France - La Tribune
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mercredi 06 novembre 2013 - N 5302 www.latribune.fr France Métropolitaine CAC 40 : 4253,34 pts -0,82% FTSE (6 747 / -0,25%) 1 = 1,3475$ (-0,29%) BRENT (105,8$ / -0,08%) OR (1 311,0$ / -0,30%) Chômage, déficit : Bruxelles douche la France Pour la Commission européenne, le déficit public de la France atteindra 3,7% en 2015, au lieu des 3% maximum promis par Paris. Et il n'y aura pas non plus d'inversion de la courbe du chômage d'ici là. Le ministre du Budget, Bernard Cazeneuve, s'est déjà dit prêt à faire plus d'économies... ECOTAXE AÉRONAUTIQUE MILITAIRE TÉLÉPHONIE MOBILE Ecomouv : la collecte la plus chère d'Europe ? Faute de Rafale à l'export, 4G : Orange et SFR ont-ils Thales dégraisse menti ? Le coût du contrat signé avec la société de gestion de l'écotaxe fait polémique. Comment ont fait nos voisins qui l'ont adopté ? Le groupe électronique anticipe une vente du Rafale en Inde seulement après 2014. En conséquence, sa filiale TSA prépare un plan de départs volontaires... L'UFC Que Choisir dénonce une couverture bien inférieure aux publicités des deux opérateurs sur leur réseau 4G... Sommaire 06/11/2013 À LA UNE France : Bruxelles ne croit pas aux 3% de déficit public en 2015 Le déficit public de la France atteindra 3,7% en 2015, au lieu des 3% maximum promis par Paris selon la Commission européenne. Et il n’y aura pas d’inversion de la courbe du chômage d’ici là. En revanche, le scénario de reprise... Ecomouv est-il le champion d'Europe de la collecte "d'écotaxe" la plus chère? Ecotaxe : le contrat de la collecte devient un enjeu politique Faute de Rafale à l'export, Thales dégraisse 4G : l'UFC attaque Orange et SFR pour leur com' trompeuse ECONOMIE Ce qu'il faut retenir du nouveau plan pour l'Innovation Un plan en 40 mesures visant à créer une "Nouvelle donne pour l’innovation". Plusieurs sont nouvelles, d’autres moins, et certaines restent un peu floues. Revue de détail du nouveau bébé d’Arnaud Montebourg, Fleur Pellerin, et... Le e-commerce fait perdre des milliards d'euros à l'Etat 2.839.000 euros : la rémunération annuelle moyenne des grands patrons en 2012 Pourquoi les prix de l'immobilier ne baissent-ils pas davantage? Bruxelles beaucoup moins optimiste sur la croissance dans la zone euro en 2014 Energies renouvelables : Bruxelles veut revoir les systèmes d'aide en profondeur Chine : il faut une croissance d'au moins 7,2% par an pour maintenir l'emploi Harbin, la ville chinoise qui a fait le buzz avec son smog de pollution, veut séduire les Français ENTREPRISES Edition du 06/11/2013 page 2/101 Sommaire 06/11/2013 Renault-Nissan et Mitsubishi veulent faire un bout de route ensemble Ce partenariat pourrait déboucher sur le développement de deux nouveaux modèles de berlines issues de la gamme Renault et qui seraient commercialisées sous la marque Mitsubishi. Vivendi a enfin réussi a céder Maroc Telecom pour 4,2 milliards d'euros Free et Bouygues déterrent la hache de guerre contre Numericable 4G : l'UFC attaque Orange et SFR pour leur com' trompeuse Apple, de plus en plus "made in USA", va implanter une usine en Arizona Cours : Google lance son propre service de moocs... payant BANQUES & FINANCES Publicité : les banques jouent la carte de la légitimité et de l'intimité Le secteur français de la banque et de l’assurance a investi 1,088 milliard d’euros en publicité, de janvier à juillet, soit une hausse de 2,2%, selon Kantar Media. Cinq ans après la crise financière, les banques s’efforcent toujours de combattre... Standard de paiement Sepa : la pression se renforce sur les PME pour éviter le bug du 1er février 2014 L'épargne solidaire a déjà séduit un million de souscripteurs en France 1,8 milliard de dollars : l'amende record que va payer le hedge fund SAC Lael Brainard, une nouvelle recrue pour féminiser la Réserve fédérale américaine? TERRITOIRES NKM veut faire de Paris une ville de propriétaires En matière de logement, à la différence de sa rivale socialiste Anne Hidalgo, Nathalie Kosciusko-Morizet privilégie l’accès à la propriété plutôt que la location. Sur le front économique, la candidate de l’opposition,... Bien-être : Mensia Technologies analyse les ondes cérébrales Edition du 06/11/2013 page 3/101 Sommaire 06/11/2013 Philippe Grillot, président de la CCI de Lyon: « La CCI Rhône-Alpes doit disparaître ! » LE MAGAZINE Comment Hyundai arrive à fabriquer un navire tous les cinq jours Fin de crise en vue pour les entreprises sud-coréennes de construction navale. Le premier constructeur de bateaux au monde, Hyundai Heavy Industries, accumule les commandes et compte maintenir son avance en se concentrant sur les navires et plates-formes à haute valeur... Start-up :la "Tech City" de Londres cajole les investisseurs « Les bonnes idées existent, mais nous ne les voyons pas », (Luc de Brabandere,BCG) OPINIONS Croissance : l'Allemagne et le Royaume Uni en retard sur la France Il faut remettre en perspective les bons résultats de la croissance en Grande Bretagne, comme ceux de l’Allemagne. Par Jean-François Couvrat Foot et taxe à 75%, un show made in France Pourquoi la taxe Chirac sur les billets d'avion est quasiment parfaite Le phénix Suntech et la restructuration industrielle en Chine Edition du 06/11/2013 page 4/101 5 À la Une LA TRIBUNE 06/11/2013 PRÉVISIONS ÉCONOMIQUES > Le déficit public de la France atteindra 3,7% en 2015, au lieu des 3% maximum promis par Paris selon la Commission européenne. Et il n’y aura pas d’inversion de la courbe du chômage d’ici là. En revanche, le scénario de reprise présenté par Paris et la réduction du déficit structurel on été validés par Bruxelles. Romain Renier France : Bruxelles ne croit pas aux 3% de déficit public en 2015 C'est écrit, selon la Commission européenne, qui présentait mardi ses dernières prévisions économiques : la France ne parviendra pas à faire passer son déficit public en dessous des 3% du produit intérieur brut (PIB) en 2015, comme elle l'avait promis à la suite de l'octroi par Bruxelles d'un délai de deux ans. Dérapage du déficit public à 3,7% en 2015 Les économistes de la Commission s'attendent en effet à un déficit public de 3,7%% du PIB en 2015. Mais celui-ci devrait tout de même "se réduire sur la base des mesures du projet de loi de Finances", constatent-ils. En 2014, Bruxelles s'attend à un déficit de 3,8% (presque en ligne avec les 3,6% escomptés par Paris) et de 3,7% en 2015. Cette année, il devrait atteindre 4,1% contre 3,9% attendus par Paris. Bruxelles préfère se concentrer sur le déficit structurel 6 À la Une LA TRIBUNE 06/11/2013 Mais Paris ne subira apparemment pas les remontrances de la Commission. Olli Rehn, le commissaire aux Affaires économiques, a en effet promis de se concentrer sur " l'ajustement structurel " et non sur le chiffre nominal, qui est soumis aux effets de la conjoncture, pour juger des efforts budgétaires de la deuxième économie européenne. Sur ce point, Bruxelles et Paris sont en ligne en prévoyant la même réduction cumulée de 1,75 point du déficit structurel en 2013 et 2014. Reprise mais pas d'inversion de la courbe du chômage La Commission européenne a par ailleurs confirmé les prévisions de croissance fournies par Bercy qui prévoyaient un accroissement du PIB de 0,2% cette année, de 0,9% en 2014 et de 1,7% en 2015 . En revanche, reprise économique ne signifie pas amélioration significative du marché de l'emploi. En effet, loin de croire à l'inversion de la courbe tant promise par l'exécutif, la Commission s'attend à une hausse continue du taux de chômage à 11% en 2013, 11,2% en 2014 et 11,3% en 2015. 7 À la Une LA TRIBUNE 06/11/2013 ECOTAXE > Le contrat officiellement signé en 2012 avec la société de gestion de la taxe “poids lourds“ en France fait polémique. Ses frais sont-ils trop élevés? Il se révèle bien plus onéreux que son équivalent allemand, mais beaucoup moins que le slovaque. Marina Torre Ecomouv est-il le champion d'Europe de la collecte "d'écotaxe" la plus chère? La polémique "Ecotaxe" n'en finit pas d'enflammer les routes de France et les rangs de l'Assemblée . Au cœur de la controverse : le contrat signé par le précédent gouvernement avec Ecomouv, co-entreprise partagée entre Autostrade per l'Italia (70%), Thales, la SNCF, SFR et Steria. C'est elle qui est chargée de gérer le système électronique de collecte de la taxe sensée s'appliquer dès le 1er janvier aux poids lourds à partir de 3,5 tonnes. En France, les responsables politique se déchirent à propos d'Ecomouv Tandis que la droite se déchire sur la responsabilité de la signature ce contrat de partenariat public-privé contesté, il fait l'objet d'une demande d'ouverture d'enquête au tribunal de Nanterre par les députés EELV. L'un d'eux, le député de la 10e circonscription des Bouches du Rhône, François-Michel Lambert, interrogé par la Tribune, dénonce un " scandale d'état ", qui serait du même ordre que "l'affaire Tapie" car, à ses yeux si "les ressorts ne sont pas les mêmes au départ ", les deux affaires ont le "même impact" et, dans les deux cas, "l'intérêt général n'est pas respecté ". Et de souligner la date de signature du contrat: le 6 mai 2012, date de la défaite de Nicolas Sarkozy. 8 À la Une LA TRIBUNE 06/11/2013 Ce qui pose problème, bien sûr, ce sont les frais de fonctionnement du dispositif, ceux qui sont exigés par le prestataire (en surplus des frais que devra l'Etat en raison de la suspension du projet). En cumulant les coûts d'installation de l'infrastructure et ceux d'exploitation pour une durée de 11 ans effective, il apparaît que 27% des recettes annuelles totales générées par ce dispositif reviendront à Ecomouv '. Si l'on ne compte que les versements annuels hors coûts d'installation (soit 250 millions d'euros), un peu plus de 20% des recettes attendues devraient être reversées au prestataire. Un niveau supérieur au modèle allemand abondamment cité dans les études préparatoires au Grenelle de l'environnement qui l'avait institué. >> Écotaxe: le contrat de collecte devient un enjeu politique ● Allemagne : un système cher à l'achat, rentable sur le long terme? Le système allemand, - ou Lastkraftwagen Maut raccourci en LKW Maut, a été mis en place en 2005. Pour 16 centimes d'euros par km en moyenne, les camions de plus de 12 tonnes peuvent circuler sur le réseau autoroutier habituellement gratuit en Allemagne. Le tarif varie en fonction du poids, du nombre d'essieux ou encore des émissions polluantes du véhicule. Celui-ci est repéré par un système satellitaire embarqué qui mesure la distance parcourue. La société qui collecte la taxe, Toll Collect est gérée par un consortium regroupant Daimler Chrysler, Deutsche Telecom et français Cofiroute). Sur les 4,4 milliards d'euros récoltés l'an dernier, quelque 600 millions ont atterri dans les caisses de cette société, soit environ 13% du total. Toutefois, l'installation de ce système reposant sur un contrôle satellitaire s'est révélée très coûteuse. Ce dispositif serait même le " plus cher de tous " les systèmes similaires en Europe, explique Scott Wilson, consultant britannique en stratégie logistique auprès du cabinet Leigh Fisher. A l'époque sa "technologie d'avant-garde" justifiait semble-t-il ces coûts élevés. L'avantage, ajoute le spécialiste du transport routier, c'est que si "le coût initial des unités à bord est élevé, les coûts à long terme le sont moins ". Sauf que, depuis 2004, l'Etat affronte Toll Collect devant les juges pour un conflit concernant des retards sur la mise en œuvre du projet . En outre, la grille tarifaire est remise en cause par des usagers. Dans l'Hexagone, le dispositif consiste en un système électronique embarqué permettant de mesurer les distances parcourues et de transmettre des données aux portiques de détection installés sur la route. La France s'est d'ailleurs inspirée de son voisin allemand à plus d'un titre puisque c'est la mise en place de cette taxe outre-Rhin qui, déportant une partie du trafic des poids lourds vers l'Alsace a 9 À la Une LA TRIBUNE 06/11/2013 contribué à ce que cette région serve de pilote pour le teste de "l'écotaxe" française. ● 40%:la part des frais de fonctionnement du "péage céleste" slovaque La solution du repérage satellitaire est aussi en vigueur en Slovaquie depuis 2010 où elle est gérée par la société Sky Toll (littéralement, "péage du ciel") , en partie détenue par le français Sanef. Comme en France, les camions dès 3,5 tonnes sont concernés, autrement dit les transporteurs internationaux ne sont pas les seuls visés. L'an dernier, la compagnie a collecté 155.52 millions d'euros au total. Son contrat, d'une durée de 13 ans portait sur un montant total de 852,1 millions d'euros . Autrement dit, lissé sur la durée d'exploitation, et en prenant en compte une collecte totale annuelle de 150 millions d'euros en moyenne, le coût d'exploitation atteint... 40%! Il est donc deux fois plus élevé qu'en France. " Les quelque 800 millions d'euros sont démentiels ", juge de son côté le député François-Michel Lambert, qui dénonce pour ce cas, comme pour celui de la France, des facturations exorbitantes et difficilement contrôlables. "Le coût des portiques peut varier de 500.000 à 1 million d'euros" avance ainsi l'élu EELV. Son efficacité réelle est d'autant plus ardue à évaluer puisque, comme dans d'autres pays, ces dispositifs ont conduit les compagnies de transport à opter pour des routes secondaires non taxées plutôt que Autriche, République tchèque, Pologne : une puce et des portiques D'autres pays comme l'Autriche, la République tchèque et la Pologne ont installé des puces électroniques couplées à une détection par des portiques. Quand les premières sont " peu onéreuses " puisqu'elles coûtent seulement " une vingtaine d'euros ", affirme Leigh Fisher, les seconds sont "bien plus chers" à installer et faire fonctionner. Le système hongrois est encore plus simple : il consiste en une "e-vignette" prépayée qui permet aux systèmes de reconnaissance sur les portiques de relever automatiquement les numéros des plaques d'immatriculation des camions empruntant le réseau du pays. La Suisse distingue les véhicules locaux et les autres Au sein de la zone euro, le Portugal a également opté pour une "taxe poids lourds". Hors UE mais toujours sur le continent européen, la Suisse, au carrefour des routes européennes a elle aussi choisi de taxer les camions avec des tarifs variant en fonction de la distance parcourue, les Suisses et les camions moins polluants bénéficiant d'un rabais. Les transporteurs doivent 10 À la Une LA TRIBUNE 06/11/2013 s'équiper d'une carte et leurs compteurs sont vérifiés à l'entrée et à la sortie du territoire par la douane. L'an dernier, le revenu net pour l'Etat de cette Redevance sur le trafic des poids lourds a atteint 1,53 milliards de Francs suisses (1,24 milliards d'euros). Un tiers des recettes revient aux Canton et deux tiers à la Confédération helvétique, et les sommes sont officiellement affectées au développement des transports alternatifs comme le train. L'écotaxe séduit à l'étranger Si en France, la création de cette taxe divise, et provoque la colère de certains, au point d'avoir été suspendue, son principe séduit toujours à l'étranger. Si la Belgique a suspendu le projet de création de la sienne tandis que le Danemark, et l'Espagne étudient la leur. Hors de l'Europe, la Biélorussie et la Russie font de même. Des taxes similaires existent également dans quatre Etats américains, notamment l'Oregon, ainsi qu'en Nouvelle Zélande qui l'applique à tous les véhicules roulant au diesel. 11 À la Une LA TRIBUNE 06/11/2013 FISCALITÉ > Ce mardi matin, Pierre Mocovici a jugé qu’il fallait "revoir toute la logique du contrat", Jean-François Copé a fustigé le coût élevé de la collecte de cette taxe tandis que Nathalie Kosciusko-Morizet assumait le contrat avec Ecomouv’ et que Bruno Le Roux accusait la droite d’une "mauvais coup". En début d’après-midi, on apprenait que les sénateurs socialistes venaient d’approuver la création d’une commission parlementaire qui enquêtera sur le contrat signé entre la précédente majorité et Ecomouv’. Adeline Raynal Ecotaxe : le contrat de la collecte devient un enjeu politique La polémique sur l'écotaxe vire à l'affrontement entre personnalités politiques. Alors que onze bornes et quatre portiques destinés au contrôle de la collecte de cette taxe ont été détruits en France depuis le début de la contestation, la division sur le contrat qui lié l'État à la société Ecomouv' est généralisée entre actuels et anciens membres du gouvernement, élus de droite comme de gauche. Revue de détail. ● Moscovici annonce une négociation pour "revoir toute la logique du contrat" Le ministre de l'Économie a affirmé que le gouvernement souhaite mener "une négociation très serrée" avec la société en charge de la collecte de la taxe. Il a déclaré ce matin lors d'un entretien sur BFMTV/RMC : 12 À la Une LA TRIBUNE 06/11/2013 "Cette société ne s'est pas acquittée de ses responsabilités" et "nous serions fondés à la mettre en cause compte tenu de la non exécution d'un certain nombre d'obligations". Il a jugé qu'il fallait "revoir toute la logique du contrat", soulignant : "On peut s'étonner du fait qu'on ait délégué la collecte d'une taxe nationale à un fournisseur d'origine étrangère". Ecomouv' est détenu à 70% par la société italienne de gestion des autoroutes "Autostrade per Italia". ● Copé juge "aberrant" le coût de collecte de l'Ecotaxe : "Ce qui est surtout critiquable, c'est le montage. De tels coûts de gestion sont aberrants. (...) On ne peut pas imaginer dans un pays moderne un tel coût de collecte d'impôt quel qu'il soit", a déclaré le député-maire de Meaux Jean-François Copé sur i>TELE ce mardi matin. Interrogé sur la responsabilité de la précédente majorité, il a répondu: "Je rappelle que l'écotaxe, que nous avions décidée dans son principe en 2008-2009, nous l'avions reportée pour des raisons qui tenaient à la crise financière. En 2012, rien n'empêchait François Hollande s'il n'y croyait pas c'est l'époque où il défaisait tout ce que nous avions fait - de la supprimer" , a souligné l'ancien ministre délégué au Budget. >> Le système de collecte de l'écotaxe coûte-t-il trop cher ? ● NKM assume et défend le contrat signé le 6 mai 2012 : Ce mardi sur France Inter, l'ex-ministre de l'Écologie et candidate à la mairie de la capitale, a pris la défense de ce contrat décidé sous la mandature Sarkozy : "Je ne l'ai pas initié, ça a été lancé avant et signé après", a fait valoir la députée. Mais "puisque personne ne veut l'assumer, moi je suis prête à le faire". D'ailleurs c'est elle qui a "signé le classement des appels d'offres". "Je n'ai pas changé d'avis, je reste convaincue, comme on l'était tous autour de la table du Grenelle" de l'environnement que "l'éco-redevance sur les poids lourds est une bonne idée, une taxe juste. Aujourd'hui, des camions qui traversent la France ne payent rien, pas même l'entretien de nos routes", a argumenté NKM. Quand au partenariat public-privé avec Ecomouv', consortium dominé par une société italienne, "c'est un contrat qui a été passé dans les règles, en toute transparence, à la suite d'un dialogue compétitif, c'est-à-dire d'une négociation, qui a duré plus d'un an". Elle réagissait alors que lundi, Anne Hidalgo, sa rivale pour la mairie de Paris, avait fustigé un "marché ruineux" sur lequel Nathalie Kosciusko-Morizet, ex-ministre de l'Écologie devait "rendre des comptes". 13 À la Une LA TRIBUNE 06/11/2013 ● Le Roux accuse la droite d'un "mauvais coup" : Le chef de file des députés PS, Bruno Le Roux, était l'invité de la radio Europe 1 ce mardi matin. Il a rejeté les torts sur le gouvernement Fillon en place au printemps 2012 : "La taxe a été votée en décembre 2008", "le décret d'application qui s'applique aux transporteurs est paru le 6 mai 2012, jour du second tour" , s'est insurgé le député de Seine-Saint-Denis sur Europe 1. "C'est bien les mauvais coups faits par la majorité précédente !" s'est-il écrié. ● Joly demande une enquête sur le contrat Ecomouv' Ardents défenseurs de la philosophie du "pollueur-payeur", les écologistes avaient tiré à boulets rouges lundi contre les modalités de mise en œuvre de l'Écotaxe. Eva Joly estime qu'il "faut dénoncer ce contrat et il faut faire une enquête". De son côté, le député Europe Ecologie Les Verts (EELV) des Bouches-du-Rhône François-Michel Lambert, n'a pas hésité à décrire les germes d'un "scandale d'État" derrière le partenariat public-privé (PPP) avec Ecomouv', société montée spécifiquement pour mettre en œuvre et collecter l'écotaxe. ● Dati et Bertrand se désolidarisent de NKM Rachida Dati et Xavier Bertrand, anciens membres du gouvernement Fillon, se sont étonnés "qu'une entreprise privée et étrangère soit en charge de collecter l'impôt en France" lundi. "Il y a une différence fondamentale en matière de fiscalité entre un impôt et une taxe", corrige Dominique Bussereau, joint par l'AFP. L'ancien ministre des Transports, qui a vécu le début la procédure, souligne que de nombreux organismes privés comme les chambres d'agriculture ou de commerce assurent aujourd'hui la perception de certaines taxes. Pour rappel, le principe de cette fiscalité écologique censée financer de grands projets d'infrastructures avait été adopté largement par la classe politique lors du Grenelle de l'environnement, sous le gouvernement Fillon. Le dispositif doit rapporter 1,15 milliard d'euros par an, dont 20% pour Ecomouv', soit 250 millions 14 À la Une LA TRIBUNE 06/11/2013 d'euros, un montant autour duquel la polémique enfle. La taxation a pour l'instant été suspendue par le gouvernement . Pour l'État, son abandon signifierait tirer un trait sur une manne financière d'un milliard d'euros. Ce mardi, les sénateurs socialistes ont approuvé la création d'une commission parlementaire qui enquêtera sur le contrat signé entre la précédente majorité et Ecomouv'. Les clauses financières du contrat vont être épluchées. LIRE AUSSI: >> Marque de "sagesse" ou "décision minable"... le recul sur l'écotaxe fait réagir 15 À la Une LA TRIBUNE 06/11/2013 AÉRONAUTIQUE MILITAIRE > Le groupe électronique anticipe une vente du Rafale en Inde seulement après 2014. Sa filiale Thales Systèmes Aéroportés (TSA) prépare un plan de départs volontaires via le dispositif de Gestion active de l’emploi (GAE). Michel Cabirol Faute de Rafale à l'export, Thales dégraisse L'absence d'une vente du Rafale à l'export pèse de plus en plus sur les industriels de la filière aéronautique militaire. Notamment sur Thales et particulièrement sur sa filiale Thales Systèmes Aéroportés (TSA), qui s'achemine à nouveau vers un dispositif social de Gestion active de l'emploi (GAE). Un dispositif qui n'est pas à proprement parler un plan social mais qui facilite les départs volontaires, la mobilité interne, la formation et les mises à disposition permanente (en clair, des préretraites). Le quatrième plan en quatre ans ! Ce plan concernerait plus de 200 personnes qui pourraient ainsi quitter TSA sur une période de 12 à 18 mois, selon nos informations. Certains estiment qu'il pourrait même aller au-delà de 400 personnes au sein de la filiale de Thales, régulièrement en sous-charge d'activité en raison de la mévente du Rafale à l'export. En tout cas, l'intersyndicale rencontre ce mercredi matin la direction de TSA pour faire un point complet sur le GAE sur les plans qualitatif et quantitatif. Elancourt, le site le plus touché Le dispositif, qui reste donc encore à affiner entre la direction de TSA et les organisations syndicales, concernera essentiellement le site d'Elancourt dans les Yvelines ainsi que dans une 16 À la Une LA TRIBUNE 06/11/2013 moindre mesure les deux autres sites de TSA, Brest et Pessac (Gironde). Pour autant, ce plan pourrait être arrêté ou suspendu si un contrat export du Rafale se débloquait rapidement. Il n'empêche. La tendance est à la réduction des effectifs. Depuis six ans, TSA a régulièrement perdu des salariés, qui étaient entre 3.700 et 3.800 fin août 2007. La direction prévoit que les effectifs s'élèveront en août 2014 à 2.800. Soit une réduction de 27 %. Thales ne croit pas à une signature rapide d'un contrat Rafale en Inde Comment interpréter ce nouveau GAE chez TSA ? Très clairement, Thales ne croit plus à la signature rapide d'un contrat en Inde. "Nous n'y croyons pas même, si nous pensons que le Rafale finira par se vendre en Inde", expliquent plusieurs sources contactées en interne. D'où le GAE de TSA. Même si le PDG de Dassault Aviation, Eric Trappier - et il est parfaitement dans son rôle - fait tout pour parvenir à signer un contrat avant les élections législatives en Inde. "Avec nos partenaires indiens, qu'ils soient le ministère de la Défense ou industriels, nous faisons tout pour que le contrat soit prêt avant les élections, a indiqué lundi Eric Trappier sur BFM. Ensuite, il reviendra au gouvernement indien de décider s'il souhaite signer avant les élections ou ne pas en faire un problème électoral et le signer après". Pour sa part, le ministre indien de la Défense, A.K. Antony, a récemment reconnu que la signature du contrat prendrait encore du temps. Et le Qatar ? L'Inde a choisi le Rafale en janvier 2012 et poursuit les négociations pour l'achat de 126 appareils, dont 108 à assembler par ses propres industriels. Dassault espérait récemment encore signer avant la fin de l'année. Le patron de l'avionneur a dit rester "tout à fait optimiste sur une finalisation rapide" , estimant possible de boucler ce document complexe, qui comprend des licences de fabrication pour tous les équipements de l'avion, pendant l'année budgétaire 2013 qui court en Inde jusqu'à fin mars prochain. En revanche, une signature rapide pourrait intervenir à Doha. C'est dans le domaine du possible. Et le GAE de TSA pourrait tomber à l'eau. Ce qui ferait le bonheur des salariés de TSA et bien au-delà, de toute la filière aéronautique militaire en souffrance depuis des années en raison de l'absence d'une vente à l'export du Rafale. 17 À la Une LA TRIBUNE 06/11/2013 TÉLÉPHONIE MOBILE > L’association de défense des consommateurs dénonce une couverture bien inférieure aux publicités des deux opérateurs sur leur réseau à très haut débit mobile et les attaque en justice pour pratiques commerciales trompeuses sur les débits. Delphine Cuny 4G : l'UFC attaque Orange et SFR pour leur com' trompeuse Une « couverture mitée », qui ressemble à « un véritable gruyère » : l'UFC Que Choisir juge « intolérable » le décalage entre la communication des opérateurs sur leur réseau 4G et la réalité. L'association de défense des consommateurs annonce ce mardi matin qu'elle attaque en justice Orange et SFR, devant le tribunal de grande instance de Paris, pour pratiques commerciales trompeuses. L'UFC leur reproche « l'anormal décalage entre la carte de couverture de la ville de Paris » que les deux opérateurs présentent sur leur site Internet et « l'accessibilité effective » à leur réseau 4G : 20% de zones non couvertes sur la capitale chez Orange et 25% chez SFR, selon les mesures réalisées fin octobre pour l'UFC par le cabinet d'études spécialisé Directique, qui travaille également pour l'Arcep, le gendarme des télécoms, et les opérateurs. En revanche, l'UFC distribue un bon point à Bouygues Telecom, « le seul opérateur dont la carte de couverture est fidèle à la réalité . » Rappelons que ces cartes ne sont pas certifiées par le régulateur, qui doit vérifier si les opérateurs tiennent leurs engagements de couverture en octobre 2015… 18 À la Une LA TRIBUNE 06/11/2013 Une débauche de publicités triomphales C'est un évidemment un coup dur pour Orange et SFR qui ont rivalisé de communication sur la 4G, en particulier à Paris, dont ils ont fait « leur vitrine, leur étendard », souligne Alain Bazot, le président de l'UFC. Une « débauche de publicités », empreintes de triomphalisme, « une communication aussi massive que litigieuse », qui l'ont visiblement agacé. SFR avait commencé en janvier en annonçant couvrir le quartier de « Paris-La Défense » puis en affirmant fin août avoir « la couverture 4G parisienne la plus importante », tout en promettant de l'étendre à l'intégralité de la ville pour la fin de l'année. Dix jours plus tard, Orange annonçait couvrir tout Paris , tous les arrondissements. « C'est la campagne de France, de Paris et d'Ile-de-France ! » s'était enflammé le PDG, Stéphane Richard. Or aujourd'hui, selon l'UFC, la partie sud-ouest de la capitale ne l'est pas chez Orange, de nombreuses « poches vides » subsistent chez SFR (notamment dans le sud-est) et seul Bouygues peut se targuer de couvrir la ville en 4G « à 99,4%. » Même si la couverture a pu évoluer depuis les mesures, nuance l'association. Orange se déclare « surpris » du communiqué de l'UFC, tandis que SFR martèle que « la couverture intégrale sera réalisée d'ici la fin de l'année. C'est ce que nous faisons. » > Lire "Bataille de la 4G : roulement de tambours et de mécaniques d'Orange SFR et Bouygues" « 4G des villes, 4G des champs » L'UFC s'est contentée d'auditer Paris (plus de 66.000 mesures, 80% des rues de la capitale sillonnées en voiture avec des antennes extérieures), supposant que « c'est ce qu'il se fait sans doute de mieux », même si Bouygues affirme couvrir 2.000 villes, Orange 548 villes et SFR 312 villes au 31 octobre. Or l'UFC Que Choisir prédit d'ores et déjà une nouvelle fracture numérique entre « 4G des villes et 4G des champs » : les campagnes, qui seront couvertes à l'aide de fréquences 800 Mhz, ne pourront pas bénéficier du meilleur du très haut débit mobile, mais de 75 Mégabits par seconde au mieux contre plus de 100 Mégas en villes grâce aux fréquences 2,6 Ghz. Désinformation sur les débits : vraie 4G et fausse 4G L'association, toujours très en pointe sur les questions de télécoms, dénonce aussi la « désinforma L'association reproche également à Orange sa publicité comparative sur les débits de la 4G : en 19 À la Une LA TRIBUNE 06/11/2013 particulier sur son site quialameilleure4G.com , le premier opérateur mobile français se targue d'avoir le meilleur, à 150 mégabits/s (en débit maximum théorique) contre 115 Mb/s chez SFR et Bouygues Telecom, grâce aux fréquences qu'il a obtenues, « laissant penser aux abonnés qu'ils accèderaient sur l'ensemble des zones » à ce débit maximal. Cependant, l'UFC n'a pas vérifié les débits offerts. Interrogé sur les critiques émises par certains utilisateurs de la 4G de Bouygues sur le débit fourni parfois comparable à de la H+, l'association confirme avoir reçu des remarques de consommateurs en ce sens mais « ce n'est pas l'objet de cette étude . » Le site ZDnet un observatoire 4G Monitor mis à jour régulièrement, réalisé avec l'application 4G Mark. Sans 4G, Free doit rire sous cape Devant ce flou généralisé, l'UFC en appelle à l'Arcep, lui demandant de créer un observatoire de la 4G chargé de « garantir la validité des allégations des opérateurs aussi bien sur les couvertures que sur les débits . » L'Arcep risque de se draper derrière le calendrier des obligations légales, inscrit dans les licences attribuées aux opérateurs, qui fixe la première clause de rendez-vous des engagements de couverture de la population (25%) dans deux ans. Or « le président de l'Arcep a lui-même souligné que le déploiement des opérateurs avait deux ans d'avance, l'Arcep doit s'adapter » fait valoir Alain Bazot. Un débat avait déjà porté sur la réalité de la couverture et l'inflexibilité de l'Arcep sur le calendrier en janvier 2012 au lancement de Free Mobile, que ses concurrents accusaient de ne pas allumer ses antennes. Free qui, a eu en son temps maille à partir avec l'UFC (qui l'a attaqué pour son Internet fixe et pour sa 3G), et n'a toujours pas lancé de service commercial 4G, doit rire sous cape : Xavier Niel, le fondateur et principal actionnaire de l'opérateur, s'était moqué de ses concurrents communiquant à outrance sur la 4G. « Il ne faut pas vendre de fausse monnaie » avait-il lancé, mettant en garde contre le risque de déception de promesses non tenues... >>> Lire l'étude complète de l'UFC Que choisir sur la 4G 20 À la Une LA TRIBUNE 06/11/2013 UFC Que Choisir - la 4G en France publié par latribune.fr 21 Economie LA TRIBUNE 06/11/2013 POLITIQUE ÉCONOMIQUE > Un plan en 40 mesures visant à créer une "Nouvelle donne pour l’innovation". Plusieurs sont nouvelles, d’autres moins, et certaines restent un peu floues. Revue de détail du nouveau bébé d’Arnaud Montebourg, Fleur Pellerin, et Geneviève Fioraso. Fabien Piliu Ce qu'il faut retenir du nouveau plan pour l'Innovation Après les 35 mesures du Pacte national pour la croissance, la compétitivité et l'emploi , les 34 mesures de la Nouvelle France industrielle , voici les 40 mesures de la Nouvelle donne pour l'innovation, le nouveau plan gouvernemental présenté ce mardi par Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif, Fleur Pellerin, la ministre des PME et du Numérique et Geneviève Fioraso, la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche. Pourquoi ce plan ? « La France n'a pas qu'un récit politique à adresser au reste du monde mais aussi un récit économique. Elle doit reprendre le cours de ce récit, interrompu ces dernières années », a déclaré Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif, citant les inventions, les innovations de rupture nées en France depuis la première révolution industrielle, notamment la machine à vapeur, la montgolfière, l'avion, le cinéma, le pneumatique, le train à grande vitesse, la carte à puce ou encore l'ABS. Trop de mesures ? Fallait-il 40 mesures pour stimuler l'innovation en France, sachant qu'un certain nombre d'entre 22 Economie LA TRIBUNE 06/11/2013 elles étaient déjà connues ? A force d'être taxé d'immobilisme, le gouvernement a décidé de frapper fort, quitte à ce que ses messages passent aux yeux de certains pour de simples moulinets de bras, voire de la gesticulation. Plusieurs mesures devraient être saluées par les chefs d'entreprises et les entrepreneurs innovants en herbe. Comme l'avait dévoilé La Tribune, le code des marchés publics sera bientôt réformé pour que les entreprises, et en particulier les plus innovantes d'entre elles, bénéficient davantage du matelas de sécurité que représente la commande publique qui s'élève à 200 milliards d'euros par an. Des fesses seront bottées prévient Arnaud Montebourg ! « Il va falloir que l'on botte les fesses des acheteurs publics. A cause de leur professionnalisme juridique, des champions de demain sont abandonnées en rase campagne, faute de pouvoir gagner des marchés publics », a tonné Arnaud Montebourg. Cette envolée typiquement montebourgienne peut sembler un rien injuste, les acheteurs publics étant incités par le code des marchés publics à se montrer d'une extrême prudence dans leurs décisions d'achats. Ne sont-ils pas responsables pénalement et personnellement trois ans après leur décision d'achat ? Pour soutenir les entreprises innovantes en cas de litige avec l'administration, les entreprises pourront désormais compter sur le soutien de Pierre Pélouzet. L'actuel médiateur des relations interentreprises voit son périmètre s'agrandir puisqu'il endossera aussi la fonction de médiateur de l'innovation. Autre bonne surprise de ce plan, le crédit impôt recherche (CIR) reste non seulement sanctuarisé mais il sera adapté aux entreprises innovantes. La question du financement à l'honneur Dans le domaine du financement, plusieurs mesures ont été annoncées. Le gouvernement a décidé la création de plusieurs outils pour couvrir tout le spectre des besoins en fonds propres des entreprises innovantes : le fonds Large venture lancé par Bpifrance et doté de 600 millions d'euros doit favoriser la transformation des start-up à fort potentiel en ETI leaders au niveau mondial. Quant au fonds de fonds de 600 millions d'euros dédié notamment à des interventions sectorielles, il sera géré par Bpifrance dans le cadre du Programme des investissements d'avenir (PIA). Pour soutenir les start-up, la compétence et le renforcement des FIP et des FCPI seront bientôt renforcés. Les investissements des grands groupes, via la création de joint-venture, seront également encouragés. Enfin, les montants unitaires des investissements des business angels seront augmentés. 23 Economie LA TRIBUNE 06/11/2013 Si ces mesures semblent pouvoir être rapidement opérationnelles, d'autres paraissent plus aléatoires. Toujours dans le domaine du financement, le gouvernement souhaite mener une action ciblée pour faire venir les grands fonds d'investissement étrangers en France. Au regard de la dégradation du climat économique et social actuel, alimentée par la polémique sur la pause fiscale que le gouvernement a lui-même déclenchée, le pari n'est pas gagné. Une bourse pour les nouveaux entrepreneurs est également lancée. Ce dispositif consiste en une dotation pouvant aller jusqu'à 30.000 euros permettant de financer les premières étapes d'un projet innovant porté par un entrepreneur modeste. Cette bourse est dotée d'une enveloppe de dix millions d'euros. Le retour de l'immigration choisie Imitant les initiatives prises en ce sens lors du quinquennat précédent, le gouvernement souhaite mettre en place une immigration choisie en attirant les talents étrangers à « haut potentiel », via une procédure simplifie et accélérée. En 2007, lors de la campagne présidentielle, Nicolas Sarkozy avait émis le souhait que 50% des entrées migratoires aient un motif professionnel. Une véritable politique de transfert Directement inspirées par le rapport Beylat-Tambourin publié en avril, plusieurs mesures doivent accroître l'impact économique de la recherche publique par le transfert. Il s'agit notamment de multiplier les passerelles entre la recherche publique et la recherche privée et de favoriser les échanges entre ces deux mondes encore cloisonnés. Beaucoup de mesures déjà connues Parmi les autres mesures, nombreuses sont celles qui étaient déjà connues, notamment celles qui doivent développer la culture de l'entrepreneuriat et de l'innovation. La plupart d'entre elles avait été dévoilées lors des Assises de l'Entrepreneuriat. Quelques décisions… inédites Plusieurs mesures du plan Innovation laissent songeurs. Évoquons la mise en place d'un programme de « Maisons de l'international » pour favoriser l'accès à l'international aux entreprises innovantes ou encore la création d'un programme de designers en résidence dans les pôles de compétitivité. L'initiative est intéressante, même si la capacité des pôles de compétitivité à avoir un effet d'entrainement sur l'économie est encore sujette à caution. Huit ans après leur création en 2005, en cohérence avec la décision n°10 du Pacte national pour la 24 Economie LA TRIBUNE 06/11/2013 croissance, la compétitivité et l'emploi, les 71 pôles de compétitivité pôles doivent se tourner davantage vers les débouchés économiques et l'emploi durant la période 2013-2018. Comment ? En devenant des « usines à produits d'avenir » qui transforment les efforts collaboratifs des travaux de R&D en produits, procédés et services innovants mis sur le marché. Quant à la mise en place des parcours d'accompagnement des start-up et des entreprises innovantes à fort potentiel, on se demande à qui sera confiée cette mission. A l'administration ? A des chefs d'entreprises ? A des business angels ? Enfin, le gouvernement espère faire revenir en France des entrepreneurs français qui ont réussi à l'étranger. Le document ne précise pas comment il compte s'y prendre. Ni si ce sont des entrepreneurs qui ont réussi à l'étranger et qui y sont restés pour des raisons fiscales… 25 Economie LA TRIBUNE 06/11/2013 E-COMMERCE > L’Etat perdrait chaque année des milliards d’euros à cause des sites de commerce en ligne. Les vendeurs basés à l’étranger ne déclareraient pas toujours la valeur exacte des marchandises qu’ils exportent en France, selon un rapport du Sénat présenté ce mardi. Pour éviter les dérives, deux sénateurs préconisent de prélever la TVA à la source pour les importations. latribune.fr Le e-commerce fait perdre des milliards d'euros à l'Etat Si le commerce en ligne permet parfois aux internautes de faire de bonnes affaires, il coûte cher à l'État. Selon un rapport du Sénat sur le rôle des douanes dans le commerce en ligne présenté ce mardi 5 novembre , le manque à gagner pour les finances publiques se chiffrerait en milliards d'euros. Le problème, expliquent les deux auteurs du texte, vient du fait que "le calcul des droits et taxes à l'importation repose sur un régime purement déclaratif", ce qui facilite les fraudes puisqu'il est "impossible d'ouvrir chaque colis pour vérifier la valeur des marchandises". Deux Français sur trois achètent en ligne Les deux sénateurs UMP, Philippe Dallier et Albéric de Montgolfier, citent l'exemple d'une société chinoise ayant déclaré aux douanes des chargeurs de téléphone portable à 20 centimes d'euros et des kits mains libres à 10 centimes d'euros. "Les droits et taxes ne sont de toute évidence pas recouvrés à leur juste niveau", affirment les élus. Aujourd'hui, plus de deux Français sur trois achètent régulièrement en ligne. Le e-commerce 26 Economie LA TRIBUNE 06/11/2013 représente ainsi un chiffre d'affaires annuel de 45 milliards d'euros. "Le monde a changé, les modes de livraisons ont changé, mais on est resté avec le type de contrôles qui existait précédemment et du coup on peut penser qu'on a une évaporation de la base taxable et que cela va aller en grandissant", déplore Philippe Dallier. Payer la TVA à la source Pour éviter les fraudes, les auteurs proposent d'instaurer un prélèvement à la source de la TVA à l'importation, payée au moment de la transaction, via les intermédiaires de paiement comme les banques, et non plus à l'arrivée en douane, comme c'est la cas actuellement. Les deux sénateurs recommandent également d'instaurer un système automatique d'informations entre la douane et les intermédiaires du commerce en ligne (opérateurs de fret, intermédiaires de paiement sur Internet...). > Bercy ne comprend pas la faiblesse des rentrées de TVA. 27 Economie LA TRIBUNE 06/11/2013 LE CHIFFRE DU JOUR > La rémunération moyenne des dirigeants des 120 premières entreprises françaises côtées en Bourse a augmenté de 2,4% en 2012, selon une étude du cabinet Proxinvest. Elle atteint désormais 2.839.000 euros. Bernard Charlès, le directeur général de Dassault Systèmes, arrive en tête avec 14,9 millions d’euros (+36% sur un an). latribune.fr 2.839.000 euros : la rémunération annuelle moyenne des grands patrons en 2012 Malgré la crise, les rémunérations des grands patrons continuent d'augmenter. Selon une étude du cabinet de conseil Proxinvest , publiée ce mardi 5 novembre, les rémunérations des présidents exécutifs des 120 plus grandes sociétés françaises côtées en bourse (SBF 120) ont progressé de 2,4% en 2012. Elles ont atteint en moyenne 2.839.000 euros. Cette hausse concerne en fait les entreprises qui ne font pas partie du CAC 40 : le SBF 80, où l'augmentation atteint 9,3%. A l'inverse, les rémunérations baissent de 6,3% chez les patrons du CAC 40 à 3.968.000 euros. Leurs salaires restent donc toujours plus élevés que la moyenne. Treize dirigeants gagnent plus de 240 fois le SMIC Comme en 2011, treize dirigeants ont gagné plus de 240 fois le SMIC (4,7 millions d'euros), le seuil "maximum socialement acceptable", selon Proxinvest. Bernard Charlès, le directeur général de Dassault Systèmes, arrive en tête avec 14,9 millions d'euros (+36%). Suivent Carlos Ghosn, le 28 Economie LA TRIBUNE 06/11/2013 PDG de Renault-Nissan, avec 13,4 millions d'euros et Bernard Arnault , le propriétaire du groupe Christian Dior-LVMH; avec 9,5 millions d'euros. > Fiscalité: le patron de Dassault Système envisage l'expatriation. "La relation entre la performance à moyen-long terme de l'entreprise et les rémunérations prévues pour les dirigeants reste insuffisante, note Proxinvest. 9% seulement de la rémunération totale des présidents exécutifs du SBF 120 repose sur des conditions de performance mesurées sur un horizon minimum de trois années pleines (contre 12% en 2011)". Des rémunérations qui inquiètent les investisseurs "Ce manque de lien entre rémunération et performance à long terme est préoccupant pour les investisseurs qui semblent suggérer aux administrateurs et comités de rémunération de réduire les parts fixes et bonus annuels versés en espèces au profit d'une vrai rémunération à long terme liée à la performance économique et financière du groupe", ajoute le cabinet de conseil. > CAC 40 : Maurice Lévy (Publicis) et Carlos Ghosn (Renault) champions des rémunérations. 29 Economie LA TRIBUNE 06/11/2013 LOGEMENT > Après avoir crû de 155% depuis 1998, les prix de l’immobilier en France diminuent de manière (trop ?) modérée depuis 2011. L’agence de notation Standard and Poor’s en détaille les raisons. Mathias Thépot Pourquoi les prix de l'immobilier ne baissent-ils pas davantage? Mais pourquoi diantre les prix de l'immobilier ne baissent-ils pas davantage ? Après avoir crû de 155% depuis 1998 en France, un recul plus marqué que celui que l'on connaît actuellement est attendu par bon nombre d'acquéreurs potentiels dans les zones tendues. Malheureusement pour eux, plusieurs facteurs tenaces empêchent un mouvement généralisé à la baisse des prix, selon une étude de Standard & Poor's. Les banques françaises ont en premier lieu leur part de responsabilité. Elles ont en effet continué depuis la crise de 2008 à accorder largement des prêts immobiliers car ce type de crédit leur permet de fidéliser leurs clients sur le long terme. Résultat, "l'offre de financements immobiliers a continué de croître depuis le début de la crise", explique l'agence. En parallèle, les taux d'intérêt de crédits immobiliers ont diminué. Ce qui a rendu d'autres types d'investissements moins attractifs aux yeux des français, et accentué ainsi la caractéristique de "valeur refuge" de la pierre. Il manque 1 million de logements en France Facteur plus structurel, le déficit d'offre de logements maintient la pression sur les prix et enraye leur baisse. Les divorces, les naissances, l'immigration ou les mutations professionnelles sont 30 Economie LA TRIBUNE 06/11/2013 autant de composantes qui font croître chaque année les besoins en logements de la population. On estime que pour les satisfaire, il faudrait que 500.000 habitations soient construits chaque année. Or ce n'est pas le cas. Pour 2013, S&P prévoit 335.000 constructions de logements. Au total, il en manquerait désormais près de 1 million en France, selon des estimations officielles citées par l'agence de notation. Le marché français est surévalué de 15% Aujourd'hui, le marché de l'immobilier français est probablement encore surévalué de 15% comparé à sa moyenne sur le long terme, note S&P. Ce niveau de prix complique l'accès à la propriété pour certaines populations, comme les primo-accédants qui disparaissent du marché depuis que le gouvernement a réduit ses aides. Mais dans un avenir proche, les prix pourraient être amenés à diminuer quelque peu...car la capacité financière des demandeurs de logements devraient s'éroder. En effet, pour S&P, la hausse des taxes sur les revenus conjuguée au taux de chômage élevé en France maintiendra à un faible niveau le revenu disponible des ménages. Et pour ne rien arranger, la taxe sur les transactions immobilières (DMTO) augmentera en 2014. Une remontée des taux de crédits immobilier est à prévoir La remontée prévue des taux d'intérêt de crédits immobiliers va également affecter la demande. Le risque est réel, mais il reste à en connaître l'ampleur. Mais pour maintenir un pouvoir d'achat immobilier suffisant, les prix des logements devront baisser sinon les transactions freineront davantage. Ce dernier scénario est redouté par les promoteurs sur le marché du neuf. Eux qui se disent incapable de faire baisser le prix de revient des logements qu'ils font construire. 31 Economie LA TRIBUNE 06/11/2013 CONJONCTURE > La Commission a revu à la baisse de 1,2 % à 0,6 % ses prévisions de croissance pour 2014. La croissance des exportations restera trop faible pour entraîner le reste de l’économie. Romaric Godin Bruxelles beaucoup moins optimiste sur la croissance dans la zone euro en 2014 La reprise sera faible, très faible en Europe, si l'on en croit les prévisions d'automne de la Commission européenne publiées ce mardi. Certes, Bruxelles confirme que « le deuxième trimestre de 2013 a vraisemblablement marqué la fin de la récession qui a débuté fin 2011 », mais, globalement, les prévisions ont été revues à la baisse par rapport à celles d'avril dernier. Ainsi, la contraction du PIB de la zone euro sera de 0,7 % cette année, contre 0,4 % attendu en avril, tandis que la reprise ne sera que de 0,6 % en 2014 contre 1,2 % prévu en avril. En 2015, la Commission prévoit une croissance de 1,3 % pour les 18 pays qui, alors, formeront l'union économique et monétaire. Révision à la baisse notable des prévisions Cette révision n'est donc pas aussi « modérée » que le prétend la Commission dans son rapport. Pour 2014, la croissance sera en effet deux fois moindre qu'attendu. Pourquoi ? Pour résumer, parce que la stratégie européenne de réduction massive et rapide de l'endettement public a échoué lourdement. Cette dernière espérait que les exportations, dopées par les gains de productivité acquis par les politiques d'austérité, allaient entraîner le reste de l'économie. C'est manqué. Le moteur des exportations ne fonctionne guère Les exportations de la zone euro ne bondiront pas comme prévu en avril de 2,2 % en 2013 et de 32 Economie LA TRIBUNE 06/11/2013 4,9 % en 2014, mais respectivement de 0,6 % et 1,9 %. Pas assez pour servir de locomotive au reste de l'économie. Du reste, la demande intérieure restera en berne l'an prochain. Les investissements ne progresseront pas de 2,3 % comme prévu en avril, mais de 0,3 % seulement ! Quant à la consommation des ménages, elle sera à nouveau en croissance en 2014, mais de 0,3 % seulement. Autrement dit, elle restera largement atone. L'Allemagne n'est pas une locomotive C'est donc une reprise beaucoup trop faible pour la zone euro. Géographiquement, l'Allemagne affichera encore en 2014 une croissance un peu plus solide que les autres grandes économies que l'UEM (1,7 % contre 0,9 % pour la France), mais preuve est une nouvelle fois faite que la République fédérale n'est guère une « locomotive » de la zone euro. Sa croissance sera tirée par les exportations vers les pays tiers et la progression de sa consommation interne ne profite guère à ses partenaires européens. Du mieux à la périphérie, mais sans grand entrain Concernant les pays périphériques, le tableau est certes plus encourageant. A l'exception de Chypre (-3,9 %) et de la Slovénie (-1 %), les autres pays de l'UEM devraient tous revenir à la croissance en 2014, notamment la Grèce (+0,6 %), le Portugal (+0,8 %) et l'Espagne (+0,9 %) et l'Italie (+0,7 %). L'amélioration des prévisions est très nette par rapport à avril pour le Portugal, mais on voit que la croissance demeurera très faible, inférieure à 1 %. Et les prévisions très optimistes pour 2015 (2,9 % pour la Grèce, par exemple) doivent être observées avec beaucoup de précaution. Le chômage restera élevé Surtout, il faut garder à l'esprit que ces économies sortent de sévères récessions et que ces chiffres ne règlent donc pas tous les problèmes, notamment les difficultés politiques et sociales et le poids de la dette. Du reste, Bruxelles doit le reconnaître : le chômage va demeurer élevé en zone euro. En Grèce, la Commission prévoit un taux de chômage de 26 % en 2014. En Espagne, il sera de 26,4 %, au Portugal de 17,7 %, à Chypre de 19,2 %.... Olli Rehn appelle l'Allemagne à agir Olli Rehn, le commissaire en charge des affaires économiques et monétaires et un des artisans et défenseur de la politique de désinflation compétitive n'a évidemment pas reconnu l'échec de la stratégie qu'il a si fortement défendu. Mais il a bien été contraint de reconnaître que les déséquilibres au sein de la zone euro ne se sont pas réduit trois ans après le début de la crise de la dette. Aussi a-t-il appelé l'Allemagne a réduire 33 Economie LA TRIBUNE 06/11/2013 son excédent courant, prévu encore en 2014 à 7 % du PIB, en créant « les conditions d'une hausse générale des salaires » (il a proposé notamment de réduire les impôts sur les hauts salaires) et « plus de compétition dans les services. » Mais à Berlin, on reste droit dans ses bottes, ne voulant accepter aucune critique concernant sa compétitivité. Le rejet violent des critiques récentes en provenance des Etats-Unis l'a montré. Bref, la zone euro demeure encore dans les sables mouvants. 34 Economie LA TRIBUNE 06/11/2013 POLITIQUE ÉNERGÉTIQUE > La Commission européenne veut inciter les États membres une supprimer progressivement les aides et mesures de soutien accordées à la production d’énergies renouvelables, considérant qu’elles alourdissent la facture des ménages et des entreprises de manière contre-productive. Adeline Raynal Energies renouvelables : Bruxelles veut revoir les systèmes d'aide en profondeur Que faire contre l'envolée des prix de l'énergie ? S'assurer que les aides publiques ne perturbent pas le fonctionnement du marché de l'énergie, répond l'Union européenne. Pour éviter que les différents États membres de l'UE ne s'exposent à des sanctions, la Commission européenne leur adressent d'ors et déjà ses consignes en publiant ce 5 novembre ses «orientations» en matière de politique énergétique pour atteindre les objectifs communs en la matière. Ces objectifs ont été fixés en 2009 et sont de quatre ordre: réduire les émissions de gaz à effet de serre d'au moins 20% d'ici 2020 par rapport au niveau de 1990 ; porter à au moins 20% la part des énergies renouvelables dans la consommation finale brute d'énergie ; porter à aux moins 10% la part d'énergies renouvelables dans la consommation finale d'énergie du secteur des transports et réduire de 20% la consommation d'énergie primaire par rapport aux niveaux prévus au moyen d'une efficacité énergétique accrue. Suppression des barrières douanières 35 Economie LA TRIBUNE 06/11/2013 Malgré ces ambitions, la Commission européenne incite aujourd'hui à la suppression progressive des aides apportées à la production d'énergie renouvelable pour les remplacer par un système plus souple permettant de substituer aux tarifs de rachat actuels des «primes de rachat» qui varieraient en fonction de l'évolution du marché. Ce mardi matin, l'agence Bloomberg évoquait en avant-première les orientations de la Commission. Concrètement, l'objectif est notamment d'aller vers une suppression des barrières douanières qui protègent les producteurs d'énergie renouvelable, pour se tourner vers d'autres mécanismes de soutien au marché tels que la fixation de quotas obligatoires. >> Panneaux solaires: Pékin riposte contre les barrières douanières de l'UE De l'importance d'intervention publiques «équilibrées» Plus globalement, l'Union européenne entend initier un débat public sur le recours à des interventions publiques sur le marché de l'énergie. Dans le document publié ce jour, la Commission part d'un principe général : «Si les interventions publiques ne sont pas bien étudiées, elles peuvent perturber gravement le fonctionnement du marché et entrainer une augmentation des prix de l'énergie» comme elle l'écrit dans un communiqué publié ce mardi , reconnaissant néanmoins que «dans certains cas bien particuliers, une intervention publique pourrait être nécessaire pour atteindre les objectifs de politique générale» mais à condition qu'elle soient «équilibrées» et qu'elle tiennent «compte des coûts et des distorsions qu'elle peuvent créer sur le marché». La Commission considère que «le concours financier doit être limité à ce qui est nécessaire et doit contribuer à rendre les sources d'énergie renouvelables compétitives». Mais tient au fait «qu'à mesure qu'elles gagnent en maturité, les technologies doivent être progressivement exposées aux prix du marché et en définitive, le soutien doit être totalement supprimé». Pour que les acteurs économiques puissent anticiper leurs comportement et avoir confiance en ce marché, l'institution européenne prévient par ailleurs que «les gouvernements doivent éviter des modifications non annoncées ou rétroactives de leurs régimes». Les préconisations définitives attendues l'an prochain Quid des prix ? Afin d'encourager la consommation d'énergie renouvelable, la Commission estime que les producteurs d'énergies renouvelables doivent influencer les comportement de consommation en pratiquant des tarifs différents en période de pointe. Les orientations dévoilées ce 5 novembre doivent déboucher dans quelques semaines sur des 36 Economie LA TRIBUNE 06/11/2013 préconisations en bonne et due forme qui devraient être arrêtées définitivement début 2014. 37 Economie LA TRIBUNE 06/11/2013 POLITIQUE ÉCONOMIQUE > Des annonces de réformes financières "sans précédent" sont à attendre ce week-end en Chine. Le pays reste toujours très exposée à la demande extérieure et souhaite stabiliser sa croissance pour maintenir l’emploi, un enjeux crucial pour Pékin. Romain Renier Chine : il faut une croissance d'au moins 7,2% par an pour maintenir l'emploi " Nous devons stabiliser la croissance économique parce qu'il est essentiel pour nous de garantir des emplois en nombre suffisant". C'est ainsi que le Premier ministre chinois Li Keqiang avait traduit l'obsession du parti communiste chinois pour l'emploi, alors que la Chine voit sa croissance ralentir , et le nombre de création d'emplois diminuer. Lundi, le diagnostic est tombé. La deuxième économie mondiale doit s'assurer un rythme de croissance annuel minimum de 7,2% du produit intérieur brut (PIB) si elle veut créer les 10 millions d'emplois nécessaires pour maintenir le taux de chômage en dessous de 4% dans les zones urbaines. La Chine est encore trop dépendante de ses exportations Li Keqiang a réaffirmé à cette occasion l'objectif de croissance à 7,5% du PIB en 2013, mais craint un nouveau ralentissement mondial qui freinerait les exportations du pays. En effet, ces dernières semaines, quelques indicateurs encourageants se sont enchainés, sous l'effet d'une timide reprise 38 Economie LA TRIBUNE 06/11/2013 mondiale. Une bonne tenue des exportations pourrait permettre à la Chine de créer 30 millions d'emplois directs et 100 millions d'emplois supplémentaires par effet de levier, selon son Premier ministre. Mais une nouvelle secousse mondiale pourrait lui faire perdre cet avantage et l'empêcher d'atteindre les 7,2% de croissance requis. Les blocages empêchent la demande intérieure de se développer En fait, Pékin est pris entre deux feux. D'un côté, la Chine a subit de plein fouet le ralentissement des grandes économies occidentales, ses principaux clients à l'export, suite à la crise de 2009. Le pouvoir central tente donc aujourd'hui d'opérer un rééquilibrage nécessaire de son économie, moins tourné vers les exportations et plus axé sur sa demande intérieure. Or cette même demande intérieure peine à se développer sous l'effet de nombreux blocages liés à la structure de l'économie du pays. De l'autre, le parti communiste chinois craint plus que tout une montée de la grogne sociale qui pourrait entamer sa légitimité dans l'opinion publique chinoise. C'est la raison pour laquelle il a réaffirmé avec poigne son emprise sur le pays ces derniers mois. Des réformes financières "sans précédent" à attendre A quelques jours du plenum qui doit se tenir entre les dirigeants chinois du 9 au 12 novembre prochain, ces prises de positions du Premier ministre chinois traduisent un débat interne sur les mesures à prendre pour stabiliser la croissance. Réunissant les 200 membres du Comité central du parti communiste, cette réunion est traditionnellement l'occasion d'annonces des changements à venir. Aucun détail n'a filtré sur les annonces qui seront faites, mais le numéro quatre du Politburo du parti a annoncé des réformes " sans précédent ", qui selon certaines sources, seraient principalement financières. >> Lire aussi : Pour la Chine, l'avenir passe par une libéralisation de son économie 39 Economie LA TRIBUNE 06/11/2013 TOURISME > Une délégation de la septième ville chinoise est en France pour attirer les entreprises françaises et les touristes français. Airbus, Dalkia, et Club Med sont déjà présents. Cette opération intervient 15 jours après le problème de pollution survenu à Harbin après la remise en service du chauffage, Fabrice Gliszczynski Harbin, la ville chinoise qui a fait le buzz avec son smog de pollution, veut séduire les Français Opération séduction. C'est l'objectif de la délégation de la ville chinoise de Harbin, en visite en France pour quelques jours. Zone franche, cette ville de 10 millions d'habitants située au nord-est de la Chine à la frontière avec la Sibérie, a déjà séduit plusieurs grands noms de l'industrie européenne et française comme Airbus, Dalkia (filiale d'EDF et de Veolia) ou le Club Med, lequel a ouvert à proximité son premier village en Chine. La municipalité en espère d'autres et veut attirer les touristes français. Ses représentants souhaitent même convaincre Air France d'ouvrir, un jour, une ligne directe au départ de Paris. Mardi, ils rencontreront quelques tour-opérateurs français pour les pousser à programmer Harbin dans leurs circuits. Brouillard à couper au couteau Cette visite en France est un peu un jeu d'équilibriste. La septième ville chinoise s'est en effet déjà fait une publicité dont elle se serait bien passée. Harbin a en effet fait le buzz il y a une quinzaine de jours pour l'épais brouillard qui l'avait frappée pendant 3 jours au moment de la remise en 40 Economie LA TRIBUNE 06/11/2013 service des équipements de chauffage au charbon et à la paille brûlée à l'approche de l'hiver, particulièrement rude dans cette région située dans le nord-est de la Chine, voisine de la frontière russe et de la Sibérie. Un smog si dense que la visibilité était réduite à quelques mètres et que deux bus de la ville s'étaient perdus durant des heures en chemin, selon la presse locale. Selon des experts, le problème réside dans l'existence de petites chaudières privées, destinées à disparaître après l'installation dans les 10 districts d'un système de chauffage urbain. Et s'il y a chaque année un petit fog au moment de leur redémarrage, il n'y a pas eu cette fois de vents pour le dissiper. 41 Entreprises LA TRIBUNE 06/11/2013 AUTOMOBILE > Ce partenariat pourrait déboucher sur le développement de deux nouveaux modèles de berlines issues de la gamme Renault et qui seraient commercialisées sous la marque Mitsubishi. latribune.fr Renault-Nissan et Mitsubishi veulent faire un bout de route ensemble Le bruit courait depuis plusieurs mois , c'est désormais confirmé : l'Alliance Renault-Nissan et le constructeur japonais Mitsubishi ont annoncé ce mardi que leur coopération internationale allait être renforcée. "La coopération stratégique existant déjà entre Nissan et Mitsubishi Motors pourrait être étendue à l'Alliance Renault-Nissan ", indiquent dans un communiqué commun les deux partenaires. "Rien n'a été fixé pour l'instant, les négociations sont lancées" L'alliance Renault Nissan et Mitsubishi ont désormais l'intention de collaborer plus largement, par un partage de technologies dans le domaine du véhicule électrique et des plateformes de dernière génération. " Rien n'a été fixé pour l'instant, les négociations sont lancées ", a déclaré à l'AFP un porte-parole de Mitsubishi Motors. Le développement de deux nouveaux modèles de berlines sur la table Les deux partenaires ont cependant précisé qu'ils discutaient d'ores et déjà du développement de 42 Entreprises LA TRIBUNE 06/11/2013 deux nouveaux modèles de berlines issues de la gamme Renault et qui seraient commercialisées sous la marque Mitsubishi. Selon le communiqué, le premier modèle, devrait être une voiture compacte qui sera sans doute produit dans l'usine Renault-Samsung de Busan en Corée du Sud pour les marchés américain et canadien. Le lieu de production du second modèle, une familiale cette fois, serait " encore en discussion". Nissan et Mitsubishi coopère depuis dix ans en Asie Pour rappel, Mitsubishi coopère depuis 2003 en Asie avec Nissan. En 2011, les deux constructeurs ont même créé une société commune afin de développer des voitures de petite taille et de petite cylindrée, très appréciées au Japon. Dans ce cadre là, il faut souligner que Mitsubishi Fuso Truck and Bus Corporation (MFTBC) et Nissan Motor ont également signé un protocole d'accord prévoyant l'approvisionnement mutuel de deux camions légers au Japon. Mitsubishi toujours en relation avec PSA Peugeot Citroën On se souvient également que Mitsubishi a longtemps flirté avec PSA Peugeot Citroën . Sans compter que le groupe japonais conçoit et produit au Japon les Peugeot Ion et Citroën C Zéro, des clones du Mitsubishi i-Miev . Des modèles que le constructeur français n'écoule désormais plus qu'en faible quantité. Autre modèle fourni par Mitsubishi à Peugeot : les Citroën C-Crosser, les Peugeot 4007, ou bien encore les C4 Aircross et 4008 diesel. A lire aussi : >> Renault envisage une alliance avec Mitsubishi, partenaire de Peugeot-Citroën >> Renault-Nissan fête sa 100.000ème voiture électrique sur un marché en basse tension 43 Entreprises LA TRIBUNE 06/11/2013 CESSION > Le groupe a annoncé avoir trouvé un accord avec l’opérateur Etisalat portant sur la cession de sa participation dans Maroc Telecom pour un montant de 4,2 milliards d’euros. L’opération devrait être finalisée début 2014. Vivendi poursuit sa stratégie de recentrage sur ses activités dans les médias. latribune.fr Vivendi a enfin réussi a céder Maroc Telecom pour 4,2 milliards d'euros C'était dans les tuyaux depuis plusieurs semaines. Vivendi a annoncé ce mardi être parvenu à un accord avec l'opérateur émirati Etisalat pour lui céder sa participation de 53% dans Maroc Telecom. Le montant de la transaction ? 4,2 milliards d'euros. Dans le détail, le prix de cession est de 3,9 milliards d'euros, auxquels devaient s'ajouter 310 millions d'euros au titre du dividende de l'année 2012. Des chiffres conformes à ce qui avait été indiqué lors des négociations. L'opération devrait se finaliser "d'ici début 2014" L'accord est présenté comme "définitif", mais il reste "soumis à certaines conditions, en particulier l'approbation des autorités de régulation des pays où Maroc Telecom est implanté ", a précisé Vivendi dans un communiqué. Le groupe se dit "confiant" dans une finalisation de l'opération "d'ici début 2014". Ce qui représente 44 Entreprises LA TRIBUNE 06/11/2013 un léger contre-temps pour le conglomérat français qui espérait initialement boucler celle-ci avant la fin de l'année. A noter également que cet accord a été trouvée quelques jours après l'expiration de la date butoir que les deux parties s'étaient initialement fixée. Vivendi en train de recentrer ses activités dans les médias " Cette cession s'inscrit dans la stratégie du groupe qui consiste à recentrer et développer ses activités dans les médias et les contenu s", a-t-on également souligné du côté de Vivendi qui est parvenu à un accord avec le groupe Lagardère la semaine dernière. Le groupe va racheter, pour près de 1 milliard d'euros, les 20% de Canal+ qui lui manquent pour détenir la totalité du capital. Il y a quelques semaines, le groupe avait par ailleurs finalisé son désengagement d'Activision Blizzard, sa filiale de jeux vidéo, pour un montant de 6 milliards d'euros. A lire aussi : >>Canal Plus : accord à un milliard d'euros en vue entre Vivendi et Lagardère >> Télécoms : Vivendi négocie la vente de Maroc Télécom pour 3,9 milliards d'euros 45 Entreprises LA TRIBUNE 06/11/2013 HAUT DÉBIT > Alors que le cablo-opérateur doit être introduit en Bourse ce vendredi 8 novembre, il doit faire face à des actions en justice de ces deux concurrents. latribune.fr Free et Bouygues déterrent la hache de guerre contre Numericable "Les emmerdes, ça vole toujours en escadrille", aimait à répéter Jacques Chirac. C'est ce que l'on doit se dire du côté de Numericable en ce début de semaine alors que le cablo-opérateur doit entrer en Bourse ce vendredi 8 novembre et que la priorité devait être donnée au peaufinage des derniers détails de cette opération. Des informations "erronées et dévalorisantes" Car Numericable a désormais d'autres affaires sur le feu puisque Free et Bouygues Telecom l'ont assigné en justice la semaine dernière. Le groupe de Xavier Niel a assigné en référé Numericable devant le tribunal de Nanterre. Les motifs de ces poursuites ? Free estime que le cablo-opérateur a notifié des informations "erronées et dévalorisantes" à son égard dans le document de référence déposé auprès de l'Autorité des marchés financiers (AMF) en vue de son IPO. Pour l'opérateur, le but est d'empêcher la publication du document en l'état. Pour Numericable, ce n'est pas un "document de publicité" Free reproche notamment à Numericable un tableau comparatif mettant en exergue les différentes 46 Entreprises LA TRIBUNE 06/11/2013 offres du marché et où le débit de de Free y apparaît comme inférieur à la réalité, selon le groupe dirigé par Xavier Niel. Dans le détail, Numericable affiche une offre de 200 Mbit/s tandis que celle de son concurrent est de 28 Mbit/s. Or, Free prétend avoir récemment augmenté ses débits fibre optique à 1 Gbit/s. Ce que l'Arcep, le régulateur des télécoms, a dénoncé en affirmant que cette annonce, entre autres, avait un "caractère partiel et inexact". Chez Numericable, on rétorque que ce "prospectus d'introduction en Bourse a été établi de bonne foi, sur la base des informations disponibles au moment de sa rédaction, et que ce prospectus ne constitue pas un document de publicité comparative par rapport à ses concurrents mais un document d'information financière concernant Numericable Group." Bouygues Telecom demande 53 millions d'euros de dédommagement Du côté de Bouygues Telecom, les faits reprochés à Numericable sont les suivants : l'opérateur qui se fournit en connectivité très haut débit chez ce dernier, lui reproche notamment un service insuffisant et demande 53 millions d'euros de dédommagement, dont "33,3 millions d'euros à raison de défaillances (...) dans l'exécution du contrat." A lire aussi : >> Pourquoi Numericable peut séduire les investisseurs >> Numericable en Bourse pour mieux épouser SFR? 47 Entreprises LA TRIBUNE 06/11/2013 TÉLÉPHONIE MOBILE > L’association de défense des consommateurs dénonce une couverture bien inférieure aux publicités des deux opérateurs sur leur réseau à très haut débit mobile et les attaque en justice pour pratiques commerciales trompeuses sur les débits. Delphine Cuny 4G : l'UFC attaque Orange et SFR pour leur com' trompeuse Une « couverture mitée », qui ressemble à « un véritable gruyère » : l'UFC Que Choisir juge « intolérable » le décalage entre la communication des opérateurs sur leur réseau 4G et la réalité. L'association de défense des consommateurs annonce ce mardi matin qu'elle attaque en justice Orange et SFR, devant le tribunal de grande instance de Paris, pour pratiques commerciales trompeuses. L'UFC leur reproche « l'anormal décalage entre la carte de couverture de la ville de Paris » que les deux opérateurs présentent sur leur site Internet et « l'accessibilité effective » à leur réseau 4G : 20% de zones non couvertes sur la capitale chez Orange et 25% chez SFR, selon les mesures réalisées fin octobre pour l'UFC par le cabinet d'études spécialisé Directique, qui travaille également pour l'Arcep, le gendarme des télécoms, et les opérateurs. En revanche, l'UFC distribue un bon point à Bouygues Telecom, « le seul opérateur dont la carte de couverture est fidèle à la réalité . » Rappelons que ces cartes ne sont pas certifiées par le régulateur, qui doit vérifier si les opérateurs tiennent leurs engagements de couverture en octobre 2015… 48 Entreprises LA TRIBUNE 06/11/2013 Une débauche de publicités triomphales C'est un évidemment un coup dur pour Orange et SFR qui ont rivalisé de communication sur la 4G, en particulier à Paris, dont ils ont fait « leur vitrine, leur étendard », souligne Alain Bazot, le président de l'UFC. Une « débauche de publicités », empreintes de triomphalisme, « une communication aussi massive que litigieuse », qui l'ont visiblement agacé. SFR avait commencé en janvier en annonçant couvrir le quartier de « Paris-La Défense » puis en affirmant fin août avoir « la couverture 4G parisienne la plus importante », tout en promettant de l'étendre à l'intégralité de la ville pour la fin de l'année. Dix jours plus tard, Orange annonçait couvrir tout Paris , tous les arrondissements. « C'est la campagne de France, de Paris et d'Ile-de-France ! » s'était enflammé le PDG, Stéphane Richard. Or aujourd'hui, selon l'UFC, la partie sud-ouest de la capitale ne l'est pas chez Orange, de nombreuses « poches vides » subsistent chez SFR (notamment dans le sud-est) et seul Bouygues peut se targuer de couvrir la ville en 4G « à 99,4%. » Même si la couverture a pu évoluer depuis les mesures, nuance l'association. Orange se déclare « surpris » du communiqué de l'UFC, tandis que SFR martèle que « la couverture intégrale sera réalisée d'ici la fin de l'année. C'est ce que nous faisons. » > Lire "Bataille de la 4G : roulement de tambours et de mécaniques d'Orange SFR et Bouygues" « 4G des villes, 4G des champs » L'UFC s'est contentée d'auditer Paris (plus de 66.000 mesures, 80% des rues de la capitale sillonnées en voiture avec des antennes extérieures), supposant que « c'est ce qu'il se fait sans doute de mieux », même si Bouygues affirme couvrir 2.000 villes, Orange 548 villes et SFR 312 villes au 31 octobre. Or l'UFC Que Choisir prédit d'ores et déjà une nouvelle fracture numérique entre « 4G des villes et 4G des champs » : les campagnes, qui seront couvertes à l'aide de fréquences 800 Mhz, ne pourront pas bénéficier du meilleur du très haut débit mobile, mais de 75 Mégabits par seconde au mieux contre plus de 100 Mégas en villes grâce aux fréquences 2,6 Ghz. Désinformation sur les débits : vraie 4G et fausse 4G L'association, toujours très en pointe sur les questions de télécoms, dénonce aussi la « désinforma L'association reproche également à Orange sa publicité comparative sur les débits de la 4G : en 49 Entreprises LA TRIBUNE 06/11/2013 particulier sur son site quialameilleure4G.com , le premier opérateur mobile français se targue d'avoir le meilleur, à 150 mégabits/s (en débit maximum théorique) contre 115 Mb/s chez SFR et Bouygues Telecom, grâce aux fréquences qu'il a obtenues, « laissant penser aux abonnés qu'ils accèderaient sur l'ensemble des zones » à ce débit maximal. Cependant, l'UFC n'a pas vérifié les débits offerts. Interrogé sur les critiques émises par certains utilisateurs de la 4G de Bouygues sur le débit fourni parfois comparable à de la H+, l'association confirme avoir reçu des remarques de consommateurs en ce sens mais « ce n'est pas l'objet de cette étude . » Le site ZDnet un observatoire 4G Monitor mis à jour régulièrement, réalisé avec l'application 4G Mark. Sans 4G, Free doit rire sous cape Devant ce flou généralisé, l'UFC en appelle à l'Arcep, lui demandant de créer un observatoire de la 4G chargé de « garantir la validité des allégations des opérateurs aussi bien sur les couvertures que sur les débits . » L'Arcep risque de se draper derrière le calendrier des obligations légales, inscrit dans les licences attribuées aux opérateurs, qui fixe la première clause de rendez-vous des engagements de couverture de la population (25%) dans deux ans. Or « le président de l'Arcep a lui-même souligné que le déploiement des opérateurs avait deux ans d'avance, l'Arcep doit s'adapter » fait valoir Alain Bazot. Un débat avait déjà porté sur la réalité de la couverture et l'inflexibilité de l'Arcep sur le calendrier en janvier 2012 au lancement de Free Mobile, que ses concurrents accusaient de ne pas allumer ses antennes. Free qui, a eu en son temps maille à partir avec l'UFC (qui l'a attaqué pour son Internet fixe et pour sa 3G), et n'a toujours pas lancé de service commercial 4G, doit rire sous cape : Xavier Niel, le fondateur et principal actionnaire de l'opérateur, s'était moqué de ses concurrents communiquant à outrance sur la 4G. « Il ne faut pas vendre de fausse monnaie » avait-il lancé, mettant en garde contre le risque de déception de promesses non tenues... >>> Lire l'étude complète de l'UFC Que choisir sur la 4G 50 Entreprises LA TRIBUNE 06/11/2013 UFC Que Choisir - la 4G en France publié par latribune.fr 51 Entreprises LA TRIBUNE 06/11/2013 PATRIOTISME ÉCONOMIQUE > Apple poursuit sa "relocalisation" avec l’ouverture prochaine d’une nouvelle usine outre-Atlantique, dans l’Arizona. La gouverneure de cet État de l’Ouest américain a confirmé lundi soir l’installation prochaine par le groupe américain d’un site de production qui devrait employer 700 personnes et créer 1.300 autres emplois. latribune.fr Apple, de plus en plus "made in USA", va implanter une usine en Arizona L'administration américaine a de bonnes raisons de chouchouter la marque à la Pomme . Parmi elles: la promesse de créer des emplois, notamment industriels, sur le territoire américain. Apple vient d'en donner un nouvel exemple avec l'annonce de l'installation prochaine d'une usine à Mesa située dans la banlieue de Phoenix, la capitale de l'Arizona. 2000 emplois et de l'énergie "verte" La gouverneure de l'Etat, Jan Brewer, l'a officialisé le 4 novembre. Elle vante les 700 emplois directement créés et les 1.300 autres générés par l'activité à venir. Cerise sur le gâteau, le groupe américain promet de construire un bâtiment "vert" en utilisant les énergies renouvelables (panneaux solaires, sources géothermiques) pour l'alimenter en énergie. Quant à sa destination exacte, elle reste plutôt floue. La production sera assurée en partenariat avec GT Advanced Technologies, spécialiste des cristaux liquides, qui participent à la composition 52 Entreprises LA TRIBUNE 06/11/2013 des écrans. Un investissement pour lequel Apple devrait avancer 578 millions de dollars à la compagnie qui remboursera cette somme sur cinq ans à partir de 2015. Un MacBookPro "made in USA" En décembre 2012, le PDG d'Apple, Tim Cook avait annoncé qu'il comptait relocaliser en partie la production des Mac aux Etats-Unis . Lors de sa dernière Keynote, la direction du groupe avait annoncé en grande pompe que la production du nouvel ordinateur MacBook serait en grande partie réalisée sur le sol américain. Mais ceux-ci devraient surtout sortir de l'usine texane d'Apple. >> Un iPad "Air" allégé, quelques ristournes sur les prix... le nouveau régime d'Apple Comme Apple, d'autres géants de la high-tech brandissent aussi l'argument patriotique. C'est le cas de Google qui, défend ainsi le dernier né de sa filiale Motorola, Moto X. 53 Entreprises LA TRIBUNE 06/11/2013 SERVICES EN LIGNE > Google a lancé, lundi, un nouveau service baptisé "Helpouts". Il met en contact des internautes qui souhaitent obtenir des conseils ou des cours particuliers dans divers domaines (cuisine, musique, sport, santé...) avec des experts qui les aident ensuite en ligne et en direct. Hélène Haus Cours : Google lance son propre service de moocs... payant Besoin de conseils pour faire du bricolage, cuisiner un risotto ou vous muscler les biceps ? Vous pourrez peut-être trouver les réponses à vos questions grâce à Google. Le moteur de recherche a lancé, lundi 4 novembre, un nouveau service payant. Baptisé Helpouts , il met en contact des experts avec des particuliers inscrits sur Google + en quête de conseils sur différents thèmes, à l'image des moocs, ces cours en ligne très en vogue aux États-Unis. > Mooc : un énorme business ... encore à inventer. Huit catégories sont répertoriées sur le site : "art et musique", "cuisine", "fitness et nutrition", "formation et carrière", "informatique et électronique", "maison et jardin", "mode et beauté" et "santé". Les conseils des experts peuvent être donnés via des vidéos enregistrées ou des entretiens en direct. C'est sur ce dernier créneau que mise d'ailleurs le moteur de recherche qui en a fait le slogan de Helpouts "Real help, real people, real time" (Vraie aide, vrais gens, en direct, en français). Les 54 Entreprises LA TRIBUNE 06/11/2013 internautes peuvent ainsi réserver une séance de sport avec une coach sportive ou réviser leur littérature classique avec un enseignant en fonction de leur emploi du temps. Google s'offre 20% du montant de la transaction Les professionnels disposent d'une fiche de présentation où ils peuvent joindre une vidéo dans laquelle ils convainquent les internautes de recourir à leurs services. Les cours, facturés quelques dizaines de dollars en moyenne, sont payés via Google Portefeuille . Le moteur de recherche s'octroie 20% du montant de la transaction, à l'exception des entretiens donnés dans la rubrique santé, sur lesquels il ne touche aucun bénéfice. Certains conseils sont fournis gratuitement, notamment par des marques, comme Weight Watcher dans la rubrique "fitness et nutrition", qui en profitent en fait implicitement pour se faire de la publicité. Pour éviter aux internautes d'écouter les conseils de faux experts, le moteur de recherche a pris des précautions, notamment pour vérifier les compétences des personnes qui donneront des entretiens dans le domaine médical. "Si vous proposez un service médical à titre de professionnel de santé règlementé, un tiers se chargera de vérifier votre certificat ou votre permis d'exercer" , explique Google sur le site de Helpouts. Un service encore limité en France Pour l'instant, les conseils médicaux seront uniquement disponibles sur la version américaine du site. Les internautes français devront se contenter des cours distillés dans les autres catégories, dont la majorité sont pour l'instant proposés en anglais. Google assure que le service sera garantie "satisfait ou remboursé". Voir la présentation du service Helpouts de Google : 55 Banques & Finances LA TRIBUNE 06/11/2013 COMMUNICATION > Le secteur français de la banque et de l’assurance a investi 1,088 milliard d’euros en publicité, de janvier à juillet, soit une hausse de 2,2%, selon Kantar Media. Cinq ans après la crise financière, les banques s’efforcent toujours de combattre un sentiment de défiance à leur égard. Christine Lejoux Publicité : les banques jouent la carte de la légitimité et de l'intimité Cinq après, la communication publicitaire des banques demeure marquée au fer rouge par la crise financière de 2008. "Le secteur bancaire reste cloué au pilori par les médias, qui dénoncent de plus en plus l'incompétence des banquiers, voire leur malhonnêteté, ainsi que l'opacité des banques, qui crée par exemple un frein à la lutte contre l'évasion fiscale", analyse Céline Gardeur, chez Kantar Media, qui présentait mardi 5 novembre la nouvelle édition de son observatoire des stratégies publicitaires des banques et des assureurs. Les clients s'en laissent d'autant moins conter par les banques qu'ils sont "toujours plus équipés et matures" sur le front des nouvelles technologies, poursuit Céline Gardeur. Ce qui conduit un nombre croissant d'entre eux à succomber aux charmes de la banque en ligne. Une concurrence à laquelle pourrait bien s'ajouter, dans les prochaines années, celle du "crowdfunding", le projet français de réglementation du financement participatif donnant un coup de canif au monopole 56 Banques & Finances LA TRIBUNE 06/11/2013 bancaire. Des investissements publicitaires en hausse de 2,2% Dans ce contexte, les banques ne lésinent pas pour tenter de redorer leur image. De janvier à août 2013, les secteurs de la banque et de l'assurance ont dépensé 1,088 milliard d'euros en publicité. Un montant qui représente 6,5% du marché publicitaire global en France, et qui correspond à une hausse de 2,2% par rapport à la même période de 2012. Pour mémoire, les investissements publicitaires des banques et des assureurs avaient fléchi de 5%, l'an dernier. Et s'il est une thématique sur laquelle les banques communiquent, dans cet environnement de défiance et de concurrence croissante, c'est bien celle de la légitimité. "L'idée est de laver la marque de tout soupçon, de la débarrasser des préjugés", précise Céline Gardeur. C'est ce que fait ING Direct, avec son slogan "appeler un chat, un chat", destiné à montrer que la banque est transparente et que ses services payants, par exemple, sont bien indiqués comme tels. Dans la même veine, la Banque Postale se veut "banque et citoyenne", une nouvelle signature qui, au passage, propulse l'établissement au premier rang des annonceurs bancaires, avec un bond de 44% de ses investissements publicitaires. Un retour à des recettes de 2008 et 2009, juste après la crise financière Mais, pour (re)gagner le cœur de ses clients, quoi de mieux que la carte de l'intimité ? "Les publicités montrent une omniprésence des marques dans le quotidien de leurs clients" , souligne Céline Gardeur. En témoignent celles de Hello Bank !, faisant état de multiples échanges de SMS entre la banque en ligne lancée par BNP Paribas au printemps dernier et ses clients, à l'image des textos que deux amis peuvent s'envoyer au cours d'une soirée. Axa va plus loin encore, en évoquant dans ses publicités un jeune garçon victime d'un accident et accompagné depuis plusieurs années par l'assureur. L'objectif : "valoriser un esprit d'échange, une proximité émotionnelle" , décrypte Céline Gardeur, qui voit là un retour à " des recettes de 2008/2009, post-crise financière." De là à rabibocher définitivement les Français avec le secteur financier, reste sans doute un pas important à franchir. 57 Banques & Finances LA TRIBUNE 06/11/2013 MOYENS DE PAIEMENT > La Fédération bancaire française (FBF), la CGPME et le Medef exhortent les PME à « passer à la vitesse supérieure » dans l’adoption de Sepa (Single Euro Payments Area), le nouveau standard de paiement européen qui entrera en vigueur le 1er février 2014. Sans quoi les entreprises risquent de faire face à de sérieux problèmes de trésorerie. Christine Lejoux Standard de paiement Sepa : la pression se renforce sur les PME pour éviter le bug du 1er février 2014 Le compte à rebours s'accélère. Les entreprises n'ont plus que 87 jours, c'est-à-dire jusqu'au 1er février 2014, pour se mettre en conformité avec Sepa (Single Euro Payments Area), le nouveau standard européen pour les prélèvements et les virements, qui représentent quelque sept milliards d'opérations chaque année en France. Passé ce délai, les paiements encore effectués selon les formats nationaux seront purement et simplement refusés par les banques. Autrement dit, une entreprise qui n'aura pas adopté la norme Sepa au 1er février 2014 ne sera plus en mesure de payer ses salariés et ses fournisseurs, pas plus qu'elle ne pourra encaisser les règlements de ses clients. " Tout s'arrêtera, il y aura un effet couperet, avec un impact sur la trésorerie des entreprises" , insiste Thibault Lanxade, président du pôle entrepreneuriat et croissance au Medef. Signe qu'il y a véritablement urgence en la matière, la Fédération bancaire française (FBF) et les 58 Banques & Finances LA TRIBUNE 06/11/2013 organisations patronales CGPME et Medef ont organisé une conférence de presse commune, mardi 5 novembre, afin d'exhorter les PME à migrer vers cette nouvelle norme de paiement. Il y a quelques semaines, le 23 septembre, c'est le ministre de l'Economie, Pierre Moscovici, et le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, qui s'étaient fendus d'une conférence de presse pour rappeler Sepa au bon souvenir des PME. 53% seulement des virements sont aux normes Sepa "Ces nouveaux moyens de paiement s'appliqueront à tous les acteurs économiques, qu'il s'agisse des banques, des grandes entreprises, des PME, des entrepreneurs individuels ou des administrations", martèle Jean Clamon, président du comité d'orientation des moyens de paiement à la FBF. Or, à moins de trois mois de l'entrée en vigueur de Sepa, l'état des lieux "n'est pas très brillant " , soupire Bernard Cohen-Hadad, président de la commission financement de la CGPME. C'est un euphémisme : en France, à peine de plus de la moitié (53%) des virements sont actuellement aux normes Sepa, une proportion qui tombe à… 2,9% dans le cas des prélèvements. 56% des PME n'ont jamais entendu parler de Sepa Si les banques, les grands facturiers comme Orange et EDF et les administrations sont prêts, il en va tout autrement pour les PME, 56% d'entre elles n'ayant jamais entendu un traître mot au sujet de Sepa. "Les PME ont du mal à se sentir concernées par ces nouvelles normes de paiement, jugées très techniques, leur attention est accaparée par la conjoncture économique, la faiblesse de leurs marges, l'instabilité fiscale", reconnaît Bernard Cohen-Hadad. Pour autant, "ce n'est pas aux banques de rappeler aux chefs d'entreprise qu'ils doivent mettre leurs opérations de paiement en conformité avec Sepa, c'est à ces derniers d'initier cette migration" , s'agace Bernard Cohen-Hadad. Le reste de l'Europe n'est guère plus avancé que la France Or la migration vers Sepa ne se fait pas d'un claquement de doigt. Elle nécessite une mise à jour des logiciels de paie et de facturation, une formation des salariés, ainsi qu'une phase de tests pour remédier aux inévitables "bugs." Bernard Cohen-Hadad invite donc les PME à se rapprocher rapidement de leurs banques, de leurs fournisseurs de logiciels, des organisations patronales et 59 Banques & Finances LA TRIBUNE 06/11/2013 des chambres de commerce et d'industrie, afin d'organiser leur passage à la norme Sepa avant le mois de janvier. "Après ce sera trop tard ", prévient le patron de la commission financement de la CGPME. Thibault Lanxade essaie, lui, le registre de la séduction : "Le passage à la norme Sepa permettra aux entreprises d'harmoniser et donc de fluidifier leurs paiements en Europe, elles n'auront plus à passer par une dizaine de chambres de compensation." Et d'ajouter : « pour la majorité des petites entreprises, le coût du passage à Sepa sera relativement faible car il s'agit surtout de développement interne. » Maigre consolation : le reste de l'Europe, et en particulier l'Allemagne, n'est guère plus avancé que la France. 60 Banques & Finances LA TRIBUNE 06/11/2013 ECONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE > L’épargne solidaire a atteint le million de souscripteurs en 2013, pour un encours total de 5 milliards d’euros attendu à la fin de l’année. C’est quinze fois plus qu’en 2002. latribune.fr L'épargne solidaire a déjà séduit un million de souscripteurs en France Lancée lundi 4 novembre, la Semaine de la finance solidaire a accueilli sa première bonne nouvelle. Un million de Français ont déjà souscrit à des fonds dont une partie est dédiée au financement de projets considérés comme éthiques (construction de logements sociaux, développement durable...). L'épargne salariale, principale pourvoyeuse de fonds Pour le moment, le drainage de l'épargne des Français vers la finance solidaire se fait surtout à travers les dispositifs d'épargne salariales, qui représentent 80% des fonds apportés. C'est bien sûr le résultat d'un engouement des français pour cet autre moyen d'épargner. Mais aussi et surtout, depuis 2010, les entreprises qui proposent un dispositif d'épargne salarial à leurs employés doivent compter dans leur gamme au moins un fonds d'épargne solidaire. Total de l'encours multiplié par quinze en dix ans La tendance devrait se poursuivre. Selon l'association Finansol, qui accorde depuis 1995 un label 61 Banques & Finances LA TRIBUNE 06/11/2013 aux placements solidaires, et citée par les Echos, l'épargne solidaire devrait atteindre les 5 milliards d'euros d'encours d'ici à la fin de l'année, soit une augmentation de prêt de 300 millions d'euros en un an et au delà de quinze fois plus qu'en 2002. Objectif : 1% de l'épargne totale des Français dans quinze ans Finansol espère que 1% des quelque 3,8 milliards d'euros d'encours d'épargne des Français sera placé dans l'épargne solidaire d'ici à une quinzaine d'années. Soit dix fois plus qu'aujourd'hui. Pour cela, l'association Finansol milite pour que de nouveaux contrats d'assurance vie ou d'épargne règlementée dont l'actif général soit investi au moins à 5% sur des entreprises solidaires, expliquait Sophie des Mazery il y a peu. En attendant, la cadence devrait se ralentir un petit peu. 62 Banques & Finances LA TRIBUNE 06/11/2013 LE CHIFFRE DU JOUR > Le fonds spéculatif américain a plaidé coupable et a accepté de payer cette somme pour mettre fin à l’enquête pour délit d’initié. Mais ce n’est peut-être pas fini. Le ministre de la Justice de l’Etat de New York, Preet Bharara, a affirmé que l’accord trouvé n’assurait "d’immunité à aucun individu". latribune.fr 1,8 milliard de dollars : l'amende record que va payer le hedge fund SAC 1,8 milliard de dollars. C'est l'amende record qu'a accepté de payer lundi l'un des fonds spéculatifs les plus en vue de Wall Street : SAC Capital, afin de s'extirper d'une vaste enquête pour délits d'initiés. "La plus grosse amende de l'histoire pour des délits d'initiés" Le ministre de la Justice de l'Etat de New York, Preet Bharara, a ainsi affirmé que SAC Capital, l'un des fonds spéculatifs les plus gros et les plus puissants au monde, a accepté de plaider coupable (...) et de payer la plus grosse amende de l'histoire pour des délits d'initiés. La somme de 1,8 milliard de dollars se répartit à 50-50 entre des pénalités criminelles et civiles, et intègre 616 millions de dollars que SAC avait déjà acceptés de payer en mars lors d'un autre accord avec le gendarme boursier américain (SEC). 63 Banques & Finances LA TRIBUNE 06/11/2013 Le propriétaire et milliardaire Steven Cohen évite le pénal Si les autorités américaines n'ont toujours pas réussi à épingler au pénal le propriétaire de SAC, le milliardaire Steven Cohen, elles l'ont cependant contraint à réduire ses activités d'investissement. Au-delà des pénalités financières, SAC accepte en effet de " de fermer son activité d'investissements pour des tiers (...) et de ne plus recevoir de fonds d'investisseurs extérieurs et de fermer ses opérations de conseil en investissement". En clair, il ne pourra plus investir que pour le compte de ses salariés et de Steven Cohen. Ce dernier détient la 117e fortune mondiale, selon le classement de référence du magazine Forbes. Investie également dans l'art et l'immobilier, elle était évaluée à 9,4 milliards de dollars en septembre. SAC n'a pas chiffré la part de son activité qu'il abandonnait. Des faits qui remontent jusqu'à 1999 Les autorités américaines, avaient depuis longtemps le fonds spéculatif et son fondateur dans le collimateur. Les faits reprochés remontent pour certains jusqu'à 1999. SAC est accusé d'avoir alimenté ses investissements pendant plus d'une décennie grâce à des délits d'initiés. Yahoo!, Dell ou Research in Motion (devenu aujourd'hui BlackBerry) : la liste des entreprises sur lesquelles il aurait bénéficié de "tuyaux" comprend de nombreuses sociétés technologiques. Un accord qui n'assure "d'immunité à aucun individu" Six anciens salariés de SAC ont accepté de plaider coupables et deux autres sont accusés d'avoir acheté ou vendu des actions sur la base d'informations privilégiées. Preet Bharara n'a pas exclu d'autres poursuites, martelant que l'accord de lundi n'assurait "d'immunité à aucun individu", sans jamais citer nommément Steven Cohen. Les autorités n'ont pas pu jusqu'ici prouver l'implication personnelle du milliardaire dans les délits d'initiés. Elles se sont contentées d'une plainte au civil en juillet au motif qu'il n'a pas empêché les employés de SAC de les commettre. Engagé dans une véritable croisade contre les délits d'initiés, Preet Bharara a prévenu que l'affaire avait valeur d'exemple pour les institutions se croyant "trop grosses pour être condamnées". A lire aussi : >> Warren Buffett : "La Fed est le meilleur hedge fund de l'histoire" >> Prison, super-amendes...pas de cadeaux pour les banquiers fraudeurs américains 64 Banques & Finances LA TRIBUNE 06/11/2013 65 Banques & Finances LA TRIBUNE 06/11/2013 LA FEMME DU JOUR > La sous-secrétaire d’Etat au Trésor américain quitterait son poste dans les prochains jours. En rejoignant le conseil des gouverneurs de la Fed, Lael Brainard pourrait venir grossir les rangs (encore épars) des femmes qui tirent les rennes de la politique monétaire mondiale. latribune.fr Lael Brainard, une nouvelle recrue pour féminiser la Réserve fédérale américaine? " Il est temps d'organiser une course mondiale à l'innovation pour l'égalité ", écrivait-elle dans une tribune publiée en août dans le Guardian. Dans la course aux mandats à la Fed, Lael Brainard, actuelle sous-secrétaire au Trésor chargée des questions internationales, se place en bonne position. Sa démission du gouvernement, évoquée par plusieurs médias américains d ont le Wall Street Journal et qui pourrait intervenir dès le 8 novembre, la laisserait en tous cas disponible. Elle rejoindrait ainsi l'équipe de Janet Yellen, l'économiste récemment nommée par Barack Obama pour succéder à Ben Bernanke à la tête de la Réserve fédérale américaine >> En nommant Janet Yellen, Obama assure la continuité après le départ de Bernanke Sherpa au G8 pour Clinton Trois postes sont encore à pourvoir au sein du conseil des gouverneurs qui compte déjà une 66 Banques & Finances LA TRIBUNE 06/11/2013 femme parmi ses membres: Sarah Bloom Raskin. Le pédigrée de Lael Brainard, 51 ans, la qualifie pleinement pour le poste. Titulaire d'un master et d'un doctorat obtenu "avec les honneurs" à Harvard, elle a commencé par travailler comme analyste au sein du cabinet McKinsey au début des années 1980. Ensuite, elle a enseigné au Massachusets Institute of Technology (MIT). Parallèlement, elle s'est impliquée dans des projets de micro-finance en Afrique de l'Ouest. Plus tard, elle rejoint l'un des plus anciens think tank américains, la Brookings Institution , avant de devenir directrice adjointe du Conseil national économique sous la présidence de Bill Clinton. A l'époque, elle sert régulièrement de sherpa (conseillère) pour la préparation des G8. Elle a notamment participé au règlement des crises asiatique et mexicaine dans les années 1990, puis à l'entrée de la Chine à l'OMC. Au côté de Tim Geithner et Jacob Lew Après avoir exercé la vice-présidence de la Brookings Institution pendant huit ans, elle est nommée en mars 2009 au sous-secrétariat au Trésor par Barack Obama. Une enquête du fisc retarde sa nomination finalement validée par le Sénat un an plus tard. A son poste, aux côtés de Tim Geithner puis Jacob Lew, Lael Brainard, elle a œuvré pour une évolution de la politique économique européenne, militant notamment pour que certains pays y "soutiennent davantage leur politique économique" . En pleine "guerre des monnaies" avec la Chine, elle fustigeait "l'assymétrie" des taux de change et appelait Pékin à laisser le yuan flotter plus librement. Des positions très affirmées pour cette fille de diplomate née à Hambourg et élevée en partie en Pologne en pleine Guerre Froide qui a dit de son expérience qu'elle a " profondément influencé [son] point de vue sur la place de Amérique dans le monde". De quelle manière? Ses décisions en tant qu'éventuelle membre du conseil des gouverneurs de la Fed permettront peut-être de l'éclairer, si elle est effectivement choisie pour succéder à Elizabeth Duke, une autre femme membre du conseil d'administration de la Fed dont le mandat a pris fin en 2012. 67 Territoires LA TRIBUNE 06/11/2013 ELECTIONS MUNICIPALES > En matière de logement, à la différence de sa rivale socialiste Anne Hidalgo, Nathalie Kosciusko-Morizet privilégie l’accès à la propriété plutôt que la location. Sur le front économique, la candidate de l’opposition, qui présentait ce mardi son programme, assure que la ville doublera le montant d’un investissement réalisé par un entrepreneur privé. Jean-Christophe Chanut NKM veut faire de Paris une ville de propriétaires "Être un maire qui rend les choses possibles " ; "donner du sens à la politique municipale " ; "Paris doit surclasser les parisiens"… C'est parti ! Quelques semaines après Anne Hidalgo, sa concurrente la plus sérieuse au poste de Maire de Paris, Nathalie Kosciusko-Morizet a présenté son programme pour la municipalité, baptisé "7 progrès majeurs dans la vie des Parisiens". Du grand classique. La candidate UMP - même si le logo du parti brille par son absence sur le programme - souhaite améliorer la sécurité, les transports en commun (via une extension des horaires d'ouverture des métros et bus, la circulation (notamment à vélo). « NKM » veut aussi désenclaver Paris en "abolissant la frontière du périphérique "qui devra être totalement couvert! Hidalgo et "NKM" divergent complètement sur la politique du logement Mais c'est surtout sur le dossier du logement que Nathalie Kosciusco-Morizet cherche à faire la différence avec sa rivale socialiste. Là où Anne Hidalgo privilégie la location en promettant de 68 Territoires LA TRIBUNE 06/11/2013 mettre sur le marché locatif 10.000 logements par an, prioritairement destinés aux classes moyennes, « NKM », elle, cherche à faciliter l'accès à la propriété, notamment pour « les classes moyennes ». Pour ce faire, la candidate suggère que, systématiquement, 20% des nouveaux logements construits soient proposés « aux parisiens à un prix inférieur de 25% à celui du marché ». Comment y parvenir ? " NKM " ne le précise pas à ce stade. Mais on peut imaginer que la municipalité cèdera le foncier aux promoteurs à un prix « sacrifié », et, en échange, ces mêmes promoteurs s'engageront à vendre aux " classe moyennes" à un prix inférieur au marché. Anne Hidalgo, elle, a proposé aux grands promoteurs (Nexity, Cogedim, Vinci, etc. la même chose (cession avantageuse du foncier en contrepartie de loyers modérés) mais pour de la location. Nathalie Kosciusko-Morizet veut aussi relancer l'accession à la propriété en permettant aux occupants du parc social d'acheter leur logement. NKM constate en effet que si 58% des Français sont propriétaires de leurs logements, c'est le cas pour seulement 32,6% des parisiens. Elle souhaite aussi tout logement social créé soit obligatoirement accompagné de la création d'un logement pour les classes moyennes. Ce à quoi l'équipe d'Anne Hidalgo rétorque que 70% des parisiens sont éligibles à un logement social. Pour un euro investi par un entrepreneur, la ville rajoutera... un euro Au chapitre de l'économie, la candidate UMP propose de " réveiller l'économie parisienne ". Comment ? Pour elle, Paris doit se concentrer " sur quelques secteurs bien identifiés (le numérique, la santé, le tourisme) plutôt que, comme actuellement, donner l'impression de naviguer à vue " . Elle suggère de réunir tous les mois autour d'elle un "conseil scientifique composé d'entrepreneurs, d'universitaires et de chercheurs afin de faire le point sur la situation de la ville ". Elle compte aussi faire de Paris la ville de référence du " big data en mettant à la disposition des start-up "le plus grand nombre de données publiques qu'elles pourront exploiter, afin de créer des applications innovantes". Des dispositions finalement pas si lointaines de ce qui a commencé à être réalisé sous l'ère de Bertrand Delanoë et qu' Anne Hidalgo veut poursuivre, avec le développement des « pépinières d'entreprises ». Enfin, NKM veut " financer les entrepreneurs parisiens ". La ville doublera chaque euro qui sera investi par un entrepreneur. Comment ? Nathalie Kosciusko-Morizet ne le précise pas à ce stade. D'ailleurs, c'est l'une des faiblesses de son programme : il n'est pas chiffré. Elle relève juste pourvoir économiser 1,5 milliard d'euros en 6 ans sur le budget de fonctionnement de la ville ce qui 69 Territoires LA TRIBUNE 06/11/2013 permettra de ne pas augmenter les impôts et autres taxes. 70 Territoires LA TRIBUNE 06/11/2013 SANTÉ > Lauréate cet été du Concours national de la création d’entreprises innovantes du ministère de la Recherche, la start-up développe des outils d’électro-encéphalographie quantitative en temps réel. La start-up finalise actuellement son offre de solutions de contrôle de soi et de relaxation. Elle vise en premier lieu le marché des grandes entreprises. Pascale Paoli-Lebailly Bien-être : Mensia Technologies analyse les ondes cérébrales Contrôle de soi, relaxation, gestion de la performance : Mensia Technologies peaufine son offre commerciale de solutions, visant en priorité les grands sportifs et le monde de l'entreprise. Développés par cette start-up rennaise créée fin 2012, ces outils d'électro-encéphalographie (EEG) quantitative en temps réel seront commercialisés en 2014. Fondés sur les connaissances de la compréhension du cerveau humain, ils mesurent l'activité cérébrale de personnes équipées d'un casque à électrodes. Adaptables à la santé en milieu médical, ces dispositifs peuvent aussi soigner l'insomnie ou traiter les troubles attentionnels chez l'enfant. Mensia Tech, qui emploie 9 personnes dont 7 ingénieurs et docteurs, prévoit de générer 80 % de son chiffre d'affaires en 2015 sur le marché du bien-être, aux Etats-Unis notamment. Sortir Open Vibe du labo « Cette offre est fondée sur Open Vibe, le logiciel open source de la recherche en interfaces 71 Territoires LA TRIBUNE 06/11/2013 cerveau-ordinateur (ICO ) , explique Jean-Yves Quentel, PDG et co-fondateur de l'entreprise avec Yann Renard et Anatole Lécuyer. Notre technologie, qui s'apparente à un jeu vidéo 3D, génère déjà du chiffre d'affaires par le biais de ventes à des industriels. Nous accompagnons aussi les fabricants d'appareils EEG (casques) et les laboratoires de recherche en neurosciences. » Afin de pousser ses solutions vers le marché du bien-être, Mensia Technologies, devrait entrer en partenariat d'ici à fin 2013, avec un fabricant de casques EEG. Les sportifs : une bonne porte d'entrée La société cherche aussi des partenaires parmi les structures s'adressant à des groupes visés comme les coachs sportifs ou d'entreprise, et celles du secteur de la relaxation grand public. Le monde sportif se présente d'ailleurs comme une bonne porte d'entrée, aux Etats-Unis notamment à horizon mi-2014. L'Europe est moins équipée en casques EEG, et la France encore frileuse sur le sujet. Levée de fonds Dans le champ médical, Mensia Technologies définit et mesure actuellement des protocoles cliniques non médicamenteux susceptibles d'être proposés à des services hospitaliers à horizon 2016. Pour financer son développement technologique et commercial, la start-up, issue d'Inria Rennes-Bretagne Atlantique , a levé 300 000€ auprès d'un de ses actionnaires, IT Translation Investissement, un fond d'essaimage associé à l'Inria. 72 Territoires LA TRIBUNE 06/11/2013 PATRONAT > Le président de la Chambre de commerce et d’industrie lyonnaise se déclare « ulcéré » par la réforme consulaire en cours, « aussi mal préparée que mal appliquée », et dénonce les dissensions cacophoniques entre les services consulaires au niveau de la métropole et de la région. Denis Lafay, à Lyon, Acteurs de l'économie Philippe Grillot, président de la CCI de Lyon: « La CCI Rhône-Alpes doit disparaître ! » C'est une « bombe » que le président de la CCI de Lyon, Philippe Grillot , lance dans l'entretien accordé à Acteurs de l'économie (en kiosques le 6 novembre), le magazine rhônalpin associé de La Tribune. Interrogé sur la réforme consulaire, Philippe Grillot fustige en premier lieu la logique de « régionalisation » prévalant sur celle de la « métropolisation ». Cette dernière pourtant connaît un écho tout particulier à Lyon puisque le président du Grand Lyon - également sénateur PS et maire de la ville - Gérard Collomb, et l'ancien président centriste du Conseil général du Rhône - et ministre de la Justice de 2010 à 2012 - Michel Mercier se sont entendus pour donner naissance à une « métropole européenne ». Le département a en effet accepté de confiner son périmètre de compétences aux seuls territoires extérieurs au Grand Lyon. « Gabegie coupable » « Le clivage est effectivement profond , rappelle le président de la CCI lyonnaise. Deux clans se font face : le duo Gérard Collomb-Philippe Grillot et le tandem Jean-Jack Queyranne-Jean-Paul Mauduy (présidents respectivement de la région Rhône-Alpes et de la CCI Rhône-Alpes, ndlr) ». Un clivage dont les manifestations apparaissent criantes aux yeux de l'ancien président du Tribunal 73 Territoires LA TRIBUNE 06/11/2013 de commerce de Lyon et ex-président national du syndicat de transports TLF. Il prend pour exemple les dissensions cacophoniques entre les services consulaires, institutionnels et politiques, mobilisés à l'international : « Imaginez : il y a dix-huit mois, Gérard Collomb et moi avons reçu une délégation de Pennsylvanie. Un représentant de la région Rhône-Alpes assista à l'événement. Cet été, cette même région Rhône-Alpes a organisé un déplacement dans l'Etat américain… sans même que le Grand Lyon ou la CCI de Lyon n'y soient associés ! Dans le double contexte de crise que traversent les entreprises et de restriction budgétaire auquel toutes les collectivités sont assujetties, a-t-on les moyens d'une telle gabegie ? Non. Elle est même coupable ». « Situation invivable » Philippe Grillot se déclare en outre « ulcéré » par une réforme consulaire « aussi mal préparée que mal appliquée » , déplorant qu'elle ait été échafaudée du « haut vers le bas » , c'est-à-dire « du national vers les territoires alors que c'est justement dans ces territoires que « vit » l'économie réelle. C'est de manière inverse que nous aurions dû la construire et la mettre en œuvre » . Il fulmine également contre « l'inflation des coûts du système consulaire » alors que, imaginée dans le cadre de la RGPP (révision générale des politiques publiques), cette réforme devait ambitionner « au contraire la rationalisation des services et la mutualisation des actions. Au lieu de quoi, aux niveaux national et régional, les Chambres préfèrent recruter à l'extérieur plutôt que puiser dans les ressources humaines des CCI territoriales, et ni organisent ni harmonisent l'affectation des compétences. Cette situation est invivable. Et elle est schizophrénie, lorsqu'on voit les patrons d'entreprise chaque jour travailler à être moins dispendieux et plus efficaces ». «Qui compte sur le terrain ? » Et dans ce cadre, Philippe Grillot de regretter la « coupable négligence » des Chambres lorsque l'Etat leur a concédé un surplus de ressources de 260 millions d'euros sur les exercices 2012 et 2013 : « Cette manne « tombée du ciel », qui bénéficia à la CCI de Lyon à hauteur de 6 millions d'euros, n'aurait pas dû être affectée aux CCI régionales qui en avaient la responsabilité ; elle aurait dû profiter aux entreprises, par exemple sous forme d'allègement fiscal ». Et c'est au nom de ce contexte qu'il appelle à la disparition pure et simple de la CCI Rhône-Alpes : « Qui compte sur le terrain ? Qui fait sens dans les entreprises ? Qui connaît les problématiques locales ? Les CCI territoriales » . Les déclarations du président de la CCI de Lyon devraient ébranler le monde consulaire bien au-delà de Rhône-Alpes. 74 Le magazine LA TRIBUNE 06/11/2013 CHANTIER NAVAL > Fin de crise en vue pour les entreprises sud-coréennes de construction navale. Le premier constructeur de bateaux au monde, Hyundai Heavy Industries, accumule les commandes et compte maintenir son avance en se concentrant sur les navires et plates-formes à haute valeur technologique. Enquête à Ulsan, le long de ses quatre kilomètres de quai Frédéric Ojardias, à Ulsan (Corée du Sud) Comment Hyundai arrive à fabriquer un navire tous les cinq jours Après des années 2.000 fastes portées par la forte croissance chinoise, la crise financière de 2008 a durement frappé le secteur de la construction navale : entre 2008 et 2012, les commandes mondiales ont chuté de moitié. En mai 2013, les commandes cumulées des chantiers chinois ont ainsi chuté de 23 % par rapport à l'année précédente, selon l'Association chinoise de l'industrie navale. Début octobre, le sud-coréen STX, écrasé de dettes monumentales (14 milliards d'euros), a annoncé la mise en vente prochaine de son unité STX Europe, qui contrôle notamment les chantiers de l'Atlantique à Saint Nazaire. Aujourd'hui cependant, le plus dur semble passé. En tout cas pour les trois principaux constructeurs du pays du Matin calme, Hyundai Heavy Industries (HHI), Samsung Heavy Industries et Daewoo Shipbuilding & Marine Engineering, qui ont de nouveau le vent en poupe. En septembre, par exemple, les commandes de la division navires de HHI ont augmenté de 36 % en année glissante, tandis que celles de sa division offshore ont bondi de 284 %. 75 Le magazine LA TRIBUNE 06/11/2013 « Entre janvier et fin septembre, nous avons enregistré pour 25,8 milliards de dollars de commandes au total. Cela suffirait pour maintenir nos chantiers occupés pendant au moins deux ans », se félicite Lee Jin, représentant de HHI. « La clé du succès des constructeurs sud-coréens, c'est la technologie », martèle Kim Hyun, analyste à Shinhan Investment Securities à Séoul. Des navires complexes à haute valeur technologique En dépit du coût de la main-d'œuvre qui a beaucoup augmenté en trois décennies, Hyundai a réussi à maintenir sa compétitivité sur ses concurrents chinois en proposant des navires complexes à haute valeur technologique : des porte-conteneurs géants, des méthaniers, des navires de forage, ainsi que des unités flottantes de production, de stockage et de traitement des hydrocarbures. « Les armateurs demandent aussi des navires plus économes en carburant, qui respectent les nouvelles régulations de protection de l'environnement. Pour toutes ces technologies, la Corée du Sud est très bien placée », souligne Kim Hyun. Signe de cette avance, après huit années sans décrocher une seule commande de client chinois, Hyundai a signé en mai un contrat avec le transporteur China Shipping Container Lines pour la construction de cinq porte-conteneurs d'une capacité de 18.400 unités chacun. Sachant qu'un conteneur a un standard d'un EVP (équivalent vingt pieds), soit 2,591 mètres (8,5 pieds) de haut sur 2,438 m de large (8 pieds) et 6,096 m (20 pieds) de long… ce seront les plus grands navires de ce type au monde. "Un moteur de bateau sur trois vendus dans le monde sort de nos usines" D'une longueur de 400 mètres et d'une largeur de 58 mètres, ces mastodontes seront équipés d'un système de ballast écologique, exigé à partir de 2014 par les autorités portuaires américaines. Leur moteur pourra automatiquement contrôler leur consommation de carburant en fonction de la vitesse et des conditions en mer. « Hyundai a énormément investi dans la recherche et le développement à partir des années 2000 », explique Kim Hyun. L'entreprise fabrique aussi des moteurs et des hélices sur le site de son chantier d'Ulsan : « Cela nous permet de faire des économies de logistique et de diversifier nos activités. Aujourd'hui, un moteur de bateau sur trois vendus dans le monde sort de nos usines. Nous cherchons aussi à produire le plus possible au niveau local : 80 % de nos composants sont fabriqués en Corée », affirme Lee Jin, 76 Le magazine LA TRIBUNE 06/11/2013 représentant du constructeur. 77 Le magazine LA TRIBUNE 06/11/2013 Ulsan, principal chantier de Hyundai, dans le sud-est de la Corée du Sud, dispose de quais de 4 km de long. Des champions de la gestion de chantier Autre exemple de bâtiment nécessitant des technologies avancées : les navires de forage. Ce type de bateau, essentiellement destiné à la prospection d'hydrocarbures, est équipé de matériel capable de forer des puits dans des eaux de plus de 3.000 mètres de profondeur. Il nécessite un système perfectionné de positionnement pour rester toujours parfaitement à la verticale du puits. Un navire coûte la bagatelle de 650 millions de dollars. HHI en a livré quatre cette année, et en construit douze autres. En raison de la hausse des prix du pétrole, le développement de forages en pleine mer devient de plus en plus attractif, et la demande pour ce type d'installation augmente. Hyundai fabrique aussi des FSRU (Floating Storage and Regasification Unit), qui sont de véritables terminaux gaziers flottants : ancrés au large des côtes du pays client, ils stockent du gaz naturel liquéfié (GNL) et le distribuent directement sous forme gazeuse. La première entreprise à avoir construit des bateaux sur terre ferme Ils intéressent particulièrement les pays émergents désireux d'importer du GNL : HHI livrera ainsi au début de 2014 une unité destinée à l'Indonésie. La division offshore de l'entreprise représente désormais 17,5 % de son chiffre d'affaires (la division bateau et la division moteurs représentant respectivement 39 % et 11,8 % du CA). Hyundai est aussi la première entreprise à avoir construit des bateaux sur terre ferme (sans cale sèche), ce qui permet d'accepter davantage de commandes, même quand toutes les cales sèches sont déjà occupées par des navires en chantier. La méthode est aussi utilisée pour les plateformes offshores : le bâtiment est entièrement assemblé sur quai puis glisse sur un système de coussins d'air, poussé par d'énormes vérins hydrauliques. « Les Sud-Coréens n'ont pas peur de faire des investissements gigantesques. S'il le faut, ils raseront des montagnes pour construire des chantiers », s'enthousiasme un expatrié français employé sur le chantier d'Ulsan, qui préfère garder l'anonymat. « Ils ne cherchent pas nécessairement la révolution industrielle, mais la gestion des projets est efficace : les informations sur le chantier circulent bien, ce qui permet en permanence des petites améliorations en temps et en argent. Et pour faire baisser les coûts, ils fabriquent des séries et essaient de standardiser au maximum la production. » Chaque navire est ainsi assemblé tel un Lego géant 78 Le magazine LA TRIBUNE 06/11/2013 D'où un processus de fabrication par « mégablocs » : d'énormes tranches de bateau, tuyauterie incluse, sont construites séparément dans des hangars protégés des intempéries, puis sont soulevées par d'énormes grues et soudées les unes aux autres en cale sèche. Chaque navire est ainsi assemblé tel un Lego géant, constitué de 90 à 120 blocs selon sa taille, autour desquels s'affaire une armée de soudeurs vêtus d'une veste grise, la même que celle portée par le fondateur de l'entreprise, Chung Ju-yung (1915-2001). Le Thalassa Patris, l'un de nombreux porte-conteneurs actuellement en cours d'assemblage sur le site d'Ulsan. A Ulsan, on produit un navire tous les cinq jours Le principal chantier de Hyundai se trouve à Ulsan, dans le sud-est de la Corée du Sud, le cœur industriel du pays. Un navire en sort tous les cinq jours en moyenne. C'est le royaume de la démesure : le long de ses 4 km de quais, face à la mer du Japon, se déploient des dizaines de monstres d'aciers en cours d'assemblage. Sous des portiques colossaux capables de soulever des blocs de 1.600 tonnes, des morceaux de coques de la taille d'un immeuble sont empilés sur les quais, pièces d'un puzzle de titans qui attendent leur tour pour être assemblées. Quand 80 % du bateau est achevé, la cale sèche est inondée, le navire est mis à l'eau… et un nouvel assemblage est lancé. À bord du Thalassa Patris, un porte-conteneurs géant d'une capacité de 13.800 EVP, les ouvriers s'activent avant le premier essai en mer, prévu dans une semaine. « Nous testerons l'informatique embarquée la semaine prochaine. La livraison est prévue en novembre, et le temps presse. Entre la signature du contrat et la livraison, il nous a fallu dix-huit mois », explique Seo Gwangryeol, chef de projet. Il est de bonne humeur : « En ce moment, le moral est bon chez les ouvriers. Le marché va mieux. » Hyundai compte 25.000 employés, auxquels s'ajoutent 30.000 ouvriers travaillant pour ses nombreux sous-traitants. Il y a quarante ans, Ulsan n'était qu'un petit port de pêche. C'est aujourd'hui une grande ville industrielle de 1,1 million d'habitants, où s'étendent à perte de vue des barres d'immeubles blanches, des usines et les immenses parkings où des milliers de voitures, estampillées Hyundai elles aussi (les deux entités sont formellement séparées depuis 1997), attendent d'embarquer pour inonder les marchés du monde entier. 79 Le magazine LA TRIBUNE 06/11/2013 « À Ulsan, 60 % de la population est liée directement ou indirectement aux diverses industries Hyundai », note Lee Jin. Un empire bâti à partir de rien La réussite éclatante de l'entreprise est indissociable de l'histoire industrielle de la Corée du Sud, pays ruiné et déchiré à la fin de la Guerre de Corée (1950-1953), devenu en quelques décennies la 15e économie de la planète. Le fondateur de Hyundai, Chung Juyung, né en 1915 dans l'actuelle Corée du Nord, fonde le conglomérat en 1950, puis sa filiale HHI en 1972. Cette année-là, il avait convaincu un armateur grec de lui acheter deux pétroliers de 260.000 tonnes… alors que son entreprise ne possédait aucune expérience en la matière, ni même de chantier naval. Parti de rien, mais décidé à prendre exemple sur le voisin japonais qui était alors numéro un du secteur, il réussit en deux ans à bâtir un chantier complet et à livrer son premier bateau en novembre 1974. Une réussite aidée par les politiques industrielles volontaristes et exportatrices du régime très autoritaire alors en place à Séoul, et par la capacité remarquable des Coréens à s'unir derrière leurs grands capitaines d'industries, érigés en héros du développement du pays. La Corée du Sud se développe au pas de course, et ses géants de la construction navale surpassent leurs concurrents japonais dans les années 1990. Les chantiers navals chinois, entrés sur le marché au début des années 2000, pourront-ils à leur tour dépasser les constructeurs coréens ? Yu Jae-hoon, de la banque d'investissement Woori à Séoul, est optimiste : « Les grands constructeurs coréens maintiennent leur avance grâce à leur technologie. Les Chinois sont devenus compétitifs sur les porte-conteneurs de taille moyenne, les vraquiers et les tankers. Mais ils ont des difficultés pour produire des navires de très grande taille, des méthaniers et des équipements offshore. » De son côté, le sud-coréen STX avait choisi une autre stratégie, celle de l'expansion : « Quand STX a gagné beaucoup d'argent lors de la période de croissance, il a décidé de croître en multipliant les acquisitions. Il a notamment construit une filiale à Dalian, en Chine, qui a coûté une fortune », explique Song Bu-yong, du centre de recherche et développement de la région Gyeongnam. « Quand la demande a chuté en 2008, il s'est trouvé incapable de fabriquer les bateaux spécialisés et complexes qui ont permis aux autres de s'en sortir. » 80 Le magazine LA TRIBUNE 06/11/2013 81 Le magazine LA TRIBUNE 06/11/2013 STX devrait bientôt se séparer de sa division européenne pour rembourser une partie de ses dettes, même si aucun calendrier ni montant pour cette vente n'ont encore été annoncés. ________ >>> VIDEO Visite guidée du chantier naval de Hyundai à Ulsan X 82 Le magazine LA TRIBUNE 06/11/2013 START-UP > Depuis les Jeux olympiques de 2012, Londres se vante d’être le centre européen des start-up. Pourtant, concrètement, rien ou presque n’est fait pour aider les jeunes entrepreneurs… à part cajoler leurs investisseurs. Tristan de Bourbon, à Londres Start-up :la "Tech City" de Londres cajole les investisseurs « Un dimanche, de passage à Paris, j'ai discuté avec un de mes clients de la possibilité d'ouvrir ma propre société à Londres, se souvient Clémence de Crécy, 34 ans. Quarante- huit heures plus tard, j'avais déposé les statuts de Clémentine Communications, en une semaine j'avais un site Internet, en quinze jours ma première employée et en trois semaines des locaux. » Un processus éclair qui allait contraster avec sa future expérience française : huit mois pour obtenir un numéro de TVA (quatre semaines en Angleterre), une demande de paiement du fisc au bout de trois semaines alors que le premier versement s'effectue outre-Manche neuf mois après la fin de la première année comptable, et la nécessité d'employer un comptable en raison de la complexité des requêtes de l'administration. Simplicité administrative La simplicité administrative outre-Manche n'explique pourtant pas, à elle seule, la renommée relativement récente de Londres en termes d'attractivité pour les start-up. Tout est en fait parti d'une déclaration de David Cameron. 83 Le magazine LA TRIBUNE 06/11/2013 « Les fondateurs de Google ont dit qu'ils n'auraient jamais pu lancer leur société en Grande-Bretagne, avait déclaré le Premier ministre en novembre 2010. Nous voulons changer cela afin que, si vous avez une bonne idée commerciale et que vous réunissez des investissements importants, vous soyez les bienvenus dans ce pays pour y lancer votre affaire. » Le coup de projecteur médiatique donné à Londres par l'organisation des JO et les communicants du Premier ministre ont fait le reste. Ils ont en effet mis en avant le succès d'un quartier de start-up technologiques non loin de la City, après l'avoir intelligemment baptisé « Tech City ». Un environnement qui a ses avantages Cette récupération a bien fait sourire les start-up qui y étaient installées depuis quelques années. Mais Matthew Evans, cofondateur en 2009 du Hoxton Mix, une société de location d'espaces de travail, reconnaît les avantages de cet environnement : « Les jeunes entrepreneurs sont ici basés à proximité de milliers de professionnels à l'activité proche de la leur, ce qui leur permet de se faire des réseaux, au final d'accélérer le développement de leur affaire. » Matthew Evans organise aussi des événements, une mine pour des créateurs de start-up souvent isolés, mais aussi pour les investisseurs, qui se voient faciliter l'accès à des projets à leur stade initial. « Cette concentration dans un mile carré de tant d'entrepreneurs décidés à partager leurs idées, leurs soucis et leurs investisseurs me fait penser à la Silicon Valley », assure ainsi Adam Valkin, partenaire chez Accel Partners, l'un des plus gros fonds de capital-risque mondiaux avec 8,8 milliards de dollars d'actifs. « Londres dispose d'un réel avantage, aussi bien grâce à la pratique de l'anglais que par la législation développée par les autorités en matière d'investissement. » Ce qui attire ici : le "travail à petit prix" Les investisseurs se voient offrir des réductions et parfois des exemptions d'impôts, ainsi que l'attribution rapide d'un visa commercial. Pour les entrepreneurs, en revanche, il n'existe ni avantages en termes d'imposition, ni subvention publique pour les jeunes entreprises, politique d'austérité extrême oblige. Comme l'expliquait Clémence de Crécy, c'est plus l'absence de contraintes qui attire les fondateurs de start-up, contents de profiter d'un marché du travail ultraflexible et guère protecteur des salariés 84 Le magazine LA TRIBUNE 06/11/2013 : le coût du travail y est peu élevé et il leur est possible de s'adapter rapidement à une croissance rapide d'activité. 85 Le magazine LA TRIBUNE 06/11/2013 OPINIONS > À la fois philosophe de la créativité, mathématicien passionné de nouvelles technologies, professeur à l’École Centrale Paris et senior advisor au cabinet international de conseil en stratégie BCG, Luc de Brabandere publie un livre de conseils aux dirigeants d’entreprise. La conviction de cet intellectuel au parcours atypique : "La bonne idée existe", mais il faut apprendre à penser autrement pour la chercher et parfois la trouver. Propos recueillis par Philippe Mabille « Les bonnes idées existent, mais nous ne les voyons pas », (Luc de Brabandere,BCG) LA TRIBUNE - Dans votre livre, vous faites la différence entre l'innovation et la créativité. Quelle est-elle ? LUC DE BRABANDERE - Quand on parle du changement, la première chose à faire est de distinguer deux concepts : la perception du monde et la réalité. L'innovation, dans ma vision, c'est le processus par lequel une entreprise change la réalité. La créativité, c'est comment un individu change sa perception des choses. On dit créer ou innover, mais « créativer », cela n'existe pas. La créativité, ce n'est pas une action, mais une pensée. On peut faire de l'innovation sans créativité : souvent, on innove en copiant les autres, en s'inspirant de ce qui a déjà été fait. On peut avoir de la créativité sans innovation. Par exemple, Xerox a inventé la souris d'ordinateur, mais ne l'a pas exploitée, ce qui a permis à 86 Le magazine LA TRIBUNE 06/11/2013 d'autres de bénéficier de cette innovation. Ma conviction, c'est qu'il nous est impossible de penser sans un cadre prédéfini, sans un modèle mental. L'art de la créativité, c'est de sortir de ce cadre et de créer une nouvelle structure mentale permettant aux idées nouvelles de trouver leur sens. Dans une économie de la connaissance, il y a donc une prime à ceux qui ont des idées nouvelles ? Exactement. Le titre anglais de mon livre, Thinking in New Boxes, est assez intraduisible en français. Ce n'est pas seulement "penser dans un nouveau cadre". Le mot important, c'est boxes. Penser out of the box, que l'on traduit imparfaitement par "penser en dehors du cadre", cela ne veut pas dire penser à l'extérieur de là où je suis, par exemple, mon entreprise, mon secteur. Cela signifie changer la vision que j'en ai. On dit pourtant, avec l'économiste Schumpeter, que l'innovation est le moteur de la croissance. C'est là que la philosophie est utile parce qu'elle apporte aux mots la rigueur que les mathématiques réclament des chiffres. Albert Camus a dit que "mal nommer les choses, c'est contribuer au malheur du monde". Quand Bic passe du stylo une couleur au stylo quatre couleurs, c'est une innovation sur le marché de l'écriture, mais qui ne change pas fondamentalement le modèle sous-jacent de l'entreprise Bic. La vraie innovation, celle qui nourrit la croissance, est venue d'une nouvelle vision du monde. Lorsque Bic a décidé que son métier n'était pas seulement les stylos jetables, mais l'univers des objets en plastique jetables. Cela a tout changé : Bic s'est alors mis à produire des briquets et des rasoirs. C'est cela la créativité. Ce que vous dites, c'est qu'on a tort de mettre le mot "innovation" à toutes les sauces… Il y a un laisser-aller dans le vocabulaire. Une rupture de modèle passe par la créativité, ou plutôt l'innovation se fait dans la créativité. En plaisantant, je dirais qu'à chaque chute des ventes, Gillette ajoute une lame à ses rasoirs jetables"! Cela améliore sans doute le service rendu aux hommes, mais ce n'est pas une rupture. L'innovation, c'est faire mieux en restant dans le même business model"; la créativité, c'est quand on se met à penser un système neuf, un nouveau modèle. Dans le mot business model, c'est le deuxième terme le plus important. 87 Le magazine LA TRIBUNE 06/11/2013 Comment penser un modèle différent alors qu'en apparence, tout va bien pour l'entreprise ? Prenons un exemple : si Philips avait continué à fabriquer des lampes, des machines à café ou des télévisions, cela aurait conduit cette entreprise à l'échec. Ce qui a sauvé Philips de la concurrence chinoise, c'est d'avoir décidé d'ouvrir son marché au secteur de la santé où les moniteurs et l'électronique sont devenus très importants. Lorsque le patron de Philips a donné cette inflexion stratégique à son entreprise , il a fait de la créativité. Il a pensé Philips différemment. C'est la nouvelle manière dont Philips s'est pensé et projeté dans l'avenir qui a permis de mobiliser les équipes pour lancer un processus d'innovation dans le domaine de la santé. Vous incitez aussi les dirigeants à penser les extrêmes. Est-ce parce que le monde est devenu imprévisible ? Nous avons besoin de nouveaux modèles. Mon métier n'est pas de dire quoi penser, mais comment penser. Les dirigeants que je vois ont des interrogations sur l'avenir de leur modèle économique et se rendent bien compte que le véritable enjeu est de faire la bonne hypothèse sur le futur. Il y a des incertitudes de niveau 1 : ce que nous savons que nous ne savons pas. La vraie incertitude est de niveau 2. C'est le fameux "cygne noir" de Nassim Taleb : ce sont les ignorances que nous ignorons qui sont dangereuses. Car alors, aucune prévision n'est possible. Le danger pour un chef d'entreprise, c'est alors de ne rien faire, d'appliquer l'adage populaire qui dit "dans le doute, abstiens-toi". Non ! Dans le doute, il faut agir et se confronter à des scénarios extrêmes, inimaginables même. J'ai travaillé avec les dirigeants d'une grande entreprise belge. Je leur ai posé deux questions. "Imaginez qu'en 2025, votre entreprise devienne chinoise…" La réaction immédiate et unanime est alors : "C'est une blague, c'est impossible" Si la question est : "Imaginez qu'en 2025, votre entreprise soit devenue chinoise", l'attitude change, car on se met à chercher les raisons qui ont pu conduire à cette situation. Et on trouve alors plein de bons arguments rendant un tel scénario possible"! Cela montre qu'il faut apprendre à casser les certitudes. C'est ce principe que je mets tout en haut de mon système, résumé dans une phrase de Francis Bacon : "Il faut obéir aux forces auxquelles on veut commander"… Vous citez aussi Walt Disney, qui disait "si on peut le rêver, on peut le faire". C'est un peu 88 Le magazine LA TRIBUNE 06/11/2013 optimiste. Je suis optimiste de raison et de convictions. Comme j'essaie de l'expliquer, les bonnes idées existent, mais souvent nous ne les voyons pas parce que nous ne chaussons pas les bonnes lunettes. Comment se fait-il que Sony, qui a inventé le Walkman, n'ait pas inventé l'iPod et dominé l'industrie numérique comme a su le faire Apple ? C'est parce que Sony n'a pas su penser d'une autre manière le monde de la musique. De même, aucun des grands acteurs de l'Internet actuel, Google, Amazon, Facebook, n'est né dans de grandes entreprises. Pourtant Wal-Mart avait tout pour inventer l'e-commerce. Les grands acteurs de la télévision, comme TF1, auraient pu lancer YouTube. Les technologies étaient connues. Mais ce qui a manqué aux grands groupes, c'est la capacité de reconnaître une idée nouvelle et d'en saisir l'importance. Les grands groupes sont donc conservateurs ? Le vrai problème n'est pas de survivre à un échec, mais de survivre à son succès. C'est pourquoi certains numéros un finissent par tomber de leur piédestal, par arrogance ou aveuglement. Cela arrive encore de nos jours. Google, créé il y a quinze ans, n'a pas vu venir Facebook il y a dix ans. BlackBerry connaît des difficultés, en partie parce que les dirigeants ont parié sur le clavier alors que le monde du mobile passait au tactile. Que pensez-vous du courant de l' innovation pessimism aux États- Unis, qui dit que l'innovation a cessé de soutenir la croissance ? L'innovation est parfois phagocytée par les grands groupes, qui empêchent les jeunes pousses créatives de se développer. Il y a un moment ou la taille devient un problème. Mais il y a des solutions. Il y a trente ans, IBM, voyant arriver Apple et son ordinateur individuel, a créé une pseudo PME en Floride en donnant à cette équipe l'ordre de ne respecter aucune des règles d'IBM mais de sortir le PC le plus vite possible. L'erreur est la condition du succès. Personne ne dresse la liste des échecs d'Apple avant l'iPhone. Pourtant, elle est longue. L'Europe a-t-elle encore une chance alors que les États-Unis dominent l'innovation mondiale ? 89 Le magazine LA TRIBUNE 06/11/2013 La créativité et l'innovation ne se résument pas à la technologie, mais existent aussi dans le marketing. L'Europe a des atouts considérables. Le Cappuccino vient d'Italie ; pourtant, c'est l'américain Starbucks qui en vend le plus. Walt Disney, Hollywood, se sont inspirés de la culture européenne. Il y a en Europe plein de bonnes idées. Ce qui manque, ce sont des représentations du monde afin de les réaliser. ______ "LA BONNE IDÉE EXISTE ! CINQ ÉTAPES ESSENTIELLES POUR LA TROUVER" De Luc de Brabandere et Alan Iny. Éditions Eyrolles, octobre 2013. Version française de Thinking in New Boxes, a New Paradigm for Business Creativity, Éditions Random House, septembre 2013. 90 Opinions LA TRIBUNE 06/11/2013 OPINIONS > Il faut remettre en perspective les bons résultats de la croissance en Grande Bretagne, comme ceux de l’Allemagne. Par Jean-François Couvrat Jean-François Couvrat Croissance : l'Allemagne et le Royaume Uni en retard sur la France Deux ou trois trimestres un peu meilleurs, et hop ! Voilà le Royaume Uni sacré roi de la croissance ! Les « Unes » fleurissent - les mêmes qui, naguère, vantaient la championne allemande. Le message est le même : serrez-vous la ceinture et vous goûterez au bonheur… Or dans un cas comme dans l'autre, la mémoire fait un peu défaut aux commentateurs. L'Allemagne, avant que son activité économique ne redémarre enfin, a connu un très long marasme, une cruelle langueur. Depuis la réunification, elle avait accumulé sur la croissance française un retard tel qu'il n'a toujours pas été rattrapé. Quant à l'activité économique au Royaume Uni, pour meilleure qu'elle soit aujourd'hui, elle s'est accrue de 3,5% seulement en volume depuis 2005, contre 5,2% en France. Les Britanniques ne doivent d'ailleurs pas leur essor tout neuf à la politique de rigueur du 91 Opinions LA TRIBUNE 06/11/2013 gouvernement conservateur. Cet essor résulte pour l'essentiel, de la politique monétaire du Royaume, où la Livre sterling s'est trouvée dévaluée de quelque 25% en 2008. Cet exemple illustre la vanité des discours sur la compétitivité salariale française. Que serait une baisse, même massive, des cotisations sociales, comparée à une diminution d'un quart des prix à l'exportation ? Lorsqu'on ajoute que, dans l'industrie automobile par exemple, le coût de la main d'œuvre représente à peine plus de 10% du prix de revient, on se dit que le débat économique manque un peu de sérieux, en France et en Europe. ______ Jean-François Couvrat à suivre sur Twitter @Dechiffrages 92 Opinions LA TRIBUNE 06/11/2013 OPINIONS > Le foot n’est pas seulement un spectacle, c’est aussi une arme diplomatique. Par Jean-Christophe Gallien, Professeur associé à l’Université de Paris 1 la Sorbonne Jean-Christophe Gallien Foot et taxe à 75%, un show made in France Les clubs professionnels de Football français préparent une grève pour le 30 novembre en réponse au maintien par François Hollande de l'application de la taxe à 75%. Triste spectacle, en particulier vu de l'étranger proche et lointain, qui colle avec les images reçues de notre pays : fiscalité vorace et grève facile. Une ligue professionnelle conquérante, un vrai choix stratégique Pendant ce temps la guerre économique s'accélère et la tentative de valorisation de tous leurs atouts potentiels mobilise les responsables politiques et économiques de tous les pays. Très au delà du symbole pour les uns et de la caricature pour les autres, favoriser ou non l'éclosion d'une ligue professionnelle conquérante du principal sport européen et de l'un des sport les plus populaires au monde est un vrai choix stratégique de nature économique et politique. Une "Premier League" britannique, vaisseau amiral de la diplomatie britannique La "Premier League" anglaise est ainsi devenue un formidable vaisseau amiral de la diplomatie économique de la Grande Bretagne. Des rendez-vous hebdomadaires qui gagnent la bataille de 93 Opinions LA TRIBUNE 06/11/2013 l'audience globale du sport. Des ventes qui cannibalisent l'économie du marché des droits TV du football international. Des tournées des clubs phares, mais aussi la distribution géographique systématique d'une multitude de colloques qui exportent tout autant l'image et la valeur économique des marques sportives de nos amis d'outre manche que celle des marques britanniques ou internationales qui accompagnent le développement de cette véritable plateforme de "business diplomacy". Tous les secteurs captifs sont du voyage, équipementiers, médias, services financiers, … mais au delà, l'ensemble des grands opérateurs économiques profitent aussi de ce mouvement qui crée une attractivité efficace, affective et sanctuarisée pour les affaires dans un Monde devenu multipolaire où la compétition entre territoires pour les parts d'audience globale est féroce voire guerrière. Les Etats-Unis, bien sûr, mais aussi l'Espagne... Les britanniques ne sont pas seuls. Bien avant eux les USA, autour de l'expansion de leurs ligues fermées NBA, NFL … mais aussi de la NCAA et des événements du sport universitaire, avaient scénarisé le potentiel de passeport culturel permanent et universel porté par la narration des championnats sportifs de haut niveau. L'Espagne à travers sa sélection nationale et surtout ses deux ténors de la Liga, le FC Barcelone et le Real Madrid valorise, aussi ce potentiel diplomatique et économique sans équivalent. Demandez à Florentino Perez, le Président du Real Madrid, le pourquoi de son engagement dans le club le plus titré au Monde ? S'agit-il seulement de Football ? ACS, le numéro un espagnol du BTP dont il est le président propriétaire a très largement construit son expansion internationale sur le rayonnement sportif, médiatique et business du Real Madrid. Chaque recrutement, chaque voyage des stars madrilènes est une opération de diplomatie économique active à la formidable efficacité sur les marchés émergents asiatiques, sud américains ou africains. Un contenu très scénarisé Ces spectacles et leurs producteurs ont les moyens de leurs ambitions. Nos propres médias sont leurs alliés très zélés. Ils se nourrissent en profondeur d'un contenu scénarisé dans une capacité à se placer dans tous les écrans, toutes les radios ou pages de la presse écrite ou de l'édition. Ils misent sur l'efficacité en terme de captation d'audience et de valorisation publicitaire d'un contenu finalement peu cher et continu. Ces shows deviennent progressivement les nôtres. Et à chaque rendez-vous, nous progressons dans un apprentissage qui nous rapproche d'un pays étranger. D'autres ligues et d'autres pays s'apprêtent à valoriser leur potentiel sur ce marché qui dépasse le seul cadre de l'économie du sport et porte une des expressions diplomatique et économique de l'attractivité contemporaine des 94 Opinions LA TRIBUNE 06/11/2013 pays. La Bundesliga, en particulier, est en train de relever le défi au cœur de la dynamique de l'Allemagne d'Angela Merkel. Comme Hollywood et le reste de l'industrie culturelle et du divertissement américain déversent le mythe sans cesse revisité de l'Amérique et qu'ils recyclent les histoires des autres peuples. Comme l'attractivité académique des meilleures universités attire les étudiants du monde entier et produit l'innovation qui nourrit les marques du pays d'accueil. Une audience mondiale portée par des icônes Les sports professionnels provoquent une audience mondiale portée par des icônes et des marques puissantes qui sont à la fois les instruments de la diffusion de l'expérience des territoires et des acteurs puissants qui veulent s'imposer sur le marché global du sport. Certains parlent d'une diplomatie douce. Nous choisirons de la qualifier de nouvelle diplomatie publique. Une stratégie intégrant sport mais aussi culture, médias, industrie, éducation, langue, … politique, public et privé à la diplomatie classique et au marketing traditionnel du pays. Au centre de la notion, la capacité voulue ou naturelle de placer au cœur de sa diplomatie, le grand public des citoyens qui forment aujourd'hui une opinion mondiale digitalisée et en réseau, très mouvante, disponible, et surtout un marché géant et renouvelé. Pendant ce temps nous choisissons de taxer les maigrelets clubs professionnels français à 75%. Un choix et un message à la fois. *Jean Christophe Gallien est Président de JCGA et membre de la SEAP, Society of European Affairs Professionals 95 Opinions LA TRIBUNE 06/11/2013 OPINIONS > La taxe Chirac sur les billets d’avion mérite mieux que les remises en cause simplistes dont elle fait l’objet. Quasiment parfaite sur le plan économique, elle assure le financement indispensable d’aides au développement. Par Jean François Rial, président de Voyageurs du Monde Jean-François Rial Pourquoi la taxe Chirac sur les billets d'avion est quasiment parfaite Le relèvement de la taxe Chirac, a ranimé une pluie de critiques sur le bien-fondé même de la taxe, à la fois par certains professionnels de l'aérien, mais aussi de la part de certains députés et certains économistes ultralibéraux à l'instar de M. Chassin, de l'Institut économique de Montréal dont l'analyse caricaturale a été publiée récemment sur ce site. Évidemment, parler de taxes en France, au vu de la pluie fiscale que le gouvernement propose actuellement, n'est guère populaire. Critiquer la taxation, au contraire, est un exercice dans l'air du temps ! Pourtant, la revalorisation (12,7 %), de cette taxe de solidarité sur les billets d'avion reste inférieure à l'inflation puisqu'elle doit être ramenée aux sept années pendant lesquelles elle n'a pas augmenté. Le premier outil de « financement innovant » 96 Opinions LA TRIBUNE 06/11/2013 À la différence d'autres prélèvements, la taxe de solidarité sur les billets d'avion relève d'un contexte historique bien précis et d'une réflexion humaniste de haut niveau, bien loin des contrevérités avancées par M. Chassin. En 2000, les Etats représentés à l'Assemblée Générale des Nations Unies, votent à l'unanimité une résolution visant à atteindre « les huit objectifs du Millénaire » en quinze ans. Ces objectifs peuvent se résumer simplement : éradiquer la très grande pauvreté et donner accès à chaque être humain au minimum vital sur le plan sanitaire et éducatif, avec une attention spéciale pour les femmes particulièrement exposées. >> Lire aussi : "La taxe Chirac doit aussi s'appliquer au TGV" Chirac et Lula en première ligne Or, pour atteindre ces objectifs, les budgets d'aide au développement des Etats ne sont à eux seuls pas viables, tant par leur montant que leur stabilité. Ainsi, certains chefs d'état au premier rang desquels les présidents Chirac et Lula, sous la haute bienveillance de Nelson Mandela en personne, ont proposé à l'époque de mettre en place un impôt mondial citoyen, consistant à taxer des activités bénéficiant de la mondialisation et générant des ressources additionnelles pérennes à l'aide au développement. Ainsi, la taxe Chirac est le premier outil de « financement innovant ». Une taxe critiquée à tort Deux chevaux de bataille se dressent régulièrement contre cette taxe de solidarité. Le premier, pernicieux car apparemment imparable, consiste à assurer qu'elle générerait une distorsion de concurrence au profit des compagnies aériennes étrangères. Cette taxe étranglerait donc nos compagnies nationales. Réflexion inexacte et mathématiquement fausse. En effet, cette taxe s'applique à tous les vols au départ de France, qu'ils appartiennent aux compagnies nationales ou étrangères. Un passager volant sur Emirates ou Singapore airlines s'acquitte donc de la taxe de la même façon que sur Air France. Or, sauf à considérer que cette taxe modique empêcherait les Français de prendre l'avion au profit d'un autre mode de transport, ou que pour quelques euros de plus ils soient poussés à franchir la frontière pour partir d'un aéroport étranger, il ne peut s'agir de distorsion de concurrence ! Une taxe quasiment parfaite, sur le plan économique 97 Opinions LA TRIBUNE 06/11/2013 Par ailleurs, le législateur a prévu d'exonérer le passager Air France en transit en France (sur un vol New York- Bombay par exemple). Cela, personne ne le rappelle. D'autre part, l'extension de la taxe à d'autres modes de transports a été proposée par mon ami Laurent Magnin (PDG de XL Airways France). Ainsi, la taxe sur les billets d'avion est quasiment parfaite sur le plan économique : elle n'a pas d'impact sur le marché des billets d'avion, elle ne génère pas de délocalisation, ni de distorsion de concurrence. A contrario, la taxe sur les transactions financières, si elle n'est pas appliquée dans la plupart des grandes places financières, peut poser des problèmes de délocalisation si elle n'est pas techniquement bien pensée. Des frais de gestion modérés La seconde critique, populiste à souhait, affirme sans preuve que les fonds collectés par Unitaid, organisme international dépendant de l'OMS, se perdraient dans les méandres de la bureaucratie onusienne. Là encore, rien de plus faux, les frais de gestion sont inférieurs à 10 %, et les rapports d'audits de la Cour des Comptes française et du gouvernement britannique affichent des résultats limpides et excellents. Par ailleurs M. Douste Blazy, président Unitaid, assure cette fonction à titre bénévole. Des soins pour 400.000 enfants malades du sida Sachez que la Taxe Chirac a permis de traiter les trois quarts des 400.000 enfants malades du sida soignés dans le monde. Mais il en reste 3 millions environ de non soignés… Unitaid a également permis de faire baisser drastiquement le prix des traitements de lutte contre le Sida, et a participé au financement du premier traitement pédiatrique contre le Sida. Ainsi, oser prétendre qu'Unitaid ne sert à rien et dépense ses fonds inutilement, est tout simplement faux et irrespectueux du travail formidable réalisé par cette organisation. Si le concept ou la nature du produit taxé peuvent être légitimement critiqués, en revanche, évoquer distorsion de concurrence et mauvaise gestion des fonds ne résiste simplement pas à l'analyse. Un facteur de développement social et économique mondial Ce premier impôt mondial citoyen mérite une meilleure considération. Il est l'avant-garde d'un 98 Opinions LA TRIBUNE 06/11/2013 nouvel ordre mondial dans lequel l'humanité entière considérerait collectivement le financement de "biens publics mondiaux » que sont l'éducation, la santé et le climat. Depuis la mise en place de la taxe Chirac, tous les chiffres comparatifs de l'évolution du trafic aérien, au départ des principaux pays développés, montrent que la France est dans la moyenne de la croissance des pays de l'O.C.D.E. D'ailleurs, qui pourrait croire qu'une taxe qui coûte 2 € en classe économique et 20 € en classe « affaires » ferait baisser le volume du trafic aérien ? Enfin, je rappelle que la stabilité mondiale, encouragée par les différentes actions générées par cette taxe est un facteur de développement de l'industrie touristique. Ainsi, nous professionnels du tourisme, avons intérêt à une mise en ordre de la planète sur les biens publics mondiaux. Cette taxe mériterait un vrai débat, d'un autre niveau. Devons nous financer les biens publics mondiaux ? Si oui, quelles sont les activités mondiales autres que l'aérien qui pourraient supporter une taxe ? Cela aurait une autre allure que les critiques simplistes du multilatéralisme. Un multilatéralisme dont nous aurions pourtant plus besoin. Cette tribune est une réponse à La taxe Chirac ou la dérive de financements opaques, publiée par Youri Chassin sur LaTribune.fr le 25/10/2013 99 Opinions LA TRIBUNE 06/11/2013 OPINIONS > La faillite de l’ancien numéro un mondial des panneaux photovoltaïques aurait pu être interprétée comme le signe de l’abandon par les autorités de ce secteur en surcapacité. En fait, il n’en est rien. Par Jean-François Dufour, directeur DCA Chine Analyse Jean-François Dufour Le phénix Suntech et la restructuration industrielle en Chine En mars 2013, la faillite de SunTech, ancien numéro un mondial des panneaux photovoltaïques, avait été interprétée de manières opposées - comme le signal d'un changement d'attitude des autorités chinoises vis-à-vis des secteurs industriels en surcapacité, ou comme une manœuvre de restructuration pilotée par les mêmes autorités. Le montage en cours pour la reprise des actifs de SunTech valide aujourd'hui la deuxième interprétation, à moins d'un revirement qui indiquerait un réel changement de politique. Victime de son surendettement, et de l'effondrement des prix lié à des surcapacités qu'il avait amplement participé à créer, SunTech, emblème de la réussite industrielle chinoise d'initiative privée, qui s'était hissé au premier rang mondial de l'industrie photovoltaïque en seulement dix ans d'existence, a été mis en liquidation en mars 2013. Mais son outil de production n'a pas disparu pour autant. Et tout est prêt aujourd'hui pour assurer sa reprise, avec une solution locale validée par ses liquidateurs. Une affaire locale 100 Opinions LA TRIBUNE 06/11/2013 Le groupe qui devrait reprendre les principaux actifs de Suntech - des capacités de production annuelle pour 2.000 MW, des droits de propriété intellectuelle, et des capacités de Recherche-Développement - est côté à Hongkong. Mais dans les faits, Shunfeng Photovoltaïc est un voisin de SunTech : son siège, à Changzhou (Jiangsu), est situé, dans la même province, à 60 kilomètres de Wuxi, base de l'ancien numéro un. Pour assurer que l'avenir de l'ex-SunTech reste local, la société Guolian, structure d'investissement de la municipalité de Wuxi, a par ailleurs annoncé qu'elle était prête à investir 150 millions de dollars pour soutenir son redémarrage. Et ce, bien que sa propre offre de reprise ait été écartée par les liquidateurs au profit de celle de Shunfeng. Effort public Si Shunfeng a été préféré à Guolian, et à d'autres producteurs photovoltaïques semi-publics qui avaient déposé des offres, c'est parce que le groupe, à actionnariat majoritairement privé, amènerait pour relancer SunTech de l'argent extérieur au secteur public. Par contre, l'opération impliquerait pour réussir un effort important des banques publiques créditrices de SunTech. Shunfeng a en effet prévu de miser 490 millions de dollars pour l'acquisition de SunTech, endetté à hauteur de 1,750 milliard de dollars auprès d'une dizaine de banques chinoises. Ces dernières devraient donc renoncer à environ 70% de la valeur de leurs créances pour que l'opération puisse se faire. Avant d'être, probablement, sollicitées à nouveau, puisque le projet de reprise de Shunfeng inclut un deuxième volet de 500 millions de dollars, destiné à la modernisation des chaînes de production, qui serait certainement financé par de l'emprunt bancaire. Nouveau marché domestique L'autre argument qui a pesé en faveur de Shunfeng, c'est que le groupe, jusqu'alors marginal dans la production de cellules et panneaux (ses ventes en 2012 représentaient 10% seulement de celles de SunTech), s'est par contre engagé récemment dans la construction de centrales photovoltaïques. Il a ainsi toutes les chances de gérer le marché pour sa propre production, en se « branchant » sur l'énorme programme de développement domestique de l'énergie photovoltaïque lancé par la Chine en 2012, pour contrebalancer l'effondrement des marchés d'exportation. Révisé à la hausse à plusieurs reprises, ce programme prévoit de multiplier par cinq la capacité de production photovoltaïque installée en Chine, pour la hausser à 35 MW dès 2015. Echéance déterminante 101 Opinions LA TRIBUNE 06/11/2013 Tout est donc en place pour que l'outil de production de SunTech soit repris par des capitaux chinois, et sauvé par la politique industrielle chinoise. Il reste cependant une possibilité que le montage échoue. Celui-ci est en effet soumis à l'approbation des créditeurs de SunTech, qui devraient se prononcer, mi-novembre, au lendemain d'un Plenum du Comité central du Parti communiste chinois présenté comme devant donner un nouvel élan aux réformes économiques. Les banques publiques qui se prononceront alors, le feront forcément sur instructions du pouvoir. Si elles rejetaient le plan de reprise de l'activité de SunTech soigneusement élaboré par les acteurs locaux, il y aurait là un réel signe de changement de politique des autorités centrales. Celles-ci marqueraient en effet ainsi une volonté concrète, par-delà les discours, de réduire les surcapacités de production qui grèvent le secteur photovoltaïque comme de nombreux autres secteurs industriels chinois. Et d'assumer une confrontation directe avec les décideurs politiques régionaux, à l'œuvre derrière le projet de reprise de SunTech, et pour qui la priorité absolue reste le maintien de l'activité industrielle locale.