Les lumineuses variations du bâtiment B22
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Les lumineuses variations du bâtiment B22
Solutions LUMIÈRE Airbus Lieu de visite prestigieux, centre de support technique ultramoderne et local administratif, le bâtiment B22, vitrine mondiale d’Airbus à Toulouse, marie l’innovation technologique et des systèmes d’éclairage sophistiqués. Les lumineuses variations du bâtiment B22 B ÂTIMENT B22 : derrière ce nom de baptême pour le moins sibyllin et peu glamour se dissimule la vitrine mondiale du savoir-faire d’Airbus. Achevé en janvier dernier, cet ensemble de béton, de verre et de métal a été conçu par Chaix & Morel et Khorsi-Ordonneaud. Erigé sur le site toulousain de l’avionneur, il abrite le support après-vente du géant aéronautique. De tous les points du globe, des clients du constructeur européen se rendent dans ce complexe formé de 4 bâtiments de hauteurs différentes et regroupés autour d’un gigantesque atrium central. Rien d’étonnant à ce que l’on n’ait pas lésiné sur les moyens pour conjuguer confort, esthétique et technologies avancées. L’aménagement intérieur et les éclairages combinent ambiances raffinées et modernistes, atmosphères plus classiquement studieuses et installations sophistiquées. Il s’agit ici de s’adapter à un lieu où coexistent un ensemble de bureaux répartis au gré des 5 ou 6 étages du bâtiment, des espaces d’accueil, de démonstration et de travail pour les clients, et un centre de support technique high-tech. DOC. CHAIX & MOREL ET ASSOCIÉS De relief et d’ombre Le bâtiment B22 abrite le support après-vente du géant aéronautique Airbus, à Toulouse. 32 Recouvert par un immense plafond de verre, l’atrium est le cœur « aérien » et lumineux du B22. Il irrigue les 4 bâtiments via des passerelles servant également d’espaces de repos. Il accueille le visiteur dans un décor alliant la chaleur du sol en teck, l’exotisme des petits jardins intérieurs et l’ambiance high-tech du verre et de l’acier. L’éclairage de cet atrium baigné par la lumière du jour a été conçu pour souligner sans tapage l’architecture élancée tout en identifiant des espaces précis, explique Jean-Michel De Jésus, ingénieur d’étude chez Beterem Ingénierie Toulouse : « J’aime utiliser l’éclairage pour faire ressortir les reliefs donnés par les ombres, ce qui permet d’éviter les phénomènes de pollution lumineuse, d’éblouissements. Nous avons notamment eu recours aux encastrés de sol équipés de lampes à iodures métalliques HIT 35 W. Ils mettent en valeur discrètement les murs-rideaux métal- LUX N° 237 M A R S / AV R I L 2 0 0 6 lumière SOLUTIONS L’atrium irrigue 4 bâtiments grâce à des passerelles qui servent aussi d’espaces de repos. Au top de l’interactivité Un mur d’images de 18 m2 composé de 12 cubes fabriqués par la société Synélec est présent dans chacune des deux zones de la salle AIRTAC. Il constitue un outil d’aide à la décision totalement interactif. « Quand ils reçoivent une demande d’assistance par téléphone, par fax ou par messagerie, un message s’affiche automatiquement sur le mur. A partir de son poste, n’importe quel ingénieur peut afficher une seule source d’image par écran ou bien grouper l’ensemble du mur d’images et travailler comme il le ferait sur un écran d’ordinateur », précise Michel Soto. Même principe pour les tableaux interactifs sur lesquels des images vidéo ou informatiques (comme des schémas électriques) peuvent être projetées et retravaillées à l’aide d’un stylo spécial et envoyées ensuite directement au destinataire. Comme l’éclairage, l’ensemble de ces instruments peutêtre piloté par une dalle tactile. Les technologies développées dans l’AIRTAC ont nécessité l’installation de 17 km de câbles réseau et 40 km de câbles électriques. liques des façades intérieures. Grâce à la photométrie du matériel et au travail du faisceau, la lumière vient caresser très doucement la surface des parois jusqu’aux poutrelles métalliques de la verrière et renforce l’impression de verticalité de l’atrium. » Des lampes identiques de température de couleur chaude (3 000 K) équipent des encastrés orientables qui ponctuent les miniespaces verts agrémentés de petits bassins. Groupées par trois, ces mêmes sources sont également utilisées pour délimiter les espaces de rencontre et de travail informels, équipés d’un coin WiFi et disposés entre ces petits jardins d’intérieur. Une quarantaine d’encastrés à LED bleues (1 W) implantés dans le sol en teck marquent le cheminement de part et d’autre de l’allée centrale. Véritable leitmotiv visuel répété dans d’autres espaces du B22, ils évoquent opportunément les balises des pistes d’aéroports et font écho à la couleur fétiche de la livrée des appareils de l’avionneur européen. Sur les passerelles, où sont aménagés des espaces détente, le décor, plus décontracté, s’offre les tonalités vives du sol vermillon et des tables bar, et tranche avec le cadre monumental de l’atrium. Des encastrés carrés minimalistes (13 x 13 cm), équipés de lampes halogènes (2 x 18 W) et placés très en retrait dans le plafond, fournissent une lumière douce et confortable. Mais, pour découvrir le vrai centre névralgique et technologique de ce nouveau bâtiment d’Airbus, il faut se diriger vers la salle AIRTAC (AIRbus Technical Aircraft-on-ground Centre), au rez-de-chaussée. Ce centre fonctionne 24 h/24 et tous les jours de l’année. Il accueille les équipes de spécialistes chargées d’appuyer en temps réel les compagnies aériennes du monde entier, confrontées à des dysfonctionnements ou à des pannes. Rangées de postes de travail, disposées en gradins, bourrées d’écrans d’ordinateurs faisant face à un vaste mur d’images ; grands écrans LCD déroulant des informations ; horloge affichant l’heure locale des principales villes de la planète : dans la salle de près de 600 m2 s’affairent une vingtaine d’ingénieurs équipés de casques et micros. Elle a parfois des allures de salle de lancement d’engin spatial. La densité des écrans regroupés dans cet espace a dicté en grande partie le choix du système d’éclairage, comme le souligne Michel Soto, responsable logistique pour le B22 : « D’une part, il fallait un éclairage qui puisse être réglé zone par zone, pour que chaque poste dispose de sa propre lumière et, d’autre part, nous voulions obtenir un niveau d’éclairement suffisant, de 300 lux, sans engendrer de perturbations sur les nombreux écrans qui M M M PHOTO HERVÉ ABBADIE Des écrans à foison M A R S / AV R I L 2 0 0 6 LUX N° 237 33 Solutions M M M LUMIÈRE en fibre optique parcourt de bas en haut le poteau noir de l’entrée. Une fantaisie lumineuse, s’amuse Michel Soto : « Nous avons profité de la nécessité de rendre ce poteau bien visible pour demander à l’architecte de nous créer un petit élément décoratif à la Soulage. » Mais les effets les plus spectaculaires sont destinés à la clientèle internationale de l’avionneur. A leur intention, Airbus a créé une salle d’accueil et de démonstration particulièrement sophistiquée qui jouxte le centre. Une baie vitrée « opacifiante » permet d’alterner projection vidéo et présentation du centre AIRTAC. Mise au point par SaintGobain, ce produit très spécial (1) est composé de deux couches de verre feuilleté à l’intérieur desquelles « un film à cristaux liquides a été inséré et peut être activé électriquement pour laisser passer la lumière brûleur halogène. Un rendement optimum est assuré avec une homogénéité parfaite de la répartition lumineuse ». Particularité de la salle AIRTAC, l’ensemble de l’éclairage, à gradation, est commandé grâce à des dalles tactiles. Le système de gestion de l’éclairage permet de traiter indépendamment chaque appareil. ou au contraire rendre le verre Version opaque, version transparente. opaque », précise Michel Soto. Dans la salle d’accueil et de Grâce à une dalle tactile centraliprésentation, la cloison révèle, sant le système d’éclairage à en fin de présentation, le centre gradation, l’activation de la vitre de pilotage AIRTAC. “opacifiante”, le fonctionnement des stores, de la vidéo-projection ou encore le micro, le présentateur conduit à sa guise le déroulement de ce show qui commence généralement par la diffusion d’un film et s’achève par la présentation d’AIRTAC à travers la vitre redevenue transparente. Pour accroître la dimension spectaculaire de cette présentation, le système de gestion de la lumière permet la programmation d’ambiances colorées réalisées grâce à des LED trichromiques installées dans des gorges lumineuses. Le dispositif est complété par un des encastrés halogènes dichroïques (50 W) et les LED bleues du sol. On ne pouvait faire mieux pour I Maître d’ouvrage : Airbus SAS symboliser l’expertise et les avanI Maître d’œuvre et éclairage : Beterem cées technologiques du créateur Ingénierie de l’A380. I Matériel : Crestron, Erco, Kinelight, PHOTOS HERVÉ ABBADIE équipent cette salle. » Un compromis a été trouvé grâce à une trentaine d’encastrés équipés de lampes halogènes 75 W, placés au-dessus des postes de travail. S’y ajoutent une dizaine d’appareils de la même famille, situés en périphérie, qui mettent en valeur les revêtements en bois des murs. Une centaine de ces appareils équipent aussi les bureaux du bâtiment B22. Grâce à la qualité du faisceau (59°) et à un angle de cut-off de 40°, le dispositif supprime les risques d’éblouissement et de réflexion sur les écrans, mettant à profit un rapport équilibré entre les éclairements horizontaux et verticaux. Un confort visuel encore renforcé, explique Jean-Claude Piccoli, son titre chez Erco, par « l'adéquation de l'angle non-éblouissant de la lampe et celui du réflecteur grâce à un diffuseur qui protège le Un éclairage très “show” Si tout a été conçu pour ménager les conditions de travail des ingénieurs, la salle n’en bénéficie pas moins d’interventions plus décoratives. Plusieurs types de LED bleues créent des marquages sur un sol et balisent marches, contremarches et nez de marches. Un filet bleu Vol de nuit La nouvelle vitrine d’Airbus située en bordure d’autoroute se voit aussi la nuit. Une trentaine de projecteurs à optiques asymétriques équipés de lampes aux iodures métalliques (150 W) ont été placés au pied de la façade composée d’une double peau en verre. La première ligne des éclairages fluorescents installés dans les bureaux est également sollicitée la nuit et donne de la profondeur au bâtiment, tandis que des projecteurs à faisceaux étroits (iodures métalliques 150 W) illuminent l’enseigne du constructeur. 34 LUX N° 237 M A R S / AV R I L 2 0 0 6 Les intervenants HENRI CORMIER (1) « Priva-Lite » Lutron, Saint-Gobain, Synélec, Trilux, Waldmann Eclairage