La déportation dans les camps nazis

Transcription

La déportation dans les camps nazis
La déportation
dans les camps nazis
omment parler de la déportation ? (...) Tout était pire que ce
que nous pouvons raconter. Les
mots ne rendent qu'une partie de la
réalité. Ils ne rendent pas compte de la
durée du temps écoulé car dans les
camps les plus durs on se demandait
chaque soir si on aurait la force de
revivre le lendemain. (...) Les mots
peuvent-ils réellement montrer l'inconcevable ? Pourtant il nous faut témoigner et témoigner encore. ”
C
“ Nous pouvions percevoir, de nos
propres yeux, la signification profonde
de l’être humain : ils arrivaient là,
hommes, femmes, enfants, tous innocents… disparaissaient soudain… et le
monde était muet ! Nous nous sentions
abandonnés. Du monde, de l’humanité.
Et c’est précisément dans ces circonstances que nous comprenions mieux ce
que représentait la possibilité de
survivre. Car nous mesurions le prix
infini de la vie humaine.
Et nous étions convaincus que l’espoir
demeure en l’homme aussi longtemps
qu’il vit. Il ne faut jamais, tant qu’on vit,
abdiquer l’espoir.
Et c’est ainsi que nous avons lutté dans
notre vie si dure, de jour en jour, de
semaine en semaine, de mois en mois,
d’année en année.Avec l’espoir que nous
réussirons peut-être, contre tout espoir,
à échapper à cet enfer. ”
12
Avec le soutien du Ministère de la Défense.
(Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives)
Réalisation, Suivi & Direction artistique : IWD - http://www.iwd.fr
Filip Müller 29 236
Auschwitz II - Birkenau
Impression : SYNTHÈSE LIGHT
Marie-Claude Vaillant-Couturier 47 987
Ravensbrück
FMD
VERS LES CAMPS
“ Plus de 110 par wagon. ”
“ Le voyage dure
4 jours (…)
J’ai vu des gens devenir
fous, j’ai vu des gens
boire leur urine.
C’est difficile à décrire,
c’est même
indescriptible (…). ”
Sylvain Caen 12 365
Dachau
▲
Le chemin de la mort :
de Compiègne
à Buchenwald.
Juin 1945.
MAURICE DE LA PINTIERE
▲ Transport des déportés
de France en Allemagne,
de 110 à 140 par wagon,
16 décembre 1943.
Impression : SYNTHÈSE LIGHT
AUGUSTE FAVIER
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“ (…) C’était la suffocation
parce qu’il faisait très chaud,
c’était les odeurs, (…) des
gens âgés qui commençaient
à être malades, des gens qui
avaient des crises de nerf,
des bébés qui pleuraient.
On tentait de temps en
temps de mettre le nez
dehors pour essayer de voir
ce qui se passait ou respirer
un peu d’air. ”
Jacqueline Brin A 8 596
Auschwitz
13
Avec le soutien du Ministère de la Défense.
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FMD
L’ARRIVÉE
“ Arbeit macht frei. ”
▲
La rampe
d'Auschwitz - Birkenau.
1998.
CLAIRE DURIEZ
▲
“ (…) Nous tombons
sur la voie.
Tout le transport
est déjà descendu.
Une humanité
sale, épuisée. ”
Grille d'entrée du
camp de Dachau.
“ Arbeit macht frei ”
(Le travail rend libre).
s.d.
▲
Odette Abadi 58 963
Auschwitz
Arrivée à Buchenwald
Débarquement sous
les projecteurs, sans
chaussures et souvent
sans vêtements,
dans la neige par -25 °
de froid. 6 décembre 1943.
Louis Martin-Chauffier 34 483
Neuengamme
14
Avec le soutien du Ministère de la Défense.
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FMD
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“ Après une attente de
quelques heures, les portes
des wagons glissèrent enfin.
Des S.S. alignés nous
attendaient, la schlague au
poing. A peine avions-nous
sauté, tout engourdis par une
immobilité de trois jours,
il nous fallait courir, sous une
rouée de coups. Malheur à
ceux qui tombaient. ”
Impression : SYNTHÈSE LIGHT
AUGUSTE FAVIER
UN NUMÉRO
“ 35282
Fünfunddreißig Zweihundertzweiundachtzig. ”
“ Vous ne sortirez plus
d’ici ; c’est la marque
qu’on imprime sur les
esclaves et les bestiaux
destinés à l’abattoir,
et c’est ce que vous
êtes devenus. ”
Primo Levi 174 517
Auschwitz III- Buna - Monowitz
▲
De la série Les matricules
tatoués des camps
d'Auschwitz-Birkenau.
Début des années 1990.
GILLES COHEN
Impression : SYNTHÈSE LIGHT
“ Mon Dieu,
je n’ai plus de vêtements sur moi,
Je n’ai plus de chaussures,
Je n’ai plus de sac, de portefeuille, de stylo,
Je n’ai plus de nom.
On m’a étiquetée 35 282
Je n’ai plus de cheveux,
Je n’ai plus de mouchoir.
Je n’ai plus les photos de Maman et de mes neveux.
Je n’ai plus l’anthologie où, chaque jour,
dans ma cellule de Fresnes, j’apprenais une poésie.
Je n’ai plus rien.
Mon crâne, mon corps, mes mains sont nus. ”
▲
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Catherine Roux 35 282
Ravensbrück
Ici il n'y a pas de malade, il y a
des vivants ou des morts, et les
morts seront aussi à l'appel.
1945.
GASTON GENTILLON
15
Avec le soutien du Ministère de la Défense.
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FMD
LA TERREUR
“C’ est la loi des camps.”
“ On est la peste du SS.
On n’approche pas de lui,
on ne pose pas les yeux sur lui.
Il brûle, il aveugle, il pulvérise. ”
Robert Antelme 81 474
Buchenwald
Où chaque pelletée de terre
était mouillée de leurs
larmes et de leur sang.
Dora, 1945.
MAURICE DE LA PINTIERE
▲
▲
Où la punition pour
sabotage était la
prison...Ensuite la potence.
1945.
MAURICE DE LA PINTIERE
“C’est interminable,
le bruit de cinquante coups de bâton
sur le dos d’un homme.
S’il s’arrêtait de compter, les coups
s’arrêteraient et recommenceraient à zéro.
C’est interminable et cela résonne,
cinquante coups de bâton sur le dos
d’un homme. ”
Charlotte Delbo
31 661
Auschwitz II - Birkenau
SS lors de la visite de
Himmler à Mauthausen.
Avril 1941.
▲
16a
“ (...) Plus redoutée encore que le
chevalet était la suspension à un
arbre. Comme beaucoup d'autres,
cette punition était appliquée arbitrairement. Un homme était surpris, par
exemple, en train de fumer en
cachette, ou lorsqu'il pénétrait dans
un block pendant les heures de
travail. Ce supplice était appliqué
ainsi : les mains étaient étroitement
nouées avec une corde dans le dos du
détenu, puis on soulevait le corps et
l'on accrochait la corde à un clou
planté dans un arbre, à 2 mètres de
haut. Les jambes pendaient dans le
vide et tout le poids du corps portait
sur les articulations pliées en arrière.
Le résultat était la luxation de l’articulation de l'épaule dans des souffrances atroces. Les cris, les plaintes,
les hurlements faisaient frémir le
voisinage.Tant qu'il resta à
Buchenwald une certaine étendue
boisée, les sous-officiers Hackmann et
Sommer avaient coutume de s'y
promener et de frapper les victimes
sans défense à coups de bâton et de
verge sur les pieds, le visage ou les
parties sexuelles. Fous de douleur, les
malheureux demandaient de l'eau,
leur femme, leurs enfants ; ils demandaient que, d'une balle, on mît fin à
leur tourment.
Ce supplice durait d'une demi-heure à
4 heures. Ceux qui n'en sont pas
morts ont presque toujours été
rendus infirmes pour la vie (...). ”
Eugène Kogon 9 093
Buchenwald
Avec le soutien du Ministère de la Défense.
(Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives)
FMD
LA TERREUR
▲
Retour au camp
d'Hans-Bonarewitz après
une tentative d'évasion.
Mise en scène de son
exécution.
29-30 juillet 1942.
PHOTOGRAPHE SS DU SERVICE DE
L'IDENTIFICATION DE MAUTHAUSEN
SS posant pour une photo,
au second plan des détenus.
S.D.
▲
Pavage de la place d’appel
par des détenus espagnols.
Des officiers SS viennent constater l’avancement
des travaux.
Mauthausen, hiver 1941-1942.
PHOTOGRAPHE SS
“ Tous les détenus rassemblés sur la
place d’appel vont assister au spectacle. L’évadé est promené sur un
chariot par deux déportés de la
même nationalité. Un orchestre
ouvre la marche sur l’air « j’attendrai le jour et la nuit, j’attendrai
toujours ton retour… »
Cette promenade rocambolesque
terminée, le malheureux arrive au
pied de la potence. (…)
Il a les pieds entravés. Le bourreau
lui passe un nœud coulant autour
du cou. D’un coup sec, l’escabeau
roule, le corps se balance.
Un silence de mort plane au dessus
de nos têtes. Tout est fini. ”
Daniel Piquée - Audrain 62 978
Mauthausen
▲
▲
“ Si les SS sont les véritables inspirateurs de
la haine, ils trouvent, par la terreur, quelques
complices dociles dans des prisonniers qu’ils
chargent d’encadrer le camp. ”
Manière d'exécution
dont les brutes S.S.
se délectaient,
7 janvier 1944.
Buchenwald.
PIERRE MANIA
Aimé Bonifas 21 820
Buchenwald
16b
Avec le soutien du Ministère de la Défense.
(Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives)
FMD
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Roger Joly 31 422
Neuengamme
Impression : SYNTHÈSE LIGHT
“ Ici, la mort vient de partout,
des maîtres (les SS) comme des
esclaves (Kapo, Blockältester)
dès lors qu’ils sont galonnés.
Ils gueulent, ils frappent, ils volent
la nourriture, ils tuent. Sans raison
et sans avoir de comptes à rendre.
C’est la loi des camps. ”
L’APPEL
” Debout immobiles.
Dans la nuit. Dans le froid. Dans le vent…”
▲
“ C'est l'appel.Tous les blocks rendent leurs
ombres. Avec des mouvements gourds de froid
et de fatigue une foule titube vers la Lagerstrasse
(allée principale du camp). La foule s'ordonne
par rangs de cinq dans une confusion de cris et
de coups. Il faut longtemps pour que se rangent
toutes ces ombres qui perdent pied dans le
verglas, dans la boue ou dans la neige, toutes ces
ombres qui se cherchent et se rapprochent pour
être au vent glacé de moindre prise possible.
Puis, le silence s'établit.
Le cou dans les épaules, le thorax rentré,
chacune met ses mains sous les bras de celle qui
est devant elle. Au premier rang, elles ne
peuvent le faire, on les relaie. Dos contre
poitrine, nous nous tenons serrées, et tout en
établissant ainsi pour toutes une même
circulation, un même réseau sanguin, nous
sommes toutes glacées. Anéanties par le froid.
Les pieds, qui restent - des extrémités lointaines
et séparées, cessent d'exister. Les godasses
étaient encore mouillées de la neige ou de la
boue d’ hier, de tous les « hier ». Elles ne sèchent
jamais. Il faudra rester des heures immobiles
dans le froid et dans le vent. Nous ne parlons
pas. Les paroles glacent sur nos lèvres. Le froid
frappe de stupeur tout un peuple de femmes qui
restent debout immobiles. Dans la nuit.
Dans le froid. Dans le vent... ”
Sur la place d'appel.
Buchenwald,
février 1944.
▲
Appel à Dachau.
s.d.
PHOTOGRAHE SS
PIERRE MANIA
Les Déportés montent
à l'appel (portant leurs
morts et leurs malades),
ils resteront autant
de temps qu'il plaira
à leurs bourreaux :
3 heures, 4 heures,
5 heures et parfois plus.
Beaucoup mouraient ;
il était défendu de porter
secours à ces derniers.
Buchenwald, janvier 1944.
▲
Pendant l'appel interminable,
sur tous, symbolique,
la flamme du crématorium.
Buchenwald, 1945.
GASTON GENTILLON
Margarete Buber - Neumann 4 208
Ravensbrück
PIERRE MANIA
17
Avec le soutien du Ministère de la Défense.
(Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives)
FMD
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▲
Charlotte Delbo 31 661
Auschwitz II - Birkenau
Les interminables appels
de cet hiver étaient à eux
seuls un supplice, dont
les détenues revenaient
les pieds et les mains
gelés. Les médecins ne
parvenaient pas à faire
face aux innombrables
amputations rendues
nécessaires par ces gelures
et les femmes mouraient
de gangrène. ”
Impression : SYNTHÈSE LIGHT
“
LA VIE DANS LES BLOCKS
▲
Le block
Block en bois dans le petit
camp. De 1000 à 1800
internés vivaient dans une
superficie de 25 m sur
8 mètres, 1943.
Buchenwald.
AUGUSTE FAVIER
Un des blocks du camp
d’Auschwitz - Birkenau
après la libération.
Janvier 1945.
▲
“Les blocks brassaient astucieusement
dix-sept nationalités. Ainsi nous
pouvions difficilement communiquer, et nos différences engendraient
des violences perpétuelles. Un block
contenait sept cents individus,
toujours une nationalité dominante,
mais toutes les minorités étaient
représentées. ”
“ C’est une maison de fous, notre baraque. Rares
sont ceux qui savent se dominer. Le moindre incident
donne lieu à des querelles violentes, à injures, menaces
et outrages.
Tous sont devenus extrêmement susceptibles, toujours
prêts à s’emporter et à voir en autrui leur ennemi
personnel. La méfiance, le soupçon, la mauvaise foi
s’introduisent dans tous les cœurs, à faire trembler. ”
Pelagia Lewinska 32 292
Auschwitz II - Birkenau
Hanna Levy - Hass 4 488
Bergen - Belsen
Avec le soutien du Ministère de la Défense.
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18
“ (…) Comment se mouvoir, se vêtir, se déshabiller, manger,
dormir, vivre en général dans cet entassement de corps humains,
dans ces ténèbres complètes ? (…)
Fatiguées, éreintées, notre patience était limitée ; aussi une
atmosphère d’énervement régnait-elle toujours dans le block (…)
Après une journée de labeur, de pluie, de froid, et de boue, on ne
pouvait considérer notre séjour dans la baraque comme un repos,
mais comme un nouveau martyre. ”
Impression : SYNTHÈSE LIGHT
Maurice Braun 77 194
Buchenwald
FMD
FAIM ET SOIF
“ Nous sommes la faim incarnée. ”
“ La raison chancelle.
La raison est terrassée par la soif.
La raison résiste à tout, elle cède
à la soif (…) L’angoisse s’empare
de tout votre être (…)
la bouche est paralysée. (…)
Et le regard part à la dérive, c’est
le regard de la folie. ”
Charlotte Delbo 31 661
Auschwitz II - Birkenau
▲
Où la faim se faisait cruellementsentir au point de ramasser de
la soupe tombée à terre.
1945, Dora.
“ Toutes les cellules crient famine.
On maigrit, on fait des efforts prodigieux, des efforts physiques.
On lutte contre le chaud, on lutte
contre le froid, on lutte contre les
coups, contre la panique sans se
nourrir et à ce moment là, la faim
c’est quelque chose qui vous envahit
totalement, tout, tout, tout on a pas
de pensée, on est, on est pas malheureux, on est affamé. ”
MAURICE DE LA PINTIERE
Henri Borlant 51 055
Auschwitz II - Birkenau
▲
Primo Levi 174 517
Auschwitz III - Buna - Monowitz
Impression : SYNTHÈSE LIGHT
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“ Le Lager est la faim :
nous-mêmes nous sommes
la faim, la faim incarnée. ”
Corvée de soupe Particulièrement pénible
pour des détenus sans
force à cause du poids des
bouteillons (75 kgs) et des
nombreuses marches que
comptait le camp.
Cette corvée était à la merci
de bandes organisées provoquant les chutes pour recueillir
ainsi un surplus de soupe,
lapée à même le sol.
Natzweiler, 1945.
HENRI GAYOT
▲
Déportés malades,
affamés, à la libération
de Buchenwald.
Avril 1945.
19
Avec le soutien du Ministère de la Défense.
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FMD
SOUFFRANCE ET DÉSESPOIR
“ Le
temps qui ne s’écoule pas. ”
▲
Dépression.
Buchenwald, 1946.
BORIS TASLITZKY
Déporté épuisé à
la libération du camp.
Bergen - Belsen.
17 avril 1945.
CAPITAINE EDWARD MALINDINE
( PHOTOGRAPHE DE L’ARMEE
BRITANNIQUE )
▲
Le pire, c'est la faim,
Avoir faim, attendre la coulée chaude.
Le pire, c'est le froid,
Le froid quand on a faim,
Le froid des affamés qui tendent l'écuelle
Attendant tout du temps,
N'attendant rien d'eux-mêmes.
Le pire, c'est les coups,
Les coups dans les reins.
C'est aux reins que les genoux s'articulent.
Douleur des coups, des corps sans genoux,
Douleur aux reins après deux heures d'appel,
Coups au réveil.
Le pire c'est savoir
Qu'on ne sait pas quand ça finira,
Au matin de la libération
Où chaque soir du désespoir.
Le pire, c'est le voisin
Qui tend sa face.
Et sous nos yeux s'entrechoquent les dents.
Le pire, c'est qu'on marche à reculons
Dans des souliers pour
20a
Géants,
Et que la nature nous coupe l'appétit.
Et nous faisons des pas petits petits
Comme des enfants
Rêvant d'espaces
Plus grands
Le pire, c'est le pyjama rayé
Pour affronter la nuit polaire,
Et tout ce que cette étoffe légère
Peut garder des seaux d'eau
Printanière.
Le pire, c'est d'être ici.
Le pire, c'est d'y penser.
Le pire, c'est d'écouter
Le temps qui ne s'écoule pas.
Maurice Honel
Auschwitz II - Birkenau
Avec le soutien du Ministère de la Défense.
(Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives)
FMD
SOUFFRANCE ET DÉSESPOIR
“ Ses grands yeux entourés d’un cerne
bleuâtre, exprimait la tristesse infinie
de l’être qui a compris que, pour lui,
il n’existe pas de salut (…). ”
Seweryna Szmaglewska 2 209
Auschwitz II - Birkenau
“ Ils peuplent ma
mémoire de leur
présence sans visage,
et si je pouvais
résumer tout le mal
de notre temps en
une seule image, je
choisirais cette vision
qui m’est familière :
un homme décharné,
le front courbé et les
épaules voûtées, dont
le visage et les yeux
ne reflètent nulle
trace de pensée. ”
“ (…) On était incapable de penser à
quoi que ce soit. Les sens étaient
obstrués, tout s’estompait dans un
brouillard. On ne se raccrochait plus à
rien. L’instinct de conservation,
d’auto-défense, l’amour-propre tout
avait fui (…) ”
Elie Wiesel A 7 713
Auschwitz II - Birkenau
▲
“ On ne connaîtra ni leur nationalité,
ni leur nom, ni même leur visage :
Les “musulmans” * se ressemblent tous,
prostrés, squelettiques, le visage émacié,
le regard fixe et la barbe hirsute.”
* Terme attribué au détenu épuisé d’une façon irréversible, à bout de forces, voisin de la
Maurice Cling A 5 151
Auschwitz I
mort.
Œdème.
Buchenwald,
1945.
Primo Levi 174 517
Auschwitz II I Bunamonowitz
HENRI PIEK
Déportés épuisés
à la libération du
camp de Vaihingen
(Kommando de
Natzweiler).
Avril 1945.
Impression : SYNTHÈSE LIGHT
▲
▲
Désespoir
Buchenwald, 1945.
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“ (…) Ici, dans l’isolement
de mon lit de souffrance, dans
l’ambiance infernale de ce
mouroir j’ai la perception
précise d’une impasse sans
issue possible sur la vie et
mon projet d’y mettre fin
prend des formes concrètes :
puisqu’il est impensable de
garder le moindre espoir de
guérison, encore moins de
libération, autant mettre une
fin brusque à cette lutte
absurde. D’autres s’en sortiront peut-être, pour moi il
est trop tard, il faut savoir en
finir. ”
HENRI PIEK
Fred Sedel
Auschwitz II - Birkenau
20b
Avec le soutien du Ministère de la Défense.
(Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives)
FMD
LES AUTRES
“ L’amour de l’homme et l’horreur de lui ”
“ Si j’ai survécu
je le dois, d’abord à
coup sûr, au hasard,
ensuite à la colère,
à la volonté de
dévoiler ces crimes
et, enfin, à une
coalition d’amitiés, car
j’avais perdu le désir
viscéral de vivre. ”
..forçats tous deux
le père protège son fils..
1945.
GASTON GENTILLON
▲
Germaine Tillion 24 588
Ravensbrück
▲
“ Lorsqu’on aidait quelqu’un
on devait choisir.
Si on a deux bras on aide deux
personnes qu’on choisit, on
ne peut pas en aider cinq ou
même trois.
Il faut faire un choix, jamais
je ne me pardonnerai d’avoir
dû faire ce choix. ”
Déportées à la
libération de
Bergen-Belsen.
Avril 1945.
Aimé Bonifas 20 801
Buchenwald
21
Impression : SYNTHÈSE LIGHT
Déportés se rendant
au revier.
Buchenwald,
1945.
HENRI PIEK
“ C’est ici qu’on aura connu les estimes les
plus entières et les mépris les plus définitifs,
l’amour de l’homme et l’horreur de lui dans
une certitude plus totale que jamais ailleurs. ”
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“ Tout ici concourt
à avilir l’homme.
Le génie démoniaque
du régime concentrationnaire nazi est de
nous avoir placé en
situation, nous ses
victimes, de nous haïr
les uns les autres. ”
▲
Denise Vernay 46 886
Ravensbrück
Robert Antelme 81 474
Buchenwald
Avec le soutien du Ministère de la Défense.
(Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives)
FMD
EXPÉRIMENTATIONS
Enfants tsiganes castrés
lors d'expériences pseudo-médicales.
Auschwitz-Birkenau, 1944.
Cobayes
PHOTOGRAPHE SS
▲
" Un jour, ils
m'ont emmenée
à l'infirmerie,
ils m'ont fait
des rayons.
Ils sont venus me
chercher à midi
puis j'ai eu des
rayons et j'ai jamais
eu d'enfants.
Et je ne suis pas
la seule."
Emma Bruchard 43 052
Ravensbrück
“ Je me rappelle la petite Dagmar.
Elle était née à Auschwitz en 1944 de mère
autrichienne et j'avais aidé à la mettre au
monde. Elle est morte après que Mengele
lui eut fait des injections dans les yeux pour
essayer d'en changer la couleur. La petite
Dagmar devait avoir des yeux bleus !... ”
Ella Lingens
Auschwitz I
▲
Expériences menées sur un détenu
sur la résistance du corps humain
aux basses pressions.
Dachau, mars-août 1942.
▲
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Impression : SYNTHÈSE LIGHT
PHOTOGRAPHE SS
Déportée sur laquelle ont
été effectuées des expériences
pseudo-médicales.
Ravensbrück, 1944.
22
Avec le soutien du Ministère de la Défense.
(Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives)
FMD
L’INFIRMERIE
“ Le Revier ”
“ Le Revier c’était l’antichambre
de la mort. À tout prix,
il fallait éviter d’y entrer. ”
Jean - Claude Dumoulin 62 357
Buchenwald
▲
Déportés malades
à la libération
d’Auschwitz - Birkenau.
Janvier 1945.
“ L’entrée du Revier,
les couloirs sont jonchés
de squelettes vivants,
aux yeux fous ou déjà
vitreux, amenés là sur
des civières. ”
Déportée française non identifiée
Ravensbrück
▲
Les malades se
rendant au revier.
Dora, 1945.
▲
MAURICE DE LA PINTIERE
Dans le revier.
Buchenwald, 1945.
HENRI PIEK
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Impression : SYNTHÈSE LIGHT
“ La salle est relativement petite et indescriptible de puanteur et de saleté. Même plus de
lits ; seulement deux planches superposées et
en pente garnies de paille de bois. Ceux qui
ont la colique sont avec les faibles. Ils ne prennent même pas la peine de se lever pour se
soulager, et les fenêtre sont closes.
Les cadavres sont précipités du premier étage
sur le plancher. Dans l’obscurité absolue,
on marche dessus ; un cauchemar. ”
Etienne Lafond 76 820
Dora - Ellrich
23
Avec le soutien du Ministère de la Défense.
(Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives)
FMD
LE TRAVAIL FORCÉ
Un esclavage
Déportés du camp
d’Auschwitz - Birkenau,
travail forcé.
s.d.
PHOTOGRAPHE SS
“ Je me souviens de Königsgraben (les carrières
du roi), peut-être un des pires Kommandos * (…)
Nous transportions de la terre dans une sorte de
brouette sans roues, un peu comme une chaise
à porteurs, un devant, un derrière. Il fallait courir.
Souvent la charge dépassait nos forces : un gars
tombait. Alors le Kapo frappait, non pas l’homme
à terre, mais le coéquipier plus costaud et encore
debout, pour le monter contre son camarade moins
solide. Parfois la manœuvre réussissait (…)
Dans ce Kommando, nous ne rapportions pas à dos
d’homme les morts et les blessés au camp.
Ils étaient trop nombreux. Un camion venait les
ramasser pêle-mêle. ”
* Équipe de travail affectée à une tâche particulière et par extension camp annexe.
▲
Déportés juifs, travail forcé
Buchenwald, 1945.
HENRI PIEK
Moshé Garbarz 48 950
Auschwitz II - Birkenau
24a
Avec le soutien du Ministère de la Défense.
(Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives)
FMD
LE TRAVAIL FORCÉ
Les détenus de la compagnie
disciplinaire dans l’escalier
de la carrière.
Mauthausen, 1941.
▲
PHOTOGRAPHE SS
“ (…) les traverses sont
encastrées dans le sol et pèsent
quatre-vingt kilos, ce qui
représente à peu près la limite de
nos forces. Les plus robustes
d’entre nous, en s’y mettant à
deux pourront transporter
des traverses pendant plusieurs
heures ; pour moi, c’est une
torture, le poids me scie en deux
la clavicule ; au bout du premier
voyage je suis sourd et presque
aveugle tant l’effort est
violent, et je serais prêt aux pires
bassesses pour échapper au
second. ”
Léon E. Halkin
B. 82 134
Gross - Rosen
Primo Levi
174 517
Auschwitz III - Buna - Monowitz
24b
Où, douze heures durant,
il fallait lutter contre
les éléments déchainés.
1945, Dora.
MAURICE DE LA PINTIERE
Impression : SYNTHÈSE LIGHT
“ J’ai appris qu’il existait un
travail mécanique, inintelligent
et monotone, conçu pour des
automates vivant de leur propre
rythme. Peu à peu, ce travail
a agi sur moi à la manière d’un
stupéfiant, mon cerveau s’est
vidé de toute pensée. J’ai oublié
même ma fatigue qui faisait de
moi une bête de somme. Peu à
peu, je me sentis devenir une
machine (…) Dans le camp
comme dans les colonies,
les esclaves remplacent les
chevaux et les camions (…) Ils
sont la lie de la terre. ”
”
Réalisation, Suivi & Direction artistique : IWD - http://www.iwd.fr
Dermastja - Som Franc 102 246
Dachau
▲
Travail
“ Toute la nuit nous avons travaillé
le matin, nous ressemblions
à des cadavres.
Mais sommes-nous des faibles,
sommes nous des cadavres ?
Sur nous il n’y a ni chair ni peau,
Il n'y a plus que des os,
sur tous ces os
pend le rayé.
Toute la nuit nous avons travaillé,
et nous n’avons rien mangé.
Une telle vie le diable, tout au plus,
la prendra.
Non !
Lève la tête !
Sur nous il n’y a ni chair ni peau :
Il n’y a plus que des os,
tous ces os
Sont des poings !
Avec le soutien du Ministère de la Défense.
(Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives)
FMD
LA MORT
“ La mort, nous l’avons vécue. ”
“ (…) Les oreilles
des malchanceux
frissonnaient à
l’énoncé de Dora,
usine souterraine,
avec des tunnels sans
fin, des mines qui
explosent sans souci
des hommes, des
hécatombes de
détenus sous le règne
des « verts » en les
expédiant à Dora où
on envoyait tous ceux
dont on voulait se
débarrasser.
Nul n’en revenait
vivant.Tous les jours
un camion revenait le
soir de Dora, chargé
de cadavres. Dora ?…
dans nos têtes,
passait une vision
de l’enfer (…). ”
André Pontoizeau
38 475
Buchenwald - Dora
▲ Dans cette cour,
il y a eu jusqu'à 1500
morts à pourrir au soleil.
Buchenwald,
février 1945.
AUGUSTE FAVIER
“ Mon frère est mort !
Mon frère est mort !
C’est un hollandais
qui hurle, les yeux fous,
l’air absent, en tenant
dans ses mains la tête
violacée de son frère
qui vient de mourir à
côté de lui, asphyxié…
C’est affreux, je n’ose
pas regarder, il me
semble que je vais
devenir fou. (…) ”
Georges Fully 77 730
Dachau
25a
▲
“ (…) La mort n’est
pas une chose que nous
aurions frôlée, côtoyée,
dont nous aurions
réchappé comme d’un
accident dont on serait
sorti indemne. Nous
l’avons vécue…
Nous ne sommes pas
des rescapés, mais des
revenants (…). ”
Cadavres de détenus.
Bergen - Belsen,
17 avril 1945.
PHOTOGRAPHE DE
L’ARMEE BRITANNIQUE
Jorge Semprun 44 904
Buchenwald
Avec le soutien du Ministère de la Défense.
(Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives)
FMD
LA MORT
La charrette
aux morts.
Ravensbrück.
▲
FRANCE AUDOUL
“ (…) On trouve
des morts dans
tous les coins : sur
la place d’appel,
dans les blocks, aux
cabinets, dans le
couloir du Revier.
Partout les vivants
doivent écarter les
morts pour
reprendre leur
place. On ne lutte
plus tant pour la
vie que contre la
mort, contre les
morts, contre l’invasion du camp par
la mort. Et cela,
quotidiennement. ”
Aimé Bonifas 20 801
Buchenwald
“ Nous périrons ici.
Nous mourrons ici.
Personne. Personne
ne sortira d’ici.
Ce n’est pas le purgatoire,
c’est l’enfer.
Nous sommes en enfer. ”
Seweryna Szmaglewska 22 090
Auschwitz II - Birkenau
▲
Impression : SYNTHÈSE LIGHT
Cadavres de
déportés à la libération
d’Auschwitz - Birkenau.
Janvier 1945.
Réalisation, Suivi & Direction artistique : IWD - http://www.iwd.fr
“ Nous sommes deux
par lit et je me trouve
avec un camarade
allemand très malade
(…).
Il meurt et je reste
deux jours à côté du
cadavre afin d’avoir sa
soupe et son pain, que
je partage avec d’autres français. ”
André Franquet 58 651
Sachsenhausen
25b
Avec le soutien du Ministère de la Défense.
(Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives)
FMD
RÉSISTANCES
“ Il ne faut pas mourir. ”
“ Il ne faut pas
mourir (…)
chaque mort
est une victoire
du SS. ”
Robert Antelme 81 474
Buchenwald
“ (…) Aussi est-ce pour nous un
devoir envers nous-même que (…)
de nous tenir droits et de ne pas
traîner nos sabots, non pas pour
rendre hommage à la discipline
prussienne, mais pour rester
vivants, pour ne pas commencer
à mourir. (…) ”
Primo Levi 174 517
Auschwitz III - Buna - Monowitz
“ Melk (Kommando du camp de
Mauthausen), chaque dimanche matin,
l’abbé Varnoux disait la messe devant
quelques fidèles pendant qu’à la porte
du baraquement des militants communistes faisaient le guet. La messe
terminée, au même endroit, se tenait
la réunion des responsables du parti
communiste clandestin du camp, sous
la garde des catholiques qui venaient
de prier. ”
▲ Émile Chevalier.
Buchenwald.
31 décembre 1944.
BORIS TASLITZKY
Raymond Hallery 62 521
Mauthausen
26a
Avec le soutien du Ministère de la Défense.
(Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives)
FMD
RÉSISTANCES
Déporté extenué.
Buchenwald, 1945.
▲
HENRI PIEK
▲
Armes de l'organisation clandestine
de résistance de
Buchenwald.
s.d.
“ Quelques coups de feu crépitent, mais la
compagnie de choc atteint son objectif : la
porte, le Bunker, les locaux administratifs sont
investis. Les SS surpris, en proie à la panique,
décampent à toute vitesse (…). Une joie intérieure bienfaisante, riche d’espoir fait vibrer
tous nos combattants. Libres, nous sommes
libres ! ”
▲
Objets divers de la résistance
clandestine de Buchenwald.
Alexander Petchersky,
officier juif soviétique,
organisateur de l’insurrection
du centre d’extermination de
Sobibor le 14 octobre 1943.
26b
Yehuda Lerner
Sobibor
Avec le soutien du Ministère de la Défense.
(Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives)
FMD
Réalisation, Suivi & Direction artistique : IWD - http://www.iwd.fr
▲
“ Un homme qui veut vivre…
Un homme qui veut vivre, pour
lui rien n’est difficile. Quand j’ai
vu que dans ces camps, dans ces
conditions, ça n’était plus vivre,
je me suis dit : Je n’ai plus rien à
perdre. Tout vaut mieux, essayer
n’importe quoi, plus que d’être
dans ces conditions de non-vie (…)
Nous avions fixé l’heure de la
révolte dans l’ensemble du camp
pour le 14 octobre, à seize heures
(…) Le plan était de tuer les seize
allemands qui se trouvaient dans
le camp (…) ”
Impression : SYNTHÈSE LIGHT
Simon Lagunas 20 076
Buchenwald
LA DESTRUCTION DES JUIFS D’EUROPE
Sélection à l’arrivée
▲ Arrivée d'un convoi de déportés juifs hongrois
à Auschwitz - Birkenau, sélection sur la rampe.
Fin mai - début juin 1944.
PHOTOGRAPHE SS DU SERVICE D’IDENTIFICATION D'AUSCHWITZ
“
(…) Ma mère me lâche.
Nous nous regardons, yeux dans
les yeux, profondément, en silence.
Nous sommes séparées (…).
Nous ne nous sommes pas dit aurevoir, nous ne nous sommes pas
embrassées.
Je n’ai jamais revu ma mère ! ”
▲
Femmes et enfants juifs Hongrois jugés
"improductifs", après la sélection sur la rampe
d'Auschwitz-Birkenau, se dirigeant vers les
chambres à gaz et les crématoires.
Eva Tichauer 20 832
Auschwitz II - Birkenau
Fin mai - début juin 1944.
PHOTOGRAPHE SS
“ On nous mit dans un baraquement
spécial, et là-bas, cette nuit là fut pour
tous la plus horrible des nuits, à cause
du souvenir de tout ce qui avait été vécu et
partagé : joies, bonheur, naissances,
mariages, tout le reste… Et soudain, en
une seconde, couper dans tout cela, pour
rien sans raison, car les gens n’étaient
coupables de rien, que d’être juifs. ”
Abraham Bomba
Rescapé du Sonderkommando*
Treblinka
Abraham Bomba
Rescapé du Sonderkommando*
Treblinka
Première nuit à Treblinka
27
Impression : SYNTHÈSE LIGHT
Auschwitz Belzec Chelmno Maïdanek Sobibor Treblinka
“ C’est alors que avons
commencé à travailler en
ce lieu qu’ils appelaient
Treblinka. Et pourtant, je
ne pouvais croire à ce qui
s’était passé de l’autre
côté de la porte, là où les
gens avaient disparu et où
tout était devenu silencieux. Mais très vite, en
interrogeant ceux qui
travaillaient déjà là, nous
avons compris.
“ Quoi ! Vous ne savez
donc pas ? Ils sont tous
gazés, tous morts ! »
Nous ne pouvions
prononcer une parole :
nous étions pétrifiés. ”
Photos tirées de l'Album d'Auschwitz
réalisé entre fin mai et début juin
1944. Il réunit 193 photographies,
retraçant l’arrivée de déportés juifs
hongrois, leur descente du train,
puis leur sélection. Les photos ont
été probablement prises par plusieurs
photographes SS. Au début de mai
1945, près du camp de Dora, l’album
fut retrouvé par une rescapée juive
hongroise du nom de Lili Jacob.
*
Sonderkommando : Équipe de détenus travaillant
dans les chambres à gaz ou les crématoires.
▲ Femmes et enfants jugés "improductifs",
après la sélection sur la rampe d'AuschwitzBirkenau, attendant à proximité des chambres
à gaz et des crématoires.
Fin mai - début juin 1944.
PHOTOGRAPHE SS D'AUSCHWITZ
Avec le soutien du Ministère de la Défense.
(Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives)
FMD
Réalisation, Suivi & Direction artistique : IWD - http://www.iwd.fr
DU SERVICE D’IDENTIFICATION D'AUSCHWITZ
LA DESTRUCTION DES JUIFS D’EUROPE
“ Ceux qui iront à la chambre à gaz. ”
▲
Construction du
crématoire II
Auschwitz Belzec Chelmno Maïdanek Sobibor Treblinka
d'Auschwitz-Birkenau.
1943.
PHOTOGRAPHE SS
27 janvier 1944 (…) :
L’après-midi de cette journée affreuse se
passe dans une ambiance étouffante. Je reste
recroquevillé dans mon lit et j’évite de
rencontrer les regards de ceux qui sont
inscrits pour mourir. (…). ”
Fred Sedel
Auschwitz II - Birkenau
28
PHOTOGRAPHE SS
uhn remercie Dieu
de n’avoir pas été
choisi. Kuhn est fou.
Est-ce qu’il ne voit pas,
dans la couchette voisine,
Beppo le Grec qui a vingt
ans, et qui partira aprèsdemain à la chambre
à gaz, qui le sait, et qui
reste allongé à regarder
l’ampoule, sans rien dire
et sans plus penser à rien ?
Est-ce qu’il ne sait pas,
Kuhn que la prochaine fois
ce sera son tour ?
“K
Est-ce qu’il ne comprend
pas que ce qui a eu lieu
aujourd’hui est une
abomination qu’aucune
prière propitiatoire, aucun
pardon, aucune expiation
des coupables, rien enfin
de ce que l’homme a le
pouvoir de faire ne pourra
jamais plus réparer. ”
Primo Levi 174 517
Auschwitz III - Buna - Monowitz
Avec le soutien du Ministère de la Défense.
(Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives)
FMD
Impression : SYNTHÈSE LIGHT
Toute la scène n’a pas duré une heure.
La plupart des inscrits sont hébétés, ne
parlent pas, ne bougent pas. Assis sur leurs
grabats ils ont l’air perdu dans un rêve
lointain, détachés de tout. Les plus jeunes
pleurent honteusement, cachés sous leurs
couvertures (…).
▲
Crématoire V.
Auschwitz-Birkenau,
1943 - 1944.
Réalisation, Suivi & Direction artistique : IWD - http://www.iwd.fr
“ Le « médecin » jauge du regard les hommes
qui défilent, d’un regard qui n’exprime
que morgue et mépris. A chaque malade qui
passe il fait signe de l’index tendu, sans
décoller le coude du corps, en déplaçant
simplement le doigt à gauche ou à droite.
A gauche vont ceux qui auront la vie sauve,
à droite les condamnés à mort, ceux qui
iront à la chambre à gaz. ( …)
LA DESTRUCTION DES JUIFS D’EUROPE
Mort industrialisée
“
Avec cinq ou six boîtes
de gaz, ils tuaient
deux mille personnes.
Pologne, 1942.
PHOTOGRAPHE SS
Filip Müller 29 236
Auschwitz II - Birkenau
Rescapé du Sonderkommando
▲ Crémation des corps des
détenus gazés dans des fosses
d'incinération à l'air libre.
Photographie réalisée
clandestinement depuis l'intérieur
de la chambre à gaz nord
du crématoire V de Birkenau.
Août 1944.
29
Auschwitz Belzec Chelmno Maïdanek Sobibor Treblinka
”
Avec le soutien du Ministère de la Défense.
(Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives)
FMD
Impression : SYNTHÈSE LIGHT
à gaz de Chelmno.
Réalisation, Suivi & Direction artistique : IWD - http://www.iwd.fr
▲ Juifs dans un des camions
Les « désinfecteurs » arrivaient dans
un véhicule marqué d’une croix rouge
et escortaient les colonnes pour leur
faire croire qu’ils les accompagnaient
au bain.
Mais en réalité, la Croix-Rouge n’était
qu’un leurre ; elle camouflait les
boîtes de zyklon et les marteaux pour
les ouvrir.
La mort par gaz durait de dix à quinze
minutes. Le moment le plus affreux
était l’ouverture de la chambre à gaz,
cette vision insoutenable : les gens,
pressés comme du basalte, blocs
compacts de pierre. Comment ils
s’écroulaient hors des chambres à gaz !
Plusieurs fois j’ai vu cela. Et c’était le
plus dur de tout. A cela on ne s'y faisait
jamais. C’était impossible (…)
C’était un non sens de dire la vérité à
quiconque franchissait le seuil du
crématoire.
Là, on ne pouvait sauver personne.
Là, il était trop tard.
LES ÉVACUATIONS
“ Si je tombe, une rafale. ”
▲
Déportés de Dachau évacués
vers Wolfratshausen à
l'approche des troupes alliées.
Avril 1945.
PHOTOGRAPHIE CLANDESTINE
Déportés de Dachau évacués
à pieds à l'approche des
troupes alliées.
Avril 1945.
PHOTOGRAPHIE CLANDESTINE
▲
“ Si je m’arrête, des coups.
Si je tombe, une rafale.
Ça peut aller très vite. ”
LEON DELARBRE
“ Ce fut notre première marche
de la mort . Parmi ces milliers
d’hommes, de tous âges, de toutes
nationalités, affaiblis par des mois
ou des années de mauvais
traitements, de sous - alimentation,
de coups, d’humiliations, beaucoup
ne purent supporter ces nouvelles
épreuves ; ils s’arrêtaient ou
tombaient sur la route et étaient
immédiatement achevés d’une
balle dans la tête. ”
Impression : SYNTHÈSE LIGHT
Le transport de Dora à Bergen : cinq
jours et quatre nuits dans la pluie et
le froid. Nous étions cent par wagon,
sans toit, sans nourriture, sans eau et
presque sans vêtements.
Avril 1945.
Réalisation, Suivi & Direction artistique : IWD - http://www.iwd.fr
▲
Robert Antelme 81 474
Buchenwald
François Perrot 21 189
Buchenwald
30
Avec le soutien du Ministère de la Défense.
(Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives)
FMD
LA LIBÉRATION
Déportés morts avant
Libres
▲
“ (…) À peine arrivées sur
la route, nous voyons défiler,
dans un tourbillon de poussière
et un bruit infernal, des tanks
auxquels nous ne prêtons
d’abord aucune intention. Mais
j’entends bientôt des cris,
quelques-unes d’entre nous se
mettent à pleurer.
Qu’est- ce donc ? J’aperçois
alors sur ces tanks en marche,
un petit point blanc, grandissant
à mesure qu’il approche… c’est
l’étoile américaine. Dans un
transport de joie indescriptible,
nous saluons alors ces soldats
qui nous ont délivrées. Mais
l’émotion nous étouffe et nous
fait éclater en sanglots. (…). ”
Nadine Heftler A 7128
Auschwitz - Birkenau
Libérée sur la route le 2 mai 1945 près de Ludwiglust
(dans la région de Ravensbrück)
Déportés du camp d’Allach,
Kommando de Dachau,
à la libération du camp par
les troupes Américaines.
30 avril 1945.
PHOTOGRAPHE DE L’ARMEE AMERICAINE
▲
▲
Déportés du "camp russe"
de Mauthausen à la libération.
Entre le 5 et 10 mai 1945.
PHOTOGRAPHE INCONNU
Impression : SYNTHÈSE LIGHT
“ Comment décrire ce que l'on
ressent lorsqu'on découvre une
immense grange brûlée contenant
les corps carbonisés de plus de 1 000
prisonniers enfermés et
brûlés vifs par les SS. Pas moyen
de combattre le feu. Nous ne
pouvions plus que marcher parmi
les cadavres calcinés, figés dans une
dernière attitude d'agonie. Les autres
ont été tués par balles alors qu'ils
tentaient d'échapper au feu.
Comment pourrions nous être sûrs
que les autres nous comprendront
alors que nous avons tant de
difficultés à comprendre nousmêmes ? Trop de questions et trop
peu de réponses. Participer à la libération d'êtres à demi-vivant, tenant
à peine debout tant leur état était
pitoyable - au point qu'on aurait envie
de s'enfuir - est quelque chose d'indéfinissable. Nos esprits ne pouvaient
pas croire ce que nos yeux voyaient. ”
l'arrivée des troupes américaines, Nordhausen, 1945.
31
Réalisation, Suivi & Direction artistique : IWD - http://www.iwd.fr
En avril 1945, Chuck Ferree fut affecté au quartier général
de la septième armée. Avec 11 autres pilotes de chasse,
il eut la tâche de piloter des officiers du quartier général
vers les camps de concentration au fur et à mesure que
ceux-ci étaient libérés. Chuck Ferree est entré dans de
nombreux camps de concentration dans les heures ou les
jours qui suivirent leur libération. Parmi ces camps, il y
avait Buchenwald, Dachau, Bergen-Belsen et Mauthausen
ainsi que de nombreux camps auxiliaires. Chuck Ferree avait
le titre officiel américain de "Libérateur", titre ne s'appliquant qu'aux soldats alliés entrés dans un camp de concentration dans les 24 heures ayant suivi sa libération.
Avec le soutien du Ministère de la Défense.
(Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives)
FMD
LE RETOUR
“Un monde auquel il n’appartient plus.”
“ Émotion de revoir
nos amis, mais je suis
si loin, trop lucide,
comme un mort qui
reviendrait pour voir
profondément, sans
rien pouvoir s’éviter,
un monde auquel il
n’appartient plus. ”
Marie - José Chombart de Lauwe 21 706
Ravensbrück
Déportée retrouvant
sa famille.
Paris, 1945.
▲
▲
Déportée malade
rapatriée en France.
1945.
“ (…) On arrive à l’hôtel Lutétia, centre d’accueil et de contrôle des déportés. La vaste entrée de la
résidence est obstruée par une masse de femmes qui brandissent des photos, hurlent des noms.
Ce sont les épouses, les amies, les mères de déportés, qui espèrent trouver parmi les arrivants des
témoins de la vie ou de la mort de ceux qui ne sont pas revenus (…) ”
Charlotte Delbo 31 661
Auschwitz II - Birkenau
Odette Abadi A 5 598
Auschwitz
32
Avec le soutien du Ministère de la Défense.
(Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives)
FMD
Réalisation, Suivi & Direction artistique : IWD - http://www.iwd.fr
Je ne crois pas à la vie éternelle,
je ne crois pas qu’elles vivent
dans un au-delà où je les rejoins
la nuit. Non. Je les revois dans
leur agonie, je les revois comme
elles étaient avant de mourir,
comme elles sont demeurées en
moi. Et quand revient le jour,
je suis triste. ”
Impression : SYNTHÈSE LIGHT
“ Je ne suis pas vivante. Je suis
enfermée dans des souvenirs
et des redites. Je dors mal et
l’insomnie ne me pèse pas.
La nuit, j’ai le droit de ne pas
être vivante. J’ai le droit de
ne pas faire semblant. Je retrouve
les autres. Je suis au milieu d’elles,
l’une d’elles. Elles sont comme moi,
muettes et dépourvues.
Crime contre l'humanité
Responsables nazis au procès de Nuremberg,
20 novembre 1945 - 1er octobre 1946.
“
(…) Comme vous et moi, les responsables d’Auschwitz avaient des narines, une bouche,
une voix, une raison humaine, ils pouvaient s'unir, avoir des enfants ; comme les Pyramides
ou l’Acropole, Auschwitz est le fait, est le signe de l’homme. L’image de l’homme est
inséparable, désormais, d’une chambre à gaz (…) ”
Georges Bataille - 1947
Le crime contre l’humanité
Art. 212-1 1994 du Code Pénal français:
La déportation, la réduction en esclavage ou la pratique massive et systématique d'exécutions sommaires, d'enlèvements de personnes suivies de leur disparition, de la torture ou d'actes inhumains, inspirées par des motifs
politiques, philosophiques, raciaux ou religieux et organisées en exécution d'un plan concerté à l'encontre d'un
groupe de population civile sont punies de la réclusion criminelle à perpétuité.
Accord de Londres portant statut du Tribunal
de Nuremberg (8 août 1945)
Article 6
Le Tribunal (..), sera compétent pour juger et punir
toutes personnes qui, agissant pour le compte des pays
européens de l'Axe, auront commis, individuellement ou
à titre de membres d'organisations, l'un quelconque des
crimes suivants (…) :
“ UN
PAS VERS LA COUR PÉNALE INTERNATIONALE…”
Statut de Rome de la Cour Pénale Internationale
(17 juillet 1998)
Article 29
Impression : SYNTHÈSE LIGHT
COMMENCEMENT POUR UNE JUSTICE INTERNATIONALE… »
IMPRESCRIPTIBILITÉ
Les crimes relevant de la compétence de la Cour ne se
prescrivent pas.
Réalisation, Suivi & Direction artistique : IWD - http://www.iwd.fr
« LE
a. Les crimes contre la paix : (…)
b. Les crimes de guerre : (…)
c. Les crimes contre l'humanité : (…)
33
Avec le soutien du Ministère de la Défense.
(Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives)
FMD

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