Elevage du bison d`Amérique (Bison Bison)

Transcription

Elevage du bison d`Amérique (Bison Bison)
INRA Prod. Anim.,
1996, 9 (5),379-388
J. AGABRIEL, J. BONY *, D. MICOL
INRA Laboratoire Adaptation
des Herbivores aux Milieux Theix
63122 St-Gen•s-Champanelle
* INRA Domaine des Razats 63850 Laqueuille
Elevage du bison
dÕAmŽrique
(Bison Bison)
LÕŽlevage de bisons est tr•s marginal, mais suscite un intŽr•t croissant
en Europe. Depuis 3 ans lÕINRA a engagŽ des recherches pour mieux
conna”tre cette esp•ce et Žtudier ses capacitŽs dÕadaptation aux
techniques dÕŽlevage pratiquŽes en France. Cet article fait le point des
connaissances sur les particularitŽs biologiques du bison reproduction, alimentation, croissance - et son potentiel de production
de viande, et les compare ˆ ceux des bovins.
Les syst•mes traditionnels de production de
viande rouge nÕintŽressent que quelques
esp•ces dÕherbivores domestiques (bovins,
ovins, Žquins), mais conduisent ˆ une diversitŽ importante des produits. Ceux-ci se heurtent pourtant de plus en plus ˆ la saturation
des marchŽs fortement concurrentiels (Potherat et Mainsant 1995). Des solutions marginales dÕŽlevage de nouvelles esp•ces (cervidŽs
par exemple) sont tentŽes depuis quelques
annŽes pour initier une nouvelle demande de
la part des consommateurs. Ces essais sont
gŽnŽralement le fait de Ç producteurs - entrepreneurs È qui ne sont pas toujours familiari-
RŽsumŽ
LÕŽlevage du bison suscite un intŽr•t grandissant en Europe, essentiellement pour
la production de viande et pour son image touristique. La production mondiale de
viande de bison est pour le moment encore tr•s marginale et sÕest dŽveloppŽe en
France essentiellement sur la base dÕanimaux importŽs. Le bison sÕadapte bien ˆ
nos conditions dÕŽlevage de dimensions Ç modestes È, et ne devient agressif que
lorsquÕil se sent contenu. Son rŽgime alimentaire est tr•s proche de celui des
bovins placŽs dans des conditions de milieu identiques. Les femelles ont la capacitŽ de mettre bas toute lÕannŽe, mais le bison est plut™t saisonnŽ. Les v•lages se
dŽroulent en majoritŽ en mai et correspondent ˆ des saillies relativement groupŽes au mois dÕaožt. Les jeunes femelles peuvent se reproduire ˆ partir de 2 ans
et, au cours de sa carri•re, la bisonne peut mettre bas une fois par an. La durŽe de
gestation est de 270 jours. Le poids ˆ la naissance des femelles est de 25 kg et celui
des m‰les de 30 kg. La production laiti•re permet dÕassurer une croissance journali•re de 600 g environ jusquÕau sevrage qui intervient vers lÕ‰ge de 7 mois. Le
poids adulte (450-500 kg pour les femelles, 700-800 kg pour les m‰les) est atteint
tardivement. Le niveau dÕingestion moyen rapportŽ au poids serait, sur une
longue pŽriode, comparable ˆ celui de nos races bovines rustiques. Croissance et
niveau dÕingestion des jeunes dÕŽlevage varient avec la saison, sans doute avec la
durŽe dÕŽclairement.
Dans nos rŽgions, le principal atout du bison rŽside dans sa capacitŽ ˆ produire
une viande rouge avec des rendements ˆ lÕabattage satisfaisants (environ 57 %).
Avant lÕabattage, les m‰les sont engraissŽs avec des rŽgimes concentrŽs et leur
croissance atteint alors 800 g/j. Pour produire les carcasses de 250 ˆ 300 kg
demandŽes par le marchŽ, il faut les abattre ˆ 2,5-3,0 ans.
sŽs aux probl•mes dÕŽlevage, mais qui savent
saisir des petits crŽneaux Žconomiquement
porteurs. De tels Žlevages permettent de
mettre sur le marchŽ de nouvelles viandes
rouges et peuvent •tre aussi des facteurs positifs pour le dŽveloppement du tourisme local.
Ils permettent parfois dÕapporter des solutions
originales ˆ une demande Žcologique particuli•re comme cela a ŽtŽ tentŽ avec lÕŽlevage de
lamas pour limiter lÕembroussaillement de la
garrigue. En plus de nouvelles questions zootechniques, ces Žlevages posent souvent des
questions dÕordre juridique, sanitaire, et Žconomique.
LÕŽlevage du bison dÕAmŽrique est un
exemple de cette diversification. Il suscite un
intŽr•t grandissant en Europe, essentiellement pour la production de viande et pour son
image. Cette viande est attrayante par son
originalitŽ (viande festive), son image de qualitŽ (produite uniquement avec des animaux
ŽlevŽs en plein air), et sa rŽputation diŽtŽtique liŽe ˆ sa faible teneur en lipides (Marchello et al 1989). La production mondiale de
viande de bison est pour le moment encore
tr•s marginale du fait des faibles effectifs de
cette esp•ce. En AmŽrique du Nord, la Ç
National Bison Association È cite le chiffre
dÕenviron 150 000 t•tes, dont 70 % seraient
dans des ranchs dÕŽlevage, qui commercialiseraient environ 15 000 carcasses par an cÕest-ˆdire moins de 4 000 t de viande (Žquivalentcarcasse). Il faut rappeler que cette esp•ce
revient de loin puisque ces m•mes sources
statistiques estiment la population de bisons
au dŽbut du 19e si•cle ˆ 70 millions de t•tes et
ˆ quelques milliers seulement au dŽbut de
notre si•cle.
En France, le marchŽ de la viande de bison
(300 t Žquivalent-carcasse en 1994) sÕest dŽveloppŽ essentiellement sur la base dÕanimaux
importŽs pour lÕabattage, mais ce crŽneau
380 / J. AGABRIEL, J. BONY, D. MICOL
commercial pourrait intŽresser des Žleveurs
de notre pays car le produit se valorise encore
bien (pr•s de trois fois le prix du bÏuf par kg
de carcasse). Une trentaine dÕŽlevages de
bisons amŽricains se sont constituŽs au cours
des derni•res annŽes (environ 1 000 t•tes au
total) dÕapr•s la rŽcente association fran•aise
des Žleveurs de bisons. La conduite de ces Žlevages est gŽnŽralement transposŽe de celle
des vaches allaitantes ŽlevŽes en plein air
intŽgral, car le bison supporte tr•s bien le
froid et les conditions rigoureuses (Christoferson et al 1978). Les m‰les sont gŽnŽralement
abattus vers 3 ans, apr•s complŽmentation ˆ
lÕherbe avec des cŽrŽales pour produire des
carcasses suffisament lourdes (250-300 kg).
La production de bisons pourrait aussi se
justifier par la possibilitŽ dÕutiliser des territoires en forte dŽprise agricole par cet animal
rustique ˆ besoins limitŽs. En France, la
lŽgislation prŽconise dÕoffrir au minimum un
hectare par t•te. Mais la nŽcessitŽ de cl™turer
lÕespace allouŽ au troupeau et le cožt correspondant rŽduit la possibilitŽ dÕune rŽelle
extensification telle quÕelle existe aux EtatsUnis pour ce type dÕŽlevage.
LÕINRA a constituŽ en 1993 au Domaine
expŽrimental de Laqueuille (63), avec lÕaide
du FIDAR, un troupeau de 40 jeunes bisons
Bison d’Europe (Bison bonasus)
et bison d’Amérique (Bison bison)
Le bison d’Europe (3 000 individus recensés dans le monde) vit plutôt dans un
milieu forestier fermé et couvert (forêt de
Bialowesa à la frontière russe de la
Pologne) alors que le bison d’Amérique vit
à l’état naturel dans une végétation découverte (grandes plaines des USA). L’un
comme l’autre ont une toison laineuse
épaisse l’hiver qu’ils perdent l’été. Les deux
types ont un régime alimentaire à base
d’herbe pâturée, qu’ils préfèrent aux
ligneux.
Leur morphologie diffère légèrement : les
apophyses épineuses des vertèbres thoraciques (et donc la bosse) des bisons
d’Amérique sont beaucoup plus développées, la robe des bisons d’Europe est plus
grise.
Les deux espèces semblent sensibles à la
durée d’éclairement - effet sur la croissance
et l’ingestion, et présentent une saison
sexuelle marquée.
Les caractéristiques des cycles de production des deux espèces de bisons sont voisines : durée de gestation (270 j), poids du
veau naissant (25 à 30 kg), production laitière et durée d’allaitement (6 mois), croissance des jeunes. A l’âge adulte, le dimorphisme sexuel est marqué, mais aussi
prononcé dans les deux espèces (poids
adulte : 450-500 kg pour les femelles, 700800 pour les mâles).
Selon la réglementation française, le bison
d’Europe ne fait pas l’objet d’élevage à des
fins de production de viande.
INRA Productions Animales, dŽcembre 1996
importŽs du Canada quelques mois apr•s leur
sevrage. Le programme de recherche correspondant a pour but de prŽciser les capacitŽs
dÕadaptation de cette esp•ce aux techniques
dÕŽlevage pratiquŽes dans notre pays pour les
bovins ou les cervidŽs.
Cet article prŽsente les particularitŽs physiologiques du bison et son potentiel de production de viande en comparant les rŽfŽrences
acquises, quand cela est possible, ˆ celles disponibles chez les bovins. Les rŽfŽrences prŽsentŽes sont celles de la bibliographie nordamŽricaine ou bien les premi•res donnŽes
issues de lÕŽlevage expŽrimental de lÕINRA.
Les donnŽes bibliographiques dŽcrivant la
conduite et la physiologie de cette esp•ce sont
relativement peu nombreuses, compte tenu de
la difficultŽ de manipulation des animaux.
Plusieurs travaux de recherches ont ŽtŽ Žgalement rŽalisŽs en Pologne (Bialowiesa) sur le
bison dÕEurope (Bison Bonasus), que nous utiliserons souvent par comparaison.
1 / Comportement de lÕesp•ce
1.1 / Comportement social :
incidence de la captivitŽ
Le bison est un animal grŽgaire qui,
contrairement ˆ lÕidŽe re•ue, vit naturellement en groupes plut™t restreints et instables
de une ˆ plusieurs dizaines dÕindividus (Lott
et Minta 1983 ; figure 1). Les femelles, leurs
produits et les jeunes m‰les immatures restent ensemble et sont rejoints par les m‰les
plus ‰gŽs au moment de la reproduction.
Figure 1. Répartition de la taille des groupes de
bisons observés dans un troupeau de 400 têtes
dans l’île de Santa Catalina, Californie (200 km2).
D’après Lott et Minta (1983) : observations tous les
3 mois entre novembre 1975 et juillet 1978. Deux
animaux à moins de 90 m l’un de l’autre forment
un groupe.
Nombre d'observations
270
240
210
180
150
120
90
60
30
8
16
24 32 40 48
Taille des groupes
56
Elevage du bison /
PlacŽ dans un milieu dÕŽlevage de dimensions beaucoup plus restreintes que celles de
son milieu naturel, le bison sÕadapte bien et
reste dans les parcelles qui lui sont imparties.
Au si•cle dernier, dans les plaines nord-amŽricaines, les animaux se rŽunissaient pour
migrer, mais il ne semble pas que ce besoin de
migration soit irrŽsistible : les bisons en
enclos nÕen laissent pas appara”tre les signes
(Allard 1992). SÕil a suffisamment dÕespace au
p‰turage, le bison est m•me un animal placide que lÕon peut approcher relativement
aisŽment. Plusieurs Žleveurs signalent cependant quÕil faut sÕen mŽfier en permanence, car
il peut tr•s rapidement changer de comportement (Meyer 1992).
LorsquÕil se sent approchŽ, le groupe de
bisons se resserre et lÕagressivitŽ entre animaux est tr•s forte. Les animaux dominŽs
sont alors la cible privilŽgiŽe des autres. Ces
attitudes agressives sont dÕautant plus marquŽes que lÕespace allouŽ est restreint. Elles
sont certainement ˆ leur maximum, dÕapr•s
nos observations, dans les parcs dÕattente des
corrals, par exemple avant dÕenvoyer les animaux dans un couloir de contention ou de les
faire monter dans un camion. Ces moments
correspondent aux plus gros risques dÕaccidents pour lÕŽleveur et pour les jeunes animaux, et se traduisent par les plus gros probl•mes de manipulation.
Pour accro”tre la capacitŽ dÕexpŽrimenter
sur ces animaux et augmenter le nombre des
mesures possibles, nous essayons, dans le
troupeau expŽrimental de lÕINRA, de produire
des animaux plus aisŽment manipulables d•s
la naissance. Le protocole retenu consiste ˆ
faire adopter de jeunes bisons par des vaches
laiti•res particuli•rement calmes et les premiers rŽsultats semblent encourageants.
1.2 / Comportement
au p‰turage
Le rŽgime alimentaire du bison dÕŽlevage
est essentiellement ˆ base dÕherbe p‰turŽe
pr•s des deux tiers de lÕannŽe et dÕun peu de
foin en hiver. DÕapr•s Belowsky et Slade
(1986), au cours dÕune journŽe dÕŽtŽ, le bison
passe 45 % de son temps en Ç activitŽ È (p‰turage, dŽplacements, interactions sociales) et
le reste en repos. Le temps consacrŽ ˆ p‰turer
serait seulement de 3 h/j, ce qui parait tr•s
faible (5 ˆ 8 h/j pour des bovins) et reprŽsenterait alors 60 % du temps de rumination. Sur
des bisons europŽens, dÕautres observations
qui paraissent plus rŽalistes, montrent que,
de lÕaube au crŽpuscule, 60 % du temps est
passŽ ˆ p‰turer, 32 % ˆ se reposer et 8 % ˆ se
dŽplacer (Cabon-Raczynska et al 1987).
Les prŽfŽrences alimentaires du bison au
p‰turage ont ŽtŽ ŽtudiŽes pour prŽciser la
part des ligneux dans sa ration. A partir de
lÕanalyses des f•ces de bovins et de bisons
p‰turant ensemble dans les prairies ŽpiŽes de
lÕUtah, Van Vuren et Bray (1983) concluent ˆ
la similitude de leurs rŽgimes (index de similaritŽ des rations de 91 %), en soulignant que
la tendance est plut™t dans le sens dÕune plus
381
grande hŽtŽrogŽnŽitŽ des plantes ingŽrŽes par
les bovins. En effet, dans les f•ces de bisons,
la part de rŽsidus provenant de ligneux Žtait
la plus faible (1 % vs 8 %). Sur des prairies
embroussaillŽes, en utilisant la mŽthode de la
comparaison floristique des contenus de
rumen, Towne et al (1988) concluent Žgalement ˆ une similaritŽ importante entre les
rŽgimes alimentaires et donc dans le choix
des esp•ces vŽgŽtales p‰turŽes. CÕest aussi le
cas du bison europŽen de la for•t de Bialowiesa qui, dÕapr•s Cabon-Raczynska et al
(1987), nÕa pas un rŽgime alimentaire tr•s
spŽcialisŽ : il passe 95 % de son temps dÕingestion ˆ p‰turer des herbes et seulement 4,8 %
de son temps ˆ consommer des jeunes pousses
dÕarbres. Il peut aussi Žcorcer les arbres, mais
ce comportement est plus dŽveloppŽ en hiver
(Cabon-Raczynska et al 1983).
2 / Syst•me dÕŽlevage
et cycle de production
2.1 / SaisonnalitŽ
des v•lages
et de la reproduction
La rŽpartition annuelle des mise bas observŽes dans les diffŽrents troupeaux dÕAmŽrique
du Nord ou dÕEurope est prŽsentŽe ˆ la figure
2. Les femelles ont la capacitŽ de mettre bas
toute lÕannŽe, mais elles semblent fortement
synchronisŽes et v•lent au printemps : 60 %
des v•lages ont lieu en mai et juin, que ce soit
dans les conditions dÕun ranch de lÕAlberta
(Patten 1990), ou en France (enqu•te effectuŽe dans 10 Žlevages de bisons : J. Bony,
communication personnelle). Dix des 16 pre-
Chez le bison, la
durŽe de gestation
est de 270 jours
et les mise bas
ont surtout lieu
au printemps.
Figure 2. Répartition annuelle des mise bas dans différents troupeaux de bisons.
Fréquence mensuelle (%)
Bisons d'Amérique :
65
Domaine expérimental INRA,
Laqueuille (n=30)
60
55
50
45
40
35
30
25
20
15
10
5
0
A
A
A
A
A
A
A
AAA
A
A
AA
A
A
AA
A
A
AAAAAAA
Adams Ranch, Alberta, Canada
(d'après Patten 1990)
Enquête dans les élevages français
(J. Bony, communication personnelle)
Bisons d'Europe en enclos
Avril
Mai
Juin
Juillet
Août
Sept
INRA Productions Animales, dŽcembre 1996
Oct
Nov
Déc
382 / J. AGABRIEL, J. BONY, D. MICOL
2.2 / Aptitude des femelles
ˆ la reproduction
Les jeunes bisonnes semblent aptes ˆ •tre
fŽcondŽes d•s lÕ‰ge de 2 ans pour un premier
v•lage ˆ 3 ans (Jenning et Hebbring 1983,
Dorn 1995). Les observations rŽalisŽes sur des
bisons dÕEurope indiquent pourtant un ‰ge
plus tardif pour les premi•res mise bas : pr•s
de 4 ans (Krasinski et Raczynski 1967 ; figure
3). Comme pour les gŽnisses bovines, le poids
Figure 3. Répartition de l’âge à la première mise
bas de 58 bisons d’Europe (d’après Krasinski et
Raczynski 1967).
Fréquence cumulée (%)
Moyenne : 47,8 mois
100
80
60
40
20
33
35
37
39
41
43
45
47
Age au premier vêlage (mois)
INRA Productions Animales, dŽcembre 1996
61-72
0
49-60
Le premier v•lage
peut avoir lieu
ˆ 3 ans, mais
cÕest le poids
de la jeune femelle
qui dŽtermine
lÕapparition
des premi•res
chaleurs.
miers v•lages du troupeau INRA ont Žgalement eu lieu au mois de mai. Cette synchronisation naturelle des mise bas se retrouve chez
les bisons dÕEurope observŽs dans la rŽserve
de Bialowiesa par Krasinski et Raczynski
(1967) : 71 % des v•lages se rŽpartissent sur
trois mois, de mai ˆ juillet.
Les saillies se passent donc de mani•re
relativement groupŽe au mois dÕaožt malgrŽ
la prŽsence de m‰les toute lÕannŽe. Comme
pour les ovins ou les cervidŽs, la saisonnalitŽ
des bisonnes pourrait provenir dÕune sensibilitŽ particuli•re ˆ la dŽcroissance de la durŽe
du jour, mais aucune expŽrience nÕest venue
le confirmer. Des facteurs nutritionnels favorables doivent Žgalement contribuer ˆ la
venue en chaleur ˆ cette saison comme dans
le cas des vaches allaitantes : les rŽserves
corporelles sont dŽjˆ en partie reconstituŽes
et le niveau alimentaire est ŽlevŽ. Il semble
que des femelles en bon Žtat puissent venir
en chaleur plus t™t dans la saison. Ainsi,
dans un Žlevage de Belgique o• lÕalimentation nÕest jamais limitante, les v•lages
dŽmarrent en avril et correspondent ˆ des
saillies de juillet (J. Bony, communication
personnelle).
Enfin, ce relatif groupage des mise bas peut
aussi •tre le fait du m‰le qui serait moins fertile avant le mois dÕaožt. Cette hypoth•se ne
semble toutefois pas se confirmer par les premi•res observations de la qualitŽ du sperme
des m‰les reproducteurs du troupeau INRA
qui ont pu •tre faites au printemps.
dŽtermine sans doute lÕapparition de la cyclicitŽ et des premi•res chaleurs. Si lÕon consid•re quÕil sÕagit dÕun animal au moins aussi
tardif que le bovin Charolais, il faut atteindre
55 % du poids vif adulte pour que plus de 50
% des jeunes bisonnes soient cyclŽes ; cela correspondrait alors ˆ un poids de 260 kg. Mais,
comme pour les agnelles et les bichettes, il
faut sans doute que les jeunes bisonnes arrivent ˆ ce poids minimal avant le dŽbut de la
saison sexuelle, le mois dÕaožt dans nos conditions, pour que la reproduction puisse se faire.
Les bisonnes nŽes tard ont un handicap supplŽmentaire car, dans le jeune ‰ge, leur croissance est plus faible du fait de la saison (cf
chapitre 4), et le risque est alors grand pour
quÕelles se dŽcalent dÕune annŽe compl•te. On
voit lˆ tout lÕintŽr•t de rŽunir les conditions
pratiques pour faire v•ler le plus t™t possible.
La femelle est normalement capable de
faire un veau par an. La durŽe dÕun cycle
sexuel mesurŽ sur 8 bisonnes apr•s v•lage est
de 23 jours (Kirpatrick et al 1991), et le comportement dÕÏstrus serait de courte durŽe : de
6 ˆ 12 h (Dorn 1995). Le taux de gestation
dans les troupeaux varie fortement (de 50 ˆ
90 %) selon les mŽthodes dÕŽlevage (Patten
1990, Dorn 1995). Il varie aussi selon lÕ‰ge :
12 % pour des femelles de 2 ans, 76 % pour
celles ‰gŽes de 7 ˆ 13 ans, 45 % au-delˆ de
14 ans (Shaw et Carter 1989 : 8 annŽes dÕobservations dans un parc de lÕOklahoma). En
Žlevage, le taux de gestation est sans doute
supŽrieur ˆ celui observŽ en parcs naturels,
pour des raisons dÕŽtat sanitaire, de niveau
alimentaire tout au long de lÕannŽe, et de tri
des animaux infertiles.
Dans une revue rŽcente, Dorn (1995) fait le
point des essais pratiques dÕutilisation sur le
bison des techniques Ç modernes È de ma”trise
de la reproduction effectuŽs dans plusieurs
ranchs des Etats-Unis. Il cite ainsi des insŽminations artificielles avec semence congelŽe,
des transferts embryonnaires et la conservation dÕembryons par congŽlation. Mis ˆ part
les difficultŽs de manipulation des femelles,
ces techniques ne semblent pas poser de probl•me de faisabilitŽ, mais tr•s peu dÕessais ont
ŽtŽ publiŽs (2 ˆ 3 et on ne parle que des tentatives qui ont rŽussi !). Cet auteur rappelle
aussi que quelques essais de transplantation
dÕembryons de bisons sur des vaches ont tous
ŽtŽ des Žchecs du fait de lÕincompatibilitŽ
entre les deux esp•ces. DÕailleurs les nombreuses expŽriences dÕhybridation bison-bovin
ont montrŽ que 30 % seulement des gestations venaient ˆ terme quel que soit le sens de
lÕhybridation (Logan et Sylvestre 1950, Krasinka 1988).
Enfin, Jenning et Hebbring (1983) insistent
sur le comportement particulier du m‰le lorsquÕune femelle est en chaleur dans un troupeau. AccaparŽ provisoirement, il abandonnerait tout intŽr•t pour les autres femelles du
troupeau qui risquent alors de se dŽcaler dÕun
cycle. Pour Žviter cela, ces auteurs conseillent
dÕaugmenter le nombre de m‰les par femelles
prŽsentes jusquÕau ratio de 1 pour 10.
Elevage du bison /
2.3 / Gestation, lactation
La durŽe de gestation calculŽe par Krasinska (1988) sur 184 bisons europŽens est de
265 jours, et serait ˆ peu pr•s Žquivalente
pour le bison dÕAmŽrique : 270 jours. Cela correspond ˆ environ 15 jours de moins que pour
une vache Salers. NŽanmoins la prŽcision de
ce chiffre dŽpend de lÕobservation rŽelle des
saillies, qui se passent surtout la nuit et sont
de ce fait tr•s difficiles ˆ repŽrer. Si la chaleur
observŽe est prise comme date de dŽbut de
gestation, la durŽe moyenne de gestation de
7 bisonnes du troupeau INRA a ŽtŽ de
267 jours.
La dŽtection de la gestation peut se faire
par dosage de la progestŽrone sanguine
(2 prises de sang ˆ 10 jours dÕintervalle) ou,
comme pour les bovins, par dosage de la protŽine sŽrique de gestation, PSPB (ou PSP60,
Mialon et al 1994). Certains Žlevages pratiquent aussi lÕŽchographie ˆ partir du 30e jour,
mais cela nŽcessite une contention parfaite.
Le dŽroulement du v•lage sÕeffectue en
plein air et les possibilitŽs dÕintervention sont
restreintes. Nous avons toutefois observŽ
2 cas de non dŽlivrance quÕil a fallu traiter,
sur 27 v•lages.
Les quantitŽs de lait produites par la
femelle bison sont encore tr•s mal connues
car il nÕexiste aucune mŽthode directe pour les
mesurer. A partir de la comparaison entre les
croissances de bisons m‰les sous leur m•re et
de bisons homologues allaitŽs par des vaches
laiti•res, dont on a mesurŽ la ration de lait bu
par pesŽe avant et apr•s tŽtŽe, nous avons
estimŽ la production de la femelle bisonne ˆ 6
kg/j. En Žlevage en libertŽ, le sevrage du
jeune a lieu vers dŽcembre ce qui correspond ˆ
une durŽe totale de lactation de 7 mois. Le
veau reste cependant pr•s de sa m•re encore
quelques mois (Lott et Minta 1983). Dans les
conditions classiques de ranching nord-amŽricain, la pratique du sevrage se situe plus t™t,
fin octobre, par groupe de jeunes veaux ‰gŽs
de 5 ˆ 7 mois.
383
dŽpendre de la qualitŽ du foin. Une partie de
la diffŽrence pourrait sÕexpliquer par le
volume du rumen, proportionnellement plus
faible chez le bison (64 vs 101 ml/kg poids vif,
dÕapr•s Towne et al 1988).
Les premi•res mesures de quantitŽs ingŽrŽes effectuŽes au domaine INRA de
Laqueuille permettent Žgalement de situer le
bison par rapport aux races bovines fran•aises (tableau 1). Suivant les types dÕanimaux, le niveau dÕingestion moyen rapportŽ
au poids vif serait, sur une longue pŽriode,
comparable aux prŽvisions des mod•les INRA
(1988) pour des races rustiques. Mais les
bisons de ce troupeau hivernent ˆ lÕextŽrieur,
ce qui limite la portŽe de cette comparaison
car on ne conna”t ni lÕinfluence de la tempŽrature sur la capacitŽ dÕingestion, ni les quantitŽs de vŽgŽtaux secs qui peuvent •tre prŽlevŽs
sur la prairie.
DÕapr•s Hawley et al (1981b), lorsque bisons
et bovins re•oivent des fourrages identiques
en hiver ou en ŽtŽ, lÕŽcart dÕingestion entre les
deux esp•ces semble supŽrieur durant lÕhiver
(et toujours en dŽfaveur du bison), ce qui laisserait supposer un effet dŽpressif et marquŽ
RapportŽes
au poids vif, les
quantitŽs ingŽrŽes
par les bisons sont
plus faibles que
celles ingŽrŽes
par les bovins.
Figure 4. Quantités ingérées par des bisons et des bovins (d’après Gebczynska
et al 1974, Kowalczyk et al 1976, Hawley et al 1981, Towne et al 1989, Koch et al
1995).
Quantité ingérée
(kg MS/100 kg PV)
Bovins
Bisons
3
Poids des bisons (kg)
265
375
300
350
315
375
-20%
-6%
Ecart relatif entre espèces
2
-3%
-6%
3 / Ingestion, Digestion
3.1 / Niveau dÕingestion :
comparaison bison/bovin
La capacitŽ dÕingestion des bisons dÕAmŽrique est mal connue. Quelques comparaisons
bovins/bisons ont ŽtŽ rŽalisŽes sur des animaux en croissance, mais aucune sur des
femelles en production. ObservŽes sur un
nombre limitŽ dÕanimaux, les quantitŽs de
mati•re s•che (MS) ingŽrŽes rapportŽes au
poids vif sont infŽrieures dÕen moyenne 10 % ˆ
celles de bovins de race anglo-saxonne prŽcoce
(Towne et al 1988, 1989, Koch et al 1995 ;
figure 4). Des observations similaires ont ŽtŽ
rŽalisŽes par Gebczynska et al (1974), et
Kowalczyk et al (1976), lors de comparaisons
des niveaux dÕingestion de bisons europŽens
et de bovins Pie Noir. Cet Žcart ne semble pas
-13%
1
0
Valeur azotée
du foin
4,4
(MAT % MS)
Part du
100%
fourrage
dans la ration
Foin de graminées
Foin de luzerne
8,0
8,0
10,8
22
100%
100%
70%
70%
INRA Productions Animales, dŽcembre 1996
22
100%
384 / J. AGABRIEL, J. BONY, D. MICOL
Tableau 1. Quantités de foin (MAT 110, CB 340 - g/kg MS) ingérées en hiver
par des bisonnes d’élevage (hivernage extérieur : INRA domaine de Laqueuille)
et comparaison avec les références bovines (INRA 1988). Les valeurs
correspondent aux quantités mesurées en début et fin de période d’observation
(novembre à mars).
Type dÕanimal
Poids vif
7-13 mois
200 kg
19-25 mois
300 kg
Adulte tarie
450 kg
QuantitŽ ingŽrŽe de foin (kgMS / j)
CapacitŽ dÕingestion correspondante (UEB)
CapacitŽ dÕingestion de gŽnisses Salers (1)
du m•me ‰ge (de m•me poids)
3,2 ˆ 3,7
4,3
4,5 ˆ 5,0
6,0
7,0 ˆ 7,5
9,0
5,9 (4,1)
7,5 (5,9)
11,5 (9,4)
(1) Poids adulte : 550 kg, Žtat dÕengraissement normal.
de la mauvaise saison sur la capacitŽ dÕingestion du bison.
Pour prŽciser cet effet, deux lots de 4 jeunes
femelles bisonnes ‰gŽes de 1 an et plus
(pesant 250 kg environ) ont re•u de septembre
ˆ juin respectivement deux foins distribuŽs ˆ
volontŽ (Agabriel et al 1996). Le niveau
moyen dÕingestion des deux foins (digestibilitŽ
de la mati•re organique de 0,69 et 0,57) a ŽtŽ
respectivement de 5,55 et 5,23 kg MS/j, et la
capacitŽ dÕingestion correspondante des
bisonnes a ŽtŽ de 2,32 et 2,48 UEB/100 kg PV,
soit des valeurs voisines de celles de gŽnisses
bovines Holstein. Les quantitŽs ingŽrŽes ont
variŽ dans le m•me sens que la durŽe du jour
: maximales en automne (6,0 kg MS/j), elles
ont baissŽ de plus de 20 % entre octobre et
janvier (4,7 kg MS/j) avant de sÕaccro”tre de
nouveau au printemps (figure 5).
La digestibilitŽ
des rations ˆ base
de foin est plus
ŽlevŽe chez le bison
que chez le bovin,
probablement en
raison dÕun transit
plus lent.
Figure 5. Evolution des quantités de foin ingérées de deux lots de jeunes
bisonnes au cours de l’hiver (d’après Agabriel et al 1996).
3.2 / DigestibilitŽ des rations
Plusieurs mesures de digestibilitŽ comparŽe
entre bovin et bison dÕAmŽrique, ou bovin et
bison dÕEurope ont ŽtŽ effectuŽes sur des
rŽgimes ˆ base de foin distribuŽ ˆ volontŽ
dont la qualitŽ variait de 5 ˆ 19 % de MAT
(figure 6). Dans ces essais, la quantitŽ de
f•ces Žmise est toujours estimŽe par une
mŽthode indirecte utilisant des marqueurs
internes indigestibles (oxyde de chrome,
cendres). Tous les rŽsultats vont dans le sens
dÕune meilleure digestibilitŽ de la ration par
le bison (de 6 ˆ 10 points) quel que soit le crit•re retenu (digestibilitŽ de la MS, de la MO
ou de la cellulose). Pour expliquer cet Žcart,
les caractŽristiques ruminales des deux
esp•ces recevant un foin de prŽ ou un foin de
luzerne ont ŽtŽ comparŽes (Towne et al 1989).
Aucune diffŽrence significative nÕest apparue
ni sur les param•tres des fermentations ruminales (% des diffŽrents AGV, N ammoniacal %
N total) ni dans les proportions des diffŽrents
composants de la faune (colonies de bactŽries,
rapport bactŽries/protozoaires). La proportion
de bactŽries les plus actives sur la cellulolyse
(F. succinogenes) ne semble pas plus ŽlevŽe
chez le bison (Millet et al 1995). Une seule
Figure 6. Digestibilité comparée bisons-bovins de
rations à base de foin distribué à volonté (d’après
Gebczynska et al 1974, Richmond et al 1977,
Hawley et al 1981, Towne et al 1989). Estimations
par marqueurs (Chrome ou cendres indigestibles).
Bovins
Critère
mesuré
dNdF
Marqueur
Quantité ingérée
(kg MS / j)
dNdF dMO
Cendres
dMO
dNdF
Cr203
Cendres
Digestibilité (%)
P1
27/09 - 02/12
6,5
Bisons
P2
03/12 - 01/02
P3
02/02 - 15/05
+ 8,5 %
Ecart relatif
entre espèces
Lot 1
(280 kg)
60
+9%
6,0
+ 7,6 %
+ 11 %
+ 6,5 %
5,5
40
5,0
Lot 2
(230 kg)
20
4,5
1erOct
1erNov
1erDéc 1erJan
1erFév
1erMar
1erAvr 1erMai
Durée du jour (h)
15
P1
P2
0
P3
12
Valeur azotée
4,4
du foin
(MAT % MS)
9
6
Oct
Nov
Déc
Jan
Fév
Mar
Avr
Mai
INRA Productions Animales, dŽcembre 1996
Part du
100%
fourrage
dans la ration
Foin de graminées
Foin de
luzerne
8,0
8,0
10,8
19
100%
100%
70%
100%
Elevage du bison /
Žtude (Hawley et al 1981a) sugg•re que la
vitesse de transit des aliments dans le rumen
serait plus faible chez le bison, ce que sugg•re
Žgalement le plus faible niveau dÕingestion.
DÕautres expŽriences plus anciennes (Peden et
al 1974) indiquent que lÕŽcart de digestibilitŽ
entre bison et bovin est plus important sur les
mauvais foins, et sÕexplique par une capacitŽ
de recyclage de lÕazote supŽrieure, mais ce
rŽsultat semble infirmŽ par les mesures plus
rŽcentes.
4 / Croissance des jeunes
et carcasses produites
4.1 / Potentiel de croissance
Une synth•se bibliographique des contr™les
de croissance effectuŽs sur des animaux en
condition dÕŽlevage extensif permet de proposer (figure 7) un schŽma thŽorique de la croissance des bisons de la naissance ˆ lÕ‰ge
adulte. Le poids vif adulte est proche de 500
kg pour la femelle et de 800 kg pour le m‰le,
et il est atteint au-delˆ de 5 ans. Les conditions dÕŽlevage, milieu contr™lŽ ou naturel,
font varier fortement les niveaux de croissance et les poids ˆ ‰ge type.
Le poids ˆ la naissance des jeunes est dÕenviron 30 kg pour les m‰les et 25 kg pour les
femelles, soit respectivement 3,8 % et 5 % du
poids des adultes, comme ce que lÕon observe
chez les bovins Salers (m‰les : 42/1000=3,8 %
et femelles 38/650=5,8 %). MesurŽ dans deux
parcs naturels AmŽricains, le poids moyen est
de 130 kg (n=64) ˆ 5 mois et de 175 kg
(n=178) ˆ 6 mois (J. Bony, communication personnelle). LÕŽcart de poids entre les m‰les et
les femelles est alors de 10 kg (180 vs 170 kg).
Avant cet ‰ge, la croissance moyenne (800 g/j)
varie dÕabord avec le niveau de production laiFigure 7. Reconstitution théorique de la courbe
de croissance de jeunes bisons, par comparaison
à celle d’une femelle bovine qui pèserait le même
poids à l’âge adulte.
Bison mâle à l'engrais
Poids (kg)
ue
500
bo
vi
ne
ru
st
iq
400
Fe
m
el
le
300
Bis
100
on
fem
ell
e
200
1
2
3
Age (ans)
4
5
385
ti•re de la m•re, car le jeune ne consomme
pratiquement que du lait au moins jusquÕˆ
3 mois. Deux jeunes bisons m‰les nŽs dans le
troupeau expŽrimental ˆ Laqueuille, ont ŽtŽ
allaitŽs par une vache Holstein et ont bu 8 ˆ 9
kg de lait par jour. Leur croissance quotidienne jusquÕˆ 7 mois a alors approchŽ 900 g/j
et, ˆ cet ‰ge, ils pesaient 210 kg. La croissance de trois jeunes femelles menŽes dans
des conditions dÕallaitement identiques a
atteint 530 g/j.
Les femelles de 1 an p•sent pr•s de 220 kg
(Jenning and Hebbring 1983) soit 40 ˆ 45 %
du poids adulte, contre plus de 50 % pour un
bovin du m•me ‰ge. Au-delˆ, le niveau de
croissance du jeune dŽpend :
- de son potentiel gŽnŽtique. Comme cette
esp•ce nÕa jamais ŽtŽ sŽlectionnŽe sur la croissance, la variabilitŽ des performances pondŽrales entre animaux est ŽlevŽe ;
- de facteurs environnementaux (date de
naissance, ‰ge au sevrage...), et comportementaux (hiŽrarchie dans le groupe) ;
- de lÕapport nutritionnel, en particulier de
la densitŽ ŽnergŽtique de la ration (qualitŽ du
fourrage, rapport foin/concentrŽ). Des bisons
m‰les de 250 kg recevant un foin de luzerne
complŽmentŽ avec 25 % ou 50 % dÕaliment
concentrŽ ont rŽalisŽ des gains quotidiens de
570 g et 680 g soit 81 et 89 g/kg MS ingŽrŽe
(Koch et al 1995). Dans cette expŽrience, lÕefficacitŽ alimentaire de la ration est comparable
ˆ celle des tŽmoins bovins (70 g de gain par kg
de MS). A partir des donnŽes du troupeau
INRA, la croissance dÕun lot de 6 jeunes m‰les
de 1 an recevant un foin de bonne qualitŽ tout
au long des 6 mois dÕhiver a pu atteindre 300 g/j,
mais nÕa ŽtŽ que de 150 g/j avec un foin plus
mŽdiocre. Plus ‰gŽs, entre 20 et 26 mois, ces
animaux, qui pesaient alors 300 kg, ont re•u
un foin de deuxi•me coupe distribuŽ ˆ volontŽ
et complŽmentŽ avec 30 % de ma•s grain.
Leur croissance a alors atteint 700 g/j.
Au p‰turage, la croissance de bisons de 1 ou
2 ans sÕŽl•ve ˆ 450-500 g/j entre mai et septembre. On ne conna”t pas encore leur capacitŽ de croissance compensatrice, mais, lors de
lÕengraissement ˆ lÕherbe (5 kg de concentrŽ/j)
dÕun lot de 6 m‰les ‰gŽs en moyenne de 3 ans
(350 kg), la croissance entre juin et septembre
a atteint 800 g/j.
Par rapport aux jeunes bovins, la particularitŽ du bison rŽside dans sa sensibilitŽ ˆ la
durŽe dÕŽclairement. Entre 15 et 18 mois, la
croissance moyenne hivernale mesurŽe des
8 femelles (paragraphe 3.1) a ŽtŽ de 290 g/j :
maximale ˆ lÕautomne (510 g/j), elle nÕa ŽtŽ
que de 10 g/j entre dŽcembre et fŽvrier avant
de sÕŽlever ˆ nouveau 300 g/j au mois de mars
(Agabriel et al 1996). La baisse hivernale
pourrait provenir de la rŽduction du niveau
dÕingestion avec la durŽe dÕŽclairement, ce qui
limiterait dÕautant lÕŽnergie ingŽrŽe disponible pour la croissance. Mais on ne peut
exclure un effet direct de la durŽe dÕŽclairement sur la capacitŽ de croissance pondŽrale
comme cÕest la cas chez les cervidŽs (ThŽriez
1989). De fŽvrier ˆ mai par exemple, lÕefficacitŽ alimentaire de jeunes bisons m‰les ˆ lÕenINRA Productions Animales, dŽcembre 1996
Le poids vif adulte
est de 500 kg
pour les femelles
et 800 kg pour
les m‰les.
386 / J. AGABRIEL, J. BONY, D. MICOL
grais placŽs en stabulation libre (185 kg de
poids vif) a ŽtŽ de 109 g de gain /kg MSI et
sÕest ŽlevŽe ˆ 135 g de gain/kg MSI entre mai
et septembre (alors quÕelle variait respectivement de 132 ˆ 103 g de gain/kg MSI pour
leurs homologues bovins ; Koch et al 1995).
Des observations similaires ont ŽtŽ rŽalisŽes
sur les bisons engraissŽs du troupeau de
Laqueuille (Micol et al 1995) dont la croissance sÕest considŽrablement ralentie apr•s le
15 octobre malgrŽ lÕapport de 6 kg dÕaliment
concentrŽ par jour. Ce rŽsultat risque de
conditionner la pŽriode dÕengraissement des
m‰les afin de rechercher lÕefficacitŽ alimentaire maximum.
Le niveau de croissance semble plus affectŽ
que le niveau dÕingestion par la variation de
durŽe dÕŽclairement. La date de naissance a
donc une importance plus grande encore quÕen
Žlevage bovin allaitant. Comme pour les cervidŽs, plus les animaux naissent t™t en saison,
plus ils peuvent profiter pleinement de la
pŽriode favorable dÕŽtŽ. A lÕopposŽ, des animaux nŽs tard ne peuvent pas rattraper pendant lÕhiver leur retard de poids qui ne
devrait que sÕamplifier par le ralentissement
des croissances.
4.2 / CaractŽristiques
des carcasses produites
Les
caractŽristiques
dÕabattage
sont intŽressantes :
rendement correct
et dŽp™ts
adipeux limitŽs.
Le marchŽ demande de la viande aux caractŽristiques marquŽes, suffisamment rouge, et
des carcasses dÕenviron 250 kg. Pour rŽpondre
ˆ cette demande, les m‰les sont abattus selon
leur performances de croissance entre 2,5 et
3,5 ans dÕ‰ge, soit ˆ un poids vif de 450 ˆ 500
kg, le rendement en carcasse Žtant alors dÕenviron 60 % (Hawley 1986). Dans un essai
rŽcapitulatif, 14 bisons m‰les castrŽs dÕun
poids vif moyen de 431 kg ont ŽtŽ abattus et
comparŽs ˆ des bovins m‰les de 542 kg (Koch
et al 1995). Les poids de carcasses et les rendements (poids carcasse chaude / poids vif
avant abattage) ont atteint respectivement
pour chaque esp•ce 269 kg et 62,6 % (bison),
326 kg et 60,7 % (bovins) avec des rŽgimes
Tableau 2. Caractéristiques d’abattage et de rendement en carcasses de bisons
selon l’âge (D. Micol, J. Agabriel, J. Bony : Programme bison INRA, domaine de
Laqueuille).
Age
Nombre
2,5 ans
6
3,5 ans
6
Ensemble
12
Poids final (kg)
Poids vif vide (kg)
Poids de carcasse (kg)
448
398
247
482
424
269
465
411
258
Rendement Žconomique (%) (1)
Rendement vrai (%) (2)
55,1
63,3
55,7
64,8
55,5
64,1
Composition de la carcasse (%)
Muscles
Squelette
DŽp™ts adipeux
70,6
17,6
11,8
73,4
16,7
9,9
72,0
17,1
10,9
(1) Poids carcasse froide / poids vif final sur lÕexploitation.
(2) Poids carcasse chaude / poids vif vide.
INRA Productions Animales, dŽcembre 1996
dÕengraissement ˆ base dÕensilage de ma•s.
Les premiers rŽsultats dÕabattage ˆ lÕINRA
ont permis de comparer les carcasses produites par des m‰les engraissŽs ˆ deux ‰ges,
2 et 3 ans. Ces bisons ont p‰turŽ une herbe de
qualitŽ durant 6 mois avant lÕabattage, et
recevaient en complŽment 4 kg de cŽrŽales et
1 kg de tourteau de soja par jour (tableau 2).
Les poids de carcasses ont atteint en moyenne
247 et 269 kg respectivement pour les deux
‰ges, ce qui correspond ˆ des rendements
vrais (poids carcasse chaude / poids vif vide)
ŽlevŽs (64,1 %) variant peu avec lÕ‰ge (Micol et
al 1995). Le faible dŽveloppement du tube
digestif et surtout du rumen peut en partie
expliquer la valeur de ces rendements. La
composition anatomique des carcasses se
rŽpartit en 72 % environ de tissu musculaire,
17 % dÕos et 10 % de dŽp™ts adipeux (72, 16 et
12 % respectivement dans lÕexpŽrience de
Koch et al). LÕŽtat dÕengraissement para”t toujours limitŽ bien que le rŽgime alimentaire
avant abattage ait ŽtŽ riche en Žnergie. Il ne
semble pas non plus avoir variŽ avec lÕ‰ge.
Dans la dŽcoupe, la proportion de quartiers
arri•re a atteint 46,4 % du poids des carcasses
(46 % pour Hawley 1986).
Ces rŽsultats soulignent que le bison, malgrŽ sa morphologie tr•s peu orientŽe vers la
production de viande et son faible dŽveloppement pondŽral, prŽsente des caractŽristiques
dÕabattage intŽressantes. Toutefois, tr•s peu
de facteurs pouvant intervenir sur la quantitŽ
de viande produite et la qualitŽ des carcasses
ont ŽtŽ ŽtudiŽs. On ne conna”t pas notamment
lÕeffet de la saison sur lÕŽtat dÕengraissement
des carcasses, ni lÕeffet de la durŽe dÕengraissement, ni m•me lÕeffet du sexe. Les femelles
sont en effet majoritairement conservŽes pour
lÕŽlevage.
Conclusions
Les donnŽes bibliographiques et les premi•res observations sur les bisons du troupeau INRA sont encore trop partielles pour
bien conna”tre cette esp•ce peu frŽquente en
Europe.
RŽgime alimentaire et comportement dÕingestion sont sans doute tr•s voisins de ceux
des bovins. LÕutilisation de lÕŽnergie ingŽrŽe
reste sans doute la principale question zootechnique ˆ prŽciser en liaison avec la sensibilitŽ ˆ la durŽe dÕŽclairement. Si, chez le bison,
le niveau dÕingestion plus faible est compensŽ
par une digestibilitŽ lŽg•rement supŽrieure,
lÕŽnergie disponible pour les productions, ˆ
poids comparable, sera-t-elle alors voisine
pour les deux esp•ces ? Si le niveau des performances de croissance des jeunes est bien
infŽrieur ˆ celui des bovins qui recevraient le
m•me niveau ŽnergŽtique, comment le bison
utilise-t-il cette Žnergie disponible ? LÕhypoth•se dÕun besoin dÕentretien particuli•rement
ŽlevŽ (+20 %) et variable en fonction de la saison, plus faible en ŽtŽ quÕen hiver, doit •tre
vŽrifiŽe.
Elevage du bison /
Dans nos pays, le principal atout du bison
rŽside dans sa capacitŽ ˆ produire une viande
rouge, tendre, avec des rendements satisfaisants ˆ lÕabattage. Mais son potentiel de
croissance limitŽ le pŽnalise fortement par
rapport aux races bovines ˆ viande. Enfin, du
point de vue de lÕŽleveur, si les frais de fonctionnement des Žlevages de bisons peuvent
•tre rŽduits par lÕabsence de b‰timents, le
capital investi au dŽpart en animaux, en cl™tures (2 m de haut pour une surface dÕun hectare/t•te) et en contention (obligatoire pour
387
des raisons sanitaires et de manipulations)
est nŽanmoins tr•s ŽlevŽ. Compte tenu de la
longueur du cycle de production de lÕanimal,
il faut attendre longtemps pour espŽrer le
rentabiliser. Le risque est donc important si
lÕon consid•re en plus que la demande
actuelle est soutenue par un effet limitŽ et de
mode.
Remerciements : LÕŽtude expŽrimentale conduite
ˆ lÕINRA a bŽnŽficiŽ du soutien financier du FIDAR
interrŽgional Massif Central.
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Abstract
Management of an American bison herd.
The development of bison farming is attracting a
growing amount of interest in Europe. Bison are
farmed essentially for meat production and for
their tourist attraction potential. The amount of
bison meat produced globally is currently very
low. The French production has been largely
developed from imported animals. The bison can
be adapted to French farming conditions, even in
small farms. The animals do not become aggressive unless they are unduly restrained. Their dietary requirements are very similar to those of
cattle under similar conditions. Although the
females may give birth throughout the year, the
animals tend to be seasonal. Calving occurs primarily in May and breeding in August. Young
females can begin to reproduce at 2 years of age
and can be bred annually. The pregnancy length
is 270 days. The birth weight of the young calves
is 25 kg for females and 30 kg for males. The
maternal milk production is such that the young
INRA Productions Animales, dŽcembre 1996
gain about 600 g per day until they are weaned at
an age of around 7 months. Adult weight (450-500
kg for females, 700-800 kg for males) is reached
quite late (>7 years). The relationship between
the average amount of intake and the weight gain
over the long term is quite similar to that of
hardy beef breeds. The growth rate and amount
of feed ingested in the young have seasonal variations and are affected by the day length.
In France, the most attractive feature of bison
farming is his ability to produce a very red meat
with a quite good yield (around 57 %). Before
slaughter, the males are fattened with a concentrated diet that enables them to gain 800 g/d. In
order to produce the 250-300 kg carcasses required for marketing, the animals should be slaughtered between 2.5 and 3 years of age.
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