SOCIOLOGIE DES ORGANISATIONS Concepteur: NIKIEMA
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SOCIOLOGIE DES ORGANISATIONS Concepteur: NIKIEMA
SOCIOLOGIE DES ORGANISATIONS Objectifs spécifiques ............................................................................................. 2 1. Le grand fondateur américain Frederic W. Taylor .......................................... 2 (1856 – 1915), ingénieur et économiste ................................................................ 2 2. Etude des conflits dans l’entreprise................................................................... 3 3. Remède proposé par Taylor .............................................................................. 4 4. Principes de l’organisation scientifique du travail............................................ 5 4.1 Dichotomie entre conception et exécution du travail ................................. 5 4.2 Parcellarisation des tâches par l’étude des temps et mouvements ............ 6 4.3 Postulat économique de la motivation au travail......................................... 8 4.4 Modification radicale du style de gestion et de direction des entreprises . 10 4.5 Amélioration de l’environnement physique .............................................. 10 5. Quelques réflexions d’ordre psychologique et sociologique .......................... 11 ANNEXE............................................................................................................. 14 Concepteur: NIKIEMA N. Rose / ZOMA SOCIOLOGIE DES ORGANISATIONS CHAPITRE II : L’ORGANISATION SCIENTIFIQUE DU TRAVAIL Objectifs spécifiques Deux objectifs spécifiques sont assignés à ce chapitre. A la fin du cours, les apprenants doivent être à mesure de : • Décrire les idées majeures de Taylor qui ont eu un impact sur les organisations : conflits, remède, principes de l’OST, etc. • Analyser une organisation en tenant compte de son contexte interne et externe : nature des conflits, motivation des travailleurs, environnement physique interne et externe de l’entreprise, etc. 1. Le grand fondateur américain Frederic W. Taylor (1856 – 1915), ingénieur et économiste Commençant sa carrière dans l’industrie sidérurgique comme ouvrier, il quitte en tant qu’ingénieur chef et se met à travailler comme consultant en organisation industrielle aux comptes des entreprises. C’est ainsi qu’il porte son attention sur l’analyse des diverses composantes de l’exécution du travail manuel (Notamment mesure le temps et analyse les mouvements des hommes) pour détecter les méthodes d’efficacités de l’ouvrier ou du salarier aux tâches, processus qu’il nomme système de management fonctionnel. Son ouvrage fondamental publié en 1911, “ La direction scientifique des entreprises définie la responsabilité mutuelle des ouvriers et des membres de la direction : “dans le système de direction scientifique, l’initiative des ouvriers i.e leur énergie au travail, leur bonne volonté, leur esprit de recherche est obtenu d’une façon consistante et plus complètement que dans l’ancien système (organisation scientifique du travail. Les membres de la direction ne se contentaient pas ainsi de développer ainsi une science, ils assument de plus d’autres responsabilités qui entraînent pour eux des taches nouvelles et lourdes. Il développait alors une théorie normative de l’organisation : le taylorisme. Concepteur: NIKIEMA N. Rose / ZOMA 2 SOCIOLOGIE DES ORGANISATIONS Celle-ci est axée sur l’étude de l’optimisation et de la nationalisation de la production. Comme ses travaux susciteront un grand intérêt et trouveront une application dans de nombreux secteurs industriels. D’un point de vue théorique on peut considérer Taylor comme le précurseur de l’OST. Bien que le taylorisme soit actuellement très critiqué (son caractère très mécanique) il reste omniprésent dans la pratique de certaines entreprises comme l’a si bien noté Peters Waderman (écrit en 1982 le prix de l’excellence). 2. Etude des conflits dans l’entreprise Après avoir rénové avec succès des procédés de fabrication dans l’industrie sidérurgique, Fréderik Taylor,) propose un système pour rationaliser l’utilisation des êtres humains dans l’industrie. Taylor se trouve face à une société industrielle déchirée par le rapport difficile et conflictuel entre patrons et ouvriers (naissance du syndicalisme, nombreuses grèves violemment réprimées par la police et accompagnées de morts d’hommes). Sur quoi portent les conflits ? - la dépendance économique : vaste prolétariat sous-payé, sans stabilité d’emploi, misère énorme de l’ouvrier ; - journées de travail très longues ; - conditions de travail très pénibles : insalubrité, accidents de travail, maladies professionnelles ; - n’importe qui est embauché pour n’importe quel travail :femmes, enfants, etc. ; - charges de travail très lourdes (tires des wagonnets…). Taylor estime que la manière dont les ateliers sont organisés, entraînent un énorme gaspillage de temps, d’énergie et d’argent. Concepteur: NIKIEMA N. Rose / ZOMA 3 SOCIOLOGIE DES ORGANISATIONS - Les travailleurs demeurent en partie maîtres de leur travail : non pas maîtres du produit du travail, ni de l’entreprise qui loue leur force de travail, mais maîtres de la méthode de travail : o répartition du travail dans l’atelier, o apprentissage du travail sur le tas, effectué par les ouvriers, o le travail plus qualifié s’organise et se transmet selon la tradition des métiers. - Les méthodes de travail échappent à la direction : L’entreprise fonctionne selon un système militaire. Le haut de la hiérarchie s’occupe des finances, de la politique générale de l’entreprise, il détermine des exigences de productivité en relation avec le marché. En ce qui concerne les autres problèmes (personnel et méthodes de travail), la direction se décharge sur les niveaux inférieurs de la hiérarchie, en particulier sur les contremaîtres. Ceux-ci devraient être omniscients ; en fait ce sont des ‘’gendarmes’’ dont le rôle de maintenir ordre et discipline et d’effectuer des contrôles pour que le travail se fasse. Taylor critique le mode de gestion non rationnelle des directions qui ne prennent pas en charge le processus et les méthodes de production, ce qui entraîne un gaspillage de temps, d’énergie et d’argent. 3. Remède proposé par Taylor Pour Taylor, il n’y a pas d’opposition fondamentale entre patrons et travailleurs. Il est possible de solutionner une bonne partie des ‘’causes’’ de conflit par une Concepteur: NIKIEMA N. Rose / ZOMA 4 SOCIOLOGIE DES ORGANISATIONS méthode d’observation scientifique des charges et conditions de travail : étude physiologique des mouvements (aptitudes), étude des temps (cadences) et de l’endurance (fatigue musculaire). L’auteur développe ainsi un projet d’étude scientifique de l’organisation. Patrons et ouvriers ont le même intérêt économique selon Taylor, et l’organisation scientifique du travail, grâce au rendement nettement plus élevé qu’il provoque, apportera : • plus de profit pour le capital ; • des salaires nettement plus élevés pour les travailleurs (il faut les sortir de la misère) ; • des conditions de travail meilleures pour ceux-ci (journée plus courtes, travail moins pénible, amélioration de l’environnement). 4. Principes de l’organisation scientifique du travail 4.1 Dichotomie entre conception et exécution du travail L’accent sera mis par Taylor sur la distinction tranchée entre conception et exécution du travail. Un travail nécessite toujours deux opérations, ou deux groupes d’opérations distinctes : l’une vise la conception du travail et de l’exécution de ce travail ; l’autre vise la réalisation matérielle de ce travail. La première est une opération intellectuelle, la seconde une opération manuelle. L’OST se propose de trouver comment obtenir dans les meilleures conditions possibles l’exécution de la tâche individuelle ou de l’ensemble des tâches au sein des entreprises pour que l’individu ou l’entreprise en tire le maximum d’avantages (Palewski, OST, que sais-je). L’OST consiste donc en la conception de l’exécution du travail et systématise un nouveau principe de division du Concepteur: NIKIEMA N. Rose / ZOMA 5 SOCIOLOGIE DES ORGANISATIONS travail et des personnes qui y sont affectées : les concepteurs (du quoi et du comment) et les opérateurs (dont la zone d’autonomie est réduite à l’exécution plus ou moins rapide et stricte de ce qui a été pensé par d’autres). Sur base de cette dichotomie, rationaliser, organiser une entreprise, c’est faire en sorte d’y réduire les activités à ce seul contenu sur lequel l’OST, par la définition qu’elle s’est donnée soit à même de dire ou de faire quelque chose : à une tâche de pure exécution. Certaines activités peuvent sans dommage apparent être vidées des quelques éléments d’initiative et de décision individuelles qui leur restent. D’autres se prêtent particulièrement mal à une telle réduction. L’impuissance de l’OST à l’égard de ces dernières indique ses limites. Elle indique en même temps, tout ce qu’a de partiel le point de vue en fonction duquel étaient analysés même les activités pour lesquelles il paraissait le plus adéquat. (Mottez, le sociologue industriel, Que sais-je). 4.2 Parcellarisation des tâches par l’étude des temps et mouvements Contrairement à la tradition qui permettait aux travailleurs d’organiser le travail à leur manière, Taylor propose d’analyser minutieusement les modes opératoires de façon à déterminer les processus les plus économiques et les plus efficaces. Il faudra chronométrer et étudier par observation et expérimentation les tâches afin de prévoir chaque geste dans le détail (le ‘’savoir-opératoire’’ est extirpé aux travailleurs de métier et devient l’apanage du management). L’étude des temps de mouvements permettra de découvrir ‘’la seule meilleure méthode’’ d’accomplir un ouvrage. La meilleure méthode signifie celle qui Concepteur: NIKIEMA N. Rose / ZOMA 6 SOCIOLOGIE DES ORGANISATIONS permet le niveau moyen de production quotidienne le plus élevé, critère de rendement. On étudie la meilleure manière de serrer un boulon… en tenant compte de l’organisme humain – quels sont les gestes les plus économiques (qui fatiguent le moins l’organisme…). Pour organiser avec efficience le travail, il faut, selon Taylor, définir la capacité physiologique de l’être humain et prévoir les activités de façon à faire plein usage de cette capacité (physiologique) (par exemple les tâches trop lourdes pour l’organisme humain doivent être effectuées par une machine à créer). Il importe également de simplifier à l’extrême le comportement du travailleur ‘’outil interchangeable dont la réponse aux stimuli de l’entreprise doit être exactement prévisible’’. La standardisation rigoureuse est une cause principale de l’efficacité, et permettra l’avènement du Fordisme (travail à la chaîne). En outre, le chronométrage permet d’établir des cadences intensives (plein usage de la capacité physiologique) et compatibles avec l’organisme humain (études de la fatigue considérée comme phénomène musculaire). Ce type d’organisme du travail a pour effet de faire éclater le métier du profit du poste de travail. Les tâches ne devront plus être complexes, mais parcellaires et répétitives. Le métier unitaire qui suppose une connaissance de l’ensemble de l’objet produit n’est plus le propre de l’ouvrier de fabrication. Celle-ci a une tâche Concepteur: NIKIEMA N. Rose / ZOMA 7 SOCIOLOGIE DES ORGANISATIONS parcellaire, limitée, toujours semblable à elle-même (répétitive). Ceci réduit la possibilité pour le travailleur de s’identifier à son travail, d’y trouver un sens. L’étude des temps et mouvements fait référence à la notion d’aptitude physiologique (force, dextérité, endurance…). Pour Taylor, les travailleurs doivent être sélectionnés scientifiquement pour des tâches bien précises. L’idéal de la sélection pour lui était de trouver des travailleurs ‘’possédant des qualités telles que la force et l’endurance musculaires, associées à un esprit si lourd et si peu pénétrant que l’homme qui en est doté ressemble plutôt à un bœuf qu’à n’importe quel autre type’’. Les premiers psychotechniciens s’élevèrent contre cette ‘’sélection des bœufs’’. Taylor allait un peu fort (malgré ses idées sociales avancées par rapport aux dirigeants de son époque). Cette étude des temps et mouvements qu’elle rationnalisait le mode de travail, les types de fonctions et la sélection des travailleurs, apportait également une solution au problème de l’apprentissage, de la formation. Celle-ci facilitée puisqu’il s’agissait de former à des tâches parcellaires à apprentissage rapide (gain de temps, d’argent et d’énergie). NB : Le modèle de l’être humain sous-jacent à ce deuxième principe, est bien un modèle d’homme-machine ou d’ouvriers-objet pour reprendre les termes de Jean Neuville. 4.3 Postulat économique de la motivation au travail Concepteur: NIKIEMA N. Rose / ZOMA 8 SOCIOLOGIE DES ORGANISATIONS L’étude et la rationalisation des tâches ne suffisent pas ; encore faut-il que les travailleurs produisent le maximum de rendement possible. L’être humain n’est pas réductible à une machine, il existe un processus motivationnel chez lui. Il importe de fournir un moyen de stimulation adapté au travailleur pour qu’il accomplisse le travail selon la bonne méthode, et à la meilleure cadence. Cela ne pose pas de gros problème pour Taylor. En effet l’homme craint la faim et recherche le profit. Il suffira de lier le plus étroitement possible le salaire à la production. Plus le lien entre salaire et production sera visible pour le travailleur, plus il sera motivé. Ainsi il sera préférable de payer le travailleur à la pièce qu’à l’heure ; à l’heure qu’à la semaine ; à la semaine qu’au mois. Si l’ouvrier travaille selon la méthode qui lui est dictée par les spécialistes, s’il est payé strictement suivant sa quantité de travail fourni, il produira le maximum possible ; maximum qui peut être déterminé par les spécialistes de l’étude des temps et mouvements. Ceci nous renvoie à la conception d’un être humain ‘’automate’’ dont on peut obtenir davantage en mécanisant ses activités et en motivant par l’appât du gain. Effectivement Taylor dans toute une série d’interventions sur le terrain menées selon ces principes, a pu multiplier par 7 ou par 10 la productivité des travailleurs pris individuellement. Il est à noter que la plus-value de ce travail va au capital et non aux ouvriers dont le salaire est doublé dans les meilleurs des cas ; par ailleurs cette forte amélioration de rendement s’accompagnait de licenciement puisque l’on n’avait plus besoin d’autant de personnel. Concepteur: NIKIEMA N. Rose / ZOMA 9 SOCIOLOGIE DES ORGANISATIONS 4.4 Modification radicale du style de gestion et de direction des entreprises Pour que les principes ci-dessus puissent agir effectivement, encore faut-il que le travailleur soit situé dans un environnement acceptable, que la chaîne de production soit adaptée (approvisionnement des postes, passage d’un poste à l’autre, stockage, etc.) et que la préparation du travail soit parfaite. Aussi Taylor impose une modification radicale de la gestion et du management de l’entreprise (ancien modèle est inadéquat). A la parcellarisation des responsabilités et des tâches de la direction et de l’encadrement. L’effort de rationalisation est aussi important pour les fonctions de commandement que pour les fonctions d’exécution. 4.5 Amélioration de l’environnement physique Le processus de rationalisation du travail doit tenir compte des variables physiques de l’environnement dans lequel est situé ce travail. En effet, de mauvaises ‘’conditions de travail’’ sont de nature à réduire l’efficacité des principes de l’OST. Aussi, il importera d’étudier les conditions optimales de cet environnement : éclairage, bruit, salubrité, locaux propres et avenants etc. Progressivement, l’on étudie également des variables ayant trait à la durée travail et à l’introduction de périodes de repos. C’est à l’occasion d’expérimentation de ce type, qu’Elton Mayo découvrira quinze ans plus tard, l’importance de l’environnement psychosocial sur les comportements des travailleurs. Concepteur: NIKIEMA N. Rose / ZOMA 10 SOCIOLOGIE DES ORGANISATIONS NB : Dans ses réflexions sur les succès et échecs rencontrés lors de sa pratique industrielle, Taylor mentionne des critères d’efficacité de ses interventions : - licenciement du personnel (surnuméraire), - augmentation de la production, - fabrication en série (qui permettra l’avènement de la société de consommation). Il souligne également les difficultés rencontrées : - l’entreprise est située dans un environnement qui n’est pas toujours apte à absorber la quantité de production brusquement accrue ; - l’impossibilité de regarder un ouvrier en face : ‘’la haine se lisait dans leurs yeux, durant les périodes d’observation’’. 5. Quelques réflexions d’ordre psychologique et sociologique - Le modèle psychologique sous-jacent aux pratiques tayloristes est très proche des modèles élaborés par les behavioristes (réflexes conditionnels, conditionnement opérant). Pour Taylor, le travail doit être étudié et défini en terme de conduite objective, sans référence aux processus mentaux des travailleurs (sélection des bœufs). Ainsi l’approche comportementale des behavioristes se limite au couple ‘’stimulus-réponse’’ et refuse de prendre en considération tout ce qui a trait à l’organisme (intentionnalité, motivations, satisfaction… etc.). Pour les behavioristes, une réponse ‘’x’’ aura une plus grande probabilité de se reproduire à la suite d’un stimulus ‘’y’’, si le couple ‘’stimulus (y) – réponse (x)’’ est renforcé positivement (par exemple le rat qui reçoit une boulette de viande après avoir poussé sur une pédale, loi de l’effet). Ainsi Concepteur: NIKIEMA N. Rose / ZOMA 11 SOCIOLOGIE DES ORGANISATIONS pour Taylor chaque comportement productif se doit d’être renforcé positivement (salaire à pièce). Les développements ultérieurs de la psychologie scientifique ont montré que les théories du conditionnement bien qu’importantes, constituent une approche limite (morcelée) du comportement humain. Et même si l’on acceptait que de telles théories soient susceptibles d’expliquer l’ensemble des comportements humains, elles ne nous permettraient pas de répondre aux questions plus fondamentales à savoir : qui conditionne qui et à quelles fins – nous nous trouvons ici dans le domaine du sociopolitique. - A l’aliénation économique déjà existante (classe possédante qui emploie des travailleurs à son profit – la plus value – travailleur qui ne possède pas le produit de son travail), vient s’ajouter une aliénation ‘’interne’’ ou psychosociologique : le travailleur n’a plus prise sur la conception, la mise en œuvre, l’exécution même de son travail. Il ne peut plus s’identifier à celui-ci. (comparaison, servage et ouvriers spécialisés). La séparation est totale entre la conception et l’exécutions du travail. L’objectif exprimé par Taylor est de supprimer l’intervention des travailleurs dans l’organisation de l’entreprise. On a poussé le principe de la séparation des tâches le plus loin qu’il était possible de le faire. - Par le salaire à la pièce Taylor renforce le lien individualisé de dépendance du travailleur au patron. Le renforcement de cette dépendance individualisée a pour effet d’accroitre la vulnérabilité du travailleur face au pouvoir ainsi que la compétition entre les personnes et rend plus difficile l’organisation et la coalition des travailleurs entre eux (diviser pour régner) ; Concepteur: NIKIEMA N. Rose / ZOMA 12 SOCIOLOGIE DES ORGANISATIONS - Le terme même d’organisation scientifique du travail a pour effet de légitimer (la science) d’une certaine manière la structure établie (libre échange des biens et des personnes, séparation capital – travail etc.). L’OST consiste en un système perfectionné de moyens pour organiser le rendement immédiat de l’outillage et de la main d’œuvre. Ses principes peuvent être utilisés dans d’autres systèmes. Ainsi il est frappant de constater que Lénine en 1918 y voit un moyen de développer la discipline des travailleurs : ‘’ne pas gaspiller le temps ; intensifier et mieux organiser le travail ; appliquer le système Taylor’’. Troski au IX congrès du parti bolchévique (1920) déclara ‘’le capitalisme a fait un mauvais usage du taylorisme, le socialisme en fera une application rationnelle’’. NB : Il ne faudrait pas croire que l’étude du taylorisme ne possède plus qu’un caractère historique : ses principes et sa philosophie imprègnent encore largement les pratiques du management contemporain. Concepteur: NIKIEMA N. Rose / ZOMA 13 SOCIOLOGIE DES ORGANISATIONS ANNEXE Théorie classique de l’organisation Un certain nombre d’auteurs contemporains ou immédiatement postérieurs à Taylor (Fayol en France, Gulich en Angleterre, Mooney aux USA, pour citer les principaux) ont cité un certain nombre de principes ayant trait à l’organisation formelle des entreprises et administrations. Ces principes complètent étroitement l’approche Taylorienne même si à l’époque ils donnèrent lieu à de vifs débats, concernant notamment, l’unité de commandement. Le postulat central de cette approche réside en la nécessité de la division du travail (déjà souligné un siècle plus tôt par Adam Smith, et opérationnalisé par Taylor). Plus un travail particulier peut être fragmenté en ses composantes les plus simples, plus le travailleur peut devenir spécialisé et donc habile à réaliser sa part de travail. Et plus l’ouvrier devient habile dans son travail particulier, plus le système de production tout entier est efficace. Encore faudra-t-il qu’à cette division poussée travail, corresponde un système de centralisation, de coordination et de contrôle qui fasse contre-poid à l’éparpillement des forces et qui permettent la convergence des énergies particulières vers les objectifs des dirigeants de l’organisation. Ceci constitue l’objet des quatre principes exposés ci-dessous : (cfr. B. Lussato). 1°) Le principe scalaire (d’où découle la pratique d’une hiérarchie stricte et d’une structure autoritaire) : ce principe définit l’entreprise comme un ensemble de classes ou ‘’échelons’’ rangés en séquences. Concepteur: NIKIEMA N. Rose / ZOMA 14 SOCIOLOGIE DES ORGANISATIONS L’échelon supérieur détient toute l’autorité et peut la déléguer à l’échelon immédiat inférieur. Les échelons intermédiaires reçoivent délégation d’autorité de l’échelon supérieur et la transmettent à l’échelon immédiatement inférieur. Les échelons inférieurs (base) sont dépourvus d’autorité. D’après le principe hiérarchique, l’autorité descend, par une ligne continue et nette, une échelle bien définie de postes (principe représenté et symbolisé dans l’organigramme). 2°) Principe de l’unité de commandement Pour éviter les conflits, il convient que chaque personne ne reçoive d’ordre que d’un seul supérieur. Intégrant l’apport Taylorien, les théoriciens sont obligés de développer le principe de délégation d’autorité (scalaire), par l’introduction de la structure Staff and Line, distinction entre les cadres de la hiérarchie (line) et ceux de l’état-major (staff). Simeray définit l’autorité hiérarchique et fonctionnelle en fonction du type de délégation : - autorité hiérarchique : autorité déléguée sur les personnes (cfr. Principe scalaire) ; - autorité fonctionnelle : autorité déléguée sur des activités. En sont investies les personnes qui reçoivent ‘’juridiction’’ pour réglementer l’exécution d’un certain nombre d’activités homogènes, dont le groupement est nommé ‘’fonction’’. L’autorité fonctionnelle ne peut prescrire des activités à exécuter. Elle définit les règles et les procédures selon lesquelles doit se dérouler l’action commandée par l’autorité hiérarchique. (Dans la pratique, cette distinction n’apparaît pas toujours aussi évidente, et de nombreux conflits entre les ‘’hiérarchiques’’ et les ‘’fonctionnels’’ sont susceptibles de se produire). Concepteur: NIKIEMA N. Rose / ZOMA 15 SOCIOLOGIE DES ORGANISATIONS Ainsi, la structure de l’entreprise prend la forme d’un arbre hiérarchique assez simple où l’autorité circule à sens unique de haut en bas. L’ordonnance linéaire et claire des branches est cependant dissimulée par un ‘’feuillage touffu’’ des multiples liaisons qui en atténuent la rigueur : liaisons fonctionnelles ou ‘’de services’’ véhiculent des avis, des suggestions, des recommandations, etc. 3°) Principe d’exception Ce principe définit les limites de la délégation d’autorité. Cette délégation doit être poussée au maximum, les décisions étant prise au niveau le plus bas. Les tâches (décisions) routières ou habituelles (programmées) devront être remplies par les subordonnés, les tâches (décisions) exceptionnelles étant confiées au supérieur hiérarchique. Il s’agit d’une règle d’économie de temps et de délégation rationnelle des pouvoirs. 4°) Principe de l’éventail de subordination Span of control (encore traduit par surface de contrôle ou étendue d’autorité). Personne n’étant capable d’exercer son autorité sur un nombre illimité de subordonnés, ce principe règle la surface d’influence directe de chaque cadre aux quelques personnes qu’il pourra effectivement encadrer. (éventail plus ou moins long, plus ou moins étroit). Un éventail étroit conduit à des organigrammes à structure dite ‘’haute’’, bien coordonnés et étroitement contrôlés (par exemple armée). Ces structures sont peu favorables à l’initiative mais peuvent s’avérer efficaces en certaines circonstances (par exemple guerre). Un éventail large détermine au contraire des structures ‘’plates’’ (par exemple Eglise catholique) qui stimulent davantage la créativité, exigent des chefs hiérarchiques de valeur et le plus souvent un ciment idéologique important (intériorisation de ‘’valeurs communes’’). Concepteur: NIKIEMA N. Rose / ZOMA 16 SOCIOLOGIE DES ORGANISATIONS NB : Les postulats sous-jacents rejoignent ceux du Taylorisme. Le concept de l’autorité paraît très simpliste dans sa définition : ces auteurs la conçoivent comme une sorte de substance que possède un individu donné et qu’il distribue, plus ou moins parcimonieusement. Si l’on ne possède pas cette substance (échelons inférieurs), l’on est considéré comme un être rationnel sans doute, mais fondamentalement passif, inerte. La théorie classique ignore notamment le problème de la motivation, le rapport entre autorité et compétence, les déterminants psychologiques et sociaux de l’autorité. Les théories bureaucratiques et l’école des relations humaines vont aborder ces problématiques. Concepteur: NIKIEMA N. Rose / ZOMA 17