Fiche 9 : Spécificités socioculturelles et mondialisation

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Fiche 9 : Spécificités socioculturelles et mondialisation
Fiche Corrigés
Nº : 25009
ECONOMIE
Série ES
LE TALENT C’EST D’AVOIR ENVIE
Fiche 9 : Spécificités socioculturelles et mondialisation
COMPRENDRE UN DOCUMENT
Document 4
F. Benhamou, L’Economie de la culture
Le GATT a conduit la libéralisation des échanges de marchandises par une réduction progressive des droits de douane entre pays.
Pour développer cette libéralisation mondiale, l’Uruguay Round a souhaité étendre la libre concurrence au secteur des services, en
particulier ceux de l’audiovisuel. Le produit culturel, un film par exemple, étant considéré comme un bien manufacturé qui doit
obéir aux mêmes règles du marché.
La France, comme le souligne l’ensemble du document, s’est opposée, au nom de l’« exception culturelle », à ce qu’une œuvre soit
comparée à un produit marchand. Elle a mis en place une politique protectionniste sous forme de quotas de diffusion :
• depuis 1989, les programmes de télévision doivent diffuser au moins 40 % d’œuvres françaises ;
• depuis 1996, les radios doivent également diffuser 40 % de musique française.
Mais le document évoque aussi les « aides au cinéma » et l’« application de l’obligation de traitement égal des nationaux et des nonnationaux ». Il s’agit également d’une politique protectionniste, autre que les quotas, consistant à n’accorder de soutien financier
qu’à la production et à la distribution cinématographique nationale. Cette seconde forme de protectionnisme a fait l’objet d’âpres
discussions au sein de l’Accord multilatéral sur l’investissement (AMI). Dans le cadre de l’OCDE, l’AMI était, en 1997, un projet
visant à libéraliser les investissements dans le monde.
Son objectif était triple :
• obliger les Etats à appliquer la même loi aux entreprises étrangères ou nationales ;
• réduire les mesures protectionnistes à l’égard des investissements étrangers;
• donner aux entreprises des moyens juridiques importants pour pouvoir poursuivre les Etats ne respectant pas ces deux premières
règles.
L’application de cet accord, dont le projet a été abandonné, aurait conduit la France par exemple à faire bénéficier aux films produits
à Hollywood des mêmes soutiens et avantages fiscaux que ceux accordés à ses productions nationales.
Le candidat utilisera ce document dans la deuxième partie, pour illustrer que la mondialisation des modes de vie se heurte en
particulier à la mise en place de politiques protectionnistes destinées à sauvegarder l’identité et la diversité culturelle des pays. Il
prendra soin, dans l’exposé des moyens utilisés par la France, de citer :
• la politique des quotas de diffusion ;
• la politique des mécanismes de soutien à la production cinématographique nationale, en évoquant sur ce point le projet avorté
de l’AMI.
CORRIGÉ
Introduction
Le phénomène de la mondialisation a envahi durablement nos sociétés. On entend par ce vocable une internationalisation des
échanges, une production et une consommation qui dépassent le cadre national, une circulation des capitaux mais aussi des biens
culturels à un niveau mondial. Amorcée pour des raisons économiques, elle prend de nos jours la forme d’une standardisation du
mode de vie sur la planète.
Mais cette tendance à l’uniformisation peut-elle réussir compte tenu des multiples spécificités politiques, culturelles et religieuses
propres à chaque pays ? Après avoir montré comment la mondialisation tend à l’uniformisation des modes de vie, nous évoquerons
les résistances nombreuses qui s’opposent à la standardisation d’un modèle culturel global.
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Fiche Corrigés
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ECONOMIE
Série ES
LE TALENT C’EST D’AVOIR ENVIE
Partie I
L’internationalisation des échanges véhicule une tendance à la standardisation du mode de vie
Comme l’indique le document 1, le développement depuis 1990 des NTIC dans le monde permet la diffusion, par câble ou par
satellite, d’une communication culturelle qui est un puissant facteur d’homogénéisation du mode de vie.
Ce phénomène est renforcé par l’action des sociétés multinationales qui cherchent à s’affranchir des particularités nationales
pour créer un vaste marché mondial de la consommation. En réalisant une standardisation de la demande, les biens peuvent
alors être diffusés sur la plupart des marchés, entraînant pour les multinationales une réduction de leurs coûts fixes et donc des
économies d’échelle. Simultanément, comme l’indique le document 2, les multinationales véhiculent des images de stars et de
marques standardisées qui engendrent un comportement uniforme sur le modèle américain.
La puissance du cinéma des Etats-Unis dans le monde renforce la diffusion de cette uniformisation culturelle. Le document 6 illustre
l’importance de ses parts de marché, majoritaires dans la plupart des pays et atteignant jusqu’à 80 % des diffusions en GrandeBretagne.
Tous ces éléments sont les facteurs d’une uniformisation dans la manière de consommer, de se vêtir ou de se nourrir. De façon
progressive, le modèle culturel américain se transmet à l’ensemble des pays du globe.
Partie II
Mais cette uniformisation des modes de vie se heurte à de nombreux obstacles
La diffusion du modèle culturel américain ne s’apparente pas à la suppression des cultures nationales mais, comme l’indiquent les
documents 1 et 5, à un processus d’acculturation où chaque pays réinterprète les données extérieures en fonction de ses propres
valeurs et normes.
Même mondialisée, la culture culinaire de McDonald’s prend en compte les particularités de chaque pays en matière d’épices, et les
parcs Disney s’adaptent aux spécificités environnementales de chaque nation.
Ce phénomène de modification des cultures est naturel et s’observe chaque fois que des collectivités aux cultures différentes
se rencontrent. On peut seulement relever que c’est la première fois que la culture d’un seul pays, les Etats-Unis, rencontre
simultanément, par internet et les moyens audiovisuels, celle de chaque pays du monde.
La mondialisation du mode de vie se heurte aussi à une grande disparité dans le monde en termes économiques, politiques et
religieux.
Le document 3 rappelle que, par la faiblesse de leurs économies, les Pays les moins avancés (PMA) sont écartés de la possibilité de
consommer et de vivre suivant le modèle américain. Par ailleurs, on constate entre les PED et les pays industrialisés une très grande
inégalité d’accès à la télévision ou au micro-ordinateur.
La diversité des régimes politiques et des croyances religieuses dans le monde crée également une conscience collective propre à
chaque société qui s’oppose à une standardisation culturelle.
Ainsi, le développement de CNN ne fait pas obstacle au rayonnement des médias nationaux, quel que soit le contexte : une
intervention plus ou moins grande de l’Etat ou une libéralisation concurrentielle très forte.
En dehors de ces obstacles naturels, la mondialisation se heurte également aux barrières protectionnistes mises en place par
certains pays. La France, comme le souligne le document 4, a été l’un des premiers pays européens à s’opposer, au nom de
l’« exception culturelle », au libre-échange en matière de biens culturels. A cette fin, elle a mis en place des quotas de diffusion pour
les produits français à la radio ou à la télévision ainsi que des politiques de subvention et de soutien fiscal réservées à la production
cinématographique française, en opposition au projet avorté de l’AMI d’une libéralisation des investissements.
Enfin, on assiste au développement croissant dans le monde de manifestations des altermondialistes, comme à Porto Alegre ou
plus récemment au sommet du G8 à Evian. Ces mouvements, qui trouvent un écho de plus en plus grand auprès du public, sont
également une volonté d’opposition à une mondialisation de la culture capitaliste.
Conclusion
La création d’un marché mondial tend à égaliser les modes de consommation pour produire des biens standardisés. Elle s’accompagne
d’une diffusion culturelle occidentale qui pousse à uniformiser le mode de vie sur la planète. Mais ce phénomène se heurte aux
diverses identités de chaque nation ainsi qu’aux mesures protectionnistes mises en place par certains pays.
Il semble que l’on ait voulu voir trop vite une standardisation culturelle accompagner la mondialisation économique. Le parc Astérix
résiste à Disneyland Paris et l’identité culturelle des nations s’oppose toujours au village planétaire cher à Mc Luhan.
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