La diaspora marocaine » de Zakia Daoud, prix Grand Atlas 2011.

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La diaspora marocaine » de Zakia Daoud, prix Grand Atlas 2011.
« <i>La diaspora marocaine</i> » de Zakia Daoud, prix Grand Atlas 2011.
Lors d’une réception à l’ambassade de France à Rabat mercredi 19 octobre, trois œuvres ont
été récompensées dans le cadre de la 18 ième édition du Prix Grand Atlas. Le prix Grand Atlas
2011 est revenu à l’ouvrage « La diaspora
marocaine
» de la
journaliste et écrivaine, Zakia Daoud (La croisée des chemins, 2011). L’écrivain Mehdi De
Graincourt
(i)
a été primé dans la catégorie « jeunesse
» pour « Raconte-moi Ibn Batouta
» (Yanbow Al Kitab, 2008) alors que le Prix de la traduction en arabe du livre "
La critique et la conviction
" de Paul Ricoeur (Calman-Levy, 1995/Toubkal, 2011), a été décerné à Hassan Amrani(
ii)
, écrivain, traducteur et professeur de philosophie.
Diaspora marocaine : « un nouvel esprit »
Sorti le 15 février dernier, l’essai de Zakia Daoud, « La diaspora marocaine » brosse un portrait
de la communauté marocaine à l’étranger en mettant en exergue ses caractéristiques
présentes. Pour le mener à bien, l’auteur s’est basé sur une étude récente, effectuée par
l’institut de sondage français BVA (Etudes auprès de la population marocaine à l’étranger),
ainsi que sur des interviews qu’il a, lui-même, menés sur le terrain. Zakia Daoud n’en est pas à
son premier ouvrage sur l’immigration marocaine. Le premier, « Marocains des deux rives
» avait été réalisé en collaboration avec l’association « Migrations et Développement
» (M§D). Quant au second, il porte sur l’histoire de l’ATMF (Association des Travailleurs
Maghrébins de France. C’est donc forte de ce background que Zakia Daoud s’est repenchée
sur cette thématique. Elle a ainsi découvert qu’un « nouvel esprit
» habitait la diaspora marocaine. Dans une interview récente, accordée au journal en ligne
Yabiladi
, elle a évoqué la
« mentalité diasporique
» qui, selon elle caractérise la nouvelle génération de MRE ; « Ils ne sont pas « là » ni « là-bas », ils sont dans les deux. Et je trouve ça logique. Parce qu’il
est vrai que moi, quand je me retrouve en France, j’ai envie d’être au Maroc et quand je suis au
Maroc, j’ai envie d’être en France. Je pense qu’ils (les MRE) vivent ainsi. Et donc, cela devient
un nouvel état d’esprit »
.
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« <i>La diaspora marocaine</i> » de Zakia Daoud, prix Grand Atlas 2011.
L’autre évolution notoire mise en avant dans l’ouvrage est celle de la « féminisation » de
l’immigration marocaine. Si, au départ, celle-ci était essentiellement masculine, les premières
vagues migratoires étant le fait d’hommes qui partaient seuls, aujourd’hui, les femmes sont
présentes à part égales au sein de ces communautés marocaines résidant à l’étranger. Pas
simplement parce qu’elles ont rejoint les époux dans le cadre du regroupement familial mais
également parce qu’elles sont de plus en plus nombreuses à partir seules à leur tour, dans le
cadre d’un projet personnel d’immigration.
Officiellement, les MRE sont 3.400.000 éparpillés dans les cinq continents. Ils sont surtout en
Europe qui regroupe 85% d'entre eux. La France, où ils sont installés depuis un siècle, se taille
la part du lion devant la Belgique, les Pays-Bas et l’Allemagne, et depuis les années 80,
l’Espagne et l’Italie... Revenant sur les détails de leur mode de vie en Europe, l’ouvrage de
Zakia Daoud se penche sur les chiffres officiels ainsi que sur le profil socioprofessionnel des
MRE. «En réalité, si l'on compte les clandestins et les enfants de moins de 16 ans exclus des
statistiques, ils sont plus de cinq millions, beaucoup plus si l'on y ajoute tous ceux qui ont été
rayés des listes des étrangers, notamment en Allemagne, pour cause de naturalisation ou issus
de mariages mixtes. Cela concerne plus de la moitié des 5,8 millions de ménages recensés au
Maroc en 2004 touchés par ce phénomène diasporique et migratoire qui s'est profondément
modifié depuis vingt ans ».
Plus de 50% des Marocains qui vivent en Europe sont naturalisés et 28% sont en instance de
l'être. Ils parlent dans leur immense majorité la langue du pays d’accueil. Comment vivent-ils
les débats d'identité qui agitent le vieux continent, la montée de la xénophobie qui le caractérise
et qui marque chaque élection, et, de plus en plus, la conjonction, partout, de l'immigration à la
délinquance ? Quelle est l'identité mixte et plurielle qu'ils ont su construire ? Se sentent-ils
piégés entre leur intégration réelle, qui n'est en aucune manière une assimilation, et le rejet
politique qu'on leur oppose de plus en plus, comme à tous les émigrés ? Telles sont les
questions auquel l’ouvrage primé par le prix Grand Atlas 2011 s’efforce de répondre.
(i) Mehdi de Graincourt lauréat du "Prix Jeunesse" est écrivain et artiste peintre. Il est l'auteur
de plusieurs ouvrages notamment le livre "Ibn Al Arabi, les révélateurs de Fès et Marrakech",
une biographie du soufi andalou des XIIe et XIIIe siècle" et "Leur Maroc - regards d'écrivains,
artistes, voyageurs venus d'ailleurs" (Malika Edition, 2010).
(ii) Hassan Amrani lauréat du "Prix Traduction" est écrivain, traducteur et professeur de
philosophie. Il a traduit en particulier Jacques Derrida et Paul Ricoeur. Il travaille sur un ouvrage
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sur Heidegger et le problème de la métaphysique
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