bulletin n° 8 - Géothermie Perspectives
Transcription
bulletin n° 8 - Géothermie Perspectives
BULLETIN N° 8 Décembre 2005 é dito Sommaire Page 2 Focus sur une opération francilienne : Le CEA à Bruyères-le-Châtel par René Lucas Page 5 Un exemple d’application originale de la géothermie dans le Bassin aquitain : l’Esturgeonnière de Mios-le-Teich par Michel Berthommier Page 7 À Besançon, un champ de sondes géothermiques pour des logements sociaux par Philippe Pedrocchi par Michel VAMPOUILLE Vice-Président Environnement, Développement Durable et Éco-région de la région Ile-de-France L a question de l'énergie est revenue à la une des journaux et des préoccupations de nos concitoyens. La crise, prévisible et prévue, sur les ressources en énergie fossile, particulièrement pétrolières, interroge nos modes de développement, d'aménagement de nos territoires et bien sûr nos choix énergétiques. L'inquiétude la plus immédiate, pour beaucoup de nos concitoyens et notamment les plus modestes, est l'inéluctable augmentation des budgets énergie, qu'il s'agisse de chauffage ou de carburant. À cette incertitude quantitative sur la disponibilité et le coût de la ressource s'ajoute le sentiment, dorénavant largement partagé, que nous sommes entrés dans la crise climatique. Ce qui était précédemment ressenti comme un « changement » climatique pouvant toucher « les » générations futures, l'est aujourd'hui comme un risque de « bouleversement » climatique qui concernera « la » génération future. Les esprits sont donc mûrs (enfin !) pour une relance vigoureuse des politiques de maîtrise de l'énergie, d'efficacité énergétique et de développement des énergies renouvelables et locales. La géothermie est un des éléments, avec les ressources solaires, éoliennes, hydrauliques et celles issues de la biomasse, du cocktail énergétique qui nous fera sortir de la dépendance aux énergies fossiles. Après des débuts prometteurs dans les années 70 et 80, facilités par un prix élevé des produits pétroliers d'une part, et par une forte implication de l'Etat et des collectivités locales d'autre part, la géothermie a par la suite connu un manque d'intérêt dû principalement à la chute des prix de l'énergie mais également à un problème d'image suite à des opérations de mauvaises qualités techniques et/ou financières. par Camille Gasperi Aujourd'hui nous pouvons constater que le « passif » est apuré. La connaissance de la ressource s'est affinée, les techniques se sont fiabilisées. Si un certain nombre de sites mis en exploitation dans les années 70 ont été abandonnés, on peut considérer que tous ceux qui ont passé les années difficiles, comme les 34 sites en exploitation en 2005 en Ile-deFrance, sont aujourd'hui stabilisés quand ils ne sont pas en voie de redéveloppement. Page 11 Brèves La Région Ile-de-France a participé avec l'ADEME, et avec le soutien technique de l'ARENE, à cette renaissance. Aux 140 000 équivalents logements connectés à la géothermie nous avons ajouté, ces trois dernières années, 17 000 équivalents logements supplémentaires, soit plus de 33 000 tonnes de carbone évités par an. Page 8 Acteurs de la géothermie : SOCCRAM à Alfortville Page 12 Manifestations, Vu sur le web... La démonstration de l'efficacité et de la fiabilité de la géothermie ayant été faite nous pouvons maintenant afficher des objectifs plus ambitieux. C'est le sens du travail en cours pour la finalisation d'un plan de relance de la géothermie en Ile-de-France : extension de réseaux existants, nouveaux forages, nouveaux réseaux. Il n'y a plus de raisons « raisonnables » de se priver de cette ressource. ISSN n° 1629-887X FOCUS SUR UNE OPÉRATION FRANCILIENNE : LE CEA à Br uyères-le- Châtel par René Lucas* - la récupération des calories ambiantes du local des fumées basses températures dans le circuit des évaporateurs ; ’installation géothermique du CEA à Bruyèresle-Châtel fonctionne depuis 1982. Puisant une eau à 33 °C dans la nappe du Néocomien, elle permet le chauffage et le rafraîchissement des locaux grâce à des pompes à chaleur. De plus, elle alimente l’ensemble du site en eau potable. L - l’utilisation des PAC en production de froid pendant l'été. L'opération a été montée par le CEA/DAM, avec le BRGM qui assurait l'ingénierie du sous-sol et le Bureau d'études thermiques SAILLY l'ingénierie de surface. En 1980, après le deuxième choc pétrolier, les besoins importants de chauffage, d'électricité et de réfrigération du Centre d'études du Commissariat à l'Energie Atomique de Bruyères-le-Châtel (CEA/DAM) ont amené leurs responsables à lancer une étude sur la diversification des fournitures d'énergies. Le forage a été réalisé par la société INTRAFOR-COFOR. La difficulté du projet résidait en l'absence d'informations locales précises sur la productivité du réservoir géothermal ; en particulier, la très faible granulométrie des sables du Néocomien nécessitait de mettre en œuvre au droit du réservoir un gravier adapté spécialement importé des USA, entre les terrains et le tubage crépiné. Ne connaissant pas à l'avance précisément cette granulométrie, il a fallu mettre en place un système de livraison par avion, déclenchée à la fin du forage. La granulométrie moyenne de la formation inférieure à 2 dixièmes de millimètre a nécessité la mise en œuvre d'un massif de graviers ronds, à plage granulométrique très resserrée, sur 70 m de hauteur environ, la crépine ayant une ouverture de 3 dixièmes de millimètre. Le BRGM a été alors contacté pour évaluer les possibilités d'utilisation des ressources locales d'énergie géothermale. Les résultats des études préliminaires ont conclu à la disponibilité d'un débit de l'ordre de 100 m3/h à une température probable de 31 °C dans la nappe du Néocomien, à partir d'un forage de 700 à 800 m. Cette solution géothermale a été retenue, devant d'autres solutions énergétiques moins intéressantes. Le niveau de température étant insuffisant pour le chauffage par simple échange, l'utilisation de la ressource géothermale implique la mise en œuvre de pompes à chaleur. Un élément novateur, qui s'est avéré très important pour la rentabilité de l'opération, est venu du résultat des analyses chimiques qui ont montré la possibilité de potabilisation de l'eau géothermale, solution qui n'avait pas été imaginée. Une simple filtration sur gravier, puis sur résine, permet son utilisation. Les résultats de l'étude thermique complémentaire effectuée par le Bureau d’études SAILLY, sur l'optimisation des ressources disponibles, ont conduit à retenir une centrale à chaleur totale, c'est-à-dire : Les résultats du forage et des tests hydrogéologiques ont été au-delà des prévisions : le débit potentiel de l'ouvrage est de 200 m3/h, et la température de l'eau de 33 °C. - l’installation de pompes à chaleur (PAC) pouvant être entraînées soit par moteurs électriques soit par moteurs thermiques à gaz, eux-mêmes capables de produire de l'électricité ; Les travaux de surface ont été réalisés par l'entreprise CGC ENTREPRISE pour les installations thermiques (pompage et centrale) et par la SAUR pour la station de potabilisation. - la récupération des chaleurs fatales (calories de réfrigération des moteurs et des fumées) dans le réseau de chauffage ; Caractéristiques de l'opération : Le matériel installé est le suivant : - Crépines : Johnson, - Pompe géothermale : KSB - Moteurs à gaz : MANN - Pompe à chaleur : YORK - Echangeurs : CEA puis ALFA-LAVAL - Régulation : SCS La production d'eau potable a été mise en service en octobre 1982 et les essais de production de chaleur ont été réalisés en juin 1983. Moteur électrique - Compresseur -2- La conception de l'installation a permis à partir de 1984 de profiter des options tarifaires EDF avec la mise à disposition d'un contrat EJP. Puissance condenseurs des PAC Récupération de chaleur des moteurs à gaz COP Puissance gaz des moteurs Puissance électrique des alternateurs Débit nominal d’exploitation du forage Température de l’ eau Débit de la s tation de potabilisation Débit forage en production eau potable été Mise en service de la production eau potable Mise en service des pompes à chaleur 3 000 kW 1 500 kW 3.6 3 300 kW (PCS) 960 kW 100 m 3/h 33 °C 50 m 3/h 50 m 3/h 10/1982 06/1983 Évolutions de l'installation : L'étude initiale avait prévu l'installation de 3 pompes immergées de 50 m3/h dans le forage à une profondeur de 100 m pour une estimation d'un rabattement de 65 m. Tête de puits et son local Les batteries de récupération Basse Température sur les gaz d'échappement n'ont pas résisté aux phénomènes de corrosion des condensats. Cette solution technique a été abandonnée. En 1990, les échangeurs expérimentaux du CEA ont été remplacés par des échangeurs en titane Alfa-Laval. L'interdiction de la production de CFC appliquée en Europe depuis 1995, a conduit au remplacement du fluide frigorigène (R12 par du R134A). L'originalité de ce dispositif mis en service en 1983 vient de sa flexibilité puisqu'il permet de produire de la chaleur, du froid, de l'eau potable, et, (jusqu'en 2001) de l'électricité. Les niveaux producteurs d'eau géothermale du Néocomien (formation du Crétacé) se situent entre 650 et 750 m de profondeur. Le pompage est assuré par une pompe immergée à 100 m pilotée par un variateur de fréquence assurant une pression constante de 6 bars en tête de puits. L'eau est refroidie à 18 °C par des pompes à chaleur qui fournissent environ 40 % de l'’énergie nécessaire au chauffage du centre. Condenseurs et évaporateurs La descente de ces pompes s'étant avérée problématique, deux pompes seulement ont été installées dès l'origine. Le débit d'exhaure étant adapté à la température de rejet (18 °C), la mise au point d'une régulation de pression en tête de puits tenant compte du fonctionnement en cascade des pompes n'a pas été facile. Les évolutions des besoins du Centre de Bruyères-leChâtel, des contrats de fournitures et l'état des installations ont amené en 2000 la mise à l'arrêt définitive des moteurs à gaz pour ne conserver que les pompes à chaleur électriques. Ces problèmes ont véritablement été résolus par la mise en place d'une pompe unique associée à un variateur de fréquence en 1987. L'exploitation de l'installation a été effectuée directement par le CEA jusqu'en 2003. Depuis cette date, elle a été confiée à l'entreprise assurant l'exploitation et la maintenance des installations de chauffage. Pour ce qui concerne la production de chaleur, le manque de fiabilité des accouplements électromécaniques permettant de séparer le groupe moteur/alternateur de la PAC électrique - a rapidement nécessité leur suppression. À partir de ce moment (1987), l'alimentation des PAC a alors été assurée par les seuls alternateurs. -3- Ainsi, la production géothermique (chaud et froid) annuelle fournie est de 12 000 MWh pour une consommation électrique de 3 300 MWh correspondant à l’alimentation des différents matériels : pompes à chaleur, pompes de circulation, pompe d’exhaure, variateur, ... Bilan de l'exploitation : Pour en optimiser le fonctionnement, la couverture des bâtiments alimentés en chauffage par la centrale a rapidement été étendue à tout le centre (à l'exception d'un bâtiment alimenté en vapeur). Avant 2001, les prélèvements de chaleur sur la nappe se situent en moyenne à 4 000 MWh/an pour un volume extrait de 500 000 m3. Le coût de l'installation se monte à 21,2 MF (valeur 1982) de fonds propres, auxquels s'ajoutent 4,03 MF de subventions (AFME, CCE), soit un montant total de 3,85 M€. La production de chaleur annuelle de la centrale géothermique est de 12 000 MWh représentant 40 % des besoins du site, le reste étant assuré par des chaudières. Ces dernières étaient alimentées initialement par du fioul lourd, et ont été adaptées aujourd'hui pour être alimentées par le gaz. Le bilan économique net (investissement et exploitation) sur 10 ans entre 1983 et 1993 dégage une économie de 27,15 MF (soit 4,13 M€) se répartissant entre les postes budgétaires suivants : La production d'eau potable est de 250 000 m3/an soit la totalité des besoins du centre. Production chaleur Production électricité Eau glacée Eau potable Depuis 2001, la production d'électricité ayant été abandonnée, l'énergie prélevée à la nappe est en augmentation pour se stabiliser vers 8 000 MWh pour 600 000 m3 d’eau extraits. 11,25 % 43 % 7,09 % 38,66 % Le délai de retour de l'opération a été de moins de 5 ans (coût moyen du baril de pétrole 1983-1993 : 25 $). Le rapport du coût d'investissement (1983) au KWh économisé est de 320 €. Maintenance de la pompe immergée * René LUCAS Chef de Service Technique et Logistique CEA/DAM Ile de France [email protected] -4- UN EXEMPLE D’APPLICATION ORIGINALE DE L A GÉOTHERMIE D ANS LE BA SSIN A QUITAIN : l’Esturgeonnière de Mios-le-Teich par Michel Berthommier* • L’HISTORIQUE Mios-le-Teich, en Aquitaine, dans le second bassin d’exploitation géothermique français, une installation originale permet de réchauffer les eaux d’un élevage d’esturgeons. Le coût et l’impact environnemental de la production de caviar sont ainsi diminués grâce à la géothermie. À La reprise de ce forage (MIOS 2) profond de 3 000 m et cimenté jusqu'à 2 000 m s'est avérée relativement aisée en raison de la structure des équipements de puits lors de son abandon. En 1982, la production potentielle du puits affiche 100 à 120 m3/h à 70 °C. En 1983, les autorités locales entreprennent des travaux de réhabilitation. Jusqu’à 1986, différents essais de perforation à des profondeurs variant de 1 730 à 1 860 m ont lieu. • LE CONTEXTE Le Bassin aquitain, deuxième bassin sédimentaire français en terme d'importance, présente une ressource géothermale différente de celle du Bassin parisien, avec une structure géologique composée de formations aquifères ayant une eau à faible salinité, quasiment potable, malgré la grande profondeur. Cette qualité de l'eau a permis de réaliser des opérations de géothermie généralement à partir d'un puits unique, l'eau étant soit utilisée soit rejetée en surface. Parce qu’elles ne nécessitent pas de puits de réinjection, les infrastructures en sous-sol sont donc bien moins coûteuses que pour la région Ile-de-France. Cela permet de raccorder en surface des installations plus petites ayant des besoins thermiques moins importants, comme l’Esturgeonnière de Mios-le-Teich. En 1989, après mitraillage du tubage1 pour permettre le passage de l'eau géothermale, on obtient un débit artésien de 120 m3/h à la température de 74,2 °C. La Direction de l'Agriculture et le CEMAGREF relancent alors le projet de création d'un élevage d'esturgeon. Le BRGM et la CFG (Compagnie Française de Géothermie), interviennent pour le compte du District sud Bassin d'Arcachon pour l'équipement du puits, la pompe, la canalisation et la mise en place de l'échangeur. Les travaux débutent en 1991. L'investissement représente pour l'époque environ 10 MF (soit environ 1,5 M€). La mise en service de l'Esturgeonnière par M. Zinsius, mareyeur-pisciculteur, initiateur du projet avec la DDAF et le CEMAGREF, a lieu le 10 août 1992. En 1999, le groupe de pisciculture SAP Les Clouzioux rachète l'Esturgeonnière. • FONCTIONNEMENT DE L’ÉLEVAGE 1 - Les bassins L'Esturgeonnière compte actuellement environ 3 000 m² de bassins répartis de la façon suivante : •6 bassins de 36 m² pour la réception et le prégrossissement des alevins ; • 15 bassins de 180 m² maintenus à 17 °C pour le grossissement des alevins ; Échangeur de chaleur • L A LOCALIS ATION • 2 bassins de 36 m² pour la quarantaine. L'Esturgonnière est située à 45 km au sud-ouest de Bordeaux et à une quinzaine de kilomètres à l'est d'Arcachon. La présence d'un ancien forage pétrolier réhabilité pour un usage géothermique et d'une ressource en eau de bonne qualité, venant du cours d'eau « La Leyre » ont permis de faire émerger le projet de ferme aquacole. Les bassins sont alimentés par l'eau de « la Leyre », oxygénée par la suite, grâce à une station de pompage adaptée (450 l/s) qui permet notamment de limiter l'impact sur l'environnement. 1 Technique qui permet le captage de la nappe souterraine à partir d’un forage équipé d’un tubage plein au droit de la formation. -5- Par ailleurs, les changements de pompe interviennent en moyenne tous les 4 ans et les opérations de curage des dépôts du puits (environ 600 K€) tous les 15 ans. Ainsi, outre le coût d'électricité du pompage, un budget pour la maintenance des équipements géothermiques est à prévoir. • CONCL USION : L’APPORT DE L A GÉOTHERMIE L'apport de la géothermie est incontestable tant du point de vue de la production de caviar que du point de vue écologique. La géothermie permet de réduire de un à deux ans le cycle de l'esturgeon et donc de le désaisonnaliser. Cela rend possible le lissage de la production sur la quasi-totalité de l'année. Sur le plan énergétique, il n’est pas envisageable d'avoir un chauffage sans cette source. En effet, l'économie d'énergie annuelle est estimée à 4 000 tep. Les propriétaires de l'exploitation ne pourraient pas financer la production de cette chaleur par de l'énergie fossile. Réchauffage de l’eau de la Leyre 2 - L'utilisation de la géothermie Le principe est le prélèvement de calories de l'eau du forage par l'intermédiaire d'un échangeur à plaques et le transfert de ces calories vers l'eau de la rivière entrant dans l'élevage. Enfin, d'un point de vue écologique, l'activité de l'Esturgeonnière répond parfaitement au schéma de développement durable souhaité par l'établissement et permet ainsi, contrairement aux autres activités agricoles, de ne pas être considéré comme pollueur. L'objectif est de maintenir toute l'année la température de l'eau des bassins de grossissement à 17 °C, ce qui permet de gagner 15 à 18 mois sur un cycle de développement habituel de l'esturgeon de 8 à 10 ans. Cet aspect écologique conduit donc les investissements actuels de l'Esturgeonnière à passer d'un schéma de production de deux tonnes de caviar à quatre tonnes d'ici trois à quatre ans, multipliant par 2 la surface des bassins d'élevage. Les systèmes de pompage et de forage sont conservés en y ajoutant un jeu de filtration biologique et mécanique pour obtenir une eau de meilleure qualité et rejeter une eau quasi irréprochable. Le débit du forage est variable : de 35 m3/h en artésien à 200 m3/h en pompage maximum. Le schéma du potentiel thermique indique que, dans des conditions défavorables d'une eau de rivière à 5 °C, le forage permet d'élever un même volume d'eau de 60 °C. La puissance thermique maximale est donc de 12 000 th/h (14 MW). 3 - Les coûts liés à la géothermie Le fluide géothermal a évolué récemment du fait de la prolifération de bactéries sulfurogènes obligeant à traiter l'ouvrage en fonds de puits depuis 2004. * Michel Berthommier Les Clouzioux-L'Esturgeonnière Balanos route de Mios F-33470 Le Teich Tél. : 05 56 22 69 50 Bassins piscicoles -6- À BES ANÇON, GÉOTHERMIE ET SOL AIRE POUR DES LOGEMENTS SOCIAUX par Philippe Pedrocchi * Les PAC transforment la chaleur récupérée à très basse température en chaleur utilisable pour le chauffage. L’été, la température du sous-sol permet le rafraîchissement gratuit (free cooling) des logements. es 28 logements sociaux Haute Qualité Environnementale construits à Besançon par l’OPHLM du Doubs bénéficient d’un système de chauffage et de rafraîchissement géothermique, grâce à une pompe à chaleur sur un champ de sondes verticales. En prime, l’eau chaude sanitaire est solaire. L Habitat 25 (Office public départemental HLM du Doubs) lance en 2002 la réalisation de vingt huit logements répartis dans quatre bâtiments dans le quartier Velotte à Besançon. La maîtrise des charges locatives constitue un enjeu essentiel pour assurer pleinement sa vocation sociale. L'un des objectifs majeurs est alors de concevoir des logements à très faible besoin en énergie pour réduire de manière significative les coûts d'utilisation des logements. Ces orientations permettent aussi d’améliorer le confort intérieur des logements et de réduire, de manière conséquente, l'émission des gaz à effet de serre. L’émission ou l’absorption de chaleur dans les appartements est assuré par planchers hydrauliques avec régulation individuelle. La réversibilité assure en été la régénération du champ de captage gage d’une performance durable de l’installation de chauffage. Les intervenants Maître d'ouvrage : HABITAT 25 Architectes : MICHEL COURTOIS et Pascal RAMBAUD BE thermique : IMAGE & CALCUL Entreprise générale : PERTUY CONSTRUCTION Installateur chauffage et solaire : FRANCHE-COMTÉ CHAUFFAGE Foreur : ECO ALTERNATIVE Les équipements Le maître d'ouvrage souhaite ainsi construire un projet exemplaire qui mette en œuvre des techniques innovantes et apporte aux locataires un confort optimal pour des charges réduites. Les sondes géothermiques Elles sont au nombre de 10, d'une profondeur de 100 m. Il s’agit d’échangeurs verticaux consitués de quatre tubes polyéthylène introduits après forage et parcourues par de l’eau additionnée d’antigel alimentaire. S'inscrivant dans une démarche Haute Qualité Environnementale, l'opération s'intègre parfaitement au site et a recours aux énergies renouvelables : système de • un géothermique ; chauffage et de rafraîchissement système de préchauffage solaire d'Eau Chaude • un Sanitaire (ECS). Ces installations sont complétées par des équipements qui concourent aux économies d'énergie et à la préservation de l'environnement : VMC Hygro B, ampoules basse consommation, réducteurs de pression d'eau, ... . Le parti pris architectural minimise également les besoins de chauffage (apports solaires, ponts thermiques maîtrisés), tout en insérant les bâtiments de manière harmonieuse dans leur environnement. L'opération s'inscrit dans le cadre d'un partenariat entre Habitat 25, EDF et l'ADEME. Elle bénéficie des labels Qualitel, Haute Performance Energétique 4 étoiles (RT 1988) et Promotélec. • L’UTILIS ATION DE L A GÉOTHERMIE Le principe Le chauffage et le rafraîchissement des bâtiments est réalisé grâce à un ensemble de sondes géothermiques verticales qui prélèvent l’énergie dans le sous-sol. Le transfert d’énergie est réalisé par échangeur l’été et par pompes à chaleur l’hiver. -7- Les pompes à chaleur Le plancher réversible Au nombre de deux, elles sont équipées de compresseurs électriques Scroll. Leur puissance calorifique unitaire est de 32,6 kW pour une puissance absorbée de 7,2 kW, soit un COP de 4,5. La régulation agit en cascade sur les quatre étages de puissance en fonction de la température extérieure. Le fluide frigorigène R407C utilisé dans les circuits hermétiques et parfaitement étanches des PAC est sans effet sur la couche d’ozone. Le chauffage par le sol à basse température est unanimement reconnu comme étant le système de chauffage le plus confortable. Il agit essentiellement par rayonnement. Ce mode de transmission permet de réduire la température de l'air ambiant de 2 °C environ. L’été, le refroidissement des dalles abaisse la température ambiante de 3°C environ. Le bilan énergétique et financier L'énergie thermique fournie en sortie des PAC (valeur période de chauffe 2003/2004) a été de 154 000 kWh, pour une consommation électrique de 39 330 kWh (compresseurs, pompes de circulation des circuits sondes, et des circuits secondaires PAC), soit un COP global annuel de l'installation de 3,9. Le matériel : • 10 sondes géothermiques de 100 m de profondeur (Haka Gerodur) • 2 PAC eau glycolée/eau de puissance calorifique unitaire 32,6 kW (Viessmann) Le coût d'investissement (hors subventions) du système de production chauffage/rafraîchissement géothermique est de 103 200 € (valeur 2001), ce qui représente un montant de 3 686 € par logement. Le coût de la consommation électrique annuelle du système géothermique se monte à 229 € TTC par logement. • 11 km de tubes noyés dans les planchers réversibles (Acome) • Echangeurs à plaques (CIAT) • 52 m² de capteurs solaires (Clipsol) • 2 ballons ECS de 3 000 l (Charot). Bâtiments HQE à chauffage géothermique * Philippe Pedrocchi Image & Calcul 11, rue de Vigny 25000 Besançon Tél. : 03 81 80 85 50 -8- A CTEURS DE L A GÉOTHERMIE : SOCCRAM à Alfor tville par Camille Gasperi * esservant plus de 5 000 logements, le réseau géothermique d’Alfortville exploite au maximum les calories extraites du sol en fournissant d’abord les équipements de chauffage classiques, puis des installations de chauffage à basse température. D L'entreprise SOCCRAM Filiale du Groupe Thion, fondé en 1843, SOCCRAM apporte à ses clients ses compétences et ses ambitions dans la gestion et l'exploitation de toutes ses installations de production et de distribution de chaleur. Troisième opérateur national dans le domaine de la gestion des réseaux de chaleur, SOCCRAM, dont les compétences sont largement reconnues, est une entreprise majeure sur la scène nationale. Partenaire du service public comme du secteur privé, SOCCRAM est un acteur essentiel de la vie locale, soucieux de proposer un service performant et complet répondant à l'ensemble des attentes de ses clients. En respectant nos biens les plus précieux tels la qualité de l'air ou de l'eau, en veillant attentivement au traitement des fumées et des effluents, en s'attachant à communiquer et à informer, en étant proche de ses clients et abonnés, SOCCRAM, consciente de l'importance de sa mission, a l'ambition d'agir au service de l'intérêt général. L'eau géothermale Une pompe immergée à une profondeur de 200 m puise l'eau géothermale dans la nappe du Dogger à 1 800 m sous terre. Cette eau géothermale arrive en tête de puits à une température de 73°C et deux échangeurs en titane permettent alors le transfert de la chaleur vers le circuit primaire du réseau de chaleur. L'eau géothermale refroidie est ensuite réinjectée dans le sol, grâce à une pompe de surface. Cette réinjection est en effet indispensable pour protéger l'environnement mais aussi pour garantir la pérennité de la ressource. Afin de ne pas refroidir l'eau géothermale puisée, les puits de production et d'injection sont déviés. Les fonds de puits se trouvent, en sous sol, à une distance d'environ 2 kilomètres. SOCCRAM ET LA GÉOTHERMIE À ALFORTVILLE SOCCRAM exploite, en région Ile de France, plusieurs réseaux de géothermie dont un des meilleurs exemples est l'opération d'Alfortville. C'est en 1985 que SOCCRAM présente son offre dans le cadre d'une délégation de service public de la ville d'Alfortville pour la création et l'exploitation du réseau de chauffage urbain. Dans un souci de respect de l'environnement et de confort pour ses usagers, la ville d'Alfortville souhaitait, en effet, remplacer les moyens de production de chaleur existants par une installation de géothermie. SOCCRAM, sous la conduite du Bureau d'études SERMET pour la conception, s'entoure alors de spécialistes tels ABP, Sobea et TNEE pour la réalisation d'un réseau de chauffage urbain unique en son genre !! La particularité de ce réseau réside en effet dans sa conception. En guise d'explication, suivons le fil de l'eau. -9- Et c'est là que la conception du réseau est remarquable : sur sa boucle retour, l'eau permet encore l'alimentation en chaleur des logements pourvus de planchers chauffant à eau chaude, permettant une différence de température entre le départ et le retour de l'eau sur le réseau de près de 40°C et de maximaliser la puissance fournie par le puits de géothermie. L'eau géothermique Ce second circuit, d'une longueur de 7 km, alimente des logements pourvus de radiateurs « classiques » et des ballons d'eau chaude sanitaire. A ce stade là, dans la majorité des réseaux de chauffage urbain, l'eau s'en retourne vers la chaufferie, afin d'être réchauffée à une température suffisante pour être réinjectée sur le circuit. Géothermie à Alfortville - puissance de 11MW un doublet au Dogger débit maximal de 275 m3/h température en tête de puits de 73 °C transfert de chaleur par deux échangeurs en titane de puissance 7,5 MW - pompe immergée à une profondeur de 200 m pour la production - pompe en surface pour la réinjection après échange Puis l'eau repasse enfin par l'échangeur pour être réchauffée de nouveau par l'eau géothermale et s'en retourner vers le circuit de chauffage. L'équipe SOCCRAM à Alfortville Une équipe composée d'un responsable de site, d'un adjoint et de six techniciens veille au bon fonctionnement de l'ensemble de la chaufferie. Les installations sont télésurveillées mais les membres de cette équipe sont tenus à une astreinte 24 h/24 en cas d'urgence... pour le bien-être de ses abonnés !!! Un gain pour l'environnement La géothermie d'Alfortville présente donc un enchaînement ingénieux de différents types de chauffage permettant une exploitation maximale de la chaleur de l'eau géothermale et répondant ainsi aux besoins de la ville d'Alfortville : la meilleure utilisation possible des énergies renouvelables. -10- BRÈVES Notons par ailleurs que le taux de couverture de 85 % est l'un des meilleurs en Ile de France. Mise en service en 1986, cette géothermie permet l'alimentation en énergie propre d'un peu plus de 5 000 logements jusqu'à une température extérieure de 6 °C. Elle est couplée à une chaufferie qui produit l'énergie complémentaire nécessaire quand la température s'abaisse. Une innovation anti-corrosion distinguée Catherine Cotiche, de la société CFG-Services, a récemment reçu le prix Hubert Curien, pour la création d'une sonde qui quantifie la corrosion bactérienne des forages et canalisations, problème rencontré notamment pour les forages pétroliers mais également pour les forages géothermiques, en particulier ceux de l'Ile-de-France qui exploitent le Dogger. Cette corrosion, favorisée par la chaleur des fluides géothermaux et leur minéralisation souvent élevée ainsi que par la présence de bactéries a pour effet l'endommagement des conduites, pompes et échangeurs de la boucle géothermale. CFG-Services a été retenu par le CEP&M (Comité d'Etudes Pétrolières et Marines) pour proposer une solution de monitoring, pour laquelle Catherine Cotiche a été distinguée. Le suivi obtenu par la sonde indique l'activité des bactéries et leur impact sur la corrosion. Cet outil permet entre autres de mesurer en temps réel la vitesse de bio-corrosion et d'adapter les traitements biocides. Trois années de recherche ont été nécessaires à la mise en place de cet outil qui devrait être commercialisé dès le second semestre 2006. La mise en place d'une géothermie de cette puissance permet d'économiser, sur une année, environ 4 300 tep et par là même d'éviter l'émission d'environ 11 500 tonnes de CO2, 19 tonnes de NOx et 1,4 tonnes de SO2. * Catherine Cotiche CFG-Services [email protected] * Camille Gasperi SOCCRAM Chargée de mission [email protected] Vous souhaitez réagir à nos articles, Vous voulez annoncer des événements en rapport avec la géothermie, Vous avez des informations ou vous souhaitez écrire un article, Contacter G. Delobelle BRGM/CDG/CITEG BP 6009 - 45060 ORLEANS Cedex 2 e-mail : [email protected] -11- Manifestations Sites internet 7èmes Assises de l'Energie 24 - 26 janvier 2006 Dunkerque (59) Contact : Service Energie Dunkerque Grand Littoral www.assises-energie.net The Global Renewable Energy Policies and Measures Database: Base de données mise en ligne par l'IEA le 7 novembre, sur les politiques publiques mises en place pour la promotion des énergies renouvelables, dont la géothermie. Cette base de données couvre les politiques de plus de 100 Etats et offre des informations sur les marchés des énergies renouvelables. Les recherches peuvent s'effectuer par type d'énergie, par pays ou encore par type de politiques d'incitation. Interclima 17 - 20 janvier 2006 Paris (75) Contact : Sophie Bonnasse (01 47 56 24 52) www.interclimaelec.com http://www.iea.org/textbase/pamsdb/grlist.aspx?by= techno Engine (Enhanced Geothermal Innovative Network for Europe) Launching Conference 13 - 15 février 2006 Orléans (45) Contact : Patrick Ledru (BRGM [email protected]) Le Cuepe : Centre universitaire d'étude des problèmes de l'énergie (Université de Genève) Le CUEPE a pour priorité d'étudier les problématiques liées à la pénurie future des énergies fossiles et s'attache principalement à deux problématiques : la production décentralisée, la distribution rationnelle et le développement des énergies renouvelables ainsi qu'à la la maîtrise de l'utilisation de l'énergie pour une satisfaction durable des besoins, notamment dans les bâtiments. L'ensemble de ses travaux est téléchargeable sur le site. World Sustainable Energy Days 1 - 3 mars 2006 Linz (Autriche) Contact : [email protected] www.wsed.at Directeur de la publication : J.M. CHAUMEL ADEME/IdF Rédacteur en chef : B. GARRIGUES ARENE Comité de rédaction : Edition, Réalisation : G. DELOBELLE BRGM Pour toute information contacter : BRGM/CDG/CITEG BP 6009 – 45060 ORLEANS Cedex 2 e-mail : [email protected] Je souhaite recevoir régulièrement ce bulletin Nom : Prénom : Organisme, Entreprise : Fonction : Adresse : Ville : M.L. FALQUE-MASSET ARENE P. LAPLAIGE ADEME J. DEMANGE BRGM A. DESPLAN BRGM D. LENOIR AGÉMO Code postal : Tél : / Fax : e-mail : BRGM/CDG/CITEG BP 6009 — 45060 ORLEANS Cedex 2 [email protected] L’énergie du sous-sol : La Géothermie en Ile-de France, bulletin n° 8 - décembre 2005 -12- Conception graphique texte : service Prépresse BRGM http://www.unige.ch/cuepe/html/intro_f.php