anvers - Antwerpen `14-`18

Transcription

anvers - Antwerpen `14-`18
Commémorez la Première Guerre mondiale les 3, 4 et 5 octobre 2014
ANVERS
CONSTRUIT
DES PONTS
Publication du Vredescentrum de la Province et de la Ville d’Anvers vzw, Lombardenvest 23,
2000 Antwerpen, tel. 03 292 36 56 – [email protected] – www.antwerpen14-18.be
1914-2014. Anvers construit un pont pour commémorer la ‘Grande Guerre’
Commémorez la Première Guerre mondiale les 3, 4 et 5 octobre
2014. Le Vredescentrum de la Province et de la Ville d’Anvers
collabore avec plus de 50 partenaires belges et étrangers afin de
pouvoir présenter un programma culturel passionnant en
commémoration de la Première Guerre mondiale dans notre ville.
Le programme comprend des expositions dans les principaux
musées anversois, des conférences, des promenades et un trajet
éducatif pour les enfants.
Et pour couronner le tout: le 3 octobre 2014, la reconstruction
d’un pont temporaire sur l’Escaut – du Steen à la Rive Gauche –
par des troupes du génie belges et hollandaises.
Il y a 100 ans, après le début de la Première Guerre mondiale, au
même endroit, l’armée belge a construit un pont. Celui-ci
permettait avant tout un ravitaillement efficace de la position
fortifiée d’Anvers, mais également l’évacuation rapide la ville.
La construction du ‘Pont de la paix’ actuel est un exploit technique
et un exemple éloquent de la collaboration militaire belgohollandaise. La réalisation du pont sur l’Escaut dans le centre de
la ville constitue également un beau symbole du lien entre le
présent, le passé et l’avenir et fera sans le moindre doute rêver
d’aucuns. Mais avant tout ce pont est une expérience unique
pour les dizaines de milliers de visiteurs qui, du 3 au 5 octobre
2014, pourront traverser l’Escaut à pied, dans le sillage de l’armée
belge et de plus de 100.000 fugitifs qui, en 1914, ont emprunté
cette voie pour laisser derrière eux une ville bombardée et en
flammes, cherchant des lieux plus sûrs.
L’Entreprise Communale du port d’Anvers croit au succès de ce
projet passionnant et ambitieux et collabore de tout cœur à la
réalisation de ce pont piétonnier en 2014. Rendez-vous sur le
pont!
Marc Van Peel
Echevin du Port de la Ville d’Anvers
3
Le
pont de bateaux 1914
Six ponts comme éléments d’un plan militaire plus large
Dès 1859 la Ville d’Anvers fut désignée comme Réduit National, la dernière ceinture défensive à l’intérieur de laquelle
le Roi, le gouvernement et le commandement militaire pouvaient se retirer en cas de siège. En attendant l’assistance
des garants, Anvers est en principe facile à défendre et à
ravitailler. Comme position fortifiée et artère vitale pour la
ville et les forts, Anvers doit
• disposer de suffisamment de lignes de transport pour
les troupes et pour le ravitaillement,
• être en mesure de parer une attaque potentielle
engagée à partir des Pays-Bas ou par l’Escaut.
En 1914 le seul pont fixe sur l’Escaut se situe à Tamise/
Temse. A partir de la Suikerrui à Anvers il y avait des bacs.
Mais tout cela ne suffit pas pour une évacuation rapide de
la ville.
Voilà pourquoi quatre ponts seront construits sur l’Escaut:
entre le Steen et St.-Anneke (Rive Gauche), entre Hoboken
et Burcht, entre Hemiksem et Bazel et à Rupelmonde. A
cela s’ajoutent deux ponts sur le Rupel: près du Tolhuis et
au Hellegat. L’ensemble du matériel a déjà été acheté
avant la guerre et est entreposé dans le Vlaams Hoofd: le
tablier en métal du pont, les planches pour le plancher et
pour les pentes entre le pont et le quai.
Le pont près du Steen est prêt en une semaine
La construction du pont commence le 2 août 1914, deux
jours avant l’invasion allemande. La première tâche
consiste à transporter tout le matériel entreposé au
Vlaams Hoofd vers le pied du pont, quelque 400 m plus
loin. Les pontonniers travaillent sans relâche, de six
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heures du matin à six heures du soir. Une seule pause est
prévue pour un second repas et pour éplucher les
pommes de terre. Le plus souvent on continue à travailler
le soir et pendant la nuit. ““Souvent on travaillait 15, 20, 24
[heures] d’affilée et parfois plus longtemps encore,
quelque aient pu être les circonstances atmosphériques”
témoigne le commandant Piérard.
et en aval. Sur les bateaux ont été montées des poutres sur
lesquelles sont placés le tablier et les balustrades. Les
pentes entre le pont et le quai permettent de compenser la
marée.
Le pont doit pouvoir être ouvert à la navigation intérieure
sur l’Escaut. Au Vlaams Hoofd se trouvent deux ‘portières’
ou lieux de passage d’une largeur de 42 mètres chacun,
disposés sur deux bateaux. Pour laisser passer les bateaux de navigation intérieure, les portières sont temporairement écartées.
Le pont flotte sur 25 bateaux de navigation intérieure.
D’après le Rotterdamsch Nieuwsblad certains ont été mis
volontairement à la disposition des militaires, d’autres ayant été réquisitionnés.
Les bateaux sont ancrés pour qu’ils restent sur place en
dépit de la marée ou des courants. Afin de neutraliser la
marée les nez ont été disposés alternativement en amont
Jeudi 13 août
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Le soldat Odon Van Pevenage fait partie de ces troupes. Il
est fort impressionné. “Nous arrivions près d’une digue où
nous devions traverser l’eau. Jamais de ma vie je n’avais vu
un cours d’eau de pareille largeur. Le pont sur lequel nous
devions traverser était fait de bateaux sur lesquels ont avait
mis des planches. Il avait été construit par le génie pour
faciliter le déplacement des troupes. Je pense qu’à cet endroit le cours d’eau avait une largeur de trois cents mètres.”
Au terme de 7 jours le pont est prêt. Le 9 août une
délégation de hauts dignitaires militaires et civils vient
inspecter l’ouvrage, dont le bourgmestre, le Général
Dufour, le gouverneur et quelques consuls étrangers.
D’après la Gazet van Antwerpen “le magnifique travail des
pontonniers est admiré par tous. En outre, le commandant
Piérard, chef de ce corps d’élite, a été cordialement
félicité par le Général Dufour.”
Le pont est exploité en permanence
En 1914, le chroniqueur Jozef Muls décrit la vie quotidienne dans la ville assiégée. Ainsi, il voit partir les troupes.
“Du pont flottant, au pied du vieux Steen grisâtre,
partait un pont en bois sur des bateaux vers la rive
flamande. Le 5 septembre nous y avions vu passer
d’impressionnants groupes de la cavalerie, suivis de
canons, pour reprendre Termonde aux Allemands et
sauvegarder la liaison entre Anvers et le littoral.”
(Jozef Muls)
L’état-major des pontonniers se trouvait dans le fort du Vlaams Hoofd sur la
Rive Gauche. Ce bastion militaire se trouvait près de l’actuelle place Frederik
van Eeden. Ce fort était le centre d’un petit quartier fort animé, avec plusieurs
hôtels et cafés. A partir de 1844 il y a des trains entre la gare du Vlaams Hoofd
et Gand.
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Le pont de bateaux comme
voie de transport
Les ponts sur l’Escaut devaient rendre possible le transport de troupes, de matériel et le ravitaillement entre les
deux rives. La construction était assurée par des pontonniers de l’armée belge, spécialement formés à cet effet. Ce sont des troupes du génie avec une formation
de combat. Elles sont responsables pour la construction,
l’entretien et les réparations, la surveillance, l’ouverture et
la fermeture des ponts, l’entretien du pont de chemin de
fer à Tamise/Temse et quelques bateaux pour traverser
l’Escaut, la surveillance de l’Escaut et l‘éventuelle destruction des ponts.
Le contrôle militaire du pont et de l’Escaut
Le pont est fort bien surveillé. L’armée est en effet sur ses
gardes, veut éviter tout sabotage et tient à contrôler qui
entre dans la ville et qui la quitte.
• La garde technique (2 sergents, 2 caporaux et 35 à 40
soldats) s’occupe du bon fonctionnement du pont et
de l’entretien.
• La garde militaire surveille les accès au pont et monte
les services de garde. Le pont près du Steen est
surveillé par des unités de l’infanterie, les autres ponts
par les pontonniers.
• La garde de rivière a jeté l’ancre en amont et en aval
- avec deux bateaux. Pendant la journée ils hissent
le drapeau, pendant la nuit des lanternes. En amont,
cette garde fait des contrôles avec une petite vedette
et en aval avec un bateau-remorqueur.
• Le long des rives circulent en permanence des
patrouilles.
• Afin d’empêcher que les Allemands fassent sauter les
ponts avec des mines flottantes, de petites vedettes
armées inspectent en permanence l’Escaut.
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Près de chaque pont se trouvent également deux voitures-pompe des sapeurs-pompiers, prêtes à intervenir en
cas d’incendie.
Le pont est étroit, les pentes raides
Le pont étroit ne peut être franchi que dans un seul sens.
Il mesure trois mètres de large et dispose d’une voie de
1,8 mètres et d’un espace pour les piétons. Les pontonniers sur chaque quai sont en contact téléphonique pour
définir dans quel sens le pont sera ouvert
Le passage sur le pont est soumis à des règles fort
strictes.
• Les véhicules trop lourdement chargés doivent d’abord
être déchargés. Par après, la charge est répartie sur
d’autres véhicules ou doit rester sur le quai.
• Certains véhicules trop larges ne peuvent pas franchir
le pont.
• Les soldats doivent marcher hors cadence, afin de
réduire la résonance de leurs pas.
• Soldats et officiers à cheval doivent descendre de
cheval et franchir le pont deux à deux.•
• Les pièces d’artillerie doivent être roulées au pas.
• Les voitures doivent rouler lentement et garder
suffisamment de distance.
• Si les militaires ont priorité, les civils ont également le
droit de franchir le pont.
Les pentes d’accès ou de sortie du pont dépendent de la
marée et de la circulation sur le pont. A marée basse les
bateaux soutenant le pont se trouvent plus bas, si bien
que les pentes sont plus raides. En cas de grande circulation le poids supplémentaire enfonce le pont davantage
encore. Le cas échéant, les chevaux ont bien du mal à
atteindre la rive. Les pentes souffrent sous les véhicules
trop lourds et doivent régulièrement être réparées.
Pendant la nuit le pont est éclairé à l’aide de lanternes
électriques. Le câblage est réalisé par une entreprise privée. Après les premiers bombardements de zeppelins la
ville doit cependant être tout à fait assombrie. Dans ce
cas, l’éclairage sur le pont de bateaux doit être réduit ou
éteint.
“Depuis cet attentat par les zeppelins sur Anvers, la
nuit nous vivions dans l’obscurité la plus totale. A
huit heures tout devait être fermé et il n’y avait plus
de trams. Il était interdit de voir le moindre rayon de
lumière aux fenêtres, sinon on s’exposait à une tirade
d’injures des agents de police ou des gardes civiques en
patrouille. Dans l’obscurité, on ne reconnaissait plus ni
rues ni places.” (Jozef Muls)
Anvers bombardé par un zeppelin
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Le pont de bateaux comme
“Un vieux docker du quartier des bateliers me racontait ses impressions en voyant cette masse fuyant vers
l’Escaut. Des coches d’eau, des pousse-pied, des bateaux-remorqueurs, des canots, des voiliers, tout ce qui
était capable de naviguer était employé pour échapper à
l’épouvante de la ville bombardée et en flammes. Les
gens sautaient des hauts murs du quai dans les navires
déjà bourrés de fugitifs. C’était un fourmillement de
navires noirs sur le large fleuve lisse, dans la lueur des
dépôts de pétrole en flammes dans la direction de
Hoboken.” (Jozef Muls)
voie de fuite
Le retrait stratégique de l’armée de campagne
Le 6 octobre le Roi Albert I donne l’ordre à l’armée de
campagne de se retirer sur l’autre rive de l’Escaut. Tout
se passe pendant la nuit pour éviter que les Allemands ne
remarquent l’action de retrait. Jozef Muls écrit ce qui suit:
Voilà que la nuit fut remplie d’un autre grand vacarme.
Je m’arrêtai et écoutai attentivement ce bizarre grondement. Cela devint impressionnant. C’étaient des cris
confus et anxieux comme dans les labyrinthes. C’est
alors que je distinguai l’ébranlement de centaines et de
centaines de sabots de cheval.” Près de la gare centrale
Muls voit un cortège de “cavaliers sombres” entrant dans
la ville, “progressant dans les rues sous le grondement
des canons et caissons.” Il suit le cortège dans la direction
de l’Escaut et dans la faible lueur de la lune il voit “la fuite
obscure et triste s’avançant vers la rive flamande, passant sur le pont en bois et faisant cahoter les poutres.”
De nouveau rentré, pendant toute la nuit il entend comment les canons se retirant traversent la ville. Le 7 octobre
il voit comment la voiture du Roi Albert I quitte la ville par
le pont de bateaux près du Steen.
La population prend également la fuite
La menace de bombardements allemands pèse toujours
sur la ville. Les soldats sont abattus, fatigués et ils ont
peur. Partout règne la frayeur: des centaines de milliers
d’Anversois essaient de s’enfuir. La masse forme “une
foule débridée, ondoyant sur place, comme la moisson dans la tempête, écriant sa fureur, se plaignant
et lançant des insultes.” Les routes vers les quais sont
entièrement bloquées, les gens font la file pendant des
8
heures. Une mer d’hommes, de femmes, d’enfants et de
véhicules bloque souvent la route aux militaires.
N’empêche qu’on essaie d’organiser rigoureusement le
retrait. Les civils doivent attendre jusqu’à ce que les militaires aient franchi le pont. Un journal britannique raconte
comment des gendarmes, armés de baïonnettes, repoussent pendant des heures la foule pour assurer le passage
à l’armée. Cependant, le pont est envahi par la foule en
panique, les gardes ne peuvent plus maîtriser l’afflux.
Un retrait chaotique
De nombreux fugitifs sont bloqués pendant des heures,
incapables d’avancer ou de reculer. Ignorant où ils
aboutiront au terme de leur voyage, ils ont revêtu leurs
plus beaux vêtements. En toute hâte ils ont rassemblé
quelques affaires, placées dans des brouettes, des
voitures d’enfant ou dans des charrettes pleines
d’ustensiles de ménage, tirées par des bœufs et des
ânes. La panique règne, certaines gens hurlent, les bébés
pleurent, les chiens aboient, les vaches mugissent. Les
voitures, les ambulances et autobus sont bloqués dans
la foule. Le bac vers St.-Anneke réussit à faire franchir
l’Escaut à 200 personnes par quart d’heure.
Les fugitifs, Eugeen Van Mieghem, 1914
Les flammes “hautes d’au
moins cent mètres” sur
les dépôts de pétrole brûlants forment un spectacle
apocalyptique. Ceux qui
attendent sur les quais se
plaignent du manque d’air
“dans l’atmosphère étouffante, emplie de pétrole.”
(Dirk Van Thuyne)”
Le nombre de fugitifs
Des dizaines de milliers de personnes empruntent le
pont de bateaux pour s’enfuir de la ville en flammes.
Les journaux publient les chiffres les plus différents,
car dans un pareil chaos il est difficile d’estimer le
nombre de fugitifs. Le New York Times écrit: “Besides
the long exodus by the roads to Holland I saw a crowd
estimated 150.000 blocking the ferry and pontoon (at
Antwerp) on their way to get trains to St. Nicholas and
Ghent.”
Le journal Le Bruxellois parle de 200.000 fugitifs,
d’autres journaux même de 500.000. Quoi qu’il en
soit, plus de cent mille personnes atteignent la Rive
Gauche en franchissant le pont de bateaux ou avec
des navires, dans la direction de Gand, Bruges, le
littoral et la Flandre Zélandaise. Le plus souvent ils
vont à pied, la voie ferroviaire au Vlaams Hoofd ne
pouvant être employée que par l’armée. De nombreux
fugitifs se dirigent également vers les Pays-Bas, à
pied ou en train. Les soldats ayant été isolés de leur
unité et qui se rendent aux Pays-Bas sont internés
dans ce pays neutre, comme le prescrit le droit
militaire international.
Sur le pont de bateaux circule un interminable cortège de
gens et une colonne de véhicules vers la Rive Gauche. A
un certain moment la marée basse et le poids de la masse
font que les pentes près du quai sont tellement raides que
des soldats, civils et même un landau se retrouvent dans
le fleuve. Un journaliste du New York Times écrit: “The
twenty-foot entrance to that pontoon bridge seemed to
me like the mouth of a funnel through which poured the
dense misery of an entire nation.”
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9
Fiche technique
Ponton 1914
Unités ayant construit
le pont
Commandement
10
Pontonniers Forteresse de la Position Fortifiée d’Anvers,1e Compagnie de pontonniers du 1er Bataillon du génie
Le Capitaine-commandant Virgile Piérard
Ponton 2014
11e Bataillon du génie belge de Burcht et 105e Compagnie
des pontonniers de ’s-Hertogenbosch, faisant partie du
101e Bataillon du génie hollandais de Wezep.
Coordination: le commandant militaire de la
Province d’Anvers
Commandement: le Lieutenant-colonel Peter Philipsen,
commandant du 11e Bataillon du génie, le Lieutenant-colonel Ed Caelen, commandant du 101e Bataillon du génie
Effectifs
À peu près 310 militaires, sous le commandement de 7 officiers
+/- 150 pour la construction et le désassemblage, +/- 60
pour l’exploitation
Quartier général
Vlaams Hoofd, fort près de l’actuelle place
Van Eeden (Rive Gauche)
Casernés à Burcht, Wezep et ‘s-Hertogenbosch
Longueur du pont
390 mètres
370 mètres
Largeur du pont
3 mètres
8,12 mètres et 4,10 mètres pour la voie
Type
Eiffel - Le plan de construction avait déjà
été dessiné et exécuté avant la guerre
Faltswimmbrücke (FSB), pont de bateaux,
passerelle, pont Bailey de 20 pieds
Matériel
Fer, bois, bateaux réquisitionnés
FSB : Aluminium
passerelle et pont Bailey: acier et bois
Situation
Suikerrui/Steen - Vlaams Hoofd
Entre le ponton au Steen sur la Rive Droite et le ponton du
Service de Pilotage sur la Rive Gauche
Construction
Du 2 au 9 août 1914
2 & 3 octobre 2014
Destruction
Ordre: 8 octobre 1914
Exécution: 9 octobre 1914, 6.30 - 8.30 h
6 octobre 2014 (démonter le pont)
Passage pour la navigation
La destruction
Le pont de bateaux dispose de deux passages pour les navires de rivière. Ceux-ci n’y ont accès qu’après avoir obtenu explicitement une
autorisation à cet effet. Le commandant Piérard publie une note avec les
directives suivantes.
Le soir du 8 octobre 1914 le Capitaine-commandant Piérard reçoit
l’ordre du Lieutenant-général Deguise de faire sauter les ponts près de
Burcht et du Steen. Les ponts ne peuvent en effet pas tomber entre les
mains de l’ennemi. Le 9 octobre, à 5 h du matin, on fait sauter le pont de
Burcht, celui du Steen à 8 h 30. Du côté de la vile, les pontonniers mettent le feu à 25 bateaux. Le New York Times écrit: “… there was a crash
that shook the whole building, the sound of falling glass, and out in the
river a geyser of water shot up, timbers and boards flew from the bridge,
and there were dozens of smaller splashes as if from a shower of shot. It
was the Belgians blowing up the bridge to cover their retreat.”
•
•
•
•
De l’extrémité sud des quais de l’Escaut jusqu’à l’écluse Royers
(Royerssluis) aucun navire ne peut se trouver dans les eaux sans
l’autorisation du commandant de la Compagne des Pontonniers. Tous
les navires non autorisés se trouvant entre ces deux points doivent
immédiatement rejoindre les docks ou les zones de refuge sur la Rive
Gauche.
Les navires ancrés dans le fleuve ou amarrés au quai devront renforcer
leurs ancres ou leurs amarres.
La fermeture du pont est indiquée par une boule noire, placée sur un
mât; lorsque le pont sera ouvert, les navires ne pourront passer que
contre le courant et par eau calme.
Le pont ne sera jamais ouvert après le coucher du soleil ou avant le
lever du soleil.
Sur la Rive Gauche les torpilleurs essaient de faire sauter 6 navires, mais
ils ne réussissent que partiellement. Un journaliste écrit: “The mines
which were exploded beneath it did more damage to the buildings along
the waterfront than to the bridge, however, only the middle spans of
which were destroyed.” Les torpilleurs tirent sur les autres bateaux pour
les faire couler. Les pontonniers ramènent les portières flottantes vers
la rive. Ils détruisent aussi les hangars et le matériel du fort du Vlaams
Hoofd.
La destruction dure quelque vingt minutes. A ce moment il y a encore
des soldats dans la ville. Lorsque ceux-ci constatent qu’il ne leur reste
plus aucune issue, ils paniquent. Des témoins voient comment ils essaient encore d’atteindre de petits bateaux et les entendent crier au secours. Certains parmi eux tirent même sur les petits bateaux fuyants,
voyant que ceux-ci ne reviennent plus.
Piérard et ses pontonniers quittent Anvers dans la direction des PaysBas, pays neutre, où ils seront internés le 10 octobre. Après la guerre, et
après un internement à Amersfoort et la Haye, Piérard est rapatrié.
Pour couvrir leur fuite les troupes belges ont détruit le ponton sur la Rive Gauche.
11
Le ponton 100 ans plus tard
Rive Gauche
Le major breveté d’état-major Dirk
Verhaegen, commandant militaire de
la Province d’Anvers, a pris sa retraite
en avril 2014. Il a joué dès le début de
notre projet commémoratif un rôle important dans la coordination et la réalisation du pont flottant. Dirk Verhaegen
a réalisé l’impossible. Il est remplacé
par le colonel Paul Haccuria.
Rive Droite
ancré à l’appontement de
la police maritime
pont pliable 340 mètres
passerelle 38 mètres
ancrée à la rive
La partie flottante mesure quelque 270 mètres et est composée de 15 à 20 navires ponton avec chacun à peu près
trois éléments ponton. L’ensemble du squelette en aluminium pèse quelque 200 tonnes – ce qui équivaut à 20 camions de matériel. Le montage et le contrôle du pont se
font par plus de 150 soldats du génie, une moitié venant
des Pays-Bas, l’autre moitié de Belgique. On fait également appel à des plongeurs.
Les pontons flottants sont maintenus sur place à l’aide
des hélices des bateaux ponton. Ceux-ci doivent être très
rigoureusement contrôlés, 24 heures sur 24. Car entre
marée haute et marée basse il y a ‘marée morte’, le niveau
de l’eau ne changeant pratiquement pas; or il n’est pas
impossible que le courant s’élève à 9 km/h, ce qui représente une force énorme. En outre le pont doit pouvoir être
régulièrement ouvert pour la navigation. A cet effet, les
contrôles se font déjà à partir de Flessingue.
12
“La construction d’un pareil pont n’est pas évidente, car à Anvers l’Escaut a une largeur de 370 m et le courant est parfois
très fort. Les troupes du génie du 11e Bataillon du génie de
Burcht assurent l’arrivée à la banque et l’organisation. Le 101e
Bataillon de Wezep (Pays-Bas) et leur 105e Compagnie de
Pontonniers (‘s Hertogenbosch) construisent la partie flottante.
En préparation des commémorations des 3, 4 et 5 octobre, les
troupes de Génie belges et néerlandaises poseront le samedi
28 septembre un pont à titre d’essai. Une opération délicate...
En fait, ce n’est pas une entreprise simple: il s’agit d’un énorme meccano avec des pièces qui ne s’emboîtent pas toujours
parfaitement. La préparation ne constitue pas uniquement un
énorme défi technique. Nous faisons également une analyse
des risques, nous établissons un plan de prévention et de sécurité; une consultation permanente avec les autorités portuaires, civiles et militaires s’impose, etc. Les réunions avec les
personnes et autorités concernées comptent au moins trente
personnes. La collaboration est excellente, tous les partenaires sont enthousiastes. La construction de ce pont est un
magnifique exemple de collaboration internationale en matière
de défense au niveau européen, en l’occurrence entre la Belgique et les Pays-Bas et tout à fait conforme avec la politique de
nos Ministres de la Défense. La construction d’un pont de la
paix sur l’Escaut à Anvers en 2014, pour tous les citoyens, est
une aventure formidable!”
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Ponts historiques sur l’Escaut à Anvers
1584
1565
14
En 1584, pendant
la guerre de
quatre-vingts ans,
la Ville d’Anvers est
assiégée. Sous le
commandement
d’Alexandre
Farnese, l’armée
espagnole veut
investir la ville.
Farnese fait
construire un
pont flottant pour
bloquer l’Escaut.
Parfois la glace
forme ‘un pont
naturel’ permettant de franchir
le fleuve. Il existe
des illustrations
du fleuve gelé en
1565, 1670, 1871
et 1891.
En 1795, la Ville
d’Anvers étant
occupée par les
Autrichiens, la
France ‘libère’ la
ville. Pour commémorer ce fait,
un pont flottant
est construit sur
l’Escaut en 1895.
1895
1914
Les ponts de 1584, 1914 et 1944 sur l’Escaut
étaient des ponts militaires.
Pendant la Seconde Guerre
mondiale
l’occupant allemand construit
de nouveau un
pont de bateaux
sur l’Escaut. Lors
du retrait de leurs
troupes en septembre 1944 ils
le font sauter.
Le nouveau pont de 2014 veut être un Pont de la
Paix.
1944
Un pont reliant jeunes et personnes âgées, Belges
et étrangers.
Le pont de bateaux de 1914 était une importante voie
pour le transport de matériel militaire et pour la fuite de
nombreux civils. Quelques heures après la destruction
du pont les Allemands entrent dans la ville. L’armée
allemande avait l’intention de construire immédiatement
un nouveau pont de bateaux. Or, elle constate que ce
n’est pas simple, puisque à chaque marée haute le pont
est entraîné par les flots. Ce pont est construit près de
l’écluse Royers (Royerssluis), 2,6 kilomètres en aval du
Steen.
Un pont qui contribue à la mémoire collective de
la ville.
Un pont qui fait rêver de l’avenir.
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Le projet Anvers ‘14-’18 est réalisé en collaboration avec:
• La Ville d’Anvers
• La Provence d’Anvers
• Tourisme Flandre Fonds d’Impulsion 100 ans de Grande Guerre
• Le Gouvernement flamand
• Le Gouvernement fédéral
• Le Comité scientifique Anvers ‘14 -’18
• Avec le soutien de nos sponsors
La reconstruction du pont en octobre 2014 se fait en collaboration avec:
• Ministère de la Défence Belgique
• Les sapeurs-pompiers d’Anvers
• Ecole supérieure de navigation d’Anvers
• Eandis
• Maire honoraire d’Anvers Bob Cools
• Le Service Public Fédéral Mobilité Transports DG Transports Maritimes
• L’Entreprise Communale du Port d’Anvers
• Les troupes du génie de Burcht
• Les troupes du génie des Pays-Bas- Den Bosch
• Le Musée Royal de l’Armée et d’Histoire Militaire, Bruxelles
• Le Commandement Militaire de la Province d’Anvers
• Le Ministère de la Défense des Pays-Bas
• La Police d’Anvers
• La Police de la Navigation d’Anvers
• La Ville d’Anvers
• Le Département Flamand Mobilité et Travaux Publics - Direction Accès
Maritime
• L’Agence Flamande Services Maritimes et Côte Service de Pilotage
• Voies Navigables et Canal Maritime
• Zanzibar
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Le Comité scientifique Anvers ‘14 -’18 assure le contrôle de qualité du
projet:
• Marnix Beyen, professeur à l’Université d’Anvers
• Christophe Declercq, étudiant de doctorat a l’University College London et
Ecole Supérieure AP Hogeschool
• Piet Lombaerde, Fondation Simon Stevin et Ecole Supérieure AP Hogeschool
• Dirk Martin, Centre d’études et de documentation Guerre et Société
contemporaines
• Koen Palinckx, ancien directeur du Vredescentrum et auteur ‘V-bommen op Antwerpen’ (“Des bombes V sur Anvers”)
• Eric Rombouts, guide du Musée Royal de l’Armée et d’Histoire Militaire
• Inge Schoups, coördinatrice exécutive et archiviste de la Ville, Felixarchief Anvers
• Maarten van Alstein, chercheur Vlaams Vredesinstituut
• Luc Vandeweyer, archiviste Archives Générales du Royaume
• Alex Vanneste, professeur ordinaire émérite Université d’Anvers
• Antoon Vrints, chercheur postdoctoral Université de Gand
• Marleen Van Ouytsel, directeur du Vredescentrum Anvers (in memoriam)
• Lotte Dodion, coordinatrice de projet, Vredescentrum Anvers
• Margot De Deken, coordinatrice de projet, Vredescentrum Anvers
Sources
Générales
• SOPHIE DE SCHAEPDRIJVER, De Groote Oorlog, Amsterdam/Antwerpen,
Atlas, 1979.
• ANTOON VRINTS, De Klippen Des Nationalismus, De eerste Wereldoorlog en
de ondergang van de Duitse kolonie in Antwerpen, 2002.
• SAM VAN CLEMEN, Den Oorlog Verklaard, De Grote Oorlog in de provincie
Antwerpen, Antwerpen, Provinciebestuur, 2003.
Illustrations
‘Antwerpen in de Groote Oorlog’
• Banque d’images Cegesoma (p. 4)
• Churchill Archives Centre (p.10)
• Collection Hugo Buyle (p.8, 9)
• Collection Alex Elaut,photo Peter Maes (p.13)
• DANIEL JAMES, My First World War, Franklin Watts, London, 2009 (p.7)
• Livret de propagande allemande, Hugo Resseler (p.7)
• Collection d’images, Archives de la ville de Lier (p.8)
• Musée Royal de la Guerre et d’Histoire Militaire (p.1, 11, 12, 17)
• Phil Douglis,The Douglis Visual Workshops (p.6)
• Archives de la Ville d’Anvers (p.5, 8, 9, 10, 11)
• The War Illustrated (p.12)
‘Anvers construit des ponts’
• Archives BRABO (p.14)
• Collection Hugo Buyle (p.7)
• Musée Eugeen Van Mieghem (p.8)
• Le musée virtuel de la ville (p.14)
• Musée Royal de la Guerre et d’Histoire Militaire (p.2, 6-7, 9)
• Letterenhuis, Anvers (p.17) • Collection privée (p.5)
• Archives de la Ville d’Anvers (p.1, 11, 14, 15)
• Dessin technique, 105e Compagnie de construction des eaux PBL (p.12-13)
Citations
‘Anvers dans la grande Guerre’
• De Tijd, 9 octobre 1914, Génie, Musée Jambes (p.12)
• Het Volk, 9 octobre 1914, Génie, Musée Jambes (p.13)
• JOZEF MULS, De val van Antwerpen, Ons Vlaanderen, Gent, 1918 (p.13)
‘Anvers construit des ponts’
• ALEXANDER POWELL, Fighting in Flanders, London, Heinemann, 1914 (p.8, 11)
• DIRK VAN THUYNE, 1914, De Duitsers komen: de moordende begindagen van
de Eerste Wereldoorlog, Lannoo, Tielt, 2010 (p.8, 9) • Gazet van Antwerpen,
10-11-12 août 1914 (p.5, 11)
• HORACE GREEN, The Log of a Noncombatant, www.greatwardifferent.com (p.9)
• IVAN ADRIAESSENS, Odon, dagboek van een IJzerfrontsoldaat, Lannoo, Tielt,
2009 (p.5)
• JOZEF MULS, De val van Antwerpen, Ons Vlaanderen, Gent, 1918 (p.5, 7, 8,
9) • Rapport du Capitaine-commandant Piérard, Collection Musée Royal de
la Guerre et d’Histoire Militaire, Moscou, Compagnie de Pontonniers, rapport
établi le 26 juin 1916, par le Cpt-Cdt Piérard, emploi du temps, nature et importance des travaux exécutés (p.11)
• Rotterdamsch Nieuwsblad, 13 août 1914, Génie, Musée Jambes (p.4)
• The New York Times, 11-12 octobre 1914, Génie, Musée Jambes (p. 8, 11)
L’éditeur s’est efforcé de régler les droits des photographes publiées
conformément aux stipulations légales. Les personnes qui pourraient faire valoir
certains droits peuvent s’adresser à l’éditeur.
Colophon
Composition: Vredescentrum,
Comité Scientifique Anvers ’14-’18
Etude historique préparatoire par
Geheugen Collectief
Auteur: Stefaan Vermeulen
Rédaction
finale: Lotte Dodion et Ann Govaert
Mise en page: Het Geel Punt bvba
Traduction : Alex Vanneste
Lorsqu’en août 1914 éclate la guerre, le jeune
avocat Jozef Muls (°1882) se présente auprès
de la Garde Civique anversoise. Après une
semaine déjà, il devient traducteur d’allemand
pour les autorités militaires et greffier auprès
du conseil de guerre. Fin septembre il est
nommé avocat civil du gouverneur militaire
pour assurer le contrôle sur les maisons commerciales allemandes dont les associés avaient été expulsés ou emprisonnés.
Jozef Muls suit de près les événements dans
la ville. Sa chronique ‘De Val van Antwerpen’ (La Chute
d’Anvers) offre un image réaliste de la vie dans la ville assiégée. Le 7 octobre il s’enfuit de la ville. D’abord il réside à
Londres, puis à Paris. Après l’Armistice il revient à Anvers où
il sera professeur d’histoire de l’art.
Dans son ouvrage ‘Antwerpen 1914’ (Anvers 1914) l’auteur Thomas
Maes reprend d’anciens fragments du journal de ‘De Val van Antwerpen’ de Jozef Muls. Le livre ‘Antwerpen 1914’ sera lancé pendant le
marché de la Culture 2013, en collaboration avec la maison d’édition
Linkeroever.
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Rendez-vous sur le pont!
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Rendez-vous sur le pont!
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www.antwerpen14-18.be
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+32(0)3 338 83 03
ANVERS
PENDANT LA GRANDE
Contexte historique
GUERRE
L
e Vredescentrum, une asbl de la Province et de la Ville d’Anvers,
gère des projets concernant l’éducation de la paix et du souvenir,
tant pour les jeunes que pour les adultes. En 2013 et en 2014 le
Vredescentrum concentre ses activités sur la commémoration
du centenaire de la Grande Guerre.
2000 Antwerpen, tel. 03 292 36 56 – [email protected] – www.antwerpen14-18.be
Publication du Vredescentrum (Centre de la Paix) de la Province et de la Ville d’Anvers asbl, Lombardenvest 23,
Anvers commémore le centième anniversaire de la Première Guerre mondiale
En tant que coordinateur
des initiatives de commémoration dans la Ville d’Anvers, et en
collaboration avec différents partenaires, le centre est responsable
pour le projet international de commémoration Antwerpen ’14-‘18.
Vredescentrum van de Provincie en de Stad Antwerpen vzw
Centre de la Paix de la Province et de la Ville d’Anvers, asbl
Téléphone 03 292 36 56
[email protected]
www.antwerpen14-18.be
Anvers comme capitale temporaire en 1914
Anvers a d’excellentes raisons historiques pour commémorer la
Grande Guerre en 2014. Peu de temps après l’indépendance de
notre pays, la position fortifiée d’Anvers fut proclamée Réduit
National de la Belgique: le dernier foyer de retranchement pour
l’armée en cas d’invasion ennemie, et dans l’attente de secours
des garants.
Après qu’au début du mois d’août 1914 les troupes allemandes
aient envahi la Belgique, pays neutre, on admettait qu’Anvers
était imprenable, la ville étant protégée par son imposante double
ceinture de forts. Anvers devenait temporairement la capitale de
la Belgique et le siège du gouvernement, du parlement, de
l’armée, de la famille royale et de la diplomatie. Il apparaissait
cependant clairement et bien vite que la position fortifiée
‘imprenable’ n’était pas à même de faire face à la supériorité
militaire allemande, si bien que le 9 août 1914 Anvers se rendait.
Un flot jamais vu de fugitifs se mettait en route, d’abord vers
Anvers et après la chute de la ville principalement vers les PaysBas, la France et la Grande Bretagne. 1 Belge sur 5 quitta le pays.
Anvers dans l’Union Européenne
Actuellement, nos régions connaissent la paix depuis maintenant
près de sept décennies. L’Union Européenne a été créée comme
un projet unique de paix et réunit maintenant 28 pays, parmi
lesquels plusieurs anciens ennemis. Il y a 100 ans Anvers était
une ville où la population prenait la fuite, de nos jours la ville est
devenue à son tour un lieu d’accueil. Avec un des plus grands
ports européens, le commerce fort prospère du diamant, une
scène de renommée internationale pour l’art et la mode et un
important centre d’enseignement supérieur, Anvers demeure un
pôle d’attraction pour les Belges aussi bien que pour les
étrangers. La commémoration de la Première Guerre mondiale
dans notre ville est une occasion par excellence pour jeter des
ponts entre le présent, le passé et l’avenir. En collaboration avec
de nombreux partenaires, le Vredescentrum prépare un
programme ambitieux et espère pouvoir vous accueillir.
Gilbert Verstraelen, Président du Vredescentrum
Marleen Van Ouytsel, Directeur du Vredescentrum (in memoriam)
www.visitantwerp.be
www.vredescentrum.be
2
3
La Belgique
avant la guerre
Le 19e siècle est une époque de grands changements.
La révolution industrielle et l’exploitation des ressources des colonies créent une croissance spectaculaire de
l’économie mondiale. Au début du 20e siècle cette évolution a également mené à de fortes tensions internationales entre les grandes puissances et à une situation de
‘paix armée’ dans le monde.
La Belgique: un joueur mondial en matière d’économie
•
•
•
•
•
•
La Belgique est le premier pays industriel sur le
continent européen.
La première ligne ferroviaire sur le continent européen
relie Bruxelles à Malines.
Après New York, Anvers est le second port mondial.
Les charbonnages wallons, l’industrie sidérurgique et
la construction de chemins de fer, de tramways et de
grandes machines sont les trois piliers de l’économie
belge.
La Belgique est la plaque tournante du commerce
européen et la quatrième puissance commerciale
mondiale.
La maison royale belge est fortement liée aux familles
royales allemande et britannique.
Avec 7,6 millions d’habitants en 1914, la Belgique
est le pays avec la population la plus dense du
monde. A l’époque, notre pays compte même davantage d’habitants que les Pays-Bas. Or, malgré sa
forte position économique, le niveau de vie moyen
en Belgique est inférieur à celui de ses pays limitrophes et la richesse se concentre dans une partie fort
réduite de la population. La plus grande partie de
4
la population vit dans les villages, les communes et
les petites villes. La Flandre est pauvre et catholique.
A peu près un quart de la population est analphabète. Des centaines de milliers d’enfants flamands
ne vont à l’école qu’en hiver, car en été ils doivent
travailler sur les champs. Les fils d’agriculteurs et
les ouvriers à la journée quittent leur terroir pour aller
chercher du travail dans les bassins industriels. La
vie dans les usines est misérable. Tout cela donne
lieu à une lutte sociale contre la pauvreté et pour le
suffrage universel, seulement pour les hommes.
Le pays est caractérisé par quelques lignes de rupture: la partie méridionale et industrielle francophone
est en effet fort différente de la partie septentrionale
agraire et catholique où on parle néerlandais.
Anvers est une ville cosmopolite
Le coût de la fontaine de
Brabo sur la Grand-Place
est pour la plus grande
partie payés par des
commerçants allemands.
Au début du 20e siècle Anvers est une ville
animée, avec une grande force d’attraction.
Des plus de 300 000 habitants près de
13% est d’origine étrangère. La plupart des
immigrants viennent des Pays-Bas, mais
c’est surtout la communauté allemande
qui est fort bien organisée; celle-ci est
socio-économiquement très puissante:
un tiers des membres de la Chambre de
Commerce est d’origine allemande. Ces
Anversois allemands éprouvent bien des
difficultés lorsque la guerre éclate: sont-ils
belges ou allemands?
Les hôtels Wagner et Weber à côté de l’opéra.
5
Le monde entier en flammes
•
•
•
•
•
6
Le fameux ‘ordre mondial juste’ dont parlait le président américain Wilson se fait malheureusement
encore attendre.
La Première Guerre mondiale est un des conflits les plus
meurtriers de l’histoire.
Plus de 50 pays sont en guerre.
1,5 milliard de personnes – plus de 80 pour cent de
la population mondiale – sont en guerre.
70 millions de militaires sont mobilisés, dont 60
millions d’Européens.
Plus de 9 millions de soldats périssent.
Les frais de guerre s’élèvent à plus de 2.000 milliards de dollars.
L’arme belge qui a déclenché la
Première Guerre mondiale.
1914
La Ville de Bruxelles
est évacuée. Le Roi,
le gouvernement et
l’état-major militaire
déménagent à Anvers.
17 août
L’armée allemande
prend Liège; pour la
première fois dans
l’histoire des objectifs
civils font l’objet d’un
bombardement aérien.
7 août
L’Allemagne déclare
la guerre à la Belgique
plusieurs centaines
de milliers de soldats
envahissent le pays par la
frontière belgo-allemande.
En fait, l’Allemagne veut
simplement passer par la
Belgique pour attaquer
la France (Plan von
Schlieffen-von Moltke)
4 août
L’Allemagne veut attaquer la France en
passant sur le territoire de la Belgique
neutre. La Belgique
refuse le passage.
2 août
Mobilisation générale de l’armée belge.
31 juillet
Guerre à
Anvers
La Grande
Anvers est le Réduit National: la ville est
protégée par une double ceinture de
forts , celle-ci est considérée comme
le dernier refuge sûr pour le gouvernement et l’armée. Le Roi Albert I s’installe
dans le Palais Royal sur le Meir. L’opéra
est aménagé comme Chambre des Représentants, le Théâtre Flamand comme Sénat. L’état-major de l’armée réside dans le palais du gouverneur près
du Schoenmarkt.
L’Autriche-Hongrie déclare la
guerre à la Serbie.
28 juillet
Sous la menace de guerre, fin août 1913,
est introduit le service militaire obligatoire
pour un fils par foyer. Au moment où la
guerre éclate, il est clair que l’armée belge
est trop petite, mal entraînée en mal équipée pour faire face à l’armée de la fort
puissante Allemagne.
Le Traité de Londres de 1839 reconnaissait la Belgique comme pays neutre, entraînant l’obligation de la ‘neutralité armée’. C’est dire qu’en cas de conflit la
Belgique devait donc rester neutre, or le
pays avait le droit de défendre son territoire. En 1909 le Roi Léopold II signe la Loi
sur le service militaire. Au début, l’armée
belge recrute ses effectifs parmi les volontaires et avant 1909 par le système de
tirage au sort.
La Première Guerre mondiale change la face du
monde.
• Les progrès technologiques en matière
d’armement et de pouvoir destructif relèvent du
jamais vu.
• Jamais autant de civils ne sont mobilisés dans
l’industrie de guerre.
• Jamais il n’y a eu autant de réfugiés, des millions
de familles sont brisées.
• Dans le monde entier la guerre donne lieu à
de grands changements politiques et à des
révolutions radicales.
• Après la guerre se développent de nouvelles
démocraties, fondées sur le suffrage universel
pur et simple.
Assassinat de l’archiduc François-Ferdinand d’Autriche à
Sarajevo.
L’attentat sur le prince héritier François-Ferdinand
d’Autriche-Hongrie - perpétré avec une arme FN belge embrase l’Europe, donna lieu à 62 déclarations de guerre
successives. Malgré son statut neutre, la Belgique est
entraînée dans la bourrasque. A ce moment, personne
ne peut s’imaginer que c’est le début d’une guerre
destructrice qui sévira pendant quatre ans sur le monde
entier.
Incertitude totale
28 juin
En 1914 deux camps s’affrontent. D’une part “le Triple
Entente” avec la Grande-Bretagne, la France et la Russie,
d’autre part “le Triple Alliance” avec l’Allemagne,
L’Autriche-Hongrie et l’Italie.
éclate
puissances européennes
La Grande Guerre
La lutte entre les grandes
7
1914
8
L’armée belge se
regroupe derrière
l’Yser.
12 octobre
Des centaines de milliers de
Belges traversent la frontière
hollandaise. Parmi eux également
quelque 33 000 militaires belges,
allemands et britanniques. Ces
soldats sont internés aux PaysBas, pays neutre.
10 octobre
elins.
Den opperbelhebb
er
van het beleglege
r
Het duitsche leg
er treedt uwe
stad
bin-nen alsover
winnaar. Aan gee
n enkele vanuwe bur
gers zal kwaad
ged
aan
en uwegoederen
zullen geëerbied
igd
worden,indien gij
uw onthoudt van
alle
vijande-lijkheid.
Iedere tegens
tand zal ges
traft
wordenvolgens
de wetten van
den oorlog en kanals gev
olg hebben de ver
nieling van uwe sch
one stad.
La villa ‘Rest and be thankful’ à Kontich
La ville d’Anve
rs est bombard
ée par des zepp
Poésie virtuelle du poète
Paul Van Ostaijen, inspirée
par les bombardements de
zeppelins sur Anvers.
Réfugiés anversois à la frontière hollandaise
Anvers tombe entre les mains de l’armée
allemande
• L’armée belge se retire. On fait sauter les
ponts de bateaux. C’est le moment où
l’arrière-garde de l’armée se rend compte
qu’il n’y a plus d’issue. Ceux qui veulent
quitter Anvers se dirigent vers les Pays-Bas.
• Louis Franck et le bourgmestre De Vos
rencontrent la délégation allemande à
Kontich.
• Le Traité de Kontich est signé à 7 h 40:
Anvers se rend.
• Le soir les troupes allemandes entrent dans
la ville déserte. Elles publient un ordre du
commandant allemand von Beseler.
9 octobre
Bombardement d’Anvers
Pendant 36 heures trois à quatre obus
par minute tombent sur la ville. Anvers
est en flammes et plus de cent mille
personnes prennent la fuite.
8 octobre
•
L’Allemagne menace de bombarder
Anvers si la ville ne se rend pas.
• A 13 h 30 le Roi Albert I quitte le palais
en voiture et se dirige vers Saint-Nicolas.
• L’armée de campagne se retire
par les ponts de bateaux au Steen
et à Hoboken/Burcht. Les troupes
britanniques suivent l’armée belge.
L’arrière-garde des effectifs des forts se
retire
7 octobre
troupes allemandes percent la
ceinture extérieure de forts.
• En accord avec Churchill, Albert
I et son état-major décident de
quitter Anvers.
• Les
6 octobre
vague d’attaques allemandes
dans la direction d’Anvers.
• Winston Churchill arrive à Anvers avec
une brigade de la Royal Navy Division
anglaise. Il est accueilli chaleureusement
par la foule qui reprend courage. Churchill
réside dans l’Hôtel St.-Antoine, sur la
Groenplaats, où se trouve actuellement le
Albert Heijn.
• Afin de défendre les intérêts de la
population, le 4 octobre les autorités
civiles créent une “commission d’avis”,
sous la présidence de Louis Franck.
• Nouvelle
3 octobre
Les nouvelles concernant la
capitulation possible d’Anvers
atteignent Londres. Winston
Churchilll, 40 ans et à ce moment Le fort de
Lierre endomm
agé.
‘First Lord of the Admiralty’, vient
à Anvers pour encourager les
Belges à tenir ferme.
2 octobre
Début des bombardements de
la ceinture de forts et d’Anvers.
Bien vite il est clair que la ceinture
de forts autour d’Anvers ne
pourra pas résister aux intenses
bombardements allemands.
L’état-major belge quitte Lierre et
se dirige vers Anvers.
28 septembre
L’armée française arrête la
marche allemande à la Marne.
L’Allemagne revoit ses plans
d’attaque et se concentre
maintenant sur la position
fortifiée d’Anvers.
9 septembre
Un zeppelin (dirigeable)
effectue des
bombardements sur
Anvers C’est le deuxième
bombardement aérien
d’objectifs civils.
25 août
1914
9
1914
La marche
de l’armée allemande
La première ceinture défensive autour
d’Anvers – la ceinture extérieure –
fait 95 km et compte 36 forts, entre
lesquels se trouvent des fortifications et
des zones pouvant être inondées.
vers Anvers
’s Gravenwezel
Les protagonistes
militaires et politiques
Le Roi Albert I
Kessel
Oelegem
Broechem
Koningshooikt
La zone inondée
St-Katelijne-Waver
Le Lieutenant-général
Victor Deguise
LIER
Le commandant allemand Hans von
Beseler
Fort 1
attaque aérienne Fort 2
avec un zeppelin
ANVERS
La seconde ceinture de forts
autour de la ville – la ceinture
intérieure – fait 29 km et compte
29 forts dont les forts Brialmont.
Fort 3
La zone inondée
Fort 4
Fort 5
Fort 6
8-9 octobre : chute de la ceinture
intérieure de forts
First Lord of the Admiralty Winston Churchill
10
Au moment où la guerre éclate, les forts
ne sont pas encore tout à fait prêts. Il
n’empêche que tout le monde pense
qu’Anvers est une position fortifiée imprenable. Or, déjà après quelques jours de combats la première ceinture de forts est percée.
Le bourgmestre
Jan De Vos
Le conseiller Louis
Franck
Après un siège de seulement
13 jours Anvers tombe entre les
mains des Allemands.
Fort 8
7-9 octobre : retrait de l’armée
belge
La zone inondée
Fort 7
KONTICH
le 9 octobre:
signature
du Traité de
Kontich
La zone inondée
La zone inondée
Le Capitainecommandant Virgile
Piérard
Kruibeke
Zwijndrecht
11
Panique dans la ville
Objets abandonnés par les fugitifs sur les quais
anversois
12
“Pendant toute la nuit le bac à
vapeur avec une fureur extraord
inaire. Dans la
conduisait des fugitifs tremblan
ts vers partie septentrionale exp
losèrent des dél’autre rive de l’Escaut, et sur le
pont à pôts de munitions, qui
avaient pris feu
bateaux militaire sur le fleuve défi
lait un sous les tirs allemands;
du côté du port
interminable flot de trains, d’au
tos, de et plus loin dans la dire
ction du palais
voitures, de camions de munition
s.
de justice les projectiles causèren
Après que le commandant alleman
t de
d von terribles incendies. La
Ville d’Anvers
Beseler avait envoyé une seconde
fois sera défendue avec un cou
rage tenace
un parlementaire au commandan
t de la qui recèle des actions
encore plus imposition fortifiée pour exiger la
capitu- pressionnantes, même
si elles sont tralation de la ville, et que cette exig
ence giques.”
fut rejetée, les bombardements repr
irent
LA FUITE DES CENT MILLE
“Je traversais le jardin vers la rue et voyais maintenant défiler l’interminable cortège de fugitifs, quelle misère! Chevaux
et voitures, chariots et bicyclettes s’empressaient devant moi,
comme s’ils étaient fouettés par la menace d’un orage imminent; des troupeaux de bœufs rugissants et des troupeaux
de gens anxieux; des mères qui, des deux mains, traînaient
des enfants pleurants derrière elles, des fils transportant un
père paralysé ou malade sur une brouette, de petites gens qui,
unissant leurs forces, tiraient ou poussaient de petits chariots
chargés de quelques chaises, une table, un matelas, un petit
poêle, une petite volière, des hommes aux semelles usées et
pieds-nus, des femmes sur de hauts talons cassés, portant un
chapeau d’été à fleurs fanées ou à plumeaux qui se mêlaient à
leur chevelure dans le vent – quelle absurdité. Je continuais à
les regarder, comme cloué sur place, alors que les larmes me
venaient aux yeux. C’était mon peuple qui s’enfuyait et ces
milliers de personnes traquées, comme si elles avaient perdu
tout sens, le visage tout rouge, couraient comme des animaux
pourchassés, fuyant la mort, comme si des uhlans braquaient
leur lances sur elles; elles poursuivaient leur route, le regard
fixé vers le néant, la tête courbée, comme si le ciel allait leur
tomber sur la tête dans ce tremblement de terre.
Pendant ce temps, plus loin, les puissants canons allemands
ne cessaient d’aboyer bruyamment. Je pensais aux milliers
de fugitifs qui, en ce moment même, devaient être en route
à travers la Flandre, le long des routes vers le littoral. Un
demi-million de personnes sans abri avançait péniblement, au
milieu du chaos créé par le retraite d’une armée de soldats
éreintés et de chariots de guerre.”
fragments de journal Jozef Muls, 1914
“Les fugitifs”
H.Prat
s les cafés
“Tous les magasins, tou
s. La de
mé
fer
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et les hôtels éta
ent détem
plè
com
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lev . Oeserte; je traverse le bou
urne. Là, à
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vard. M’empressant, je
ager sur
eng
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à
mon chemin. Prêt
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i. Sur le
plosion forte derrière mo
Vierwinla
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Meir, juste en fac
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un zepbée une bombe lancée par
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pelin, un autre projectile
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sol. J’entends le
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me
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qui se cassen
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Qu ues
criant fort, s’enfuient.
hommes sont blessés.”
13

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