Décès Mohamed Ali.

Transcription

Décès Mohamed Ali.
Que peut hériter AlrBon·go-de son~~omonyme Mohamed Ali 1
David Otounga
m the greatest » (Je
uis le meilleur), disait
lui-même Mohamed
Ali. La légende de la boxe, qui
s'est éteinte à 74 ans, après avoir
perdu son dernier combat contre
la maladie de Parkinson. Depuis
l'annonce de sa mort, les hommages se sont succédés. Le président américain Barack Obama
a salué la mémoire d'une icône
qui a« secoué le monde». Estce le cas de son homonyme gabonais Ali Bongo ?
<<E
«Le plus grand», retour sommaire sur sa v.ie
Mohamed Ali est né Cassius
Clay à Louisville, dans le Kentucky, le 17 janvier 1942 dans un
milieu pauvre,jure-t-il, même si
sa propre famille a toujours préféré le terme modeste. Son père,
Cassius Marcellus Clay Senior,
peint des affiches publicitaires
de Jésus, qu'il aimait dessiner«
blancs aux yeux bleus ». Sa
mère, Odessa, femme de ménage chez les riches blancs,
élève ses deux garçons.
Le « boxeur poète »
Après une carrière amatrice vertigineuse - médaille d'or olympique des mi-lourds (75-81 kg)
aux jeux de Rome en 1960, 108
combats, 100 victoires-, Cassius Clay rencontre, pour son
premier championnat du monde,
prévu à Miami, le 25 février
1964, le« vilain ours» Sonny
Liston. A 32 ans, celui-ci est
donné favori à huit contre un.
Cassius Clay est déjà surnommé
le « boxeur poète », lui se dit
déjà « le plus beau, le plus grand
».Et à la surprise générale, c'est
le jeune apollon de 22 ans qui
pousse son aîné, blessé à
l'épaule gauche, à l'abandon
avant la reprise du 7ème round.
Durant le combat, Sonny Liston
avait tenté d'aveugler le rejeton
pour éviter de finir humilié dans
les cordes. Mais pour la presse,
ce combat est une « combine ».
Cette année-là, Cassius Clay
n'existe plus. Il exige qu 'on
l'appelle Cassius X, renonçant
ainsi à son nom d'esclave légué
par d'anciens propriétaires
blancs. Il fréquente un certain
Malcom X, et la secte politicoreligieuse Nation oflslam, dirigée par Elijah Muhammad.
Cassius X devient MohamedAli
et exige qu'on l'interpelle uniquement par son nom musulman.
Si Ali Bongo pouvait hériter de la paix de Mohamed Ali, les Gabonais
auraient pu être heureux.
Le refus d'aller au Vietnam
Le 25 mai 1965, à Lewiston, dès
le premier round, SoIÎny Liston
tombe. « Debout et bas-toi, enfoiré », lance Mohamed Ali.
C'est la victoire la plus rapide de
l'histoire des championnats du
monde des poids lourds. Le coup
de poing fatal - surnommé « le
coup de poing fantôme » - est si
furtif que personne ne semble
l'avoir vu dans le public. Encore
une fois, ce combat est controversé ...
Mohamed Ali défendra, avec
succès, neuf fois son titre. Mais
la guerre du Vietnam le rattrape
en 1966. Il refuse d'aller au front
car sa religion le lui interdit.
Pour lui, « les Vzetcongs sont des
Asiatiques noirs», et il n'a pas à
« combattre des Noirs ». Il est
condamné le 21 juin 1967 à cinq
ans de prison et 10 000 dollars
d'amende. On lui retire son titre
et sa licence de boxe.
Mais il ne baisse pas la garde.
En 1970, on lui réattribue sa licence, un tribunal ayant reconnu
qu'une condamnation pour insoumission ne justifiait pas
qu'on lui retire son moyen
d'existence. Le ring retrouve son
maître et Mohamed Ali enchaîne
de nouveau les combats et les
victoires. Une seule chose l'obsède : la reconquête du titre. Le
08 mars 1971, au Madison
Square Garden de New York,
deux boxeurs invaincus vont
s'affronter dans le « combat du
siècle». Mohameli Ali contre le
champion du monde en titre, Joe
Frazier.
A Kinshasa, « le grondement
de la jungle »
L'homme n'est pas abattu, et remonte sur le ring : il prend sa revanche sur Ken Norton, puis sur
Joe Frazier et défie le champion
du monde George Foreman, 25
ans. C'est probablement le combat le plus emblématique de sa
carrière et le plus mythique de la
boxe : c'est au Zaïre, à Kinshasa,
grâce aux 10 millions de dollars
du président Mobutu promis aux
deux protagonistes, et grâce à
l'entregent du promoteur Don
King, que les deux hommes v1
s'affronter. L'Afrique, un re
aux sources. Dans les rues po1
siéreuses de Kinshasa, Mo:
medAli redécouvre brutalem1
sa notoriété et réalise qu'il a
ticipé, d'une certaine manière
changer le monde en refus
d'aller se battre au Vietnam.
Ali boumayé » («Ali, tue-le ·
hurle-t-on lorsque l'on croise
grande silhouette.
En 1984, on lui diagnostiqu
maladie de Parkinson. L'ho
consacre alors son existen
délivrer un message de p
celui qu'il dit avoir trouvé
l'islam. Il a même une étoile
Hollywood Boulevard, à L
Angeles. Mais elle est accrochi
sur un mur à l'entrée du Ko
Theater, et non placée sur le tri
toir comme pour les autres s
car il ne souhaite pas qu'on pié-1
tine le nom du Prophète.
Ali Bongo et l'horizon de la
paix avec son départ
Ali Bongo, homonyme de la légende de la boxe, et égalemen
musulman, ne peut-il pas hérit1
de ce message de la paix, afin de
perpétuer cette tradition laissée
par ses prédécesseurs au moment où le pays est englué dan
une crise (Dixit le médiateur d'
la République) ? Pas si sûr, car'
l'enfant-roi ne garde de Mohamed Ali que le côté -violence,
avec la folle ambition de tout
écraser sur sa route pour se
maintenir au pouvoir.•