Fiche de définition de poste d`enseignant chercheur

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Fiche de définition de poste d`enseignant chercheur
Fiche de définition de poste d’enseignant-chercheur
FSI – Pôle Sciences de la Matière
Campagne 2013
Laboratoire : Laboratoire
de Physique Théorique – UMR 5152 ; www.lpt.ups-tlse.fr
Priorité du laboratoire : 1 (Priorité N°1 de la Fédération IRSAMC pour 2013)
Section CNU : 29
Grade : Maître de Conférences
Profil souhaité : Théorie
des Systèmes Complexes
Plan du dossier :
1. Évolution récente et future des personnels UPS du LPT
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Départ de David Dean au 31/12/2011 (PR1 UPS (CNU 29) & PR IUF)
Arrivée de Sylvain Prolhac au 01/09/2012 sur un poste MCF (CNU 29)
Promotion PR (CNU 29) de Nicolas Destainville en 2009-2010
Perspectives
2. Adossement à un profil d'enseignement du département de physique
3. Profil scientifique et pédagogique du poste proposé
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Profil proposé
Argumentaire scientifique
4. Conclusion et résumé de l’argumentaire pour une demande de poste
MCF 29 au LPT
1. Évolution récente et future des personnels UPS du LPT
Brève présentation du LPT (voir aussi ce lien, sur le site du LPT) :
Le LPT compte 9 enseignants-chercheurs UPS (6 PR, 3 MCF) et 13 chercheurs
CNRS (2 DR1, 3 DR2, 5 CR1, 3 CR2) au 1er septembre 2012. Parmi les enseignantschercheurs, 3 sont membres en activité de l'Institut Universitaire de France (IUF) :
S. Capponi (2009 ; PR IUF Junior), É. Suraud (2010 ; PR IUF Senior), M. Dinh (2012 ; MCF
IUF Junior), pour un total de 6 nominations à l'IUF au LPT depuis sa création (18% des 34
nominations à l'IUF de l'UPS, pour 0,4% des effectifs enseignants-chercheurs de l'UPS). Les
enseignants-chercheurs et chercheurs du LPT sont tous « publiants » selon les critères du
MESR, et cela, chaque année depuis 2007.
Le LPT est l'un des quatre laboratoires de la Fédération IRSAMC. Il a été classé A+
par l'AERES (les 4 sous-notes A+) en 2010 et fait partie à part entière du Laboratoire
d'Excellence NEXT. Lors de la période 2007-2011, les 320 publications du LPT ont impliqué
environ 220 chercheurs extérieurs au LPT issus de 130 institutions (voir le bilan scientifique1
2005-2009 du LPT pour plus de détails).
Départ de David Dean au 31/12/2011
Au 31 décembre 2011, David Dean (44 ans ; PR1 UPS et PR IUF Junior 2006) a
quitté le LPT pour une mutation au LOMA de l'Université de Bordeaux 1, pour raison
familiale (son épouse avait demandé sa mutation à Bordeaux). David Dean était responsable
de l'équipe Physique Statistique des Systèmes Complexes (PhyStat) du LPT et est l'auteur
de 95 articles dans des revues internationales (dont 10 Physical Review Letters), dont 76
depuis son arrivée au LPT comme jeune PR2, en 1998 (environ 1200 citations sur ISI-WoS).
David Dean est un spécialiste internationalement reconnu de la physique hors d'équilibre et
de la physique statistique des systèmes désordonnés et a fortement contribué à démarrer
une activité autour de la matière molle et de la biophysique au LPT, activité qui est
1
Tous les liens en bleu du document sont « cliquables » et renvoient à des documents ou à des pages web.
désormais bien ancrée au laboratoire, comme en témoigne la reconnaissance du LPT par la
Section 05 du CoNRS (avec un recrutement CR2 à la clé, en 2010). Il entretient d'ailleurs
deux collaborations distinctes et très actives avec deux équipes de biologistes de l'IPBS
(diffusion des protéines membranaires et électroperméabilisation des vésicules et
membranes lipidiques). À ce titre, Thomas Portet, dont il a codirigé la thèse soutenue en
2010, a reçu le prix jeune chercheur de la Fondation Bettencourt-Schueller.
Même s'il continuera à collaborer avec les membres du LPT, le départ de David Dean
n'en demeure pas moins une grande perte pour le laboratoire, notamment du fait de son
rayonnement scientifique indéniable. Par ailleurs, l'équipe PhyStat, et notamment l'activité
matière molle/biophysique du LPT, s'en trouve clairement fragilisée, avec le départ
supplémentaire prévu pour le 1er janvier 2013 de John Palmeri (DR2 CNRS ; Section 05)
pour Montpellier (son épouse vient d'obtenir un poste à l'Université de Montpellier 3).
Arrivée de Sylvain Prolhac au 01/09/2012
Le LPT aura le plaisir d'accueillir un nouveau MCF à la rentrée 2012 en la personne
de Sylvain Prolhac (30 ans). Ce jeune polytechnicien est un spécialiste des modèles exacts
de physique statistique et a obtenu des résultats remarquables, lors de sa thèse au CEASaclay puis lors de ses postdoctorats à la TU-Berlin et au Weizmann Institute (il n'y fera donc
pas sa 2ième année), sur les modèles de réaction-diffusion hors d'équilibre, le gaz de bosons
en interaction, et la dynamique hors d’équilibre d'interfaces atomiques (modèle KPZ). À noter
que S. Prolhac a été classé 3ième sur la liste supplémentaire CR2 de la Section 02 (Théories
physiques : méthodes, modèles et applications ; 4 postes pour près de 200 candidats !) du
CNRS, en 2012.
Ce poste adossé à une Chaire CNRS-Université a reçu 38 candidatures dans un
concours jugé extrêmement compétitif par le jury. Le LPT est confiant sur le fait que la
présente demande de poste recevrait un nombre comparable de candidatures. Si ce poste
était attribué au LPT, le laboratoire exprime son souhait que ce poste soit adossé à une
chaire CNRS-Université.
Historique et perspectives
Le poste MCF 29 obtenu en 2012 est le premier poste de MCF affecté au LPT depuis
2005 (alors obtenu au titre des « 1000 postes » ajoutés par le MESR).
Par ailleurs, aucune des deux promotions PR réalisées au LPT depuis 2000 n'a
conduit à une affectation de poste MCF au LPT (« cascade »). La dernière promotion
concerne N. Destainville, lors de la campagne 2009-2010.
Enfin, le LPT ne peut pas attendre de départ à la retraite dans les prochaines années
au regard de sa pyramide des âges : l'enseignant-chercheur UPS (PR Exc & IUF Senior) et
le chercheur CNRS (DR1) les plus âgés ont respectivement 53 et 56 ans (moyenne d'âge au
LPT de 42 ans (au 01/09/2012), à l'UPS comme au CNRS). Il faut noter qu’hormis Sylvain
Prolhac (premier point rouge sur le graphe ci-dessous), le plus jeune enseignant-chercheur
du LPT a presque 38 ans.
Dans ce contexte du départ de David Dean, le LPT espère donc que l'UPS continuera
à soutenir son activité, au même titre que le fait le CNRS (3 postes CR2 – information
quantique, physique atomique, et physique des agrégats – et 2 promotions DR2 depuis
2010).
2. Adossement à un profil d'enseignement
La présente demande de poste est très naturellement associée au profil
d'enseignement de physique n°68 (tableau fourni par la FSI), reproduit ci-dessous :
Enseignement général en physique : enseignements généraux de physique du L1
au M2, avec une orientation vers la physique mathématique et statistique
Motivation de la demande : remplacement d'une mutation et d'une décharge
Cette « motivation de la demande » fait référence au départ de David Dean et à la
nomination de Mai Dinh à l'IUF, en 2012 (pour cinq ans ; décharge de 128h ETD). Tous les
deux remplissaient notamment des enseignements tournés vers la physique statistique, la
thermodynamique, et les méthodes mathématiques (et numériques, pour Mai Dinh) pour
physiciens.
3. Profil scientifique et pédagogique du poste proposé
L’objectif du recrutement d’un Maître de Conférences au LPT sur le thème « théorie
des systèmes complexes » est de favoriser les collaborations à l’interface entre ses quatre
équipes, en particulier autour des quatre thèmes développés dans ce projet :
1. Biophysique et physique de la matière molle
2. Physique de la société
3. Physique mésoscopique et de la matière condensée
4. Systèmes interagissant à longue portée
Le premier thème, très actif au niveau international, est déjà développé au LPT, mais
le laboratoire vise certainement à élargir ses sujets d’étude dans ce domaine et prend acte
du départ de D. Dean (12/2011) et J. Palmeri (01/2013). Le second thème est de nature plus
prospective et s’avère aussi en plein essor actuellement. Le LPT souhaite clairement
développer ses capacités dans ce domaine prometteur. Les deux derniers axes sont très
vastes, mais le LPT souhaite développer des pistes novatrices dans ces domaines autour
des outils de la physique statistique, dont certaines sont mentionnées ci-dessous. Du point
de vue de l’enseignement, un candidat répondant à ce profil aurait la capacité d’enseigner un
vaste éventail de domaines de la physique, et en particulier, les applications les plus
actuelles de la physique statistique présentées dans ce projet. En conclusion, le LPT
propose le profil de poste suivant, classé comme première priorité par la Fédération IRSAMC
sur quatre profils proposés :
Maître de Conférences – Section CNU n°29
(Priorité LPT n°1/Priorité de la Fédération IRSAMC N°1)
Théorie des Systèmes Complexes
Le Laboratoire de Physique Théorique souhaite développer la thématique
« physique des systèmes complexes » autour des domaines suivants : biophysique et
physique de la matière molle, physique des réseaux et de la société, physique
mésoscopique et de la matière condensée, systèmes interagissant à longue portée,
physique hors d’équilibre, physique non linéaire, systèmes désordonnés.
Les candidats devront maîtriser un ensemble de techniques analytiques aussi large
que possible concernant ces domaines et, si possible, certaines techniques numériques
adaptées aux systèmes classiques et/ou quantiques en interaction. Une expérience
préalable concernant les applications de ces méthodes à des systèmes physiques non
encore étudiés au LPT serait bien sûr très appréciée. L’enseignant-chercheur recruté sur ce
poste contribuera donc à élargir les collaborations inter-équipes, ainsi que les thématiques
étudiées au sein du LPT.
Du point de vue de l’enseignement, les candidats répondant à ce profil recherche
auront la capacité d’enseigner un vaste éventail de domaines de la physique, et en
particulier, les applications les plus actuelles de la physique statistique parmi celles
mentionnées ci-dessus.
Thématique scientifique du poste
La physique statistique considère des systèmes comportant généralement un nombre
extraordinaire de degrés de liberté pouvant chacun obéir à une dynamique microscopique
complexe, et tente de réduire la compréhension/description macroscopique de ces systèmes
en termes de variables physiques bien identifiées, au moyen de l'outil statistique et
probabiliste. Cette définition très (trop ?) générale implique que la physique statistique a
connu des applications spectaculaires dans tous les domaines de la physique. Par exemple,
elle a permis de comprendre la notion d'universalité (non-pertinence des détails d'un
système à courte échelle dans l'observation de ses propriétés physiques) apparaissant dans
de nombreuses situations, comme dans le cadre des transitions de phase du second ordre
qui peuvent être traitées dans un cadre unifié (une bonne douzaine de Prix Nobel de
physique en résultant). Les concepts d'invariance d'échelle (et plus récemment, d’invariance
conforme) et d'universalité, introduits formellement dans le cadre du Groupe de
Renormalisation, ont ainsi bouleversé notre compréhension de nombreux systèmes et
phénomènes physiques (magnétisme, localisation quantique, cristaux liquides,
polymères…). Par ailleurs, depuis quelques années, la physique statistique a été l'outil
privilégié pour comprendre le comportement de systèmes fortement hors d'équilibre (verres,
turbulence, matériaux granulaires...) avec l'introduction de nouveaux concepts, comme les
températures effectives hors d'équilibre, ou la notion de transitions de phases dynamiques.
Les applications de la physique statistique concernent ses domaines traditionnels
(théorie cinétique des gaz et des liquides, physique non linéaire et chaos,...), la physique de
la matière condensée (magnétisme, supraconductivité, localisation d'Anderson, verres de
spins...) et de la matière molle (polymères, membranes, cristaux liquides, films, milieux
granulaires...), pour ne citer que quelques exemples. Depuis quelques années, elle explore
aussi des domaines au-delà de la physique traditionnelle, aussi variés que la biologie (ADN,
membrane cellulaire, moteurs biologiques...) ou la physique de la société (agents en
interaction et en compétition, finance, trafic routier, théorie des réseaux sociaux...).
Le profil du poste présenté vise à développer des applications transverses de la
physique statistique en profitant de la forte pluridisciplinarité des recherches menées au LPT.
Nous présentons ci-dessous quelques thématiques scientifiques qui entrent dans ce cadre,
et qui pour la plupart d'entre elles, concernent aussi bien les applications de la physique
statistique à l'équilibre, que fortement hors d'équilibre :
Biophysique et Physique de la Matière Molle
Après la chimie, dès les années 40, on assiste, depuis les années 80, à une véritable
explosion de l'interface physique-biologie (ainsi que de la biologie avec les mathématiques
ou l'informatique). Les méthodes expérimentales et théoriques (et en premier lieu, celles de
la physique statistique) de la physique permettent d'apporter un nouveau regard à certains
systèmes et phénomènes biologiques. Par ailleurs, la défiance préalable entre les
communautés de physiciens et biologistes s'estompe progressivement par les succès
obtenus, et le fait que les physiciens ont maintenant accepté qu'ils devaient comprendre la
biologie des systèmes auxquels ils s'intéressent, avant de prétendre les étudier. Les
domaines d'applications sont bien sûr trop vastes pour être tous cités ici, et nous évoquons
ici simplement deux collaborations du LPT avec des laboratoires de biologie (IPBS et LMGM
à Toulouse, NIH à Bethesda (USA),...) ayant conduit à de nombreuses publications dans des
journaux de biophysique, de biologie,... et de physique, et le partage de plusieurs contrats
(ANR, UPS, CNRS, CEA…) :


Étude des propriétés diffusives des protéines de la membrane cellulaire, et
notamment du mécanisme conduisant à leur compartimentation. Ces études
théoriques sont couplées à des expériences de suivi de particules uniques
réalisées dans l'équipe de L. Salomé à l'IPBS (voir l'article dans les Images de la
Physique).
Introduction d'un modèle de l'élasticité d'une chaîne d'ADN (avec un News CNRS
à la clé) dont l'exploitation a permis d'obtenir des résultats quantitatifs sur
l'ouverture de bulles de dénaturation de l'ADN (dégraffage locale de ses deux
brins) ou la température de « fusion » de l’ADN. Par exemple, l'élasticité
anormale (due à ces bulles de dénaturation) de brins d'ADN déposés sur un
substrat a été modélisée (par la distribution des angles de courbure locaux), en
très bon accord avec les expériences.
Le LPT souhaite clairement poursuivre le développement de ses recherches dans le
domaine de la biophysique en collaboration étroite avec ses collègues biologistes
expérimentateurs. Le recrutement d'un candidat formé dans le domaine de la biophysique
permettrait d'élargir les domaines d'études du laboratoire dans ce domaine très porteur.
Dans le domaine de la physique de la matière molle, une physique très connectée
avec la biophysique, les systèmes d’intérêt incluent les fluides et films chargés, les
membranes, les mousses et émulsions, les polymères, le transport dans les nanopores
(avec le développement au LPT et à l’IEM d’un logiciel commercial – 66k€ de licences
vendues : NanoFlux ; voir l’article consacré à Nanoflux dans le Journal du CNRS d’avril
2011) ou les nombreuses applications de l’effet Casimir (forces résultant de fluctuations
d’origines diverses) dans ce domaine.
Physique de la Société
Ce domaine en plein essor vise à comprendre des comportements observés dans
des sociétés humaines ou animales. Il peut paraître étonnant (voire inquiétant !) que des
comportements ou effets collectifs humains/animaux puissent être qualitativement et parfois
quantitativement modélisés. Pourtant, de nombreux succès théoriques, appuyés par un flux
de données de plus en plus important accessible à l'heure de l'internet, viennent conforter le
développement de cette approche.
Au LPT, plusieurs études ont récemment conduit à des résultats très convaincants
dans ce domaine. Une première concerne la physique des réseaux, réseaux qui émergent
naturellement de l'activité humaine ou non : réseau de connaissances, réseau internet ou
Web, réseau électrique, réseau de transport (aéroportuaire, autoroutier...), réseaux
commerciaux, réseau d'interaction de protéines... Nombre de ces réseaux présentent des
propriétés (« petit monde », invariance d'échelle...) qui gouvernent leurs propriétés et leur
robustesse, et qui motivent leur étude, actuellement l’un des domaines les plus actifs de la
physique statistique. Des contributions majeures ont été obtenues dans la compréhension de
la robustesse et des faiblesses d'algorithmes mesurant la popularité au sens large (d'une
page Web, d'un site, des personnes publics, des compagnies...), tel l'algorithme PageRank
de Google. Ces travaux (avec l'introduction du CheiRank) permettent de développer des
outils encore plus fins pour mesurer cette popularité ou pour identifier des communautés.
Ces travaux ont exploité des liens étonnants avec la physique d'électrons en milieu
désordonné (localisation d'Anderson) et ont obtenu un certain écho médiatique, très
récemment.
Un autre thème développé au LPT est l'étude des systèmes d'agents en compétition,
avec l'obtention de résultats quantitatifs sur la description de la dynamique de tournois de
poker (ou le jeu de go vu comme un réseau complexe ; voir la News CNRS du 04/04/2012),
ou de championnats sportifs (base-ball, football...). L’isolement de toute interférence
extérieure de ce type de systèmes, contrairement aux systèmes financiers pour lesquels
l'approche de physique statistique est aussi de plus en plus populaire, leur confère un attrait
certain : un tournoi sportif n'est pas affecté par une guerre, une catastrophe naturelle, ou un
séisme politique, à l'inverse des signaux financiers. Ces travaux ont aussi été repris dans de
nombreux médias et notamment le Scientific American.
Le LPT souhaite certainement développer son activité encore limitée dans le domaine
de la physique de la société, en profitant de la qualité de l'école française dans ce domaine
(autour de J.-P. Bouchaud, A. Barrat...) qui forme de très bons étudiants à ces approches, et
à la présence sur le campus toulousain d'une forte communauté travaillant sur l'étude et la
modélisation du comportement animal (au CRCA ou au LEDB, par exemple).
Physique de la Matière Condensée et Mésoscopique
Comme mentionné dans l'introduction, ces domaines très vastes ont connu les
applications les plus anciennes et peut-être les plus spectaculaires de la physique
statistique. Les études réalisées au LPT sur le magnétisme frustré, la supraconductivité (voir
l'article dans les Images de la Physique), les condensats de Bose-Einstein en physique
atomique (collaboration LCAR-LPT récompensée par une AO 2011 classée en première
position par le CS de l'UPS ; voir la News CNRS du 19/12/2011 ; travaux illustrés en
couverture de Physical Review Letters en décembre 2011) et en matière condensée2
(collaboration avec le LNCMI), ou dans le domaine de l’information quantique (contrat avec
le LAAS), impliquent très souvent l'appel à des techniques analytiques (théorie statistique
des champs) ou numériques (Monte Carlo quantique) issues de la physique statistique. Par
exemple, certains systèmes, comme les modèles de dimères classiques ou quantiques
présentent des transitions de phases exotiques qui nécessitent le développement de
nouveaux outils de la physique statistique. Un autre exemple récemment traité au LPT a
exploité des liens entre matière condensée et information quantique (une activité en plein
expansion à travers le monde) afin de développer un algorithme d’échantillonnage exact en
Monte-Carlo classique, portable sur un ordinateur quantique. Enfin, des méthodes de
physique statistique non-linéaire ont permis d’étudier la délocalisation d’une particule
quantique due aux interactions entre particules, un problème encore mal compris et qui
focalise une grande attention actuellement.
Par ailleurs, la physique mésoscopique vit actuellement un véritable renouveau avec
le développement récent de nouveaux systèmes expérimentaux spectaculaires : sources à
électron unique, physique du graphène, isolants topologiques, effet Hall quantique et la
richesse de l’étude des états de bord… De par ses travaux reconnus en physique
mésoscopique, ses compétences mixtes en physique de la matière condensée, physique
atomique, information, chaos et cohérence quantiques (voir la News CNRS du 21/07/2011),
le LPT serait à même d’accueillir dans d’excellentes conditions un jeune enseignantchercheur travaillant dans le cadre des dernières avancées de cette physique
mésoscopique.
Systèmes Interagissant à Longue Portée et Astrophysique
En physique statistique, l’équivalence entre ensembles thermodynamiques
(notamment microcanonique et canonique, où l’énergie E et la température T sont
respectivement fixées) est communément admise. Pourtant, les systèmes interagissant à
longue portée (interaction gravitationnelle ou électrostatique non écrantée, par exemple) sont
bien connus pour briser cette équivalence, aussi bien à l’équilibre, qu’hors d’équilibre. Ainsi,
un système de particules autogravitantes peut présenter un diagramme de phase (E, T)
révélant des régions où le système s’effondre dans l’ensemble canonique, alors qu’il
présente des états d’équilibre dans l’ensemble microcanonique. Ces états d’équilibre
microcanonique sont associés à une chaleur spécifique négative, ce qui est formellement
proscrit dans l’ensemble canonique, la chaleur spécifique étant alors liée à la variance de
l’énergie, nécessairement positive. Ce type de systèmes apparaît dans le contexte
astrophysique, mais aussi dans de nombreux autres domaines (matière molle, chimiotaxie
des bactéries, physique atomique…), et leur étude qui a été quelque peu négligée
jusqu’alors, est actuellement un domaine très actif de la physique statistique. En particulier,
leur comportement hors d’équilibre reste encore mal connu : dans l’ensemble
microcanonique (souvent le plus pertinent physiquement), ces systèmes atteignent des
équilibres transitoires quasistationnaires de très longue durée de vie (divergeant avec la
taille du système), et donc pertinents physiquement, qui n’ont rien à voir avec l’équilibre de
Boltzmann, et qui restent encore très mal caractérisés.
D’autres applications de la physique statistique au sens large à l’astrophysique
considérées au LPT concernent les ondes acoustiques dans les étoiles en rotation
(collaboration avec l’OMP ; voir la News CNRS du 30/12/2011), où l’explication du contraste
de densité exceptionnel (celle-ci s’annule sur une dizaine de mètres !) des anneaux de
2
En avril 2012, le LPT a organisé une conférence internationale exceptionnelle sur ces thématiques à l’occasion
de la visite pour un mois d’Anthony Leggett (Prix Nobel et Prix Wolf 2003) au laboratoire.
Saturne par un phénomène de synchronisation non linéaire avec l’une de ses lunes (voir
l’encart sur la fiche CNRS du LPT).
Positionnement du projet dans la communauté scientifique
De nombreuses collaborations (i.e. avec publications) et contrats impliquent des acteurs
du site toulousain et des chercheurs du LPT, sur les thématiques visées par cette demande
de poste :
- IMT : systèmes interagissant à longue portée, information quantique, processus
stochastiques… Organisation commune d’une conférence annuelle depuis 2009 (la 4ième
édition a eu lieu le 24 mai 2012) en sus d’échanges de séminaires. Échanges et organisation
de conférences communes dans le cadre du GIS MIBS.
- IPBS : 2 collaborations actives sur la biophysique de la membrane cellulaire (ANR
commune en cours ; AO du CS de l’UPS 2007 ; Contrat CNRS Physique, biologie et chimie :
soutien à la prise de risque, thèse en cotutelle…) et sur la biophysique d’une molécule
unique d'ADN (autre ANR commune en cours).
- LAAS : transport dans les nanostructures et l’effet « rachet » (ANR commune en cours), un
effet issu… des moteurs biologiques.
- LATT-OMP : collaboration et thèse en cotutelle en cours sur l'application des méthodes du
chaos quantique aux ondes acoustiques dans les étoiles en rotation (voir la News CNRS du
30/12/2011).
- LMGM : biophysique de l’ADN.
- LCAR-IRSAMC : condensats de Bose-Einstein (AO du CS de l’UPS 2011 commune avec
deux thèses devant démarrer en 2012) ; projet commun soutenu par le LABEX NEXT ; voir
la News CNRS du 19/12/2011 ; travaux illustrés en couverture de Physical Review Letters en
décembre 2011.
- LCPQ-IRSAMC : physique des agrégats atomiques.
- LNCMI (Toulouse & Grenoble) : magnétisme, supraconductivité (AO du CS 2009, ANR
commune en cours). Opérations communes de communication dans le cadre des 100 ans
de la supraconductivité.
Par ailleurs, et même si des contacts ont déjà été établis avec le CRCA
(coorganisation de conférences, séminaires croisés), dans le cadre du GIS MIBS toulousain
(voir ci-après), le recrutement d’un jeune chercheur sur la thématique « physique de la
société » pourrait permettre de développer des collaborations futures avec ce laboratoire
(thèse en cotutelle déjà envisagée pour 2013). Plusieurs chercheurs du LPT sont en effet
fortement impliqués dans le GIS MIBS (Modélisation & traitement de l’Information des
Systèmes Biologiques), en particulier dans l’un de ses trois axes, Systèmes Complexes et
Modélisation.
Finalement, les thématiques Biophysique/Matière Molle et Matière Condensée/Physique
Mésoscopique sont au cœur des thèmes scientifiques que le LABEX NEXT se propose de
développer.
En plus de collaboration avec les meilleurs centres internationaux et nationaux (une
liste non exhaustive pour l’équipe PhyStat inclut : CEA-Saclay, ENS Lyon, ENS Paris,
Université de Marseille, Université de Montpellier, Université de Nice, Université Paris-Sud
Orsay, Université Paris VI Pierre et Marie Curie, Université de Rennes…), les chercheurs du
LPT concernés par les thématiques de cette demande de poste sont impliqués dans de
nombreux GDR : GDR 3334 (membranes biologiques), GDR 2588 (microscopie du vivant –
biophysique), GDR 2949 (physique statistique et non linéaire), GDR 2865 (turbulence), GDR
3322 (information quantique), GDR 2426 (physique mésoscopique), GDR 3219 (physique
mésoscopique des ondes pour imagerie en milieux complexes), GDR 3183 (systèmes de la
matière condensée en forte interaction)…
4. Conclusion et résumé de l’argumentaire pour une
demande de poste MCF 29 au LPT
La présente demande de poste répond en particulier au départ de David Dean (PR1
UPS et PR IUF) et à celui anticipé de John Palmeri (DR2 CNRS) qui fragilisent l’équipe
Physique statistique des systèmes complexes (PhyStat) du LPT, et notamment sa
composante travaillant dans le domaine de la biophysique et de la physique de la matière
molle.
Bien que le LPT ait obtenu un poste MCF en 2012, il faut noter que celui-ci constitue le
premier poste MCF au LPT depuis l’opération « 1000 postes » de 2005, et qu’aucune des
deux promotions PR (dont un lauréat de l’IUF Junior, après sa promotion) au LPT réalisées
depuis 2000 n’a conduit à une « cascade ». Le LPT espère donc que l’UPS considérera que
le départ d’un membre de l’IUF à l’activité scientifique remarquable (résumée en section 1)
justifie la republication d’un poste au laboratoire.
Afin d’équilibrer la pyramide des âges des enseignants-chercheurs du LPT et le
rapport PR/MCF, et prenant acte du nombre de collèges A (CNRS et UPS) de l’équipe
PhyStat, le LPT propose donc un profil de poste au niveau MCF.
Comme indiqué en section 2, cette demande de poste est naturellement associée à
un besoin avéré en matière d’enseignement exprimé par le département de physique, et
d’ailleurs lié au départ de David Dean et à la nomination à l’IUF de Mai Dinh.
Le LPT est confiant sur le fait que la présente demande de poste recevrait une
quarantaine de candidatures, au regard du caractère extrêmement compétitif du concours
sur le poste MCF obtenu au LPT, en 2012. Si ce poste était attribué au LPT, le laboratoire
exprime son souhait que ce poste soit à nouveau adossé à une chaire CNRS-Université, ce
qui contribuera à attirer de très bonnes candidatures.
L’argumentaire scientifique concernant la présente demande de poste a été détaillé
en section 3. Le LPT tient par ailleurs à rappeler certaines spécificités de son activité de
physique théorique qui justifient la publication d’un profil large, explorant divers aspects de la
physique statistique :

La physique théorique (hors physique nucléaires/physique des particules non
représentées au LPT) est une relativement petite communauté au niveau national. Dans
chaque thème de recherche du LPT, peu d’étudiants sont formés chaque année.
Restreindre fortement le thème scientifique sur lequel porte un recrutement a pour effet
de restreindre pour autant l’éventail des candidats brillants potentiels.

Les physiciens théoriciens se doivent d’être particulièrement souples dans leur activité
(changements thématiques, plusieurs projets parallèlement menés sur des thèmes
souvent variés…). Ce qui lie cette communauté, et notamment les membres du LPT, en
dehors d’affinités thématiques (les quatre équipes du LPT), ce sont avant tout de larges
intérêts, méthodes et langages qu’ils partagent. Dans le domaine expérimental, le fait
qu’une équipe travaille sur des équipements sophistiqués impose naturellement certaines
restrictions en termes de mobilité thématique et de choix de recrutement.

L’étendue des domaines visés par la physique théorique, et notamment au sein du LPT
(magnétisme, supraconductivité, information et chaos quantiques, physique
mésoscopique, physique de la société, turbulence, systèmes à longue portée,
biophysique des membranes et de l'ADN, matière molle, systèmes désordonnés,
physique des agrégats,… pour ne citer que quelques thèmes réducteurs), la forte
interdisciplinarité et la large gamme de méthodes utilisées que cela implique, appellent le
recrutement de chercheurs maîtrisant le plus large éventail de domaines/méthodes
possible, et étant capables d’apporter de nouveaux thèmes de recherche, mais aussi de
renouveler leurs thématiques.
Les divers points résumés dans cette section et développés dans ce document
motivent donc la présente demande du LPT pour le recrutement d’un jeune enseignantchercheur (MCF) qui devrait a priori venir renforcer l’équipe Physique Statistique des
Systèmes Complexes, sur un profil scientifique assez large autour du thème « Théorie des
systèmes complexes », visant à favoriser des collaborations inter-équipes, et décrit en
section 3.

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