Discours de SE Monsieur Ibrahim Boubacar KEITA Président de la

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Discours de SE Monsieur Ibrahim Boubacar KEITA Président de la
PERMANENT INTERSTATE COMMITTEE
FOR DROUGHT CONTROL IN THE SAHEL
COMITE PERMANENT INTER-ETATS DE LUTTE
CONTRE LA SECHERESSE DANS LE SAHEL
Bénin
Burkina Faso
Cap Vert
Côte d’Ivoire
Gambie
Guinée
Guinée Bissau
Mali
Mauritanie
Niger
Sénégal
Tchad
31ème journée du CILSS - 12 Septembre 2016
Discours de SE Monsieur Ibrahim Boubacar KEITA
Président de la République du Mali
Président en exercice du CILSS
Septembre 2016
Togo
Concitoyennes, Concitoyens des Etats membres du CILSS
Nous célébrons cette année 2016, la 31ème journée du CILSS qui a pour
thème : « Maîtrise de l’eau et Agriculture au Sahel et en Afrique de l’Ouest ».
Ce thème a été choisi pour donner une nouvelle impulsion aux politiques et
stratégies nationales et régionales de gestion de l’eau agricole. Leur mise en
œuvre est essentielle pour accélérer la lutte contre l’insécurité alimentaire et
nutritionnelle dans notre espace CILSS-CEDEAO, soumis depuis plus de quatre
décennies aux aléas climatiques, notamment dans sa partie sahélienne. Mais
même la zone située le long du Golfe de Guinée ne semble désormais plus
épargnée par les rigueurs du changement climatique.
C’est pourquoi, les interventions du CILSS, jadis circonscrites aux seuls pays
sahéliens, couvrent à ce jour, en plus, l’ensemble des Etats membres de la
CEDEAO.
En effet, les défis liés à :
la sécurité alimentaire et nutritionnelle et à la résilience des
populations ;
La gestion durable des ressources naturelles ;
La lutte contre la sécheresse et la désertification ;
L’atténuation et l’adaptation aux effets du changement climatique ; et
L’augmentation de la production et l’amélioration des échanges des
produits agricoles
seront difficilement relevés, si une importance accrue n’est pas accordée au
domaine de la maîtrise de l’eau.
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Concitoyennes, Concitoyens des Etats membres du CILSS
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, les pays du CILSS disposent
d’abondantes ressources en eau, tant souterraines que de surface, malgré des
précipitations irrégulières et /ou imprévisibles. Je m’en veux pour preuve les
nombreux bassins fluviaux qu’abrite notre sous-région : les bassins de la
Gambie, du Niger, du Sénégal, de la Volta, du Tchad, de la Mano River etc…
En termes de potentiel en eaux souterraines, je peux citer en particulier les
systèmes aquifères contenus dans les bassins sédimentaires TaoudéniTanezrouft en Mauritanie et au Mali, Le système aquifère de l’Iullemeden,
partagé par le Mali, le Niger et le Nigeria mais aussi le Lac Tchad et les autres
aquifères au Sénégal et en Mauritanie.
A cela s’ajoute la recrudescence d’inondations constatées certaines années.
Hélas presque toute cette eau s’en retourne à la nature, comme elle est
tombée, faute de moyens satisfaisants de captage et de valorisation.
Vous conviendrez donc avec moi, que ces immenses ressources, mieux gérées
et exploitées avec adéquation, peuvent contribuer à relever de manière
significative les niveaux de production et de productivité.
Mais force est de constater que les statistiques actuelles dressées ne vont pas
dans ce sens. Il apparaît que les ressources en eaux renouvelables totales
établies au niveau des neuf Etats membres du CILSS les moins humides,
seraient de l’ordre de 279 milliard de mètres cubes par an. Ceci permet en
valeur absolue d’irriguer environ 4,64 millions d’hectares soit 1,9 fois le
potentiel des terres irrigables dans ces Etats. Cet énorme potentiel peut donc
couvrir en valeur absolue très largement nos besoins individuels et collectifs
tant pour les usages domestiques (eau potable par exemple) que pour les
usages agricoles.
Peu de régions à travers le monde peuvent se prévaloir d’un tel potentiel.
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Ceci démontre à suffisance que dans notre région, nous faisons face, plus à
une rareté « sociale » de l’eau, c’est-à-dire une rareté structurellement
induite qu’à une rareté réellement physique. Plusieurs causes sont à l’origine
d’un tel état de fait :
l’impertinence de certains financements ;
la mauvaise gouvernance de certains projets ;
la faible appropriation des mécanismes de gestion et de fonctionnement
des aménagements hydroagricoles ;
la très faible implication du secteur privé ;
la problématique foncière ;
la viabilité des infrastructures ;
la mauvaise gestion de l’eau agricole ;
la fragilité des filières ; et
les rendements insatisfaisants, etc.
Concitoyennes, Concitoyens des Etats membres du CILSS
Pourtant, il existe des solutions pour rendre le secteur de l’eau agricole plus
efficace et performant, comme le montrent de nombreux cas de réussite
locale.
C’est pourquoi en 2013, le CILSS et six de ses Etats Membres, avec l’appui de
la Banque Mondiale, ont amorcé cette approche plus globale de
développement de l’irrigation au Sahel, en lançant ‘’ l’Initiative Irrigation au
Sahel ‘’ née de la Déclaration de Dakar.
Selon le Cadre stratégique pour l’eau agricole au Sahel, les expériences
multiformes des pays du Sahel en maîtrise de l’eau sont à capitaliser pour des
solutions d’irrigations identifiées, fiables, adaptées au contexte sahélien et
pouvant être portées à l’échelle par des financements durables en vue
d’accroitre rapidement, qualitativement et quantitativement nos superficies
irriguées pour une agriculture irriguée pérenne, compétitive et inclusive.
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L’allocation de cent soixante-treize millions (173.000.000) de Dollars de la
Banque Mondiale au CILSS et à six de ses Etats membres pour la mise en
œuvre du Projet Régional d’Appui à l’Initiative pour l’Irrigation au Sahel
contribuera à développer cette approche.
Ce nouvel élan dans la redynamisation de l’irrigation au Sahel et, plus
globalement, de la promotion de la Maitrise de l’eau au Sahel, requiert une
large coalition des États membres, des partenaires techniques et financiers,
des institutions scientifiques, des associations et organisations de producteurs
et de toutes les parties prenantes du secteur de l'eau.
C’est dans ce cadre que le Groupe de la Banque africaine de développement
(BAD), le CILSS et l’ensemble de ses Etats membres, ont lancé « la Coalition
mondiale pour l’eau au Sahel » ; un plaidoyer d’envergure pour une plus
grande valorisation de l’eau dans l’espace CILSS.
Conformément à la volonté ferme de mes pairs, j’invite tous les partenaires
du Sahel à soutenir cette Coalition pour une mobilisation permanente des
acteurs, une mise en synergie de nos énergies afin de valoriser durablement
la ressource eau au Sahel et en Afrique de l’Ouest
La célébration de la présente journée du CILSS vient rappeler à l’ensemble des
acteurs, la nécessité de coaliser leurs forces autour de l’eau, facteur essentiel
au Sahel pour accroître la résilience des populations sahéliennes et ouestafricaines.
Concitoyennes, Concitoyens des Etats membres du CILSS
C’est pourquoi, j’invite nos Parlements, nos Communautés économiques
régionales, (Commissions de la CEDEAO et de l’UEMOA), nos partenaires
techniques et financiers, les Organisations de la société civile, et le secteur
privé à accompagner le CILSS et ses Etats membres dans cette nouvelle
dynamique.
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Je voudrais, au nom de toutes les populations sahéliennes et ouest africaines,
réitérer mes remerciements à la communauté internationale pour le soutien
multiforme et constant qu’elle ne cesse d’apporter au CILSS et à ses Etats
membres.
En terminant, je souhaite plein succès au CILSS et ses partenaires pour les
défis à relever dans les années à venir, notamment en ce qui concerne la
valorisation durable des ressources en eau dans nos Etats membres
Vive le CILSS
Vive la solidarité sahélienne et ouest africaine
Vive la solidarité internationale.
Je vous remercie.
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