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synthèse Formes sévères d’hypersensibilité médicamenteuse retardée Rev Med Suisse 2013 ; 9 : 803-11 C.-M. Maniu G. Buss L. Feldmeyer F. Spertini C. Ribi Drs Christa-Maria Maniu, Guillaume Buss et Camillo Ribi Pr François Spertini Service d’immunologie et d’allergie Dr Laurence Feldmeyer Service de dermatologie et vénéréologie CHUV, 1011 Lausanne [email protected] [email protected] [email protected] [email protected] [email protected] Severe delayed drug hypersensitivity reactions Although most delayed drug hypersensitivity reactions are mild and show rapid improve ment after drug discontinuation, there are severe systemic and/or cutaneous drug reac tions which may be lifethreatening. These entities are discussed here, namely DRESS syndrome (Drug Reaction with Eosinophilia and Systemic Symptoms), acute generalized exanthematous pustulosis (AGEP), Stevens Johnson syndrome and toxic epidermal necro lysis (TEN). Early detection of warning signs and symptoms may help to take appropriate measures precociously. Bien que les réactions d’hypersensibilité médicamenteuse re tardée soient fréquemment peu symptomatiques et d’évolution rapidement favorable après l’arrêt du médicament causal, il existe des formes systémiques et cutanées sévères, potentielle ment mortelles. Ces différentes entités sont abordées dans cet article, à savoir le syndrome DRESS (Drug Reaction with Eosi nophilia and Systemic Symptoms), la pustulose exanthématique aiguë généralisée (AGEP, pour Acute Generalised Exanthema tous Pustulosis), le syndrome de StevensJohnson et la nécro lyse épidermique toxique (ou syndrome de Lyell). Il s’agit d’en identifier rapidement les signes et symptômes d’alerte, afin que les mesures adéquates puissent être prises précocement. introduction Les réactions d’hypersensibilité font partie des effets secon daires les plus fréquents liés aux médicaments, avec une pré valence estimée à environ 10 cas pour 1000 introductions de traitement.1 On peut grossièrement distinguer entre les réac tions d’hypersensibilité immédiate (survenant dans les heures qui suivent l’exposition à un médicament) de celles retardées (survenant au bout de plusieurs heures, jours, voire semaines d’exposition). Cet article traite exclusivement de réactions d’hypersensibilité retardée. Tous les médicaments peuvent théoriquement être impliqués, mais certains plus fréquemment, comme les pénicillines, les sulfamides, l’allopurinol et les anti épileptiques (carbamazépine, lamotrigine et phénytoïne). Il s’agit le plus souvent d’exanthèmes généralisés (L 80% des cas) et d’urticaire (5 à 10% des cas),2 manifestations qui peuvent parfois être difficiles à distinguer des dermatoses non médicamenteuses (exan thème viral en particulier). Les réactions d’hypersensibilité médicamenteuse sont le plus fréquemment d’intensité modérée et d’évolution rapidement favorable après l’arrêt du médicament causal. Toutefois, il existe des réactions médicamenteuses retardées sévères potentiellement mortelles. Dans cet article, nous abordons ces différentes entités, à savoir le syndrome DRESS (Drug Reaction with Eosinophilia and Systemic Symptoms), la pustulose exanthématique aiguë généralisée (AGEP, pour Acute Generalised Exanthematous Pustulosis), le syndrome de StevensJohnson et la nécrolyse épidermique toxique (ou syndrome de Lyell). Pour le clinicien, il s’agit de déceler rapidement les signes et symptômes d’alerte évocateurs d’une réaction médicamenteuse cutanée sévère (bulles, atteinte des muqueuses, œdème facial, état fébrile, lymphadénopathies), afin que des mesures adéquates puissent être prises précocement. syndrome dress Le syndrome DRESS est une réaction d’hypersensibilité sévère à un médicament, caractérisée par une éruption cutanée et un état fébrile, symptômes fréquemment associés à des lymphadénopathies, à des anomalies hématologiques et à l’at Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 17 avril 2013 11_19_37132.indd 1 803 11.04.13 10:44 Tableau 1. Substances fréquemment impliquées dans les réactions d’hypersensibilité médicamenteuse retardée Listenonexhaustive. Drug Reaction with Eosinophilia and Systemic Symptoms (DRESS) 75 Pustulose exanthématique aiguë généralisée (AGEP) 23 •Abacavir •Allopurinol •Antiépileptiques: –Carbamazépine –Lamotrigine –Phénobarbital –Phénytoïne •Dapsone •Mexilétine •Minocycline •Névirapine •Sulfaméthoxazole •Sulfasalazine •Vancomycine •Aminopénicillines •Antiépileptiques •AINS •Corticostéroïdes •Diltiazem •Hydroxychloroquine •Macrolides •Pristinamycine •Quinolones •Sulfamides •Terbinafine Syndrome de Stevens-Johnson/ nécrolyse épidermique toxique 41 •Allopurinol •Antibiotiquessulfamidés (parexemple,co trimoxazole) •Antiépileptiques: – Carbamazépine – Lamotrigine – Phénobarbital – Phénytoïne •AINSdetypeoxicam (parexemple,piroxicam) etdetypedérivé arylacétique(parexemple, diclofénac) •Névirapine •Céphalosporines •Macrolides •Quinolones •Tétracyclines teinte d’au moins un organe interne (le plus souvent une hépatite).3 Ce syndrome est déclenché par un nombre re lativement restreint de médicaments (tableau 1). Sa fréquen ce est de 1 : 1000 à 1 : 10 000 lors de la prise d’un traitement antiépileptique, et sa mortalité est élevée, estimée à 10% environ (sur défaillance principalement).4 Le syndrome DRESS est une entité qui a précédemment connu d’autres dénominations variées, ce qui peut prêter à confusion. Après l’introduction des premiers antiépileptiques dans les an nées 1940 (hydantoïne et ses dérivés), des cas de lympha dénopathies postulées induites par le traitement sont dé crits, dont l’apparence anatomopathologique évoque une étiologie lymphomateuse.5 En 1959, une série de sept cas similaires est publiée, et le terme de pseudolymphome médicamenteux est proposé.6 Au vu de la multiplication de cas similaires liés à des traitements anticonvulsivants (carbama zépine en particulier), fréquemment associés à un rash cutané et à un état fébrile, l’appellation de syndrome d’hypersensibilité aux antiépileptiques (AHS, Anticonvulsant Hypersensitivity Syndrome) est ensuite adoptée.7 Toutefois, il apparaît qu’un tableau clinique identique peut survenir avec d’autres clas ses de médicaments (sulfamides, allopurinol, antirétroviraux), raison pour laquelle le terme de syndrome d’hypersensibilité induit par les médicaments est proposé (DiHS, Drug-induced Hypersensitivity Syndrome, ou plus simplement HSS, Hypersensitivity Syndrome),8 terminologie encore utilisée actuellement. L’acronyme DRESS – que nous utiliserons dans cet article – est finalement proposé en 1996,3 afin de préciser la présen ce d’une éosinophilie en plus de l’atteinte cutanée et des symptômes systémiques. Toutefois, l’éosinophilie ne serait présente que dans 70% des cas et elle ne s’observerait pas avec certains médicaments (lamotrigine, abacavir),9 raison pour laquelle ce terme peut également susciter la contro verse. 804 Figure 1. Exanthème maculo-papuleux dans le cadre d’un syndrome DRESS (Drug Reaction with Eosinophilia and Systemic Symptoms) Manifestations cliniques Atteinte cutanée Il s’agit le plus souvent d’un exanthème maculeux très inflammatoire impliquant L 50% de la surface corporelle, touchant plus volontiers les membres inférieurs et le tronc (figure 1). Plus rarement, il peut se présenter avec une érythrodermie, des vésicules, des bulles, des pustules ou un purpura.4 Un œdème facial est souvent associé. L’atteinte cutanée survient typiquement plus de deux semaines après la première prise médicamenteuse lorsqu’il s’agit d’un anti épileptique, et de quatre à vingt et un jours après la pre mière prise en ce qui concerne la plupart des autres médi caments.1 Des périodes de latence pouvant atteindre six à douze semaines ont été décrites. Atteinte systémique Les patients sont typiquement en état général diminué, avec un état fébrile L 38,5°, des lymphadénopathies et l’atteinte d’au moins un organe interne : il s’agit le plus sou vent d’une hépatite (L 80% des cas), mais d’autres atteintes sont possibles (néphrite interstitielle, pneumopathie inter stitielle, myocardite, sérosite, colite, pancréatite, méningite aseptique, encéphalite). Dans des cas sévères, des hépa tites fulminantes peuvent survenir, nécessitant une trans plantation hépatique. Altérations biologiques Une éosinophilie marquée L 1 G/l est le plus souvent retrouvée, associée à des lymphocytes activés (virocytes), dans le cadre d’une lymphocytose ou d’une lymphopénie. Une thrombopénie peut également être observée. Une réac tivation de HHV6 (Human Herpes Virus6) est fréquemment constatée deux à trois semaines après le début de la ma ladie.10 Une élévation des paramètres inflammatoires (VS, CRP) est fréquemment observée, bien qu’il ne s’agisse pas d’une caractéristique constante. Pathogenèse supposée Certains médicaments – ou leurs métabolites – peuvent devenir immunogènes en se liant de manière covalente à certaines protéines (à la surface des cellules ou dans le plasma). Le complexe «haptèneprotéine» ainsi formé est capable d’induire une réponse humorale ou cellulaire T Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 17 avril 2013 11_19_37132.indd 2 11.04.13 10:44 spécifique au médicament.11 Un autre mécanisme proposé est celui du «pi concept» (pour «pharmacological interaction of drugs with immune receptors»), où il est postulé qu’une réponse lymphocytaire T peut résulter de l’interaction di recte entre le médicament et le récepteur de la cellule T.12 Par ces deux mécanismes, des lymphocytes T activés spé cifiques au médicament ou à ses métabolites peuvent être générés, exprimant un phénotype cytotoxique (altération des kératinocytes et des hépatocytes) et sécrétant des quan tités élevées de cytokines (interférongamma, interleukine5, interleukine2). Une prédisposition génétique semble éga lement importante, avec des variantes HLA (Human Leucocyte Antigen) qui semblent clairement majorer le risque de syndrome DRESS chez des individus donnés. Par exemple, les sujets caucasiens porteurs de l’allèle HLAA*3101 sont à risque de développer un syndrome DRESS après l’admi nistration de carbamazépine.13 De même, l’allèle HLAB*5701 est fortement associé au syndrome d’hypersensibilité induit par l’abacavir,14 raison pour laquelle un dépistage de ces allèles doit systématiquement être effectué avant d’initier le traitement. Comme déjà mentionné, des réactivations de virus herpétiques (HHV6, mais également CMV (cytomé galovirus) et EBV (EpsteinBarr virus)) sont fréquemment observées deux à trois semaines après le début des symp tômes. Cellesci peuvent occasionner une exacerbation de l’hépatite alors que le médicament causal a déjà été stoppé depuis plusieurs semaines.9 Il n’est pas encore clairement défini si cette réactivation virale fait partie de la pathoge nèse du syndrome DRESS, ou s’il s’agit d’un phénomène secondaire qui complique l’évolution de la maladie. Diagnostic La variabilité des présentations cliniques et des attein tes d’organes dans le syndrome DRESS a motivé l’élabora tion de critères diagnostiques facilement applicables dans la pratique clinique. Le groupe RegiSCAR (groupe interna tional d’experts dédié à l’étude des réactions médicamen teuses cutanées sévères) propose des critères diagnosti ques pour des patients hospitalisés présentant un exan thème d’origine médicamenteuse postulé (tableau 2).15 Un groupe japonais propose une autre série de critères diag nostiques, incluant la réactivation de HHV6 (tableau 3),10 bien que le rôle de ce virus dans la pathogenèse du DRESS soit sujet à des controverses. Afin d’identifier formellement le médicament causal, il est possible de procéder à des tests Tableau 2. Critères diagnostiques pour le syndrome de DRESS (Drug Reaction with Eosinophilia and Systemic Symptoms) publiés par RegiSCAR15 *Troisdesquatredernierscritèressontrequispourlediagnostic. 1. Hospitalisation 2. Réactionpostuléed’originemédicamenteuse 3. Exanthème 4. Etatfébrile(L38°C)* 5. Lymphadénopathiesdansdeuxsitesdifférents(auminimum)* 6. Atteinted’aumoinsunorganeinterne* 7. Anomalieshématologiques*: – Lymphocytesenvaleuranormale(au-dessusouau-dessousdes normes) – Eosinophilie – Thrombopénie 806 Tableau 3. Critères diagnostiques pour le DiHS (Publiéparréf.10). DiHS:drug-inducedhypersensitivitysyndrome. 1. Rashmaculo-papuleuxsedéveloppantL3semainesaprèsl’initiation dumédicamentsuspecté 2. Prolongationdessymptômescliniquesdeuxsemainesaprèsl’arrêtdu médicamentincriminé 3. Etatfébrile(L38°C) 4. Perturbationsdestestshépatiques(ALATL100U/l)* 5. Anomaliesleucocytaires: – Leucocytose(L11G/l) – Lymphocytoseatypique(L5%) – Eosinophilie(L1,5G/l) 6. Lymphadénopathie 7. Réactivationduvirusherpétique6(HHV-6) Lediagnosticestconfirméenprésencedesseptcritères(DiHStypique) oudescinqpremierscritères(DiHSatypique). *Critèrepouvantêtreremplacépartouteautreatteinted’organe (néphriteinterstitielle,parexemple). cutanés (intradermoréactions) ou épicutanés (patchtests), tests dont la sensibilité est jugée bonne. Toutefois, la prati que de ces tests n’est pas recommandée, le risque de pro voquer une nouvelle réaction (exanthème généralisé le plus souvent) n’étant pas négligeable. Nous privilégions la pra tique de tests de transformation lymphocytaire (LTT), dont la sensibilité et la spécificité sont jugées bonnes, en parti culier pour les antiépileptiques.16 Traitement Il importe en premier lieu de stopper le médicament res ponsable. Une régression lente des symptômes (pouvant s’étaler sur plusieurs semaines) est caractéristique, même en cas d’arrêt précoce du médicament incriminé. Les corti coïdes systémiques restent le traitement de choix, en gé néral à une posologie de 1 mg/kg,4 puis selon un schéma dégressif. Dans des maladies résistant aux corticoïdes, l’administration d’immunoglobulines intraveineuses (IVIG) peut représenter une option thérapeutique.17 La ciclospo rine s’est également montrée efficace dans certains rapports de cas.18 L’introduction d’un nouveau médicament durant un syndrome DRESS peut induire une exacerbation des symptômes, par exemple, une aggravation de l’atteinte cu tanée, de l’état fébrile et/ou des tests hépatiques (réaction de «flare up»).19 Ainsi, les compresses devraient être pré férées au paracétamol ou aux AINS pour faire baisser la fièvre, et si une antibiothérapie est nécessaire, les bêtalac tames doivent être privilégiées (car elles ne semblent pas être associées au syndrome DRESS).9 pustulose exanthématique aiguë généralisée (agep) Il s’agit d’une réaction médicamenteuse rare, dont l’inci dence estimée est d’un à cinq patients par million d’habi tants/année.20 L’étiologie de l’AGEP est médicamenteuse dans L 90% des cas.21,22 Les substances les plus souvent incriminées sont les antibiotiques (environ 80% des cas), en particulier la pristinamycine, les aminopénicillines, les quinolones, les sulfamides et les macrolides. La terbina fine, l’hydroxychloroquine, le diltiazem, les AINS, les corti costéroïdes et les antiépileptiques ont également été mis Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 17 avril 2013 11_19_37132.indd 3 11.04.13 10:44 en cause.23 Des réactions de contacts au mercure 24 et au bufexamac 25 auraient été impliquées dans la genèse de l’AGEP. Finalement, une étiologie infectieuse (Coxsackie virus, CMV, Parvovirus B19, Chlamydia pneumoniae, Escherichia coli) a été évoquée dans des rapports de cas où aucune cause médicamenteuse n’a pu être identifiée.21 L’atteinte cutanée de l’AGEP est caractérisée par le développement de pustules stériles, typiquement intraépidermiques et souscornéales. Des séries de tests épicutanés (patchtests) positifs (reproduisant l’atteinte cutanée typique de l’AGEP après réexposition au médicament) et des études immu nohistochimiques récentes suggèrent le rôle des lympho cytes T (CD4r et CD8r) spécifiques au médicament causal dans la pathogenèse de l’AGEP.21 Ces lymphocytes T pro duiraient de grandes quantités d’interleukine8 (IL8), acti vant et recrutant un grand nombre de granulocytes neutro philes. Une importante réaction inflammatoire cutanée serait ainsi générée, via la production d’importantes quantités de cytokines et de chemokines (interférongamma, granulocyte macrophage colonystimulating factor, IL5).22 Les cellules Th17 et la cytokine IL22 semblent également être particu lièrement impliquées dans la pathogenèse de l’AGEP.26 Manifestations cliniques La période de latence est typiquement courte, avec des symptômes apparaissant généralement un à cinq jours après l’introduction du médicament suspecté, bien qu’un délai allant jusqu’à trois semaines ait été observé.27 L’éruption cutanée est caractérisée par un érythème rouge vif, œdé mateux, associé à de multiples pustules stériles non folli culaires dont la localisation intéresse principalement le tronc et les grands plis (figure 2). Des lésions muqueuses non érosives peuvent survenir dans 20% des cas. Un état fébrile est fréquemment associé, de même qu’une leucocytose avec neutrophilie (souvent L 7 G/l), et plus rarement une éosinophilie.28 Il n’y a en général pas d’atteinte d’organes internes. Diagnostic L’aspect histopathologique est caractérisé par des pus tules souscornéales ou intraépidermiques (spongiformes, non spongiformes ou les deux), un œdème du derme pa pillaire, un infiltrat périvasculaire composé de granulocytes neutrophiles et de quelques éosinophiles, ainsi que, focale ment, une nécrose kératinocytaire. Typiquement, il n’y a pas d’acanthose ou de papillomatose, ce qui permet de diffé rencier l’AGEP du psoriasis pustuleux généralisé, qui reste le diagnostic différentiel principal. Afin de déterminer le mé dicament causal, des tests épicutanés (patchtests) peuvent être effectués, avec une sensibilité de l’ordre de 50%.29 Le risque d’induire une nouvelle AGEP en posant les tests épicutanés est jugé faible, mais il n’est pas négligeable.30 Finalement, la valeur diagnostique du test de transformation lymphocytaire (LTT) reste mal définie dans l’AGEP, autant des tests positifs que négatifs ayant été décrits.31,32 Traitement L’AGEP est habituellement une maladie se résolvant spontanément en deux semaines environ, après que le médicament causal ait été stoppé. Dans la phase pustu Figure 2. Pustulose exanthémateuse aiguë généralisée (AGEP) leuse de la maladie, il s’agit surtout d’utiliser des solutions asséchantes et désinfectantes, afin d’éviter une surinfection. Lorsque les pustules disparaissent, une phase de desqua mation intervient, durant laquelle les émollients sont utiles pour préserver la fonction de barrière cutanée. Il n’a pas été démontré que l’usage de corticoïdes topiques ou sys témiques permettait d’accélérer la résolution de l’atteinte cutanée. Un corticoïde topique semble toutefois pouvoir occasionnellement être envisagé à but symptomatique, de même que des corticoïdes systémiques chez des patients présentant une atteinte cutanée particulièrement inflam matoire et étendue.21 syndrome de stevens-johnson et nécrolyse épidermique toxique Le syndrome de StevensJohnson (Stevens-Johnson Syndrome, SJS) et la nécrolyse épidermique toxique (Toxic Epidermal Necrolysis, TEN), aussi appelée syndrome de Lyell, font partie de la même entité de réaction médicamenteuse avec atteinte sévère de la peau, et dans la grande majorité des cas, aussi des muqueuses. Le SJS et la TEN se distin guent uniquement par l’extension de l’atteinte cutanée et peuvent survenir à tout âge. Leur incidence est estimée à un à deux cas par un million/habitants/année 33 avec une discrète prédominance de femmes. La mortalité est de 1 à 5% pour le SJS, et de 25 à 35% pour la TEN.34,35 Environ 5% des patients avec un SJS ou une TEN sont in fectés par le VIH.36 Dans ce groupe à risque, les facteurs prédisposants discutés sont la dysfonction immunitaire, une acétylation ralentie, l’exposition à des médicaments à risque (antibiotiques sulfamidés, antiviraux) et des infec tions concomitantes.37,38 Le SJS et la TEN sont principalement induits par des médicaments, mais des infections à Herpes simplex et à Mycoplasma pneumoniae ont également été reportées comme facteurs déclencheurs.39,40 Les manifestations cutanées ap paraissent typiquement 4 à 28 jours après l’introduction d’un médicament.41 En cas de réexposition, les symptômes cu tanés peuvent apparaître déjà dans les 48 heures.42 Le Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 17 avril 2013 11_19_37132.indd 4 807 11.04.13 10:44 risque de SJS/TEN semble diminuer de façon significative pour tous les médicaments après huit semaines de prise sans réaction cutanée observée 43 et une augmentation lente des doses d’allopurinol et de lamotrigine peut diminuer le risque de SJS/TEN.44,45 L’étude EuroSCAR,41 publiée en 2008, a permis de stratifier le risque de SJS/TEN pour différents médicaments. Un risque élevé existe pour les antibiotiques sulfamidés (en particulier pour le cotrimoxazole), l’allopu rinol, la carbamazépine, la phénytoïne, la lamotrigine, le phénobarbital et les AINS de type oxicam (par exemple, piroxicam). Un risque modéré a été observé pour les cé phalosporines, les aminopénicillines, les macrolides, les qui nolones, les tétracyclines et les AINS de type dérivé aryla cétique (par exemple, diclofénac). La névirapine, la sertra line, le pantoprazole et le paracétamol ont également été identifiés comme déclencheurs de SJS/TEN. Pour les corti coïdes, souvent administrés avec d’autres médicaments à risque, une association claire n’a pas encore pu être dé montrée. Selon le registre EuroSCAR, les pénicillines, les inhibiteurs de l’enzyme de conversion, les anticalciques, les diurétiques – et les sulfamidés non antibiotiques (diu rétiques et antidiabétiques oraux), les insulines et les AINS de type acide propionique (par exemple, ibuprofène) ne semblent pas être associés à un risque élevé de SJS/TEN. Manifestations cliniques Les manifestations cutanées sont souvent précédées ou accompagnées d’une baisse de l’état général et d’un état fébrile. La peau peut initialement être diffusément dou loureuse. Des macules érythémateuses ou violacées éten dues, avec bulles et érosions, s’installent progressivement de manière confluente (figure 3). La partie supérieure du tronc, le visage, les paumes des mains et les plantes des pieds sont les régions habituellement atteintes en premier. Les lésions cutanées ressemblent à des cocardes atypiques avec deux zones concentriques, des contours flous et des vésicules ou bulles centrales. Un phénomène de Nikolsky peut être déclenché sur les érythèmes. Ce phénomène dé crit le décollement de la peau en exerçant une discrète pression tangentielle.46 Des érosions, le plus souvent des muqueuses oculaire et orale (figure 3) mais aussi génitale ou anale et des voies urinaires, sont présentes dans la ma jorité des cas. L’atteinte des muqueuses trachéale et bron chique est une des plus graves complications. Moins de 10% de la surface corporelle sont atteints dans le SJS et plus de Figure 3. Atteinte cutanée et muqueuse dans le cadre d’une nécrolyse épidermique toxique (SyndromedeLyell). 808 Tableau 4. Classification des réactions d’hypersensibilité sévères cutanée avec épidermolyse selon l’extension des lésions cutanées Syndrome de Stevens-Johnson (SJS) Surface corporelle atteinte Jusqu’à10% Forme de Nécrolyse transition du épidermique Syndrome de toxique (TEN) Stevens-Johnson à la nécrolyse épidermique toxique 10-30% Plusde30% 30% dans la TEN. Une atteinte entre 1030% de la surface corporelle correspond à une forme de transition entre SJS et TEN (tableau 4).47 Suite à l’épidermolyse, la peau se régénère habituelle ment sans laisser de cicatrices. Des hypo ou hyperpigmen tations sont cependant fréquentes et peuvent s’atténuer avec le temps. Un prurit, une hyperhidrose ainsi qu’une xérose cutanée peuvent être observés à la suite d’un SJS ou d’une TEN. Une alopécie diffuse transitoire est également décrite. Une atteinte de la matrice unguéale peut conduire à une onycholyse et, plus tard, à une dystrophie unguéale qui peut persister pendant des années. Au niveau des mu queuses, des séquelles sont possibles. L’atteinte de la mu queuse orale peut entraîner une perte des papilles gusta tives responsable d’une dysgeusie et des synéchies. Des sténoses œsophagiennes, de l’urètre et de l’anus, ainsi que des adhérences vaginales ont également été décrites.48 Les séquelles oculaires sont les plus fréquentes et peuvent apparaître plusieurs années après le SJS/la TEN. Il s’agit en particulier de sécheresse et d’infections chroniques, de la gophtalmie, d’entropion, de trichiase, de symblépharon et d’ulcérations de la cornée.49 Les principaux diagnostics différentiels du SJS et de la TEN sont le Staphylococcal Scalded Skin Syndrome (SSSS), qui est rare chez l’adulte, l’AGEP, l’érythème pigmenté fixe gé néralisé, l’érythème polymorphe et les dermatoses bul leuses autoimmunes, comme le pemphigus vulgaire et la pemphigoïde bulleuse. Pathogenèse et aspects génétiques Il est présumé que le SJS et la TEN sont des maladies principalement médiées par des lymphocytes T CD8r pré sents en grande quantité dans le liquide des bulles cuta nées.50 Deux hypothèses sont proposées pour expliquer l’apoptose des kératinocytes suite au contact avec un mé dicament non toléré. La première présume que les lympho cytes T CD8r sont activés par le médicament incriminé, ce qui entraîne une libération de granzyme B et de perforine. Ces derniers vont activer la caspase et donc induire l’apop tose des kératinocytes.51 La deuxième hypothèse postule que l’apoptose des kératinocytes résulte d’un engagement de Fasligand avec le récepteur Fas et l’activation de la caspase 8.52 Les immunoglobulines intraveineuses (IVIG) bloquent la cascade Fas et sont pour cette raison proposées dans le traitement du SJS/de la TEN. La protéine cytolytique granulysine a pu être déterminée Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 17 avril 2013 11_19_37132.indd 5 11.04.13 10:44 comme un des principaux facteurs de destruction épider male. Elle est exprimée par les lymphocytes NK et des lymphocytes CD8r activés. Une épidermolyse analogue au SJS/ à la TEN a pu être induite chez des souris après l’injec tion intradermique de granulysine recombinante. La con centration de granulysine dans le liquide des vésicules cutanées est deux à quatre fois supérieure à celle de gran zyme B, perforine ou FASligand soluble et elle est corré lée à la sévérité de l’atteinte cutanée.53 Une prédisposition génétique pour développer un SJS ou une TEN semble exister dans certaines ethnies. Chez des Chinois Han, 100% des cas de SJS ou de TEN observés sur prise de carbamazépine ont pu être associés à la présence du HLAB*1502.54 Dans la même population, 100% des cas de SJS/TEN sur prise d’allopurinol ont été associés à la présence du HLAB*5801.55 Chez les Européens, les cas de SJS ou de TEN sur allopurinol ne sont associés que dans 55% des cas à l’allèle HLAB*5801.55,56 Un dépistage de l’al lèle HLAA*3101 est par contre recommandé dans les po pulations européennes avant un traitement par carbama zépine,13 de même, comme déjà mentionné, le dépistage de l’allèle HLAB*5701 avant l’introduction d‘abacavir.14 Diagnostic Le diagnostic du SJS et de la TEN est principalement cli nique. Une biopsie cutanée permet d’écarter des diagnos tics différentiels comme le SSSS et des maladies bulleuses autoimmunes. L’image histopathologique montre une né crose transépidermique. Le décollement cutané survient au niveau sousépidermique. La détermination de l’agent causal se base sur le délai temporaire entre l’introduction d’un médicament et l’ap parition des premiers symptômes. Les tests cutanés (prick, intradermique, patch) sont peu sensibles 29 et ne sont sou vent pas effectués par peur de déclencher une nouvelle épidermolyse. Le test de transformation lymphocytaire est également peu sensible.57 Une provocation orale n’est pas recommandée en raison du risque potentiel de récidive. Il est recommandé d’éviter la réadministration de médica ments structurellement similaires après un SJS ou une TEN. Des réactions croisées ont été reportées, par exemple pour des antibiotiques de type bêtalactame (pénicillines, cé phalosporines et carbapénèmes) et des antiépileptiques (carbamazépine, phénytoïne, phénobarbital).58 Il est moins clair s’il existe des réactions croisées entre des médica ments de la même classe qui sont structurellement diffé rents (par exemple, AINS de type dérivé arylacétique et AINS de type acide propionique). La mesure la plus sûre dans ce cas semble l’éviction de toute la classe médica menteuse. Tableau 5. Score pronostique SCORTEN (Severity of illness score for toxic epidermal necrolysis)60 Paramètres Points AgeM40ans 1 Maladienéoplasiquemaligne(tumeursolideouhémopathie maligne) 1 EpidermolysedeM10%delasurfacecorporelleà l’évaluationinitiale 1 TachycardieM120/min 1 UréeM10mmol/l 1 GlycémiesanguineM14mmol/l 1 Bicarbonatel20mmol/l 1 Scoremaximal:7points. Lamortalitéaugmenteavecunscorecroissant.Elleestde90%sile scoredépasse5points. pronostic peut être évalué à l’aide d’un score portant le nom SCORTEN (tableau 5)60 calculé le premier et troisième jour de la prise en charge médicale. Des valeurs croissan tes indiquent une mortalité élevée.60,61 En cas de TEN, une prise en charge dans un centre des brûlés est recomman dée.62 Traitement de soutien Une hydratation intraveineuse avec compensation de déséquilibres électrolytiques fait partie des mesures thé rapeutiques de base. La température ambiante doit être élevée à 3032° et un lit à air est proposé. L’alimentation par sonde nasogastrique est souvent nécessaire.63 Traitement Traitement local La prise en charge optimale des lésions cutanées n’a pas encore pu être déterminée. Un débridement cutané est ef fectué dans certains centres 64 mais peut être responsable de cicatrices et n’est donc pas recommandé.65 D’autres préfèrent maintenir l’épiderme comme couche protectrice.66 Des pansements non adhérents contenant de l’argent 67 et des pansements biosynthétiques fonctionnant comme un substitut de peau peuvent être employés.68 Une prophy laxie antibiotique n’est pas recommandée.69 Par contre, des frottis cutanés microbiologiques à la recherche d’une surin fection doivent être effectués régulièrement. Un diagnostic rapide et une prise en charge interdiscipli naire des lésions muqueuses sont indispensables. En parti culier, l’atteinte oculaire doit rapidement être évaluée par des ophtalmologues. De nouvelles options thérapeutiques, comme la mise en place de membranes amniotiques et d’anneaux de symblépharon, peuvent limiter les séquelles en cas d’atteinte sévère avec une prise en charge rapide.70 L’arrêt de tout médicament à risque de déclencher un SJS ou une TEN (tableau 1 et introduction de ce chapitre) est la première mesure à entreprendre. Plus le médicament est arrêté tôt, meilleur est le pronostic. Les lésions cutanées peuvent continuer à apparaître jusqu’à quatre semaines après le début des symptômes selon la demivie du médi cament et de ses métabolites actifs. Les médicaments à longue demivie sont associés à une mortalité élevée.59 Le Traitement immunomodulateur Le traitement immunomodulateur inclut principalement des corticoïdes et des IVIG. Aucune étude contrôlée n’a pu clairement démontrer leur efficacité et leur emploi est con troversé. Une grande étude rétrospective européenne a pu démontrer que les corticoïdes n’avaient aucun impact sur la mortalité comparés à un traitement de soutien seul.71 Revue Médicale Suisse – www.revmed.ch – 17 avril 2013 11_19_37132.indd 6 809 11.04.13 10:44 Sur la base de quelques séries de cas récentes ayant montré une possible baisse de la mortalité sans retard de la réépi thélialisation, une corticothérapie à hautes doses (méthyl prednisolone 100500 mg/jour pendant trois à maximum sept jours ou dexaméthasone 100 mg/jour pendant trois jours) peut être envisagée dès les premiers symptômes cutanés.48 Plusieurs petites études avec des SJS et des TEN ont démontré une diminution de la mortalité et un arrêt de l’épidermolyse après deux à trois jours d’IVIG à hautes doses (23 g/kg administrés sur trois à quatre jours) débutées en moyenne sept jours après les premiers symptômes.72,73 Des études contrôlées plus homogènes avec un plus grand nombre de patients sont nécessaires pour mieux dé terminer l’efficacité des IVIG et des corticoïdes. En l’absen ce d’autre alternative thérapeutique, nous recommandons leur administration. Une étude récente de phase II a pu démontrer une ten dance vers une baisse de la mortalité sous traitement de ciclosporine (3 mg/kg/jour pendant dix jours) chez 26 patients avec un SJS, une TEN ou la forme de transition SJS/TEN.74 L’efficacité de la ciclosporine reste à être confirmée par une étude contrôlée. Des rapports et séries de cas ont également reporté une efficacité des antiTNFa (infliximab et étanercept), du cyclophosphamide et de la plasmaphérèse. conclusion Les réactions d’hypersensibilité médicamenteuse retar dée sévères sont des maladies rares souvent précédées d’une altération de l’état général, d’un état fébrile, d’adéno pathies en cas de DRESS, ainsi que d’une conjonctivite et de douleurs cutanées en cas de SJS/TEN. Elles doivent être reconnues rapidement et nécessitent une prise en charge hospitalière. L’arrêt de tout médicament suspect est la pre mière mesure à entreprendre, basé sur le délai temporaire entre son introduction et l’apparition des manifestations cli niques. En cas de DRESS, les corticoïdes systémiques repré sentent le traitement de choix. L’AGEP est habituellement de résolution spontanée, elle peut toutefois nécessiter des corticoïdes systémiques en cas d’atteinte cutanée très in flammatoire et étendue. Lors de SJS/TEN, en absence d’étu de contrôlée, nous recommandons l’administration de cor ticoïdes ou d’IVIG. Finalement, des associations génétiques ont été reportées pour toutes les réactions d’intolérance médicamenteuse cutanées sévères. Toutefois, dans les populations européennes, seul un dépistage de l’allèle HLAA*3101 avant l’introduction de la carbamazépine et de l’allèle HLAB*5701 avant l’introduction d‘abacavir est actuellement recommandé. Les auteurs n’ont déclaré aucun conflit d’intérêt en relation avec cet article. Implications pratiques > Lesréactionsd’hypersensibilitémédicamenteuseretardée sontdesmaladiesrares,liéesàuneimportantemortalité, e stiméeà10%pourleDRESS(Drug Reaction with Eosinophilia and Systemic Symptoms), 1-5% pour le SJS (Stevens-Johnson Syndrome)et25-35%pourlaTEN(Toxic Epidermal Necrolysis) > L’arrêtdetoutmédicamentsuspectestlapremièremesure àentreprendredanslesréactionsd’intolérancesmédicamenteuses,basésurledélaitemporaireentresonintroduction etl’apparitiondesmanifestationscliniques > LesyndromeDRESSestuneréactiond’hypersensibilitésé- vèreàunmédicament,caractériséeparuneéruptioncutanéeetunétatfébrile,symptômesfréquemmentassociésà deslymphadénopathies,àdesanomalieshématologiqueset àl’atteinted’aumoinsunorganeinterne(leplussouventune hépatite) > Lapustuloseexanthémateuseaiguëgénéralisée(AGEP)est d’originemédicamenteusedansL90%descasetleplusfréquemmentspontanémentrésolutiveendeuxsemaines,après quelemédicamentcausalaitétéstoppé > Jusqu’à présent, aucun traitement immunomodulateur ne s’estavéréformellementefficacepourstopperl’épidermolyseencasdeSJS/TEN > Desassociationsgénétiquesontétérapportéespourtoutes les réactions d’intolérances médicamenteuses cutanées sévères. Dans les populations européennes, un dépistage de l’allèleHLA-B*5701estactuellementrecommandéavantl’introduction d‘abacavir, de même qu’un dépistage de l’allèle HLA-A*3101avantuntraitementparcarbamazépine Bibliographie 1 Stern RS. Clinical practice. Exanthematous drug eruptions.NewEnglJMed2012;366:2492-501. 2 Bigby M. Rates of cutaneous reactions to drugs. ArchDermatol2001;137:765-70. 3 Bocquet H, Bagot M, Roujeau JC. Drug-induced pseudolymphomaanddrughypersensitivitysyndrome (Drugrashwitheosinophiliaandsystemicsymptoms: DRESS).SeminCutanMedSurg1996;15:250-7. 4 EshkiM,AllanoreL,MusetteP,etal.Twelve-year analysisofseverecasesofdrugreactionwitheosinophiliaandsystemicsymptoms:Acauseofunpredictable multiorganfailure.ArchDermatol2009;145:67-72. 5 ** Walsh SA, Creamer D. 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