Les équipes mobiles d`urgence et de réanimation face aux
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Les équipes mobiles d`urgence et de réanimation face aux
G Model AMEPSY-1563; No. of Pages 6 Annales Médico-Psychologiques xxx (2012) xxx–xxx Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com Mémoire Les équipes mobiles d’urgence et de réanimation face aux interventions potentiellement traumatiques The mobile emergency medical staff and the traumatic experience Alexandra Laurent Laboratoire de psychologie, université de Besançon, 30-32, rue Mégevand, 25000 Besançon, France I N F O A R T I C L E R É S U M É Historique de l’article : Reçu le 22 juin 2011 Accepté le 8 mars 2012 Les médecins, infirmiers et ambulanciers des services mobiles d’urgence et de réanimation (SMUR) sont confrontés à de nombreuses interventions à caractère traumatique (morts violentes, blessés graves, catastrophes. . .). Cette étude vise à identifier les interventions potentiellement traumatiques des intervenants et à nous interroger sur le vécu et les répercussions psychotraumatiques de ces interventions. L’étude porte sur 69 intervenants SMUR, tous les sujets ont répondu à un entretien clinique semi-structuré et à un questionnaire mesurant les troubles psychotraumatiques (Posttraumatic stress disorder de Watson et al.). Sur l’ensemble de notre population, nous observons que 77 % des intervenants SMUR ont vécu une intervention à caractère traumatique. À long terme, l’intervention traumatique reste fixée en mémoire ; cependant, les répercussions psychopathologiques sont relativement faibles. L’événement traumatique n’est pas à appréhender dans une dimension psychopathologique, mais davantage dans le sens d’un rituel de passage permettant un réaménagement de l’identité professionnelle afin de faire mieux face aux interventions suivantes. ß 2012 Publié par Elsevier Masson SAS. Mots clés : État de stress post-traumatique Intervention traumatique Réaménagement défensif Service mobile d’urgences et de réanimation (SMUR) Traumatisme psychique A B S T R A C T Keywords: Emergency mobile Units Posttraumatic stress disorders Psychological adjustment Traumatic experiences The doctors, nurses and ambulance drivers of the mobile emergency medical service (‘‘SMUR’’ in French) are confronted with the death of their patients in their daily occupation (Laborie et al., 2002). In this context, the patients’ death is often unforeseeable and brutal; the deaths result from forms of violence, accidents, suicides and aggressions. Thus, two dimensions emerge from the urgency department; on the one hand the unpredictability of the operations and on the other hand the confrontation with death. These two dimensions refer to the two principal psychopathological aspects concerned in the psychic traumatism: the brutality of the event and the meeting with death. Objective. – The goal of our study is to describe potentially traumatic intervention by the SMUR staff and to find out about their personal experiences and also to measure the psychotraumatic repercussions. All along this research, we will rely on a qualitative and quantitative methodology, in order to confront the subjective richness of the clinical interviews with the data resulting from the questionnaire. Methodology. – The study is based on 69 members of the mobile emergency medical service: doctors, nurses and ambulance drivers. Everybody has answered a semi-structured clinical interview and a questionnaire measuring the psychotraumatic disorder: posttraumatic stress disorder interview of Watson et al. (1996). From the clinical interview, we carried out a thematic analysis in order to identify the various topics emerging from each person’s personal experience. We observe that the most exceptional interventions, such as catastrophes for example, are not more upsetting for the members of the SMUR. In a way, these interventions are regarded as a springboard for any professional career, a feeling of valorization is associated with it. On the contrary, it is more during their ‘‘daily’’ interventions that professionals express their traumatic experience. In this case, the professional is suddenly confronted with the horror, and the lack of preparation makes him more vulnerable to the ‘‘traumatic break down’’. Adresse e-mail : [email protected] 0003-4487/$ – see front matter ß 2012 Publié par Elsevier Masson SAS. http://dx.doi.org/10.1016/j.amp.2012.03.015 Pour citer cet article : Laurent A. Les équipes mobiles d’urgence et de réanimation face aux interventions potentiellement traumatiques. Ann Med Psychol (Paris) (2012), http://dx.doi.org/10.1016/j.amp.2012.03.015 G Model AMEPSY-1563; No. of Pages 6 2 A. Laurent / Annales Médico-Psychologiques xxx (2012) xxx–xxx Conclusions. – The traumatic event is not to be understood in a psychopathological dimension, but more like an ‘‘initiatic ritual’’ allowing reorganization of the professional identity to cope with the following interventions. Thus, we witness the appearance of new faculties: the members of SMUR change their values, they get new competences: from now on, they can apprehend their work in a new way. Thus, the professionals seem to escape from the ‘‘traumatic curse’’. However, time only reveals the true nature of the event, which has been experienced, since trauma is also what we do with it afterwards. ß 2012 Published by Elsevier Masson SAS. 1. Introduction Les médecins, infirmiers et ambulanciers des services mobiles d’urgence et de réanimation (SMUR) sont confrontés quotidiennement à des situations imprévisibles et brutales [22] résultantes de violences, d’accidents, de suicides et d’agressions. Les interventions SMUR s’exercent souvent dans un climat d’horreur où le spectacle de cadavres mutilés ou défigurés, la mort d’un enfant, ou la souffrance et la détresse des patients, participent au vécu dramatique des situations [23,25]. Cette réalité professionnelle nous renvoie aux deux principaux aspects psychopathologiques en jeu dans le traumatisme psychique, d’une part, la brutalité de l’événement, et, d’autre part, la rencontre avec la mort [5]. En effet, le traumatisme est décrit comme un phénomène bref et soudain. Sans avoir eu le temps de se prémunir du danger, l’homme est soudainement saisi par l’irruption de la violence, il est alors fasciné, sidéré. Freud [18] parle dans ce cas d’effroi. Pour comprendre le phénomène traumatique, Lebigot [26,28] a recours à la métaphore freudienne de l’appareil psychique : lorsqu’il y a trauma, l’image réelle de la mort va faire effraction dans le psychisme et s’y incruster, telle quelle, ne trouvant dans l’inconscient aucune représentation pour l’accueillir, la lier, la transformer afin qu’elle puisse prendre sens. Le psychisme se trouve alors envahi par un afflux d’excitations violentes et agressantes qui débordent sa capacité de défense, bouleversant ainsi fondamentalement son fonctionnement [8,11]. La perte d’illusion d’immortalité va être le corollaire de l’incrustation dans l’appareil psychique de l’image du réel de la mort. Cliniquement, on l’observe par les réactions de sursaut, les angoisses, les craintes du sommeil et certaines phobies [27]. La perte d’illusion d’immortalité va créer une véritable rupture dans l’histoire de vie du sujet [4]. Elle brise la relative unité de l’individu, bouleverse les convictions narcissiques d’invulnérabilité, d’un environnement protecteur et d’un autrui secourable, et laisse le sujet dans le chaos [3]. Les conséquences psychopathologiques d’un traumatisme psychique sont réunies sous le nom de syndrome psychotraumatique. Dans la littérature figure également le terme d’état de stress post-traumatique (ESPT), ou posttraumatic stress disorder (PTSD), mais pour rejoindre l’approche psychodynamique du traumatisme psychique [3,4,9,28], nous pensons que ce terme crée une confusion entre la notion de stress et de trauma. En effet, lorsque l’on parle de stress post-traumatique, on laisse entendre que le stress est postérieur au trauma et que la symptomatologie est consécutive à la réactivation du stress. Cependant, il existe une distinction radicale entre stress et trauma [8,28]. Le stress est une réaction physiologique, neurologique et hormonale déclenchée à partir du moment où l’individu est exposé à un événement potentiellement traumatique, il est éphémère et sans séquelle psychologique [9]. Quant au trauma, c’est une réaction psychologique provoquant des manifestations cliniques caractéristiques du syndrome psychotraumatique. Le syndrome psychotraumatique est un état psychique chronique organisé et durable, il n’éclôt qu’au terme d’un temps de latence, variable selon les individus. Il se caractérise par un syndrome pathognomonique de répétition, le trauma est revécu de manière constante sous forme de cauchemars, de souvenirs répétitifs ou de reviviscences visuelles hallucinatoires, d’état d’alerte et de sursauts au bruit. Le syndrome de répétition participe à la compréhension du phénomène traumatique : l’image réelle de la mort, n’ayant aucune représentation pour l’accueillir dans l’appareil psychique, ne se comporte pas comme un souvenir, mais elle reste intacte, au détail près. Lorsqu’elle surgit à la conscience (cauchemars, reviviscences), c’est au temps présent, comme si l’événement était en train de se produire, donnant lieu à une détresse significative. On décrit également d’autres symptômes dits « non spécifiques », car on peut les observer dans d’autres pathologies mentales. Ainsi, des manifestations névrotiques peuvent venir se greffer sur le syndrome de répétition, soit dans un registre hystérique allant jusqu’à la survenue de conversions somatiques, ou encore dans un registre obsessionnel lorsque l’idéation contraint le sujet à de multiples rituels conjuratoires et vérificatoires. Des manifestations phobiques accompagnent très fréquemment la pathologie psychotraumatique, il s’agit par exemple d’éviter tous les chemins qui se rapprochent du lieu de l’événement ou qui rappellent sa survenue. Parmi les symptômes non spécifiques, on observe également une anxiété permanente et des manifestations d’asthénie physique, psychique et sexuelle. Les manifestations psychosomatiques ont également une grande fréquence ainsi que des troubles de la conduite, en particulier l’installation de l’alcoolisme ou de la toxicomanie [6]. Le syndrome psychotraumatique se manifeste aussi par une réorganisation de la personnalité. En effet, la perte d’illusion d’immortalité va avoir pour conséquence un effondrement progressif des supports qui habituellement permettent au sujet d’éprouver une sérénité face à ce qui l’entoure. L’environnement devient alors menaçant, dépourvu de sécurité, source d’une inquiétude nouvelle où tout peut arriver. Ainsi, le sujet traumatisé n’est plus comme avant : il a désormais une nouvelle manière de percevoir le monde. Les intervenants ressentent une démotivation et une perte de l’intérêt pour le monde extérieur, ils ont l’impression de n’être ni compris ni soutenus, ils sont irritables et marquent une propension au retrait solitaire et amer [7,8]. L’efficacité sur le terrain est diminuée, les professionnels doutent de leurs capacités et leur rôle de « sauveur » est remis en question [7,29]. De Soir [13] décrit également des conséquences plus pernicieuses du syndrome psychotraumatique comme l’absentéisme, le présentéisme, la perte de rendement, ce qu’il nomme des « indicateurs de détresse sociale ». Ces derniers ne sont pas toujours immédiatement visibles et le personnel « souffre pendant de longues périodes avant de capituler, de ‘‘craquer’’, car épuisé psychiquement et/ou physiquement ». Des études mettent en évidence la présence de troubles psychotraumatiques chez les intervenants en médecine d’urgence. Jehel [20] en France indique que 11 % des personnels service d’aide médicale urgente (SAMU) manifestent des troubles psychotraumatiques. De Clercq et al. [12] constatent que 13,3 % des personnels SMUR présentent un ESPT complet trois ans après la prise en charge des victimes d’un attentat dans un auditoire d’étudiants de l’université de Louvain. Aussi, l’étude de Epstein [16] montre que 18 mois après la catastrophe du Ramsteinen en Allemagne, 7,3 % des personnels médicaux présents manifestent un ESPT. Pour citer cet article : Laurent A. Les équipes mobiles d’urgence et de réanimation face aux interventions potentiellement traumatiques. Ann Med Psychol (Paris) (2012), http://dx.doi.org/10.1016/j.amp.2012.03.015 G Model AMEPSY-1563; No. of Pages 6 A. Laurent / Annales Médico-Psychologiques xxx (2012) xxx–xxx Au regard de ces données, notre étude consiste à identifier les interventions potentiellement traumatiques [32] des intervenants SMUR et à nous interroger sur le vécu et les répercussions psychotraumatiques de ces interventions. Au cours de cette recherche, nous nous attacherons à confronter la richesse subjective des entretiens cliniques avec les données quantitatives issues du questionnaire de stress post-traumatique (QSPT) de Watson et al. [34]. 2. Méthodologie 2.1. Population Notre population est constituée d’intervenants d’un SMUR : 69 sujets (45 hommes et 24 femmes) ont accepté de participer à cette recherche. Ce groupe comprend 22 médecins, 16 infirmier(e)s anesthésistes, 20 conducteurs ambulanciers et 11 étudiants en médecine. La moyenne d’âge des intervenants est de 39,41 ans (9,481) et leur ancienneté dans le service est en moyenne de sept ans et 11 mois. Les permanenciers ne sont pas inclus dans cette étude. Le recueil de données s’est déroulé sur l’année 2005 au sein d’un SMUR de la région parisienne. 2.2. Outils et mode d’analyse Tous les sujets ont répondu à un entretien clinique semistructuré, un questionnaire sociodémographique (âge, sexe, situation familiale, catégorie socioprofessionnelle. . .) et un QSPT. Le QSPT, réalisé d’après le Posttraumatic stress disorder interview (PTSD-I) de Watson et al. [34], traduit par Brunet en 1995 et validé en autoquestionnaire par Jehel et al. [21] permet d’évaluer la survenue d’un événement traumatique et donne une approche diagnostique de l’ESPT actuel ou sur la vie entière. Le QSPT se partage selon les cinq axes d’évaluation du DSM-III-R. Le diagnostic d’ESPT nécessite la validation de chacun des axes. Enfin, le QSPT propose un score de sévérité de l’intensité des troubles avec une amplitude de 17 à 119, calculé grâce à la somme des scores des 17 items ; le score seuil pathologique est fixé à 51 [21]. L’entretien semi-structuré a été mené par une psychologue clinicienne ; il a permis d’explorer trois thèmes principaux : le vécu de l’activité professionnelle ; le vécu et les répercussions psychologiques d’une intervention émotionnellement difficile ; les facteurs de vulnérabilité et la stratégie d’ajustement lors d’une intervention émotionnellement difficile. Nous avons procédé à une analyse de contenu des 69 entretiens. Cette analyse cherche à fournir une interprétation qui rassemble deux pôles, d’une part, la rigueur de l’objectivité, et, d’autre part, la fécondité de la subjectivité [2]. Cette méthode s’organise autour de trois phases chronologiques [33,34] : la pré-analyse : il s’agit ici de prendre connaissance de l’ensemble des entretiens et d’identifier les thèmes qui s’en dégagent ; l’exploitation du matériel : cette phase consiste à procéder aux opérations de codage qui permettent l’élaboration d’une grille de catégorie rassemblant des éléments du discours ayant des caractères communs sous un titre générique. Ensuite, il s’agit de remplir la grille de catégories par une opération de comptage (nombre de fois où le thème est cité par l’ensemble du groupe) ; traitement et interprétation : les données brutes sont traitées par des opérations statistiques simples telles que des pourcentages qui permettent de mettre en relief les informations apportées par l’analyse [2]. L’interprétation des résultats consiste à « prendre 3 appui sur les éléments mis au jour par la catégorisation pour fonder une lecture à la fois originale et objective du corpus étudié » [30]. 3. Résultats 3.1. Le questionnaire de stress post-traumatique L’un des objectifs de notre étude était de mettre en évidence l’importance des situations à caractère traumatique dans la médecine d’urgence et d’en mesurer les conséquences sur la santé mentale des intervenants. Au regard du QSPT, 77 % des intervenants SMUR ont vécu une intervention à caractère traumatique associée à une réaction de peur, d’horreur ou d’impuissance (Tableau 1). À long terme, les répercussions psychologiques des interventions à caractère traumatique sont relativement faibles puisque nous ne retrouvons qu’un seul ESPT dans la population SMUR (Tableau 1). Nous observons toutefois que 3 % des intervenants répondent à deux des trois critères diagnostiques d’ESPT, et 13 % répondent à un seul des trois critères, principalement le critère B, c’est-à-dire les symptômes de répétition. Enfin, l’intensité moyenne des troubles psychotraumatiques manifestés par les intervenants est de 24,59 (écart type 9,424), ce qui reste faible au regard du score seuil pathologique estimé à 51 [21]. 3.2. Analyse de contenu des entretiens cliniques Chaque thème est présenté en fonction de son nombre d’apparitions au sein des 69 entretiens. Ainsi, nous présentons dans l’ordre décroissant les situations évoquées par le plus grand nombre de sujets. Chacun des thèmes est illustré de vignettes cliniques afin de mettre en avant le vécu des intervenants. 3.2.1. Thème 1. Nature des interventions à caractère traumatique chez le personnel des services mobiles d’urgences et de réanimation Les interventions jugées choquantes émotionnellement sont de quatre ordres. 3.2.1.1. Les interventions sur des événements sanglants et violents de la vie courante. Les défenestrations, les suicides dans le métro, les accidents de la voie publique, l’immolation ou les meurtres sont des événements qui confrontent le personnel SMUR à des images sanglantes et violentes. Pour 41 % des sujets (28 sur 69 sujets), ils sont décrits comme des interventions à caractère traumatique provoquant des sentiments d’horreur et d’irréalité : « Les métros, c’est violent, y a du sang. . . Y avait de la bidoche de partout. » Tableau 1 Nombre de sujets du groupe services mobiles d’urgences et de réanimation (SMUR) répondant aux critères de l’état de stress post-traumatique (en %) selon le questionnaire de stress post-traumatique (QSPT). Critères du QSPT (fréquence) Groupe SMUR (n = 69) Critère A1 : événement à caractère traumatiquea Critère A2 : réaction de peur, d’impuissance ou d’horreur Critère B : symptômes de répétition Critère C : symptômes d’évitement Critère D : symptômes d’hypervigilance Présence d’un seul syndrome du PTSD Présence de deux syndromes du PTSD PTSD complet 97 77 16 4 3 13 3 1,5 % % % % % % % % (67/69) (53/69) (11/69) (3/69) (2/69) (9/69) (2/69) (1/69) PTSD : posttraumatic stress disorder. a Confrontation à « un événement durant lequel des individus ont pu mourir ou être gravement blessés ou bien être menacés de mort ou de graves blessures ou bien durant lequel son intégrité physique ou celle d’autrui a pu être menacée ». Pour citer cet article : Laurent A. Les équipes mobiles d’urgence et de réanimation face aux interventions potentiellement traumatiques. Ann Med Psychol (Paris) (2012), http://dx.doi.org/10.1016/j.amp.2012.03.015 G Model AMEPSY-1563; No. of Pages 6 4 A. Laurent / Annales Médico-Psychologiques xxx (2012) xxx–xxx 3.2.1.2. Les interventions pédiatriques. Être confronté à la mort ou à la souffrance d’un enfant lors d’une intervention est vécu comme un événement à caractère traumatique pour 33 % (23 sur 69 sujets) des intervenants SMUR. Ces interventions donnent souvent lieu à une forte identification à la famille de l’enfant. 3.2.1.3. La mort pendant une intervention. Vingt-deux pour cent (15 sur 69) des personnels SMUR verbalisent que la mort d’un patient pendant l’intervention a eu un effet traumatique. Ce type d’intervention est souvent associé à de forts sentiments de culpabilité, d’échec et d’impuissance de la part du personnel SMUR. 3.2.1.4. Les attentats. La vague d’attentats parisiens en 1995 et 1996 a fortement mobilisé l’aide médicale urgente. Les intervenants SMUR ont été confrontés à une organisation des secours d’une ampleur exceptionnelle et à des images de chaos comme certains n’en avaient encore jamais vécu. Vingt-neuf intervenants sur 69 étaient présents dans le service à cette époque. Sur ces 29 sujets, seuls trois intervenants évoquent un des attentats comme l’événement traumatique de leur carrière : « J’avais l’impression d’arriver à la guerre. » 3.2.2. Thème 2. Les facteurs de vulnérabilité du professionnel lors d’une intervention à caractère traumatique De nombreux intervenants décrivent lors des entretiens des facteurs qui ont participé au vécu traumatique des interventions citées ci-dessus. 3.2.2.1. Identification à la souffrance de la famille ou du patient. Lors des interventions, la famille du patient est parfois présente et exprime toute sa détresse face à la situation. La charge émotionnelle qu’engendre cette situation est souvent évoquée lors des entretiens ; 79 % des personnels SMUR expriment leur désarroi face à la souffrance de la famille : « ce qui est extrêmement dur, c’est de laisser la famille dans la détresse. . . On a l’impression que notre travail est inachevé », « les personnes qui nous sautent dessus et se mettent à pleurer, ça demande un grand effort pour ne pas se laisser submerger ». Les intervenants (35 %, soit 24 sur 69) expliquent alors s’être mis à la place du patient « il était de la même année que moi. . . », « j’ai imaginé son quotidien, elle et son mari, elle m’a touché », ou à de la famille « c’était un enfant, j’étais papa », et avoir ressenti une vive émotion. L’identification au cours d’une intervention semble être le talon d’Achille du personnel SAMU « faut surtout pas s’identifier », « on n’est pas là pour pleurer avec eux », « si on se met à leur place on est foutu ». L’identification à la souffrance du patient ou de la famille est d’autant plus importante lorsque l’intervenant a vécu un événement de vie difficile qui va faire écho à la situation. Pour 18 % des personnels SMUR, les interventions à caractère traumatique sont apparues à la même période qu’un événement de vie personnelle difficile. « Je n’ai toujours pas fait le deuil de mes parents, alors annoncer un décès à quelqu’un c’est difficile, je revis ce sentiment d’abandon », « après la mort de mon père, j’étais plus capable d’assurer, j’étais toujours remise face à ma situation personnelle », « par la médecine, j’essaie de réparer ce que je n’ai jamais pu réparer dans ma famille. . . Avec cette intervention je me suis rendu compte que je ne pouvais pas tout réparer. . . J’étais comme anesthésiée ». 3.2.2.2. L’imprévisibilité. Pour 41 % (28 sujets sur 69), l’imprévisibilité des interventions est source de charge émotionnelle. Cette imprévisibilité domine le quotidien professionnel : le personnel SMUR peut intervenir à tout moment et sur n’importe quelle pathologie, dans un contexte inconnu où le pronostic vital peut s’aggraver à tout moment : « on sait pas ce qui va se passer, on sait jamais quand on part au travail, on vit un peu des situations de guerre », « sur l’intervention tout est possible », « je suis parti sur quelque chose de soi-disant pas sérieux, j’y suis allé les mains dans les poches. Je suis rentré, le choc a été immédiat. . . Je ne m’étais pas préparé à voir ça ». Ces situations sont fréquemment associées à un sentiment d’échec, d’impuissance et de culpabilité. 3.2.3. Thème 3. Les répercussions psychologiques des interventions à caractère traumatique 3.2.3.1. L’inscription dans la mémoire de l’intervention à caractère traumatique. Dans les mois et même les années qui suivent l’intervention traumatique, 77 % (53 sur 69) du personnel SAMU s’en souviennent avec une précision étonnante. Ils peuvent en donner des détails visuels, olfactifs ou se rappeler du prénom du patient, « Je me vois encore tenir ce nourrisson dans le creux de mes mains (larmes aux yeux) », « Je me souviens de tout, même du papier peint de l’appartement », « Je la revois très nettement », « Ils sont figés, enregistrés. . . ». Dans la majorité des cas, le rappel de l’événement marquant ne survient pas de manière spontanée, mais en lien avec un stimulus évocateur : le professionnel repart sur le même type d’intervention (lieu ou pathologie). Cette situation est parfois accompagnée d’une tension interne, le sujet est tendu, a les mains moites : « Quand je repars sur le même type d’intervention, j’y repense, je préférerais ne pas être là, j’ai peur que ce soit la même », « À chaque fois qu’on me dit douleur thoracique, je repense à cette intervention, je revois ce monsieur. . . » ; le professionnel est confronté à un détail évocateur sur les lieux d’une intervention ou dans la vie quotidienne « Quand je revois un motard avec le même type de casque je repense à ce patient », « Ce qui revient c’est la fumée, l’odeur, ça revient quand je passe devant une station de métro », « À chaque fois que j’arrive à cet embranchement du périphérique, je repense à cet accident » ; le professionnel repart avec la même équipe : « Quand je suis avec ce médecin en intervention, j’ai une boule dans la gorge » ; le rappel peut survenir lors d’une discussion entre collègues à propos d’interventions marquantes ou devant une émission de télévision portant sur des événements difficiles : « J’ai vu un reportage sur un service de grands brûlés, j’ai été impressionné, mon cœur s’est accéléré, j’avais les mains moites. » Ce rappel est la plupart du temps furtif, les intervenants expliquent qu’ils arrivent à le maı̂triser et à passer à autre chose rapidement : « Ça dure pas longtemps, mais c’est toujours là ». 3.2.4. Le réaménagement de l’identité professionnelle 3.2.4.1. Acquisition de nouvelles compétences. Suite à une intervention difficile, 54 % (37 sur 69) des professionnels de l’urgence essaient d’investir l’événement de manière à ce que celui-ci soit l’occasion de s’aguerrir professionnellement. Ils se sentent alors mieux préparés, plus armés psychologiquement pour affronter les interventions suivantes : « Je me suis endurci » « Ça me rend plus forte. . . », « Grâce à cette intervention je fais mieux face aux situations dramatiques. . . », « Cette mission m’a permis de ressortir avec un esprit critique pour mieux faire. . . », « Ça sert de leçon ». Dans d’autres cas, l’événement à caractère traumatique vient s’inscrire comme élément déclencheur pour entamer une formation, se spécialiser ou reprendre les études : « Après, je me suis rué sur les articles concernant ce domaine. . . Maintenant, je pourrai retourner sur cette même intervention, je n’aurai pas cette tétanie », « J’ai mis toute mon énergie pour me former. . . », « Cette intervention m’a été riche en expérience. . . Je suis devenu un Pour citer cet article : Laurent A. Les équipes mobiles d’urgence et de réanimation face aux interventions potentiellement traumatiques. Ann Med Psychol (Paris) (2012), http://dx.doi.org/10.1016/j.amp.2012.03.015 G Model AMEPSY-1563; No. of Pages 6 A. Laurent / Annales Médico-Psychologiques xxx (2012) xxx–xxx spécialiste de la mort subite », « J’étais ambulancier à l’époque, et ça m’a poussé à devenir infirmier. . . ». De manière générale, la spécialisation et la formation professionnelle prennent une valeur de réassurance et permettent aux intervenants de donner du sens à l’événement : « Il faut une explication, une connaissance qui fait que l’extraordinaire devient explicable », « J’ai essayé de trouver des explications rationnelles. . . », « Je me suis renseigné sur les pratiques d’immolation dans certains pays. . . Savoir que ce n’était pas quelque chose d’exceptionnel, que ça pouvait être bien réel, ça m’a rassuré ». L’acquisition de compétences permet également de se libérer de la charge émotionnelle vécue lors de l’événement : « Je devais me former, j’en avais besoin, c’était cathartique, quasi thérapeutique. » 3.2.4.2. Le changement de valeur. L’événement traumatique aboutit à un changement de valeurs professionnelles ou personnelles pour 36 % (25 sur 69) des intervenants. Ainsi, l’événement va déclencher un changement de comportement dans le domaine professionnel : « Maintenant, je prends plus de temps pour calmer le patient et pour voir la situation dans son ensemble. . . » ; ou familial : « Cet événement m’a remis en question, j’ai changé mes priorités. . . Ma famille est plus importante que mon travail », « Cet événement m’a permis de retrouver mes marques dans ma famille. . . » ; et enfin personnel : « Grâce à cet événement, j’ai changé, ou plutôt je suis redevenu moi-même », « De s’être trompé, ça rend plus humble ». 3.2.4.3. Valorisation professionnelle. Enfin, l’intervention a permis à certains sujets d’accéder à une notoriété, une assise et une crédibilité professionnelles. En effet, plus l’événement est exceptionnel, plus celui-ci permet au professionnel de se valoriser : « J’y étais », « J’ai fait Saint-Michel », « C’était l’événement de ma vie », « Après, quand on sort pour une douleur thoracique, ça fait un peu fade ». C’est le cas de cet intervenant qui, lorsque nous lui demandons de décrire une intervention traumatique, se souvient de l’atrocité de l’attentat, tout en insistant sur le fait que cet événement lui a permis de faire valoir ses compétences professionnelles. 4. Discussion 4.1. Interventions traumatiques et vulnérabilité L’objectif de notre étude était de mettre en évidence l’importance des situations à caractère traumatique dans la médecine d’urgence et de mesurer les conséquences psychotraumatiques sur les intervenants. Au regard de nos résultats, 77 % du personnel SMUR a vécu une intervention à caractère traumatique associée à une réaction de peur, d’horreur ou d’impuissance. La coloration traumatique des interventions s’observe à travers les entretiens, la rencontre avec l’image de la mort vient faire effraction dans le psychisme des intervenants, provoquant un état de sidération, « J’étais tétanisée. . . », « J’étais comme sidérée pendant quelques secondes. . . », « On est blasté par la vision. . . », « C’était irréel ». On note également un sentiment d’impuissance et d’horreur devant des corps abı̂més : « Y avait de la bidoche de partout, on savait pas par où commencer », « C’était un pantin désarticulé. . . Cette femme sous le train, c’était irréel », « On est arrivé, c’était un bain de sang, on est pas habitué à voir ça ». La nature de ces interventions traumatiques semble spécifique ; comme Girault [19] et Dyregrov [15], nous observons que les interventions les plus exceptionnelles, telles que les attentats, les catastrophes aériennes, les missions du « SAMU mondial » (tremblements de terre, inondations. . .) ne sont pas les plus 5 bouleversantes pour le personnel SMUR. Au contraire, ces interventions exceptionnelles sont considérées comme un tremplin pour la carrière professionnelle, un sentiment de valorisation y est associé. Ces événements catastrophiques provoquent pour 25 % des intervenants une véritable exaltation où l’attention, la concentration, les capacités mentales et d’actions sont décuplées : « Il me faut de l’urgence », « J’aime les périodes de crise », « Il me faut ma dose (de stress) ». Sous le stress, les intervenants mobilisent leur capacité d’action, d’attention, ils sont préparés à affronter l’horreur et donc moins pris au dépourvu. Le stress constitue alors, comme De Clercq [12] l’a évoqué, un moyen de prévenir le traumatisme psychique. À l’inverse, c’est davantage lors des interventions « quotidiennes » que les professionnels expriment leur vécu traumatique. Dans ce cas, l’intervenant s’attend à une situation habituelle et il est soudainement confronté à l’horreur. L’imprévisibilité de la situation ne permet pas à l’intervenant de se préparer, d’anticiper, le rendant ainsi plus vulnérable à l’effraction traumatique. Un autre facteur de vulnérabilité se dégage des entretiens en lien avec la souffrance du patient ou de la famille. Face à la détresse, l’intervenant n’arrive plus à trouver la distance émotionnelle suffisante et il va s’identifier à la situation. L’intervenant réagit alors comme s’il était intimement concerné par l’événement, des résonances émotionnelles [9,10] pénibles vont naı̂tre et s’incruster en mémoire. Ainsi, l’analyse qualitative du vécu des interventions d’urgences met en avant que la nature même de l’intervention (violence, gravité, menace vitale) ne détermine pas à elle seule la valeur traumatique d’un événement. Peu importe le caractère exceptionnel de l’intervention, il suffit qu’elle entre en résonance avec la propre histoire de l’intervenant pour que celle-ci bouleverse son équilibre psychique. Chacune des interventions est vécue de manière singulière chez le professionnel, et c’est dans cette singularité que le vécu traumatique doit être appréhendé. 4.2. L’intervention traumatique : un rituel de passage Si le vécu traumatique des interventions est présent chez les intervenants, à long terme nous n’observons qu’une faible intensité des troubles psychotraumatiques et seulement un ESPT dans la population SMUR. En revanche, 77 % des professionnels gardent en mémoire l’intervention qu’ils ont vécue comme traumatique. Dans les années qui suivent, le professionnel se rappelle de l’événement aux détails près, l’oubli paraı̂t inaccessible. L’intervenant SMUR serait ainsi comme condamné à porter une intervention traumatique, mais non au sens où le définit Barrois [3], comme un rite sacrificiel où la répétition ne fait qu’affirmer la puissance de l’effroi, mais davantage tel un rite de passage afin de mieux se protéger des interventions suivantes. En effet, la notion de rite de passage est définie par Van Gennep [31], comme une épreuve permettant de lier l’individu au groupe, mais aussi de structurer sa vie en étapes précises, lui apportant ainsi une perception apaisante de son rapport à sa temporalité et à sa mortalité. Le rite de passage joue donc un rôle important pour l’individu, dans sa relation au groupe, et pour la cohésion du groupe dans son ensemble. Duez [14] comprend le rite de passage comme un équivalent traumatique : il parle de répétition rituelle qui serait une tentative de contrôler, d’intégrer le vécu traumatique dans la vie psychique. Les rites de passage signifieraient à la fois l’abandon de l’ancienne identité et l’acquisition d’une nouvelle. L’analyse qualitative des entretiens nous laisse penser que certaines interventions prennent la forme d’un rituel de passage, permettant au personnel SMUR un réaménagement de l’identité professionnelle que l’on observe sous forme de changement de valeurs, d’acquisition de nouvelles compétences et de l’émergence d’une vocation. Elle marque le passage entre un Pour citer cet article : Laurent A. Les équipes mobiles d’urgence et de réanimation face aux interventions potentiellement traumatiques. Ann Med Psychol (Paris) (2012), http://dx.doi.org/10.1016/j.amp.2012.03.015 G Model AMEPSY-1563; No. of Pages 6 A. Laurent / Annales Médico-Psychologiques xxx (2012) xxx–xxx 6 avant et un après qui structure et ordonne la carrière professionnelle. L’intervention traumatique comme rituelle relie les intervenants dans ce que Bacqué [1] nomme le « partage d’une symbolique commune » ; c’est le signe indubitable qu’ils ont connu l’horreur et qu’ils en sont revenus plus forts et invulnérables. Trace de leur compétence et d’une identité professionnelle, c’est ce qui va leur permettre de gagner la confiance du groupe et de se sentir appartenir et intégré au groupe. réactions, et mettre en valeur les propres capacités d’adaptation des intervenants SMUR [24]. Déclaration d’intérêts L’auteur déclare ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. Références 4.3. L’après traumatisme Ainsi, les intervenants semblent parvenir à se dégager de la « malédiction traumatique » [10]. Pourtant, seul le temps révèle la véritable nature du vécu de l’événement, car le trauma c’est aussi ce que l’on en fait après. Et c’est bien cet après qui révèlera si ce réaménagement se situe du côté de l’élaboration psychique ou du bordage de la souffrance [4]. Crocq [10] parle « d’élaboration résiliente » ; dans ce cas, l’expérience traumatique fait sens pour l’intervenant. Ce dernier est en mesure de réinscrire l’événement dans son histoire de vie, tel un souvenir construit et mentalisé. Les professionnels ne retrouvent pas leur état psychique initial, ils reviennent de leur expérience traumatique changés, mais dans le sens d’une « progression traumatique » [17] permettant l’éclosion de facultés nouvelles. Au contraire, le « bordage de la souffrance » signifie que la symptomatologie psychotraumatique se fait cliniquement silencieuse, mais que l’événement traumatique est fixé en mémoire à l’état brut, restant une expérience de non-sens. On peut apparenter cet état à une période de latence, où l’activité professionnelle fait moratoire. C’est une fois l’intervenant en inactivité que son édifice défensif s’écroule et laisse place aux symptômes psychotraumatiques. Hors de l’activité d’urgence, les intervenants devront alors faire face à la souvenance de leur trauma : « Je me demande souvent, quand je vais arrêter mon activité, est-ce que tout ça va pas revenir en cauchemars » (infirmière, SMUR). [1] [2] [3] [4] [5] [6] [7] [8] [9] [10] [11] [12] [13] [14] [15] [16] [17] [18] 5. Conclusion Avant de conclure, soulignons que nous avons travaillé à partir de données rétrospectives, et le discours des professionnels liés au vécu des interventions difficiles dépend aussi de ce que le sujet a gardé en mémoire de sa réaction, dans l’après-coup. Ainsi, nous sommes confrontés à « l’illusion rétrospective » [9] où la réaction immédiate de l’intervention a été remodelée, la réalité du passé parasitée par le présent. Cette étude auprès des intervenants SMUR nous montre que la confrontation avec l’adversité au quotidien ne signifie pas fatalement une rencontre traumatique. Le fait d’éprouver des émotions douloureuses ne signifie pas non plus une entrée dans la psychopathologie. Les réactions psychologiques et émotionnelles des intervenants doivent être considérées avant tout comme normales, en rapport avec ce qu’ils vivent. Nous l’avons vu, le vécu traumatique des interventions ne dépend pas du caractère objectif de l’événement, mais de la spécificité que l’événement prend pour le professionnel. La clinique du trauma semble dépasser les critères du DSM-IV de reviviscence, d’évitement, d’activation neurovégétative et de réduction du fonctionnement social et occupationnel. Dans le vécu traumatique, on se retrouve face à une rupture qui engendre un véritable remaniement de l’identité professionnelle de l’intervenant. Si des mesures préventives et thérapeutiques sont à proposer dans un service comme celui du SMUR, ce n’est pas pour pathologiser les réactions des intervenants, mais au contraire pour préserver l’importance de ce réaménagement défensif, pour offrir une reconnaissance, un soutien et une légitimation des [19] [20] [21] [22] [23] [24] [25] [26] [27] [28] [29] [30] [31] [32] [33] [34] Bacqué MF. Apprivoiser la mort. Paris: Odile Jacob; 2002. Bardin L. L’analyse de contenu. Paris: PUF; 1977. Barrois C. Les névroses traumatiques, 2e édition, Paris: Dunod; 1998. Briole G, Favre JD, Lafont B, Lebigot F, Vallet D. Le traumatisme psychique : rencontre et devenir. Toulouse : rapport de psychiatrie du Congrès de psychiatrie et de neurologie de langue française ; 1994. Chahraoui K. Traumatisme psychique, situations extrêmes et vulnérabilité psychologique. Ann Med Psychol 1997;155:177–83. Cremniter D, Laurent A. Soins psychiatriques urgents aux victimes. Rev Prat 2003;53:1517–22. Crocq L, Lery O. 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Pour citer cet article : Laurent A. Les équipes mobiles d’urgence et de réanimation face aux interventions potentiellement traumatiques. Ann Med Psychol (Paris) (2012), http://dx.doi.org/10.1016/j.amp.2012.03.015