l`exorciste : au commencement

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l`exorciste : au commencement
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L'EXORCISTE : AU COMMENCEMENT
THE EXORCIST : THE BEGINNING
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Titre original : EXORCIST : THE BEGINNING
Autre titre : EXORCISTE : AU COMMENCEMENT, L'
Année : 2004
Nationalité : USA
Acteurs : Stellan Skarsgard, Izabella Scorupco, James D'Arcy, Remy Sweeney, Julian Wadham, Andrew
French, Ralph Brown, Ben Cross, David Bradley & Alan Ford
Réalisateur : Renny Harlin
Scénario : William Wisher Jr., Caleb Carr & Alexi Hawley
Musique : Trevor Rabin
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Quelques années après la seconde guerre mondiale,
Lankester Merrin a renoncé à sa profession de foi, traumatisé
par les horreurs du nazisme. Il est alors approché par un
collectionneur lui proposant de rejoindre une fouille
archéologique située au Kenya, où une église est découverte
ensevelie et en parfait état. Fait étrange, cette église date de
plusieurs siècles avant l´arrivée du christianisme dans cette
région. Accompagné par un jeune prêtre délégué par le
Vatican, Merrin a pour mission de découvrir une relique au fin
fond de l´église. Il y trouvera autre chose de bien plus terrifiant.
On n´ose même plus mettre un numéro en face de cet ultime
film relié à L´EXORCISTE, une préquelle censée nous narrer
la première rencontre du père Merrin avec le démon du film de
Friedkin, rencontre souvent suggérée à même le livre éponyme
de William Peter Blatty (et néanmoins déjà tourné par John
Boorman dans le très controversé EXORCISTE 2 :
L´HERETIQUE). Officiellement en quatrième position dans la
filmographie officielle de la saga, L´EXORCISTE : AU
COMMENCEMENT est un re-filmage intégral d´un premier
quatrième film réalisé par Paul Schrader et rejeté en bloc par le
studio commanditaire. Il s´agit donc d´un deuxième numéro 4,
censé remplacer purement et simplement le film de Paul
Schrader, mais dont l´aberration généralisée poussa quand
même la première version à sortir sur les écrans sous la
pression des cinéphiles consternés (et des faibles performances
au box-office de cette resucée). Nous vous parlons avec plus de
détails de cette affaire assez unique dans l´industrie
cinématographique à l´occasion de notre dossier dédié à la saga
de L´EXORCISTE, ainsi que de la critique de DOMINION, la
version originale de Paul Schrader.
Pour appréhender correctement L´EXORCISTE : AU
COMMENCEMENT, il faut s´arrêter quelques instants sur la
production extrêmement chaotique de cette oeuvre afin de
mieux cerner certaines de ses caractéristiques les plus
inexplicables. Tout d´abord, le film fut tourné rapidement avec
un budget particulièrement serré afin de limiter le gouffre
financier d´une production ayant déjà brûlé des dizaines de
millions de dollars sur le film de Paul Schrader. Pire encore, la
préparation fut particulièrement précipitée afin que le retour sur
investissement soit le plus court possible. Le scénario du film
de Schrader est réécrit au burin de manière plus «Target» vis-àvis de l´audience souhaitée, faisant sauter des éléments
capitaux de la première version (comme le jeune possédé joué
par Billy Crawford), et réécrivant largement les personnages
conservés de l´ancien film comme une femme médecin (re)
jouée par Izabella Scorupco (elle remplace Clara Bellar qui
interprétait le rôle chez Schrader). Pour enfoncer le clou de ce
changement de direction du projet, le poste de réalisateur est
confié à Renny Harlin, le géant finlandais spécialiste du film
d´action à gros bras (CLIFFHANGER avec Sylvester Stallone,
58 MINUTES POUR VIVRE avec Bruce Willis), cantonné aux
séries B un peu bas de plafond depuis l´échec financier de son
très ambitieux L´ILE AUX PIRATES. Bien entendu, toute
l´équipe du film n´a guère eu le loisir de préparer quoique ce
soit avant d´entrer sur ce projet, et les rares rescapés du film de
Schrader (comme Stellan Skarsgard dans le rôle de Merrin)
rempilent de manière lassée et contractuelle.
L´EXORCISTE : AU COMMENCEMENT n´a donc rien
d´un véritable film logiquement pensé dans un univers
préexistant, mais d´un appendice boursouflé fagoté dans
l´urgence par une équipe n´ayant pas les moyens de faire du
bon travail, mais néanmoins désireuse de sauver les meubles et
la face. La mission est globalement réussie, techniquement tout
du moins. Le film est visuellement propre et même parfois
soigné. L´interprétation est correcte et la narration relativement
rythmée, le tout se laissant voir sans réel déplaisir. La plupart
des effets spéciaux souffrent certes de finitions bâclées (comme
les fameuses hyènes en images de synthèse), mais le tout reste
quand bien même dans l´ornière du cinéma professionnel. Une
réussite «industrielle» à mettre au crédit notamment de Renny
Harlin qui, sous sa réputation d´attardé obsédé par les
quintuples explosions, eut le professionnalisme et l´autorité
nécessaire de fournir «quelque chose» de regardable et dans les
temps.
Seulement voilà, si nous voulons bien dévier notre regard
des contraintes de production pour nous mettre à la place du
spectateur venant découvrir la fameuse préquelle de l´un des
films fantastiques les plus importants du genre, la douche n´est
plus à l´eau froide, mais à l´azote liquide ! Sur le même, et très
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bon, postulat du film de Schrader (à savoir l´exhumation d´une
église dans une région anachronique), L´EXORCISTE : AU
COMMENCEMENT échoue à mettre en place l´ambiance
délétère et oppressante induite par son sujet pour se raccrocher
à de l´effet incroyablement lourd. Le film s´ouvre ainsi sur un
Stellan Skarsgard habillé en croisé, déambulant au milieu
d´une étendue de cadavres cloués à des croix inversées. Un
prologue hyper choc, mais particulièrement gratuit dans sa
grandiloquence vu la justification qui en est fait plus tard dans
le film. Si la première incursion de Merrin dans l´église
ensevelie amorce un début d´angoisse, celle-ci est vite balayée
au profit de la tension occasionnée par le guide alcoolique du
site, obsédé sexuel notoire dont le visage ne cesse de pourrir à
vu d´oeil.
Mais la principale aberration du film tient dans son
traitement du démon et de la possession. Si la première moitié
du film semble orienter l´emprise démoniaque vers un petit
garçon, l´histoire nous réserve un sacré rebondissement en
calquant la possession sur le «Whodunit» ! Concrètement, le
possédé n´est pas celui que l´on croit. D´un point de vue
théologique, on s´interroge sur le fait que le démon dissimule
sa présence dans la mesure où, dans les autres films, son rôle
était d´attaquer frontalement et d´asservir. Mais plus grave, ce
Whodunit absurde est éventé de manière immédiate par la
communication du film, ayant dévoilé le faciès du possédé à
tout va et ce jusque sur l´affiche. Un mauvais calcul puisque la
victime du démon est clairement identifiable comme étant une
femme, et que le nombre de personnage féminin dans le film
est réduit à… un seul !
s´orienter sur ce film vers une nouvelle direction avec son
scénariste. Toutes les initiatives opérées par DOMINION sont
ainsi reprises au crédit de son équipe. Et lorsque arrive une
séquence absolument indéfendable, le bougre se réfugie dans
l´explication technique. Un champion on vous dit ! Une courte
featurette tente aussi de nous convaincre que le film s´est
tourné le plus normalement possible et dans la bonne humeur,
et dont le seul problème de production fut une blessure de
Harlin qui l´obligea à diriger le film la jambe dans le plâtre.
Après le très décrié EXORCISTE 2 : L´HERETIQUE, après
le très discret L´EXORCISTE III, on espérait un quatrième
opus d´anthologie prompt à chambouler le genre. Et bien oui,
nous l´avons ce film messianique. L´EXORCISTE : AU
COMMENCEMENT est le magnifique phoenix du n´importe
quoi, totalement dégénéré et improbable, et dont la vision vous
fera à coup sûr baver vert et tourner la tête à 360 degrés
d´horreur. Nom de Dieu !
Eric Dinkian
Mais à quoi bon lutter et rationaliser, L´EXORCISTE : AU
COMMENCEMENT est un OVNI dégénéré pouvant même
provoquer un plaisir alternatif particulièrement corsé grâce à sa
dernière partie. En effet, le film qui jusqu´ici essayait la retenue
se lâche totalement pour son duel tant attendu entre Merrin et
le démon dans les entrailles de l´église maudite. Si Linda Blair
arrivait à tourner sa tête à 360 degrés en 1973, la possédée de
l´an 2004 peut quant à elle te balancer le gros Skarsgard à
l´autre bout de la pièce d´une pichenette, rebondir au plafond et
y courir la tête en bas comme une araignée, et (sur)jouer
comme si elle sortait d´un remake cocaïné de EVIL DEAD 2
de Sam Raimi.
En face d´une telle menace, ce n´est évidemment pas un
«Notre-Père» marmonné sous trois gouttes d´eau bénite qui va
régler le problème, mais du super psaume hurlé à s´en
décrocher la mâchoire ayant l´efficacité de désarticuler le
démon sur une portée d´au moins 500 mètres. Un authentique
Kaméhaméha christique encore plus puissant sur le pauvre
spectateur éberlué, se frottant les yeux pour être bien sûr qu´il
ne rêve pas. Définitivement, L´EXORCISTE : AU
COMMENCEMENT est un film qui ne s´oubliera pas !
Vu l´étendu de la catastrophe financière et artistique du film,
il ne faut pas s´attendre à une édition DVD de grand standing.
Cette dernière fait profil bas, non sans se montrer
techniquement satisfaisante. La qualité image et son est au
rendez-vous et se hisse sans problème dans l´excellent niveau
instauré par les films US récents. Un petit effort est fait sur les
bonus, malgré leurs désintérêts cinglants.
Si vous êtes un producteur peu scrupuleux et que vous avez
besoin d´un fidèle lieutenant n´ayant pas froid aux yeux pour
réciter les pires bobards afin d´étouffer vos magouilles, vous
pouvez faire appel les yeux fermés à Renny Harlin. Dans son
commentaire audio, l´homme fait table rase du film de
Schrader pour nous faire part de ses propres tourments afin de
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Spécifications de l’édition DVD chroniquée
Editeur : Warner
Zone : 2 - France
Format Disque : Simple face/Double couche
Durée : 109 minutes
Format d’image : 16/9 - 2.35
Format(s) sonore(s) : English (Dolby Digital 5.1),
Francais (Dolby Digital 5.1)
Sous-titrage(s) : English, Francais
Liste des bonus de l’édition DVD chroniquée
• Commentaire audio de Renny Harlin
• Featurette (8mn07)
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