L`homosexualité On aura donné à l`homosexuel tous les noms
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L`homosexualité On aura donné à l`homosexuel tous les noms
L’homosexualité On aura donné à l’homosexuel tous les noms : homo, pédé, garçon-fillette, qui tient la quenouille, bique et bouc, etc., et lorsqu’il est bi, celui qui marche à l’huile et au vinaigre, etc. Ces dénominations diffamatoires traduisent la forte homophobie qui existait encore il y a quelques décennies, lorsque les homosexuels étaient dénoncés et emprisonnés pour attentat à la pudeur ou outrage aux bonnes mœurs. Cela relevait, dans l’inconscient populaire et l’inculture religieuse, d’un crime contre nature puisque l’homosexualité contrevenait au premier principe de la vie sur terre : se reproduire. Aujourd’hui beaucoup mieux acceptée, l’homosexualité se nomme elle-même : « amour autrement » ou selon des sigles américains MSM (Men who have sex with men), WSW (Women who have sex with women), pour revendiquer la Gay pride, c’està-dire « l’orgueil légitime d’être homosexuel ». Le fantôme de l’homophobie n’est cependant jamais très loin car l’anathème est ancien, il a hanté toutes les générations. La Bible dit clairement : « Si un homme connaît son pareil, ou une femme sa pareille, les deux commettent une abomination, ils méritent la mort. » Au Moyen-Age, l’accusation d’homosexualité fut l’une des armes les plus efficaces de l’Inquisition. Puis, les médecins nommèrent maladie ce que l’Eglise qualifiait de péché. Dans son célèbre Psychopathia sexualis, Krafft-Ebing fit de l’homosexualité une tare génétique, mais surtout une maladie psychiatrique que Freud et les premiers psychanalystes étudièrent sous la dénomination d’inversion, c’est-à-dire de déviation de l’objet sexuel. On pensait alors à une normalité hétérosexuelle dont le but premier était celui de la nature : se reproduire. L’homosexualité apparaît alors anormale, contre nature et pathologique. C’est ainsi que l’homosexualité était encore cataloguée il y a quelques décennies, dans les premières versions de la Classification internationale des maladies mentales. Ce fut aussi la seule catégorie qui en sortit du fait de l’évolution des mœurs et sous la pression du puissant mouvement homosexuel américain. Depuis 1980, l’homosexualité n’est plus une maladie ! Qu’est-ce que l’homosexualité ? L’amour entre deux hommes, entre deux femmes ? Un vice ? Un crime contre nature ? Une névrose ? Un attachement précoce à la mère pour le jeune garçon ? Un complexe d’Œdipe mal résolu ? Un comportement d’évitement de l’autre sexe ? La conséquence d’un acte incestueux, réel ou symbolique ? Est-ce une question de nature, de culture ? Une anomalie génétique ? Une modification hormonale du développement du fœtus ? Une prédisposition bisexuelle innée chez tous les individus ? Une façon sociale d’être ? Il n’y a évidemment pas de réponse définitive à ces nombreuses questions qui peuvent éclairer certains aspects de l’homosexualité mais ne l’expliquent pas dans sa totalité. L’explication est certainement particulière à chaque cas. Pour certains, il n’est pas exclu qu’il puisse exister une prédisposition ; pour d’autres, les empreintes précoces auront pu orienter ainsi le choix sexuel ; pour d’autres encore, les expériences de l’adolescence ont pu modifier le choix du partenaire. La question principale est aujourd’hui de permettre aux hommes et aux femmes de vivre la sexualité qui leur correspond avec l’individu de leur choix dans le respect de leurs valeurs personnelles. L’humanité est sur la bonne voie. Source : extrait de Le sexe et l’amour, Odile Jacob, 2003, de Philippe BRENOT, psychiatre, thérapeute de couple et sexologue.