Les troubles digestifs fonctionnels (1ère partie).

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Les troubles digestifs fonctionnels (1ère partie).
Les troubles digestifs fonctionnels
(1ère partie).
Les troubles digestifs fonctionnels regroupent un ensemble de
manifestations et / ou symptômes liés au fonctionnement de l’appareil digestif. Sans gravité dans
la plupart des cas, ces tracas digestifs bénins n’en demeurent pas moins gênants.
Ballonnements, crampes intestinales, brûlures gastriques, nausées, lourdeurs, diarrhées,…..
Qui peut prétendre ne jamais connaître de telles plaintes digestives ?
Qu’est-ce-que la digestion ?
Afin de mieux comprendre les différents troubles
digestifs, il est me semble important de faire un
petit rappel anatomique et physiologique du
processus de la digestion. En résumé, cette
dernière est la transformation des aliments en
nutriments assimilables par l’organisme et
essentiels à son bon fonctionnement. Dans le tube
digestif, les aliments subissent une série de
transformations progressives mécaniques et
chimiques destinées à produire ces différents
éléments nutritifs. Les nutriments résultant de la
digestion sont suffisamment petits pour traverser la
paroi poreuse de l’intestin. Ils passent dans le sang
et dans la lymphe. Le sang apporte les nutriments
à tous les organes du corps. Ils pénètrent dans les
cellules où ils sont utilisés comme éléments de
construction ou comme source d’énergie. Les
aliments non digérés, sont transformés en matière
fécale dans le côlon et sont rejetés sous forme
d’excréments au niveau de l’anus. En fonction de la
nature des aliments consommés, le processus de
digestion dure entre 24 et 72 heures. Ce qui veut dire que notre tube digestif est en perpétuelle
activité et donc qu’il peut à tout moment connaître l’une ou l’autre difficulté. Le cheminement des
aliments dans notre organisme permet de passer en revue les différents organes de l’appareil
digestif et les glandes annexes qui s’y rattachent. En suivant le parcours qui commence par la
bouche et se termine par l’anus, notre nourriture est soumise à deux processus :
- Les aliments commencent à subir une transformation mécanique au niveau de la bouche et
de l’estomac. Ils sont réduits en bouillie par mastication, broyage et malaxage.
-
La seconde transformation est surtout chimique et se déroule au niveau de l’estomac puis
des intestins. Les sucs digestifs constitués d’acide et d’enzymes jouent le rôle de « ciseaux
moléculaires » pour produire les nutriments.
Les différentes phases de digestion des aliments.
La bouche.
Dans la bouche les aliments sont mastiqués, coupés en petits morceaux et écrasés par les dents.
Ils sont en même temps imprégnés de salive et humidifiés. Cet amalgame de bouchées liées par
la salive s’appelle le « bol alimentaire ». Il est poussé par les mouvements de la langue vers le
fond de la bouche pour être avalé.
L’œsophage.
C’est un tube creux qui relie la bouche à l’estomac. Dans la partie supérieure, le pharynx oriente
et contrôle le passage des aliments afin notamment d’éviter de « fausses déglutitions » et le
passage des aliments dans la trachée et les voies respiratoires (poumons, bronches). Ceux-ci
descendent pendant une quinzaine de secondes dans l’œsophage par péristaltisme : les
contractions progressives de la paroi de l’œsophage font avancer les aliments et contribuent à
leur brassage mécanique. A la base, un clapet (cardia) s’ouvre sur l’estomac.
L’estomac.
L’estomac est une poche entourée de muscles épais et puissants.
Dans ce réservoir, le bol alimentaire est brassé pendant 3 ou 4 heures. Les ondes de
contractions produisent un malaxage qui réduit les aliments en bouillie. En même temps, les
cellules qui tapissent la paroi interne de l’estomac, sécrètent les sucs gastriques (acide
chlorhydrique et enzymes). Ces sécrétions pouvant atteindre 2 litres par 24 heures provoquent
une dégradation chimique du bol alimentaire dans un milieu très acide.
L’intestin grêle.
Cet intestin est un tube replié dans l’abdomen qui mesure sept mètres de long chez un adulte.
Ses parois ont une structure assez proche de celle de l’estomac et la bouillie alimentaire (le
chyme) est poussée en avant par péristaltisme. On distingue plusieurs segments dans ce long
tube: le duodénum (+ ou - 50 cm ), le jéjunum (+ ou - 5 m) et l’iléon (= ou - 1m). C’est dans
l’intestin grêle que se déroule la partie la plus importante de la digestion. A la sortie de l’estomac,
les cellules de l’intestin sécrètent le suc intestinal et le duodénum reçoit les sucs digestifs
provenant du pancréas et de la vésicule biliaire. Les réactions chimiques de ces enzymes avec le
chyme produisent les nutriments. Ces éléments passent dans le sang : c’est le phénomène
d’absorption. La fine paroi intestinale interne est entièrement recouverte de micro villosités
richement vascularisées. Elle offre ainsi une grande surface d’absorption pour les nutriments.
Le gros intestin.
Le gros intestin mesure 1,5 mètre de long. Il fait suite à l’intestin grêle. Ce qui n’a pas été
absorbé parvient dans le colon qui renferme des milliards de bactéries. Cette flore
Intestinale permet la fermentation des aliments non digérables. Cette réaction produit des gaz et
la réabsorption de l’eau permet la formation des matières fécales qui sont rejetées au niveau de
l’anus.
WOWO 04. 2013
Les troubles digestifs fonctionnels
(2ième partie).
Une mauvaise alimentation, mal équilibrée ou des excès
alimentaires sont probablement les premières causes d’inconfort digestif. En effet, chez certaines
personnes, le fait de manger des aliments gras, sucrés ou épicés, de boire des boissons
gazeuses, du café ou de l’alcool…irrite le système digestif et provoque des troubles.
Les principaux troubles digestifs peuvent avoir des causes très variées :
La dyspepsie : il s’agit d’une sensation de pesanteur à la digestion, une impression désagréable
de ne pas pouvoir digérer et d’avoir « une brique sur l’estomac ». Elle est généralement liée à
une prise alimentaire trop copieuse ou trop rapide, à l’ingestion d’aliments très gras qui
ralentissent la digestion, au stress ou à des excès alimentaires répétés. Elle ne demande en
principe pas de consultation médicale, sauf si elle se répète ou s’accompagne systématiquement
et de manière répétées de douleurs, de nausées ou de vomissements.
Les éructations à la suite d’un repas sont en soi normales.
Elles sont généralement causées par l’ingestion d’air notamment :
- en mangeant
- en buvant trop rapidement ou en buvant avec une « paille »
- en mâchant des chewing-gums ou des friandises
- en consommant des boissons gazeuses libérant une grande quantité de gaz carbonique….
Cependant, les éructations peuvent aussi être liées à un ulcère de l’estomac ou du duodénum, à
un problème de gastrite ou d’œsophagite (inflammation de l’estomac ou de l’œsophage).
Le fait d’ingérer une trop grande quantité d’air peut aussi causer le hoquet.
Le reflux gastro-œsophagien ou les remontées acides (pyrosis) :
Le reflux gastro-œsophagien
(RGO) est causé par la remontée
du liquide gastrique acide de
l’estomac vers l’œsophage. C’est
une maladie chronique, le plus
souvent sans gravité mais qui peut
à la longue altérer la qualité de vie
de la personne qui en est victime. Il
s’agit d’une affection relativement
fréquente atteignant en moyenne
une personne sur trois avec des
manifestations chez certain(e)s
d’au moins une fois par semaine. Elle concerne tous les âges et aussi bien les hommes que les
femmes.
Comment se manifeste-t-il ?
Le RGO se produit habituellement après les repas. Chez certaines personnes, la « valve antireflux » (le sphincter inférieur) située entre l’estomac et l’œsophage se relâche de façon
anormale. Une partie du contenu de l’estomac (aliments, acide …) remonte alors dans
l’œsophage (reflux). Il s’ensuit des douleurs le plus souvent caractérisées par des sensations de
brûlures ascendantes allant de l’estomac vers le thorax. Ces douleurs peuvent également
s’accompagner de saveur acide dans la bouche. Parfois s’il est trop important, le RGO peut se
manifester par des symptômes intéressant la sphère ORL (nez, gorge, oreilles) et/ ou
pulmonaires. Lorsqu’il devient chronique, le RGO peut parfois entraîner une inflammation de
l’œsophage (œsophagite).
Comment reconnaître le RGO ?
Certains symptômes sont évocateurs du RGO.
Les symptômes digestifs :
- brûlures d’estomac remontant vers la poitrine
- remontées d’aliments au goût acide ou amer dans la bouche
- douleurs ou aigreurs dans la poitrine
Autres symptômes possibles :
- voix enrouée, gorge irritée
- toux chronique, asthme
Le RGO se manifeste souvent après les repas ou pendant la nuit, il est favorisé par :
- le tabagisme
- le type d’aliments consommés : graisses, chocolat, café, alcool, mets épicés…..
- certaines positions (couchée, allongée, penché en avant…)
- certains médicaments
- la grossesse….
Comment diminuer la fréquence du RGO ?
Parce qu’il apparaît de façon imprévue et répétée, le RGO a des répercussions gênantes dans la
vie de tous les jours : difficultés à avaler et digérer, nuits perturbées…..
Si votre médecin traitant vous a diagnostiqué un RGO, il est recommandé de respecter quelques
règles d’hygiène de vie : sur le plan alimentaire, il est recommandé d’éviter les repas trop copieux
et/ou gras surtout le soir. Le repas du soir ne doit pas être pris trop tard afin d’éviter la position
allongée peu de temps après la prise d’aliments et de boissons. Il est aussi très important de
mâcher suffisamment les aliments lors de leur absorption. La consommation quotidienne de
chocolat, de café, de boissons alcoolisées, gazeuses…doit être limitée. Le tabac favorisant le
RGO, l’arrêt de celui-ci est souhaitable et doit également être envisagé. En cas de surcharge
pondérale, un amaigrissement même peu important est souvent bénéfique et contribue
généralement à diminuer la fréquence de RGO voire à aider à sa disparition.
WOWO 05. 2013
Les troubles digestifs fonctionnels
(3ième partie).
Suite des deux précédents feuillets consacrés aux troubles digestifs.
La hernie hiatale correspond au passage d’une partie de l’estomac dans le thorax au
travers d’un muscle de l’abdomen appelé diaphragme et ce, à travers l'orifice
oesophagien du diaphragme, aussi appelé "orifice hiatal" ou "hiatus".
Cette anomalie anatomique peut être intermittente ou permanente. La hernie hiatale
survient principalement lorsque les fixations de l’estomac et du bas œsophage sont
défaillantes. Elle est souvent considérée comme étant un facteur aggravant d’un reflux
gastro-oesophagien.
Il existe deux types de hernies hiatales :
a)
La hernie par
glissement est la plus
fréquente (85 à 90% des
cas) : la partie haute de
l'estomac et le cardia
(jonction de l’œsophage et
de l’estomac) passent
dans le thorax. Certains
facteurs comme l'obésité
morbide (excès de poids
important), la grossesse
(stase gastrique et
hyperpression
abdominale), les efforts
répétitifs lors de la toux, un
raccourcissement de l'œsophage favorisent les hernies par glissement.
b) La hernie par roulement (10% des
cas) : la portion la plus volumineuse
de l'estomac passe à travers l'orifice
diaphragmatique et forme une poche.
Le cardia reste à sa place normale,
sous le diaphragme, dans la cavité
abdominale.
Les hernies par roulement sont plutôt
liées à un traumatisme ou à un défaut
congénital du diaphragme.
Quels sont les symptômes ?
Le principal symptôme d’une hernie hiatale est le reflux gastro-oesophagien qui se traduit par une
sensation de brûlure au niveau du thorax, derrière le sternum, un essoufflement………. En règle
générale, la douleur augmente en cas de pression sur l'abdomen (en position allongée ou
penchée en avant).
Même si le plus souvent une hernie hiatale ne se manifeste par aucun symptôme, certains signes
peuvent orienter votre médecin vers ce diagnostic:
• dysphagie (douleur en avalant)
• douleur dans le creux de l'estomac
• toux nocturne.
En cas de doute, une simple radiographie thoracique permet d’observer l’image d’une hernie
hiatale, la fibroscopie œsogastrique est un examen plus performant qui confirme le diagnostic et
aide à rechercher des complications comme l’oesophagite.
En quoi consiste le traitement ?
En l'absence de symptôme ou de complication, une hernie hiatale ne nécessite aucun traitement.
Certains conseils hygiéno-diététiques sont donnés afin de limiter le reflux gastro-oesophagien:
• fractionner ses prises alimentaires (faire 5 ou 6 petits repas plutôt que 2 repas copieux)
• ne pas se coucher tout de suite après les repas
• maigrir en cas de surcharge pondérale
• ne pas porter de vêtement serré sur l'abdomen
• éviter les boissons gazeuses, les épices, les graisses, l'alcool, le café et le tabac
• surélever la tête du lit.
Une hernie hiatale favorise évidemment la survenue d’un reflux gastro-oesophagien (RGO) et
prolonge également le reflux du contenu acide de l’estomac vers l’œsophage. Dès lors, un
traitement médical contre les reflux peut également être prescrit (anti-acides, inhibiteurs de la
pompe à protons).
Dans certains cas, notamment en cas de torsion de l’estomac hernié (volvulus /
traitement chirurgicale urgent), de reflux gastro-œsophagien résistant au traitement
médical, d'oesophagite grave ou de douleurs liées à une hernie par roulement… un avis
circonstancié d’un chirurgien sera parfois nécessaire afin d’envisager une petite
intervention chirurgicale permettant de résoudre le problème.
Cette intervention chirurgicale consiste à replacer l’estomac dans l'abdomen et à
redimensionner l'orifice hiatal. Elle peut souvent être réalisée de façon moins agressive
et traumatisante par voie endoscopique (coelioscopie).
WOWO 06. 2013
Les troubles digestifs fonctionnels
(4ième partie).
Suite des trois précédents feuillets consacrés aux troubles digestifs.
L’oesophagite :
L’œsophage est la partie la plus étroite du tube
digestif. Schématiquement, c’est un tube aplati,
musclé, de 24 à 28 cm de long, débouchant derrière
la trachée-artère et reliant le pharynx à l’estomac. Il
traverse le muscle diaphragme qui sépare la poitrine
de l’abdomen. Sa largeur est de 1,5 cm, mais il peut
se dilater jusqu’à 3 à 3,5cm pour laisser passer de
gros morceaux. Il n’a pas partout le même diamètre.
En effet, il se rétrécit quelque peu à quatre endroits
différents : à la tête du larynx ; derrière la bronche
gauche, un peu en dessous de celle-ci, derrière
l’aorte ; immédiatement au-dessus de l’estomac.
L’œsophage comporte trois tronçons : un situé dans
le cou, un dans la cage thoracique et un tronçon
abdominal. Sa paroi a une épaisseur de 3 à 4 mm et
comprend plusieurs couches : l’enveloppe du tissu
conjonctif, le tissu musculaire longitudinal, le tissu
musculaire annulaire et la muqueuse. Entre les deux couches musculaires et la
muqueuse s’insinue une ramification du grand sympathique. L’œsophage abrite
également deux sortes de glandes salivaires dont les sécrétions contribuent au
processus de la digestion.
L'oesophagite se manifeste par une inflammation de la muqueuse de l'oesophage, qui
peut être aiguë ou chronique, légère ou sévère. Une oesophagite représente l'ensemble
des lésions inflammatoires de la muqueuse de l'oesophage. Elle est le plus souvent
secondaire au reflux gastro-oesophagien (RGO), sachant que d'autres causes peuvent
être à l'origine de cette pathologie.
Principales causes d’oesophagite :
La cause la plus fréquente d'oesophagite est le reflux gastro-oesophagien, remontée de
liquide gastrique acide vers l'œsophage thoracique. Le reflux gastrique est lié soit à une
hernie hiatale soit à une insuffisance du sphincter musculaire qui ferme le bas de
l'œsophage.
Les oesophagites caustiques, souvent accidentelles, font suite à l'ingestion de produits
agressifs : soude, potasse, ammoniaque, eau de Javel, produits ménagers divers,
solvants. Les oesophagites post-radiques : brulûres secondaires à une radiothérapie
locale, pour le traitement d'un cancer
Les oesophagites médicamenteuses sont dues à des lésions provoquées sur la
muqueuse oesophagienne par des médicaments comme les anti-inflammatoires,
l'aspirine, le chlorure de potassium, le fer, des antibiotiques telles les tétracyclines.
Des oesophagites infectieuses se voient parfois, notamment suite à une infection par un
champignon microscopique (candidose oesophagienne), ou par le virus Herpès simplex
de type 1 (HSV1)
L'oesophagite peptique représente donc, la majorité des cas d'oesophagites, et résulte
de l'action corrosive des sucs digestifs du reflux gastro-oesophagien sur la muqueuse de
l'oesophage. Elle se manifeste par des douleurs épigastriques hautes (région supérieure
de l'abdomen), une régurgitation acide, une sensation de brûlure partant du creux de
l'estomac et remontant vers la bouche, de la dyspnée (difficulté respiratoire) intermittente
et douloureuse. Le diagnostic repose sur l'endoscopie digestive haute, qui permet de
déterminer l'importance et l'étendue des lésions, selon le Grade de Savary-Miller
(légère(I), sévère(II), compliquée(III).
D'autres examens peuvent être envisagés comme une biopsie (prélévement de tissu
oesophagien….), une manométrie (mesure de la pression du sphincter inférieur de
l'oesophage), une pHmétrie : détermination de l'importance du reflux acide par mesure
du pH oesophagien. Le traitement de l’oesophagite peptique a pour objectif de soulager
les symptômes (diminuer le reflux), d'aider à la cicatrisation des lésions, et de prévenir le
risque de récidive. Il repose à la fois sur un changement d'habitude diététique et
nutritionnel, et sur la prise de certains médicaments qui accompagnent le traitement du
reflux gastro-oesophagien. Il consiste en une réduction de la surcharge pondérale, le cas
échéant, la suppression du tabac, de l'alcool et des boissons gazeuses, la prise de
médicaments anti-acides ( émulsions de sels d'aluminium et de magnésium ou de
médicaments dits « inhibiteurs de la pompe à protons » (ils sont prescrits à demi-dose en
cas d'oesophagite non sévère, à pleine dose si sévère). Dans certains cas exceptionnels,
la chirurgie peut être proposée notamment en cas d'oesophagite sévère, résistante au
traitement médical et en cas de complication hémorragique. Les complications
éventuelles d’une oesophagite non traitée peuvent dans certains cas évoluer en sténose
(réduction du conduit oesophagien), avec différentes complications possibles : comme
une anémie, ou une hémorragie digestive.
Dans tous les cas, consultez votre médecin traitant rapidement dès l'apparition des
symptômes.
WOWO 07.2013.
Les troubles digestifs fonctionnels
(5ième partie).
Suite des quatre précédents feuillets consacrés aux troubles digestifs.
La gastrite : la gastrite est un trouble de la digestion qui se manifeste par l'inflammation de la muqueuse
de l'estomac. La muqueuse agit comme barrière protectrice de la paroi de l'estomac en absorbant les
sécrétions acides produites par la digestion des aliments. Sans cette protection, la paroi de l'estomac, plus
sensible, serait vite attaquée par ces acides ou par d'autres substances irritantes qui provoqueraient des
ulcères. C'est ce qui se produit dans le cas de l'ulcère gastroduodénal. Mais il arrive aussi que la
muqueuse elle-même soit irritée, sans que la paroi soit touchée. On parle alors de gastrite. La gastrite peut
être aiguë et se manifester soudainement, ou être chronique et évoluer lentement sur plusieurs années.
Causes et facteurs de risque
Plusieurs facteurs peuvent contribuer
à causer une gastrite aiguë. Certains
médicaments, comme l'aspirine ou les
anti-inflammatoires provoquent une
irritation et entraînent l'inflammation
aiguë de la muqueuse gastrique. La
gastrite aiguë est parfois causée par
un abus d'alcool récent et excessif ou
par l'ingestion de substances
corrosives. Elle peut aussi provenir
d'une allergie ou de traitements de
radiothérapie, ou être la conséquence
d'un ralentissement important des
fonctions du foie, des reins ou des
poumons. Enfin, les personnes qui
viennent de subir un stress important
comme une chirurgie majeure, un
traumatisme crânien ou des brûlures
sévères souffrent souvent de gastrite
aiguë.
La gastrite chronique, quant à elle,
est souvent due à une consommation
prolongée d'agents irritants comme
l'alcool, le tabac ou les médicaments
anti-inflammatoires. Elle peut aussi
être causée par une maladie sousjacente comme l'anémie pernicieuse
ou une maladie auto-immune, dont la
caractéristique est de produire des anticorps qui s'attaquent aux propres organes de la personne atteinte.
La gastrite chronique se développe parfois chez les personnes qui souffrent de reflux gastro-oesophagien.
Il arrive aussi qu'elle soit une simple conséquence de l'âge ou tout simplement de cause inconnue. On a
aussi découvert qu'une bactérie, l'Helicobacter pylori, celle-là même qui est impliquée dans la majorité des
cas d'ulcère gastroduodénal, serait aussi responsable de certaines gastrites chroniques.
Signes et symptômes
La gastrite aiguë se manifeste par des sensations de brûlures au niveau de l'estomac et des douleurs
dans le haut de l'abdomen. Ces symptômes sont souvent plus intenses après les repas. Certaines
personnes ont des nausées et perdent l'appétit. Il arrive parfois que la muqueuse de l'estomac, très irritée,
saigne facilement et provoque une hémorragie digestive. On peut alors vomir occasionnellement du sang
ou avoir des selles très foncées.
La gastrite chronique s'accompagne parfois de brûlures ou de douleurs à l'estomac, mais elle peut se
développer longtemps sans autre signe qu'une légère perte d'appétit. Il arrive qu'une hémorragie
minuscule, mais régulière et persistante, entraîne une anémie par manque de fer. Dans ce cas, la
personne a le teint pâle, peut se sentir faible et éprouver parfois de la difficulté à respirer. Autrement, les
symptômes sont souvent les mêmes que ceux de la gastrite aiguë.
Diagnostic et tests
La gastroscopie est le principal examen utilisé pour diagnostiquer la gastrite. On introduit un tube muni d'un
appareil optique par la bouche du patient jusqu'à l'estomac, ce qui permet de voir directement l'étendue de
l'inflammation. Il peut arriver que l'on fasse une biopsie en prélevant des tissus de la muqueuse afin de les
examiner au microscope. Cet examen permet parfois de déterminer les causes de l'inflammation.
Le traitement
En ce qui concerne la gastrite aiguë, le traitement dépend de ce qui la cause. Lorsque les symptômes se
manifestent, le médecin peut recommander une diète liquide temporaire rapidement remplacée par un
régime normal de trois repas équilibrés par jour. Certains médicaments comme les antiacides sont parfois
essentiels pour soulager les symptômes. On doit aussi éviter l'alcool et le tabac, de même que cesser de
prendre de l'aspirine ou des anti-inflammatoires jusqu'à ce que les symptômes disparaissent. En général,
la plupart des gastrites aiguës disparaissent avec le traitement.
La gastrite chronique, quant à elle, est traitée à l'aide de médicaments qui visent soit à diminuer ou à
neutraliser les acides de l'estomac, soit à privilégier la cicatrisation des ulcères. On utilise aussi les
antibiotiques lorsqu'une infection par l'Helicobacter pylori est diagnostiquée. Comme dans les cas de
gastrite aiguë, il vaut mieux s'abstenir de fumer ou de consommer de l'alcool, et cesser les médicaments
qui causent des brûlures d'estomac. Dans certains cas de gastrite chronique, on prescrira des injections de
vitamine B12 et un supplément de fer.
Suivi et accompagnement
Après la disparition des symptômes, on peut reprendre une alimentation normale, en excluant de son
alimentation toute source pouvant causer des brûlures d'estomac.
En cas de gastrite chronique, on conseille un régime léger, exempt d'aliments particulièrement irritants. On
préconise aussi de manger plusieurs petits repas, afin d'éviter de surcharger l'estomac.
WOWO 08.2013
Les troubles digestifs fonctionnels
(6ième partie).
Suite des cinq précédents feuillets consacrés aux troubles digestifs.
L’ulcère : généralement, on qualifie d’ulcère toute perte de substance se manifestant par une
plaie ouverte et touchant la peau, les yeux et les muqueuses de notre corps c’est-à-dire la fine
couche de cellules qui tapissent les cavités ouvertes vers l’extérieur comme la bouche, le nez, le
vagin…
Dans le cas de l’ulcère au niveau du système digestif, ce nom englobe deux grandes affections :
l’ulcère gastrique qui se forme dans l’estomac et l’ulcère duodénal qui se forme dans le
duodénum et plus précisément dans la première partie de l’intestin grêle. Dans ce cas, l’ulcère
est qualifié d’ulcère gastroduodénal, il s’agit d’une lésion de la paroi interne de l’estomac et/ou du
duodénum.
La taille et l’étendue d’un ulcère gastroduodénal peut varier d’un millimètre à plusieurs
centimètres. La paroi digestive interne de l’estomac (muqueuse) subit tout d’abord, pour diverses
raisons, une inflammation chronique amenant finalement à une destruction ou un
endommagement des cellules de la muqueuse. Sans traitement, l’affection évolue et l’étape
suivante consiste en une atteinte de la paroi musculaire. L’ulcère traité médicalement guérit en
laissant une cicatrice. On le différencie des érosions, abrasions et exulcérations superficielles qui
n’atteignent pas la couche musculaire et qui guérissent sans cicatrice.
La fréquence de la maladie ulcéreuse est très variable selon les pays. Les statistiques estiment
qu’environ 10 % de la population des pays industrialisés est susceptible de souffrir un jour ou
l’autre d’un ulcère gastroduodénal. Les personnes âgées de 40 ans et plus sont les plus
touchées. Les ulcères du duodénum sont 10 fois plus fréquents que les ulcères de l’estomac.
Des signes spécifiques, mais pas systématiques.
Un ulcère gastroduodénal peut
causer une douleur au niveau de
l’épigastre (haut et milieu de
l’abdomen). Localisée dans cette
partie du corps, elle ressemble à une
crampe ou à une sensation de faim
douloureuse (brûlures), et survient
une à trois heures après un repas.
Cette douleur se manifeste souvent
par poussées périodiques de
quelques semaines : elle dure 2 à 3
semaines puis disparaît (phase sans
symptôme), elle revient à intervalles
réguliers. En cas d’ulcère de
l’estomac, la douleur sera généralement aggravée par la prise de nourriture ou de boisson.
En cas d’ulcère duodénal, la douleur sera, au contraire, apaisée lors du repas, mais elle
augmentera quelques heures après lorsque l’estomac sera vide. L’ulcère gastroduodénal se
manifeste également par le sentiment d’être vite rassasié(e) et de souffrir de ballonnements et
d’éructations (rots). Si l’affection est à un stade plus avancé, cela peut occasionner un
amaigrissement, des vomissements (parfois avec du sang), des nausées plus ou moins
importantes et des selles noires (couleur donnée par la présence de sang). Il s’agit là des formes
classiques mais, un ulcère gastroduodénal peut aussi engendrer des manifestations plus
atypiques, comme une simple gêne sous les côtes. Par ailleurs, dans certaines formes de la
maladie, les repas et la prise d’aliments n’ont aucune influence sur la douleur. Enfin, certains
ulcères sont asymptomatiques. Leur présence peut être révélée par une endoscopie pratiquée
pour une autre raison, par exemple la surveillance d’une gastrite (inflammation de la muqueuse
de l’estomac).
WOWO 09.2013
Les troubles digestifs fonctionnels
(7ième partie)
Suite des six précédents feuillets consacrés aux troubles digestifs.
* l’ulcère gastroduodénal (suite):
Causes ?
Pendant longtemps, la maladie ulcéreuse était attribuée principalement au stress lié à la vie quotidienne
trépidante.
Différentes causes peuvent toutefois être évoquées :
- La production excessive d’acide par l’estomac liée à des abus alimentaires …
- La prise de certains médicaments qui altèrent la paroi de l’estomac comme l’aspirine (Acide
Acétylsalicylique ou AAS) et les médicaments anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS).Ces derniers
favorisent la production d’acide au niveau de l’estomac et réduisent la production du mucus qui tapisse la
paroi interne de l’estomac et le protège.
- La cortisone et ses dérivés
- La présence de la bactérie Helicobacter Pilori. Il s’agit d’une bactérie intestinale à gram négatif dont la
structure externe est hélicoïdale, munie de flagelles, elle infecte la muqueuse gastrique et survit à l’acidité
de l’estomac, tout en perturbant les mécanismes qui protègent normalement l’estomac contre cette acidité.
Elle fut découverte par deux chercheurs Australiens Barry Marshall et Robin Warren en 1982. Le prix Nobel
de médecine et physiologie 2005 pour avoir
prouvé l'implication de la bactérie
Helicobacter pylori dans l'évolution des
ulcères de l'estomac leur fut octroyé.
L’infection par Helicobacter pylori est
contractée durant l’enfance, et passe
inaperçue chez la très grande majorité des
personnes touchées. Elle est associée à un
niveau socio-économique faible des
conditions d’hygiène défavorable liée à une
plus grande promiscuité. Sa prévalence
diminue en Europe (20 à 30% de la
population), mais reste élevée dans les
populations immigrées de première ou de
deuxième génération. Sa prévalence est
élevée dans les pays en voie de
développement (70 à 90%). Après un
épisode aigu, l’infection provoque une inflammation chronique de la muqueuse gastrique antrale (partie
inférieure de l’estomac / gastrite chronique). En l’absence d’éradication de la bactérie, on observe dans
certains cas l’apparition d’une atrophie de la muqueuse et l’extension des lésions vers le fundus (partie
haute de l’estomac).
Facteurs favorisants ?
Il est possible d’établir un profil type de personne à risques susceptibles de présenter un ulcère
gastroduodénal.
L’ulcère duodénal touche deux fois plus les hommes, entre 45 et 65 ans.
L’ulcère de l’estomac devient plus fréquent avec l’âge. Il touche autant les femmes que les hommes. Les
personnes les plus à risque ont entre 55 ans et 65 ans.
D’autre part, les principaux facteurs favorisant la survenue d’un ulcère sont :
- la consommation d’alcool à outrance (production excessive d’acide au niveau de l’estomac).
- le tabagisme augmente également la sécrétion acide, il retarde la cicatrisation des ulcères duodénaux.
- le stress intervient aussi semble-t-il comme facteur pour entretenir l’ulcère. Il n’est vraiment reconnu
comme cause principale de l’ulcère que dans le cadre d’hospitalisation en réanimation notamment en cas
de polytraumatisme.
- la consommation de café, de thé, de boissons à base de cola, de boissons gazeuses, d’aliments gras, de
chocolat, de concentrés de viande (liquide ou extraits en cubes), d’épices (poivre, moutarde, piment,
muscade, chili…)… sont réputés chez certain(e)s comme mal tolérés et source d’entretien chronique de
l’ulcère.
Comment un ulcère peut-il évoluer ?
Au départ, la lésion de la muqueuse gastrique ou duodénale est superficielle mais, doit être traitée par
médicament afin de ne pas se creuser davantage plus profondément. Généralement, la maladie évolue par
poussées successives de durée et d’intensité variable, celles-ci se traduisent habituellement par des
douleurs au niveau de l’épigastre.
WOWO 10.2013
Les troubles digestifs fonctionnels
(8ième partie).
Suite des sept précédents feuillets consacrés aux troubles digestifs.
* l’ulcère gastroduodénal (suite):
Comment diagnostiquer ? L’examen de référence pour le diagnostic de l’ulcère est la gastroscopie (ou
endoscopie digestive haute). Il s'agit est un examen qui permet d'examiner l'oesophage, l'estomac et le
duodénum à l'aide d'un tube flexible introduit par la bouche. Elle est utile à votre médecin afin de
déterminer l'origine de vos symptômes. La gastroscopie est actuellement la meilleure méthode d'examen
pour explorer l'oesophage, l'estomac et le duodénum. Elle permet également de mettre en évidence
d'éventuelles lésions et de faire des biopsies. L'examen utilise un endoscope qui est introduit par la
bouche, après une anesthésie locale. Le plus souvent, vous êtes installé, couché sur le côté gauche.
D'éventuels prélèvements sont réalisés en cours d'examen si votre médecin le juge nécessaire. Entre
chaque patient l'endoscope est désinfecté selon les recommandations en vigueur et l'ensemble des
accessoires utilisés (pinces à biopsies,...) est stérilisé ou jeté (matériel à usage unique).
Pour que l'examen se passe dans de bonnes conditions, il faut que l'estomac soit vide. Il ne faut donc ni
boire, ni manger, ni fumer durant les 6 heures précédant l'examen. Informez votre médecin de vos allergies
et des médicaments que vous prenez (particulièrement
ceux qui modifient la coagulation du sang comme
l'Aspirine et le Sintrom). Avant l'examen il faut si
nécessaire, enlever ses fausses dents et ses lunettes.
En général, l'examen proprement dit a une durée
inférieure à 10 minutes. Si l'on y ajoute le temps
nécessaire pour les formalités et le repos après l'examen
il faut compter une heure. Si vous avez reçu un calmant
lors de l'examen, le médecin pourra vous demander de
vous reposer une à 2 heures avant de quitter l'hôpital. En
période d’hémorragie digestive, la gastroscopie sera
préférablement faite sous anesthésie générale avec
protection des voies respiratoires si l’estomac est plein de
sang ou d’aliments.
La gastroscopie permet de :
- faire le diagnostic d’ulcère ; de localiser celui-ci ; de préciser si il est hémorragique ou pas, de classifier
l’ulcère : les ulcères sont décrits suivant la classification de Forrest (voir ci-dessous), cette dernière permet
de prédire le risque hémorragique et permet d’indiquer un geste hémostatique endoscopique (l'hémostase
de façon générale, désigne l'arrêt d'une hémorragie);
- de réaliser des prélèvements histologiques : pour rechercher la présence et/ou une infection à
Helicobacter pylori ;
- de faire le diagnostic de risque éventuel de cancer gastrique ou confirmer le diagnostic de malignité d’un
ulcère.
Classification de Forrest
Stade
I Hémorragie active
II Hémorragie récente
III Pas d’hémorragie
I a en jet
I b en nappe
II a vaisseau invisible
II b caillot récent
II c taches pigmentées
Cratère profond
% de récidive
hémorragique
55%
Traitement
endoscopique
Oui
40%
22%
10%
5%
Oui
Oui
Non
Non
La gastroscopie est la meilleure méthode d'examen de l'oesophage, de l'estomac et du duodénum. La
radiographie de l'estomac, réalisée après avoir avalé un produit opaque aux rayons X, est possible mais
n'est pas aussi détaillée, et ne permet pas de prélever des échantillons ou d'effectuer un traitement.
L'autorisation de remboursement de médicaments est souvent basée sur l'endoscopie, et non autorisée
après radiographie. Le scanner et l'échographie ne remplacent pas la gastroscopie.
Traitement ? Le traitement a pour objectifs de soulager rapidement la personne souffrant d’ulcère
gastrique en quelques jours, d’accélérer la cicatrisation spontanée et de prévenir les récidives et les
complications. Habituellement, la majorité des ulcères répondent parfaitement à un traitement
médicamenteux : en cas d’infection par Helicobacter pylori, le traitement peut associer des antisécrétoires
gastriques pour permettre la cicatrisation et des antibiotiques pour éradiquer l’Helicobacter pylori et réduire
le risque de récidive. Souvent après traitement, un contrôle systématique par gastroscopie et nouvelles
biopsies sont conseillées afin de vérifier l’efficacité du traitement contre la bactérie Helicobacter pylori, si le
traitement était initié dans ce but et de ne pas méconnaître un cancer se présentant comme un ulcère…
Complications ? Non traité, un ulcère peut être à l’origine d’hémorragies digestives importantes. Dans ce
cas, vos selles sont noires, ce qui trahit la présence de sang digéré. Vous pouvez également présenter des
vomissements sanglants. Habituellement, les saignements digestifs passent inaperçus et c’est l’apparition
d’une anémie qui peut alerter votre médecin traitant ( l’anémie se traduit par une baisse notable des
globules rouges dans les résultats d’une prise de sang). L’ulcère peut également perforer complétement la
paroi digestive, elle provoque une péritonite. Le principal signe est une douleur brutale, comme un coup de
poignard. Elle peut diffuser dans tout l’abdomen, son intensité forte augmente progressivement, il devient
difficile de respirer….La sténose correspond à un rétrécissement du tube digestif au niveau de l’ulcère et
se révèle surtout par une intolérance alimentaire avec des vomissements. Ces deux situations imposent
une hospitalisation très rapide.
WOWO 11. 2013