Recommandations du Programme d`éducation canadien sur l
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Recommandations du Programme d`éducation canadien sur l
Hypertension Canada Publié par la Société canadienne d’hypertension artérielle Recommandations du PECH Recommandations du Programme d'éducation canadien sur l'hypertension : Sommaire de la mise à jour 2008 Extraits du « Sommaire clinique » et du « Sommaire scientifique » des recommandations 2008 du PECH, chacun rédigé par un comité du PECH. En 2008, pour la neuvième année consécutive, le Programme d'éducation canadien sur l'hypertension (PECH) a mis à jour ses recommandations pour la prise en charge de l'hypertension. Dans ce domaine, plusieurs importants développements récents méritent que l'on s’y attarde. L’Enquête ontarienne sur la prévalence et la maîtrise de l'hypertension, présentée à l’occasion Congrès de la Société canadienne de cardiologie en octobre 2007, a notamment révélé une nette amélioration du traitement et de la maîtrise de l’hypertension, ainsi qu’une meilleure sensibilisation au problème. Les résultats de l’enquête, selon laquelle l'Ontario obtient le taux le plus élevé de traitement et de maîtrise de l'hypertension dans le monde, seront publiés sous peu, tout comme ceux d'une enquête nationale sur la TA actuellement en cours. L'année 2007 a aussi été marquée par l’approbaLES RECOMMANDATIONS DU PECH SONT tion de l'utilisation d'un inhibiteur de la rénine au ACCESSIBLES EN VERSION INTÉGRALE À Canada. Il s’agit de la première classe nouvelle L'ADRESSE WWW.HYPERTENSION.CA ET SERONT d'antihypertenseurs à être mise au point en plus PUBLIÉES DANS LE NUMÉRO DE MAI 2009 DU d'une décennie. Le PECH attendra les concluJOURNAL CANADIEN DE CARDIOLOGIE. sions de grandes études cliniques sur cette nouvelle molécule pour en déterminer le rôle thérapeutique. Après son annonce en 2006, c'est aussi en 2007 qu'a été mise en œuvre une stratégie nationale pour prévenir et combattre la maladie cardiovasculaire (CV) au Canada. Il est à espérer que cette stratégie fournira l’orientation et les ressources nécessaires pour prévenir et maîtriser l'hypertension de manière optimale, dans une perspective de réduction de la maladie cardiovasculaire. Peu d’études cliniques majeures ont porté sur l’hypertension en 2007. Mentionnons toutefois que l’une d’entre elles, l'étude ADVANCE, a fait état d'une amélioration du pronostic chez les patients diabétiques traités concomitamment par inhibiteurs de l'ECA et diurétiques. Les résultats principaux de l'étude sont venus confirmer les recommandations actuelles du PECH pour la prise en charge de la TA chez les patients atteints de diabète et rappellent le rôle potentiel d'un traitement d'association à dose fixe comme option thérapeutique de première intention. Le thème retenu par le PECH pour 2008 est l'autovérification de la TA à domicile. La mesure de la TA à domicile est plus étroitement liée au pronostic CV que sa mesure au cabinet médical. La mesure à domicile permet de confirmer le diagnostic d'hypertension, d’améliorer la maîtrise de la TA, de réduire le recours à la pharmacothérapie chez certains sujets, de contribuer à repérer un syndrome de la suite à la page 2 Mars 2008 Bulletin nº 94 Table des matières Cibler l'apport sodé alimentaire dans la prise en charge de l'hypertension 5 7 L'adénome surrénalien incident 7 Le tour de taille, révélateur du risque cardiovasculaire Un message du rédacteur … Nous sommes heureux de vous présenter le numéro de mars 2008 d'Hypertension Canada. Nous espérons que notre résumé des dernières recommandations du PECH et nos articles de synthèse pratiques sur la réduction de l’apport sodé, les « incidentalomes » et la mesure du tour de taille vous permettront de mieux prendre en charge vos patients hypertendus. Nous tenons à exprimer notre reconnaissance à notre commanditaire, sanofiaventis/Bristol-Myers Squibb, qui a rendu possible la publication du présent numéro. Richard Ogilvie Rédacteur en chef, Hypertension Canada 2 hypertension Canada Recommandations du PECH Société canadienne d’hypertension artérielle Comité de direction Anciens présidents Venkat Gopalakrishnan président George Fodor Simon W. Rabkin Jacques de Champlain Pierre Larochelle Marcel Lebel ancien président Otto Kuchel Robert Lee John K. McKenzie Ellen Burgess Rhian Touyz président désigné Frans H.H. Leenen Ross Feldman Pavel Hamet Michel Bouvier James van Huysse secrétaire-trésorier Martin Myers Norm Campbell R. Brian Haynes Donald D. Smyth Alexander Logan John Floras S. George Carruthers Johanne Tremblay Ernesto L. Schiffrin Tim Reudelhuber Richard Ogilvie Richard Lewanczuk Publié par la Comité de rédaction Société canadienne d’hypertension artérielle Luc Poirier, Ville de Québec président Carl Abbott, Halifax Luc Lanthier, Sherbrooke Venkat Gopalakrishnan, Saskatoon (membre d’office) Richard Ogilvie, Toronto (membre d’office) Alain Vanasse, Sherbrooke Sudesh Vasdev, St. John’s Albert Yeung, Edmonton Bureau de rédaction Richard Ogilvie, rédacteur en chef John Floras Paula Harvey Alexander Logan © 2008 STA HealthCare Communications inc. Tous droits réservés. Hypertension Canada est une revue trimestrielle, publiée en français et en anglais par STA HealthCare Communications inc., 955, boul. Saint-Jean, bureau 306, Pointe-Claire (Québec) H9R 5K3. Toute personne qui s'intéresse à l'hypertension artérielle peut s'y abonner gratuitement. Les articles publiés dans Hypertension Canada n'engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement les opinions de la Société canadienne d'hypertension artérielle ou de STA HealthCare Communications inc. Dépôt légal premier trimestre 2008. Les articles peuvent être soumis en anglais ou en français au bureau de rédaction, Hypertension Canada, The Toronto Western Hospital, University Health Network, 399, rue Bathurst, Toronto (Ontario) M5T 2S6 (téléc. : [416] 603-7919). Les soumissions pour le prochain numéro doivent nous parvenir au plus tard en avril 2008. Société canadienne des postes : envois de publications canadiennes, contrat de vente no 40063348. Suite de la page 1 blouse blanche ou une hypertension masquée et d’améliorer la fidélité au traitement pharmacologique chez les patients dont l'observance thérapeutique laisse à désirer. Les professionnels de la santé peuvent encourager certains patients à mesurer eux-mêmes rigoureusement leur TA à la maison. Le Tableau 1 résume la marche à suivre à l'intention des patients. Des instructions détaillées pour l'achat et l'utilisation des instruments de mesure de la TA à domicile peuvent être consultées aux adresses www.hypertension.ca et www.fmcoeur.ca/TA. Le cyber-outil proposé sur ce dernier site, « Plan d'action de tension artérielle », est doté d'un portail interactif pour favoriser une meilleure prise en charge de son état par le patient (« Plan d'action personnalisé pour vivre sainement »); on y trouve une méthode pour noter et suivre la TA, les traitements pharmacologiques et non pharmacologiques et on y fait la promotion d’une meilleure hygiène de vie, pour mieux maîtriser de la TA. On trouvera au Tableau 2, une liste de ressources documentaires générales sur l'hypertension à l'intention des patients. Parmi les autres importantes recommandations pour la prise en charge des patients hypertendus que l'on retrouve dans la mise à jour 2008 du PECH, mentionnons : Vérifier la TA de tous les adultes canadiens à chacune de leurs consultations médicales La TA augmente avec l'âge; ainsi, 50 % des Canadiens de plus de 65 ans souffriraient d'hypertension. Pour ceux dont la TA est normale à l'âge de 65 ans, plus de 90 % souffriront éventuellement d'hypertension au cours de la durée moyenne de leur vie. Pour le dépistage de l’hypertension, tous les adultes doivent périodiquement faire vérifier leur TA tout au long de leur vie et ceux dont la TA est limite doivent la faire contrôler annuellement. Une prise en charge optimale requiert une évaluation des autres facteurs de risque (tabagisme, sédentarité, mauvaise alimentation, dyslipidémie et diabète Plus de 90 % des Canadiens hypertendus présentent d'autres facteurs de risque CV. Outre l'hypertension, le dépistage et la correction des facteurs de risque peuvent réduire de plus de 60 % le risque global de maladie CV et influer sur les objectifs de TA visés (Tableau 3) et sur les classes d'antihypertenseurs spécifiquement recommandées (voir les recommandations complètes pour une répartition détaillée selon les différents sous-groupes de patients hypertendus). hypertension Canada 3 Tableau 1 Tableau 3 Instructions pour le patient qui mesure lui-même sa TA à domicile Valeurs cibles de TA Achat de l'appareil : Environnement • Choisissez un appareil approuvé arborant le logo : Maison : • Assurez-vous que l'appareil est doté d'un brassard de la bonne taille pour vous. • Demandez conseil en cas de doute. TA à domicile et SATA le jour* • Lisez et suivez les directives du fabricant. Bureau : • Vérifiez la précision de l'appareil avec un professionnel de la santé pour vous assurer qu'il est exact. HTA diastolique ± systolique Pour mesurer votre TA : Cibles (TAS/TAD) < 135/85 mm Hg < 140/90 mm Hg • Suivez les directives fournies avec l'appareil. HTA systolique isolée < 140 mm Hg • Ne mesurez et ne notez votre TA que si vous avez le temps de le faire correctement. Diabète < 130/80 mm Hg • Il est très important de vous reposer et de vous détendre pendant 5 minutes dans un endroit calme et confortable, sans distraction (télé ou conversation) avant de mesurer votre TA. Maladie rénale chronique < 130/80 mm Hg • Attendez au moins deux heures après un repas copieux et au moins 30 minutes après avoir bu du café ou avoir fumé. • Allez uriner ou allez à la selle si vous en ressentez le besoin avant de mesurer votre TA. • Placez le brassard sur l'un de vos deux bras dénudé. * Les valeurs cibles mesurées à la maison et par surveillance ambulatoire de la tension artérielle (SATA) chez les malades atteints de diabète ou de maladie rénale chronique n'ont pas été établies. • Ne mesurez pas votre TA si vous êtes inconfortable, si vous avez froid, si vous êtes anxieux, stressé ou souffrant. • Assoyez-vous sur une chaise munie d'un dossier et à proximité d'une table où vous pouvez poser votre bras. Au besoin, placez un oreiller ou une serviette-éponge sous votre bras pour qu'il soit au même niveau que votre cœur. Ne vous croisez pas les jambes. • Mesurez votre TA le matin, avant de prendre vos médicaments et de manger et le soir, avant de vous mettre au lit, de prendre un bain ou de prendre vos médicaments. • Prenez au moins deux lectures et notez-les en précisant la date et l'heure. Tableau 2 Ressources sur Internet à l’intention du patient* Ressource Description Adresse/URL Recommandations publiques de 2007 sur l'hypertension Renseignements généraux sur la prévention et le traitement de l'hypertension www.hypertension.ca www.fmcoeur.ca Plan d'action personnalisé pour vivre sainement Élaboration d’un plan d'action www.fmcoeur.ca personnalisé pour vivre sainement Régime DASH Régime DASH et saine alimentation pour améliorer la maîtrise de la TA www.nhlbi.nih.gov/hpb/ prevent/h_eating/h_eating.htm Guide alimentaire canadien Guide canadien officiel pour manger et vivre sainement www.hc-sc.gc.ca/fn-an/foodguide-aliment/index_f.html Diététistes du Canada Conseils pour manger et vivre sainement www.dietitians.ca Calculateurs santé et bonne forme en ligne Pour mesurer les facteurs de risque personnels à l'aide de différents outils www.healthtoolsonline.com/ health-fit.html Diabète et hypertension Renseignements sur l'hypertension à l'intention des personnes diabétiques www.diabetes.ca Maladies du cœur et AVC La maîtrise de votre TA peut réduire votre risque de maladie cardiaque et d'AVC www.fmcoeur.ca * Bon nombre de ces ressources peuvent être téléchargées et imprimées, ou encore commandées en format imprimé si le patient n’a pas accès à internet L’amélioration de l'hygiène de vie réduit efficacement la TA et le risque CV Il est possible de prévenir l'hypertension. On peut de plus réduire la TA et influer favorablement sur les autres facteurs de risque CV par une saine alimentation, la pratique régulière d'exercice physique, la réduction de la consommation d'alcool, la baisse de l'apport sodé alimentaire et chez certains, l’atténuation du stress (Tableau 4). Le Tableau 5 propose quelques conseils à suggérer aux patients pour qu'ils réduisent leur apport sodé alimentaire. Grâce à quelques interventions simples et brèves, le professionnel de la santé peut accroître nettement la probabilité qu'un patient adopte une meilleure hygiène de vie. Une section du site Web de la Fondation des maladies du cœur (www.fmcoeur.ca/TA) a été conçue pour évaluer le mode de vie des patients hypertendus et leur proposer des approches et un suivi individualisés afin de les aider à apporter les changements nécessaires à leur mode de vie. Un traitement axé sur des objectifs prédéterminés permet de réduire de façon optimale le risque CV On obtient une réduction plus prononcée du risque de maladie CV en abaissant la TA jusqu'aux objectifs visés (Tableau 3). Il faut généralement allier traitements pharmacologiques et non pharmacologiques pour atteindre la TA visée La plupart des patients ont besoin de plus d'un antihypertenseur et de changements à leur style de vie pour atteindre les objectifs de TA recommandés. Lorsque deux antihypertenseurs 4 hypertension Canada Tableau 4 Tableau 5 Approche non pharmacologique pour réduire le risque d’hypertension, abaisser la TA et atténuer le risque de complications CV liées à l'HTA chez les patients hypertendus Conseils aux patients pour les aider à réduire leur apport sodé 1. Alimentation saine : Forte teneur en fruits et en légumes frais, produits laitiers à faible teneur en gras, en fibres alimentaires et solubles, en grains entiers et en protéines d'origine végétale; faible teneur en gras saturés, en cholestérol et en sel, conformément au Guide alimentaire canadien pour manger sainement. 2. Activité physique régulière : Un total de 30 à 60 minutes d'exercices dynamiques d'intensité modérée, quatre à sept jours par semaine en plus des activités quotidiennes. 3. Consommation d'alcool : ≤ 2 consommations standard/jour et < 14/semaine chez l'homme ou < 9/semaine chez la femme. 4. Atteinte et maintien du poids corporel idéal (IMC 18,5 à 24,9 kg/m2). À faire : • Acheter et consommer plus d'aliments frais, surtout des fruits et des légumes. • Acheter et consommer des aliments transformés à faible teneur en sel (lire l’étiquette) ou des marques contenant le plus faible pourcentage de sodium selon le libellé de l'étiquette. • Rincer les aliments en boîte ou autres aliments salés à l'eau avant de les consommer ou de les cuisiner. • Utiliser des assaisonnements non salés pour rehausser la saveur des mets. • Prendre moins de repas au restaurant et demander qu'on ajoute moins de sel aux mets commandés. • Consommer moins de sauce avec vos aliments. • Consommer des aliments qui renferment moins de 100 mg de sodium par portion. À ne pas faire : 5. Un tour de taille < 102 cm chez l'homme ou < 88 cm chez la femme. 6. Réduction de l'apport sodé à < 2 300 mg/jour. • Acheter ou consommer des aliments très salés (p. ex., aliments marinés, biscottes salées ou croustilles, viandes transformées, etc.). • Ajouter du sel à la cuisson ou sur la table. • Consommer des aliments renfermant plus de 400 mg de sodium par portion. 7. Environnement sans fumée. Tableau 6 Tableau 7 Stratégies pour améliorer la fidélité au traitement Nouveaux enjeux cliniques dans la prise en charge de l'hypertension • Quelles répercussions l'étude ADVANCE aura-t-elle sur mes patients? L'observance thérapeutique peut être améliorée de plusieurs façons : • À chaque consultation, évaluer la fidélité aux interventions pharmacologiques et non pharmacologiques. • Simplifier les schémas médicamenteux à l'aide de posologies uniquotidiennes de médicaments à action prolongée, de comprimés d'association et d’autres outils favorisant l'observance. • Intégrer la prise des comprimés aux habitudes quotidiennes du patient. • Responsabiliser le patient en l'encourageant à vérifier lui-même sa TA à domicile. • Assurer la liaison avec les programmes de prise en charge des maladies chroniques (selon le cas) pour une meilleure surveillance de la fidélité aux traitements pharmacologiques et non pharmacologiques. • Renseigner le patient et ses proches sur l'hypertension et son traitement. sont utilisés, les associations à base de bêtabloquants, d’inhibiteurs de l'ECA ou de BRA produisent un effet hypotenseur moins additif. Si la TA excède de > 20/10 mm Hg l'objectif visé, débuter le traitement avec deux antihypertenseurs de « première intention » • Les patients hypertendus qui viennent de recevoir leur diagnostic et dont la TA excède de 20/10 mm Hg les valeurs cibles doivent-ils commencer à prendre deux antihypertenseurs en association? • Faut-il procéder au dépistage du diabète chez les patients hypertendus? • Faut-il mesurer d'emblée la microalbuminurie chez les patients hypertendus? • Comment débuter un régime alimentaire à moins de 2 300 mg (100 mmol)/jour de sodium? • Les recommandations du PECH subissent-elles des pressions de l'industrie? en association comme option à privilégier d'abord. Revérifier la TA tous les deux mois chez les patients dont la TA est supérieure à l'objectif Pour maîtriser la TA, il faut exercer un suivi étroit afin d'améliorer l'observance thérapeutique des patients et accroître l'intensité du traitement. Insister sur l'observance thérapeutique La piètre fidélité au traitement est l'un des plus gros obstacles à l'amélioration de la maîtrise de la TA. La fidélité au traitement doit être vérifiée à chaque visite et certaines interventions spécifiques peuvent améliorer l'observance thérapeutique (Tableau 6). Questions cliniques liées à la prise en charge de l'hypertension La version complète du Sommaire scientifique de la mise à jour des Recommandations 2008 du PECH inclut une section qui répond aux nouvelles questions cliniques relatives à la prise en charge de l'hypertension auxquelles le PECH a été capable de répondre à la lumière des preuves récemment accumulées. Le Tableau 7 présente les questions formulées dans ce document. On encourage les lecteurs à lire les réponses complètes dans la version intégrale du sommaire scientifique, que l'on peut consulter sur le site Web du PECH (www.hypertension.ca/chep). hypertension Canada 5 Cibler l'apport sodé alimentaire dans la prise en charge de l'hypertension Par Chantal Blais et Émilie Raymond Il existe tout un arsenal d’agents antihypertenseurs qui peuvent améliorer la pression artérielle, mais le traitement non-pharmacologique demeure la base du traitement. Il implique des changements graduels dans la modification des habitudes de vie (Tableau 1). Du point de vue nutritionnel, un plan alimentaire de type DASH (Dietary approaches to stop Hypertension) (www.nhlbi.nih.gov) a permis de réduire la tension artérielle de 11/5,5 mm Hg chez les patients hypertendus, mais aussi chez ceux normotendus (3/1,8 mm Hg). Ces réductions permettront, on l’espère, de réduire la mortalité reliée aux divers événements d’origine vasculaire en présence d’hypertension. Mais qu’est-ce que le sel? Il est la source la plus importante de chlorure de sodium, communément appelé sel de table. Il est ajouté à nos aliments par le biais de la salière, mais 75 % de notre apport en sel vient des aliments transformés. Il est utilisé abondamment par l’industrie alimentaire pour principalement rehausser le goût des aliments mais aussi comme agent de conservation des produits alimentaires. Tableau 1 Impact des modifications des habitudes de vie sur la pression artérielle d’adultes hypertendus Intervention Quantité PAS/PAD (mm Hg) Perte de poids Par kg perdu -1,1/-0,9 Activité physique 120-150 min/sem -4,9/-3,7 Alcool -3,6 verres/jour -3,9/-2,4 Régime DASH Sujets HTA/normotendus -11,4/-5,5 et -3,6/-1,8 Réduction d’aliments salés 1,8 g ou 78 mmol/jour sodium -5,1/-2,7 PAS : Pression artérielle systolique PAD : Pression artérielle diastolique *Adapté des recommandations du Programme éducatif canadien sur l’hypertension 2007 (PECH) Tableau 2 Quelques aliments pièges à surveiller Aliments Sachets de sel mg de sodium Vinaigrette italienne sans gras du commerce, 1 c. à soupe (15 ml) 1 230 Poitrine de dinde, fumée sans gras, 1 ½ oz (50 g) 2 548 Sauce salsa, 1/3 tasse (85 ml) 3 680 V8MD, 1 cannette de 12 oz (355 ml) 3 750 1 muffin raisins et son, Tim Horton 3½ 790 Combien faut-il en consommer? Olives farcies colossales (Choix du PrésidentMD), 5 unités 3½ 850 Le sodium est un nutriment essentiel à la régulation du volume sanguin et au bon fonctionnement des cellules mais notre consommation surpasse largement nos besoins. L’apport suffisant (AS) quotidien en sodium est évalué à un maximum de 1500 mg (selon les groupes d’âge) (équivalent à 6 sachets de sel), et l’apport maximal tolérable (AMT) au-delà duquel la santé se détériore, à 2 300 mg (9 1/2 sachets de sel) pour les personnes de 14 ans et plus. L’enquête récente sur la santé dans les collectivités canadiennes de 2004 a évalué que les Canadiens de tout âge dépassent l’AMT. Les hommes en consomment plus que les femmes et parmi les personnes de 9 à 70 ans, plus de 85 % des hommes et 60 % à 80 % des femmes dépassent l’AMT (jusqu’à 2 fois plus dans certains cas). Sauce tamari, 1 c. à table (15 ml) 4 1 019 Bouillon de poulet sans gras du commerce, 1 tasse (250 ml) 4 983 5½ 1 360 Mais d’où vient tout ce sel que nous consommons? Selon l’enquête récente, les Canadiens tirent plus du tiers de leur consommation en sodium Pizza végétarienne croûte mince congelée, 2 pointes du groupe des aliments de restauration rapide (pizza, hamburger, hot-dog, sous-marin et sandwich). Ils sont également de très bons consommateurs de soupes et de pâtes assaisonnées commerciales, riches en sel. Les aliments assaisonnés, marinés, fumés doivent leur saveur à une teneur en sodium plus importante (viandes, poissons, marinades...). Ceux auxquels on en rajoute dépasseront largement la teneur en sodium comparativement à leur version originale (craquelins, noix...). Les sels de mer, de légumes, les sauces soya, tamari, et les sauces pour bifteck, ne font pas exception à la règle. Bref, le consommateur est exposé à un éventail très large de produits salés en vente sur les tablettes de nos épiceries, sans compter la teneur indéterminée, mais généralement très élevée du sodium qu’il consomme dans les aliments préparés des restaurants. Ne vous fiez pas à votre goût pour reconnaître les aliments salés! On devrait pas se fier uniquement au goût pour déceler le sel, car plusieurs ne goûtent pas salés, malgré leur teneur élevée en sel. En voici quelques exemples. Alors comment s’y prendre pour manger moins salé? 1. Consulter la valeur nutritive des produits alimentaires. Tous les produits alimentaires pré-emballés doivent afficher un tableau de valeur nutritive, information indispensable afin de faire des choix éclairés. Cet encart suite à la page 6 6 hypertension Canada Tableau 3 Teneur en sodium (mg) de quelques produits alimentaires Aliments à teneur régulière Mg de sodium Variante à teneur réduite en sodium Mg de sodium Fusilli sauce tomate basilic en sachet, 1 tasse (250 mL) 120 Pâtes régulières + sauce tomate maison, 1 tasse (250 mL) Riz pilaf avec sauce en sachet, ½ tasse (125 mL) 860 Riz basmati, ½ tasse (125 mL) 0 Soupe aux légumes maison (avec bouillon sans sel), 1 tasse (250 mL) 60 Soupe aux légumes du commerce, 1 tasse (250 mL) Fromage feta, 1 ½ once (50 g) Jambon maigre, 3 onces (100g) Jus de légumes, 5 onces (150 mL) Sel de table, 1 c. à thé (5 mL) 1 049 580 1 200 300 2 000 Mozzarella, 1 ½ once (50 g) 255 Filet de porc tranché mince, 3 onces (100 g) 65 Jus de légumes à faible teneur en sodium, 5 onces (150 mL) 75 Mélange d’assaisonnement sans sel , 1 c. à thé (5mL) 0 Aide-mémoire pour manger moins salé • Éviter la salière à la table. • Acheter des aliments frais ou congelés plutôt que des aliments en conserve. • Manger moins souvent au restaurant • Limiter la restauration rapide, les pizzas, les mets chinois, les aliments prêts à servir (mets congelés ou en conserve, entrées surgelées), les pâtes et les riz assaisonnés en sachet. • Remplacer les sauces pour pâtes en pots par une sauce tomate maison. Choisir des tomates en boîte non additionnées de sel … • Préférer les versions des craquelins, biscuits soda, bretzels, maïs soufflé, noix et arachides, non enrobés de sel. • Limiter votre consommation de jus de tomates ou de légumes à 125 ml (½ tasse) par jour ou choisir les versions à faible teneur en sodium. • Pour les soupes et sauces, utiliser des bouillons de poulet, bœuf ou légumes maison ou choisir les produits commerciaux moins salés. • Remplacer les « viandes froides » et autres charcuteries par de la volaille, du rosbif ou du rôti de longe de porc cuit maison. Faire cuire des viandes tranchées minces pour fondue et les consommer froides. • Limiter les poissons fumés ou salés : anchois, hareng salé, saumon fumé, morue séchée et salée… • Utiliser les fines herbes, les épices, les poudres d’ail et d’oignon, le poivre, l’ail, le citron, les sauces piquantes ou vinaigres aromatisés pour rehausser la saveur des plats cuisinés. Faire ses propres mélanges d’assaisonnements ou employer certains mélanges commerciaux sans sel ajouté. Garnir vos salades d’une vinaigrette maison ou choisir des vinaigrettes commerciales réduites en sodium. • Consommer le fromage avec modération (maximum 28 g par jour). • Diminuer la consommation de certains condiments tels que le ketchup, les sauces BBQ, la moutarde, la relish, les cornichons, les olives, la choucroute et autres marinades, sauce soya etc. • Choisir une eau de source naturelle, minérale, gazéifiée ou pétillante contenant moins de 40 mg sodium/litre. donne la valeur nutritive du produit pour une portion donnée, qui souvent n’est pas la portion usuelle consommée. Notre consommation en sodium ne devrait pas dépasser 2 300 mg par jour, ce qui équivaut à une cuillère à thé de sel. En plus de la valeur nutritive, on y retrouve également la liste des ingrédients énumérés par ordre décroissant de poids des éléments. Il est donc possible d’identifier les 860 composés sodiques (p. ex., : sel, bicarbonate de soude, phosphate de sodium, glutamate monosodique, levure chimique, etc.). Un autre repère sur l’étiquette, est le pourcentage de la vaelur quotidienne (% VQ). Lorsqu’on souhaite connaître la teneur en sodium d’un produit alimentaire, parfois il ne suffit pas seulement de regarder la valeur absolue en sodium, mais on doit s’aider du % de valeur quotidienne (VQ). Il permet de vérifier si un aliment renferme beaucoup ou peu d’un nutriment. Il est basé sur un apport énergétique d’environ 2 000 calories. Dans le cas du sodium, un aliment ayant un % VQ égal ou inférieur à 5 % sera considéré à faible teneur en sodium. Enfin, l’étiquette alimentaire peut présenter certaines affirmations nutritionnelles règlementées relatives à la valeur nutritive : • Faible en sel ou en sodium : l’aliment contient au moins 25 % moins de sel que le produit original et pas plus de 140 mg de sodium par portion. • Sans sel ou sans sodium : l’aliment contient moins de 5 mg de sodium par portion. 2. Manger moins d’aliments transformés. Le rythme de vie effréné et le manque de temps ou d’énergie pour cuisiner sont les principaux arguments justifiant l’utilisation des aliments « prêt-à-servir ». Ceux-ci remportent la palme des aliments les plus salés. Des solutions possibles à manger moins salé? Bien sûr en autant que l’on cuisine plus souvent, en utilisant des produits de base. Le goût salé apprécié de nos papilles se modifie avec le temps, mais il faut judicieusement choisir la façon de rehausser nos plats par des fines herbes, du jus de citron, des coulis de légumes, des vinaigres aromatisés, ou encore des graines ou des noix grillées. Depuis quelques mois, certains fabricants tentent d’offrir des produits moins salés. Il faut toujours vérifier les étiquettes alimentaires, en comparant toujours les portions indiquées. Le Tableau 3 compare certains aliments à leur variante à faible teneur sodée. 3. Limiter la restauration rapide. L’étiquetage nutritionnel ne peut évidemment pas nous servir lorsqu’on mange à l’extérieur de la maison. Malgré les efforts qu’on peut mettre à choisir des aliments moins gras au restaurant, particulièrement dans la restauration rapide, il demeure néanmoins difficile de manger moins salé. Chantal Blais, DtP et Émilie Raymond, DtP; IRCM, Montréal. hypertension Canada 7 L'adénome surrénalien incident Par Carl Abbott La découverte impromptue d’une masse surrénalienne à l'échographie abdominale ou lors d’une tomographie ou d'une scintigraphie de l'abdomen (et parfois du thorax) est un motif fréquent de consultation en endocrinologie. L'échographie permettra de mettre au jour uniquement les masses plus volumineuses. Ces « incidentalomes » sont en général isolés, mais parfois bilatéraux. L'estimation de leur prévalence varie. Selon les rapports d'autopsie, elle se situerait aux alentours de 10 à 15 %, tandis que les statistiques de l'imagerie l'estimeraient plutôt entre 1 et 4 %. Certains examinateurs1 insistent sur le fait que les « incidentalomes » doivent avoir > 1 cm de diamètre pour se qualifier, ce qui en réduit la fréquence, puisque que les pseudo-nodules de moindre dimension (qui peuvent être de petits adénomes) se trouvent ainsi exclus. Par exemple, certains adénomes qui sécrètent plus d'aldostérone dans le syndrome de Conn serait même plus petits que cela. Plusieurs questions diagnostiques sont importantes. Le patient souffre-t-il d'hypertension? Est-elle paroxystique ou stable? Le patient manifeste-t-il les caractéristiques phénotypiques du syndrome de Cushing? Observe-t-on les signes d'un syndrome de virilisation (chez une femme ou un enfant)? La tumeur est-elle fonctionnelle (sécrétrice)? Est-elle maligne? Bien que la fréquence varie d'une série à l'autre, on fait la distinction entre un adénome non fonctionnel (~ 80 %), un syndrome de Conn (~ 5 %), un phéochromocytome (~ 5 %), le syndrome de Cushing, y compris le type sousclinique (~ 5 %) et d'autres causes, telles que les carcinomes primitifs, les néoplasies métastatiques, les lymphomes, les lipomes, etc. (~ 5 %). Dans le syndrome de Conn, la présence de nodules dominants dans une hyperplasie surrénalienne bilatérale peut prendre les traits d'un « incidentalome » à l'imagerie. Un bref résumé des approches diagnostiques est présenté ci-dessous. En cas d'hypertension, il faut procéder à une anamnèse détaillée (comprenant les antécédents familiaux) et à un examen physique pour rechercher les symptômes d’hypercatécholaminémie : soit expression paroxystique des cinq « P » (en anglais : pain [pour douleur, et plus particulièrement, céphalées], perspiration [diaphorèse], palpitations [palpitations], pallor [pâleur] et panic [épisodes de panique ou crises d’anxiété]), soit hypertension moins symptomatique ou silencieuse et stable. Lorsque les crises de panique et la tachycardie prédominent, elles suggèrent une sécrétion d'épinéphrine importante accompagnée d'une tension artérielle (TA) basse ou légèrement élevée. En présence d’un phéochromocytome, l'hypertension peut sembler stable, mais manifester également des pics paroxystiques. Il faut noter que les phéochromocytomes ne donnent pas tous lieu à de l'hypertension; c’est le cas notamment du syndrome MEN-2. Parmi les autres syndromes familiaux, mentionnons la neurofibromatose de type 1 (accompagnée de taches café au lait) et la maladie de von Hippel-Lindau. À l'IRM, les signes sont en général caractéristiques2 et doivent être évalués avec un radiologue. L'élévation des catécholamines et des métanéphrines libres dans l'urine des 24 heures est en général un élément diagnostique (doté d'une spécificité et d'une sensibilité de 98 %). Il est également utile de connaître les taux plasmatiques de catécholamines et de métanéphrines si on y a accès. suite à la page 8 Le tour de taille, révélateur du risque cardiovasculaire Par Carl Abbott Si vous avez assisté au Congrès de la Société canadienne de cardiologie à Québec en octobre 2007, vous n'êtes pas sans avoir remarqué à quel point on y a mis l'accent sur la recherche des facteurs de risque métaboliques à l’égard de la maladie cardiovasculaire (CV). On ne niera pas que le surpoids est un facteur de risque qui accroît la morbidité et la mortalité CV, mais il ne suffit plus de peser nos patients, de mesurer leur tour de taille et de calculer leur indice de masse corporelle (IMC). Faire de l'embonpoint et avoir un IMC élevé est moins important que de souffrir d'obésité abdominale et on peut présenter un tour de taille imposant tout en ayant un IMC normal. Lors du congrès de Québec, plusieurs conférenciers ont rappelé l'importance de mesurer le tour de taille de nos patients; ce simple paramètre est d'une importance cruciale dans le syndrome métabolique (SM). Un tour de taille > 102 cm chez l'homme et > 88 cm chez la femme d'origine européenne (seuils moindres chez certains groupes ethniques tels que les Asiatiques et peut-être les personnes âgées) peut fournir un important indice quant à la présence possible d’un excès de graisses intra-abdominales inévitablement associé à l’hypertriglycéridémie et à la baisse du HDL-cholestérol. Tous les patients dont le tour de taille est anormal ne présenteront pas de graisses intra-abdominales. Il serait relativement facile, simplement par la palpation, de distinguer les sujets dont le type d'obésité est extra-abdominale. Bien sûr, certains patients peuvent présenter les deux. Il semble que de nombreux médecins n'inscrivent pas au dossier cette importante mesure de la circonférence abdominale. Bien qu'elle soit simple à faire, la mesure du tour de taille doit obéir à certains principes. Le patient doit être en position debout et son tour de taille doit être exposé, sinon, couvert par des vêtements légers. Pour éviter d’entourer l'abdomen des deux bras en passant le ruban à mesurer (la technique utilisée par la plupart des… tailleurs), une méthode simple et plus respectueuse dans certaines situations est proposée ici : demander au patient de tenir l'extrémité zéro du ruban d'un doigt, à la hauteur de l'ombilic, mais vis-à-vis de la crête iliaque, tandis qu'il tourne lentement sur lui-même pour effectuer une rotation complète. Le ruban suivra alors que vous le tenez à l'horizontale. Un tour complet vous donnera la mesure exacte, alors que le patient expire et fait une pause de quelques secondes. Il s'agit d'une mesure simple et précise, rapide à exécuter et beaucoup plus constante et potentiellement d'une bien meilleure valeur suite à la page 8 8 hypertension Canada Adénome surrénalien incident Suite de la page 7 De 10 à 15 % environ des patients qui souffrent d'un syndrome de Cushing présenteront un adénome surrénalien et environ 80 % sont hypertendus. Les carcinomes primitifs sont beaucoup plus rares. À moins qu'un patient ne présente une forme sous-clinique (accompagnée d'obésité, d'hypertension ou de diabète seul), les caractéristiques cliniques devraient contribuer au diagnostic. Selon certains, la forme sous-clinique2 est le syndrome le plus fréquent observé avec les « incidentalomes » fonctionnels. Le test long à la dexaméthasone (soit 1 mg de DXM administré à 23 heures, suivi d'un dosage du cortisol sérique le lendemain matin, à 8 heures) servira généralement à confirmer le diagnostic. Une réponse normale est un cortisol sérique < 60 nmol/L. Des résultats limites peuvent nécessiter un dosage du cortisol libre dans l'urine des 24 heures ou un cortisol sérique après l’administration de 0,5 mg de DXM à toutes les six heures pendant deux jours. Le taux de base de l'ACTH circulante est moins fiable. Dans le syndrome de Conn, l'hypertension est en général attribuable à un adénome associé à une hausse de l'aldostéronémie debout ou de l’aldostéronurie/24 heures. Les incidentalomes devraient éveiller les soupçons quant à ce diagnostic en présence Le tour de taille, révélateur du risque cardiovasculaire Suite de la page 7 prédictive que la fréquence cardiaque ou la tension artérielle (TA). Les normes qui s'appliquent au tour de taille ont changé avec le temps et, comme nous l'avons mentionné, on note des différences selon l’origine ethnique. En 2006, les critères de l'International Diabetes Federation (IDF) pour le diagnostic du SM préconisaient des seuils beaucoup moindres que les valeurs antérieures pour le tour de taille, soit > 90 cm chez l'homme et > 80 cm chez la femme1. À l'heure actuelle, les normes ne semblent pas faire consensus. On note en outre des seuils variables pour les autres composantes du SM. d'hypertension, d'hypokaliémie non provoquée (parfois absente), ou d'hypokaliémie induite par les diurétiques. Un potassium sérique normal peut résulter de restrictions sodiques antérieures extrêmes, de l'utilisation de spironolactone, d'inhibiteurs de l'ECA ou de BRA et de l'application prolongée d'un garrot avec serrement de poing. L'activité de la rénine circulante (ou masse de la rénine) doit être faible ou indécelable, et correspondre à un rapport aldostérone:rénine élevé. Les taux d'aldostérone circulante peuvent être normaux si l'hypokaliémie est extrême. L’éventail des valeurs normales du rapport aldostérone:rénine varie d'un laboratoire à l'autre. En cas de doute sur le plan diagnostique, on peut envisager un prélèvement veineux surrénalien ou l'essai de spironolactone. Il faut se rappeler que la spironolactone rendra plus difficile l'interprétation des taux de rénine et d'aldostérone plasmatiques, à moins qu'elle ne soit cessée pendant plusieurs semaines. Seuls les syndromes virilisants requièrent un dosage de la testostérone et du DHEAS pour leur diagnostic. Quant à la distinction entre les « incidentalomes » malins ou bénins, elle pose rarement un problème en cas d'aldostéronomes. Avec les deux autres syndromes hypertensifs et les rares syndromes virilisants, elle devrait se fonder sur les caractéristiques obtenues à l'imagerie (taille, forme, contour, densité, valeurs d'atténuation à la tomographie et latéralité, etc.2,3), de même que sur la gravité des caractéristiques cliniques et des modes de sécrétions hormonales. Une biopsie à l'aiguille serait une option en cas de doute. La chirurgie laparoscopique est en général indiquée dans les cas d'« incidentalomes » fonctionnels. Par contre, en présence de phéochromocytomes, il est difficile de confirmer la nature bénigne de l’histologie à l’examen anatomopathologique et le suivi postopératoire des signes cliniques et des analyses de laboratoire est plus fiable pour assurer la guérison. Les adénomes non fonctionnels doivent être suivis au moyen de tomographies semestrielles pendant un an ou jusqu'à ce que l'on soit assuré que la masse n’a pas grossi ou que les caractéristiques n’ont pas changé à l'imagerie. Les critères de l'IDF sont les suivants : triglycéridémie ≥ 130 et TA diastolique ≥ 85, glycémie à jeun > 5,6 mmol/L. On notera que les critères-seuils pour l'hypertension sont inférieurs à ceux que recommandent les directives du PECH (> 140/90 après plusieurs mesures) et la valeur-seuil de la glycémie est établie de manière à révéler une anomalie de la glycémie à jeun (ou une possible intolérance au glucose) plutôt qu'un diabète franc. L'obésité intra-abdominale et l'insulinorésistance2 constituent la base des facteurs de risque CV amalgamés que l'on observe dans le SM et dans la plupart des cas de diabète de type 2 et de syndrome des ovaires polykystiques. De nombreux éléments peuvent être corrigés par certaines mesures non pharmacologiques appliquées concomitamment, soit augmentation de l'activité physique, restriction de l'apport calorique et perte de poids. Ces mesures devraient précéder et/ou accompagner les interventions pharmacologiques. Le tour de taille doit faire partie intégrante de l'examen physique. Lectures suggérées : 1. Young WF, Kaplan NM. The adrenal incidentaloma. UpToDate® 2007. 2. Reincke M. Subclinical Cushing’s syndrome. Endocrinol Metab Clin North Am 2000;29:43. 3. Szolar DH, et coll. Quantitative CT evaluation of adrenal gland masses: a step forward in the differentiation between adenomas and non-adenomas. Radiology 1997; 202:517. 4. Dunnick NR, Korobkin M. Imaging of adrenal incidentalomas: current status. Am J Roentgenol 2002; 179:559. E.C. Abbott, M.D., FRCPC, FACP, Endocrinologie, Dalhousie University, Halifax. Lectures suggérées : 1. Alberti KG, et coll. Metabolic Syndrome: a new world-wide definition. A Consensus Statement from the International Diabetes Federation. Diabet Med 2006;23:469. 2. Després JP. Is visceral obesity the cause of the metabolic syndrome? Ann Med 2006;38:52. E.C. Abbott, M.D., FRCPC, FACP, Endocrinologie, Dalhousie University, Halifax. Les lecteurs d’Hypertension Canada sont invités à visiter la page d’accueil (www.hypertension.ca) de la SCHA et à faire leurs suggestions sur la façon de l’améliorer. Hypertension Canada est publié par la Société canadienne d’hypertension artérielle