La déportation dans les camps nazis
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La déportation dans les camps nazis
La déportation dans les camps nazis omment parler de la déportation ? (...) Tout était pire que ce que nous pouvons raconter. Les mots ne rendent qu'une partie de la réalité. Ils ne rendent pas compte de la durée du temps écoulé car dans les camps les plus durs on se demandait chaque soir si on aurait la force de revivre le lendemain. (...) Les mots peuvent-ils réellement montrer l'inconcevable ? Pourtant il nous faut témoigner et témoigner encore. ” C “ Nous pouvions percevoir, de nos propres yeux, la signification profonde de l’être humain : ils arrivaient là, hommes, femmes, enfants, tous innocents… disparaissaient soudain… et le monde était muet ! Nous nous sentions abandonnés. Du monde, de l’humanité. Et c’est précisément dans ces circonstances que nous comprenions mieux ce que représentait la possibilité de survivre. Car nous mesurions le prix infini de la vie humaine. Et nous étions convaincus que l’espoir demeure en l’homme aussi longtemps qu’il vit. Il ne faut jamais, tant qu’on vit, abdiquer l’espoir. Et c’est ainsi que nous avons lutté dans notre vie si dure, de jour en jour, de semaine en semaine, de mois en mois, d’année en année.Avec l’espoir que nous réussirons peut-être, contre tout espoir, à échapper à cet enfer. ” 12 Avec le soutien du Ministère de la Défense. (Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives) Réalisation, Suivi & Direction artistique : IWD - http://www.iwd.fr Filip Müller 29 236 Auschwitz II - Birkenau Impression : SYNTHÈSE LIGHT Marie-Claude Vaillant-Couturier 47 987 Ravensbrück FMD VERS LES CAMPS “ Plus de 110 par wagon. ” “ Le voyage dure 4 jours (…) J’ai vu des gens devenir fous, j’ai vu des gens boire leur urine. C’est difficile à décrire, c’est même indescriptible (…). ” Sylvain Caen 12 365 Dachau ▲ Le chemin de la mort : de Compiègne à Buchenwald. Juin 1945. MAURICE DE LA PINTIERE ▲ Transport des déportés de France en Allemagne, de 110 à 140 par wagon, 16 décembre 1943. Impression : SYNTHÈSE LIGHT AUGUSTE FAVIER Réalisation, Suivi & Direction artistique : IWD - http://www.iwd.fr “ (…) C’était la suffocation parce qu’il faisait très chaud, c’était les odeurs, (…) des gens âgés qui commençaient à être malades, des gens qui avaient des crises de nerf, des bébés qui pleuraient. On tentait de temps en temps de mettre le nez dehors pour essayer de voir ce qui se passait ou respirer un peu d’air. ” Jacqueline Brin A 8 596 Auschwitz 13 Avec le soutien du Ministère de la Défense. (Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives) FMD L’ARRIVÉE “ Arbeit macht frei. ” ▲ La rampe d'Auschwitz - Birkenau. 1998. CLAIRE DURIEZ ▲ “ (…) Nous tombons sur la voie. Tout le transport est déjà descendu. Une humanité sale, épuisée. ” Grille d'entrée du camp de Dachau. “ Arbeit macht frei ” (Le travail rend libre). s.d. ▲ Odette Abadi 58 963 Auschwitz Arrivée à Buchenwald Débarquement sous les projecteurs, sans chaussures et souvent sans vêtements, dans la neige par -25 ° de froid. 6 décembre 1943. Louis Martin-Chauffier 34 483 Neuengamme 14 Avec le soutien du Ministère de la Défense. (Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives) FMD Réalisation, Suivi & Direction artistique : IWD - http://www.iwd.fr “ Après une attente de quelques heures, les portes des wagons glissèrent enfin. Des S.S. alignés nous attendaient, la schlague au poing. A peine avions-nous sauté, tout engourdis par une immobilité de trois jours, il nous fallait courir, sous une rouée de coups. Malheur à ceux qui tombaient. ” Impression : SYNTHÈSE LIGHT AUGUSTE FAVIER UN NUMÉRO “ 35282 Fünfunddreißig Zweihundertzweiundachtzig. ” “ Vous ne sortirez plus d’ici ; c’est la marque qu’on imprime sur les esclaves et les bestiaux destinés à l’abattoir, et c’est ce que vous êtes devenus. ” Primo Levi 174 517 Auschwitz III- Buna - Monowitz ▲ De la série Les matricules tatoués des camps d'Auschwitz-Birkenau. Début des années 1990. GILLES COHEN Impression : SYNTHÈSE LIGHT “ Mon Dieu, je n’ai plus de vêtements sur moi, Je n’ai plus de chaussures, Je n’ai plus de sac, de portefeuille, de stylo, Je n’ai plus de nom. On m’a étiquetée 35 282 Je n’ai plus de cheveux, Je n’ai plus de mouchoir. Je n’ai plus les photos de Maman et de mes neveux. Je n’ai plus l’anthologie où, chaque jour, dans ma cellule de Fresnes, j’apprenais une poésie. Je n’ai plus rien. Mon crâne, mon corps, mes mains sont nus. ” ▲ Réalisation, Suivi & Direction artistique : IWD - http://www.iwd.fr Catherine Roux 35 282 Ravensbrück Ici il n'y a pas de malade, il y a des vivants ou des morts, et les morts seront aussi à l'appel. 1945. GASTON GENTILLON 15 Avec le soutien du Ministère de la Défense. (Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives) FMD LA TERREUR “C’ est la loi des camps.” “ On est la peste du SS. On n’approche pas de lui, on ne pose pas les yeux sur lui. Il brûle, il aveugle, il pulvérise. ” Robert Antelme 81 474 Buchenwald Où chaque pelletée de terre était mouillée de leurs larmes et de leur sang. Dora, 1945. MAURICE DE LA PINTIERE ▲ ▲ Où la punition pour sabotage était la prison...Ensuite la potence. 1945. MAURICE DE LA PINTIERE “C’est interminable, le bruit de cinquante coups de bâton sur le dos d’un homme. S’il s’arrêtait de compter, les coups s’arrêteraient et recommenceraient à zéro. C’est interminable et cela résonne, cinquante coups de bâton sur le dos d’un homme. ” Charlotte Delbo 31 661 Auschwitz II - Birkenau SS lors de la visite de Himmler à Mauthausen. Avril 1941. ▲ 16a “ (...) Plus redoutée encore que le chevalet était la suspension à un arbre. Comme beaucoup d'autres, cette punition était appliquée arbitrairement. Un homme était surpris, par exemple, en train de fumer en cachette, ou lorsqu'il pénétrait dans un block pendant les heures de travail. Ce supplice était appliqué ainsi : les mains étaient étroitement nouées avec une corde dans le dos du détenu, puis on soulevait le corps et l'on accrochait la corde à un clou planté dans un arbre, à 2 mètres de haut. Les jambes pendaient dans le vide et tout le poids du corps portait sur les articulations pliées en arrière. Le résultat était la luxation de l’articulation de l'épaule dans des souffrances atroces. Les cris, les plaintes, les hurlements faisaient frémir le voisinage.Tant qu'il resta à Buchenwald une certaine étendue boisée, les sous-officiers Hackmann et Sommer avaient coutume de s'y promener et de frapper les victimes sans défense à coups de bâton et de verge sur les pieds, le visage ou les parties sexuelles. Fous de douleur, les malheureux demandaient de l'eau, leur femme, leurs enfants ; ils demandaient que, d'une balle, on mît fin à leur tourment. Ce supplice durait d'une demi-heure à 4 heures. Ceux qui n'en sont pas morts ont presque toujours été rendus infirmes pour la vie (...). ” Eugène Kogon 9 093 Buchenwald Avec le soutien du Ministère de la Défense. (Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives) FMD LA TERREUR ▲ Retour au camp d'Hans-Bonarewitz après une tentative d'évasion. Mise en scène de son exécution. 29-30 juillet 1942. PHOTOGRAPHE SS DU SERVICE DE L'IDENTIFICATION DE MAUTHAUSEN SS posant pour une photo, au second plan des détenus. S.D. ▲ Pavage de la place d’appel par des détenus espagnols. Des officiers SS viennent constater l’avancement des travaux. Mauthausen, hiver 1941-1942. PHOTOGRAPHE SS “ Tous les détenus rassemblés sur la place d’appel vont assister au spectacle. L’évadé est promené sur un chariot par deux déportés de la même nationalité. Un orchestre ouvre la marche sur l’air « j’attendrai le jour et la nuit, j’attendrai toujours ton retour… » Cette promenade rocambolesque terminée, le malheureux arrive au pied de la potence. (…) Il a les pieds entravés. Le bourreau lui passe un nœud coulant autour du cou. D’un coup sec, l’escabeau roule, le corps se balance. Un silence de mort plane au dessus de nos têtes. Tout est fini. ” Daniel Piquée - Audrain 62 978 Mauthausen ▲ ▲ “ Si les SS sont les véritables inspirateurs de la haine, ils trouvent, par la terreur, quelques complices dociles dans des prisonniers qu’ils chargent d’encadrer le camp. ” Manière d'exécution dont les brutes S.S. se délectaient, 7 janvier 1944. Buchenwald. PIERRE MANIA Aimé Bonifas 21 820 Buchenwald 16b Avec le soutien du Ministère de la Défense. (Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives) FMD Réalisation, Suivi & Direction artistique : IWD - http://www.iwd.fr Roger Joly 31 422 Neuengamme Impression : SYNTHÈSE LIGHT “ Ici, la mort vient de partout, des maîtres (les SS) comme des esclaves (Kapo, Blockältester) dès lors qu’ils sont galonnés. Ils gueulent, ils frappent, ils volent la nourriture, ils tuent. Sans raison et sans avoir de comptes à rendre. C’est la loi des camps. ” L’APPEL ” Debout immobiles. Dans la nuit. Dans le froid. Dans le vent…” ▲ “ C'est l'appel.Tous les blocks rendent leurs ombres. Avec des mouvements gourds de froid et de fatigue une foule titube vers la Lagerstrasse (allée principale du camp). La foule s'ordonne par rangs de cinq dans une confusion de cris et de coups. Il faut longtemps pour que se rangent toutes ces ombres qui perdent pied dans le verglas, dans la boue ou dans la neige, toutes ces ombres qui se cherchent et se rapprochent pour être au vent glacé de moindre prise possible. Puis, le silence s'établit. Le cou dans les épaules, le thorax rentré, chacune met ses mains sous les bras de celle qui est devant elle. Au premier rang, elles ne peuvent le faire, on les relaie. Dos contre poitrine, nous nous tenons serrées, et tout en établissant ainsi pour toutes une même circulation, un même réseau sanguin, nous sommes toutes glacées. Anéanties par le froid. Les pieds, qui restent - des extrémités lointaines et séparées, cessent d'exister. Les godasses étaient encore mouillées de la neige ou de la boue d’ hier, de tous les « hier ». Elles ne sèchent jamais. Il faudra rester des heures immobiles dans le froid et dans le vent. Nous ne parlons pas. Les paroles glacent sur nos lèvres. Le froid frappe de stupeur tout un peuple de femmes qui restent debout immobiles. Dans la nuit. Dans le froid. Dans le vent... ” Sur la place d'appel. Buchenwald, février 1944. ▲ Appel à Dachau. s.d. PHOTOGRAHE SS PIERRE MANIA Les Déportés montent à l'appel (portant leurs morts et leurs malades), ils resteront autant de temps qu'il plaira à leurs bourreaux : 3 heures, 4 heures, 5 heures et parfois plus. Beaucoup mouraient ; il était défendu de porter secours à ces derniers. Buchenwald, janvier 1944. ▲ Pendant l'appel interminable, sur tous, symbolique, la flamme du crématorium. Buchenwald, 1945. GASTON GENTILLON Margarete Buber - Neumann 4 208 Ravensbrück PIERRE MANIA 17 Avec le soutien du Ministère de la Défense. (Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives) FMD Réalisation, Suivi & Direction artistique : IWD - http://www.iwd.fr ▲ Charlotte Delbo 31 661 Auschwitz II - Birkenau Les interminables appels de cet hiver étaient à eux seuls un supplice, dont les détenues revenaient les pieds et les mains gelés. Les médecins ne parvenaient pas à faire face aux innombrables amputations rendues nécessaires par ces gelures et les femmes mouraient de gangrène. ” Impression : SYNTHÈSE LIGHT “ LA VIE DANS LES BLOCKS ▲ Le block Block en bois dans le petit camp. De 1000 à 1800 internés vivaient dans une superficie de 25 m sur 8 mètres, 1943. Buchenwald. AUGUSTE FAVIER Un des blocks du camp d’Auschwitz - Birkenau après la libération. Janvier 1945. ▲ “Les blocks brassaient astucieusement dix-sept nationalités. Ainsi nous pouvions difficilement communiquer, et nos différences engendraient des violences perpétuelles. Un block contenait sept cents individus, toujours une nationalité dominante, mais toutes les minorités étaient représentées. ” “ C’est une maison de fous, notre baraque. Rares sont ceux qui savent se dominer. Le moindre incident donne lieu à des querelles violentes, à injures, menaces et outrages. Tous sont devenus extrêmement susceptibles, toujours prêts à s’emporter et à voir en autrui leur ennemi personnel. La méfiance, le soupçon, la mauvaise foi s’introduisent dans tous les cœurs, à faire trembler. ” Pelagia Lewinska 32 292 Auschwitz II - Birkenau Hanna Levy - Hass 4 488 Bergen - Belsen Avec le soutien du Ministère de la Défense. (Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives) Réalisation, Suivi & Direction artistique : IWD - http://www.iwd.fr 18 “ (…) Comment se mouvoir, se vêtir, se déshabiller, manger, dormir, vivre en général dans cet entassement de corps humains, dans ces ténèbres complètes ? (…) Fatiguées, éreintées, notre patience était limitée ; aussi une atmosphère d’énervement régnait-elle toujours dans le block (…) Après une journée de labeur, de pluie, de froid, et de boue, on ne pouvait considérer notre séjour dans la baraque comme un repos, mais comme un nouveau martyre. ” Impression : SYNTHÈSE LIGHT Maurice Braun 77 194 Buchenwald FMD FAIM ET SOIF “ Nous sommes la faim incarnée. ” “ La raison chancelle. La raison est terrassée par la soif. La raison résiste à tout, elle cède à la soif (…) L’angoisse s’empare de tout votre être (…) la bouche est paralysée. (…) Et le regard part à la dérive, c’est le regard de la folie. ” Charlotte Delbo 31 661 Auschwitz II - Birkenau ▲ Où la faim se faisait cruellementsentir au point de ramasser de la soupe tombée à terre. 1945, Dora. “ Toutes les cellules crient famine. On maigrit, on fait des efforts prodigieux, des efforts physiques. On lutte contre le chaud, on lutte contre le froid, on lutte contre les coups, contre la panique sans se nourrir et à ce moment là, la faim c’est quelque chose qui vous envahit totalement, tout, tout, tout on a pas de pensée, on est, on est pas malheureux, on est affamé. ” MAURICE DE LA PINTIERE Henri Borlant 51 055 Auschwitz II - Birkenau ▲ Primo Levi 174 517 Auschwitz III - Buna - Monowitz Impression : SYNTHÈSE LIGHT Réalisation, Suivi & Direction artistique : IWD - http://www.iwd.fr “ Le Lager est la faim : nous-mêmes nous sommes la faim, la faim incarnée. ” Corvée de soupe Particulièrement pénible pour des détenus sans force à cause du poids des bouteillons (75 kgs) et des nombreuses marches que comptait le camp. Cette corvée était à la merci de bandes organisées provoquant les chutes pour recueillir ainsi un surplus de soupe, lapée à même le sol. Natzweiler, 1945. HENRI GAYOT ▲ Déportés malades, affamés, à la libération de Buchenwald. Avril 1945. 19 Avec le soutien du Ministère de la Défense. (Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives) FMD SOUFFRANCE ET DÉSESPOIR “ Le temps qui ne s’écoule pas. ” ▲ Dépression. Buchenwald, 1946. BORIS TASLITZKY Déporté épuisé à la libération du camp. Bergen - Belsen. 17 avril 1945. CAPITAINE EDWARD MALINDINE ( PHOTOGRAPHE DE L’ARMEE BRITANNIQUE ) ▲ Le pire, c'est la faim, Avoir faim, attendre la coulée chaude. Le pire, c'est le froid, Le froid quand on a faim, Le froid des affamés qui tendent l'écuelle Attendant tout du temps, N'attendant rien d'eux-mêmes. Le pire, c'est les coups, Les coups dans les reins. C'est aux reins que les genoux s'articulent. Douleur des coups, des corps sans genoux, Douleur aux reins après deux heures d'appel, Coups au réveil. Le pire c'est savoir Qu'on ne sait pas quand ça finira, Au matin de la libération Où chaque soir du désespoir. Le pire, c'est le voisin Qui tend sa face. Et sous nos yeux s'entrechoquent les dents. Le pire, c'est qu'on marche à reculons Dans des souliers pour 20a Géants, Et que la nature nous coupe l'appétit. Et nous faisons des pas petits petits Comme des enfants Rêvant d'espaces Plus grands Le pire, c'est le pyjama rayé Pour affronter la nuit polaire, Et tout ce que cette étoffe légère Peut garder des seaux d'eau Printanière. Le pire, c'est d'être ici. Le pire, c'est d'y penser. Le pire, c'est d'écouter Le temps qui ne s'écoule pas. Maurice Honel Auschwitz II - Birkenau Avec le soutien du Ministère de la Défense. (Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives) FMD SOUFFRANCE ET DÉSESPOIR “ Ses grands yeux entourés d’un cerne bleuâtre, exprimait la tristesse infinie de l’être qui a compris que, pour lui, il n’existe pas de salut (…). ” Seweryna Szmaglewska 2 209 Auschwitz II - Birkenau “ Ils peuplent ma mémoire de leur présence sans visage, et si je pouvais résumer tout le mal de notre temps en une seule image, je choisirais cette vision qui m’est familière : un homme décharné, le front courbé et les épaules voûtées, dont le visage et les yeux ne reflètent nulle trace de pensée. ” “ (…) On était incapable de penser à quoi que ce soit. Les sens étaient obstrués, tout s’estompait dans un brouillard. On ne se raccrochait plus à rien. L’instinct de conservation, d’auto-défense, l’amour-propre tout avait fui (…) ” Elie Wiesel A 7 713 Auschwitz II - Birkenau ▲ “ On ne connaîtra ni leur nationalité, ni leur nom, ni même leur visage : Les “musulmans” * se ressemblent tous, prostrés, squelettiques, le visage émacié, le regard fixe et la barbe hirsute.” * Terme attribué au détenu épuisé d’une façon irréversible, à bout de forces, voisin de la Maurice Cling A 5 151 Auschwitz I mort. Œdème. Buchenwald, 1945. Primo Levi 174 517 Auschwitz II I Bunamonowitz HENRI PIEK Déportés épuisés à la libération du camp de Vaihingen (Kommando de Natzweiler). Avril 1945. Impression : SYNTHÈSE LIGHT ▲ ▲ Désespoir Buchenwald, 1945. Réalisation, Suivi & Direction artistique : IWD - http://www.iwd.fr “ (…) Ici, dans l’isolement de mon lit de souffrance, dans l’ambiance infernale de ce mouroir j’ai la perception précise d’une impasse sans issue possible sur la vie et mon projet d’y mettre fin prend des formes concrètes : puisqu’il est impensable de garder le moindre espoir de guérison, encore moins de libération, autant mettre une fin brusque à cette lutte absurde. D’autres s’en sortiront peut-être, pour moi il est trop tard, il faut savoir en finir. ” HENRI PIEK Fred Sedel Auschwitz II - Birkenau 20b Avec le soutien du Ministère de la Défense. (Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives) FMD LES AUTRES “ L’amour de l’homme et l’horreur de lui ” “ Si j’ai survécu je le dois, d’abord à coup sûr, au hasard, ensuite à la colère, à la volonté de dévoiler ces crimes et, enfin, à une coalition d’amitiés, car j’avais perdu le désir viscéral de vivre. ” ..forçats tous deux le père protège son fils.. 1945. GASTON GENTILLON ▲ Germaine Tillion 24 588 Ravensbrück ▲ “ Lorsqu’on aidait quelqu’un on devait choisir. Si on a deux bras on aide deux personnes qu’on choisit, on ne peut pas en aider cinq ou même trois. Il faut faire un choix, jamais je ne me pardonnerai d’avoir dû faire ce choix. ” Déportées à la libération de Bergen-Belsen. Avril 1945. Aimé Bonifas 20 801 Buchenwald 21 Impression : SYNTHÈSE LIGHT Déportés se rendant au revier. Buchenwald, 1945. HENRI PIEK “ C’est ici qu’on aura connu les estimes les plus entières et les mépris les plus définitifs, l’amour de l’homme et l’horreur de lui dans une certitude plus totale que jamais ailleurs. ” Réalisation, Suivi & Direction artistique : IWD - http://www.iwd.fr “ Tout ici concourt à avilir l’homme. Le génie démoniaque du régime concentrationnaire nazi est de nous avoir placé en situation, nous ses victimes, de nous haïr les uns les autres. ” ▲ Denise Vernay 46 886 Ravensbrück Robert Antelme 81 474 Buchenwald Avec le soutien du Ministère de la Défense. (Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives) FMD EXPÉRIMENTATIONS Enfants tsiganes castrés lors d'expériences pseudo-médicales. Auschwitz-Birkenau, 1944. Cobayes PHOTOGRAPHE SS ▲ " Un jour, ils m'ont emmenée à l'infirmerie, ils m'ont fait des rayons. Ils sont venus me chercher à midi puis j'ai eu des rayons et j'ai jamais eu d'enfants. Et je ne suis pas la seule." Emma Bruchard 43 052 Ravensbrück “ Je me rappelle la petite Dagmar. Elle était née à Auschwitz en 1944 de mère autrichienne et j'avais aidé à la mettre au monde. Elle est morte après que Mengele lui eut fait des injections dans les yeux pour essayer d'en changer la couleur. La petite Dagmar devait avoir des yeux bleus !... ” Ella Lingens Auschwitz I ▲ Expériences menées sur un détenu sur la résistance du corps humain aux basses pressions. Dachau, mars-août 1942. ▲ Réalisation, Suivi & Direction artistique : IWD - http://www.iwd.fr Impression : SYNTHÈSE LIGHT PHOTOGRAPHE SS Déportée sur laquelle ont été effectuées des expériences pseudo-médicales. Ravensbrück, 1944. 22 Avec le soutien du Ministère de la Défense. (Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives) FMD L’INFIRMERIE “ Le Revier ” “ Le Revier c’était l’antichambre de la mort. À tout prix, il fallait éviter d’y entrer. ” Jean - Claude Dumoulin 62 357 Buchenwald ▲ Déportés malades à la libération d’Auschwitz - Birkenau. Janvier 1945. “ L’entrée du Revier, les couloirs sont jonchés de squelettes vivants, aux yeux fous ou déjà vitreux, amenés là sur des civières. ” Déportée française non identifiée Ravensbrück ▲ Les malades se rendant au revier. Dora, 1945. ▲ MAURICE DE LA PINTIERE Dans le revier. Buchenwald, 1945. HENRI PIEK Réalisation, Suivi & Direction artistique : IWD - http://www.iwd.fr Impression : SYNTHÈSE LIGHT “ La salle est relativement petite et indescriptible de puanteur et de saleté. Même plus de lits ; seulement deux planches superposées et en pente garnies de paille de bois. Ceux qui ont la colique sont avec les faibles. Ils ne prennent même pas la peine de se lever pour se soulager, et les fenêtre sont closes. Les cadavres sont précipités du premier étage sur le plancher. Dans l’obscurité absolue, on marche dessus ; un cauchemar. ” Etienne Lafond 76 820 Dora - Ellrich 23 Avec le soutien du Ministère de la Défense. (Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives) FMD LE TRAVAIL FORCÉ Un esclavage Déportés du camp d’Auschwitz - Birkenau, travail forcé. s.d. PHOTOGRAPHE SS “ Je me souviens de Königsgraben (les carrières du roi), peut-être un des pires Kommandos * (…) Nous transportions de la terre dans une sorte de brouette sans roues, un peu comme une chaise à porteurs, un devant, un derrière. Il fallait courir. Souvent la charge dépassait nos forces : un gars tombait. Alors le Kapo frappait, non pas l’homme à terre, mais le coéquipier plus costaud et encore debout, pour le monter contre son camarade moins solide. Parfois la manœuvre réussissait (…) Dans ce Kommando, nous ne rapportions pas à dos d’homme les morts et les blessés au camp. Ils étaient trop nombreux. Un camion venait les ramasser pêle-mêle. ” * Équipe de travail affectée à une tâche particulière et par extension camp annexe. ▲ Déportés juifs, travail forcé Buchenwald, 1945. HENRI PIEK Moshé Garbarz 48 950 Auschwitz II - Birkenau 24a Avec le soutien du Ministère de la Défense. (Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives) FMD LE TRAVAIL FORCÉ Les détenus de la compagnie disciplinaire dans l’escalier de la carrière. Mauthausen, 1941. ▲ PHOTOGRAPHE SS “ (…) les traverses sont encastrées dans le sol et pèsent quatre-vingt kilos, ce qui représente à peu près la limite de nos forces. Les plus robustes d’entre nous, en s’y mettant à deux pourront transporter des traverses pendant plusieurs heures ; pour moi, c’est une torture, le poids me scie en deux la clavicule ; au bout du premier voyage je suis sourd et presque aveugle tant l’effort est violent, et je serais prêt aux pires bassesses pour échapper au second. ” Léon E. Halkin B. 82 134 Gross - Rosen Primo Levi 174 517 Auschwitz III - Buna - Monowitz 24b Où, douze heures durant, il fallait lutter contre les éléments déchainés. 1945, Dora. MAURICE DE LA PINTIERE Impression : SYNTHÈSE LIGHT “ J’ai appris qu’il existait un travail mécanique, inintelligent et monotone, conçu pour des automates vivant de leur propre rythme. Peu à peu, ce travail a agi sur moi à la manière d’un stupéfiant, mon cerveau s’est vidé de toute pensée. J’ai oublié même ma fatigue qui faisait de moi une bête de somme. Peu à peu, je me sentis devenir une machine (…) Dans le camp comme dans les colonies, les esclaves remplacent les chevaux et les camions (…) Ils sont la lie de la terre. ” ” Réalisation, Suivi & Direction artistique : IWD - http://www.iwd.fr Dermastja - Som Franc 102 246 Dachau ▲ Travail “ Toute la nuit nous avons travaillé le matin, nous ressemblions à des cadavres. Mais sommes-nous des faibles, sommes nous des cadavres ? Sur nous il n’y a ni chair ni peau, Il n'y a plus que des os, sur tous ces os pend le rayé. Toute la nuit nous avons travaillé, et nous n’avons rien mangé. Une telle vie le diable, tout au plus, la prendra. Non ! Lève la tête ! Sur nous il n’y a ni chair ni peau : Il n’y a plus que des os, tous ces os Sont des poings ! Avec le soutien du Ministère de la Défense. (Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives) FMD LA MORT “ La mort, nous l’avons vécue. ” “ (…) Les oreilles des malchanceux frissonnaient à l’énoncé de Dora, usine souterraine, avec des tunnels sans fin, des mines qui explosent sans souci des hommes, des hécatombes de détenus sous le règne des « verts » en les expédiant à Dora où on envoyait tous ceux dont on voulait se débarrasser. Nul n’en revenait vivant.Tous les jours un camion revenait le soir de Dora, chargé de cadavres. Dora ?… dans nos têtes, passait une vision de l’enfer (…). ” André Pontoizeau 38 475 Buchenwald - Dora ▲ Dans cette cour, il y a eu jusqu'à 1500 morts à pourrir au soleil. Buchenwald, février 1945. AUGUSTE FAVIER “ Mon frère est mort ! Mon frère est mort ! C’est un hollandais qui hurle, les yeux fous, l’air absent, en tenant dans ses mains la tête violacée de son frère qui vient de mourir à côté de lui, asphyxié… C’est affreux, je n’ose pas regarder, il me semble que je vais devenir fou. (…) ” Georges Fully 77 730 Dachau 25a ▲ “ (…) La mort n’est pas une chose que nous aurions frôlée, côtoyée, dont nous aurions réchappé comme d’un accident dont on serait sorti indemne. Nous l’avons vécue… Nous ne sommes pas des rescapés, mais des revenants (…). ” Cadavres de détenus. Bergen - Belsen, 17 avril 1945. PHOTOGRAPHE DE L’ARMEE BRITANNIQUE Jorge Semprun 44 904 Buchenwald Avec le soutien du Ministère de la Défense. (Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives) FMD LA MORT La charrette aux morts. Ravensbrück. ▲ FRANCE AUDOUL “ (…) On trouve des morts dans tous les coins : sur la place d’appel, dans les blocks, aux cabinets, dans le couloir du Revier. Partout les vivants doivent écarter les morts pour reprendre leur place. On ne lutte plus tant pour la vie que contre la mort, contre les morts, contre l’invasion du camp par la mort. Et cela, quotidiennement. ” Aimé Bonifas 20 801 Buchenwald “ Nous périrons ici. Nous mourrons ici. Personne. Personne ne sortira d’ici. Ce n’est pas le purgatoire, c’est l’enfer. Nous sommes en enfer. ” Seweryna Szmaglewska 22 090 Auschwitz II - Birkenau ▲ Impression : SYNTHÈSE LIGHT Cadavres de déportés à la libération d’Auschwitz - Birkenau. Janvier 1945. Réalisation, Suivi & Direction artistique : IWD - http://www.iwd.fr “ Nous sommes deux par lit et je me trouve avec un camarade allemand très malade (…). Il meurt et je reste deux jours à côté du cadavre afin d’avoir sa soupe et son pain, que je partage avec d’autres français. ” André Franquet 58 651 Sachsenhausen 25b Avec le soutien du Ministère de la Défense. (Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives) FMD RÉSISTANCES “ Il ne faut pas mourir. ” “ Il ne faut pas mourir (…) chaque mort est une victoire du SS. ” Robert Antelme 81 474 Buchenwald “ (…) Aussi est-ce pour nous un devoir envers nous-même que (…) de nous tenir droits et de ne pas traîner nos sabots, non pas pour rendre hommage à la discipline prussienne, mais pour rester vivants, pour ne pas commencer à mourir. (…) ” Primo Levi 174 517 Auschwitz III - Buna - Monowitz “ Melk (Kommando du camp de Mauthausen), chaque dimanche matin, l’abbé Varnoux disait la messe devant quelques fidèles pendant qu’à la porte du baraquement des militants communistes faisaient le guet. La messe terminée, au même endroit, se tenait la réunion des responsables du parti communiste clandestin du camp, sous la garde des catholiques qui venaient de prier. ” ▲ Émile Chevalier. Buchenwald. 31 décembre 1944. BORIS TASLITZKY Raymond Hallery 62 521 Mauthausen 26a Avec le soutien du Ministère de la Défense. (Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives) FMD RÉSISTANCES Déporté extenué. Buchenwald, 1945. ▲ HENRI PIEK ▲ Armes de l'organisation clandestine de résistance de Buchenwald. s.d. “ Quelques coups de feu crépitent, mais la compagnie de choc atteint son objectif : la porte, le Bunker, les locaux administratifs sont investis. Les SS surpris, en proie à la panique, décampent à toute vitesse (…). Une joie intérieure bienfaisante, riche d’espoir fait vibrer tous nos combattants. Libres, nous sommes libres ! ” ▲ Objets divers de la résistance clandestine de Buchenwald. Alexander Petchersky, officier juif soviétique, organisateur de l’insurrection du centre d’extermination de Sobibor le 14 octobre 1943. 26b Yehuda Lerner Sobibor Avec le soutien du Ministère de la Défense. (Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives) FMD Réalisation, Suivi & Direction artistique : IWD - http://www.iwd.fr ▲ “ Un homme qui veut vivre… Un homme qui veut vivre, pour lui rien n’est difficile. Quand j’ai vu que dans ces camps, dans ces conditions, ça n’était plus vivre, je me suis dit : Je n’ai plus rien à perdre. Tout vaut mieux, essayer n’importe quoi, plus que d’être dans ces conditions de non-vie (…) Nous avions fixé l’heure de la révolte dans l’ensemble du camp pour le 14 octobre, à seize heures (…) Le plan était de tuer les seize allemands qui se trouvaient dans le camp (…) ” Impression : SYNTHÈSE LIGHT Simon Lagunas 20 076 Buchenwald LA DESTRUCTION DES JUIFS D’EUROPE Sélection à l’arrivée ▲ Arrivée d'un convoi de déportés juifs hongrois à Auschwitz - Birkenau, sélection sur la rampe. Fin mai - début juin 1944. PHOTOGRAPHE SS DU SERVICE D’IDENTIFICATION D'AUSCHWITZ “ (…) Ma mère me lâche. Nous nous regardons, yeux dans les yeux, profondément, en silence. Nous sommes séparées (…). Nous ne nous sommes pas dit aurevoir, nous ne nous sommes pas embrassées. Je n’ai jamais revu ma mère ! ” ▲ Femmes et enfants juifs Hongrois jugés "improductifs", après la sélection sur la rampe d'Auschwitz-Birkenau, se dirigeant vers les chambres à gaz et les crématoires. Eva Tichauer 20 832 Auschwitz II - Birkenau Fin mai - début juin 1944. PHOTOGRAPHE SS “ On nous mit dans un baraquement spécial, et là-bas, cette nuit là fut pour tous la plus horrible des nuits, à cause du souvenir de tout ce qui avait été vécu et partagé : joies, bonheur, naissances, mariages, tout le reste… Et soudain, en une seconde, couper dans tout cela, pour rien sans raison, car les gens n’étaient coupables de rien, que d’être juifs. ” Abraham Bomba Rescapé du Sonderkommando* Treblinka Abraham Bomba Rescapé du Sonderkommando* Treblinka Première nuit à Treblinka 27 Impression : SYNTHÈSE LIGHT Auschwitz Belzec Chelmno Maïdanek Sobibor Treblinka “ C’est alors que avons commencé à travailler en ce lieu qu’ils appelaient Treblinka. Et pourtant, je ne pouvais croire à ce qui s’était passé de l’autre côté de la porte, là où les gens avaient disparu et où tout était devenu silencieux. Mais très vite, en interrogeant ceux qui travaillaient déjà là, nous avons compris. “ Quoi ! Vous ne savez donc pas ? Ils sont tous gazés, tous morts ! » Nous ne pouvions prononcer une parole : nous étions pétrifiés. ” Photos tirées de l'Album d'Auschwitz réalisé entre fin mai et début juin 1944. Il réunit 193 photographies, retraçant l’arrivée de déportés juifs hongrois, leur descente du train, puis leur sélection. Les photos ont été probablement prises par plusieurs photographes SS. Au début de mai 1945, près du camp de Dora, l’album fut retrouvé par une rescapée juive hongroise du nom de Lili Jacob. * Sonderkommando : Équipe de détenus travaillant dans les chambres à gaz ou les crématoires. ▲ Femmes et enfants jugés "improductifs", après la sélection sur la rampe d'AuschwitzBirkenau, attendant à proximité des chambres à gaz et des crématoires. Fin mai - début juin 1944. PHOTOGRAPHE SS D'AUSCHWITZ Avec le soutien du Ministère de la Défense. (Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives) FMD Réalisation, Suivi & Direction artistique : IWD - http://www.iwd.fr DU SERVICE D’IDENTIFICATION D'AUSCHWITZ LA DESTRUCTION DES JUIFS D’EUROPE “ Ceux qui iront à la chambre à gaz. ” ▲ Construction du crématoire II Auschwitz Belzec Chelmno Maïdanek Sobibor Treblinka d'Auschwitz-Birkenau. 1943. PHOTOGRAPHE SS 27 janvier 1944 (…) : L’après-midi de cette journée affreuse se passe dans une ambiance étouffante. Je reste recroquevillé dans mon lit et j’évite de rencontrer les regards de ceux qui sont inscrits pour mourir. (…). ” Fred Sedel Auschwitz II - Birkenau 28 PHOTOGRAPHE SS uhn remercie Dieu de n’avoir pas été choisi. Kuhn est fou. Est-ce qu’il ne voit pas, dans la couchette voisine, Beppo le Grec qui a vingt ans, et qui partira aprèsdemain à la chambre à gaz, qui le sait, et qui reste allongé à regarder l’ampoule, sans rien dire et sans plus penser à rien ? Est-ce qu’il ne sait pas, Kuhn que la prochaine fois ce sera son tour ? “K Est-ce qu’il ne comprend pas que ce qui a eu lieu aujourd’hui est une abomination qu’aucune prière propitiatoire, aucun pardon, aucune expiation des coupables, rien enfin de ce que l’homme a le pouvoir de faire ne pourra jamais plus réparer. ” Primo Levi 174 517 Auschwitz III - Buna - Monowitz Avec le soutien du Ministère de la Défense. (Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives) FMD Impression : SYNTHÈSE LIGHT Toute la scène n’a pas duré une heure. La plupart des inscrits sont hébétés, ne parlent pas, ne bougent pas. Assis sur leurs grabats ils ont l’air perdu dans un rêve lointain, détachés de tout. Les plus jeunes pleurent honteusement, cachés sous leurs couvertures (…). ▲ Crématoire V. Auschwitz-Birkenau, 1943 - 1944. Réalisation, Suivi & Direction artistique : IWD - http://www.iwd.fr “ Le « médecin » jauge du regard les hommes qui défilent, d’un regard qui n’exprime que morgue et mépris. A chaque malade qui passe il fait signe de l’index tendu, sans décoller le coude du corps, en déplaçant simplement le doigt à gauche ou à droite. A gauche vont ceux qui auront la vie sauve, à droite les condamnés à mort, ceux qui iront à la chambre à gaz. ( …) LA DESTRUCTION DES JUIFS D’EUROPE Mort industrialisée “ Avec cinq ou six boîtes de gaz, ils tuaient deux mille personnes. Pologne, 1942. PHOTOGRAPHE SS Filip Müller 29 236 Auschwitz II - Birkenau Rescapé du Sonderkommando ▲ Crémation des corps des détenus gazés dans des fosses d'incinération à l'air libre. Photographie réalisée clandestinement depuis l'intérieur de la chambre à gaz nord du crématoire V de Birkenau. Août 1944. 29 Auschwitz Belzec Chelmno Maïdanek Sobibor Treblinka ” Avec le soutien du Ministère de la Défense. (Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives) FMD Impression : SYNTHÈSE LIGHT à gaz de Chelmno. Réalisation, Suivi & Direction artistique : IWD - http://www.iwd.fr ▲ Juifs dans un des camions Les « désinfecteurs » arrivaient dans un véhicule marqué d’une croix rouge et escortaient les colonnes pour leur faire croire qu’ils les accompagnaient au bain. Mais en réalité, la Croix-Rouge n’était qu’un leurre ; elle camouflait les boîtes de zyklon et les marteaux pour les ouvrir. La mort par gaz durait de dix à quinze minutes. Le moment le plus affreux était l’ouverture de la chambre à gaz, cette vision insoutenable : les gens, pressés comme du basalte, blocs compacts de pierre. Comment ils s’écroulaient hors des chambres à gaz ! Plusieurs fois j’ai vu cela. Et c’était le plus dur de tout. A cela on ne s'y faisait jamais. C’était impossible (…) C’était un non sens de dire la vérité à quiconque franchissait le seuil du crématoire. Là, on ne pouvait sauver personne. Là, il était trop tard. LES ÉVACUATIONS “ Si je tombe, une rafale. ” ▲ Déportés de Dachau évacués vers Wolfratshausen à l'approche des troupes alliées. Avril 1945. PHOTOGRAPHIE CLANDESTINE Déportés de Dachau évacués à pieds à l'approche des troupes alliées. Avril 1945. PHOTOGRAPHIE CLANDESTINE ▲ “ Si je m’arrête, des coups. Si je tombe, une rafale. Ça peut aller très vite. ” LEON DELARBRE “ Ce fut notre première marche de la mort . Parmi ces milliers d’hommes, de tous âges, de toutes nationalités, affaiblis par des mois ou des années de mauvais traitements, de sous - alimentation, de coups, d’humiliations, beaucoup ne purent supporter ces nouvelles épreuves ; ils s’arrêtaient ou tombaient sur la route et étaient immédiatement achevés d’une balle dans la tête. ” Impression : SYNTHÈSE LIGHT Le transport de Dora à Bergen : cinq jours et quatre nuits dans la pluie et le froid. Nous étions cent par wagon, sans toit, sans nourriture, sans eau et presque sans vêtements. Avril 1945. Réalisation, Suivi & Direction artistique : IWD - http://www.iwd.fr ▲ Robert Antelme 81 474 Buchenwald François Perrot 21 189 Buchenwald 30 Avec le soutien du Ministère de la Défense. (Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives) FMD LA LIBÉRATION Déportés morts avant Libres ▲ “ (…) À peine arrivées sur la route, nous voyons défiler, dans un tourbillon de poussière et un bruit infernal, des tanks auxquels nous ne prêtons d’abord aucune intention. Mais j’entends bientôt des cris, quelques-unes d’entre nous se mettent à pleurer. Qu’est- ce donc ? J’aperçois alors sur ces tanks en marche, un petit point blanc, grandissant à mesure qu’il approche… c’est l’étoile américaine. Dans un transport de joie indescriptible, nous saluons alors ces soldats qui nous ont délivrées. Mais l’émotion nous étouffe et nous fait éclater en sanglots. (…). ” Nadine Heftler A 7128 Auschwitz - Birkenau Libérée sur la route le 2 mai 1945 près de Ludwiglust (dans la région de Ravensbrück) Déportés du camp d’Allach, Kommando de Dachau, à la libération du camp par les troupes Américaines. 30 avril 1945. PHOTOGRAPHE DE L’ARMEE AMERICAINE ▲ ▲ Déportés du "camp russe" de Mauthausen à la libération. Entre le 5 et 10 mai 1945. PHOTOGRAPHE INCONNU Impression : SYNTHÈSE LIGHT “ Comment décrire ce que l'on ressent lorsqu'on découvre une immense grange brûlée contenant les corps carbonisés de plus de 1 000 prisonniers enfermés et brûlés vifs par les SS. Pas moyen de combattre le feu. Nous ne pouvions plus que marcher parmi les cadavres calcinés, figés dans une dernière attitude d'agonie. Les autres ont été tués par balles alors qu'ils tentaient d'échapper au feu. Comment pourrions nous être sûrs que les autres nous comprendront alors que nous avons tant de difficultés à comprendre nousmêmes ? Trop de questions et trop peu de réponses. Participer à la libération d'êtres à demi-vivant, tenant à peine debout tant leur état était pitoyable - au point qu'on aurait envie de s'enfuir - est quelque chose d'indéfinissable. Nos esprits ne pouvaient pas croire ce que nos yeux voyaient. ” l'arrivée des troupes américaines, Nordhausen, 1945. 31 Réalisation, Suivi & Direction artistique : IWD - http://www.iwd.fr En avril 1945, Chuck Ferree fut affecté au quartier général de la septième armée. Avec 11 autres pilotes de chasse, il eut la tâche de piloter des officiers du quartier général vers les camps de concentration au fur et à mesure que ceux-ci étaient libérés. Chuck Ferree est entré dans de nombreux camps de concentration dans les heures ou les jours qui suivirent leur libération. Parmi ces camps, il y avait Buchenwald, Dachau, Bergen-Belsen et Mauthausen ainsi que de nombreux camps auxiliaires. Chuck Ferree avait le titre officiel américain de "Libérateur", titre ne s'appliquant qu'aux soldats alliés entrés dans un camp de concentration dans les 24 heures ayant suivi sa libération. Avec le soutien du Ministère de la Défense. (Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives) FMD LE RETOUR “Un monde auquel il n’appartient plus.” “ Émotion de revoir nos amis, mais je suis si loin, trop lucide, comme un mort qui reviendrait pour voir profondément, sans rien pouvoir s’éviter, un monde auquel il n’appartient plus. ” Marie - José Chombart de Lauwe 21 706 Ravensbrück Déportée retrouvant sa famille. Paris, 1945. ▲ ▲ Déportée malade rapatriée en France. 1945. “ (…) On arrive à l’hôtel Lutétia, centre d’accueil et de contrôle des déportés. La vaste entrée de la résidence est obstruée par une masse de femmes qui brandissent des photos, hurlent des noms. Ce sont les épouses, les amies, les mères de déportés, qui espèrent trouver parmi les arrivants des témoins de la vie ou de la mort de ceux qui ne sont pas revenus (…) ” Charlotte Delbo 31 661 Auschwitz II - Birkenau Odette Abadi A 5 598 Auschwitz 32 Avec le soutien du Ministère de la Défense. (Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives) FMD Réalisation, Suivi & Direction artistique : IWD - http://www.iwd.fr Je ne crois pas à la vie éternelle, je ne crois pas qu’elles vivent dans un au-delà où je les rejoins la nuit. Non. Je les revois dans leur agonie, je les revois comme elles étaient avant de mourir, comme elles sont demeurées en moi. Et quand revient le jour, je suis triste. ” Impression : SYNTHÈSE LIGHT “ Je ne suis pas vivante. Je suis enfermée dans des souvenirs et des redites. Je dors mal et l’insomnie ne me pèse pas. La nuit, j’ai le droit de ne pas être vivante. J’ai le droit de ne pas faire semblant. Je retrouve les autres. Je suis au milieu d’elles, l’une d’elles. Elles sont comme moi, muettes et dépourvues. Crime contre l'humanité Responsables nazis au procès de Nuremberg, 20 novembre 1945 - 1er octobre 1946. “ (…) Comme vous et moi, les responsables d’Auschwitz avaient des narines, une bouche, une voix, une raison humaine, ils pouvaient s'unir, avoir des enfants ; comme les Pyramides ou l’Acropole, Auschwitz est le fait, est le signe de l’homme. L’image de l’homme est inséparable, désormais, d’une chambre à gaz (…) ” Georges Bataille - 1947 Le crime contre l’humanité Art. 212-1 1994 du Code Pénal français: La déportation, la réduction en esclavage ou la pratique massive et systématique d'exécutions sommaires, d'enlèvements de personnes suivies de leur disparition, de la torture ou d'actes inhumains, inspirées par des motifs politiques, philosophiques, raciaux ou religieux et organisées en exécution d'un plan concerté à l'encontre d'un groupe de population civile sont punies de la réclusion criminelle à perpétuité. Accord de Londres portant statut du Tribunal de Nuremberg (8 août 1945) Article 6 Le Tribunal (..), sera compétent pour juger et punir toutes personnes qui, agissant pour le compte des pays européens de l'Axe, auront commis, individuellement ou à titre de membres d'organisations, l'un quelconque des crimes suivants (…) : “ UN PAS VERS LA COUR PÉNALE INTERNATIONALE…” Statut de Rome de la Cour Pénale Internationale (17 juillet 1998) Article 29 Impression : SYNTHÈSE LIGHT COMMENCEMENT POUR UNE JUSTICE INTERNATIONALE… » IMPRESCRIPTIBILITÉ Les crimes relevant de la compétence de la Cour ne se prescrivent pas. Réalisation, Suivi & Direction artistique : IWD - http://www.iwd.fr « LE a. Les crimes contre la paix : (…) b. Les crimes de guerre : (…) c. Les crimes contre l'humanité : (…) 33 Avec le soutien du Ministère de la Défense. (Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives) FMD