240.4 ko - La France en Bulgarie

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240.4 ko - La France en Bulgarie
Lundi 30 novembre 2015
AMBASSADE DE FRANCE EN BULGARIE
LA PRESSE BULGARE – N°4068
L’enjeu
L’enjeu
Pourquoi la Conférence de Paris sur le
climat est importante pour la Bulgarie
Pourquoi la Conférence de Paris sur le
climat est importante pour la Bulgarie
Du 30 novembre au 11 décembre, la
France accueille la 21e conférence des
Parties à la Convention-cadre des Nations
unies sur les changements climatiques, dite
Conférence de Paris sur le climat (ou COP
21 dans le jargon diplomatique). Il s’agira
de conclure un accord universel, ambitieux
et durable, pour contribuer à maintenir
l’augmentation des températures mondiales
en deçà de 1,5 ou 2 degrés Celsius et de
dessiner ainsi un meilleur avenir pour les
générations futures.
L’expansion
La Bulgarie ambitionne de profiter de
l’expansion chinoise vers l’Europe
La thèse
La corruption et la criminalité organisée
en Bulgarie, une aubaine pour les
terroristes
L’inauguration officielle de la conférence
est l’occasion pour les médias bulgares de
revenir sur l’événement et de le présenter
de point d’un point de vue bulgare.
Mediapool parle de « la recherche d’un
accord global ». 24 tchassa annonce que le
président de la République Rossen
Plevneliev sera à Paris pour présenter la
position du pays. Le projet bulgare de
financement et les développements des
hautes technologies dans le cadre de la
lutte contre le dérèglement climatique
seront
également
présentés.
Le
gouvernement a déjà décidé une
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subvention de 100 000 euros pour le Fonds
vert pour le climat, ajoute Dnevnik.
internationales ; pour cette raison il
serait très contre-productif de ne
pas prendre part à ce processus ou
d’y participer uniquement selon le
principe
« s’aligner
sur
la
majorité » ;
8. La sécurité climatique et la sécurité
énergétique sont très étroitement
liées ; toutefois, selon, M. Popov, la
Bulgarie tend encore à ne
considérer ces enjeux que sous
l’angle de contrats gaziers ;
9. L’accord de Paris aura un impact
sur le développement des secteurs
d’innovation en Bulgarie ;
10. Savoir ce qui se passe à Paris,
comment nous en sommes arrivés
là et ce qui s’ensuivra nous rendra
politiquement et économiquement
plus intelligents. (dnevnik.bg ;
mediapool.bg ; 24 tchassa)
Le journal publie l’analyse de Youlian
Popov, journaliste et écrivain, ministre par
intérim de l’environnement et des eaux
(2013). En dix points, il résume
« l’importance de suivre le développement
du sommet climatique à Paris ».
1. L’accord qui sera conclu à la fin du
sommet aura un impact direct sur
l’économie,
l’énergie
et
l’environnement bulgares. Et si un
jour le pays dit que ce n’est pas un
accord ambitieux ou clair, la
réponse devra être : et pourquoi
Sofia n’a pas agi quand elle avait
l’occasion ;
2. La Bulgarie participe directement à
ce sommet en tant que membre de
l’UE et par l’intervention du
président de la République ;
3. Le fait que 150 dirigeants d’Etats et
de gouvernements se rendent à
Paris doit être un argument contre
tous
ceux
qui
minimisent
l’importance du sujet ;
4. Les conférences sur le climat et le
processus climatique ont déjà
changé les paramètres du secteur
énergétique mondial et, dans un
certain sens, l’économie globale ;
5. La Bulgarie se trouve dans une
région qui, selon les études des
chercheurs, sera ou est déjà parmi
les plus concernés par les
changements climatiques ;
6. Le dérèglement climatique aura un
important impact sur les flux
migratoires ce qui potentiellement
mettra en péril la sécurité
européenne et nationale ;
7. La diplomatie climatique et
énergétique devient un secteur très
important
des
relations
L’expansion
La Bulgarie ambitionne de profiter de
l’expansion chinoise vers l’Europe
Les 24 et 25 novembre dernier, dans la
ville chinoise de Suzhou, a eu lieu un
forum géant dédié à l’Europe centrale et
orientale et s’inscrivant dans l’initiative «
Une ceinture, une route ». D’importantes
délégations de seize pays européens, des
banques et des entreprises y étaient
présentes.
La délégation bulgare, dirigée par le
premier ministre Boïko Borissov et
comprenant six ministres, est restée en
Chine les trois jours suivant le forum,
multipliant les rencontres prometteuses.
L’heure est à présent au bilan de cette
longue visite.
L’initiative chinoise de connectivité par
terre avec l’Europe « Une ceinture, une
route » s’intègre parfaitement avec la
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Dans le domaine de l’agriculture, la
Bulgarie a obtenu, dans une âpre
concurrence avec la Roumanie, le siège du
centre de commerce agricole entre la Chine
et les seize pays d’Europe centrale et
orientale. Ce centre mettra à disposition
des hommes d’affaires chinois une riche
base de données incluant tous les
producteurs agricoles de la région. Comme
les exportations vers la Chine sont
soumises à plusieurs contraintes, la
Bulgarie attend de ce centre de faciliter en
premier lieu les échanges des producteurs
bulgares. En outre, à la demande de la
délégation bulgare, le premier ministre
chinois Li Keqiang s’est engagé à ce que
les conditions de délivrance d’autorisations
phytosanitaires soient revues et allégées.
nouvelle stratégie économique du pays
d’exportation de capacités industrielles,
adoptée il y a quelques mois. L’idée de
l’Etat chinois est d’encourager les
entreprises nationales à exporter des lignes
de production et du savoir-faire vers
l’Europe. La partie chinoise envisage
même de créer une institution financière
pour soutenir les projets sans que des
garanties d’Etat soient nécessaires.
Dans une longue synthèse consacrée à
l’initiative chinoise et aux entretiens des
ministres bulgares avec des officiels
chinois, l’hebdomadaire Capital essaie de
préciser la place que la Bulgarie entend se
tailler dans un processus économique
d’investissements chinois de grande
échelle, mais aussi politique puisque
marquant la sortie de la Chine à l’avantscène à un moment de stagnation pour
l’Europe et de sanctions pour la Russie.
La Banque bulgare pour le développement
a signé un mémorandum avec la banque
ICBC, l’une des deux plus grandes
banques finançant l’expansion vers
l’étranger des entreprises chinoises.
Parallèlement, la banque bulgare a obtenu
un crédit de 50 millions d’euros « à des
conditions particulièrement favorables »,
selon le ministre des finances bulgare en
vue de soutenir la pénétration d’entreprises
chinoises en Bulgarie. Par ailleurs,
l’assureur Sinoinsure a déclaré son
intention de s’installer en Bulgarie.
Les entretiens de la délégation bulgare ont
porté grosso modo sur quatre domaines
clés : transports, agriculture, banques et
énergie nucléaire.
La Bulgarie propose aux investisseurs
chinois des concessions ou des partenariats
public-privé
sur
plusieurs
projets
d’infrastructure : les ports fluviaux de
Vidin et Roussé, les aéroports de Sofia,
Plovdiv, Gorna Oriakhovitsa et Stara
Zagora, les autoroutes Hemus et Tcherno
Moré et les liaisons routières SofiaKalotina, Sofia-Vidin et Roussé-Veliko
Tarnovo, les voies ferrées RousséDimitrovgrad, Varna-Roussé (avec la
construction d’un terminal intermodal),
Sofia-Radomir et Radomir-Gyouechevo.
Du côté chinois, l’interêt a plutôt porté sur
la route Roussé-Svilengrad via le futur
tunnel de Chipka qui pourra accueillir tout
le trafic de marchandises en partance de la
Turquie vers la Roumanie. D’autres
investisseurs s’intéressent à des ports avec
toute l’infrastructure portuaire, y compris
les terminaux intermodaux assurant la
liaison avec le transport ferroviaire.
Sur le plan de l’énergie nucléaire, une
grande compagnie chinoise, recommandée
par le groupe Westinghouse, a manifesté
un intérêt pour le projet de construction
d’une septième tranche nucléaire à
Kozlodouï (un projet datant de 2012 :
Westinghouse, choisi à l’issue d’un appel
d’offres, a par la suite renoncé à s’engager
comme partenaire stratégique à hauteur de
49% du projet, voir notre revue du 2 avril
dernier). D’après Capital, il s’agit de la
compagnie publique State Nuclear Power
Technology Corporation (SNPTC) qui
serait prête à participer au financement du
projet mais à condition de pouvoir exporter
de l’électricité vers les pays balkaniques.
(Capital)
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l’Egypte et au Yémen ». Une source des
services de sécurité raconte que des
transactions commerciales étaient réalisées
en violation des limitations imposées par
les
organisations
internationales
concernant certains pays d’Afrique et du
Proche-Orient. Et il ne s’agit que de
commerce de gros : « des mulets »
exportant des fusils mitrailleurs avec leurs
voitures personnelles dans les pays
d’Europe occidentale étaient identifiés.
Cette source regrettait que les enquêtes
portent rarement sur tous les éléments
permettant de donner une idée claire de
l’intégralité des processus.
La thèse
La corruption et la criminalité organisée
en Bulgarie, une aubaine pour les
terroristes
« L’échec de la Bulgarie dans la lutte
contre la corruption et la criminalité
organisée peut à terme faire de ce pays un
allié dissimulé du terrorisme », telle est la
thèse que le journaliste Rossen Bossev
défend dans l’hebdomadaire Capital dans
un article intitulé « Bulgare akbar » qui
rassemble un certain nombre de points
troublants constatés depuis quelques
temps.
Des ressortissants de pays tiers munis de
papiers d’identité contrefaits bulgares sont
souvent arrêtés, alertent les services des
partenaires européens. En effet, pendant
l’été de 2014, les services de police
bulgares ont démantelé deux imprimeries
où 10 000 formulaires pour des passeports
syriens étaient préparés afin d’être vendus,
après leur fabrication, en Turquie contre
50 000 dollars. Y étaient trouvés également
des formulaires pour des papiers d’identité
bulgares et espagnols, différents cachets
d’institutions publiques etc.
La criminalité organisée bulgare est en
mesure de fournir aux organisations
terroristes des automobiles, des armes et
d’autres marchandises et services interdits.
Selon une source de Capital au sein des
services de sécurité, des associations de
malfaiteurs alimentent activement les
filières d’exportation de véhicules volés au
Proche-Orient depuis plus de 15 ans. Le
taux d’élucidation de ce genre de vols est
inférieur à 5 %. Ainsi, selon cette même
source, la demande de véhicules tout
terrain aurait augmenté depuis le début du
conflit en Syrie.
Des chimistes bulgares partaient fabriquer
des drogues de synthèse en Syrie, en
Egypte, en Jordanie et au Soudan et se
faisaient arrêter après en possession de leur
production.
Des pistolets mitrailleurs Kalachnikov,
fabriqués en Bulgarie pendant les années
1980, ont été utilisés lors des attentats à
Paris. Selon une source hautement placée
des services de sécurité, ces armes
« auraient été vendues dans le cadre d’une
transaction normale à un pays bien connu ;
leurs traces auraient disparus après ». A
l’heure actuelle, plus de 90% des armes
fabriquées à Kazanlak sont exportées. Et le
fait que des acteurs bulgares participent
activement au commerce illégal d’armes
est un secret de polichinelle. Il y a quatre
ans un expert d’Amnesty International
avait déclaré à la radio nationale (BNR)
que « la Bulgarie vendaient différents
armes, munitions et d’autres équipements à
l’Egypte, au Liban, et au Yémen,
ses principales livraisons étant destinées à
Beaucoup d’études démontrent la symbiose
entre les organisations terroristes et les
associations de malfaiteurs. Celle-ci serait
favorisée par la corruption en Bulgarie. Sur
les 693 migrants arrêtés la semaine
dernière en Bulgarie, 412 l’ont été à
l’intérieur du pays, 226 en tentant de sortir
du pays et seulement 55 à l’entrée. Ces
statistiques mettent en question l’efficacité
du contrôle à la frontière. En outre,
l’Agence d’Etat de sécurité nationale
(DANS) avait arrêté un agent de la Police
aux frontières (PAF) au poste-frontière
d’Elkhovo lors de sa tentative de
transporter par la frontières dans sa voiture
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personnelle deux Irakiens. Il y a deux
mois, deux autres agents de la PAF ont été
arrêtés à cause d’un dessous de table de
700 leva reçu de la part d’un Bulgare
transportant clandestinement des migrants.
Enfin, les sources bien renseignées de
Capital regrettent que beaucoup de dossiers
de renseignement permettant de démanteler
des réseaux clandestins impliquant
beaucoup d’agents de la PAF n’aboutissent
pas.
Il est tout de même difficile d’admettre
qu’il puisse y avoir un complot entre les
associations bulgares de malfaiteurs, les
réseaux de corruptions et les organisations
terroristes bien qu’il n’y ait aucune raison
de croire que chacun de ces acteurs
s’abstiendrait de profiter des capacités des
deux autres, conclut l’auteur. (Capital)
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