Paroisse Bx Chevrier Baptême du Seigneur 2015 HOMELIE La

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Paroisse Bx Chevrier Baptême du Seigneur 2015 HOMELIE La
Paroisse Bx Chevrier
Baptême du Seigneur 2015
HOMELIE
La crèche est toujours présente dans nos églises, dans nos maisons. Pourtant,
aujourd’hui, nous changeons de décor. Nous quittons le temps de l’enfance de
Jésus à Bethléem pour retrouver le Jésus adulte des bords du Jourdain.
Là, Jésus paraît mais il ne dit rien, du moins pas encore.
Il fait ou plutôt il se laisse faire.
Le premier geste qu’il accomplit est de se faire baptiser par Jean le Baptiste.
Le récit du baptême de Jésus selon St Marc que nous venons d’entendre est
réduit à sa plus simple expression. Le rite du baptême ne dure qu’un instant !
Quelle Bonne Nouvelle recevoir de cette immersion rapide dans le Jourdain ?
Dans cet événement commun nous est révélée une nouveauté radicale.
Voici un baptême comme les autres et un baptême pas comme les autres.
Jésus est bien là, dans la foule. Il entre dans la longue file des pécheurs de son
temps en attente de recevoir ce rite d’eau pour le pardon des péchés.
Et pourtant, tout est neuf au bord du Jourdain : les paroles du baptiseur comme
les effets du baptême lui-même.
Les paroles énigmatiques du baptiseur résument qui est le baptisé et ce qu’il sera
de sa mission à venir au milieu des siens : Il est plus puissant que moi. Je ne suis
pas digne de m’abaisser devant lui. Moi c’est dans l’eau que je plonge, lui c’est
dans l’Esprit qu’il vous plongera. Tout un programme !
Les signes inaugurent bien la nouveauté de ce baptême dans l’Esprit : « le ciel se
déchire… une voix se fait entendre… tu es mon fils aimé ».
A Esprit nouveau, baptême nouveau, vie nouvelle…
Décidemment, être baptisé de ce baptême-là, est loin d’être ordinaire ! Au
Jourdain, tout est dit de l’identité et de la mission de ce Fils. Et tout est dit du
fils que nous devenons à notre tour par le baptême, et la mission qui nous attend.
Le baptême de Jésus comme manifestation du Fils au monde est bien l’occasion
de réfléchir sur notre propre baptême.
Ceux qui participent aux Groupes de la Parole cette année sur la Paroisse le
savent bien. Tout l’évangile de Marc que nous lisons au cours des messes
dominicales de l’année se propose de nous dévoiler progressivement le secret de
l’identité de Jésus. Qui est-il donc cet homme-là ?
Aujourd’hui, pour la première fois, le ciel se déchire et une voix céleste se fait
entendre. Tout converge vers Lui : l’homme Jésus est le Fils du Père des cieux.
Homme et Dieu à la fois, indistinctement !
Plus loin, la même voix se fera entendre pour révéler cette identité profonde de
Jésus : sur la montagne de la Transfiguration, un sommet dans l’évangile de
Marc, anticipation de l’expérience inouïe et transformante de Pâques.
L’évangile de Marc culminera, au Golgotha, dans la proclamation du centurion
romain : « vraiment, celui-ci est le Fils de Dieu ». A ce moment, on le sait, le
voile du Temple, qui séparait le monde de Dieu de celui des humains, se déchire
à son tour. Le ciel est doublement déchiré au-dessus de nos têtes.
Désormais, en s’incarnant, Dieu fait une brèche dans notre monde clos sur luimême. Par la naissance de son Fils, par sa désignation publique au baptême, par
sa vie donnée aux autres et, ultimement par sa mort et sa résurrection,
l’humanité a une « brèche » pour vivre de Dieu en ce monde.
En devenant disciple de ce Fils, notre vie de chaque jour se reçoit du ciel qui est
sur la terre. La rencontre quotidienne avec le Christ conduit indéniablement à
mener notre existence vers un au-delà de ce monde-ci en nous faisant déjà
partager la vive espérance que nous donne la Résurrection des morts. C’est cette
vie de ressuscité qui, quoiqu’il arrive de malheureux dans nos vies ou dans la vie
du monde, fait de nous des vivants que rien ne peut décourager.
Être ressuscités avec le Christ nous fait espérer aujourd’hui un avenir meilleur
que celui de vivre avec la peur au ventre et la perspective d’une mort annoncée.
Au contraire, devenir frères et sœurs du Christ nous fait relever la tête pour
sortir de nos replis sur soi et témoigner auprès de nos contemporains d’un idéal
de vie qui ne réside pas seulement dans les satisfactions de son monde-ci.
Et on le sait bien, si le baptême nous fait chrétien, il ne nous le fait pas tout seul.
Devenir fils et fille d’un Dieu nous rend frères et sœurs par le lien d’une foi plus
forte que les liens de sang. C’est à une vraie fraternité de grâce à laquelle nous
sommes engagés dans la foi. Et nous le savons, c’est à cette qualité de fraternité
que nous serons reconnus comme croyants par les autres et devant Dieu.
C’est à la fraternité à laquelle les responsables religieux appellent de leurs vœux
en ces temps de troubles. Cette fraternité qui coûte, nous savons que nous n’y
parviendrons pas avec la meilleure bonne volonté du monde. C’est en puisant
dans la fraternité que révèle la foi au Fils de Dieu que nous saurons puiser les
ressorts intérieurs pour la vivre déjà entre nous et l’offrir comme le meilleur de
notre foi à tous nos contemporains, quelques soient leur religion ou leur
philosophie de la vie, comme un authentique message de fraternité universelle.