Francophonie n°21 mars 2014

Transcription

Francophonie n°21 mars 2014
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viens encore d’un groupe de jeunes femmes qui m’a dit :
« Celles qui ne sont pas excisées, sont plus sensibles, plus
vivantes et quand elles sont co-épouses, le mari les préfère. Nous, nous sommes des morceaux de bois mort ».
L’immigration des femmes d'Afrique subsaharienne, gardiennes des traditions, a importé la pratique de l’excision,
a fossilisé cette mutilation génitale. Elles avaient pour
mission de garantir la réputation des femmes au sein de
la communauté. Or, il n’y a pas d’exciseur, il n’y a que des
exciseuses. Cette mutilation génitale, le couteau, la lame
de rasoir, l’outil tranchant, parfois rouillé brandi par l’exciseuse qui déchire et supprime l’organe du plaisir, touche
chaque année un million de petites filles dans le monde.
J’ai clôturé, le 6 février à Paris, le Colloque « Excision,
parlons-en » à l’occasion de la journée internationale en
faveur de l’abandon de l’excision. En Guinée, en Egypte,
où le taux d’excision est de plus de 90%, il faut insister
sur l’importance de la scolarisation des filles jusqu’à 16
ans. Dès qu’elle augmente, le taux d’excision chute. Au
Ghana, 70% des femmes de plus de 40 ans ont été excisées. Aujourd’hui, seules 16% des adolescentes l’ont été,
grâce à la politique menée depuis une dizaine d’années.
POUR LES
FEMMES ET
AVEC LES
FEMMES
Madame la ministre, vous avez fait du droit des femmes
votre combat au sein de l’espace francophone. En effectuant
un voyage en RDC, vous avez découvert la situation des
femmes victimes de violences. En revenant dans ce pays
pour le second Forum en mars, qu’attendez-vous comme
avancées significatives ?
C’est à Kinshasa, en juillet 2012 que j’ai été interpellée
sur la situation dramatique des femmes en RDC. Dans
l’est du plus grand pays francophone, au Nord Kivu,
les femmes étaient les premières victimes des conflits
armés, des escadrons de la mort, de groupes armés
rebelles, le M23, qui avaient programmé le viol de milliers
de femmes devenues « butins de guerre ». Un véritable
génocide au féminin était perpétré depuis des mois, dans
un silence assourdissant. De mon indignation et de ma
colère est née l’idée d’organiser le premier Forum Mondial
des Femmes Francophones pour être une force, une
dynamique, sans ingérence. J’ai demandé en leur nom,
lors de la Conférence Permanente de la Francophonie,
qu’une déclaration spécifique et solennelle sur les droits
des femmes francophones soit adoptée par les Chefs
d’Etats et de Gouvernements des pays membres de la
Francophonie au prochain Sommet de Dakar. La RDC,
qui assure jusqu’en novembre 2014 la présidence de la
2 Francophonie /mars 2014 francophonie, a souhaité avec enthousiasme accueillir le
2nd Forum à Kinshasa qui réunit plus de 1000 femmes
venues de 77 pays. Il impulsera des recommandations
portant sur leurs statuts, leurs droits, leur avenir, leur rôle
dans la restauration de la paix et le développement de leur
pays et aura pour objectif d’accélérer l’égalité réelle entre
les femmes et les hommes
Parmi les violences constatées, figurent celles
qui portent atteinte à l’intégrité physique des femmes.
Avec un film « Femmes d’Islam », vous aviez déjà abordé
le sujet de l’excision. Quel peut-être le rôle de la France
pour l’éradication de ces coutumes ?
En 1990, je me souviens avoir filmé, au Mali, à Mopti,
Djenné, Bamako, Tombouctou, Mariam et Keita, bénévoles de la Croix Rouge. Devant des dizaines de femmes,
avec un torse en plastique et un sexe féminin en kit pour
désigner la partie tranchée par l’excision, elles expliquaient inlassablement les terribles conséquences psychologiques et physiologiques, voire mortelles, de cette
mutilation. Je me souviens aussi de l’intervention virulente
des exciseuses : « L’excision existe depuis la nuit des
temps. Nos anciens l’approuvent, l’islam l’approuve, c’est
plus propre, ça rend la femme plus belle ». Je me sou-
L’école pour tous : sur le continent africain, cette affirmation
n’a pas encore droit de cité partout. Or, la scolarisation des
filles, vous le disiez, est un levier important pour faire avancer les idées dans une société traditionnelle.
Face à l’ignorance et la régression des droits des femmes,
l’éducation des filles est le premier des droits. L’école est
l’autorité de proximité qui donne aux filles et aux femmes
les moyens de s’émanciper par l’éducation et la formation professionnelle : savoir, c’est prendre le pouvoir :
celui de connaître ses droits, celui de de lutter contre les
préjugés, de travailler, de transformer la société. C’est
grâce à l’école obligatoire que demain, il n’y aura plus
d’exciseuse, plus de mutilation génitale, plus de mariage
forcé pour les petites filles. Pour cela, nous devons, non
seulement instaurer la prolongation de l’âge obligatoire de
la scolarité pour les filles, mais encore nous en donner les
moyens. Aider les parents à couvrir les frais de scolarité,
former des institutrices, construire des écoles, des bibliothèques, acheter des livres, des ordinateurs, etc.. Pour
tout cela, et pour soutenir les actions de l’OIF en matière
d’éducation, je propose la création d’un fonds de solidarité francophone pour la scolarisation des filles. Ce sera
l’une des ambitions de ce Forum, pour réparer les torts
séculaires faits aux femmes par des sociétés machistes
qui fonctionnent en s’amputant de la contribution des
femmes, véritables actrices des avancées démocratiques,
de l’essor économique et de la restauration de la paix
Entretien avec Yamina BENGUIGUI
Ministre déléguée, chargée de la francophonie.
Sommaire N°21 MARS 2014
P. 2 Yamina BENGUIGUI Forum mondial
des femmes francophones
P.4 GASANDJI Artiste et humaniste
P.5 Frédéric BOUILLEUX La francophonie en Piémont
P.6 Filippe SAVADOGO Le mois de la francophonie
à New-York
P.7 C.DIOP/P.OBOLO Afrikadaa
P.8 Lidwien van DIXHOORN Parlez-vous Paris ?
P.9 Vicky SOMMET Tombouctou, une ville bibliothèque
P.10 La Compagnie TCHETCHE
11
Nikos ALIAGAS
Français, Grec et Francophone
12
Vincent OHL
Jeunes talents
photographes
P.13 Yvan AMAR RFI au Costa Rica
P.14 Yacouba KONATE Le MASA 2014
P.15 Danh Thành DO-HURINVILLE Du Vietnam à Paris
P.16 Christophe N GALLE EDIMO L’Afrique dessinée
P.17 Catherine FRUCHON –TOUSSAINT Shumona SINHA
18
Espace
Andrée
CHEDID
P.19 La francophonie en bref P.20 Les petites annonces de l’Os à moelle
de Pierre Dac mars 2014 / Francophonie 3
GASANDJI
C
’est une femme multiple pour ses
différentes expérimentations dans
le domaine artistique, multiple pour
mener de front une carrière et être
la meilleure maman ( ce sont mes
enfants qui le disent). J'ai toujours
rêvé de créer, eu beaucoup d'imagination, c'est ainsi que j'ai fait de mon corps mon
premier instrument. Je l'ai fait sauter, tourner, se
tordre dans tous les sens pour exprimer mes premières émotions d'adolescente. Mais mon Père m'a
dit « Non, tu dois avoir un travail normal… ! ».
Rien à faire, l'appel de l'art est plus fort et je n'arrive
à m'exprimer qu'en créant ; des sons, des mélodies, des mots que j'aime faire résonner pour me
réconcilier avec ma destinée. Dans mes recherches
sur l'être que je suis, une question s'est posée
cependant « Pourquoi je veux faire cela ? » Pour la
célébrité, l'argent ( il n'y en a pas de toute façon !!!).
C'est alors que j'ai découvert ma mission à travers
mon art : créer du lien, des ponts, d'abord avec moi,
puis avec les autres. Assumer ma différence avec ma
coiffure car pour moi elle dit ma fierté "d'être" et la
façon dont j'ai envie de mener tous mes projets car
je choisis l'amour.
L'Afrique a matérialisé cette mission car j’ai décidé
de me battre pour l'éducation, en créant le projet
R.E.M ( Rêvez Enfants du Monde). Des ponts, encore
des ponts, car l'Afrique est ouverte et appartient à
tous ceux qui l'aiment. Cette génération doit inventer
d'autres formes de partage, de façons de communiquer, se réinventer même si la route est longue car
nos enfants ont besoin d'exemple pour perpétuer ce
rêve de changement.
Tout cela, j'aime l'exprimer dans mon art et c'est une
vraie bénédiction, une chance de se livrer, donner de
l'amour sans même attendre un retour car c'est cette
mission que j'ai choisie et, pour cette raison, tout est
possible !.
GASANDJI
Rêvez Enfant du Monde : http://t.co/MTfR2AuvBb
revez-enfantsdumonde.tumblr.com
INADEN : Collaboration de la création de sac
en Afrique : www.inadendesign.com
4 Francophonie /mars 2014 LA FRANCOPHONIE
EN PIéMONT : UNE
PORTE OUVERTE SUR
LES 5 CONTINENTS
L
es ouvrages et articles consacrés à la
Francophonie à Turin et dans le Piémont se
concentrent sur l’analyse détaillée de l’histoire
contrastée des relations diplomatiques entre la
France et cette région frontalière de l’Italie et
sur l’étude serrée des parlers franco-provençaux des vallées alpines. Mais la francophonie se présente
aujourd’hui sous un tout autre jour : le Maire de Turin, Piero
Fassino, se définit volontiers comme le plus francophone
et francophile d’Italie. On enregistre quelques 2700 entrepreneurs français dans le Piémont qui exportent pour près
de 10 Milliards d’Euros vers la France, Belgique, Suisse.
Plus d’1,5 M de touristes francophones viennent visiter le
Piémont par an et les communautés roumaines (140 000)
et marocaines (65 000) sont les plus nombreuses parmi
les étrangers qui y résident. Le Maroc, le Sénégal, le Togo,
la Côte d’Ivoire, la Belgique, le Burkina Faso, le Vietnam
ont une représentation consulaire à Turin et une messe
bilingue est célébrée chaque dimanche dans l’une des
basiliques du centre ville pour les ressortissants des communautés africaines.
Malgré une législation italienne très défavorable à l’apprentissage des langues étrangères (seul l’anglais est enseigné
au lycée !), l’intérêt pour la langue française et la culture
francophone ne se dément pas : L’alliance française de
Turin est la plus importante du réseau des 38 Alliances
françaises présentes en Italie, par sa taille et le volume
de ses activités ; la France est au premier rang des destinations choisies par les étudiants piémontais dans la
cadre du programme Erasmus, on enregistre 21 doubles
diplômes universitaires mis en œuvre par les Universités
piémontaises et françaises,
le nombre des établisse- Turin la nuit
ments scolaires proposant
des sections ESABAC (préparant au double diplôme
maturità italienne et baccalauréat ) s’élève à près
de 35 et les activités du
Lycée français, établissement d’excellence, de l’Université franco-italienne et de
l’association FLAM qui s’adressent aux ressortissants
francophones, connaissent un réel succès. Par ailleurs,
la manifestation Torino incontra la Francia /Turin rencontre
la France, a permis de présenter au public, durant toute
l’année 2013, plus de 170 événements culturels. Le mois
de mars sera l’occasion de souligner la présence de la
francophonie : l’Université de Turin, en collaboration avec
l’Alliance française, organisera le 3 mars une rencontre
consacrée à la coopération universitaire francophone
dans le Piémont comme instrument de promotion du
multilinguisme et de développement d’une coopération
solidaire sur les grands thèmes du millénaire (sécurité
alimentaire, développement durable, échanges méditerranéens). Bernard Cerquiglini, recteur de l'AUF, sera
l'invité d'honneur de cette rencontre. L’Alliance française
proposera aux Turinois une grande dictée publique le 19
mars alors que les étudiants de l’Université iront distribuer
des textes littéraires francophones devant l’ensemble des
librairies de Turin ; témoignages d’une ville et d’une région
qui ont pris conscience des enjeux de la mondialisation et
du rôle que la Francophonie pouvait jouer pour les aider
à les affronter.
Frédéric BOUILLEUX
Directeur de l’Alliance
française de Turin
Directeur général de
l’Alliance française en Italie
CéLéBRER LA FRANCOPHONIE A NEW-YORK
L
a communauté francophone
s’apprête à célébrer le 20
mars 2014 la Journée internationale de la Francophonie,
également Journée de la
langue française aux Nations
Unies. A New York, deux temps forts
rythmeront cette journée : une importante table ronde sur la diplomatie
culturelle et le multilinguisme à la mijournée et la Soirée culturelle de la
Francophonie avec, comme invité
d’honneur, Manu Dibango pour un
concert exceptionnel. Mais bien audelà de cette journée, la Francophonie
sera célébrée tout au long du mois de
mars pour fédérer et valoriser la diversité des initiatives francophones.
Le Mois de la Francophonie est le reflet d’une communauté francophone particulièrement dynamique aux
États-Unis. Il sera mené plusieurs actions concertées,
diversifiées et engagées sur des problématiques aussi
importantes que le développement durable, la diversité
culturelle, les droits des femmes et la promotion des
valeurs universelles. A ce vaste bouillonnement s’associent les écoles new-yorkaises, à l’instar de la French
American Charter School de Harlem et de la Bronx
High School of Science qui, tout autant que le French
Heritage Language Program, s’investissent davantage
dans la promotion de l’enseignement du français.
Un autre évènement, Le Petit Prince est de retour à New
York. Publié en 1943 par Antoine de Saint-Exupéry, Le
petit Prince sera au cœur d’une large action de diplomatie culturelle. Edité en plus de 270 langues, c’est l’ouvrage francophone le plus traduit au monde. Autour de
l’œuvre, la Représentation permanente de l’OIF auprès
de l’ONU à New-York (RPNY), les Nations Unies et la
Succession Saint-Exupéry organisent un concours pour
les jeunes scolaires et une journée de débats autour des
valeurs véhiculées par Le Petit Prince le 28 mars à la
New-York Public Library.
La Morgan Library & Museum accueille, en outre,
l ’exposition « The Little Prince: a New York story » qui
se poursuit jusqu’au 27 avril. A l’aune du Petit Prince,
la Brooklyn Academy of Music nous invite à redécouvrir
notre planète à travers sa série d’activités dénommée «
The Little Prince: a Planetary Gardener » les 25 et 26 avril
6 Francophonie /mars 2014 prochains, en marge de la Journée
internationale de la Terre.
La Francophonie est aussi présente
aux Nations Unies : outre la projection de Tey du réalisateur francosénégalais Alain Gomis le 18 mars,
l’OIF s’engage aux côtés de l’ONU
dans la perspective de la commémoration des victimes de l’esclavage
et de la traite transatlantique des
esclaves avec Haïti à l’honneur.
Aux Nations Unies, l’OIF organisera,
par ailleurs, une concertation francophone de haut niveau le 10 mars,
en marge de la 58ème session de
la Commission de la condition de
la femme sur le thème : « Egalité femme-homme
et autonomisation des femmes en Francophonie :
construire le nouveau programme de développement
pour l’après-2015 ».
Filippe SAVADOGO
ambassadeur, Représentant permanent de l'OIF
auprès des Nations Unies
AFRIKADAA, UNE REVUE
D'ART Où DIALOGUENT
LES CULTURES
C
réée par un collectif d’artistes et de chercheurs, Afrikadaa est la première revue
numérique indépendante francophone quadrimestrielle dédiée aux arts afro contemporains. Son approche éditoriale permet de
créer un objet culturel pérenne qui archive
la mémoire de l’histoire de l’art contemporain africain, à
une époque de globalisation culturelle.
Espace déterritorialisé où artistes
et acteurs de la création interrogent
esthétique et éthique face aux enjeux
majeurs de la mondialisation, Afrikadaa
place l’art contemporain dans une
perspective de réflexion globale audelà des géographies et des politiques
culturelles. Il est urgent de réinventer
un langage où le dialogue artistique
soutient notre aspiration à l’intelligence
et révèle à la conscience du monde
l’artiste contemporain et sa modernité.
Chaque numéro est porté par un thème,
sur lequel travaillent critiques d'art, plasticiens, écrivains, journalistes et universitaires. Afrikadaa compte
six parutions depuis sa création et publie en février
2014 son premier hors-série, « Be national », consacré
à la saison Sud-Africaine en France. Plus qu'une revue,
c’est une plateforme d'échange et de réflexion, un « art
lab » qui ancre des actions concrètes et novatrices. Le
collectif organise : actes éditoriaux live, conférences,
expositions, festivals et ateliers (performance, cinéma,
photographie...). Conscientes du fait que l’ampleur
d’une action se traduit par le savoir-faire, l’union et la
complémentarité des compétences, nous souhaitons
initier et participer aux projets et causes liés à l'éducation artistique à travers des partenariats en apportant
nos conseils, notre engagement et en
mettant à disposition notre équipe.
Dernier projet en date, l'organisation
d'un symposium « Mémoire du Futur »
le 13 mai, dans le cadre de la biennale
de Dakar, Dak'art 2014. Une intervention axée sur l’émergence de pratiques
éditoriales innovantes dans leur rapport
aux nouvelles écritures et lectures interactives des supports dématérialisés et
nouveaux médias dédiées à la création
contemporaine africaine, afro-américaine et caribéenne. Ce projet trouve
ainsi une résonance pertinente dans la
thématique proposée par la Biennale, Les métiers de
l’art, le monde de l' édition et des publications étant un
secteur sinistré dans les territoires du Sud.
Carole DIOP et Pascale OBOLO
www.afrikadaa.com
mars 2014 / Francophonie 7
TOMBOUCTOU, UNE VILLE BIBLIOTHèQUE
C
’est l’histoire d’une histoire. Nous sommes
au XVème siècle, sous le règne de l’empereur
du Songhaï, lorsque Tombouctou devient
une ville universitaire. Les étudiants viennent
du Maroc, d’Andalousie, d’Egypte, de l’empire du Ghana pour suivre les cours de l’université Sankoré. La ville accueille alors quelques 25 000
étudiants. Ce qui porte à son apogée l’enseignement, le
livre et tous les métiers qui s’y rattachent.
« PARLEZ-VOUS PARIS ? » *
Parlez-vous Paris ? Voici un joli titre pour une immersion sonore dans la capitale
française, un parcours de découverte à travers le regard de ceux qui la visitent.
P
arlez-vous Paris ? C’est la question qui résume
les interrogations de jeunes invités, nouvellement arrivés à Paris et qui cherchent à décoder
la capitale, son langage et sa culture. Comment
éviter de se faire bousculer dans le métro ?
Qu’est-ce qu’un « vrai Parisien » ? Qu’est-ce
qu’un fromage « à pâte persillée » ? Pourquoi les terrasses
parisiennes ont des chaises tournées vers la rue ? Pour
répondre à ces questions, ils sont partis en reportage et
ont rencontré les Parisiens qui ont la réponse.
« Parlez-vous Paris ?» propose ainsi un parcours de
découverte qui inverse les points de vue et met au
centre du reportage la diversité des regards des jeunes
étrangers. Le point de départ de leurs reportages, ce
n’est pas la réponse, mais la question. Des questions
surprenantes, qui invitent les Parisiens pure souche
à porter un autre regard sur leur ville qu’ils croient
connaître mais qu’ils oublient souvent de ressentir.
A eux de trouver des réponses adaptées, de partager et
de transmettre ce qui semble une évidence : les codes
de leur Paris.
Avec une vingtaine d’invités originaires des quatre coins
du monde, RFI a produit 52 reportages bilingues formant un parcours d’apprentissage original de la langue
et culture françaises dans des situations concrètes.
Avec une musique originale, des ambiances reconnaissables, la langue maternelle en soutien, tout est fait
pour que chaque apprenant, s’initie « en immersion » au
8 Francophonie /mars 2014 savoir-vivre parisien avec une caviste à la République,
un urbaniste sur la Tour Eiffel ou un maître d’hôtel à la
Gare St Lazare. Ils visitent des lieux surprenants comme
les Catacombes, la Cité des Enfants à la Villette ou le
Skatepark de Paris.
Et toute cette activité, dont l’écriture se fait sur des parchemins, des peaux de mouton, des papiers d’Orient,
pour parler de justice, de politique, de pharmacopée, de
mathématiques, de médecine ou de grammaire. C’est
pourquoi Tombouctou et sa région comptaient à cette
époque-là environ entre 300 et 500 000 manuscrits
jusqu’à Gao, Djenné ou Ségou. Transmis de générations
en générations, ils sont encore aujourd’hui la propriété de
familles maliennes.
Comme celle de Mamma Haïdara, juge et professeur, qui
enseignait les sciences classiques islamistes, la jurisprudence et la grammaire arabe. Sa bibliothèque personnelle
remonte au XVIème siècle et il consacra sa vie à la conser-
vation de sa collection et établit des relations étroites
avec d’autres bibliothèques de la région pour faciliter les
échanges et la recherche. Depuis sa disparition en 1981,
son fils Abdul Kader Haïdara a pris le relais et poursuit ce
travail en proposant par exemple un prêt exceptionnel de
ses manuscrits à Marseille pour l’organisation de l’exposition « Tombouctou, le secret des manuscrits »*.
Marseille rejoint ainsi le cercle des institutions qui aideront
le Mali à préserver ce patrimoine d’intérêt mondial. C’est
la première fois que ces textes sont ainsi présentés au
grand public, même si leur histoire et la culture sousjacente sont encore souvent méconnues. Mais elle permet, comme pour toute autre ville qui accueillera l’exposition, de conserver et de préserver ces manuscrits, malgré
les périodes de conflits et d’incertitudes qu’a traversées le
Mali et que ce pays connait encore aujourd’hui.
Vicky SOMMET
*A l’Alcazar jusqu’au 22 mars « Tombouctou, le secret des manuscrits ».
21-22 mars : colloque de clôture sur le rôle de
l'Unesco dans la préservation des manuscrits par
Edouard Planche, Unesco
L’aventure pour ces nouveaux arrivants a commencé
par une formation au journalisme par des professionnels de la radio. Chaque émission commence par un
« zoom » sur l’invité étranger, qui raconte son parcours
et son regard sur Paris. Ils se sont aussi familiarisés avec
l’art et la manière de poser des questions et de réaliser
des interviews parlées et en images vidéo. Avec, pour
finalité, le plaisir d’avoir appris le français en direct lors
de visites insolites de la capitale et d’avoir fait des rencontres chaleureuses avec des Parisiens authentiques.
La somme de ce travail est diffusée sur les antennes de
RFI en anglais les samedis et dimanches et téléchargeable gratuitement sur le site Internet rfi.fr pour une
écoute à la demande. Parlez-vous Paris ? A cette question, beaucoup d’auditeurs et d’internautes pourront
bientôt répondre « oui », car ils connaîtront Paris aussi
bien si ce n’est mieux que les Parisiens eux-mêmes !
RFI- Lidwien van DIXHOORN
Parlez-vous Paris ? est un projet pédagogique réalisé en partenariat
avec l’INALCO et l’association Travaux en Réseaux, Approches
nouvelles en situations interculturelles et transnationales.
*www.english.rfi.fr/features/parlez-vous-paris
mars 2014 / Francophonie 9
« êTRE GREC, C’EST PENSER GREC »
L
compagnie TCHETCHE
a Compagnie TCHETCHE est essentiellement
composée de danseuses symbolisant l'énergie qui donne la force à cette compagnie
pleine d'ambition et qui rêve de "voler haut
dans le ciel dégagé" de la création chorégraphique contemporaine. Elle a été créée en
juin 1997, dont 15 années d'expérience, 6 créations à
succès à son actif. Elle a participé à plusieurs festivals
à travers le monde et a été lauréate de plusieurs Prix
internationaux. Dimi (douleur) en malinké est la toute
première création de la compagnie, chorégraphiée par
Béatrice Kombé décédée en février 2007. Dimi a eu le
prix RFI du spectacle vivant en 2000 à Paris et le prix
UNESCO au MASA (Marché des Arts et du Spectacle
Africain) en 1999 à Abidjan.
Le travail de la compagnie a été apprécié par tous,
depuis l’Europe en passant par l’Afrique et jusqu’aux
Etats-Unis, dans des prestigieuses salles comme le
Kennedy Center et certaines grandes salles des universités américaines où les danseuses de la troupe ont
enseigné leurs techniques.
Parmi les récompenses, la Compagnie Tchetche a
reçu, en 2000, le 2ème prix au Concours international
de danse à Hanovre, en Allemagne et le 2ème prix aux
Rencontres chorégraphiques de Madagascar en 1999
avec des compositions comme Geeme (Union),
Source (Eau, source de vie), Nagtaba (Brassage culturel) ou Esprit (Retour aux racines).
Aujourd’hui « Esprit », chorégraphié par Nina Kipré, est
la toute dernière création qui a déjà participé à quelques
festivals notamment en Côte d’Ivoire, en Italie et aux
derniers Jeux de la Francophonie à Nice en France.
Esprit parle de la reconstruction et de la continuité et
elle relate la vie de la Compagnie Tchetche, son passé
et son avenir. Cette Compagnie qui émerveille tant n’a
pas de soutien et souhaite toujours redoubler d’effort
malgré un manque évident de moyens.
Abdel Marc CAMARA
[email protected]
www.compagnetchetche.com
Nikos Aliagas, ces quelques mots,
au-delà de vos origines et de votre
scolarité qui a privilégié l’étude du grec
ancien et du grec moderne, ont-ils une
signification particulière pour vous ?
Cet héritage fait partie de mon ADN, cette
conscience profonde, intime, du temps qui
passe, dans lequel nous ne faisons qu’un
modeste passage mais que nous souhaitons marquer de notre empreinte ; cette
conscience du lien avec nos origines les
plus anciennes et de notre héritage culturel ;
cette conscience enfin du respect de ce
qui a été accompli et de tout ce qui reste à
réaliser. Nous ne sommes qu’un maillon de la
chaine en définitive. Cela suppose de savoir
s’arrêter, se poser, bref de prendre le temps.
Cette conscience oblige chacun d’entre nous
à prendre du recul sur notre quotidien pour
nous aider à nous situer dans le monde, à
bien orienter notre vie et à faire les bons
choix. Elle est par exemple indispensable pour
nos dirigeants qui ne doivent pas céder à la
pression du quotidien mais doivent inscrire
leur réflexion et leur action dans la durée. Les
Grecs anciens nous ont enseigné les vertus de
cette sagesse dont je revendique la modernité.
Je crains toujours l’hybris, cet outrage aux
dieux, l’arrogance malgré nous… Et je rejoins
Jacqueline de Romilly qui disait « Les journalistes aujourd’hui vont vers le plus rapide. Les
Grecs, eux, allaient vers le plus profond ».
Vous avez fait vos études en France,
vous y vivez, y travaillez, et les liens
que vous avez tissés avec la Grèce vous
incitent à vouloir rapprocher la culture
grecque de la culture française.
Les exemples de cette proximité culturelle,
intellectuelle, artistique, politique entre la
Grèce et la France sont légion : Pierre de
Coubertin a redonné vie aux Jeux Olympiques
antiques. Eugène Delacroix a mis sa palette
de couleurs au service de la guerre d’indépendance grecque. Victor Hugo a insufflé aux
Européens un philhellénisme sans précédent.
Jacqueline de Romilly a été la plus grande
défenseure de l’héritage intellectuel et littéraire des Grecs anciens. Enfin, André Malraux
a rendu le plus vibrant hommage à la Grèce.
Et je me dis souvent que cet héritage devrait
occuper une plus grande place dans les
manuels d’enseignement. L’instruction civique
ne pourrait-elle pas proposer un retour aux
textes des grands auteurs ? Les Grecs avaient
le souci de l’universel, la France incarne aussi
pour beaucoup cette vocation. Je me dis
aussi que cette proximité pourrait s’exprimer
à l’occasion de grandes rencontres sportives
et culturelles, internationales et francophones,
des rencontres qui s’adresseraient à la jeunesse et auxquelles nos deux pays pourraient
apporter leur savoir-faire : Jeux Olympiques,
Jeux Olympiques de la Jeunesse ou Jeux de
la Francophonie notamment ? Nous appartenons à une même famille, partageons un
même héritage culturel, défendons le même
attachement à la langue française, au multilinguisme, à la diversité culturelle… Nous
pouvons contribuer ensemble au succès de
projets porteurs de sens pour les jeunes
générations.
conséquent, la culture est un mouvement
perpétuel. André Malraux affirmait que « la
culture ne s’hérite pas, elle se conquiert ». La
multiplicité des supports de communication
nous offre une opportunité incroyable pour
partir à la conquête de la culture si l’on veut
bien se donner la peine de la transmettre et
de la partager.
J’ajouterais qu’en cette période de crise qui
agite bon nombre de nos sociétés, et dont la
France et la Grèce ne sont pas épargnées, je
pense que nous avons ardemment besoin de
renouer avec nos valeurs, celles qui donnent
du sens à nos vies. Comme une boussole
nécessaire pour que nous ne perdions pas
en chemin. La culture, c’est notre mémoire et
notre avenir, c’est l’humanité en marche, c’est
le respect de notre dignité, c’est en somme
notre identité la plus profonde.
Entretien Nikos ALIAGAS
Vous êtes journaliste, animateur
de radio et de télévision, chanteur à
l’occasion, vous avez approché le
doublage et vos ambitions et vos
envies vont peut-être encore s’exprimer
d’autres manières. Malgré les apparences et la légèreté qui accompagnent
souvent ces différentes activités, diriezvous que la culture est présente sous
de multiples formes et qu’on n’a pas fini
d’en délimiter les contours ?
En philosophie, le mot « culture » définit ce
qui se distingue de la « nature », ce qui est
de l’ordre de l’acquis et non de l’inné. Par
mars 2014 / Francophonie 11
RéVéLER LES JEUNES
TALENTS DU MONDE
M
es activités de photographe documentaire et de portraitiste m’amènent
à parcourir les différents continents,
au cœur de la vie des femmes et des
hommes, et de témoigner de leurs
valeurs. Capter la beauté et l’expression des sentiments, valoriser et permettre l’échange d’expériences et de connaissances,
restent pour moi l’une des fonctions majeures de mes
réalisations, qui m’ont amené à être sollicité par des
marques et institutions internationales pour la création
d’événements photographiques. C’est ainsi, qu'en
2013, l’Organisation Internationale de la Francophonie,
m’a confié la réalisation de l’exposition Francophonie
au Féminin, présentant les portraits de 10 jeunes
femmes béninoises, actives, créatives et talentueuses,
incarnant l’esprit d’entreprendre et le dynamisme d’une
jeunesse francophone innovante.
De cette volonté de révéler l’excellence humaine, est
né l’Atelier photographique Jeunes talents du monde,
associant l’apprentissage de la photographie à la
découverte du monde et des cultures. Les jeunes participants, encadrés par des professionnels confirmés,
suivent une formation technique et artistique, mise en
pratique sur des projets de communication visuelle,
au service d’enjeux éducatifs et médiatiques. Ainsi, en
partenariat avec l’Institut Français, au Kurdistan irakien,
les jeunes ont présenté, à travers une exposition photographique, le patrimoine culturel de la ville d’Erbil, sa vie
sociale et ses activités économiques. Leur réalisation
a contribué à la valorisation du territoire mais aussi à
promouvoir les jeunes talents en Irak.
Au Bénin, durant trois mois, les participants se sont
formés à la photographie, au traitement des images
numériques et à la publication web, ont réalisé de
nombreux reportages et archivé une banque de 49 000
images sur les richesses historiques et les traditions
du Bénin. Une sélection de leurs photographies fût
présentée au stade Charles De Gaulle de Porto-Novo
lors des Championnats d’Afrique d’Athlétisme et à
Paris, dans le cadre des ateliers nomades du Musée
du Quai Branly.
Aujourd’hui, l’Atelier photographique Jeunes talents du
monde, s’engage, avec ses participants en formation,
sur des projets valorisant les jeunes talents dans le
monde, impliqués dans l’entreprenariat, les arts vivants
et visuels, œuvrant pour la promotion des cultures, du
savoir et du partage. Il souhaite contribuer ainsi, au
rayonnement d’une jeunesse qui contribue au progrès
de la société et à la construction d’un avenir prometteur
pour les nouvelles générations.
Vincent OHL
Fondateur de L’Atelier photographique
“Jeunes talents du monde”
https://www.facebook.com/jeunestalentsdumonde
http://fr-fr.facebook.com/pages/Vincent-Ohl/104982706229355
SEDIFRALE 2014
P
ourquoi parler français en Amérique latine,
alors qu’on y parle déjà largement des langues… latines notamment, l’espagnol et le
portugais ? La question a peu remué les
participants aux SEDIFRALE, enthousiaste
Congrès des professeurs de français dans cette partie
du monde, tant la réponse paraissait évidente : évidemment il faut parler français, et donc d’abord l’apprendre,
et par conséquent l’enseigner !
d’un bon œil, parlé certainement plus qu’ailleurs. Le
pays se singularise par une vraie tradition démocratique
(le Congrès s’est ouvert le lendemain d’un tour d’élection présidentielle et on a pu remarquer la tranquillité et
l’implication des citoyens dans cette échéance majeure),
il est fier de ne pas entretenir d’armée, de ne pas abriter
de narcotrafic international. Tout cela a permis depuis
des dizaines d’années de développer une politique
d’enseignement très active.
L’Université de Heredia au Costa-Rica a donc bruissé
pendant la première semaine de février d’un français
impeccable, mêlé parfois d’un portugnol rigolard. On y
a parlé boutique, échangé des astuces pédagogiques,
envisagé l’apport des nouvelles technologies, réfléchi
sur les avantages à se frotter à l’univers francophone…
En effet ce continent latin depuis cinq siècles, souvent
suspicieux face à l’influence inévitable de son grand
voisin étasunien, est bien conscient de l’ouverture que
peut procurer un lien au reste du monde qui ne se fasse
pas en anglais.
Sur le front des langues, le français est obligatoire pendant les trois années du Collège. Et après ? C’est là que
le bât blesse peut-être : les élèves doivent continuer à
apprendre une langue étrangère et ils ont le choix entre
anglais et français. Est-ce vraiment un choix ? Il est
évident que l’option anglaise sera massive, sauf pour
ceux qui sont assurés d’une parfaite maîtrise, ce qui
replace le français dans une position de langue de luxe.
Malgré ça, l’image francophone continue de briller, aidée
probablement par le désir du pays de frapper à la porte
de la Francophonie - une porte vitrée - ; la transparence
des langues romanes n’est pas un mince atout dans ce
poker linguistique.
Mais le choix du Costa-Rica donnait un écho particulier
à ces aspirations, puisque la francophilie y a une histoire
originale. Depuis longtemps, le français y a été regardé
12 Francophonie /mars 2014 RFI- Yvan AMAR
mars 2014 / Francophonie 13
Cérémonie de lancement du MASA en présence du Directeur Yacouba Konate
LE MASA 2014
Professeur Yacouba Konaté, comment est né
le Marché des Arts du spectacle africains ?
Le MASA est né en 1993, une initiative de l’ACCT,
l’Agence de coopération culturelle et technique, avec un
premier rendez-vous qui s’est tenu à Abidjan et que la
ville a adoubé par la suite pour devenir le point de rencontre des professionnels des arts de la scène. Il y avait
déjà la Biennale de Dakar pour l’Art africain contemporain, le FESPACO pour le cinéma à Ouagadougou
et donc Abidjan était tout désigné pour accueillir cette
nouvelle manifestation. Enfin, l’idée de marché a prévalu
pour être une sorte d’interface entre les produits culturels
en provenance d’Afrique, exposés en Afrique mais dont
les acheteurs et les diffuseurs étaient des Européens.
Sous l’appellation Marché, il peut y avoir
des activités très différentes ?
Oui, c’est un marché mais aussi un festival. Très vite,
la rencontre s’est instaurée entre les producteurs et les
professionnels africains et le MASA leur a permis de
construire des projets ensemble, de programmer leurs
créations dans des rencontres qui se tenaient sur le sol
européen, en Belgique ou en France par exemple car
malheureusement, la Côte d’Ivoire a vécu une période
critique jusqu’en 2011, date à partir de laquelle le MASA
a pu reprendre son rythme normal.
Quelles sont les nouveautés pour l’édition 2013 ?
La musique, la danse et le conte ont fait partie des disciplines de base mais nous avons décidé de donner une
place entière au conte et nous avons ajouté l’humour et
la mode qui sont des disciplines d’avenir. Côté nouvelles
14 Francophonie /mars 2014 technologies, nous avons encore peu d‘installations
vidéo ou de matériels numériques pour faciliter les mises
en scène. C’est surtout la musique où la tendance est
à la dématérialisation de l’objet culturel même si le phénomène de la World Musique des années 80 comme
Youssou N’Dour ou Alpha Blondy s’est estompé.
60 troupes, plus de 1000 professionnels, vous
avez des difficultés pour trouver des artistes ?
On a lancé un appel à candidature en juillet 2013 et on
l’a arrêté en novembre avec déjà 500 demandes de participation. Le MASA représente un attrait très fort pour
les artistes africains comme le Tchad ou le Cameroun.
Ils viennent par la route ou en autocar et ils se programment eux-mêmes dans le festival off.
Le MASA apporte-t-il son soutien aux artistes,
même après la fin de la manifestation ?
Nous les accompagnons pour leur apprendre à discuter
avec les acheteurs, les diffuseurs, un vrai « coaching »
pour leur expliquer ce qu’il faut dire ou ne pas dire.
L’autre souhait que nous avons, c’est de mettre une
partie de l’argent du budget dans l’aide à la diffusion et
d’accompagner quelques troupes à se produire et à se
professionnaliser.
Entretien avec le Professeur Yacouba KONATE
Directeur général du MASA
(du 1er au 8 mars 2014 à Abidjan).
COMMENT PASSER
DES CHIFFRES AUX LETTRES
A
près des études secondaires à Saigon,
j’ai décidé en 1990, en accord avec
ma famille, de quitter mon pays natal,
le Viet Nam, pour la France afin d’y
entreprendre des études supérieures.
Mon choix s’est porté dans un premier temps sur l’apprentissage de la
comptabilité et de la gestion, et j’ai obtenu en 1993
un B.T.S. C’est à cette époque que j’ai peu à peu pris
conscience de ce que je
n’avais jusque là senti que
confusément, à savoir une
attirance irrésistible pour les
mots, les expressions, les
phrases et un besoin à la
fois intellectuel et presque
charnel de me jeter à corps
perdu dans cette langue
française qui m’environnait
et m’enchantait, mais dont
je ne connaissais encore
que quelques rudiments.
Ce fut une découverte, une
révélation, un bonheur ! Une
passion était née, qui allait
devenir vocation…
Le B. T. S. en poche, adieu
chiffres, comptes d’exploitation, bilans… La voie était
désormais tracée : l’Université, la langue française, la
linguistique. Il fallait se mettre à l’ouvrage, rectifier le tir,
aller vers de nouveaux horizons, trouver les clefs d’un
autre cheminement. Mais le destin veillait… Lors de mon
stage effectué en 1992 au sein des services financiers de
Radio France, j’avais fait la connaissance fortuite de Jean
Hurinville, collaborateur de cet organisme, passionné par
sa langue maternelle, et qui venait de prendre sa retraite.
Je lui ai demandé s’il pouvait me guider dans mon projet,
ce qu’il a accepté avec plaisir. Ce fut le point de départ
d’une longue collaboration intense, d’une complicité et
d’une amitié fructueuses qui, commencées il y a plus de
vingt ans, durent toujours !
J’ai donc intégré l’Université Sorbonne Nouvelle Paris
3 en 1995, obtenu une Licence de lettres modernes,
mention F.L.E., une Maîtrise de linguistique française et
un D.E.A. et soutenu une thèse de doctorat en sciences
du langage en 2004. Je suis titulaire depuis 2012 du
diplôme H.D.R. (Habilitation à diriger des recherches), et
exerce actuellement en qualité de Maître de Conférences
à l’INALCO (Institut National des Langues et Civilisations
Orientales) à Paris.
Je continue par ailleurs de développer entre autres des
travaux sur la langue française dans le cadre de colloques
en France et à l’étranger, par la publication d’articles
dans des revues spécialisées, et par la traduction en
français d’œuvres littéraires d’auteurs vietnamiens . Cette
dernière activité m’a permis
d’approfondir les richesses,
les nuances, les multiples
facettes de la langue : je
mesure un peu plus chaque
jour que le français est un
trésor inestimable !
Enfin j’ajoute qu’en 2001, à
travers ce parcours jalonné
de satisfactions partagées,
Jean Hurinville et moimême avons concrétisé
un attachement mûri par
des milliers d’heures consacrées ensemble au français :
je suis devenu Danh Thành
Do-Hurinville, fils adoptif de
mon « mentor ». Mon patronyme symbolise bien, pour
moi, le sentiment d’affection que je garde pour mon pays natal et ma langue
maternelle, et le lien solide qui me rattache à mon pays
d’adoption et à sa langue.
Danh Thành DO-HURINVILLE
Titre de la thèse : Temps, aspect et modalité
en vietnamien. Étude contrastive avec le français
(mention très honorable avec félicitations du jury).
L’appel du Sao (recueil de traductions littéraires),
Hoi Nha Van (éds), Vietnam, 192 pages, 2006.
À L’origine (roman, Nguyen Binh Phuong),
Riveneuve (éds), France, 178 pages, 2014.
mars 2014 / Francophonie 15
DeSSINER …
D
essiner est un acte culturel. Au même titre
qu’écrire une nouvelle, peindre un tableau, sculpter un masque, cuisiner un ndolè ou un mafé.
Dessiner est un acte culturel réalisable de 7 à 77
ans (ou plus si on est épargné par l’arthrose).
A l’association L’Afrique Dessinée, nous mettons en image
des histoires d’hommes et de femmes africains, histoires
adaptées au média bande dessinée. Nous nous intéressons à l’homme de tous les jours, au Makaya, comme on
dit au Gabon. Cela représente l’essentiel de notre travail.
Et avec le temps nous constatons que le public africain,
même désargenté, est friand d’histoires dessinées qui lui
font revivre son quotidien. D’où l’intérêt pour les lecteurs
d’un comics tel que Waka Waka au Cameroun, malgré
les problèmes de diffusion (fanzine créé en avril 2012 par
ZOU – France – et Stéphane AKOA – Cameroun).
Toucher un public plus large passe aujourd’hui par
Internet, d’où l’expérience démarrée par Simon-Pierre
MBUMBO avec le site Toom Comics * qui présente des
histoires dessinées par des Africains ou des Européens à
la condition qu’elles parlent d’Afrique. Nous ne pouvons
donc pas occulter nos origines africaines ou notre passé
d’Afrique, car, pour paraphraser Antoine de Saint Exupéry
chacun est originaire de son enfance, comme d’un pays.
Ce terreau africain voyage, si on considère que chaque
immigré est porteur d’un morceau d’Afrique. Mais pour en
faire quoi ? C’est ce que nous interrogeons, à travers des
histoires d’immigration en bande dessinée : c’est le cas
de Al’ MATA avec Le retour au pays d’Alphonse Madiba
dit Daudet (prix meilleure bd africaine au FIBDA d’Alger
2011) et de Simon-Pierre MBUMBO avec Malamine, un
Africain à Paris, roman graphique souvent commenté
dans les revues spécialisées. En fin de compte, vous
Quatrième de couverture
du Retour au pays d’Alphonse
Madiba dit Daudet, dessin
Al’ MATA (46 pages couleur,
L’Harmattan BD 2011)
le constatez, notre travail est marqué par le quotidien
empreint d’une Afrique vécue au présent ou au passé par
nos personnages, africains le plus souvent.
Pour l’instant, nous n’abordons pas l’Histoire par la bande
dessinée : moins par manque d’envie que par manque
de temps (la recherche des sources historiques prend
du temps), et du fait d’une autre préoccupation : celle
de la recherche d’adaptation du style graphique francobelge, dont nous sommes aussi les héritiers, à l’art plastique africain. Armella LEUNG (Madagascar) ou Japhet
MIAGOTAR (Cameroun) essaient de faire évoluer ainsi le
style franco-belge, afin de rendre plus sensibles ou plus
pertinentes les histoires qu’ils livrent à leur lectorat.
Christophe NGALLE EDIMO
Association L’Afrique Dessinée
Les édition Afrobulles et Dagan, en collaboration
avec la mairie de Tourcoing, organise les 15 et 16
mars, le Festival AFRO BD en pays de Ch'ti
*Toom Comics http://www.toom-comics.com/category/articles/
Dessin Japhet
MIAGOTAR,
histoire publiée
dans le fanzine
Waka,
Cameroun,
2013
16 Francophonie /mars 2014 ENTRE DEUX
LANGUES, ENTRE
DEUX MONDES
S
humona Sinha a toute sa place dans
l’émission « Littératures sans frontières ».
Romancière indienne, elle écrit ses livres
directement en français, langue où elle créé
des personnages, féminins ou masculins,
qui portent ses souffles et ses désirs. Pour
elle, chaque récit puise ses racines dans la
réalité pour devenir ensuite une histoire multiple, la sienne,
celle de ses parents, celle de son pays, lesquelles se
mélangent et forment un tout.
Son troisième roman, Calcutta, se déroule dans sa ville
natale qu’elle a quittée il y a une dizaine d’années. Depuis
l’adolescence, elle portait en elle ce voyage vers la France,
ce texte aujourd’hui est celui de la réconciliation : « J’ai fait
tout mon possible pour m’installer dans la langue française. Aujourd’hui, j’ai terminé un cycle et j’ai éprouvé le
besoin de retourner à Calcutta à travers les mots ». Un
peu comme la narratrice de son livre qui revient au pays
à l’occasion d’un deuil pour honorer le souvenir d’un
homme qu’elle a profondément aimé, son père. Voyage
qui fait ressurgir le passé, son enfance, ainsi que toute
l’histoire politique de l’Inde de ces quarante dernières
années. Le tout empreint d’une grande solitude ressentie autant par le père, militant communiste, que par la
mère universitaire dépressive, la fille qui a choisi l’exil ou
encore la grand-mère tentée par la religion. A l’image de
l’auteur qui se réfère à cette phrase de Paul Claudel : « Il
y a toujours quelqu’un d’absent qui manque ».
Shumona Sinha a choisi d’écrire en français, même
pour évoquer ses origines familiales. Une décision prise
à l’époque de son premier roman, commencé en bengali
mais impossible à finir car elle pensait dans notre langue
ce qui l’obligeait à traduire chaque phrase. Au final, elle
l’a donc poursuivi et fini directement en français. Un choix
sans doute aussi lié aux difficultés qu’elle éprouvait dans
sa langue maternelle, quand il s’agissait d’exprimer une
certaine pudeur, une intimité. Des sujets finalement plus
faciles à aborder grâce à la distance que lui permet sa
langue d’adoption.
Il faut rappeler également que Calcutta est un des états de
l’Inde divisés lors de l’indépendance en 1947 et peut-être
cette scission géographique s’est-elle reflétée dans cette
scission linguistique ? Shumona Sinha reconnait qu’elle a
fait à son tour un acte d’indépendance en vivant en France
et en écrivant en français. D’après elle, les Bengalis ont
vécu très douloureusement cette partition et, même si
elle n’a pas connu ce déchirement, cet héritage lui cause
encore un certain chagrin, mais la consolation vient en
écrivant. Et c’est ainsi que d’un pays à l’autre, du passé au
présent, Shumona Sinha se définit par une troisième voie :
la littérature en français.
RFI- Catherine FRUCHON-TOUSSAINT
« Littératures sans frontières »
mars 2014 / Francophonie 17
La
en bref
LE CINéMA DU SUD
RAPPORT SUR LA
FRANCOPHONIE
« Au cœur du silence, l’espoir
Au cœur de l’espoir, l’autre
Au cœur de l’autre, l’amour »*
C
es vers sont ceux d’Andrée Chédid, poétesse mais aussi romancière, dramaturge,
nouvelliste, auteur de livres pour enfants
et parolière. Ils témoignent de son intérêt
pour les êtres humains, la fraternité, la
générosité et l’amour qu’ils savent exprimer. C’est peut-être la raison du choix qu’a fait la ville
d’Issy-les-Moulineaux dans la périphérie parisienne,
pour baptiser un espace dédié aux enfants et à leurs
parents, l’Espace Andrée Chédid, primé aux Trophées
du cadre de vie.
Andrée Chédid, de par ses origines libanaises et en
écrivant en français, a montré la voie d’un partage des
cultures entre l’Orient et l’Occident. Elle a fait entendre
sa petite voix dans le monde francophone, a délivré un
message profondément humaniste et a souligné l’importance de l’identité.
Ainsi, l’Espace Andrée Chédid sera à la fois une haltegarderie mais aussi un lieu d’écoute pour adolescents,
une unité parents-bébés comme une aide aux parents
d’enfants victimes, une réflexion sur la parentalité dans
l’entreprise et un centre pour l’adoption ou l’accueil des
surdoués. Des actions qu’Andrée Chédid aurait très
certainement soutenues, comme son mari Louis le fait
18 Francophonie /mars 2014 Louis Chedid
et son petit-fils M
aujourd’hui, car elle avait une énorme confiance dans
les ressources des hommes et dans le potentiel des
enfants.
Andrée Chédid est ainsi présente dans tous les recoins
de cet espace qui vient d’ouvrir ses portes, la dénomination des salles inspirée par ses écrits, sa vie à découvrir
sur une borne numérique, une exposition de livres d’artistes autour de son œuvre, une fresque où figurent les
textes de grands auteurs contemporains, sa présence
est palpable à chaque étage où le dialogue et le partage
sont au cœur des activités de ce lieu à nul autre pareil.
Déjà, dans les paroles de la chanson écrite pour son
petit-fils M, Mathieu Chédid, il y a l’essence même de ce
qui l’a portée tout au long de sa vie et a été à la source
de son inspiration, la célébration de l’Autre.
« A force de m’écrire
Je me découvre un peu
Et je retrouve l’Autre »*
Vicky SOMMET
*Rythmes- Ed. Gallimard
*L’Autre- Le printemps des poètes
L’Assemblée nationale vient de rendre
public le rapport d’information sur la
« Francophonie, action culturelle, éducative
et économique ». Ce document de 200
pages est le résultat d’un travail réalisé
par la mission d’information sur la
francophonie. Avec pour intention première
de recentrer le projet francophone autour
de la langue française. Et un constat,
dans le monde actuel, “ le renouveau de
la francophonie est possible ou … son
effacement progressif ”. Les identités
sont en mutation, de nouvelles langues
s’affirment, comme le chinois, l’arabe,
l’espagnol ou le portugais. Mais la langue
française peut être une composante
majeure du plurilinguisme mondial. Car
aujourd’hui, on pense souvent qu’elle
n’a rien de moderne mais qu’elle a une
valeur littéraire, donc inutile au monde
contemporain. Cette étude approfondie
apporte plusieurs conclusions comme la
mise à disposition d’outils à d’autres pays
francophones, une stratégie linguistique
commune avec le Québec et une vigilance
de tous les instants pour l’utilisation du
français dans les évènements sportifs
internationaux où le français est toujours
langue officielle.
En 2013, 8 films d’auteurs, originaires
des pays du Sud et membres de la
Francophonie, ont été distribués en France.
Ensemble, ils ont atteint un total de 294
000 entrées contre 442 000 en 2012.
Cette année-là, ce fut surtout grâce à la
percée de films égyptiens comme « Les
femmes du bus 678 », « Les Coptes et
moi » ou « Après la bataille ». Au palmarès
2013, on trouve des films de qualité tels
que « Aya de Yopougon » de Marguerite
Abouet de Côte d’Ivoire, nominé pour le
César du meilleur film d’animation, « Rock
the Casbah » de Laïla Marrakchi du Maroc
ou Tey (Aujourd’hui) d’Alain Gomis du
Sénégal. A noter qu’un autre film,
« Nesma » d’Homeida Behi de Tunisie, sorti
fin décembre, est toujours programmé dans
les salles. En 2014, d’autres films seront
à l’affiche comme « Le sac de farine » de
Khadija Leclere (Maroc) en mars ou « Mille
soleils » de Mati Diop (Sénégal) en avril.
Enfin, on attend avec impatience « L’image
manquante » de Rithy Panh qui a été primé
à Cannes en 2013 et nominé pour l’Oscar
du meilleur film étranger.
Aya de
Yopougon
de Marguerite
Abouet
LE MUSéE
8 ans d’existence, 22 expositions, 4
millions de visiteurs, 17 livres d’art publiés
et 450 professeurs formés aux expositions,
voici quelques-uns des chiffres qui mettent
en lumière le travail de la Fondation Zinsou
créée au Bénin. Le Musée qui a ouvert
ses portes en novembre 2013 à Ouidah,
le premier musée d’art contemporain en
Afrique sub-saharienne. Pour parler du
continent, de ses artistes confirmés ou en
devenir, pour les faire connaître en-dehors
comme aux Africains eux-mêmes et aux
locaux en particulier. Et surtout des actions
en direction des enfants avec des ateliers
pédagogiques et artistiques, des minibibliothèques réparties dans Cotonou et un
festival de danse contemporaine « Dansons
maintenant ». Exposer, montrer, enseigner
mais aussi soutenir et accompagner,
tels sont les objectifs que s’est fixée
la fondation Zinsou pour exercer à la fois
son rôle de mécène et de découvreur de
talents.
Direction DE LA Communication  France Médias Monde-Françoise Hollman Rédaction en chef  Vicky Sommet
CRéDITS-PHOTO MAE/ Thomas Millet/ L. Vincent/ Succession Antoine de Saint-Exupéry/ Afrikadaa/ Carine Barbotte/
Proivoiriens.com/ Olympia Krasagaki/ Vincent Ohl/ Adissa Akindele/ RFI-Yvan Amar- Marine Bechtel/ Raïssa Likikouet/Kim Anh
Tran Ngoc/ Patrice Normand/ Ville d’Issy-les-Moulineaux/ Dominique Burton. Eric Vernazobres/ Cosimo Mirco Magliocca/ Fotolia.
CONTACT  [email protected] RéALISATION  Didier Gustin
IMPRESSION  éOLE La Station graphique - 93165 Noisy-le-Grand cedex
mars 2014 / Francophonie 19
LES PETITES ANNONCES
DE L’OS à MOELLE*
Epagneul au chômage
demande emploi pour
lécher les assiettes
dans restaurant faisant
cuisine au beurre.
Bonnes références.
Ancien boucher à la
Villette devenu boucher
à l’émeri, cherche
débouché où il mettrait
des bouchées doubles.
Arbitre de boxe
sachant compter
jusqu’à dix cherche
emploi
aide-comptable.
Ancien dompteur
dresseur de fauves
cherche emploi
contractuel pour
capture et dressage
contraventions féroces.
Diplômé sciencespeaux cherche emploi
dans peausserie pour
préparation peaux de
lapin, peaux de
saucisson, peaux
de chamois, pots
d’échappement.
Si manque de pot,
s’abstenir.
N’ayant que des
tuiles cherche
place de couvreur.
Passage à niveau
las de se déplacer en
hauteur permuterait
avec pont tournant.
Lycéen cherche
blanchisseuse habile
pour l’aider à repasser ses leçons.
Puce gourmande aimant
les sucreries cherche
chien ou chat diabétique
en location.
Monsieur ayant déjà eu
des hauts et des bas
demande place garçon
d’ascenseur.
Auteur dramatique
échangerait pièce en
quatre actes contre
trois pièces et une
cuisine.
Apprenez l’équitation
par correspondance.
Pour le galop,
se référer à la
brochure concernant
le trot, mais en la
lisant trois fois
plus vite.
Comprimé
d’aspirine dans la
force de l’âge cherche
bonne migraine avec
qui se mesurer.
Petites mains, grandes
mains, premières mains,
mains basses, mains à la
pâte, mains courantes sont
demandées par maison
de haute couture ayant
besoin d’un coup de main
pour travaux en sous-main.
Se présenter demain ou
après-demain.
Cède bombe à
retardement.
Très très urgenT.
*« Les petites annonces
de l’os à moelle », l’intégrale de Pierre Dac aux
éditions du Cherche-midi.
Pierre Dac, le créateur de
l’Os à moelle, du Parti d’en
rire et du MOU, Mouvement
ondulatoire unifié