La radio communautaire incontournable au Tchad

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La radio communautaire incontournable au Tchad
Zara M. YACOUB
DJA FM NDJAMENA TCHAD
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La radio communautaire incontournable au Tchad
………et elle supplante la radio commerciale
La radio communautaire est devenue aujourd’hui une réalité incontournable
au Tchad.
S’il y a une chose dont la population tchadienne ne peut s’en passer c’est
certainement la radio communautaire.
Depuis le lancement de la première radio vers les années 80, il ne se passe
pas une année sans qu'on n’enregistre l’apparution d’une nouvelle radio. Chaque
localité, chaque village a envie d’avoir sa radio mais l’application de la législation
pose problème.
I LEGISLATION
A la lecture des dispositions de la loi 43 de 1994 régissant la communication
audiovisuelle au Tchad, l’environnement législatif parait favorable à la création et au
développement de RC en république du Tchad. Toute communauté ou association
peut créer librement sa radio.
En son article 1, cette loi indique que la communication audiovisuelle est
libre, elle résulte des entreprises privées et des associations à but non
lucratif.
Dans la réalité, les choses semblent plus compliquées.
ATTRIBUTION DE FREQUENCE
Le haut conseil de la communication, organe, chargé officiellement de
l’attribution des fréquences accorde quelques fois la fréquence selon des critères ne
faisant pas fi de la législation en vigueur.
La durée d’étude d’une demande d’attribution de fréquence ou l’attribution de
fréquence se fait à la tété du client. Par exemple, l’attribution de fréquence des
radios rattachées au ministère de la communication telle que les radios rurales et
autres n’est soumise à aucune autorisation préalable du HCC. Par ailleurs, certains
organismes ou communautés qui ont des accointances avec le pouvoir, commencent
quelques fois la diffusion de leur programme avant de monter le dossier de
demande de fréquence alors que d’autres attendent des mois pour avoir la
fréquence.
Ceci pour dire que l’attribution de fréquence relève quelque fois de l’arbitraire.
Depuis la libéralisation des ondes, le Haut conseil de la communication aura
attribué plus de cinquante fréquences.
Aujourd’hui le Tchad compte 22 radios privées associatives opérationnelles ,6
stations régionales ,2 radios rurales, 1 radio commerciale ,12 radios associatives non
opérationnelles et 2 radios étrangères en FM.
La portée des radios associatives et commerciales est limitée par le pylône
d’une hauteur 50 m et l’émetteur d’une capacité ne dépassant pas un kilowatt. Ainsi
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certaines radios ont fait de relais pour atteindre quelques localités de leur région, qui
ne peuvent être arrosé avec un émetteur dont la portée est limitée par la loi à 1
kilowatt.
L’année dernière, plusieurs fréquences attribuées ont été retirées à cause dit
on officiellement du non respect du délai de lancement des programmes de ces
radios.
Programmes Radio Communautaire
Le chapitre IV de la loi sur la communication consacré aux programmes stipule
en son article 19 que les entreprises audiovisuelles et privées jouissent de la
liberté d’expression et décident seules de leurs programmes .Mais combien
de fois n’a-t-on pas vu le HCC, haut conseil de la communication suspendre les
programmes d’une radio ou la fermer pendant des mois.
L’éternelle pomme de discours qui oppose l’organe de régulation aux RC reste
les programmes.
Pour le haut conseil de la communication, organe de Régulation, chaque RC
doit se cantonner à faire des programmes dont le thème ou sujet doit refléter
uniquement les objectifs de l’association initiatrice de la radio .Par exemple une radio
lancée par une ONG de l’environnement ne doit faire que de programme attrait à
l’environnement. Les droits de l’homme, le développement ne doivent pas entrer
dans son canevas.
Ces dernières années, les RC ont été plusieurs fois victimes des mesures
restrictives. En avril 2007 et février 2008, dans le sillage de l’état d’urgence instauré
par le gouvernement tchadien, la censure préalable a été imposée à tous les medias
y compris les RC. Ainsi, les émissions sont soumises au contrôle du comité de
censure avant toute diffusion. Cette restriction de la liberté de presse a amené
certaines RC à suspendre leur programme pour ne pas être sanctionné ou
emprisonné.
La majorité des RC ont dans leur grille des programmes des nouvelles
(journal, bulletin..) et des émissions riches et variées sur la santé, l’éducation, le
développement, bonne gouvernance etc. De ce fait, elles contribuent à la
sensibilisation et à l’éducation de la population.
Financement des RC
Selon certaines dispositions de la loi sur la communication audiovisuelle au
Tchad ; le financement des RC est assuré par les subventions publiques et
privées et l’accès au marché publicitaire est limité à 20%.
L’aide à la presse instituée par l’état tombe à compte goutte et les RC
reçoivent les miettes par rapport aux journaux privés.
Le marché publicitaire est très insignifiant pour pouvoir permettre aux RC de
subvenir à leur fonctionnement.
Certaines RC émanation des institutions religieuses chrétiennes ou
musulmanes bénéficient de financement étranger qui semble de nos jours précaire.
Aujourd’hui, presque toutes les RC ont de difficultés financières et cela risque
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d’entamer leur développement. Pour pallier donc ces difficultés, certaines RC se sont
lancé sans ambages dans la publicité de cigarette et alcool.
Malgré leur précarité économique, les RC ont supplanté la radio commerciale
dont l’arrivée a été annoncée comme un volcan qui va engloutir toutes les RC.
Aujourd’hui l’unique radio commerciale opérationnelle a des difficultés à percer
et les 4 autres ayant déjà obtenu leur fréquence n’arrivent pas être sur les ondes
dans un paysage dominé par les RC.
2) les défis des RC en termes de gouvernance et de
Développement
Dans nos pays, la majorité de la population ne sait lire ni écrire. A cet effet,
les RC avec de programmes en langues locales restent, un outil efficase pour aider à
impliquer le plus grand nombre de citoyens au développement de nos pays en leur
inculquant la culture de paix et de bonne gouvernance.
Mais, le défi en termes de développement et de bonne gouvernance est
difficile à relever pour les RC, quand on sait le mépris des autorités à leurs égards et
le manque des moyens financiers.
Au Tchad, toutes les RC du Tchad contribuent à leur manière au
développement et à la bonne gouvernance. Mais pour que cette contribution soit
plus efficace, il faut établir de programme collectif relatif à ces problématiques que
la bonne gouvernance et le développement et le planifier en fonction du public cible.
Une autre possible pour permettre aux RC de relever le défi de la bonne
gouvernance et du développement ; demander aux projets initiés par les ONG de
développement et aux programmes du système des nations unies de prévoir dans
leur budget un volet réservé à la communication à travers les RC .C’est à dire créer
un partenariat entre les RC et les programmes ou projets.
(3) Comment l’AMARC peut-il le mieux contribuer au
Développement de la radio communautaire en Afrique.
L’AMARC a un grand rôle à jouer dans le développement de RC en Afrique.
D’ailleurs l’amarc de part le nombre de ses adhérents représente une force inouïe.
A cet effet, l’AMARC doit à travers de lobbying dans les grandes conférences
et fora faire accepter la RC comme un outil incontournable de développement et de
bonne gouvernance mais aussi comme un media au même titre que la radio
publique, commerciale ou les journaux.
L’AMARC doit proposer d’aider certains pays à améliorer leur législation en
matière de RC en organisant de séminaires. Et faire de lobbying auprès des autorités
concernées par le dossier RC (parlementaires, societé civile, ministère
communication, intérieur etc.) pour les sensibiliser sur l’importance et le rôle des RC.
L’AMRC doit organiser de formation pour renforcer la capacité du personnel de
RC en gestion de RC, numérisation RC, reportage, réalisation émission, etc.
L’AMARC peut par exemple créer des opportunités auprès de certaines firmes
pour faciliter l’accès aux équipements à un prix dérisoire.
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L’AMARC doit repenser son réseau d’alerte pour le rendre plus efficace en
Simplifiant le système.
La RC est une alternative au radio commerciale ainsi, mais avec une
amelerioration de la législation et une très forte implication de l’amarc pour son
développement, la RC pourrait supplanter partout en Afrique la radio commerciale
pour le bénéfice de la population