L`école des femmes

L’été c’est fait pour lire, et rien n’empêche de se plonger avec délectation dans un bon classique, un grand
classique, voire un petit livre d’un grand auteur classique…
Je sens que vous êtes un peu dubitatifs, et que le mot de classique vous laisse froid pour ne pas dire plus.
Rassurez-vous, je vous le concède, je ne suis pas spécialement friand de ce terme, mais j’avoue qu’il me rend bien
service quand je veux simplement vous dire que les auteurs que l’on croise durant nos études peuvent, eux aussi
durant l’été, nous apporter beaucoup de plaisir…
Vous allez donc pouvoir remplacer classiques par Maupassant, Balzac, Proust, Giono, Pagnol ou, comme moi ce
matin, André Gide !
André Gide a été un grand écrivain. C’est indiscutable ! Il écrit remarquablement bien, et s’est consacré à la poésie,
au roman, au théâtre, a laissé des documents divers, des lettres, des articles, des reportages…
Il a été partout, ou presque ! C’est donc normalement qu’il a été classé dans les grands auteurs et qu’il a reçu le
prix Nobel de littérature en 1947.
Pourtant, je me souviens que dans ma famille, Gide était un écrivain maudit et interdit. Sa réputation sulfureuse –
homosexualité et pédérastie – ainsi que sa critique de la religion faisait que son œuvre ne devait pas être lue et
appréciée. Je dis cela avec un peu d’exagération, car nous n’étions pas surveillés à ce point et j’ai pu ainsi lire quand
j’étais en 3ème Les caves du Vatican, La séquestrée de Poitiers, et sa pièce de théâtre Saül.
Plus tard, j’ai lu son Anthologie de la poésie
française, Si le grain se meurt, et quelques-uns de
ses romans…
La mise à l’index par le Vatican de son œuvre peut se
comprendre, mais soyons clairs, les attaques de Gide
contre les religions ne sont pas si fortes que cela
comme nous allons le voir dès maintenant avec le livre
que je vous invite à découvrir, ou redécouvrir pour
certains, L’école des femmes !
Dans ce livre – en fait, dans ces 3 livres, car aujourd’hui
on regroupe L’école des femmes, Robert et
Geneviève dans le même ouvrage au format de poche
– André Gide nous raconte l’histoire d’une femme,
Eveline, qui va épouser Robert et aura deux enfants,
Geneviève et Gustave.
La 1ère partie, L’école des femmes, d’origine, a la forme d’un journal intime que l’on ouvre une fois qu’Eveline est
décédée en 1916.
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Deux grandes parties, Eveline, lors de ses fiançailles avec Robert, le temps des illusions, et une autre, 20 ans plus
tard, le temps de la raison et de la résignation.
Eveline épouse un homme de foi, un représentant de la société catholique qui estime qu’il faut faire le bien et le faire
savoir… Mais ce ne sont peut-être là que des apparences et un jour, le rideau tombe…
Mais quelques années plus tard, André Gide va donner le point de vue du mari, sous forme d’un réquisitoire de
défense car il a bien été attaqué par le journal de sa femme… Enfin, encore plus tardivement, l’auteur éprouvera le
besoin de donner la parole à sa fille Geneviève, qui elle, après avoir fait des études contre l’avis de son père, va
connaître une passion ambiguë pour une jeune femme…
André Gide en résumé et synthétique : écriture admirable, la religion au cœur de ses questionnement, la sexualité
en frein pour vivre pleinement et au bilan, un bien beau roman qui ne doit pas effrayer grand monde aujourd’hui.
Probablement aussi la preuve des souffrances qu’a dû endurer André Gide au cours de sa vie avec une mère
protestante stricte, un échec de vie conjugale et un rejet par tant de bien-pensants qui n’avaient même pas lu son
œuvre…
Quant au Gide politique, témoin de son temps, je reviendrai vous en parler, promis !
Michel Bonnet
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L’école des femmes
André Gide
Folio
ISBN : 9782070363391
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