvelle campagne commence. Marjory CHOURAQUI Lire aussi en pages III et 36. L’industrie toujours au cœur de la campagne Le Forum mondial de l’eau et son pendant alternatif ont un temps tenu la corde pour occuper l’avant-meeting de François Hollande. Finalement, hier après-midi, après un passage mémoriel avec la communauté arménienne au Prado, le candidat PS a choisi de revenir sur un terrain qu’il a déjà défriché à Marseille : le social. Quitte à délaisser un volet environnemental qui ne prend pas dans cette campagne et à insister sur l’industrie, préoccupation majeure depuis six mois et exercice imposé sur chaque coin de territoire français visité. Sur le Vieux-Port, à l’hôtel où il avait donné rendez-vous aux représentants syndicaux d’entreprises menacées, François Hollande a retrouvé des visages connus. Ceux Chaque samedi TV Magazine & Version femina les magazines tendance et télé de La Provence de Fralib, usine à thé de Gémenos plombée par la perspective d’une délocalisation. Ceux des marins de la SNCM, inquiets à l’idée d’un démantèlement. Ceux de LyondellBasell, site pétrochimique de l’étang de Berre menacé de fermeture et ceux de NetCacao, enfin, où des solutions apparaissent à Marseille. Une heure de table ronde pour "montrer qu’il ne les mène pas en bateau après les avoir rencontrés plusieurs fois", explique Michel Vauzelle. Le président de la Région qui participait à la réunion a remarqué une "prise de conscience que les politiques peuvent faire les choses chez des syndicalistes très au fait juridiquement de leurs dossiers. Mais il faut éviter les gesticulations démagogiques." Multipliant les questions région détente après avoir déjeuné sur le pouce, le candidat s’est donc gardé de faire des promesses. "De toute façon, les promesses, c’est pour les enfants. On a passé l’âge. On attend des actes", ironisera en sortant Gérard Cazorla, délégué CGT au comité d’entreprise de Fralib. François Hollande a donc réitéré ses priorités en matière industrielle. "Il nous a expliqué que l’État interviendrait plus s’il est élu, pointe Frédéric Alpozzo, secrétaire général CGT à la SNCM. Cela nous semble normal. Il nous a, ceci dit, paru à l’écoute et sort du discours préformaté de rigueur que l’on entend. Mais on attend une gauche de combat." Un appel qui ne concerne pas que le PS. François TONNEAU programmes act télé interv Chez votre marchand de journaux LE FAIT DU JOUR 3 Exemplaire de JCL0672151470 [Email:[email protected] - IP:80.13.95.125] / PHOTOS FRÉDÉRIC SPEICH ET NICOLAS VALLAURI Jeudi 15 Mars 2012 www.laprovence.com Dans une ferveur rare, 8 000 partisans de François Hollande lui ont bruyamment apporté leur soutien depuis les gradins. "Je veux revivre mai 1981" Hier soir, ils étaient nombreux à faire le lien entre la victoire de Mitterrand et l’espoir Hollande M ichèle va avoir 60 ans, vient d’Arles, est au chômage et se souvient les larmes aux yeux. "Le 10 mai 1981 au soir, on a fait un bébé avec mon mari. Aujourd’hui, elle a trente ans et elle va aussi avoir un bébé. C’était une joie incroyable la victoire de Mitterrand. Aujourd’hui, Hollande me donne l’espoir que la casse cesse. J’espère, avec réalisme." Au Dôme, le pont est fait entre deux générations, entre une victoire et un espoir. Gérard, Marseillais, 66 ans, ancien directeur commercial, est venu avec son fils 17 ans, Julien qui râle de ne pouvoir voter le 22 avril. Le discours le séduit. "En 1981, j’étais jeune, je n’avais connu que la droite et j’avais envie que le monde bascule, je voulais le bonheur. Là, je veux qu’on arrête de subir, pour mon fils, qu’on cesse de s’en prendre aux acquis pour lesquels je me suis battu. Ce soir, il se passe quelque chose." Dans la "fosse", en bas des tribunes, les souvenirs reviennent au fil du discours. On joue les anciens combattants qui rêvent "Il y a 31 ans, je voulais le bonheur. Aujourd’hui, la fin de la casse des acquis." d’un renouveau. "Je me souviens de la campagne de Mitterrand, du Giscard hautain, raconte Guy et Claudine, d’Alleins. On parle d’une campagne dure aujourd’hui mais elle l’était déjà il y a 31 ans. Même si le contexte est différent, Hollande me parle. Les valeurs qu’il détaille, la justice, c’est l’inverse du règne des financiers. Je veux revivre mai 71418 Dans les travées du Dôme, c’était un soir de passage de relais. Nombreux étaient ceux qui avaient vécu la victoire de 1981 et qui étaient venus avec leurs enfants. "Même si le contexte est différent, ce sera un vote d’adhésion, pour respirer", disaient-ils. 1981." Comme beaucoup d’autres, ils sourient en se souvenant du visage de Mitterrand se dessinant à la télé, pixélisé. "Au début, comme ils étaient dégarnis, on a eu un doute et puis il y a eu l’explosion." Comme Françoise l’Arlésienne qui se souvient "être tombée à genoux devant la télé". "Ce n’est pas la même époque mais je serais heureuse que le règne de l’individualisme cesse. Quand Hollande parle de plus d’égalité, ça me touche." Dans ce meeting à l’Américaine, bien mis en scène, des images me reviennent. La campagne de terrain toute simple à Marseille, le soir de victoire sur la Canebière avec ce tout jeune enfant sur les épaules de son père qui "voulait qu’il participe à la fête". Kamel, Marseillais, la petite cinquantaine, se veut lui réaliste. "Je suis socialiste mais Hollande ce n’était pas mon choix. Je veux surtout le départ de Sarkozy. Ce sera un vote de rejet. Nous ne sommes plus en 1981, avec la croissance à 4 %. S’il ne parvient pas à changer les règles de la fi- nance, de la Banque centrale européenne, les lendemains du 6 mai seront difficiles." Mais Éliane, 78 ans, ancienne instit, qui applaudit à la défense de la laïcité du candidat socialiste, assure qu’il y a "avant tout un immense espoir" : "Le peuple est là et il a envie de respirer." Philippe LARUE [email protected] Les people en renfort, de Christophe Malavoy à... Coluche! Si une élection présidentielle se jouait au nombre de people rameutés dans les meetings des uns et des autres, il ne ferait aucun doute que François Hollande devrait battre à plate couture Nicolas Sarkozy en mai prochain. En effet, quand le président en exercice n’avait pu compter que sur la présence de son vieil ami Didier Barbelivien lors de son passage au Parc Chanot de Marseille, le 19 février dernier, l’ancien secrétaire du Parti socialiste, lui, s’est assuré, hier soir, le soutien d’une pléiade de personnalités. Installés dans un carré VIP gardé comme un coffre-fort, un casting de choix : les comédiens Charles Berling et Christophe Malavoy, le skipper Marc Thiercelin, l’ancien judoka et très chiraquien Thierry Rey, l’ex président de l’OM, Pape Diouf, l’un des membres d’IAM, Saïd, le chanteur Alex Beaupin, le mécène Pierre Bergé, la présidente de l’académie Goncourt Edmonde Charles-Roux, ou encore, en costume cravate, l’humoriste Gérald Dahan. Un imitateur viré en février dernier de "Rire et Chansons" pour avoir diffusé un canular où le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan traitait Nicolas Sarkozy de "crapule...". Des supporters remarqués dans l’assistance, donc, mais aussi sur la grande scène du Dôme. Avec, en chauffeur de salle, un Christophe Malavoy particu- Très remonté, le comédien Christophe Malavoy a dénoncé les "postures" de Nicolas Sarkozy et de son entourage. lièrement offensif : "Je suis venu vous dire du bien d’un candidat qui veut faire du bien à la France", s’est exclamé l’acteur. Avant de cogner à bras raccourcis sur le clan adverse : "Maintenant Sarkozy veut se faire passer pour le candidat du peuple... Mais qui peut le croire ? Maintenant Carla Bruni veut nous attendrir et nous émouvoir en parlant de sa vie de femme modeste... Mais qui peut la croire ?" Et la salle de hurler des tonitruants "persoooonne ! ! !", après chaque question. Dans un autre genre, le comédien Denis Podalydès, qui a récemment incarné Nicolas Sarkozy "La Conquête", a apporté sa contribution via un message diffusé au public."Je suis avec Hollande pour son programme mais aussi pour moi, a-t-il expliqué, parce qu’après avoir joué un candidat, j’aimerais jouer un président. Et au niveau du poids, désormais, ça colle." Reste que la célébrité la plus applaudie, hier soir, ne votera pas le 22 avril prochain. On parle de Coluche, qui, dans un sketch daté 1980 et intitulé "Misère", également diffusé sur grand écran, lançait à un Michel Drucker hilare : "Mais ça va pas durer tout ça... Attendez que la gauche passe, en 2012, vous allez voir !" Pour les militants socialistes, forcément une prophétie. Laurent D’ANCONA COULISSES Le "rien n’est joué d’avance" de Najat Belkacem La porte-parole de François Hollande joue la prudence. Comme si les contradictions des sondages de ces dernières 48 heures avaient laissé des traces au sein de l’état-major du candidat socialiste. "Que les courbes se croisent ou pas, cela a des vertus : ça aide les gens à prendre conscience que leur voix compte car rien n’est joué d’avance" prévient Najat Belkacem qui craint "l’abstention lors de cette élection qui se déroule pendant les vacances". Pour elle, "une nouvelle étape de la campagne démarre à Marseille" et même si "les choses s’accélèrent, on garde le cap". Le Hollande Tour et ses 180 journalistes La caravane médiatique est passée, hier, au Dôme forte de plus de 180 journalistes accrédités. Joli score mais qui n’atteint la performance de Nicolas Sarkozy à Marseille qui, le 19 février, avait attiré près de 350 journalistes. Une gerbe à la cathédrale arménienne Il le confiait à La Provence dès lundi : s’il est élu, François Hollande promet "qu’un nouveau texte dans le respect de la décision du Conseil constitutionnel" sur la pénalisation de la négation du génocide arménien verra le jour. Une proposition de loi présentée par l’UMP a été retoquée par les Sages au mois de février. "Nous aurons à reprendre sereinement et fermement cette initiative" a expliqué le candidat qui a déposé une gerbe au mémorial du génocide arménien sur le Prado. L’occasion aussi d’assurer une "continuité" avec Francois Mitterrand qui s'était incliné ici le 23 avril 1981, avant d'entrer à l'Élysée. "Un signe" pour François Hollande. Ayrault, discours vite fait, bien fait C'est dans l'avion menant à Marseille que François Hollande a demandé à Jean-Marc d'intervenir sur scène avant le discours. Le patron des députés socialistes s'est donc isolé à l'hôtel où il venait de rencontrer les syndicalistes, sur le Vieux-Port, pour écrire. "On va mettre l'accent sur les fondamentaux", glissait-il. Vauzelle comme au stade Vélodrome Succédant sur la scène du Dôme au duo Delphine Batho Marie-Arlette Carlotti, Michel Vauzelle s'est fait chauffeur de salle. Avant d'évoquer son "Appel du Sud", le président de la Région a lancé un "Aux armes!" digne des virages du Vélodrome. Conclu par une logique : "Et Hollande va gagner !"