hellphone - DeVilDead

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hellphone - DeVilDead
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HELLPHONE
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Titre original : HELLPHONE
Année : 2007
Nationalité : France
Acteurs : Jean-Baptiste Maunier, Jennifer Decker, Benjamin Jungers, Vladimir Consigny, Edouard Collin,
Baptiste Caillaud, Anaïs Demoustier, Judith Chemla, Quentin Grosset, Géraldine Martineau, Gilles GastonDreyfus, Christian Hecq, Clotilde Mollet & Bruno Salomone
Réalisateur : James Huth
Scénario : Jean-Baptiste Andrea, James Huth & Sonja Shillito
Musique : Bruno Coulais
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Sid (Jean-Baptiste Maunier) est un jeune adolescent un peu
looser. Sa mère n´a pas les moyens financiers de l´entretenir
dans le culte consumériste typique de son âge, et la fille dont il
est amoureux l´ignore. Pour essayer d´être « in », Sid se met en
quête d´un téléphone portable cool et dans ses maigres moyens
(quel paradoxe). C´est alors qu´il fait l´acquisition d´un étrange
prototype rouge qui semble posséder le don d´exaucer les
vœux. Mais à quel prix ?…
Le nom de James Huth est immédiatement associé à son
deuxième long-métrage, le pâteux BRICE DE NICE. Le gros
succès public du film récompensait plus la performance du
comédien Jean Dujardin que les piètres qualités de réalisation
de la chose. BRICE DE NICE serait pourtant mal présenter
James Huth. Après quelques courts-métrages, l´homme signe le
furieusement décalé SERIAL LOVER avec Michèle Laroque
et Albert Dupontel en 1998. L´accueil injustement mitigé du
film l´écarte de la réalisation pour un temps. En 2003, il est coproducteur sur le curieux DEAD END de Jean-Baptiste Andrea
et Fabrice Canepa. Il faut attendre 2005, pour que Huth soit
appelé à la rescousse sur le tournage de BRICE DE NICE, qui
connaît alors de grosses difficultés. En sauvant le projet, il
entre (enfin) dans la cour des réalisateurs français dit «de
confiance». Après une tentative avortée d´adaptation de la
bande dessinée Blake et Mortimer, Huth se rabat sur
HELLPHONE, un produit jeune et calibré qu´il tente d´épicer
avec une forte dose de folie.
Signé de la main de Huth mais aussi de celle du coréalisateur de DEAD END, Jean-Baptiste Andrea, le scénario
de HELLPHONE ne lorgne pas du côté du japonais LA MORT
EN LIGNE de Takashi Miike, mais calque en revanche le
CHRISTINE de John Carpenter. Dans ce dernier, une voiture
rouge démoniaque tombait «amoureuse» d´un jeune ado mal
dans sa peau et l´aidait à résoudre ses problèmes dans le but de
le posséder. Remplaçons la voiture par un téléphone portable
(avec également un générique à même la chaîne de montage),
tirons le ton de l´ensemble vers la comédie, et nous aurons une
description parfaite de la première moitié du film. Une
première partie également centrée sur un monde adolescent
anachronique (ici on fait du skate en écoutant AC/DC comme
dans les années 80) avec des mœurs bien actuelles car
énormément conditionnées par la pression du groupe et le culte
de la consommation. La première problématique de Sid n´est
pas de séduire la jolie fille, mais de trouver l´argent pour
s´acheter un portable, sésame indispensable pour tenter de
séduire la jolie fille.
Avec son téléphone fonctionnant comme une lampe
d´Aladin, les premiers vœux de Sid sont de l´ordre du
quotidien immédiat : modifier le menu de la cantine (Mc
Donald pour tout le monde), entrer dans les clubs de striptease, ou encore récupérer les sujets de contrôle. Il faut attendre
la deuxième partie pour voir le film s´encanailler un peu plus,
en révélant la vraie nature démoniaque du téléphone. Comme
CHRISTINE, ce dernier sera prêt à tout pour garder possession
de Sid. Quitte à tuer violemment l´un des caïds en le
martyrisant, organiser une séance de folie meurtrière chez les
amis de sa petite amie (dans l´espoir qu´elle y passe), ou encore
lever une armée d´ados hypnotisés prêt à tout pour posséder cet
outil magique (le film se permet ainsi quelques pics envers le
culte de la consommation chez les jeunes). Rien de
révolutionnaire, mais l´occasion de pas mal de citations (aux
films de zombies, au VILLAGE DES DAMNES, mais aussi à
GREMLINS, ORANGE MECANIQUE, RETOUR VERS LE
FUTUR ou DEAD END aussi, auto-promo oblige) en plus de
quelques morts bien sadiques (comme une jeune fille se
plantant tout le contenu d´un tiroir de cuisine dans le ventre,
cure-dents compris). Quant aux maniaques des détails, ils
seront servis avec moult clins d´œil au genre (comme lorsque
Sid frappe son principal ennemi avec le double DVD français
d´EVIL DEAD 2).
Si James Huth est bridé dans ses délires trashs (il n´y a pas
une seule goutte de sang), il se lâche plus volontiers dans une
mise en scène tarabiscotée et énergique, sublimée par une
photographie très réussie. Grand angle à gogo, montage
dynamique, nombreux mouvements de caméra assemblés en
synthèse, l´homme se fait plaisir même si l´ensemble manque
parfois d´élégance (on frôle le «Jean-Marie Poiré stylz´» à plus
d´une reprise). L´homme se permet, et c´est sûrement le plus
amusant, de nombreuses embardés dans le mauvais goût. Ainsi,
Sid est constamment charrié car son père a quitté sa mère pour
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un gogo-dancer, son ami Tiger est quant à lui harcelé par le
poster central de Playboy où sa mère posa nue avant sa
naissance, et la perte du pucelage revient assez régulièrement
dans les dialogues. Un soupçon de AMERICAN PIE, pour une
fois vraiment drôle et bien intégré.
HELLPHONE s´avère donc une découverte pas déplaisante
grâce à son énergie et son attitude délurée, particulièrement
rafraîchissante dans un cinéma français qui peine à se
renouveler. Ne nous mentons pas non plus, le film est
extrêmement ciblé pour les ados, et les nombreuses
problématiques du film feront bailler les plus de 17 ans. Les
adultes peineront régulièrement à se passionner, aussi à cause
d´un casting adolescent globalement peu empathique (mené par
Jean-Baptiste Maunier juste passable, et qui se rachète une
conduite rock'n'roll après les vocalises de la France de papa
dans LES CHORISTES). Reste quelques apparitions de guests
stars (Bruno Salomone imite le castor et offre ses crottes de
nez, Jean Dujardin nous fait un rappel de Brice) et surtout
quelques idées bien hard. Comme ce gérant de poulet frit qui se
pane littéralement la tête dans de l´huile bouillante. Un
hommage au premier TOXIC AVENGER ?
HELLPHONE a connu une carrière salle quelque peu éclair.
Un sort peu justifié que son édition DVD va tenter de
renverser. Techniquement, le film ne pose aucun problème.
L´image est parfaite, et la piste sonore en 5.1. est très tonique.
Très présent sur le DVD, James Huth se fend bien entendu
d´un commentaire audio. L´enthousiasme de l´homme lui
confère une parole soutenue, qui se concentre quasi
exclusivement sur les astuces de réalisation. Ne sachant
réellement à qui il s´adresse (ados ? adultes ?), Huth se montre
dans le doute très didactique sur ses méthodes. Intéressant mais
très technique à la longue. Heureusement, le réalisateur
s´attarde parfois sur des enjeux plus personnels, comme sa
manie du son qui le pousse à travailler beaucoup de détails
insolites (comme d´intégrer un léger chant de mogwaï dans la
boutique chinoise du Hellphone).
Le disque propose un Making Of certes promo mais
diablement sympathique, qui nous immerge pendant une
vingtaine de minutes sur le tournage. Si on prend vite peur en
voyant James Huth partir complaisamment en hystérie sur son
plateau, l´homme se montre très agréable et mesuré en position
d´interview
pour
nous
expliciter
l´expérience
de
HELLPHONE. On retient surtout le travail de l´équipe sur des
prises de vues parfois complexes, ainsi que la fraîcheur du
jeune casting, bien plus sympathique en coulisses que devant la
caméra. Décidément très présent, le réalisateur nous introduit
également chacune des scènes coupées du film. Des scènes
souvent réduites à un seul plan, à des versions alternatives, ou
encore à des improvisations, d´où surnage une vraie séquence
inédite dans le fast-food où travaille Sid. L´occasion de profiter
un peu plus de l´amusante performance de Christian Hecq en
gérant psychotique. On se quitte avec un clip vidéo du jeune
groupe signataire de la chanson leitmotiv du film (une jolie
contrefaçon d´AC/DC, imitation de Brian Johnson à l´appui) et
d´une poignée de bandes-annonces.
Eric Dinkian
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