John Ford
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John Ford
L’Adrc, Les Grands Films Classiques, LES RAISINS DE LA COLERE QU’ELLE ETAIT VERTE MA VALLEE LA POURSUITE INFERNALE présentent John Ford 1894-1973 Henry Fonda, Les raisins de la colère États-Unis, 1940, 2h09, N&B Réalisation : John Ford Scénario : Nunnally Johnson d'après le roman de John Steinbeck Image : Gregg Toland Musique : Alfred Newman Costumes : Gwen Wakeling Son : George Leverett, Roger Heman Montage : Robert Simpson Production : Darryl F. Zanuck/ 20th Century-Fox Interprétation : Henry Fonda, Jane Darwell, Charley Grapewin, John Carradine, Russell Simpson, John Qualen, Oz Whitehead, Dorris Bowdon, Ward Bond, Darryl Hickman, Shirley Mills, Eddie Quillan, Zeffie Tilbury Etats-Unis, 1941, 1h58, N&B Réalisation : John Ford Scénario : Philip Dunne, d'après le roman de Richard Llewellyn Image : Arthur Miller Musique : Alfred Newman Décors : Richard Day et Nathan Juran Montage : James B. Clark Production : Darryl F. Zanuck/ 20th Century Fox Interprétation : Walter Pidgeon, Maureen O'hara, Donald Crisp, Anna Lee, John Loder, Roddy Mcdowall, Sarah Allgood, Barry Fitzgerald, Patrick Knowles, Aun Todd, Morton Lowry, Arthur Shields, Lionel Pape, Rhys Williams Etats-Unis, 1946, 1h37, N&B, Réalisation : John Ford Scénario : Samuel G. Engel et Winston Miller d'après l'histoire de Sam Hellman et le roman de Stuart N. Lake Wyatt Earp, Frontier Marshall Image : Joseph Mac Donald Musique : Cyril J. Mockridge Décors : James Basevi, Lyle R. Wheeler Montage : Dorothy Spencer, Darryl F. Zanuck Production : Samuel G Engel, Darryl F. Zanuck/ 20th Century Fox Interprétation : Henry Fonda, Linda Darnell, Victor Mature, Walter Brennan, Tim Holt, Cathy Downs, Ward Bond, Alan Mowbray,John Ireland, Jane Darwell LES RAISINS DE LA COLERE Grapes of wrath Tom Joad sort de prison après y avoir purgé une peine de quatre ans. Arrivé à la maison de ses parents, il découvre que celle-ci est vide à l'exception d'un malheureux nommé Muley qui lui explique que tous les fermiers de la région ont été chassés par des entrepreneurs. Tom rejoint alors ses parents qui se sont réfugiés chez leurs propres parents. Expropriée par ces mêmes entrepreneurs, toute la famille Joad décide de quitter l'Oklahoma pour gagner la Californie où - paraît-il - on peut encore trouver du travail… Oscar du meilleur réalisateur “Dans les trois films précédents [La chevauchée fantastique, Vers sa destinée, Sur la piste des Mohawks], Ford avait montré ses possibilités, sa maîtrise technique et la maturité de sa pensée, mais Les Raisins de la colère fut l'explosion de son talent. Nunnally Johnson avait fidèlement adapté le roman de John Steinbeck. (…). La tonalité subtile, la sobriété de la composition des images de Gregg Toland, puissantes et austères, mais toujours élégantes, accentuent le réalisme du film et traduisent sans équivoque l'idée que Ford se faisait de l'héroïsme. C'est surtout par son style épique de narration, par son engagement passionné, par sa compassion humaine que Ford réussit à donner à ce film toute sa beauté. C'est une œuvre prodigieuse de grande envergure dans laquelle chaque détail souligne les espoirs et souffrances humaines.” Lindsay Anderson QU’ELLE ETAIT VERTE MA VALLEE How green was my valley Au moment de quitter sa maison natale, Huw Morgan se souvient de son enfance, il y a cinquante ans de cela, dans cette vallée du Pays de Galles. Son père, Gwilyn, et ses cinq grands frères travaillaient alors à la mine de charbon et la vie quotidienne s'écoulait paisiblement, rythmée par des habitudes qui équivalaient à de véritables rites. Mais les conditions de travail devinrent de plus en plus difficiles, des ouvriers furent renvoyés et les salaires diminués. Les fils Morgan, s'opposant à leur père, décidèrent de faire grève et durent quitter la maison familiale. Ce fut le début d'une longue série de malheurs... Oscar du meilleur film Oscar du meilleur réalisateur “Je voulais reprendre la chanson de la mère à la fin, alors j'ai eu l'idée de faire revenir tous les personnages. Au théâtre, j'ai toujours aimé voir revenir les acteurs - que ce soit le type qui joue le coursier ou le domestique, j'aimais le voir revenir pour saluer. C'est sans doute ça qui m'a donné l'idée… Phil Dunne a écrit le scénario et on lui est resté assez fidèle. J'ai ajouté plusieurs choses par-ci par-là, mais le réalisateur est là pour ça. On ne peut pas se contenter de voir les gens se lever et dire leur texte - il faut y mettre un peu de mouvement, un peu d'action, des petits trucs à faire…” John Ford LA POURSUITE INFERNALE My darling Clementine 1882. Wyatt Earp et ses trois frères, Virgil, Morgan et James, conduisent leur troupeau vers l'Ouest et s'arrêtent, en chemin, près de Tombstone. James est tué au cours de la nuit, le troupeau est volé. Wyatt accepte alors le poste de shérif de Tombstone et désigne ses frères comme adjoints. Il est bientôt séduit par le charme de Clementine Carter, arrivée par la diligence pour retrouver son fiancé “Doc” Holliday. Celui-ci vit avec sa maîtresse, Chihuahua… version Director's cut “Si le début du film laisse présager un programme classique (celui de la vengeance de Wyatt Earp), bien vite Ford, comme à son habitude, multiplie les pistes scénaristiques. Forces de vie qui contaminent en général chaque film de Ford. Le récit se dédouble et le film se construit suivant une succession de petites saynètes parfaitement bouclées, qui nous en disent un peu plus sur chaque personnage et sa place dans le film (le meurtre de James Earp, le rasage, le bal) My Darling Clementine est à ce titre un modèle dans l'œuvre de Ford, en ce sens que mieux que jamais, le cinéaste résout ici son problème au scénario. Sa démarche est à rapprocher ici de Renoir qui lui aussi décomposait ses récits en petits actes successifs.” Nicolas Saada John Ford est-il toujours d'actualité ? Plus que jamais, l'œuvre de Ford s'impose aujourd'hui au spectateur, non seulement par la cohérence de sa vision d'auteur et par la diversité de son expression, mais par une qualité que pourraient lui envier bien des metteurs en scène actuels, et qu'il faut bien appeler liberté. Le premier long métrage de John Ford s'intitule Straight Shooting (1917, avec le déjà vétéran Harry Carey) : tirer juste, mais aussi “filmer direct”. C'est que les secrets de la mise en scène fordienne se cachent derrière une apparente - et désarmante - simplicité. Faire de Ford un “auteur” n'est guère difficile : que ce soit dans sa thématique, son sens plastique ou sa direction d'acteurs, peu de réalisateurs ont su imprimer une telle cohésion à leur univers, sur plus d'un demisiècle. Que l'on retrouve, à quarante ans d'écart, dans Straight Shooting et La Prisonnière du désert (1956), le même cadrage (le héros s'éloignant dans l'embrasure d'une porte) ou le même geste de méditation solitaire (il se frotte pensivement le coude droit de la main gauche), voilà qui alimente, depuis près de quarante ans les analyses “auteuristes” de Ford. Mais si les éléments de la mise en scène fordienne sont déjà déterminés dès les “petits films” des débuts, il ne cessera, au cours de sa longue carrière, de les complexifier, de les questionner, de les enrichir tout en préservant leur signification et leur complexité originelles. “La seule chose que j'aie toujours eue, c'était le sens de la composition visuelle - je ne savais pas où j'ai pris ça - mais c'est vraiment tout ce que j'avais.” Euphémisme : ce “sens de la composition”, dès les années 1910, était déjà relevé par les critiques de l'époque, au sein d'une production de série (il tourna sept films en 1918, quinze en 1919). Dans LE SAVIEZ-VOUS ? Un film muet de John Ford restauré Alors que la plupart des films muets de John Ford sont considérés comme perdus, Bucking Broadway, un long métrage muet de 1917, a été retrouvé et restauré en numérique par les Archives Françaises du Film du Centre National de la Cinématographie. www.cnc.fr ces années d'apprentissage, les autres éléments de la mise en scène comme la conduite du récit ou la direction d'acteurs, il ne semblait pas s'en soucier. Quoique… Conduite du récit : improviser la continuité au jour le jour ; d'après ses souvenirs, le scénario de Marked Men (1919) ne lui fut livré par la compagnie de production… qu'après le dernier jour de tournage ! Direction d'acteurs : se contenter de dire aux gens d'être eux-mêmes ; pour ce qui concerne Harry Carey, en l'occurrence, une petite révolution dans la conception d'un protagoniste de western : fatigué, pas très propre et mal habillé (“Nous avons décidé d'en faire une sorte de vagabond, un sans-abri sur selle, plutôt qu'un héros intrépide à la gâchette facile.”). Composition travaillée, écriture libre, héros marginal : Ford ne se prénommait pas encore John (mais Jack, jusqu'en 1923) qu'il avait déjà fondé les trois bases fondatrices de son cinéma. Photos : DR - Réalisation des pixels et des hommes L'image fordienne par excellence pourrait être celle de la fin d'un film de Chaplin, où le vagabond s'éloigne dans le paysage, mais où le formalisme de l'auteur serait entièrement consacré à la mise en images, et non à l'incarnation par soi-même du personnage principal. Chez Chaplin la mise en scène centripète se canalise dans son propre jeu d'acteur. À l'opposé, chez Ford, l'univers centrifuge émane d'un personnage, avec une telle force que le cinéaste semble nous dire à chaque instant : “Le cadre, c'est moi”. C'est ce qu'on pourrait appeler l'expressionnisme profond et originel du cinéma fordien. La problématique du personnage fordien, bien que déclinée à l'infini, est aussi immuable que l'iconographie qui la matérialise, ou que l'écriture qui l'anime. J.A. Place l'a définie comme suit : “L'individu personnifiant les valeurs qui contribuent à rendre la société meilleure doit être détruit ou banni pour que cette société progresse.” Au début des années 1940, alors que Ford est au sommet de sa gloire, les “héros” des Raisins de la colère ou Qu'elle était verte ma vallée, malgré leurs doutes, portent encore en eux une saine colère, un espoir indéfectible ; mais après la guerre, c'est de plus en plus souvent le désenchantement qui prime. Même dans La Poursuite infernale, Ford confronte au personnage “bâtisseur” Wyatt Earp (Henry Fonda) un alter ego autodestructeur, le non moins légendaire Doc Holiday (Victor Mature). Cette vision ambivalente de l'individu lui a permis d'explorer sans relâche une dialectique insoluble : révolte ou sacrifice, intransigeance ou compromis, sincérité ou cérémonial, égocentrisme ou générosité. Ford poétisa donc obstinément sa fascination de l'échec. Il dissimulait sous les formes les plus séduisantes sa lucidité face à la solitude de l'homme aux prises avec des forces qui le dépassent. Il peut sembler étonnant que cette essence tragique prenne si souvent la forme de comédies ou de films d'action. Mais la distance même qu'impose le cinéaste, par le rire ou l'aventure, à l'expression de ce désarroi, accentue l'émotion qu'il nous procure, et grandit l'admiration qu'il nous inspire. John Ford aujourd’hui « L'expression très délicatement mesurée des convulsions de la vie sur les silhouettes de la légende. » Andrew Sarris Repères bio-filmographiques 1894. Naissance de John Martin Feeney le 1er février, à Cape Elizabeth, Maine, de parents irlandais. 1917. Débuts dans la mise en scène sous le nom de Jack Ford ; rencontre avec l'acteur Harry Carey (25 films ensemble jusqu'en 1921) ; premier long métrage : Le Ranch Diavolo (Straight Shooting). 1924. Le Cheval de fer. 1928. Les Quatre Fils. 1934. La Patrouille perdue. 1935. Le Mouchard, Premier Oscar (Meilleur Réalisateur). Steamboat Round the Bend. 1936. Je n'ai pas tué Lincoln. 1939. La Chevauchée fantastique, premier des 12 films avec John Wayne en vedette. Vers sa destinée, premier des 7 films avec Henry Fonda. Sur la piste des Mohawks, premier film en couleurs. 1940. Les Raisins de la colère, 2e Oscar. 1941. Qu'elle était verte ma vallée, 3e Oscar. 1942-1943. Responsable du cinéma aux Armées, il réalise des documentaire pour la Marine, dont The Battle of Midway. 1946. La Poursuite infernale. Il fonde la société de production Argosy Pictures (1946-1956). 1948. Le Massacre de Fort Apache, premier volet de la trilogie dite «de la Cavalerie». Suivront La Charge héroïque, Le Convoi des braves. 1952. L'Homme tranquille, 4e et dernier Oscar. 1953. Le Soleil brille pour tout le monde. 1956. La Prisonnière du désert. 1960. Le Sergent noir. 1961. Les Deux Cavaliers. 1962. L'Homme qui tua Liberty Valance. 1964. Les Cheyennes. 1965. Frontière chinoise. 1973. Il meurt d'un cancer le 31 août à Palm Desert, Californie. Créée par le Ministère de la culture en 1983, l’Agence pour le développement régional du cinéma (ADRC) intervient sur l’ensemble du territoire pour maintenir et développer les salles de cinéma et améliorer leur accès aux films, à tous les films. En ce qui concerne l’action de l’ADRC en faveur du patrimoine cinématographique en salles, ses interventions vont bien au-delà de l’édition et circulation de copies neuves, mais comprennent également l’édition de documents d’accompagnement sur les films pour les salles et les publics, le déplacement d’intervenants, et enfin une fonction de centre ressource au bénéfice des professionnels. Les autres films de l’hommage à John Ford disponibles auprès des Grands Films Classiques : Steamboat Round The Bend (1935), Je n'ai pas tué Lincoln (1936), Vers sa destinée (1939). N. T. Binh BIBLIOGRAPHIE SELECTIVE John Ford, Peter Bogdanovich, Edilig, Paris, 1978 (édition originale, 1967) John Ford, Jean-Loup Bourget, Rivages/Cinéma, Paris, 1990 John Ford, The Man and his Films, Tag Gallagher, University of California Press, Berkeley 1999 The John Ford Movie Mystery, Andrew Sarris, Secker & Warburg, Londres, 1976 John Ford, Lindsay Anderson, traduction d'Ives Trevian, Hatier, 5 Continents, 1985, Coll. Bibliothèque du Cinéma, Paris, 1985 John Ford, sous la direction de Patrice Rollet et Nicolas Saada, Cahiers du cinéma, Editions de l'Etoile, Paris, 1990 John Ford, Positif n° 353-354, Editions Jean-Michel Place, juillet-août 1990 The western films of John Ford - The non-western films of John Ford, Janey Ann Place, Citadel press, Secaucus, 1979 John Ford , Le pionnier du 7e Art 1894-1973, Scott Eyman, Taschen, 2004 Distribution : Les Grands Films Classiques 49, av. Théophile-Gautier, 75016 Paris Tél : 01 45 24 43 24 Fax : 01 45 25 49 73 [email protected] Cette plaquette est éditée par l'Agence pour le développement régional du cinéma (01 56 89 20 30 - www.adrc-asso.org), avec le soutien du Centre National de la Cinématographie, et l'Association Française des Cinémas d’Art et Essai.