"Itinéraire d`un chercheur de… parcours d`insertion" in L`emploi

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"Itinéraire d`un chercheur de… parcours d`insertion" in L`emploi
"Itinéraire d'un chercheur de… parcours d'insertion" in L'emploi sportif : Etat de la
connaissance, attente des partenaires sociaux et méthodes d'analyse,
AFRAPS/RUNOPES, 2004, pp. 131-135.
C. Delmas, C. Dorvillé, S. Fleuriel
Faculté des sciences du sports et de l'éducation physique - Université de Lille 2
1. Quelques enjeux de la mesure de l'insertion professionnelle
L'éclairage historique rappelle que l'intégration universitaire récente des STAPS s'est
constituée à partir de la formation des étudiants au professorat d'EPS, depuis la création
des UER EPS en 1968 aux UFR APS en 1984,et le cortège de mesures institutionnelles
qui l'accompagnent dont les créations des diplômes universitaires, de l'agrégation EPS,
de la 74ème section du CNU, …
Ce processus d'universitarisation s'est traduit par l'habilitation successive par le
ministère de l'Education Nationale entre 1982 et 1990 de quatre mentions de maîtrise,
soit activité physique adaptée (APA), management du sport, entraînement sportif et
éducation et motricité, censées correspondre à des secteurs nouveaux d'activités autour
notamment du handicap et de la vieillesse, du milieu associatif, de l'encadrement sportif,
des loisirs…
Pourtant, hormis les discours ministériels incantatoires sur la nécessité pour l'Université
de se préoccuper de l'insertion professionnelle des étudiants, aucune enquête nationale
ne s'est intéressée à la filière des STAPS avant 1999 (Martellini, Molinari, 2000). Deux
raisons peuvent être invoquées : le faible poids statistique, et particulièrement
concernant les étudiants de second et troisième cycle ; et le débouché massif, classique,
et donc connu que consiste l'enseignement secondaire.
La mise en conformité - tardive -, de l'accueil des bacheliers, avec la loi d'orientation de
1984, a entraîné une crise de la croissance brutale avec un triplement des premières
inscriptions à partir de 1994. Cette massification, liée à la suppression de la sélection à
l'entrée en première année, conjuguée à une stagnation du nombre de postes offerts au
concours de recrutement de l'enseignement secondaire, a amené les UFR APS à
conquérir de nouveaux secteurs professionnels et à concurrencer d'autres institutions
publiques dont le ministère de la jeunesse et des sports (et les brevets d'état d'éducateurs
sportifs qu'il délivre), les collectivités territoriales (et la filière sport qu'elles identifient),
et privées liées au secteur marchand telles que les écoles de commerce (ESC Nantes),
les écoles des métiers du golf (Vandargues), etc.
A cet égard, il est révélateur que les quelques enquêtes relatives aux étudiants STAPS
dans les années 80 (Gresser, 1989 ; Michon, Faber, 1987) restent centrées sur les
"entrants" dans la filière STAPS alors que les enquêtes plus récentes s'intéressent plus
spécifiquement aux sortants (Génolini, Dorvillé, 2002 ; Pichot 2002, Pigeassou,
Escande, 2001). Face à une croissance très forte des effectifs dans les UFR, il semble
nécessaire de faire le bilan de l'offre de formation relativement à l'insertion afin de
permettre aux étudiants de réaliser des choix d'orientation raisonnés et aux enseignants
d'actualiser leurs programmes (dont la mise aux normes européennes des diplômes
devient une contrainte supplémentaire).
Pourtant la volonté de mesurer l'adéquation entre une offre de formation et un marché
d'emplois susceptible "d'absorber les diplômés" n'est pas sans ambiguïtés, avec, en
premier lieu, le risque d'exacerber la concurrence interne en hiérarchisant des filières
d'excellence (du moins pensées comme telles) en vertu de leur valeur sur le marché, ou
-1-
au contraire peu performantes et délaissées par les étudiants. Ensuite, la mesure de
l'insertion devient pour le commanditaire une procédure d'évaluation qui confine bien
souvent à l'auto-évaluation de l'efficacité de l'offre de formation, dont l'intérêt bien senti
conduit soit à une surévaluation de l'insertion, soit à résister à toutes formes
d'objectivation potentiellement dangereuses pour toutes les parties prenantes de la
formation. Ainsi le focus réglé sur la seule dimension de l'accès à l'emploi peut amener
les UFR STAPS à négliger d'autres fonctions fondamentales prêtées aux universités
dont la formation intellectuelle à l'esprit critique, la socialisation, etc. (Dubet, 1994). En
outre, il convient de rappeler que les formations complémentaires, les réseaux à
caractère professionnalisant, de sociabilité, sportifs, etc., qui concentrent aussi les
ressources essentielles de l'accès à l'emploi (en terme de capital social, culturel,
économique, …) nuancent par là même la valeur d'usage d'un diplôme et rompt avec
l'illusion d'une stricte linéarité entre formation et emploi (Tanguy, 1986). On saisit dès
lors que les résistances, ou du moins les formes d'inertie, qu'une administration au sens
large - dont les enseignants - peut développer face à une volonté de savoir ou un travail
de dévoilement potentiellement perturbateurs.
2. Enquêter sur les parcours d'insertion : un vrai parcours du combattant
Par souci de réflexivité (Bourdieu, 2001), il paraît utile de rappeler les conditions
sociales dans lesquelles a été réalisée l'enquête sur l'insertion professionnelle des
étudiants en soulignant d'une part comment l'objet du questionnement parvient à
émerger, et d'autre part en listant l'ensemble des présupposés d'enquête mobilisés lors de
la collecte des matériaux.
L'objectivation des résultats de l'insertion repose sur un paradoxe : chacun s'accorde
dans le discours public, c'est-à-dire politiquement correct, à en affirmer – voire à la
revendiquer – son absolue nécessité alors qu'en réalité peu sont disposés à en faire
l'effort, ne serait-ce que pour consulter les travaux existants1. Ce paradoxe prend
d'autant plus corps que le travail d'objectivation fait courir le risque d'évaluer le poids de
chaque diplôme sur le marché et dont les résultats pourraient cette fois-ci se révéler
politiquement très incorrects. Dans cette perspective, on soulignera le principe de
cordiale inertie consistant à encourager l'enquête sans vouloir réellement en supporter le
coût, qu'il soit financier (frais de reproduction, timbrage, …) ou encore en force de
travail (mise à disposition de personnel, décharge horaire, …) ; la connaissance
approximative de quelques étudiants, connus personnellement des responsables de
filière, suffisant à se construire une représentation complaisante du marché. De fait,
cette recherche a mis plus de deux ans à prendre forme. Après délibération du conseil
d'administration de l'UFR pour couvrir les frais afférents à l'enquête (environ 3000
francs en 2000 !)2, une partie de la procédure (constitution de l'échantillon, recueil des
fichiers étudiants, envoi, recueil et saisie des questionnaires, édition des résultats) a pu
être confiée au Service Universitaire d'Accueil, d'Information et d'Orientation de
l'Université de Lille 2 (SUAIO)3. Les tâches d'adaptation du questionnaire et
1
On songe entre autres aux travaux de D. Martinelli et M. Molinari (2000) réclamés depuis longtemps par
la communauté et empruntés depuis son enregistrement à la documentation de section deux fois
seulement.
2
L'insertion professionnelle des étudiants n'est pas un axe prioritaire du laboratoire de sciences sociales
hébergé à la faculté des sciences du sport de Lille 2 qui n'a donc vu aucune raison de supporter le coût
financier de l'entreprise.
3
Sous la direction de Madame De Bosscher que nous remercions ici chaleureusement.
-2-
interprétation des résultats sont revenues à l'UFR avec toutes les difficultés
méthodologiques qui en découlent, en particulier et dans un pareil de cas de soustraitance technique, la maîtrise aléatoire de l'échantillon de la population contactée,
l'imposition de catégories administratives ad hoc, le contrôle difficile du codage et de la
saisie des questionnaires4.
Si on a rarement intérêt à rappeler les conditions particulières de l'enquête, c'est qu'elles
portent en elles tous les risques d'invalidation méthodologique de la recherche dans leur
aspect le plus banal et quotidien, c'est-à-dire les techniques d'enquête, quand les forces
qui visent à produire les résultats cherchent précisément à surmonter les obstacles les
plus ordinaires et les plus matériels du travail d'objectivation. Autrement dit, pour ne
pas compromettre une débauche d'énergie dont la légitimité est par avance discutée, les
conditions de validation des résultats se transforment aisément en secret de fabrication
qui élude un tant soit peu les questions de méthode. Ainsi par économie de temps, c'està-dire dans une logique de productivité scientifique rendue impérative par les conditions
même de l'enquête, le recours spontané à un ensemble de présupposés associés à la
notion de parcours d'insertion (Grelet, 2003), impose par exemple l'idée que la
formation détermine a priori des trajectoires professionnelles. Mais cette idée, demeurée
à l'état implicite, organise la production des résultats en fonction des différentes filières
STAPS alors même que leur principe de construction n'est pas interrogé et fait
fonctionner des évidences quant à leurs débouchés professionnels "naturels". Il se forme
un véritable biais à lire des parcours d'insertion en fonction de filières
professionnalisantes élaborées indépendamment du marché selon une logique
strictement universitaire liée à la pression démographique, tout en supposant qu'elles
reflètent les besoins du marché. En poussant le raisonnement, les filières finissent par
imposer l'idée que le marché de l'emploi sportif est structuré à leur image en quatre
grands secteurs (l'adaptation, l'entraînement, l'enseignement, et le management) alors
qu'une observation fine des parcours montre qu'un étudiant a très bien pu se positionner
sur ces quatre domaines au cours d'un même emploi ou de plusieurs emplois successifs,
ce qui rend peut-être caduque toute détermination des filières quant à l'insertion.
L'examen des présupposés ne se cantonne pas à la question des filières, il touche
également à la représentation ordinaire de la notion d'insertion qui convoque de
multiples critères pour en cerner sa qualité et dont le temps d'attente à la sortie de la
formation, les périodes de chômage, la nature du contrat (CDD, CDI, …), le niveau de
salaire, etc., se présentent comme autant d'indices de précarité. Encore une fois,
l'économie des moyens scientifiques conduit aisément à s'approprier ces critères
manifestement pertinents pour les transposer au marché de l'emploi sportif. Mais ce
transfert, pour si utile qu'il soit dans le travail de comparaison entre deux marchés
distincts, contribue du même coup à faire abstraction des particularités de l'univers
sportif dont le propre est s'être construit autant en relation avec les pratiques de loisir
qu'avec le monde du travail. Dans ce contexte, la transposition mécanique des indices de
précarité propre au monde structuré du travail n'est pas toujours féconde pour saisir des
trajectoires d'insertion complexes dans un univers sportif liant plusieurs modalités de
pratiques (amateur, professionnel) qui échappent aux catégories classiques de la
sociologie du travail (Chevalier, 2002). Que dire par exemple d'un étudiant qui n'a
objectivement pas attendu pour trouver un premier emploi quand en fait son employeur
4
L'accès aux informations nominatives concernant les étudiants est strictement réservé aux
administrateurs des services de scolarité qui ont par exemple adopté un dispositif de codage des
professions et catégories sociales des parents très insatisfaisant.
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est aussi le club dans lequel il pratique depuis longtemps ? Que dire encore d'un
éducateur territorial des APS (ETAPS) dont le statut est manifestement stable et
harmonisé mais dont les prérogatives peuvent varier du tout au tout (de l'animation
sportive à la direction d'un service des sports) au gré des municipalités ? Que dire enfin
de la catégorie fourre-tout de "professeur de sport" qui appréhende aussi bien le
professeur d'EPS salarié de l'Education Nationale, que l'agent contractuel et vacataire de
structures privées ou encore le fonctionnaire du Ministère de la jeunesse et sports ? Le
fait que l'univers sportif ne soit que partiellement organisé comme un marché de
l'emploi est donc une invitation à la prudence méthodologique surtout quand il s'agit de
penser cet univers avec les catégories qui lui sont étrangères.
3. Quelques résultats d'enquête
Ainsi, l’enquête5 (tableau 1) nous amène à la fois à distinguer entre plusieurs profils et à
nous interroger sur la réalité du poids des diplômes sur le marché et sur la
différenciation des profils par filière.
Plusieurs profils semblent donc a priori s’esquisser et resteraient à observer à l’avenir.
Le profil des étudiants issus de la filière éducation et motricité les plus fortement dotés
d’un baccalauréat scientifique et les plus fortement féminisés, qui réussissent le
concours CAPEPS dans la droite ligne des études et obtiennent dans la foulée un
premier emploi d’enseignant d’EPS, peut se caractériser comme particulièrement
linéaire. Les satisfactions quant à l’emploi occupé mais aussi sur le contenu des
formations et sur l’information des débouchés sont plus fortes que pour les autres
filières. Toutefois, un étudiant sur deux environ de cette filière redouble sa formation,
soit qu’il se soit présenté au concours sans l’avoir obtenu, soit qu’il ne soit pas
finalement présenté à un concours. Ces étudiants, titulaires de baccalauréats plus
diversifiés, et qui sont pour moitié des filles, sont largement des contractuels des
services publics, détenteurs d’un contrat à durée déterminée, au niveau de salaire moins
élevé, et travaillant le plus souvent à temps partiel. Ces conditions de relative précarité
déterminent un niveau d’insatisfaction au travail plus élevé que pour les autres groupes
ainsi qu’un regard plus critique sur les contenus de formation (25% très satisfaits, 75 %
moyennement satisfaits) et surtout un taux record d’insatisfaction relativement à
l’information proposée sur les débouchés professionnels (50 % pas satisfaits). Seuls les
étudiants issus de la filière entraînement sportif font preuve d’une telle insatisfaction à
l’égard des contenus de formation (75 % MS, 25 % PS) et de l’information proposée sur
les débouchés professionnels (100 % pas satisfaits), ces derniers, qui sont plutôt des
garçons (20 % F), s’étant majoritairement présentés à un concours de la fonction
publique (60 %), sans l’avoir obtenu pour 66% d’entre eux, mais obtenant toutefois
5
A la fin de l’année universitaire 1998-1999, 261 étudiants diplômés de bac+2 au moins ne se sont pas
réinscrits l’année suivante et quittaient la faculté des sciences du sport et de l’éducation physique. Nous
avons cherché, par voie de questionnaire, à savoir ce qu’ils étaient devenus et comment se réalisait leur
insertion professionnelle. En dehors des non réponses (117 individus soit 44,8 % de la population) et de
ceux qui n’habitent plus à l’adresse indiquée (39 individus soit 14,9 %), nous avons récupéré 105
questionnaires qui se répartissent ainsi : 17 pour la filière management (7 ont obtenu une licence, 10 une
maîtrise), 65 pour la filière éducation et motricité (1 titulaire du DEUG, 53 licenciés, 11 titulaires de la
maîtrise), 5 pour la filière entraînement sportif (2 licenciés, 2 titulaires de la maîtrise, 1 titulaire d’un
DESS), 8 pour la filière activités physiques adaptées (4 licenciés, 4 titulaires de la maîtrise), 2 autres
(titulaires d’un DESS), 8 non réponses (1 titulaire du DEUG, 7 licenciés).
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rapidement un poste d’éducateur des APS, d’animateur sportif ou de professeur des
APS, et cela majoritairement en CDI et à temps plein. Contrairement à toute attente,
pratiquement neuf garçons sur dix ont investi la filière management (11% de femmes)
pour présenter le concours de la fonction publique territoriale et diriger des activités de
service des sports en milieu municipal. Quelques emplois jeunes viennent "innover des
postes" pour structurer et développer certaines pratiques sportives (agent de
développement handball, canoë, etc.). Le niveau moyen de salaire est l’un des plus
élevés (9300 francs) même si un étudiant sur quatre se déclare insatisfait de sa situation
professionnelle, ce qui explique peut-être une forte accumulation du nombre d’emplois
occupés soit dans une perspective de mobilité professionnelle positive soit dans une
logique négative de turn over dû à l’instabilité du marché. Par symétrie à ce troisième
profil de “ management viril ” des collectivités territoriales, la filière APA recueille le
plus fort taux d’étudiantes manifestement studieuses (un seul étudiant a redoublé son
cursus) mais dont les conditions salariales et professionnelles demeurent précaires pour
des emplois sans beaucoup de relations directes avec les activités physiques adaptées (la
majorité devenant éducateurs sportifs ou professeurs des écoles) ce qui explique peutêtre le regard critique porté sur les contenus de formation comme le niveau de déception
quant aux informations délivrées sur les débouchés professionnels.
La formation ne semble donc pas toujours et systématiquement déterminer les
trajectoires professionnelles. Par ailleurs, plus d’informations sur la nature exacte des
emplois occupés (la labilité du vocabulaire utilisé et l’incertitude taxinomique qui en
résulte constituant ici une limite) contribueraient sans doute à remettre en cause ici la
structuration du marché de l’emploi en quatre grands secteurs à l’image des quatre
grandes filières (enseignement, management, adaptation et entraînement), remise en
cause pour laquelle militent cette absence de détermination systématique des trajectoires
par la formation initiale ainsi que le constat d’un positionnement fréquent des étudiants
sur plusieurs domaines aux cours de leurs emplois successifs (adaptation puis
enseignement, enseignement puis management etc.). La possession d’un emploi régulier
parallèlement aux études souvent liée à la possession d’autres qualifications sportives
telles que le brevet d’Etat d’éducateur sportif contribue sans doute à ce positionnement,
comme elle explique en partie, avec la réussite à un concours (d’enseignement ou de
conseiller des APS) que, toutes filières et tous diplômes confondus, les deux tiers des
étudiants trouvent un emploi très rapidement (dans le mois qui suit leur sortie de
l’université), plutôt dans le secteur sportif (public et privé, marchand et non marchand,
associatif et non associatif) et le plus souvent dans la région, la mobilité géographique
étant globalement très faible.
Ces résultats nous amènent donc à nous interroger sur la pertinence d’une vision par
trop cloisonnée du secteur sportif ainsi que sur l’effet concours et les conséquences
inhérentes à leur saturation et à la réorientation des étudiants en STAPS, quelle que soit
leur filière. D’autant que la sur-représentation ici de la filière “ éducation et motricité ”,
orientée vers le professorat d’EPS, et le fait qu’il s’agit ici de jeunes ayant commencé
leurs études entre 1994 et 1997 ou parfois avant, date où la massification des effectifs de
la filière commence à peine (Molinari, 2000), explique l’importance de la Fonction
publique dans les secteurs d’emplois représentés ici. Par ailleurs, la précarité apparente
mais aussi la variabilité des niveaux d’emplois et le poids des professions
intermédiaires (25 % d’étudiants issus des filières APA, management et entraînement
devenant par exemple éducateurs des APS et éducateurs sportifs) qui renvoient aux
spécificités du secteur, interroge ici sur la notion de parcours d’insertion. Ainsi faudrait-
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il pousser plus loin l’analyse, non seulement en comparant les résultats de l’enquête
avec ceux concernant d’autres filières universitaires mais aussi et surtout en évaluant
ces trajectoires à l’aune non pas des autres marchés de l’emploi mais du marché de
l’emploi sportif.
Enfin, il faut s’interroger sur l’impact de facteurs tels que l’origine sociale (poids des
enfants de cadres - 47 % pour la filière éducation motricité, 35 % pour la filière
management du sport -), ou le sexe, dont on peut se demander dans quelle mesure il ne
constitue pas l’un des facteurs les plus significatifs, comme en atteste l’analyse des
profils précités, largement différenciés sexuellement, ainsi que les modalités
différenciées de recherche d’emploi, les garçons privilégiant les réseaux familiaux et
d’amitié, les filles s’orientant davantage vers les concours ainsi que vers les
candidatures spontanées. De même, le niveau sportif atteint semble jouer sur le choix de
certaines filières (un niveau national est plus fréquent dans la filière entraînement
sportif) ou de certains secteurs d'emploi (un niveau de pratique élevé s'accommodant
mieux du secteur sportif associatif fédéré).
Une approche qualitative devrait donc permettre dans un second temps de mieux
comprendre à partir d'entretiens la genèse de profils types, et de cerner les
caractéristiques des non-répondants au questionnaire, puis de mieux articuler la
formation initiale et les formations complémentaires, et enfin, de nuancer les indices de
satisfaction relatifs aux cursus. A l'heure de transformations conséquentes du paysage
universitaire (vers le système Licence Master, Doctorat), la mesure et le suivi
systématiques des diplômés sortants devient une nécessité qui devrait dépasser les
difficultés et les résistances énumérées ci-dessus.
4. Bibliographie
Martellini D., Molinari M. (2000), L'insertion professionnelle des diplômés de
l'enseignement supérieur, CEREQ, n° 150.
Gresser B. (1989), "Les entrants en Staps à Lille", Revue Staps, n° 20, pp. 15-30.
Faber C., Michon B. (1987), "Les postulants en Staps à Strasbourg", Revue Staps, n°15,
pp. 47-78
Génolini J.-P., Dorvillé C. (2002), Les trajets de formations emplois chez les étudiants
inscrits en filière professionnelle des Staps, ronéoté, Laraps, Université de Toulouse 3.
Pichot L. (2002), "L'insertion professionnelle des diplômés en Staps", Le Roux N.
(coord.), Camy J. (dir.), L'emploi sportif en France : situation et tendances d'évolution,
Afraps-Runopes, pp. 385-410.
Pigeassou C., Escande C. (2001), "Emplois et carrières des étudiants diplômés en
management du sport (1983-1997) de l'Université de Montpellier 1", Ermes - Corps et
Culture.
Tanguy L. (dir.) (1986), L'introuvable relation formation-emploi. Un état des de la
recherche en France, La documentation Française.
Dubet F. (1994), "Dimensions et figures de l'expérience étudiante dans l'université de
masse", Revue Française de Sociologie, XXXV, pp. 511-531.
Bourdieu P. (2001), Science de la science et réflexivité, Raisons D'Agir Editions.
Grelet Y. (2003), Des typologies de parcours. Méthodes et usages, Cereq.
Chevalier V. , Dussart B. (2002), "De l'amateur au professionnel : le cas des pratiquants
de l'équitation", L'année sociologique, n° 52/2, pp. 451-468.
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