que vaut l`opposition du travail manuel et du travail intellectuel

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que vaut l`opposition du travail manuel et du travail intellectuel
QUE VAUT L’OPPOSITION DU TRAVAIL MANUEL ET DU TRAVAIL INTELLECTUEL ?
I – PRESENTATION DE LA QUESTION ET DE SES DIFFICULTES
La notion de travail, centrale dans le sujet est tout à fait classique. Ce qui l'est moins, c'est le rapport que la question établit
entre travail manuel d'un côté et travail intellectuel de l'autre.
C'est un sujet qui demandait une certaine souplesse d'esprit pour être traité convenablement. Il fallait notamment être capable
de définir et d'illustrer précisément le travail manuel et le travail intellectuel.
II - LA PROBLEMATIQUE
Tous les mots de l'énoncé valaient la peine qu'on s'y arrête.
● Travail, bien évidemment. Il exigeait une définition qui fasse apparaître la spécificité de l'activité humaine comme
l'élaboration de certains éléments en vue d'une fin délibérée et réfléchie préalablement.
● Manuel et intellectuel demandaient au moins qu'on mette en évidence l'étymologie des termes : main dans un cas, intellect et
esprit dans l'autre. Qu'on souligne la hiérarchie morale et sociale qu'on trouve un peu partout dans l'histoire et dans les sociétés
entre les opérations nobles de l'esprit et les opérations serviles qui nous confrontent à la nature et aux nécessités de l'existence.
En faisant cela, vous aviez défini l'opposition entre les deux.
● Mais surtout, il fallait vous arrêter aux mots : que vaut... Ils signifient quelle valeur a l'opposition mais avec l'idée que cette
opposition mérite d'être repensée, réévaluée à partir d'une réflexion sérieuse.
Autrement dit, l'opposition qui est marquée dans la question méritait d'être nuancée et peut-être même carrément levée.
III - LES PISTES DE REFLEXION
● Vous pouviez noter que le point commun à manuel et intellectuel, c'est justement le terme travail.
● Vous pouviez illustrer ces deux types de travail. Dans votre série à vocation scientifique, il aurait été intéressant de prendre
comme exemple de travail intellectuel la recherche scientifique et comme travail manuel les activités techniques.
● Vous deviez impérativement passer par une définition du travail humain comme activité orientée vers un certain but préréfléchi. Vous pouviez pour cela penser à la comparaison de Marx entre l'abeille et l'architecte.
● Vous pouviez ensuite essayer de comparer travail manuel et travail intellectuel à partir de certains critères :
- leur finalité : découvrir une loi fondamentale ou construire une maison
- le type de moyens ou d'opérations qu'ils utilisent : calcul, raisonnement ou bien combinaison et agencement de matériaux.
- la considération dont ils bénéficient dans la société : noblesse ou servilité, reconnaissance ou non reconnaissance, etc...
● Vous ne deviez jamais oublier que la question était de savoir si l'opposition entre travail manuel et travail intellectuel était
fondée ou non.
● Pour cela il fallait entrer plus précisément dans chaque type de travail pour montrer qu'il peut contenir, pour le travail manuel
des opérations intellectuelles et pour le travail intellectuel des formes de bricolage.
● Vous pouviez utiliser l'exemple donné par Claude Lévi-Strauss dans Races et histoire qui souligne que les techniques les plus
anciennes, comme celles de la poterie, demandaient autant d'intelligence que nos sciences les plus complexes. Les hommes de
la préhistoire avaient autant de génie que nous.
● Vous pouviez aussi montrer que le bricolage intellectuel a joué un rôle dans les plus grandes inventions de l'homme. Galilée
par exemple a formulé la loi de la chute des corps sans disposer d'un espace "vide". Pour faire les mesures adéquates à la
vérification de son hypothèse, il s'est donc servi d'un dispositif "bricolé" : il a fait rouler des sphères sur un plan incliné en faisant
varier l'inclinaison du plan. Ce dispositif censé vérifier expérimentalement sa loi est considéré aujourd'hui comme peu fiable
mais il a fourni suffisamment d'informations à Galilée pour lui permettre d'énoncer que les corps tombent dans le vide avec une
vitesse uniformément accélérée.
● Vous pouviez penser à introduire une notion intéressante à la fois pour le travail manuel et le travail intellectuel, celle du
savoir-faire. Le savoir-faire, c'est le savoir acquis par expérience qui peut se traduire par un gain d'efficacité ou de rapidité dans
le travail. Les savoir-faire sont très souvent l'expression d'une intelligence attentive aux opérations qu'elle produit et qui a su
traduire ces opérations en observations parfois très subtiles. Cela signifie donc que le travail manuel peut aiguiser et développer
l'intelligence.
● Enfin, vous pouviez remarquer que les opérations logiques de l'intelligence trouvent souvent leur origine dans des opérations
pratiques et concrètes. Ainsi, penser vient du latin pensare qui signifie "peser" qui renvoie aux premières opérations concrètes
qui consistaient à évaluer, comparer des objets matériels.
IV - LES PISTES DE DEVELOPPEMENT
● Le plus simple pour vous était de partir de l'opinion commune qui a tendance à valoriser le travail intellectuel et à dévaloriser
le travail manuel.
● Cette opinion vous donne l'occasion de définir la notion de travail et d'entreprendre une comparaison entre manuel et
intellectuel.
● Vous pouvez mettre en oeuvre cette comparaison sur différents critères comme celui de la fin et des moyens.
● Mettre en évidence les différences, c'est aussi faire apparaître des ressemblances entre les deux types de travail et donc
commencer à réduire l'opposition entre le travail manuel et le travail intellectuel.
● Le point crucial de cette réduction, c'est bien évidemment l'origine matérielle et concrète (manuelle) des opérations de l'esprit
dont vous pouviez faire la preuve par l'étymologie.
● Enfin, la notion de savoir-faire pouvait vous permettre de mettre en évidence le rôle de l'intelligence dans l'observation des
opérations manuelles et leur maîtrise.

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