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Première de couverture :
Grande citerne el-Gharaba
« Nil en crue aux pyramides », É. Béchard, L’Égypte
et la Nubie : grand album monumental, historique
architectural, 1887, pl. L.
Deuxième de couverture :
Petite citerne el-Gharaba
Troisième de couverture :
Citerne alexandrine, London grafic, 1882.
Quatrième de couverture :
Citerne alexandrine,
dans Norden, Voyage d’Égypte et de Nubie,
Paris, 1795, t. I, pl. X.
Alexandrie - Égypte
cr
li s
H arpo
Centre d’Études
Alexandrines
hin g
Du Nil
à Alexandrie
Histoires d’Eaux
ates P u b
Centre National de la
Recherche Scientifique
Laténium
Parc et musée d’archéologie de Neuchâtel
Espace Paul Vouga
CH - 2068 Hauterive
Tél. : 032 889 69 17
Fax : 032 889 62 86
E-mail : [email protected]
www.latenium.ch
Ouvert tous les jours sauf le lundi,
de 10h à 17h
Du Nil
à Alexandrie
Histoires d’Eaux
Sous la direction d'Isabelle Hairy
Centre d'Études Alexandrines - CNRS
Exposition au Laténium
du 23 octobre 2009
au 30 mai 2010
Exposition conçue par le
Centre d'Études Alexandrines
et réalisée conjointement avec
Le Laténium
Réalisation de l’exposition
Commissaires généraux
Jean-Yves Empereur (CEAlex, CNRS)
Denis Ramseyer (Laténium)
Commissaire scientifique
Isabelle Hairy (CEAlex, CNRS)
Direction du Latenium
Marc-Antoine Kaeser
Équipe de conception
Burçak Madran (Tetrazon), muséographe ; Isabelle Hairy
(CEAlex, CNRS) ; assistants : Jacques Roethlisberger
(Laténium), Özgür Çimen (Tetrazon)
Iconographie
Oueded Sénoune (CEAlex)
Graphisme
Mode de citation préconisé
Du Nil à Alexandrie, histoires d’eaux
Catalogue d’exposition, dir. Isabelle Hairy
© éditions Harpocrates
Alexandrie (Égypte), 2009.
ISBN : 977-5845-24-6
Dar el Kotob : 17105 - 2009
Isabelle Hairy, Amélie Lamarche (Amélie L.),
Burçak Madran, Jacques Roethlisberger
Maquettistes : des citernes et des machines de l’eau
Michel Coqueret (CEAlex), Ali Sayed Ali (CEAlex), Sheriff
El Sayed (CEAlex)
Rédaction des textes et des cartels
Isabelle Hairy, Laurent Borel (CEAlex, CNRS), Philippe
Fleury (Université de Caen), Kathrin Machinek (CEAlex),
Géraldine Nater (Laténium), Marie-Christine Petitpa
(CEAlex) Oueded Sennoune (CEAlex), Patrice Pomey
Réalisation du catalogue
(CEAlex, CNRS), Jean-Yves Empereur, Valérie Pichot
(CEAlex, CNRS), Ismël Awad (CEAlex)
Éclairage
Géza Vadas (Laténium)
Montage
Burçak Madran, Pierre-Yves Muriset (Laténium), Corinne
Ramseyer (Laténium), Cédric Giroud (Laténium)
Conservation- Restauration
Christian Cevey (Laténium), Géraldine Voumard
(Laténium)
Films et multimédias
Raymond Collet (CEAlex), UCBN, équipe « Plan de
Rome », Hugues Fontaine, Isabelle Hairy, Burçak
Madran, Orçun Madran (Tetrazon)
Production
Difo Digital Printing Istanbul
Mediation Culturelle Et Animations
Daniel Dall’Agnolo (Laténium), Virginie Weinmann
(Laténium), Samira Zoubiri (Laténium)
Promotion
Jean-Yves Empereur, Marie-Dominique Nenna (CEAlex),
Danielle Guiraudios (CEAlex), Burçak Madran, Isabelle
Hairy, Oueded Sennoune
Textes
Mena el-Assal (Université d’Alexandrie), Ismaël Awad,
Laurent Borel, Sylvie Boulud (Université de Nantes),
Francis Choël (CEAlex, CNRS), Delphine Dixneuf (IFAO),
Jean-Yves Empereur, Philippe Fleury, Clément Flaux
(CEREGE, CNRS), Hélène Fragaki (CEAlex), Thomas
Faucher (CEAlex), Thierry Gonon (CEAlex, Oamed), AnneMarie Guimier-Sorbets (MRG), Yves Guyard (CEAlex),
Guillaume Hairy (Archeodunum), Isabelle Hairy, Marie
Jacquemin (CEAlex), Kathrin Machinek (CEAlex), Chystelle
March (IFPO), Christophe Morange (CEREGE, CNRS),
Géraldine Nater (Laténium), Marie-Dominique Nenna
(MOM), Marie-Christine Petitpa (CEAlex), Valérie Pichot,
Patrice Pomey, Patricia Rifa Abu Nil (CEAlex, Ministère de
l’éducation), Cécile Shaalan (CEAlex, CNRS), Oueded Sennoune,
Hélène Silhouette (INRAP), Aude Simony (CEAlex), Magdy
Torab (Université d’Alexandrie), Agnès Tricoche (MRG),
Première de couverture
Isabelle Hairy, Jacques Roethlisberger
Iconographie
Oueded Sennoune
Conception, édition et suivi d’impression
Isabelle Hairy
impression
Nader Galal
Exposition conçue par le
Centre d'Études Alexandrines
et réalisée conjointement avec
Le Laténium
La direction du Laténium et le Centre d’Études
Alexandrines remercient pour le prêt des collections :
- Le Musée d’Art et d’Histoire de Genève,
- L’Antikenmuseum de Bâle,
- Le Musée d’Ethnographie de Neuchâtel,
- Le Musée Bible+Orient de Fribourg,
- Le Musée Romain d’Avenches,
- La Fondation Gandur pour l’Art, Suisse
- Jean-François Bouvier,
- Jean-Claude Golvin,
- Jean-Yves Empereur,
- Isabelle Hairy.
pour le prêt d’illustrations, de clichés, pour leur
aide et leur soutien dans le cadre de la réalisation de
l’exposition
:
Chedlia Annabi, Conservatrice du Musée national de
Carthage ; Olimpia Caligiuri, MEN Neuchâtel ; CEAlex :
Mahiteb Awad, Raymond Collet, Ashraf Hussein, Soliman
Issa, André Pelle, Gaël Pollin ; Jean-Luc Chappaz,
MAH Genève ; CNRS-CEREGE UMR 6635, Université
de Provence ; Conseil Suprême des Antiquités
Égyptiennes (CSA) : Ahmed Abd el-Fatah, Conseiller
auprès du CSA, Mohamed Abd el-Aziz, ancien Directeur
des Antiquités Islamiques du Delta-Ouest, Camélia
Georges, ancienne Directrice Générale de l’inventaire
à Alexandrie, Émilie Nessim, Directrice générale des
Missions étrangères à Alexandrie, Saber Selim, Directeur
des Antiquités du Delta-Ouest ; Gilles Eboli, Directeur
de la BMVR de Marseille ; Brigitte Gratien, Directeur de
recherches, UMR 8164 CNRS ; Marc-Olivier Gonseth,
MEN Neuchâtel ; Jean Guinand, Neuchâtel ; Institut
Français d’Archéologie Orientale (IFAO) : Laure
Pantalacci (Directrice Générale), Georges Castel
(Architecte), Nadine Cherpion (Directrice des Archives),
Vanessa Desclaux Conservateur), Gonzague Halflants,
Névine Kamal (Adjoints au service des Archives), Alain
Lecler (Photographe), Michel Wuttmann (Archéologue,
Responsable du laboratoire de restauration) ; Othmar
Keel, Bible+Orient Fribourg ; Pierre Lanapats, Sousdirecteur de l’Archéologie et de la recherche en sciences
sociales, MAE ; Justine Moeckli, Genève ; Franck Monnier,
Ingénieur en radiocommunications ; Bernard Morel,
Professeur à l’Université de Provence ; Myriam MorelDeledalle, Responsable du département du patrimoine
à l’Université francophone de Senghor à Alexandrie ;
Roberto Papis, MAH Genève ; Anne de Pury-Gysel, Musée
d’Avenches ; Bettina Schmitz, Conservateur au Roemer
und Pelizaeus-Museum, Hildesheim ; Mervat Seif el-Din,
Directrice Générale du Musée gréco-romain à Alexandrie
Thomas Staubli, Bible+Orient Fribourg ; Christophe
Thiers, Directeur de la Mission française de Karnak
(CFEETK) ; François Tonic, Toutankhamon Magazine ;
Michel Vauzelle, Président de la région PACA ; André
Wiese, AM Bâle.
DU..NIL..À..ALEXANDRIE
Histoires d’eaux
2. Du Nil à Alexandrie
0. Avant-propos
h
h
16.
36.
L’eau d’Alexandrie. L’alchimie du H2O
au Centre d’Études Alexandrines
h
h
h
44.
70.
84.
94.
110.
Alexandrie, un cordon entre deux mers
une lecture géomorphologique
Clément Flaux, Christophe Morhange,
Magdy Torab, Mena el-Assal
Jean-Yves Empereur
Alexandrie, la conquête de l’eau
Isabelle Hairy
1. Le Nil et l'Égypte
h
h
h
h
L’eau dans l’Égypte pharaonique
h
Marie-Christine Petitpa
Le Nil : histoire d’eau, d’animaux et de divinités
Géraldine Nater
Pèlerinage à Kôm Ombo,
Sobek
à la recherche du dieu-crocodile
Agnès Tricoche
Nilomètres égyptiens,
Nil
outils de la mesure du
Isabelle Hairy
130.
136.
Le Nil à Alexandrie
naissance d’une capitale
Isabelle Hairy
Le canal d’Alexandrie : la course au Nil
158.
Isabelle Hairy et Oueded Sennoune
La Maréotide
histoires en eaux troubles
h
190.
Valérie Pichot
Lac Mariout
l’eau dans tous ses états cartographiques
Ismaël Awad
Sommaire
4. L’archéologie au service de l’Eau
h
286.
Chantier Fouad :
les jeux de l’eau au
hasard des découvertes hydrauliques
3. Alexandrie étanche sa soif
h
208.
L’eau alexandrine
des hyponomes aux citernes
h
h
236.
274.
Isabelle Hairy
avec encadré de Aude Simony
h
h
h
310.
340.
Guillaume Hairy
Marie-Christine Petitpa
Chantier el-Gharaba : de la citerne au
débis de boisson
Cécile Shaalan
L’eau à Alexandrie
Un chantier dans la ville : l’eau du Lux
330. Chantier du Lux : une citerne peut cacher un temple
Alexandrie : l’eau au fil des cartes
croyances et mises en scènes
Francis Choël et Marie Jacquemin
h
360.
Hélène Fragaki
h
h
Yves Guyard,
Guillaume Hairy et Isabelle Hairy
Le Cricket-ground : approvisionnement en
eau d’un quartier gréco-romain d’Alexandrie
Hélène Silhouette
374.
De l’eau à boire : les maisons du Diana
388.
Terra Santa de l’eau pour les puits
Patricia Rifa Abu Nil
et les citernes
h
404.
Sylvie Boulud
avec encadré de Thomas Faucher
Puisage de l’eau : une sakieh à Terra Santa
Thierry Gonon
avec encadré de Delphine Dixneuf
13
DU..NIL..À..ALEXANDRIE
Histoires d’eaux
5. Les citernes
alexandrines
h
420.
Citerne el-Nabih, un dispositif
6. Les usages de l’Eau
h
remarquable de l’hydraulique alexandrine
h
Chystelle March et Laurent Borel
444.
Le projet El-Nabih
conservation d’un symbole
du patrimoine hydraulique alexandrin
h
458.
Laurent Borel et Chystelle March
La
citerne Ibn
El Battouta dans le
quartier de Kom el Nadoura
Kathrin Machinek
h
h
474.
Qualité de l’eau et maladies hydriques
490.
L’eau et l’hygiène dans l’alexndrie antique
502.
Les voyageurs et le canal : au bord de l’eau
Isabelle Hairy
avec encadré de Cécile Shaalan
Marie-Dominique Nenna
Oueded Sennoune
7. Les Eaux et la navigation
h
h
514.
536.
Sur les Eaux d’Alexandrie
des navires, des bateaux
Patrice Pomey
Les
tankwas (papyrellas) du lac
Tana
Jean-Yves Empereur
Sommaire
10. Au service du lecteur
8. L'Eau et les techniques
h
h
h
550.
572.
Les machines de l’eau, en Égypte
et à Alexandrie
h
674…
Repères chronologiques
Isabelle Hairy
avec encadré de Marie-Dominique Nenna
h
678…
Les Lagides : généalogie en image
h
680…
Glossaire
h
690…
Bibliographie
h
710…
Crédits
h
714…
Présentation des auteurs
Orgues hydrauliques
Philippe Fleury
586.
L’eau dans les fortifications
Kathrin Machinek
9. L'Eau du Nil et l'imaginaire
h
608.
L’eau dans les croyances
et les pratiques funéraires
de l’Égypte gréco-romaine
h
h
644.
664.
Marie-Dominique Nenna
Scènes
nilotiques
:
expression
de
l’abondance et vision de l’autre
Anne-Marie Guimier-Sorbets
L’eau et ses merveilles
Oueded Sennoune
15
DU..NIL..À..ALEXANDRIE
L’eau d’Alexandrie.
L’alchimie du H2O au Centre
d’Études Alexandrines
D
Jean-Yves
Empereur
ans une série de conférences dès 1990 et une étude sur les antiquités d’Alexandrie publiée en 1992,
j’attirais l’attention sur l’importance du patrimoine architectural oublié que représentaient les magnifiques
citernes souterraines de la ville. Je signalais nos premiers succès : que l’on venait d’en ajouter 5 à la
seule que l’on connaissait alors, celle d’el-Nabih. On était loin du compte des Savants de l’Expédition d’Égypte
qui en avaient recensé plus de 400 deux siècles auparavant et que dire de Mahmoud el-Falaki qui parle de 800
citernes en 1865… Je lançais l’idée d’une véritable chasse aux citernes ( 1).
.
La citerne el-Gharaba
16
L
es citernes monumentales
Presque vingt ans plus tard, il est
temps de faire un bilan, n’est-il pas ?
On peut dire sans vantardise aucune
que le paysage a profondément changé. Grâce au soutien constant du Centre National
de la Recherche Scientifique (CNRS), notre équipe
s’est peu à peu étoffée au cours des années et nous
avons pu organiser une quête commune, distribuer
les tâches, fixer les objectifs, collecter les informations. Archéologues, architectes, topographes, géomorphologues, archéomètres, historiens, se sont
mis au travail. Ce sont ces résultats inédits qui
sont présentés ici.
La localisation des 4 citernes venant s’ajouter à celle
d’el-Nabih était due aux témoignages d’Alexandrins
L’eau d’Alexandrie. L’alchimie du H2O au Centre d’Études Alexandrines
qui allaient se réfugier dans ces abris antiaériens durant la Seconde Guerre mondiale.
Nous croyions avoir tari cette source et piétinions à ce chiffre, lorsque la directrice du
Musée gréco-romain d’Alexandrie, Madame Dorreya Saïd, nous mit sur la piste d’archives du Service des eaux qui contenaient des plans, coupes et croquis de situation de 144
citernes. D’un coup, le corpus devenait si riche qu’il n’était plus question de chercher à
l’augmenter encore – même si nous étions encore loin des chiffres avancés plus haut –,
mais de se contenter de cette abondance subite pour l’exploiter le mieux possible. Les essais de localisation par la cartographie permettaient des identifications sur le terrain,
parfois suivies de visites de citernes dont le bon état de conservation surprenait (1).
Relevés et maquettes
Nous décidâmes de passer à un examen plus poussé de quelques citernes, passant par
un relevé détaillé de ces monuments complexes. Au fil des années, ces relevés ont évolué :
dessin traditionnel, avec le crayon, la gomme, le mètre et la planchette, la patience et la
précision d’une méthode géométrique mise au point à Alexandrie au IIIe siècle av. J.-C. par
un certain Euclide, hôte illustre du
Mouseion et de la Bibliothèque (2).
Récemment, le CNRS a équipé notre équipe d’un appareil de haute
technologie, un scanner 3D qui permet de balayer automatiquement
d’innombrables rayons lasers les
parois, les colonnes, les chapiteaux
et de rendre avec une précision diabolique le monument dans ses trois
dimensions (3).
Une tout autre manière d’appréhender la volumétrie des citernes fut
d’en entreprendre des maquettes.
Michel Coqueret se mit à la tâche
et, à l’aide des dessins sur ordinateur, il sculpta patiemment dans le
plâtre les chapiteaux, les fûts, les
bases des colonnes, les arcs et les
murs, de 3 citernes à l’échelle 1 : 20
(4 et 5 a-c). Il a ainsi réalisé des
q 1. Une des premières visites
de la citerne el-Gharaba
Isabelle Hairy et Yves Guyard,
architectes-archéologues.
17
DU..NIL..À..ALEXANDRIE
....
1. « De tout ce qui reste
d’antiques vestiges à Alexandrie,
les plus extraordinaires, sans
doute, consistent dans l’ensemble
de ces citernes. C’est une
chose vraiment admirable que
le nombre, la capacité et la
magnificence de ces réservoirs :
ce sont de superbes portiques
élevés les uns sur les autres et
aussi élégamment dessinés que
solidement bâtis. Quelle immensité
de travaux en excavations,
constructions et revêtements ne
supposent-ils pas ! Ici, l’industrie
des Grecs, provoquée par la
première de toutes les nécessités
pour la fondation d’une ville
privée d’eau, a égalé les efforts
gigantesques des anciens
Égyptiens en travaux de patience,
et les a empreints de son goût
pur et de l’élégance qui lui était
naturelle. Elle est parvenue à
former une seconde Alexandrie
souterraine, aussi vaste que la
première ; et ce qui en subsiste
aujourd’hui est certainement l’une
des plus grandes et des plus
belles antiquités de l’Égypte. »
18
On partagera, plus de 200 ans
plus tard, l’émerveillement de
ce Polytechnicien, Ingénieur en
chef des Ponts et Chaussées.
Pourtant, tout comme ses
compagnons, Alexandre SaintGenis avait été déçu par
la découverte de l’illustre
Alexandrie, de la modeste
bourgade comme de ses ruines
désolées. On saisit d’autant
mieux l’étendue de cette
surprise admirative devant
ces constructions souterraines
pourtant bâties de bric et
de broc, avec des éléments
architecturaux réemployés,
provenant de monuments plus
anciens démantelés, ces citernes
qui avaient été aménagées pour
être remplies d’eau et donc
destinées à ne pas être vues ni à
devenir l’objet des considérations
esthétiques qu’elles provoquent
désormais…
Description de l’Égypte,
Antiquités, vol. 2, chap. XXVI
p. 86.
u
2. Dessin d’un chapiteau de la citerne el-Nabih
par Magalie Cabarrou, architecte.
maquettes remarquables par leur précision jusque
dans le rendu des couleurs de l’état actuel de trois
citernes, en commençant avec el-Nabih et ses trois
étages de colonnades (6). Après la maquette de la
petite citerne el-Gharaba (7 a-b), il s’attaqua à celle
de la citerne Ibn Battouta, de grande taille. Ce bâtiment a été réutilisé comme abri antiaérien pendant
la Seconde Guerre mondiale : les Alexandrins allaient
s’y réfugier pour échapper aux bombardements des
avions allemands et italiens entre 1940 et 1942. Ce
second état fait aussi partie de l’histoire du monument et il n’y avait pas de raison de le gommer pour
....
L’eau d’Alexandrie. L’alchimie du H2O au Centre d’Études Alexandrines
revenir à la seule phase originelle. Michel Coqueret a trouvé une solution élégante : il a
divisé la maquette en deux moitiés (8) : celle de droite restitue l’état ancien, tandis que
celle de gauche laisse voir les aménagements de l’abri. On admirera la précision dans le
plus infime détail des supports de bancs, des murs de briques, des couleurs et des lumières (9 a-d). Plusieurs citernes d’Alexandrie ont connu ce sort inattendu, provoqué par les
vicissitudes de l’Histoire. Certaines, comme celle de Dar Ismaïl ou de el-Nabahna (10 a-b)
semblent figées dans leur dernier état, comme si leurs derniers occupants venaient d’en
sortir ( 2)…
.
Les fouilles de citernes
Les relevés ont porté sur trois citernes. Il fallait aller plus loin et seule la fouille pouvait
apporter des éléments d’information supplémentaires sur le mode de construction de
ces monuments. Deux citernes furent donc retenues, dans deux quartiers éloignés l’un
de l’autre : la grande citerne el-Gharaba (11 a-b), à Kôm el-Nadoura, et celle d’el-Nabih au
centre-ville (12 a-c). On lira plus loin les résultats inédits de ces fouilles qui ont concerné
l’intérieur de la citerne pour la première et l’extérieur pour les deux. Les renseignements tirés des stratigraphies sont variés et concordants. On apprend ainsi que les couvertures
étaient composées d’une dalle de blocs de calcaire local de petite taille et que le sommet
de la citerne était exhaussé par rapport à la surface environnante du quartier, ce qui empêchait le ruissellement des eaux sales à l’intérieur de la cuve. Les fouilles ont également
fourni des indications chronologiques sur les phases
de
construction
qui permettent de
dresser des typologies des citernes,
de l’époque romaine
jusqu’aux siècles
ottomans.
t 3. Relevé
au laser 3D de la
citerne el-Nabih par
Laurent Borel, architectearchéologue.
2. On peut revivre ces scènes
d’angoisse dans le roman
d’I. Abdel-Méguid, Personne
ne dort à Alexandrie (trad.
française, 2003) et dans les
nouvelles grecques de H. Tzalas,
Alexandrea ad Aegyptum
(Athènes, 1995, trad. française
à paraître prochainement). Les
conférences données à partir de
1990 insistaient sur la courtesse
de la mémoire des Alexandrins :
les citernes avaient été fermées
moins d’un siècle auparavant et il
n’en restait plus qu’une ouverte
à la visite du public. Toutes les
autres avaient été abandonnées
et étaient sorties des mémoires.
Les plus anciens des Alexandrins
se rappelèrent alors que, tout
enfant, ils allaient se réfugier,
pendant les bombardements de la
Seconde Guerre mondiale, dans
de drôles de souterrains ornés
de chapiteaux corinthiens. Bernard
de Zogheb nous indiqua ainsi la
grande citerne Safwan, à l’angle
de la rue Fouad et de la rue des
Ptolémées. D’autres suivirent. Il
faut aussi souligner le rôle majeur
de Mohamed Abdel Aziz, Youssef
el-Ghariani et Ahmed Abdel-Fattah,
représentant à Alexandrie le
Conseil Suprême des Antiquités,
dans la redécouverte de ces
citernes.
19
DU..NIL..À..ALEXANDRIE
La réhabilitation d’une citerne
q 6. La maquette
de la citerne el-Nabih
une fois terminée.
Il suffit d’interroger les habitants d’Alexandrie pour voir qu’ils ignorent l’importance de
l’exceptionnel patrimoine d’Alexandrie qui subsiste sous leurs pas lorsqu’ils parcourent
leur ville. Au-delà d’une fouille, il convenait de partager la redécouverte de ces superbes bâtiments, avec eux tout d’abord, et aussi avec les visiteurs de la capitale des
Ptolémées. Dès 2004, la citerne el-Nabih fut choisie pour cette expérience pilote et l’on
trouvera plus loin une description détaillée de cet essai qui, au-delà du relevé et de la
fouille, prévoit une consolidation de ce bâtiment dans son état actuel, un parcours avec
une descente dans la citerne qui respecte les perspectives, une remontée vers un centre
d’interprétation qui rassemble la documentation sur les citernes et l’eau à Alexandrie, un
département pédagogique, sans oublier les installations nécessaires à un espace muséographique, telles que librairie ou cafétéria (13). Ce projet global, qui respecte les grands
arbres du jardin Nubar dans lequel il
s’inscrit, s’insère dans une concentration de pôles patrimoniaux et culturels
qui lui confère un sens supplémentaire ;
il servira d’exemple pour la réhabilitation
des citernes d’Alexandrie. Il conviendra
de réfléchir ensuite à l’utilisation possible des autres citernes susceptibles
d’être ainsi réhabilitées. Que l’on songe
aux citernes byzantines d’Istanbul : certaines sont devenues des espaces muséaux, d’autres ont été transformées
en élégants restaurants.
Des monographies
20
Un des buts de nos travaux consiste
dans leur publication. D’ici quelques
années, nous disposerons de monographies systématiques et détaillées sur
chacune des citernes que nous avons
étudiées, Ibn Battouta, les deux citernes d’el-Gharaba et celle d’el-Nabih.
Ces futurs volumes de la collection des
Études alexandrines, dont on découvrira
L’eau d’Alexandrie. L’alchimie du H2O au Centre d’Études Alexandrines
p 4. Michel Coqueret sculptant un
chapiteau pour la maquette de la citerne
el-Nabih.
t 5 a-c. Les premières phases
de montage de la maquette
de la citerne el-Nabih
a : les colonnes du rez-de-chaussée
b : la mise en place des arc du premier étage
c : le « chantier » en cours.
21
DU..NIL..À..ALEXANDRIE
q 7 a-b. La maquette
de la petite citerne el-Gharaba.
les prémisses ici, serviront de référence pour les
autres citernes de la ville et pour les spécialistes de
l’architecture romaine, médiévale et ottomane.
Les fouilles de sauvetage urbain à
Alexandrie
22
Le Centre d’Études Alexandrines a mené une vingtaine de fouilles d’urgence à Alexandrie. Elles ont
mis au jour des maisons, des rues, des canalisations, des puits, des citernes. Près des grandes citernes monumentales dont il vient d’être question,
les chantiers du Cricket, du Diana, de Fouad, du Lux,
de Terra Santa, de Qaitbay et de la Nécropolis à
Gabbari ont livré des ensembles de citernes publiques et privées qui s’inscrivent dans le réseau hydraulique et la trame urbaine. Les conditions de
fouilles sont différentes d’un chantier à l’autre : à
Qaitbay, les citernes de la citadelle* sont apparues le temps de la fouille et ont été remblayées ;
à Terra Santa, les structures ont été laminées au
cours de la première moitié du XIXe siècle, pour former un glacis contre la muraille et seules les canalisations et les proto-citernes des premiers temps
des Ptolémées restaient à fouiller ; à Fouad, dans
la propriété gracieusement mise à notre disposition par le Patriarcat grec orthodoxe, les fouilleurs
ont eu le loisir de démêler l’écheveau complexe de la
stratigraphie des réoccupations, avec des citernes
antiques et médiévales. Au Cricket et au Diana, les
promoteurs nous avaient déjà privés des couches
supérieures et les coulées de béton nous interdisaient l’accès aux descenderies qui menaient aux
citernes creusées dans le rocher naturel ; au Lux,
nous avons dû fouiller sous la menace de la pelle des
bulldozers qui avaient déjà détruit une partie des
citernes et des autres structures…
L’eau d’Alexandrie. L’alchimie du H2O au Centre d’Études Alexandrines
p 8. Maquette de la citerne Ibn Battouta - Michel Coqueret a réalisé la maquette de cette grande citerne en deux parties : l’une (à gauche) copie l’état
actuel, avec la transformation du bâtiment en abri antiaérien pendant la Seconde Guerre mondiale, tandis que l’autre restitue le monument dans son état originel.
pu 9 a-d. Maquette de la citerne Ibn Battouta - Différentes vues de la
partie gauche suivant l’état de la Seconde Guerre mondiale, avec les colonnes antiques
prises dans la maçonnerie des cloisons de briques et les socles de béton des bancs de
bois. La précision est telle, notamment dans les couleurs, que l’on croit se trouver non dans
la maquette, mais dans le monument lui-même.
23
DU..NIL..À..ALEXANDRIE
u 10 a-b. Vues de la
citerne Nabahna, dans le
quartier de Kôm el-Dikka
Comme Ibn Battouta, elle fut
réemployée en abri antiaérien
durant la Seconde Guerre
mondiale. On distingue l’un
des deux escaliers de fer en
colimaçon. L’installation électrique
est intacte.
24
p 11 a-c. La grande citerne el-Gharaba en cours de fouille, sous la direction d’Isabelle Hairy et Yves Guyard,
architectes-archéologues (2000-2003), puis de Guillaume Hairy, archéologue-Archeodunum (2005).
L’eau d’Alexandrie. L’alchimie du H2O au Centre d’Études Alexandrines
Quant à la Nécropolis, le lendemain de la fin de la
fouille, les citernes mises au jour ont été définitivement noyées dans le béton : seule la documentation
reste.
Les résultats inédits qui sont présentés ici par les
archéologues du CEAlex illustrent les difficultés du
travail du fouilleur. Ils montrent que l’on ne fouille
pas dans des conditions normales à Alexandrie,
mais, sauf exception comme à Fouad, sous une
pression constante des entrepreneurs immobiliers
dont on retarde le projet. La lutte entre le promoteur et l’archéologue est inégale… Et encore parlet-on ici d’une période révolue, car depuis plusieurs
années, les promoteurs se sont arrangés pour que
nous ne puissions plus fouiller du tout, alors que le
p 13. Premières
esquisses du projet
de conservation et
de mise en valeur
de la citerne
el-Nabih, 2004
pu
12 a-c. la fouille de la citerne el-Nabih
Une ultime campagne est prévue pour cet automne. Ces travaux
ont permis de dégager l’extérieur de la cuve, de sa toiture et
des murs latéraux, en précisant au passage sa chronologie.
a : dégagement de la toiture et carottage dans la partie ouest.
b : sondage dans la partie ouest par Laurent Borel, architectearchéologue et Samuel Desoutter, archéologue-Inrap.
c : le relevé pierre à pierre du pavement de la couverture par
Chrystelle March, architecte-archéologue.
25
DU..NIL..À..ALEXANDRIE
p 15. Le premier vapeur
sur le canal Mahmoudieh, 1858
Le Monde illustré, 1958.
26
p 14. Le trafic des lourds bateaux à voile de
transport des marchandises sur le canal Mahmoudieh
mouvement immobilier s’accélère à Alexandrie. Nous
assistons à de grands sacrifices dans la « capitale de la Mémoire », pour reprendre l’expression de
Lawrence Durrell. Certes, il n’est pas aisé de trouver un équilibre entre le développement d’une ville en
plein essor et la sauvegarde, la mise en valeur d’un
patrimoine exceptionnel. Cet équilibre n’a toujours
pas été trouvé à Alexandrie.
Il y a un point sur lequel je voudrais insister : c’est
l’aspect diachronique de nos études. Une des citernes du chantier Fouad, comme on le verra dans
l’étude rédigée par ses fouilleurs, a connu une longue
histoire : construite au Ier-IIe siècle ap. J.-C., elle fut
utilisée jusqu’au XVe siècle, jusqu’au moment où la
ville quitte l’espace intra muros pour aller s’installer
sur l’isthme. La fouille part de la surface de la cité
moderne et nous amène à traverser les restes de
la ville de Mohamed Ali, les trois siècles de l’époque
ottomane, puis le temps des dynasties islamiques
d’époque médiévale ; en 643, nous atteignons les
Byzantins, puis les Romains et, tout en bas, les
Grecs qui se sont installés sur le rocher naturel. L’on
comprendra dès lors comment les archéologues se
transforment en historiens, s’intéressant autant
à l’architecture et au mobilier ottomans qu’aux occupations gréco-romaines. Qu’ils doivent croiser les
sources documentaires, la recherche sur le terrain
– les localisations, les relevés, les fouilles –, avec les
archives, les publications, les cartes et plans, les
gravures, voire les cartes postales anciennes. L’on
L’eau d’Alexandrie. L’alchimie du H2O au Centre d’Études Alexandrines
retrouvera cette documentation variée tout au long de ce volume, dans son étonnante
diversité.
La chaîne opératoire de l’eau
Certes, la recherche de citernes reste au centre du jeu, mais ce ne sont que les réceptacles finaux d’une eau qui a déjà une histoire. Il s’agit d’envisager l’ensemble de la
chaîne opératoire de l’eau à Alexandrie, son stockage, mais aussi son captage et sa
distribution.
Le canal tout d’abord, qui relie le Nil à
la ville, dont on suivra tous les changements de parcours depuis l’Antiquité
jusqu’au Mahmoudieh aménagé dans les
années 1819 par Pascal Coste. Jusqu’à
la moitié du XIXe siècle, il restera l’artère
qui réglera le pouls de la ville : comme
le soulignent historiens et voyageurs,
la prospérité et le déclin de la cité dépendront de l’état du canal (14 et 15). Il
faudra attendre la ligne de chemin de fer
pour le Caire (en 1856) et l’installation
dans les années 1880 de l’eau courante
par des conduites forcées (16), pour qu’il
perde son importance vitale.
Les fouilles (17), les gravures et les plans
nous ont permis de retrouver les canaux
de distribution de l’eau sous les maisons
antiques, ces canaux-boyaux fonctionnant aussi comme des citernes, par
capillarité : un système sophistiqué de gestion de la nappe apparaît peu à peu et on
lira ces résultats très nouveaux qui permettent de comprendre la complexité du jeu
de l’hydraulique dans l’Alexandrie antique. Ce système allait être mis hors service par
le tsunami du 21 juillet 365 ap. J.-C., le « cataclysme universel », comme l’appellent les
auteurs qui décrivent ce jeu de plaques tectoniques : la plaque africaine s’encastre sous
la plaque européenne et la côte de la Cyrénaïque et d’Alexandrie s’enfonce de plusieurs
p 16. Carte
postale des années
1900 montrant un saka*
remplissant son outre
à une borne publique,
les femmes attendant
leur tour.
27
DU..NIL..À..ALEXANDRIE
q 17. Un canal de distribution d’eau douce sous les
maisons mises au jour sur le terrain de l’ex-Consulat
britannique, avec l’archéologue-spéléologue Thierry Gonon.
Couvert d’un ciment hydraulique, il distribue l’eau selon une pente sudnord, vers la mer. Des puits permettent aux habitants de récupérer l’eau
depuis les maisons et des places publiques.
28
mètres. Le réseau des canalisations se trouve sous
le niveau de la mer et tout le système doit être revu.
Les Alexandrins se mettent alors à creuser ces
grandes citernes qui accueillent l’eau de la crue du
Nil*, les habitants buvant désormais une eau stockée pendant un an. Les instruments de levage de
l’eau sont présents dans toute la ville, que ce soit
pour mettre l’eau dans les citernes, que ce soit pour
l’y puiser (18). On verra l’ingéniosité dont ont fait
preuve les Alexandrins pour faire face à cette situation nouvelle et assurer leur approvisionnement en
eau. Les fouilles ont aussi livré des données sur la
gestion des eaux usées qui repartent sous les rues,
comme au Diana, dans de larges caniveaux couverts
et soigneusement jointoyés par souci sanitaire et
hygiénique.
Il pleut à Alexandrie ! Pendant les mois d’hiver, surtout en décembre et janvier, les précipitations ne
sont pas négligeables, dépassant une moyenne mensuelle de 50 mm (19). Les premières notations sur
les installations de récupération des eaux de pluie
apparaissent ici et là, notamment à Gabbari, même
s’il s’agit encore d’une analyse nouvelle qui demandera à être approfondie et systématisée. Dans les
strates antiques de nos fouilles, les tuiles ne sont
pas rares et il convient de concevoir la juxtaposition de terrasses et de toits pentus, avec des rigoles et des conduites qui canalisaient l’eau de pluie
vers les réservoirs. Dans quelles proportions, nous
l’ignorons. Mais quand on sait que les habitants des
Cyclades remplissaient leurs citernes avec la seule
eau de pluie, dans un climat qui n’est sans doute
pas très étranger à celui d’Alexandrie, on peut imaginer qu’en s’installant dans leur nouvelle ville, les
Grecs ont appliqué les mêmes recettes, les mêmes
procédures architecturales, même si à côté, ils
L’eau d’Alexandrie. L’alchimie du H2O au Centre d’Études Alexandrines
se sont adaptés à leur nouveau milieu égyptien et
ont imaginé un système hydraulique recourant à la
nappe phréatique et au Nil, répartissant et régulant
de manière subtile la consommation en fonction de
leurs ressources.
L’on notera au passage la mention de bains. Il peut
s’agir de grands établissements publics bâtis par
les empereurs romains – dont certains subsistent,
comme ceux de Kôm el-Dikka –, d’autres ne sont
connus que par les sources écrites – balaneion
d’Hadrien, de Licinius, plus tard appelé bain impérial,
on pourrait ajouter d’autres exemples. Les fouilles
ont aussi mis au jour des installations modestes,
des bains privés, comme celui du Majestic, découvert en 1992, dont la recension contribue peut-être
au dénombrement impressionnant des 4.000 bains
que trouvent les Arabes lors de la conquête de la
ville en 642. Cette tradition perdure à travers les
siècles et une de nos enquêtes dans
les Archives nationales du Caire tend
à recenser les bains à l’époque ottomane, en croisant ces informations
avec la cartographie, comme on le verra dans l’étude consacrée à l’eau dans
les cartes. Au XIXe siècle, cette habitude ne s’est pas ralentie (20), même
si désormais, elle n’est plus qu’à l’état
de souvenir.
u 18. Reconstitution
du chadouf*
qui permettait
de puiser l’eau
de la citerne
Ibn Battouta
q 19. La corniche
d’Alexandrie sous la
pluie par Mahmoud
Saïd, 1944.
L’eau d’Alexandrie, eau du Nil
Alexandrie a été fondée à une trentaine de kilomètres du Nil. Depuis l’ensablement de la bouche canopique, à la
fin de l’Antiquité, le fleuve se trouve à
environ 70 km de la ville. Et pourtant,
Alexandrie a bu et boit toujours l’eau
29
DU..NIL..À..ALEXANDRIE
....
3. « Ces cabaretiers
extraordinaires ont des étalages
où l’on distingue une foule de
vases et de coupes remplis d’une
eau plus ou moins recherchée.
À Constantinople, l’eau n’arrive
que par l’aqueduc de Valens, et
ne se conserve que dans des
réservoirs dus aux empereurs
byzantins, où elle prend souvent
un goût désagréable… De
sorte qu’en raison de la rareté
de cet élément, il s’est établi
à Constantinople une école
de buveurs d’eau, gourmets
véritables, du point de vue de ce
liquide.
On vend, dans ces sortes de
boutiques, des eaux de divers
pays et de différentes années.
L’eau du Nil est la plus estimée,
attendu qu’elle est la seule
que boive le sultan ; c’est une
partie du tribut qu’on lui apporte
d’Alexandrie. Elle est réputée
comme favorable à la fécondité.
L’eau de l’Euphrate, un peu
verte, un peu âpre au goût, se
recommande aux natures faibles
ou relâchées. L’eau du Danube,
chargée de sels, plaît aux hommes
d’un tempérament énergique. Il y a
des eaux de plusieurs années. On
apprécie beaucoup l’eau du Nil de
1833, bouchée et cachetée dans
des bouteilles que l’on vend très
cher… »
Gérard de Nerval, Voyage en
Orient, Paris, 1851, p. 213.
Nerval séjourne à Istanbul en 1843
et le crû du Nil (à distinguer de la
« crue ») qu’il mentionne date de
10 ans. On suivra les promenades
de Nerval dans le beau film de
Maurice Pialat, La Corne d’Or
(1964).
u 20. Dans son Guideannuaire d’Égypte. L’année
1872-1873, paru au Caire,
30
François-Levernay donne un plan
d’Alexandrie et aussi des indications
pratiques. Entre les cafés-concerts,
les brasseries, les théâtres et les
loges maçonniques, il donne une
liste des bains publics, européens
et des bains arabes, en précisant
qu’ils sont nombreux.
du Nil. Au-delà de la sagacité des ingénieurs grecs
pour amener l’eau du fleuve vers la nouvelle fondation
et assurer son approvisionnement en eau, il existe
une volonté de relier la cité comme par un cordon
ombilical au cours d’eau qui a suscité l’éclosion de la
civilisation pharaonique et en a été le théâtre. Relier
Alexandrie au Nil est aussi justifier la fondation de
la nouvelle capitale de l’Égypte. C’est l’eau du Nil qui
remplit les canaux de la ville, les puits et les maisons. Les Alexandrins sont associés à cette communion dans l’eau, partageant cette eau qui faisait
l’objet d’un tribut symbolique auprès des dynastes qui voulaient imposer leur pouvoir sur le pays :
Darius se faisait livrer de l’eau du Nil, tout comme le
fera le Sultan d’Istanbul deux millénaires plus tard.
Gérard de Nerval l’évoquera dans un passage de son
voyage en Orient ( 3), découvrant à Istanbul les
goûteurs d’eau qui comparent les vertus du Danube,
de l’Euphrate et du Nil, avec une préférence sans
conteste pour la dernière.
.
L’eau d’Alexandrie. L’alchimie du H2O au Centre d’Études Alexandrines
Le papyrus, plante des Nils
Dans plusieurs des études qui suivent sont évoquées
les plantes du Nil, le lotus et le nelumbo*, le papyrus aussi, que les Égyptiens anciens consommaient
sous toutes ses formes, la plus élaborée étant ce
tressage qui servait de support à l’écriture. Mais
cette plante a disparu du Nil ou, si elle subsistait
encore dans le lac Mariout, aucune trace n’en a été
retrouvée à l’époque moderne et le papyrus qu’on
vend aux touristes a été réimplanté il y a quelques
décennies à partir de pousses du lac Tchad. Nous
sommes donc allés à la recherche du papyrus du
Nil, là où il subsiste. On sait qu’il pousse en abondance dans les grands lacs africains, réservoirs du
Nil – Tanganika, Victora, Albert, etc. –, mais notre
choix s’est porté sur le lac Tana. Sur le Nil bleu, les
Éthiopiens continuent à fabriquer de frêles embarcations qui ressemblent comme des sœurs à celles
que l’on voit sur les peintures et les mosaïques aux
paysages nilotiques. Un essai d’archéologie expérimentale nous a poussé à suivre la construction de
ces frêles esquifs, en observant les gestes millénaires de ces artisans (21).
p
21. Un pêcheur à bord de son tankwa
Esquif de papyrus sur le lac Tana.
L’eau aujourd’hui
Les journaux égyptiens sont remplis à longueur de
pages de nouvelles sur le nouveau partage des eaux
du Nil entre les pays riverains, l’érection de barrages
en Éthiopie et au Soudan. Une conférence rassemblant les pays du bassin du Nil, selon l’appellation officielle, vient de se tenir à Alexandrie (lieu symbolique,
u
22. Les chutes du lac Tana sur le Nil bleu, mai 2009
Par suite de la construction d’un barrage, les chutes sont réduites à
une portion congrue par rapport aux années précédentes.
31
DU..NIL..À..ALEXANDRIE
u 24. Page de droite :
pêche à la nasse sur une
plage d’Alexandrie par
Mahmoud Saïd, 1933 (collection
particulière, Alexandrie).
près de son embouchure) (22). Ces perspectives du
développement de l’irrigation des pays en amont du
fleuve, peu réjouissantes pour l’Égypte, s’ajoutent
à d’autres désordres. À la suite de la construction
des deux barrages d’Assouan et surtout du HautBarrage, le débit a été contrôlé, la crue n’est plus
qu’un vieux souvenir. En conséquence directe pour
Alexandrie, le canal nourricier aux berges accueillantes jusque dans la ville il y a un siècle, à tel point que
ce lieu de promenade fut appelé Les Champs Élysées
(23), n’est plus qu’un cloaque, malgré les efforts méritants des associations écologistes. Une autre
conséquence, avec moins de rejet d’eau douce dans
la mer : la raréfaction du poisson et des crustacés, obligeant les pêcheurs à aller toujours plus loin,
jusque vers les côtes libyennes. Pourtant la qualité
du poisson alexandrin et le sport de la pêche ont
de tout temps contribué à la gloire de la cité (24).
Marc Antoine qui s’adonnait à cette occupation qui
lui valut les quolibets de Cléopâtre ( 4), trouva de
dignes successeurs, deux millénaire plus tard (25) !
.
p 23. Carte postale des années 1900 représentant les
Champs Élysées, sur la rive nord du canal Mahmoudieh
32
Malgré la signature par l’Égypte de tous les accords
internationaux sur la protection des milieux humides,
le lac Mariout est lui aussi sacrifié sur l’autel de l’urbanisation. Les associations écologiques ont beau
faire valoir qu’à l’étranger on crée à grands coûts
financiers des lacs artificiels, alors qu’en Égypte on
sacrifie ceux qui existent, l’étroite bande qui abritait
Alexandrie, entre mer et lac, ne suffit plus et la ville
déborde inexorablement vers le sud.
Grâce à une gestion contrôlée de l’eau, l’Égypte
conquiert de nouvelles terres, bonifiant des millions
d’hectares. La route désertique entre Alexandrie et
le Caire ne mérite plus son nom. Alors qu’il y a 30
ans, le ruban d’asphalte était souvent coupé par les
L’eau d’Alexandrie. L’alchimie du H2O au Centre d’Études Alexandrines
33
DU..NIL..À..ALEXANDRIE
....
4. « Un jour qu’Antoine pêchait
à la ligne et était contrarié de
ne rien prendre en présence
de Cléopâtre, il ordonna à des
pêcheurs de plonger sans se faire
voir et d’accrocher à son hameçon
des poissons qu’ils avaient pris
auparavant, et ainsi deux ou trois
fois il tira sa ligne avec succès,
mais l’Égyptienne ne fut pas dupe.
Elle feignit d’admirer et rapporta
le fait à ses amis en les priant
d’assister à la partie de pêche
du lendemain. Ils montèrent en
grand nombre dans des barques
de pêcheurs, et, lorsqu’Antoine
eut lancé sa ligne, elle commanda
à l’un de ses gens de prendre les
devants pour plonger et attacher
à l’hameçon un poisson salé du
Pont. Antoine, persuadé qu’il
tenait un poisson, ramena sa ligne,
et tout le monde, comme on peut
croire, éclata de rire : « Grand
général, dit Cléopâtre, laisse-nous
la ligne à nous qui régnons sur
Pharos et Canope : ta pêche
à toi, ce sont des villes, des
royaumes, des continents ».
34
La scène, qui se passe en 41-40
av. J.-C., est relatée par Plutarque,
Vies parallèles, Antoine, § 29, 5-7,
traduction R. Flacelière-E. Chambry, CUF, 1977.
dunes mouvantes, obligeant les conducteurs à sans
cesse serpenter, aujourd’hui, les trois voire quatre
voies sont séparées par un terre-plein central d’oliviers et les champs alentours sont couverts d’arbres portant des fruits encore inconnus il y 10 ans
à peine. La passion des Ptolémées d’acclimatation
des espèces a repris chez les Égyptiens modernes.
On ne peut que saluer ces nouvelles conquêtes sur
le désert, même s’il convient de trouver un meilleur
équilibre dans le sauvetage des monuments mis en
danger par ces irrigations nouvelles, comme les ermitages des Kellia ou le sanctuaire de Saint-Ménas,
dont la crypte a dû être récemment comblée à cause
du voisinage d’un canal et de la remontée des eaux,
sur ce monument classé par l’Unesco au Patrimoine
mondial.
Une exposition sur l’eau
On l’aura compris à travers ces quelques lignes, le
thème de l’eau s’est révélé fédérateur pour notre
équipe du CNRS basée à Alexandrie. Depuis 2004,
nous travaillons en commun sur ce projet transversal. Isabelle Hairy, architecte-archéologue, consacre son doctorat à l’hydraulique alexandrine et lui
confier l’harmonisation de cette œuvre commune
s’imposait. C’est elle qui a conçu et dirigé l’édition
de ce catalogue, elle a suscité les auteurs et les
sujets abordés, tout en assurant elle-même la rédaction de nombreux chapitres. Elle assure aussi le
Commissariat scientifique de l’exposition, qu’elle a
conçue en collaboration avec la muséologue Burçak
Madran.
Encore fallait-il trouver un endroit qui accueille les
résultats de nos travaux. Lors d’une intervention au
Lycée de Payerne, je fus abordé par Denis Ramseyer,
L’eau d’Alexandrie. L’alchimie du H2O au Centre d’Études Alexandrines
Conservateur au Laténium. Il portait l’invitation de
Marc-Antoine Kayser, directeur du Laténium, à présenter nos travaux lors d’une exposition dans leur
musée prestigieux. Qu’ils soient ici remerciés de leur
confiance. Cette proposition ne pouvait que nous réjouir et nous honorer, vu les liens anciens qui nous
lient avec Neuchâtel et son Université, notamment
notre ami le Professeur Denis Knoepfler.
hn
p 25. Le roi Victor Emmanuel III pêchant à la ligne
à Aboukir en compagnie de la reine Helena, 1947
35
DU..NIL..À..ALEXANDRIE
«
On ne connaît la valeur de l’eau que lorsque le puits est à sec.
Alexandrie
La conquête de l’Eau
»
Isabelle
Hairy
L
’eau est au cœur de la vie ; elle a été une des premières conquêtes
de la civilisation égyptienne. Dans la vallée du Nil, plus qu’ailleurs,
« Faire fleurir le désert » a été l’aspiration de tout un peuple.
L
’
36
ancienneté de l’irrigation en Égypte indique une maîtrise et une connaissance
du Nil qui ont longtemps été occultées
par une conception de l’hydrologie plus
religieuse que mécaniste. La mythologie de l’eau
était « l’âme » de ce peuple. Dans l’explication sacrée
du cycle de l’eau, la crue* prenait naissance, pour le
territoire de la Haute-Égypte, dans un gouffre situé près d’Assouan, tandis que la Basse-Égypte
était couverte par les flots montants provenant
d’un autre lieu situé un peu en amont du Caire. Ces
« maisons de Hâpi* », génie identifié à la crue, fleurissaient un peu partout, là où la crue faisait l’objet d’une fête au temps de son retour ; on célébrait
ainsi la « venue de Hâpi », l’âme du fleuve.
Pourtant, dès le VIIIe siècle av. n. è., les Égyptiens
avaient fait le lien entre les débordements du fleuve
et les pluies soudanaises. C’est sans doute cette
ébauche d’explication du cycle des eaux qui est à
l’origine d’une des plus belles réussites de la science
alexandrine, le calcul de la circonférence terrestre
par Ératosthène de Cyrène (275-195), qui fut directeur de la Bibliothèque d’Alexandrie durant une quarantaine d’années. En effet, les connaissances du
cycle de l’eau ne pouvaient être approfondies sans
accepter au préalable la sphéricité de la terre. Or, le
fonctionnement de l’hydraulique alexandrine montre
à quel point la connaissance de l’hydrologie, cette
science du cycle de l’eau, a été indispensable à la
survie de la cité.
Alexandrie : la conquête de l’Eau
Depuis sa fondation, de nombreux efforts ont été accomplis pour transformer les conditions hydrologiques, tout d’abord naturelles, au cours de l’Antiquité, puis, déjà influencées par les efforts ou les négligences des époques précédentes, au cours de la période
médiévale.
Quelle qu’ait été la forme de l’exploitation, Alexandrie a toujours vécu grâce à ses eaux
souterraines alimentées naturellement par l’apport de l’infiltration. Quand celui-ci n’a
plus été suffisant, les Alexandrins ont eu recours à l’alimentation artificielle par l’intermédiaire du canal creusé quelques décennies après la fondation de la ville. Son objectif :
mobiliser les eaux du Nil afin de les utiliser au bénéfice de l’irrigation, de l’alimentation en
eau potable pour les habitants et des diverses activités artisanales de la ville.
C’est la régulation de cette interdépendance entre les eaux de surface et les eaux souterraines, toutes deux fractions d’un seul volume total d’eau disponible, qui a sans doute
été un facteur prépondérant de la bonne santé de cette ville ; tout prélèvement sur les
unes s’effectuant au détriment des autres.
La maîtrise sociale de l’eau dépendait certainement des gestionnaires de l’eau qui avaient
le plus grand besoin des concepts et des connaissances hydrologiques pour résoudre
les problèmes qui leur étaient posés. Dans cette perspective, la tâche de l’hydrologue
était de fournir des données sur la répartition dans le temps et dans l’espace des eaux
qu’il est possible de mobiliser, à charge des « hydrauliciens » de concevoir les ouvrages
tels que canaux, puits, canalisations, et machines élévatrices, pour redistribuer, dans le
temps et dans l’espace et suivant les besoins, cette eau attendue.
Le transport, qui a permis de modifier la répartition spatiale de l’eau, puis le stockage,
qui a offert la possibilité d’en changer la répartition temporelle, ont été les seuls moyens
utilisés dans les différentes stratégies de transformation des conditions hydrologiques
d’Alexandrie et de sa région. Trop souvent, malheureusement, ces stratégies ont été
élaborées en négligeant leurs effets indirects.
Les aménagements hydrauliques, les transformations de l’espace qui ont été nécessaires à l’installation et au déploiement de la ville, – défrichement, drainage, urbanisation –,
ainsi que certaines pratiques humaines, – les coutumes funéraires et rituelles liées à
l’eau durant l’Antiquité, le développement des thermes à l’époque romaine, etc -, ont également eu des répercussions hydrologiques souvent imprévues, quelquefois lointaines,
parfois douloureuses.
37
DU..NIL..À..ALEXANDRIE
....
1. Les Banû Mûsâ faisaient partie
de la Bayt al-Hikma (Maison de la
Sagesse), à Bagdad, au IXe siècle.
Autant de facteurs qui ont pu être la source de conflits régionaux. De même, il semble
que les problèmes d’entretien du canal aient débuté avec la séparation d’Alexandrie et
de sa chôra*. Les besoins des riverains sont entrés en conflit au fur et à mesure que
régressait le débit de la branche canopique ; l’irrigation des champs s’opposant alors à
l’alimentation de la ville.
Dans cette logique, et alors que la gestion du canal dépendait du pouvoir central dont la
seule préoccupation était la bonne alimentation en eau de la ville d’Alexandrie, apparaît à
l’époque ottomane une nouvelle source de conflits hydriques liée à l’occupation des rives
du canal par les Bédouins, minorité ethnique dont la survie ne dépendait d’aucune instance politique. Les Ottomans ont utilisé la force armée pour empêcher les prises d’eau
« sauvages » au temps de la crue, la gestion pour de multiples utilisations n’ayant pas
été prise en compte.
La qualité de l’eau a également été source de problèmes. Tout porte à croire que le développement extensif de l’agriculture dès le début de l’époque ptolémaïque a été source de
pollution, ayant pour résultat une salinité accrue des ressources en eau.
Les questions de quantité d’eau sont devenues préoccupantes lorsque les fortes variations dans l’offre ont fait suite à une utilisation plus importante en amont ou, à plus long
terme, à un changement global – en l’occurrence, la disparition de la branche canopique.
Dans un premier temps, la réduction du débit du canal a entraîné une dégradation des
eaux de surface et de celles des nappes phréatiques. Il y a eu entrave à la navigation,
salinité accrue, et enfin changement de morphologie, avec modification du cours du canal, jusqu’à sa disparition totale. Durant toute cette période, l’eau n’a été que le moyen,
la cible ou la victime de conflits armés. Le canal s’est asséché au rythme des guerres et
s’est rempli à nouveau avec les périodes de paix.
38
À Alexandrie, cette transformation finale semble prendre place autour du IXe siècle.
S’appuyant sur les ouvrages antiques, – canaux drainants (hyponomes*) et machines
élévatrices –, les Toulounides ont su aménager le système existant et le conjuguer avec
les progrès des arts mécaniques pour faire naître un nouveau dispositif en adéquation
avec les besoins de la ville et son nouveau contexte hydrologique ; le couple « sakieh-citerne » était né. Cette modification des structures hydrauliques sera suivie, durant les
siècles suivants, par une augmentation constante du nombre de citernes. Or, c’est entre
le IXe et le XIIe siècle, des travaux des frères Banû Mûsâ ( 1) au compendium d’Al-Juzarî
.
.
( 2, 1), que se formalise, selon M. el Faiz, la recherche des hydrauliciens arabes à l’issue
« d’un long processus d’évolution et de maturation des connaissances hydrauliques ».
On peut imaginer qu’ils aient mis en pratique une partie de cette science écrite, révélant
l’ampleur des applications techniques dont ils étaient capables.
....
Alexandrie : la conquête de l’Eau
2. Le Compendium de la théorie
et de la pratique au service des
arts mécaniques a été achevé en
1206.
L’utilisation des machines élévatrices traditionnelles, la sakieh* et le chadouf*, en
contexte urbain, à Alexandrie, montre l’importance de l’influence du « savoir paysan » qui
se répercute jusque dans la gestion de l’eau ; c’est ce que nous explique Evliya Çelebi au
XVIIe siècle. Dans la distribution des rôles mis en place par le pouvoir central, les paysans,
après avoir irrigué leurs terres, contrôlent l’alimentation en eau de la ville au moment
de la crue, à l’aide de leur matériel dont ils maîtrisent la construction, l’entretien et la
manipulation. Ils assurent le transfert de l’eau du réseau souterrain vers la surface, puis
en remplissent les citernes publiques. En regard d’éventuelles innovations techniques qui
restent à découvrir, cette gestion des eaux souterraines constitue la principale nouveauté d’une hydraulique arabe à Alexandrie.
Au IXe siècle, le gouverneur de la province musulmane du Khurâsân, Ibn Tâhir (828-844)
confie à ses experts la rédaction d’un Traité des galeries drainantes et souterrains, le
Kitâb al Qinâ. S’en suit une véritable politique de l’eau qui est mise en place dans tout
l’empire musulman ; on encourage la mise en valeur agricole avec une nouvelle gestion de
l’eau, à commencer par l’Égypte. Au début du IXe siècle, Al-Farghânî, dit Alfraganus (mort
en 861), un des plus célèbres astronomes de son temps, reconstruit le nilomètre* d’Égypte, fondé en 715 sous le calife omeyyade Souleimân. Issu de cette École Arabe de l’eau, un
groupe de spécialistes se voit confier la mise en œuvre de la politique de l’eau initiée par
l’État. Ces ingénieurs hydrauliciens sont intégrés à la hiérarchie administrative.
Si on n’a pas encore retrouvé dans les sources littéraires la preuve de leur intervention
à Alexandrie, les œuvres anonymes que constituent les nombreuses citernes à étages,
construites au cours de l’âge d’or de l’hydraulique arabo-musulmane (IXe-XIIe siècle), semblent être la marque d’une œuvre globale et réfléchie qui pourrait s’insérer dans la pensée
de l’École Arabe de l’eau. Reste à définir précisément en quoi elles sont un maillon du
paradigme qui semble structurer la communauté scientifique des hydrauliciens arabes
du Yémen à l’Espagne ? Question qui pourrait être abordée au travers d’une étude comparative des structures hydrauliques dans tout l’empire musulman.
39
DU..NIL..À..ALEXANDRIE
On peut dire que l’hydraulique alexandrine témoigne d’une incontestable maîtrise des
techniques et d’une excellente connaissance du contexte hydrogéologique. Le développement du couple « sakieh-citerne » durant la période médiévale atteste d’un haut savoirfaire empirique qui a pu inspirer les théoriciens de l’École Arabe de l’eau.
A-t-il également fourni la matière première à la rédaction des premiers ouvrages techniques ?
À l’heure où l’on pense avoir enfin découvert la vraie source du Nil, l’hydraulique reste,
dans les pays arabes et plus particulièrement en Égypte, un objet d’intérêt tout particulier pour l’État qui continue de développer, dans la plus pure des traditions pharaoniques, des projets monumentaux. Lancé début 1997, par le Premier Ministre Kamal
Al-Ganzouri, Tochka, aussi connu sous le nom de « Vallée du sud » ou «Nouvelle vallée »,
est le plus vaste projet de détournement des eaux du Nil depuis la construction, entre
1960 et 1971, du Haut-Barrage d’Assouan. Celui-ci avait donné naissance à l’un des plus
vastes lacs artificiels du monde, baptisé Nasser, du nom du président qui initia le projet.
Le projet Tochka vise à planifier la mise en culture de 540.000 feddans (environ 3,75
millions d’hectares) de terres agricoles en plein désert occidental, à 280 km au sudouest d’Assouan. Mise en route en 2000 pour irriguer ces terres, la station de pompage
Moubarak, du nom de l’actuel président égyptien, est la plus grande du Moyen-Orient.
Six ans après la mise en eau des premiers canaux, on est loin de l’objectif de départ qui
devait être atteint, selon les experts égyptiens, en seulement une dizaine d’années. Le
sable du désert n’a vu verdir qu’un peu plus de 10% de la surface agricole envisagée, mais
c’est déjà « faire fleurir le désert ».
hn
40
Alexandrie : la conquête de l’Eau
t 1. Al-Jazari
Machine élévatrice de l’eau
Al-Jazari, livre de la connaissance
des procédés mécaniques,
Oxford, Bodleian Library, Ms
Greaves 27, fol. 101 recto.
41
DU..NIL..À..ALEXANDRIE
Présentation
des auteurs
714
Mena el-Assal
Etudiante en géomorphologie aux universités d’Alexandrie
et d’Aix-Marseille, elle prépare actuellement une thèse de
doctorat portant sur l’évolution des rivages maritimes et
lacustres d’Alexandrie depuis 5000 ans sous la co-direction
de Christophe Morhange et de Magdy Torab.
[email protected]
Ismaël Awad
Topographe au CEAlex, il achève un Magistère à l’Université
d’Alexandrie sous la direction de Fathy Abou Radi sur l’étude
diachronique de l’utilisation du sol de la région du lac Mariout
pendant les cinquante dernières années.
[email protected]
Laurent Borel
Ingénieur de recherche au CEAlex. Architecte DPLG, diplômé
en 1996, il a obtenu, en 1998, un CEAA « Architecture et
Archéologie ». De 1998 à 2002, il fut architecte chargé de
mission à l’IFAPO (Amman). Après avoir été co-responsable,
avec Chrystelle March, il est, depuis 2008, responsable, sous
la direction de Jean-Yves Empereur, du projet de conservation
et de mise en valeur de la citerne el-Nabih à Alexandrie (projet
primé par le Grand Prix d’Archéologie de la Fondation Simone et
Cino del Duca en 2007). Il a conduit, de 1999 à 2002, sous la
direction de Jean-Pierre Braun, l’étude sur le paysage construit
du site d’Iraq al-Amir en Jordanie.
[email protected]
Sylvie Boulud
Maître de conférences en archéologie protohistorique à
l’Université de Nantes, elle est spécialiste de l’Âge du Bronze
européen. Ses recherches portent sur les productions
métalliques, les échanges et la pratique des dépôts en Europe
occidentale et centrale.
[email protected]
Francis Choël
Responsable de travaux archéologiques au CEAlex menés sur
les fouilles de la Nécropolis et du Patriarcat Grec Orthodoxe
(Chantier de Fouad). Il a travaillé sur divers chantiers de
fouilles comme responsable d’opération et chargé d’études au
sein de l’Association pour les fouilles archéologiques nationales
(Afan) et pour les collectivités locales. Il a occupé la fonction
de coordonnateur en archéologie au Centre de Formation du
Patrimoine à Dijon. Son intérêt porte principalement sur
l’archéologie urbaine du monde méditerranéen.
[email protected]
Delphine Dixneuf
Membre scientifique à l’Institut français d’archéologie orientale
au Caire depuis 2007, elle est spécialisée dans l’étude de la
céramique d’époques romaine et byzantine en Égypte. Ses
travaux portent sur la reconnaissance des productions
céramiques, mais également sur l’analyse des relations
commerciales unissant l’Égypte au bassin méditerranéen.
Auteur d’une thèse consacrée à l’étude des productions
amphoriques égyptiennes, elle participe à plusieurs chantiers
archéologiques en Égypte, notamment à Péluse, Alexandrie,
Baouit, Coptos et Ain al-Gedida (oasis de Dakhla).
[email protected]
Jean-Yves Empereur
Directeur du CEAlex (www.cealex.org) qu’il a fondé en 1990,
Directeur de Recherche au CNRS, agrégé de lettres classiques
et docteur en archéologie, membre puis secrétaire général de
l’École française d’Athènes de 1778 à 1990. Il mène des fouilles
de sauvetage à Alexandrie, en collaboration avec le Conseil
Suprême des Antiquités égyptiennes, en essayant de sauver
le patrimoine de la capitale des Ptolémées de la pelle des
promoteurs immobiliers. Parmi ses publications, mentionnons
Alexandrie redécouverte (Paris, 1998), Le Phare d’Alexandrie.
La merveille retrouvée (Paris, 1998), Alexandrie. Hier et demain
(Paris, 2001). Il dirige la collection des Études alexandrines à
l’Ifao.
Présentation des auteurs
Thomas Faucher
Post-doctorant à l’université de Paris-Sorbonne dans le cadre
du projet ANR-Nomisma (Usage de la monnaie en Méditerranée
orientale). Il a soutenu une thèse en 2006 sur L’atelier
monétaire d’Alexandrie à l’époque des Lagides. Il est chargé
de l’étude des monnaies de plusieurs sites dont les fouilles
du CEAlex (en collaboration avec Olivier Picard), de Taposiris
Magna, de l’île Nelson, de Bouto et de Karnak.
[email protected]
Clément Flaux
Doctorant en géomorphologie et géoarchéologie (Université
d’Aix-Marseille, CEREGE-CNRS), il entreprend actuellement un
doctorat, sous la direction de Christophe Morhange et JeanYves Empereur, portant sur l’évolution du lac Mariout (nordouest du delta du Nil, Égypte) depuis 8000 ans.
[email protected]
Philippe Fleury
Professeur de latin à l’Université de Caen, Directeur du
Programme Pluri-Formations (www.unicaen.fr/cireve) et de
l’ERSAM (www.unicaen.fr/ersam), Philippe Fleury est à l’origine
d’un projet pluridisciplinaire visant à restituer en 3D interactive
la Rome antique du IVe siècle (www.unicaen.fr/rome) et les
machines et instruments romains. Auteur d’un ouvrage sur la
mécanique de Vitruve et traducteur et commentateur du livre 1
de ce même auteur, il est spécialiste de la mécanique romaine
en général.
[email protected]
Hélène Fragaki
Post-doctorante à la Maison René-Ginouvès (Nanterre)
en Archéologies et Sciences de l’Antiquité. Docteur en
archéologie classique, elle participe aux travaux de recherche
sur l’architecture et le décor à Alexandrie avec le CEAlex.
Monographie sous presse : Images antiques d’Alexandrie, Ier s.
av. J.-C.-VIIIe s. apr. J.-C. (Ifao). Elle a publié des articles sur la
peinture romaine et a enseigné l’archéologie, l’art grec et l’art
romain, comme ATER et chargée de cours aux universités de
Paris X-Nanterre et de Marne-la-Vallée.
[email protected]
Thierry Gonon
Archéologue à la société Oxford Archéologie Méditerranée,
spécialisé en archéologie médiévale et en archéologie souterraine
et minière, il travaille depuis de nombreuses années à Alexandrie
et dans le désert libyque dans le cadre de la mission de Douch.
Sur ce site, il étudie un système de qanâts d’époques perse et
romaine qui a donné lieu à la publication de plusieurs articles,
entre autres dans le BIFAO. Il maîtrise bien les techniques de
progression et de relevés souterrains, et les spécificités des
galeries drainantes.
[email protected]
Anne-Marie Guimier-Sorbets
Directeur de l’Unité Mixte de Recherche « Archéologies et
Sciences de l’Antiquité » (Maison René-Ginouvès, Nanterre),
Anne-Marie Guimier-Sorbets est professeur d’archéologie et
histoire de l’art grec à l’Université de Paris Ouest-NanterreLa Défense. Spécialiste du décor architectural durant les
époques hellénistique et impériale, elle a publié de nombreuses
études sur la mosaïque, la peinture et le stuc de l’Égypte grécoromaine (particulièrement dans les Études Alexandrines, Ifao),
de Grèce et de Chypre. Dans une perspective historique, outre
des recherches sur les aspects techniques, iconographiques et
architecturaux, elle tente de retracer les mentalités antiques
dont ces documents portent le témoignage.
[email protected]
Yves Guyard
Architecte-archéologue, CEAlex, architecte DPLG et diplômé en
Sciences et Structure de la Matière (DEUG), diplômé du CEAA
Architecture et Archéologie, DEA d’archéologie à l’Université
de Lyon II. Il a rédigé son mémoire sur l’étude architecturale
des sources écrites et iconograhiques décrivant le Phare
d’Alexandrie. De 1998 à 2004, il a co-dirigé l’étude des citernes
d’Alexandrie avec I. Hairy et participé à de nombreux travaux
au sein du CEAlex. De 1999 à 2003, il a été architecte de la
Mission Archéologique au Balouchistan, Pakistan, dirigée par
Roland Besenval, Directeur de Recherche au CNRS, UMR 9993.
Yves Guyard nous a quitté en septembre 2003.
Guillaume Hairy
Archéologue, responsable de l’antenne PACA et LanguedocRoussillon pour la société d’archéologie préventive Archeodunum.
Il a participé aux chantiers archéologiques terrestres et
subaquatiques du CEAlex pendant sept ans.
[email protected]
Isabelle Hairy
Architecte-archéologue, CEAlex, CNRS, USR3134, architecte
DPLG, diplômée du CEAA Architecture et Archéologie,
doctorante en archéologie à l’Université de Lyon II. Durant quatre
années, elle a participé aux missions archéologiques de Tanis,
Égypte, sous la direction de Ph. Brissaud. Elle a été architectearchéologue des fouilles de l’Institut Française d’Archéologie
715
DU..NIL..À..ALEXANDRIE
du Proche-Orient à Beyrouth, Liban (1995). Arrivée au CEAlex
en 1996, elle s’est vu confier l’étude du système hydraulique
alexandrin, responsabilité qu’elle a partagé avec Y. Guyard de
1998 à 2004, année de la disparition de notre collègue. Depuis,
elle a repris la direction de l’étude et prépare une monographie
sur le sujet. Spécialiste de l’architecture antique, elle dirige
depuis 1997 la fouille subaquatique et les études sur le site
du Phare d’Alexandrie. Au travers de la restitution graphique
des architectures immergées. elle tente d’appréhender les
applications pratiques des sciences alexandrines à l’époque
gréco-romaine.
[email protected]
Marie Jacquemin
Archéologue responsable d’opération à l’Association pour les
fouilles archéologiques nationales (Afan), elle s’intéresse à
l’archéologie funéraire (étude des sépultures par l’approche
anthropologique). Son activité porte également sur les
contraintes et les enjeux des réalisations d’inventaires
archéologiques (création et gestion de base de données
informatique). À Alexandrie, elle a dirigé avec Francis Choël la
fouille d’un secteur de la Nécropolis et celle du Patriarcat Grec
Orthodoxe (Chantier de Fouad).
[email protected]
Kathrin Machinek
Architecte-archéologue au CEAlex, elle fait des recherches sur
l’architecture militaire d’Alexandrie depuis l’époque médiévale
jusqu’à nos jours. Elle achève une thèse sur le fort Qaitbay
à Alexandrie, sous la direction de M. Klinkott à l’Université
Technique de Karlsruhe (Allemagne).
[email protected]
Christelle March
716
Ingénieur de recherche, chargée de mission à l’IFPO (Amman)
depuis 2006 où elle a été chercheur associée de 1999 à 2002.
Architecte DPLG, diplômée en 1998, elle a obtenu, en 1999, un
DPEA « Architecture et Archéologie » avant de soutenir, en
2002, à l’Université de Lyon II, un DEA sur La réutilisation des
sanctuaires romains de Jérash-Gerasa à la période byzantine,
le temple haut du sanctuaire de Zeus et autres exemples. Elle
a travaillé au CEAlex de 2003 à 2006 comme co-responsable,
avec Laurent Borel, du projet de conservation et de mise en
valeur de la citerne el-Nabih. Elle est aujourd’hui chargée
du projet d’étude, de restauration et de mise en valeur du
sanctuaire de Zeus à Jérash en Jordanie, sous la direction de
Jean-François Salles.
[email protected]
Christophe Morhange
Professeur à l’Université d’Aix-Marseille (département de
géographie) et Directeur de Recherche au CEREGE à Aix-enProvence (CNRS, UMR 6635). Il travaille depuis près de 20
ans sur l’évolution des paysages côtiers en Méditerranée en
interaction avec l’occupation humaine. Auteur d’une centaine
de publications scientifiques sur les littoraux méditerranéens, il
a également publié un ouvrage grand public, Méditerranée, 250
millions d’années d’évolution des paysages, paru en 2007.
[email protected]
Géraldine Nater
Archéologue, diplômée de l’université de Neuchâtel en 2007
avec un mémoire de licence portant sur des tombes égyptiennes
d’époque gréco-romaine. Elle est collaboratrice scientifique au
Laténium.
[email protected]
Marie-Dominique Nenna
Directeur de Recherche au CNRS, UMR 5189, Maison de
l’Orient et de la Méditerranée, Lyon. Après avoir passé sept
ans à l’École Française d’Athènes, elle est entrée au CNRS en
1994. Spécialiste de l’artisanat du verre et de la faïence, elle a
coordonné les fouilles de la nécropole du Pont de Gabbari et du
chantier de Terra Santa effectuées par le CEAlex entre 1997
et 2004. Elle co-dirige avec Jean-Yves Empereur la publication
de la nécropole de Gabbari : deux volumes sont déjà parus,
Nécropolis 1 et 2 et deux autres sont en préparation.
[email protected]
Marie-Christine Petitpa
Archéologue, elle a participé à de nombreux chantiers de fouilles
en France et en Égypte, notamment au CEAlex. Elle prépare
une thèse d’histoire sur les prêtresses dans l’Égypte ancienne,
sous la direction de Laure Pantalacci, à l’Université de Lyon II.
Elle est actuellement professeur d’histoire dans le secondaire.
[email protected]
Valérie Pichot
Ingénieur d’études au CEAlex. Archéologue et archéométallurgiste,
elle dirige la fouille de la presqu’île de Maréa en bordure du lac
Mariout et intervient sur différents sites en Égypte et en Grèce
en tant qu’archéologue de terrain ou pour l’étude du mobilier
métallique antique.
[email protected]
Présentation des auteurs
Patrice Pomey
Directeur de Recherche au CNRS. Ancien membre de l’École
française de Rome (1971-1974), il a été directeur des Recherches
archéologiques sous-marines (Ministère de la Culture, 19841991) et directeur du Centre Camille Jullian (Université de
Provence, 2000-2008). Spécialiste d’archéologie maritime et
navale, d’histoire des techniques et d’archéologie sous-marine,
il a dirigé de nombreuses fouilles sous-marines dont celle de
l’épave romaine de la Madrague de Giens (1972-1981). Parmi ses
nombreuses publications, citons L’épave romaine de la Madrague
de Giens, Paris 1978 (en collaboration). Archeologia Subacquea,
Milan, 1981 (en collaboration avec P. Gianfrotta). La Navigation
dans l’Antiquité (Aix-en-Provence, 1997). Construction navale,
maritime et fluviale. Approche archéologique, historique et
ethnologique (Archaeonautica 14, 1998, en collaboration avec
E. Rieth). L’archéologie navale (Paris, 2005, avec E . Rieth). Il
est directeur de la collection Archaeonautica.
[email protected]
Patricia Rifa - Abou El Nil
Ingénieur d’Études en Archéologie au CEAlex où elle est chargée
de la gestion du dépôt de fouille et de l’inventaire de ses
collections. Co-responsable d’opération, en 1996-97, lors de la
fouille du chantier du Diana, elle en poursuit l’étude.
[email protected]
Oueded Sennoune
Occupe actuellement le poste d’iconographe au CEAlex dans
le cadre de cette exposition. Elle a obtenu une maîtrise en
Histoire de l’art et Archéologie à l’Université d’Aix-Marseille I
sur Le portrait peint à Florence au Quattrocento avant de
travailler de 1992 à 2001 à l’Afan (Association pour les
fouilles archéologiques nationales). Elle a soutenu une thèse en
septembre 2008 à l’Université de Lyon II, sous la direction de
Jean-Yves Empereur sur Les relations de voyage à Alexandrie
du VIe à 1798 avec un corpus d’environ 250 récits.
[email protected]
Cécile Shaalan
Ingénieur d’Études, responsable du service de topographie
et de cartographie au CEAlex. Diplômée de l’École Supérieure
des Géomètres-Topographes en 1997, elle dirige les relevés
topographiques sur les fouilles archéologiques. Elle assure
le classement, la numérisation des cartes et plans des
collections, ainsi que leur diffusion. Par ailleurs, elle a entrepris
des recherches sur la cartographie historique d’Alexandrie du
XVe jusqu’au milieu du XXe siècle dans le cadre d’une thèse dirigée
par J.-Y. Empereur.
[email protected]
Hélène Silhouette
Archéologue formée au sein de l’AFAN, elle a effectué différentes
missions en Égypte entre 1996 et 2001. Elle a ainsi été chargée
par Jean Yves Empereur, à Alexandrie, de la dernière campagne
de fouille du site du Cricket Ground en 1997 et d’une zone de
la nécropole de Gabbari en 1998. Elle a ensuite participé aux
fouilles du site de Taposiris, en Égypte avec la Maison de l’Orient.
Employée par l’INRAP depuis 2000 en tant que responsable
d’opération, elle a été co-responsable de la fouille des parkings
de Bordeaux en 2002. Elle est actuellement responsable de la
base archéologique de Pessac en Aquitaine.
[email protected]
Aude Simony
Archéomaticienne et céramologue, elle a travaillé au CEAlex
sur le S.I.G. alexandrin dans le cadre d’un stage de Master
Archéomatique (Université François Rabelais de Tours).
[email protected]
Magdy Torab
Vice-doyen de la faculté de Damanhour, professeur de
géomorphologie, il s’intéresse à la dynamique des paysages
en relation avec les changements climatiques et l’occupation
humaine. Il a fondé et dirige également the Egyptian association
of Environmental Changes. Parmi ses publications, citons
Principles of Physical Geography (Al Falah Press, Al Ain, UAE,
2003) et Landforms (Al Falah Press, Al Ain, UAE, 2004).
[email protected]
Agnès Tricoche
Chercheuse associée dans l’équipe «Archéologie du Monde
grec et systèmes d’information» à la Maison René-Ginouvès
(Nanterre). Elle a soutenu en 2007 une thèse à l’université de
Paris X, sous la direction d’A.-M. Guimier-Sorbets, récemment
publiée sous le titre L’eau dans les espaces et les pratiques
funéraires d’Alexandrie aux époques grecque et romaine
(IVe siècle av. J.-C. – IIIe siècle ap. J.-C.), Archaeopress, BAR
International Series 1919, Oxford, 2009. S’intéressant à
toutes les formes d’interactions culturelles dans le bassin
Méditerranéen antique, elle mène actuellement une recherche
sur les graffiti figurés d’Egypte aux époques ptolémaïque et
impériale, avec le soutien financier de la Fondation Michela
Schiff Giorgini (Lausanne, New York, bourse 2008-2009).
[email protected]
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