violences sexuelles faites aux femmes en guadeloupe

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violences sexuelles faites aux femmes en guadeloupe
VIOLENCES SEXUELLES FAITES AUX FEMMES
EN GUADELOUPE
VIOLENCES SEXUELLES FAITES AUX FEMMES
EN GUADELOUPE
Exploitation complémentaire
de l’enquête KABP Antilles-Guyane 2011-2012
Financement
VIOLENCES SEXUELLES FAITES AUX FEMMES EN GUADELOUPE
Exploitation complémentaire de l’enquête KABP Antilles-Guyane 2011-2012
Exploitation complémentaire de l’enquête KABP Antilles Guyane
L’enquête KABP Antilles-Guyane 2011-2012 dont l’exploitation a été valorisée dans un ouvrage intitulé « Les
habitants des Antilles et de la Guyane face au VIH/Sida et à d’autres risques sexuels » a été réalisée sous la
responsabilité scientifique de l’Observatoire régional de santé Ile-de-France (Sandrine Y.HALFEN) et l’Institut
national de prévention et d’éducation à la santé (Nathalie LYDIE) [1].
Méthodologie de l’enquête
Observatoire régional de santé Ile-de-France,
Institut National de Prévention et d’éducation à la Santé.
Financement de l’enquête
Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites virales,
Institut national de prévention et d’éducation pour la santé,
Ministère des Affaires sociales et de la Santé,
Ministère des Outre-mer,
Et Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques en 2011.
Et l’Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites virales et la Fondation de France en 2004.
Analyse réalisée par l’Observatoire Régional de la santé de Guadeloupe
Mise à disposition des données issues des enquêtes KABP Antilles-Guyane 2004 et 2011-2012
Observatoire régional de santé Ile-de-France.
Analyse des données
Célie NOËL, Chargée d’études à l’Observatoire régional de la santé de Guadeloupe.
Rédaction du rapport
Célie NOËL, Chargée d’études à l’Observatoire régional de la santé de Guadeloupe,
Vanessa CORNELY, Directrice de l’Observatoire régional de la santé de Guadeloupe.
Financement de l’exploitation complémentaire
Agence de santé de la Guadeloupe, Saint-Martin, Saint-Barthélemy.
Violences sexuelles faites aux femmes en Guadeloupe : Etude à partir de l’enquête KABP Antilles-Guyane 2011-2012
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Qu’est-ce que l’enquête KABP DFA ?
Les enquêtes « Knowledge, Attitudes, Beliefs and Practices » ont été mises en place à la fin des années 1980 par
l’Organisation Mondiale de la Santé pour apporter des éléments de compréhension sur l’épidémie de VIH/sida.
En France, la première enquête nationale a été réalisée en 1992 sous la responsabilité de l’Observatoire régional
de santé d’Ile-de-France. La première extension de cette enquête dans les Départements français d’Amérique a
été réalisée en 2004 puis répétée en 2011 [2]. L’enquête « Analyse des comportements sexuels aux Antilles et
en Guyane (ASAG) » menée en 1992 sous la responsabilité de Michel Giraud et Augustin Gilloire, constitue la
seule enquête conduite auparavant sur ce sujet aux Antilles et en Guyane [3].
Avec quelle population ?
La population cible de l’enquête KABP 2011-2012 inclut l’ensemble des personnes âgées de 15 à 69 ans, parlant
le français ou le créole, résidant dans l’un des trois départements français d’Amérique (Guadeloupe, Guyane,
Martinique), et disposant d’un téléphone fixe ou mobile. La passation de l’enquête est réalisée par téléphone
(collecte assistée par téléphone et informatique), par des enquêteurs spécialement formés pour cette enquête.
Le questionnaire est affiché à l’écran des enquêteurs en français et en créole [1].
Quels thèmes ?
L’enquête KABP 2011-2012 comporte sept chapitres abordant différents aspects de la santé sexuelle [2] :
Connaissances relatives au VIH/sida
Sexualité et contraception : connaissances et opinions
Perception du risque, crainte du VIH/sida et discrimination
Sexualité : comportements et normes sociales
Usage du préservatif : état des lieux et évolutions
Recours au dépistage du VIH
Pratiques contraceptives et risques sexuels
Quels objectifs ?
Les objectifs de l’enquête KABP 2011-2012 sont multiples [1] :
Mesurer les évolutions dans le temps des représentations sociales du VIH/sida, de la connaissance des
populations sur l’infection, de leurs comportements préventifs ou de leurs attitudes vis-à-vis des
personnes vivant avec le VIH,
Apporter des éléments de connaissance sur les risques sexuels et comprendre comment la prévention
du VIH/sida s’intègre dans cet univers des risques sexuels,
Comparer les résultats entre les territoires, d’une part entre les trois DFA et d’autre part entre les DFA
et la France hexagonale,
Apporter des éléments spécifiques sur les comportements des migrants, notamment ceux originaires
d’Haïti.
Violences sexuelles faites aux femmes en Guadeloupe : Etude à partir de l’enquête KABP Antilles-Guyane 2011-2012
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Quelle méthodologie ?
Échantillonnage
L’enquête KABP 2011-2012 repose sur un échantillonnage aléatoire à deux degrés. La sélection des ménages a
été réalisée à partir de l’annuaire de France Telecom. Une sélection de ménages inscrits sur liste rouge ainsi que
de ménages disposant seulement d’un téléphone mobile a également été effectuée. Un individu de chaque
ménage était ensuite sélectionné au hasard [1].
Population d’enquête
Pour être éligible à l’enquête KABP 2011-2012, un ménage devait comporter au moins une personne âgée de
15 à 69 ans, résidant dans l’un des trois DFA, et parlant le français ou le créole [1].
Réalisation du terrain
Le terrain de l’enquête KABP 2011-2012, confié à l’institut IPSOS, s’est déroulé du 10 juin 2011 au 17 février
2012. Il a été précédé d’une enquête pilote réalisée en avril-mai 2011. Le recueil des données a été réalisé à
l’aide du système CATI [1).
Participation
Au total, 4533 personnes ont été interrogées lors de l’enquête KABP 2011-2012 dont 1563 en Guadeloupe. Le
taux de refus des ménages était 13,9 % en Guadeloupe (de 14,1 % pour les 3 DFA), le taux de refus des individus
de 9,8 % en Guadeloupe (10,5 % pour les 3 DFA). Le taux d’abandon au cours de l’enquête était de 7,0 % (8,0 %
en Guadeloupe) [1].
Violences sexuelles faites aux femmes en Guadeloupe : Etude à partir de l’enquête KABP Antilles-Guyane 2011-2012
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Introduction
Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) les violences sexuelles se définissent comme « tout acte sexuel,
tentative pour obtenir un acte sexuel, commentaire ou avances de nature sexuelle, ou acte visant à un trafic ou
autrement dirigés contre la sexualité d’une personne en utilisant la coercition, commis par une personne
indépendamment de sa relation avec la victime, dans tout contexte, y compris, mais sans s’y limiter, le foyer et
le travail » [4].
En France, on estime qu’au moins 50 000 viols sont commis chaque année [5]. En 2006, les femmes françaises
étaient 16 % à déclarer avoir déjà subi des violences sexuelles au cours de leur vie [6]. Selon le rapport de
l’observatoire national de la délinquance de 2008, la Guadeloupe se plaçait au 4e rang des régions les plus
touchées par les violences sexuelles en France [7]. L’enquête KABP Antilles Guyane 2004 avait déjà introduit un
certain nombre de questions relatives aux violences sexuelles. La nouvelle enquête KABP Antilles Guyane 20112012 a approfondi cette thématique en introduisant davantage de questions sur le sujet [1].
Objectif
Cette étude vise à décrire la proportion de femmes victimes de violences sexuelles en Guadeloupe et leurs
caractéristiques afin d’améliorer les actions de prévention et de sensibilisation face à ces situations. Des
comparaisons entre les deux enquêtes KABP VIH2004 et 2011 permettront également de mesurer d’éventuelles
évolutions.
Méthodes
L’analyse réalisée par l’ORSaG a porté principalement sur l’ensemble des femmes âgées de 15 à 69 ans
interrogées dans le cadre de l’enquête KABP 2011-2012 soit 965 femmes âgées de 15 à 69 ans dont 922 femmes
sexuellement actives. Le questionnaire composé de 256 questions comportait 8 questions portaient sur les
violences sexuelles. Les résultats ont été comparés aux résultats de l’enquête KABP 2004. Le logiciel stata®
version 9 a ensuite été utilisé pour le traitement statistique des données. Des régressions logistiques ont été
réalisées pour l’analyse des données.
Une variable mesurant le niveau de précarité des individus a été utilisée. Elle a été construite à partir de plusieurs
questions : le fait de renoncer aux soins pour des raisons financières, le type de protection sociale (CPAM,
CMUc/AME1, pas de sécurité sociale), le fait d’avoir une mutuelle ou non, la situation financière perçue par
l’enquêté. De plus, pour appréhender l’activité, les questions prises en compte dépendaient de l’activité : le type
de contrat était pris en compte (CDI, CDD 2, Interim3 ou saisonnier) pour les enquêtés ayant un emploi, la durée
du chômage pour les chômeurs et la situation professionnelle actuelle des enquêtés inactifs (poursuite d’études,
congés maternité …). A chaque modalité de réponse (à une question) était attribué un nombre de points croissant
avec la précarité de la situation. Pour chaque individu, le score global pouvait prendre une valeur comprise entre
5 et 19. Trois degrés de précarité ont été définis : les individus peu ou pas précaires dont le score est inférieur ou
égal à 9, les individus moyennement précaires dont le score est compris entre 10 et 13 inclus et les individus très
précaires ayant un score supérieur ou égal à 14.
1
CPAM : Caisse Primaire d’assurance Maladie, CMUc : Couverture Maladie Universelle Complémentaire, AME :
Aide médicale d’Etat
2
CDI : Contrat à durée indéterminée, CDD : Contrat à durée déterminée
Violences sexuelles faites aux femmes en Guadeloupe : Etude à partir de l’enquête KABP Antilles-Guyane 2011-2012
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Résultats
Les violences sexuelles évoquées dans cette étude regroupent les attouchements sexuels, les rapports sexuels
forcés et les tentatives de rapports sexuels forcés.
Figure 1 : Répartition des femmes ayant déjà eu un premier rapport
sexuel selon leur souhait lors de leur premier rapport sexuel. 2011.
74%
22%
4%
Souhaité
Accepté mais non
souhaité
Forcé
Parmi les femmes sexuellement actives au
cours de leur vie, plus de deux femmes sur
dix ont déclaré avoir accepté leur premier
rapport sexuel, mais ne le souhaitaient pas
vraiment (22 %) et 4 % d’entre elles ont eu
ce rapport sexuel sous la contrainte (Figure
1). Ces chiffres ne diffèrent pas, quel que soit
l’âge des femmes. Les femmes sans diplôme
déclarent plus fréquemment avoir eu un
premier rapport non souhaité (24 %) ou un
premier rapport forcé (6 %) que celles ayant
un diplôme (respectivement 21 % et 2 %).
Champ : Femmes sexuellement actives au cours de leur vie (n=922)
Source : KABP Antilles-Guyane, ORS Ile-de-France, INPES, exploitation : ORSaG.
Parmi l’ensemble des femmes guadeloupéennes, deux sur dix déclarent avoir déjà subi au moins une forme de
violences sexuelles au cours de leur vie (21 %). La fréquence de ces déclarations varie selon les classes d’âges :
les femmes âgées de 25 à 34 ans sont proportionnellement les plus nombreuses à avoir déjà subi ce type de
violences (36 %), juste devant les femmes âgées de 18 à 24 ans (26 %). Parmi les plus âgées (plus de 35 ans), ces
déclarations sont moins fréquentes (16 %)
Figure 2 - Pourcentages de femmes ayant déclaré avoir subi au
(Figure 2). Les femmes les plus précaires
moins une forme de violence sexuelle au cours de leur vie selon la
déclarent davantage de violences sexuelles
classe d’âge au moment de l’enquête. 2011.
au cours de leur vie que les femmes moins
précaires (33 % parmi les femmes très
36%
précaires, 24 % parmi les femmes
moyennement précaires et 17 % parmi les
femmes peu précaires). Enfin, si les femmes
26%
sont nettement plus touchées que les
hommes par ce type de violences, ces
18%
derniers sont toutefois également concernés
16%
16%
par les violences sexuelles (7 % des hommes
13%
contre 21 % des femmes).
15 à 17
ans
18 à 24
ans
25 à 34
ans
35 à 44
ans
45 à 54
ans
55 à 69
ans
Champ : Ensemble des femmes enquêtées (n=959)
Source : KABP Antilles-Guyane, ORS Ile-de-France, INPES, exploitation : ORSaG.
Violences sexuelles faites aux femmes en Guadeloupe : Etude à partir de l’enquête KABP Antilles-Guyane 2011-2012
6
Attouchements sexuels
Près d’un quart des jeunes femmes âgées de 25 à 34 ans (24 %) ont déclaré avoir déjà subi des attouchements
sexuels au cours de leur vie et deux femmes sur dix parmi les femmes âgées de 18 à 24 ans (21 %). Les femmes
plus âgées sont moins nombreuses à déclarer avoir été victimes d’attouchements sexuels (9 %). Les plus jeunes,
âgées de 15 à 17 ans sont 6 % à avoir subi des attouchements. Ces chiffres se retrouvent, quels que soient le
niveau de précarité et le niveau de diplôme. L’âge médian des femmes au moment de l’attouchement sexuel (ou
du premier attouchement) est de 13 ans. Elles sont près de sept femmes sur dix à avoir vécu cet attouchement
avant 18 ans (69 %).
Rapports sexuels forcés et tentatives
Parmi l’ensemble des femmes, 7 % déclarent avoir déjà subi une tentative de rapport forcé et 11 % ont subi un
rapport sexuel forcé. Ces proportions sont identiques, quels que soient l’âge et le niveau de diplôme des femmes.
Les femmes les plus précaires déclarent davantage de tentatives (15 %) que les femmes moyennement ou peu
précaires (6 %). L’âge médian du rapport sexuel forcé (ou du premier rapport sexuel forcé) est de 18 ans. Une
femme sur deux à vécu ce rapport forcé avant 18 ans (48 %).
La proportion de femmes déclarant avoir subi des rapports sexuels forcés ne diffère en 2011 par rapport à la
précédente enquête en 2004. Par contre, les attouchements sexuels semblent plus fréquemment cités en 2011
(8 % des femmes en 2004 contre 14 % des femmes en 2011).
Figure 3 : Répartition des violences sexuelles selon l’auteur des faits
(en %). 2011
Ex-conjoint
19%
Conjoint
15%
Membre de la
famille
14%
Connaissance
autre
Inconnu
Personne
connue
(88 %)
40%
12%
Champ : Femmes victimes de violences sexuelles au cours de la vie (n=165)
Source : KABP Antilles-Guyane, ORS Ile-de-France, INPES, exploitation : ORSaG.
Dans neuf cas sur dix, l’auteur des faits
est une personne connue de sa victime
(90 %). Dans la majorité des situations, il
s’agit d’un ex-conjoint (21 %), d’un
conjoint (15 %) ou d’un membre de la
famille (15 %). Plus de la moitié des
femmes victimes de rapports forcés ou
de tentatives de rapports forcés ont
déclaré en avoir parlé à quelqu’un (54
%). Les personnes à qui ces femmes se
sont confiées sont principalement un
membre de leur famille (46 %) ou un(e)
ami(e) (38 %). Les autres personnes
également citées sont le partenaire (7
%), un professionnel de justice (11 %) ou
un professionnel de santé (4 %).
Violences sexuelles faites aux femmes en Guadeloupe : Etude à partir de l’enquête KABP Antilles-Guyane 2011-2012
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Conclusion
Deux femmes guadeloupéennes sur dix ont déjà subi des violences sexuelles au cours de leur vie. Ces actes de
violence se sont produits, pour plus de la moitié des cas avant l’âge de 18 ans et sont corrélées au niveau de
précarité. Pour la majorité, l’agresseur était une personne connue de sa victime. L’augmentation des
attouchements sexuels en 2011 par rapport à 2004 peut se traduire, au-delà d’un plus grand nombre, par une
plus grande facilité à dénoncer ces actes, notamment chez les plus jeunes. En effet, ce type de sujet doit prendre
en compte un fort risque de sous-déclaration.
Violences sexuelles faites aux femmes en Guadeloupe : Etude à partir de l’enquête KABP Antilles-Guyane 2011-2012
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Références bibliographiques
1. Halfen S, Lydié N. Les habitants des Antilles et de la Guyane face au VIH/sida et à d’autres
risques sexuels. La documentation française ; 2014. p.333.
2. Halfen S, Fénies K, Ung B, Grémy I. Les connaissances, attitudes croyances et comportements
face au VIH/sida aux Antilles et en Guyane en 2004. Rapport ORS Ile-de-France ; avril 2006.
290 p.
3. Giraud M, Gilloire A, Halfen S, de Colomby P, Analyse des comportements sexuels aux
Antilles et en Guyane. Une enquête de l’Agence nationale de recherches sur le sida, Paris,
1994.
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http://apps.who.int/iris/bitstream/10665/86236/1/WHO_RHR_12.37_fre.pdf consulté le
15/09/2015.
5. Chariot P, Scius M, Lorin A-S, Belmenouar O, Tedlaouti M, Boraud C. Violences sexuelles:
examen médical des victimes ayant déposé plainte en 2009 en Seine Saint Denis (France).
Bull Epidemiol Hebd ; 2010. 418-421.
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sociétés. N° 445 ; Mai 2008.
7. Observatoire national de la délinquance. Géographie des crimes et délits enregistrés en
2008. Disponible sur : http://www.inhesj.fr/sites/default/files/ba_2008_geo2.pdf consulté le
15/09/2015.
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Observatoire Régional de la Santé de Guadeloupe
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