Samedi 21 novembre Forum Musiques paysannes et musiques

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Samedi 21 novembre Forum Musiques paysannes et musiques
Samedi 21 novembre
Forum Musiques paysannes et musiques tsiganes en Hongrie
Vous avez la possibilité de consulter les notes de programme en ligne, 2 jours avant chaque concert,
à l’adresse suivante : www.citedelamusique.fr
Forum Musiques paysannes et musiques tsiganes en Hongrie | Samedi 21 novembre
Roch-Olivier Maistre,
Président du Conseil d’administration
Laurent Bayle,
Directeur général
Cycle Identités hongroises
On ne hait jamais aussi bien que lorsqu’on a beaucoup aimé. Voilà qui pourrait résumer le revirement radical qu’efectua
Béla Bartók, en 1904-1905, par rapport à la musique tsigane. Depuis trois ans, la ièvre nationaliste avait gagné le jeune
étudiant en musique et, pour échapper au germanisme qui dominait la musique hongroise, il s’était jeté dans ce qui passait,
alors, pour l’authentique folklore magyar : le verbunkos. Au XVIIIe siècle, les orchestres tsiganes avaient enivré les recrues
de l’armée impériale au son de cette musique mêlant traditions hongroises et turques (Werbung signiie « recrutement »
en allemand) avant de la propager, sous un visage plus policé, dans les grandes villes du royaume. Reconnaissable à ses
instruments fétiches (violon solo, cymbalum, clarinette), à sa gamme spéciique (mineure avec deux secondes augmentées),
à sa structure binaire (un mouvement lent et fantasque, un autre vif et rythmé), à ses rythmes pointés, ses mélismes
langoureux, ses formules cadentielles ornementées, le verbunkos avait un cachet sauvage qui renvoyait au plus profond de
l’âme magyare, et cela le désigna comme étendard d’une nation hongroise en pleine renaissance. Il séduisit Liszt (Rhapsodies
hongroises) autant que Brahms (Danses hongroises). Bartók y succomba à son tour dans les Quatre Mélodies sur des textes de
Lajos Pósa (1902), le poème symphonique Kossuth (1903), le Quintette avec piano ou la Rhapsodie pour piano op. 1 (1904).
Et puis il y eut, cet été 1904, la découverte du chant paysan ancestral, dans la bouche d’une jeune servante sicule. Le choc fut
immense. Bartók conia à sa sœur, Elza : « À présent, j’ai un nouveau projet : je collecte les plus beaux chants populaires hongrois et,
grâce au plus bel accompagnement pianistique possible, je les élève au niveau de la mélodie savante. Un tel recueil permettrait de
faire connaître la musique populaire hongroise à l’étranger. Ce n’est évidemment pas destiné à nos bons Hongrois ! […] Ils préfèrent
de loin la soupe habituelle dans le goût tsigane, devant laquelle tout musicien et tout étranger cultivé prend les jambes à son cou. »
La rencontre avec Zoltán Kodály, son cadet d’un an, le conforta dans la quête de ce chant ancestral. Tous deux allaient battre
la campagne sans relâche pour le répertorier et l’étudier.
Dès la publication commune de vingt arrangements pour voix et piano en 1906 (Chants populaires hongrois), Bartók et Kodály
font la part entre les chants ancestraux et le népies mûdal (« chanson d’auteur d’apparence populaire »), rengaines issues
du verbunkos qui n’ont avec le chant populaire qu’un rapport lointain. Leur rejet de ce style est aussi radical que la mutation
stylistique induite chez Bartók par la découverte des échelles particulières de la musique populaire : « L’étude de toute cette
musique paysanne fut pour moi d’une importance capitale, car elle m’amena à comprendre comment je pouvais me libérer
totalement de la tyrannie du système majeur-mineur qui avait eu cours jusque-là. […] Ce traitement de la gamme diatonique eut
[…] un efet libérateur, avec pour conséquence inale la disposition entièrement libre de chaque son de notre gamme chromatique
de douze sons. » (Autobiographie de 1923)
En 1911, dans l’article « Sur la musique hongroise », Bartók attaque violemment la musique tsigane. Il renouvelle l’exercice
en 1931, dans « Musique tsigane ? Musique hongroise ? ». Mais ce qu’il fustige alors, ce sont les avatars les plus récents du
verbunkos : la csárdás, et surtout ce népies mûdal qu’une publication vient de confondre avec le chant populaire hongrois
et qui masque une autre tradition tout aussi valable : le chant traditionnel en langue rom, le vrai folklore des Tsiganes.
Entre-temps, Bartók et Kodály ont reconnu, auprès de traditions instrumentales hongroises et roumaines fort honorables,
une source du verbunkos. En 1925, Kodály en vante les mérites dans une conférence intitulée « Danses hongroises
anciennes » ; il s’y souvient des danses entendues sous les archets tsiganes dans son enfance à Galánta. L’année suivante,
Háry János résonne d’accents de verbunkos. Bartók s’en empare à son tour dans ses deux Rhapsodies pour violon et piano (ou
orchestre) de 1927. La même année, Ervin Major découvre dans une bibliothèque un recueil de danses tsiganes anciennes
originaires de Galánta ; Kodály les magniie dans ses Danses de Galánta pour orchestre (1933). Puis Bartók intitule Verbunkos le
premier mouvement des Contrastes pour violon, clarinette et piano (1938) et envisage le titre de « Tempo di verbunkos » pour
celui du Concerto pour violon contemporain. Jusqu’au Troisième Concerto pour piano, laissé inachevé par sa mort, le verbunkos
s’immiscera dans ses compositions, à visage découvert ou dans des strates plus souterraines. Belle revanche pour ce style un
temps haï, parce qu’il avait trop plu.
Claire Delamarche
DU DIMANCHE 15 AU DIMANCHE 22 NOVEMBRE
DIMANCHE 15 NOVEMBRE – 16H30
Béla Bartók
Deux Images op. 10
György Kurtág
Nouveaux Messages op.34a (création)
Mark Andre
…auf… Triptyque pour grand orchestre
SWR Sinfonieorchester Baden-Baden
und Freiburg
Experimentalstudio des SWR
Sylvain Cambreling, direction
MERCREDI 18 NOVEMBRE – 15H
JEUDI 19 NOVEMBRE – 10H ET 14H30
CONCERT JEUNE PUBLIC
Musiques de Hongrie
Œuvres de Béla Bartók,
Zoltán Kodály, György Ligeti,
György Kurtág
Quatuor Satie JEUDI 19 NOVEMBRE – 20H
LUNDI 16 NOVEMBRE – 20H
SALLE PLEYEL
Béla Bartók
Quatre Pièces op. 12
Concerto pour piano n° 2
Le Mandarin merveilleux
Orchestra Filarmonica
della Scala
Pierre Boulez, direction
Maurizio Pollini, piano
Márton Illés
Torso III
György Ligeti
Concerto pour violon
Peter Eötvös
Séquences du vent
György Kurtág
Quatre Caprices op. 9
Ensemble intercontemporain
Susanna Mälkki, direction
Diégo Tosi, violon
Natalia Zagorinskaya, soprano
17H30 : Concert
György Kurtág
Signes, jeux et messages (extraits)
Béla Bartók
Improvisations sur des chants paysans
hongrois
44 Duos pour violons (extraits)
György Kurtág
Hommage à Robert Schumann op. 15d
Béla Bartók
Contrastes
Solistes de l’Ensemble intercontemporain
SAMEDI 21 NOVEMBRE – 20H
Tsiganes : chants et danses roms
Ensemble Amare Save (village
Nyírmihálydi, région de SzabolcsSzatmár-Bereg, Hongrie)
Szászcsávás Band (village de Csávás,
région de Transylvanie centrale,
Roumanie)
DIMANCHE 22 NOVEMBRE – 16H30
MARDI 17 NOVEMBRE – 20 H
Béla Bartók
Suite de danses
Franz Liszt
Concerto pour piano n° 1
Zoltán Kodály
Danses de Galánta
Franz Liszt
Hungaria
Orchestre du Conservatoire de Paris
Jean Deroyer, direction
Jean-Elam Bavouzet, piano
SAMEDI 21 NOVEMBRE – 15H
Tsiganes : csárdás
Forum Musiques paysannes et
musiques tsiganes en Hongrie
Ensemble Pipás (village
Fehérgyarmat, région de SzabolcsSzatmár-Bereg, Hongrie)
Ensemble Sentimento Gipsy Paganini
(Budapest, Hongrie)
Gyuszia Horváth, direction
15H : Table ronde
Animée par Grégoire Tosser,
musicologue
Avec la participation de Jean-François
Boukobza et Corinne Schneider,
musicologues
© Jean-Pierre Magnier
SAMEDI 21 NOVEMBRE – DE 15H À 19H
Amphithéâtre
Forum Musiques paysannes et musiques tsiganes en Hongrie
Présents en Hongrie depuis la in du XIVe siècle, musiciens des cours royales et impériales européennes au cours
des siècles suivants, tantôt adulés, tantôt mis au ban de la société, les Tsiganes sont toujours présentés comme des
instrumentistes hors pair et des maîtres de l’improvisation.
Leur art, associé au chant et à la danse, d’une virtuosité exceptionnelle, se confond avec la musique populaire
hongroise, qu’ils contribuèrent à difuser et qui fut une grande source d’inspiration pour les Romantiques. Remarquées
par Liszt dans un ouvrage polémique au milieu du XIXe siècle, puis étudiées par Bartók et Kodály, la musique tsigane et
la musique paysanne de Hongrie nourrissent les traditions musicales savantes et fascinent encore les compositeurs et
chercheurs contemporains.
15H TABLE RONDE
Animée par Grégoire Tosser, musicologue
Avec la participation de Jean-François Boukobza et Corinne Schneider, musicologues
I Identités
1 Un peu d’histoire…
2 L’éveil des Nations, le sentiment patriotique
3 Des Bohémiens et de leur musique en Hongrie
II Représentations
1 Le style « all’ ungarese »
2 Le verbunkos et la csárdás
III Stylisations
1 Recherches ethnomusicologiques de Kodály et Bartók
2 Après Bartók
3 Un exemple d’idiome sonore : le cymbalum
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17H30 CONCERT
György Kurtág
Signes, Jeux et Messages – extrait
Az hit
Béla Bartók
44 Duos – extraits
44. Danse transylvaine (Ardeleana) (« Erdélyi » tánc)
28. Chagrin (Bánkódás)
35. Danse ruthène (Rutén kolomejka)
19. Conte (Mese)
22. Danse des moustiques (Szúnyogtánc)
György Kurtág
Signes, Jeux et Messages – extraits
Ombres
Sumimaia à B.P. Mondasinak
Jelek I et Jelek II
Hommage à Tristan
Gruss an Elisabeth und Kasper Weber
Alto Doloroso
Béla Bartók
Improvisations sur des chants paysans hongrois
György Kurtág
Hommage à R. Sch, op.15d
Béla Bartók
44 Duos – extraits
43. Pizzicato
11. Berceuse (Gyermekrengetéskor)
16. Burlesque (Burleszk)
32. Chanson à danser (Máramarosi tánc)
42. Chant arabe (Arab dal)
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György Kurtág
Signes, Jeux et Messages – extraits
Ombres
Cadenza Jig
Rozsnyai Ilona in memoriam
János Pilinsky, Gérard de Nerval
Béla Bartók
Contrastes
Solistes de l’Ensemble intercontemporain :
Didier Pateau, hautbois
Alain Billard, clarinette
Sébastien Vichard, piano
Jeanne-Marie Conquer, violon
Diégo Tosi, violon
Odile Auboin, alto
Eric-Maria Couturier, violoncelle
Coproduction Cité de la musique, Ensemble intercontemporain.
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György Kurtág (1926)
Signes, Jeux et Messages – extraits
Az hit – pour hautbois (et pédale de piano)
Durée : environ 2 minutes.
Ombres – pour violoncelle
Sumimaia à B.P. Mondasinak – pour cor anglais et clarinette basse
Jelek I et Jelek II – pour violoncelle
Hommage à Tristan – pour alto et clarinette
Gruss an Elisabeth und Kasper Weber – pour alto et clarinette
Alto Doloroso – pour alto
Durée : environ 7 minutes.
Ombres – pour clarinette contrebasse et piano droit
Cadenza Jig – pour violon
Rozsnyai Ilona in memoriam – pour cor anglais et clarinette basse
János Pilinsky, Gérard de Nerval – pour violoncelle
Durée : environ 5 minutes.
Composition : 1996-2005.
Efectif : solos, duos et trios.
Éditeur : Editio Musica Budapest
Signes, Jeux, Messages est un ensemble d’œuvres pour solos, duos, trios, issues de Jelek,
Jat Messages.
Figure solitaire, exigeante et inquiète, György Kurtág a développé son œuvre à l’écart des grands
mouvements de son époque. Citoyen de cet « autre » monde qu’a été, pendant plus de quarante
ans, l’Europe de l’Est, il fut découvert tardivement dans le nôtre. Il y apparut comme un étranger,
un marginal volontaire, qui ne respectait pas les totems et les tabous de nos diférentes tribus.
Sa musique n’était pas sérielle, néo, minimale, réaliste, ou aléatoire… Elle forme un monde
miniature, où l’on retrouve la trace des formules contemporaines, mais aussi la mémoire de
toutes les musiques du passé, de l’histoire, du folklore, et de sa propre vie, comme condensés.
Réduits à un geste, à une note. Son œuvre nous plonge aussi dans l’inini de la mémoire et de
l’invention. Aphoristique, elle échappe à toute idée de construction, à toute dimension narrative
ou psychologique, au concept même de la forme en soi : les fragments sont reliés par des ils
intérieurs et mystérieux, protégeant une force indomptée et fragile tout à la fois. La violence du
geste est inscrite à l’intérieur d’un artisanat minutieux, comme le plaisir enfantin du jeu dans le
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travail compositionnel le plus élaboré. Rien, dans la musique de Kurtág, ne se plie aux règles et
aux schémas préétablis, à l’idée d’une musique agréable et consolatrice. Ses diférents moments,
emboîtés les uns dans les autres, ne s’inscrivent pas dans un jeu de perspectives, mais créent leur
propre espace. On s’y déplace comme dans un labyrinthe : l’écoute est notre seule boussole.
Les images sonores, éphémères, y sont des apparitions, mélange de merveilleux et d’efroi.
L’œuvre, en nous perdant, nous révèle à nous-mêmes, et à l’histoire présente. Depuis peu,
Kurtág compose ses concerts comme un rituel où les œuvres singulières, qui reposent sur des
mouvements brefs, sont elles-mêmes fragments d’un ensemble plus vaste. Le concert n’a plus
rien, dès lors, de culinaire ou de mondain, il ne renvoie plus à une « logique » de programmation,
mais invite à cheminer : voyage imaginaire, épreuve initiatique, il incite à partager l’aventure
intérieure et la recherche existentielle qui fondent toute l’œuvre du compositeur.
Philippe Albèra
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Béla Bartók (1881-1945)
44 Duos – extraits
44. Danse de Transylvanie (Ardeleana) (« Erdélyi » tánc)
28. Chagrin (Bánkódás)
35. Danse ruthène (Rutén kolomejka)
19. Conte (Mese)
22. Danse des moustiques (Szúnyogtánc)
Durée : environ 7 minutes.
43. Pizzicato
11. Berceuse (Gyermekrengetéskor)
16. Burlesque (Burleszk)
32. Chanson à danser (Máramarosi tánc)
42. Chant arabe (Arab dal)
Durée : environ 5 minutes.
Composition : 1931.
Éditeur : Universal Edition.
Infatigable collecteur et observateur du folklore musical hongrois, en compagnie de son ami
Zoltán Kodály, Bartók réalisa de multiples harmonisations de chants populaires. Ces pages
souvent méconnues forment un pan indispensable à la compréhension de son œuvre. Souvent,
elles avaient vocation pédagogique. Tel fut le cas de Pour les enfants et des Mikrokosmos pour
piano, ou des Quarante-quatre Duos pour deux violons (1931), qui arrangent à l’intention des
apprentis violonistes airs hongrois, mais également slovaques, roumains, ruthènes, serbes,
ukrainiens et même arabes. Car telle est une diférence fondamentale avec Kodály : tandis que
l’auteur du Psalmus hungaricus passa sa vie à promouvoir la musique populaire hongroise, Bartók
diversiia rapidement ses sources d’approvisionnement, pour élargir son champ d’expériences
sonores et faire progresser son propre langage, mais aussi dans la quête idéale d’une musique
universelle et dans l’espoir d’une fraternisation entre les peuples. Les Duos naquirent à la
demande d’un pédagogue allemand, Erich Dolein. Les jeunes violonistes y découvrent tout un
éventail d’expériences et d’émotions – pièces oniriques, complaintes, danses enlevées ou jeux de
chenapans. Comme les autres recueils pédagogiques de Bartók, les Duos dépassent largement
leur but avoué. Les deux derniers morceaux du recueil, « Pizzicato » et « Danse de Transylvanie »,
réclament même une aisance de professionnel : sans atteindre la diiculté des dernières pièces de
Mikrokosmos, ces pages sont dignes de igurer au répertoire de n’importe quel concertiste.
Claire Delamarche
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Improvisations sur des chants paysans hongrois, pour piano
Composition : 1920.
Création : 27 février 1921 à Budapest par Béla Bartók.
Efectif : piano solo.
Éditeur : Universal Edition.
Durée : environ 13 minutes
Profondément marqué par les recherches de l’ethnomusicologie, sans qu’il soit toujours
possible de diférencier ce qui relève, dans son œuvre, du savant ou du populaire, Béla Bartók
s’abreuvait à cette « source d’inspiration toute fraîche, toute nouvelle, qu’était la musique
paysanne authentique, complètement inconnue jusqu’alors. » Au point de considérer que le
compositeur peut en citer ou réinventer les mélodies, ne conserver d’elles que l’essence du
style, ou apprendre le langage des paysans jusqu’à le manier comme le poète manie sa langue
maternelle. Ainsi les Danses roumaines (1915), sorte de petit catalogue de mélodies recueillies
dans diférents « comitats » de Transylvanie, ou les Huit improvisations sur des chants paysans
hongrois, empruntant leur matériau à des chants recueillis par Bartók lui-même dans le district de
Tolan en 1907, et à quelques transcriptions réalisées par Béla Vikár, Ákos Garay et László Lajtha.
Si la septième improvisation fut conçue comme un hommage, devant initialement participer,
aux côtés de pièces de Stravinski, de Dukas, de Falla et de Roussel, à l’édiication d’un Grand
Tombeau de Claude Debussy, les Huit Improvisations ne forment qu’une seule œuvre, sorte de
fantaisie relevant, au contact de la tradition, le déi de la nouvelle musique. « L’étude de la musique
paysanne a été pour moi d’une importance capitale, car elle m’a permis de me libérer de l’hégémonie
du système des modes majeur et mineur », écrivait Bartók… L’idée d’improvisation se rapporte
autant à l’accompagnement, extrêmement libre de façon à ne pas « couvrir et dépasser la mélodie
folklorique », qu’à l’inspiration thématique et à la façon dont la forme naît de la métamorphose
des motifs. Ce que conirmait le compositeur en précisant : « Ces pièces – bien qu’elles utilisent pour
thèmes des mélodies populaires hongroises – sont d’un style plutôt audacieux : du reste, la mélodie
populaire employée ne doit être considérée que comme un motif sur lequel une musique pour ainsi dire
autonome a été créée. On peut donc y voir des compositions originales plutôt que des transcriptions. »
François-Gildas Tual
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György Kurtág (1926)
Hommage à R. Sch, op.15d, pour clarinette, alto et piano
1. Merkwürdige Pirouetten des Kapellmeister Johannes Kreisler – Vivo
2. E.: Der Begrenzte Kreis... – Molto semplice, piano e legato
3. … und Wieder Zuckt es Schmerzlich F. um die Lippen… – Feroce, agitato
4. Felhövalék, mársütanap… (Töredék-Töredék) – Calmo, scorrevole
5. In der Nacht – Presto
6. Abschied (Meister Raro entdeckt Guillaume de Machaut) – Adagio, poco andante
Composition : 1990.
Création : 8 octobre 1990 à Budapest par Gellért Tihanyi (clarinette), Zoltán Gál (alto), Márta Kurtág (piano).
Efectif : clarinette, alto et piano.
Éditeur : Editio Musica Budapest.
Durée : environ 8 minutes.
Composée en 1990, cette œuvre a une instrumentation similaire à celle des Märchenerzählungen
op. 132 de Robert Schumann et fut créée le 8 octobre 1990, dans le cadre du Festival de musique
contemporaine de Budapest. Elle trouve ses racines dans les œuvres groupées autour de l’Opus 15 :
une suite de pièces pour guitare, comprenant La Pincette op. 15b pour piccolo, trombone et
guitare, ainsi que Grabstein für Stefan op. 15c pour guitare et ensemble instrumental. « Il y a des
moments dans la vie, dit György Kurtág, où l’on se sent indigne d’écouter la musique de Béla
Bartók, et il y a aussi des instants où l’on peut s’identiier à la musique d’un autre compositeur.
On invente un titre pour une œuvre née de cette façon, et il est tout à fait possible que la
musique n’en soit pas le relet. Néanmoins, les pensées qui m’habitent pendant que je compose
correspondent au titre ». Dans Hommage à R. Sch. György Kurtág met en scène les igures
familières de Robert Schumann – l’œuvre commence par un geste typique du compositeur.
Pendant longtemps, elle semblait devoir rester à l’état d’ébauche, puis des parties nouvelles
sont venues s’ajouter aux premiers fragments. Le dernier mouvement, qui est de loin le plus
ample, fait appel à l’isorythmie (c’est-à-dire la construction du discours musical sur une seule et
même structure rythmique), une des caractéristiques de la musique de Guillaume de Machaut.
La structure s’enrichit alors, comme dans un cahier de dessins, par l’ajout incessant de nouvelles
couleurs.
D’après Bàlint András Varga
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Béla Bartók
Contrastes, pour clarinette, violon et piano
Verbunkos (Danse de recrutement)
Pihenö (Repos)
Sebes (Vif )
Composition : 1938.
Commande : Benny Goodman.
Création : 9 janvier 1939 à New York, par Benny Goodman, clarinette, Joseph Szigeti, violon et Béla Bartók, piano.
Dédicace : à Benny Goodman et Joseph Szigeti.
Efectif : clarinette en si bémol/clarinette en la, violon et piano.
Éditeur : Boosey & Hawkes
Durée : environ 16 minutes.
C’est à la demande du clarinettiste et chef d’orchestre de jazz Benny Goodman que Béla Bartók
composa en 1938, soit peu avant son installation déinitive aux États-Unis, ses Contrastes pour
clarinette, violon et piano. La création fut assurée par le commanditaire, le compositeur au
piano et son compatriote et ami Joseph Szigeti au violon. Bartók lui avait déjà dédicacé dix ans
auparavant sa Première Rhapsodie. Les trois « créateurs » ont enregistré l’œuvre l’année suivante.
Il n’est pas étonnant que Benny Goodman, dont on sait qu’il se sentait autant à l’aise dans l’univers
du jazz que dans celui des répertoires classique et contemporain (il a enregistré par exemple
le Concerto pour clarinette de Mozart), ait été attiré par la musique de Bartók et son travail de
synthèse entre une écriture modale inspirée de la musique populaire d’Europe de l’Est et la notion
de forme, héritée de la tradition classique.
Contrastes, dont le titre fait certainement allusion à l’hétérogénéité de la formation, d’ailleurs
soigneusement accusée par le compositeur, réunit deux instruments qu’il connaît à la perfection
– le piano et le violon – et la clarinette (qu’il n’a jamais utilisée en soliste), donnant une œuvre
détendue, pour le plaisir, comme en témoignent les cadences pour la clarinette et le violon, et
caractérisée par un esprit de liberté formelle.
Le premier mouvement (« Danse de recrutement ») est construit autour d’un thème souple de
la clarinette, se déroulant sur un accompagnement en accords pizzicato plein d’humour du
violon, basé sur un mode que Bartók apprécie particulièrement et qui porte d’ailleurs son nom
en Hongrie (do-ré-mi-fa-sol-la-si bémol). On le retrouve par exemple pour le thème du xylophone
ouvrant le inale de la Sonate pour deux pianos et percussion (1937). Une partie centrale plus
rythmique précède un développement sur le thème initial laissant place à une cadence de la
clarinette que conclut un rappel du début du mouvement.
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Biographies des intervenants
analyses portant essentiellement sur
Biographies des compositeurs
des opéras des XIXe et XXe siècles
Grégoire Tosser
(Wagner, Dukas, Puccini, Janáček,
György Kurtág
Agrégé de musique, docteur en
Stravinski, De Falla, Britten,
Né en Roumanie en 1926, György
musicologie, Grégoire Tosser enseigne Dallapiccola, Eötvös, Boesmans, etc.).
Kurtág étudie le piano à partir de
à la fois dans le second degré (Rennes)
1940 avec Magda Kardos et la
et à l’université (Nantes). Ses publications Corinne Schneider
composition avec Max Eisikovits.
portent principalement sur la musique Corinne Schneider a soutenu une
Il s’installe à Budapest en 1946 et
américaine, russe et hongroise des XXe thèse de 3e cycle à l’Université de
étudie à l’Académie de musique
et XXIe siècles, notamment Dmitri
Tours (2002) : « Le Weber français du
Franz-Liszt, la composition auprès de
Chostakovitch (Les dernières œuvres de
Théâtre-Lyrique (1855-1868) ; Enjeux
Sándor Veress et Ferenc Farkas, le
Dimitri Chostakovitch : une esthétique
et modalités de la réception de l’opéra piano auprès de Pál Kadosa et la
musicale de la mort (1969-1975),
allemand traduit sous le Second
musique de chambre auprès de Leò
L’Harmattan, 2000) et György Kurtág
Empire ». Ses recherches actuelles
Weiner. Il acquiert la nationalité
(ouvrage collectif Ligatures : la pensée
portent sur deux domaines : les
hongroise en 1948. En 1957-1958,
musicale de György Kurtág, Presses
échanges musicaux et les transferts
il réside à Paris où il est élève de
Universitaires de Rennes, 2009).
culturels entre la France et l’Allemagne Marianne Stein. Il suit également les
au XIXe siècle d’une part, et la création
cours d’Olivier Messiaen et de Darius
Jean-François Boukobza
musicale française contemporaine,
Milhaud. À ces inluences s’ajoutent
Né en 1965, Jean-François Boukobza
d’autre part. Depuis sa participation
celles des concerts du Domaine
enseigne la culture musicale au sein du au Congrès International « Ferenc Liszt musical dirigé par Pierre Boulez où il
Conservatoire National de Région
2000 » à Budapest, elle contribue
s’initie aux techniques de l’École de
d’Aubervilliers-La Courneuve et
ponctuellement aux recherches
Vienne. Ce séjour à Paris marque
l’analyse au sein du Conservatoire
lisztiennes. Elle est l’auteur d’une
profondément ses idées sur la
National Supérieur de Musique et de
monographie de Carl Maria von Weber
composition. La première œuvre qu’il
Danse de Paris (Département des
(Gisserot, 1998), d’un ouvrage sur la
signe de retour à Budapest, le Quatuor
élèves instrumentistes et Formation
réception de l’œuvre de Franz Schubert à cordes, est qualiiée d’opus 1.
Supérieure des Métiers du Son).
(Relets schubertiens, Fayard/Mirare, 2008) Professeur de piano, puis de musique
Titulaire des certiicats d’aptitude de
et d’un ouvrage sur L’Enseignement de
de chambre à l’Académie de Budapest
professeur de culture musicale et de
la culture musicale dans les Conservatoires
de 1967 à sa retraite en 1986, il y
professeur chargé de direction, ainsi
(Cité de la musique, 2000). Titulaire du
poursuit sa tâche de pédagogue
que du diplôme d’état de professeur de Certiicat d’aptitude de culture musicale jusqu’en 1993. La plus grande partie
piano, il coordonne le département
(Ministère de la culture) et des premiers
Écriture/Érudition au sein du
prix d’histoire de la musique, d’esthétique numéros d’opus) est dévolue à la
de ses œuvres (environ quarante
Conservatoire à Rayonnement Régional et de musicologie du Conservatoire de petite forme, et en particulier à la
d’Aubervilliers-la Courneuve. Il est
Paris, elle enseigne l’histoire de la
voix, en laquelle il voit un instrument
l’auteur d’ouvrages sur Haydn et sur
musique au Conservatoire à
aux possibilités nouvelles qui dépasse
Bartók, et participe actuellement à un
Rayonnement Régional de Paris.
son rôle narratif habituel ou
guide des formes musicales à paraître
Depuis septembre 2008, Corinne
opératique. Parmi ses œuvres, on peut
chez Harmonia Mundi. Ancien
Schneider est également productrice
citer : Huit Duos pour violon et
producteur à Radio Classique, il collabore sur France Musique de l’émission
cymbalum, op. 4 (1960-1961), Les Dits
à la revue L’Avant-Scène Opéra, pour
de Péter Bornemisza, op. 7 (concerto
« Le Matin des musiciens ».
laquelle il a rédigé de nombreuses
pour soprano et piano, 1963-1968),
14
Douze Microludes pour quatuor à
Béla Bartók
et à donner de nombreux concerts à
cordes (1977), Grabstein für Stephan,
Né en 1881 à Nagyszentmiklos, Béla
travers le monde. Il efectue une
op.15c pour guitare et orchestre
Bartók entreprend des études de
grande tournée aux États-Unis en
(1978-1979, rév. 1989), Messages de
musique à l’Académie Royale de
1927-1928, joue en Union Soviétique
feu demoiselle R.V. Troussova pour
Budapest auprès de István Thomán
en 1929, reçoit en 1930 la Légion
soprano et ensemble (1976-1980),
(piano) et János Koessler (composition).
d’honneur et donne des concerts en
Scènes d’un roman (15 mélodies pour
Parallèlement à son activité de
Suisse, en Espagne et en Autriche.
soprano, violon, contrebasse et
compositeur, il commence à enquêter Il démissionne en 1934 de son poste à
cymbalum, 1981-1982), Oicium breve de manière systématique sur le
l’Académie de Budapest mais poursuit
in memoriam Andreae Szervánszky,
folklore hongrois avec son ami Zoltán
ses recherches en vue d’un Corpus
pour quatuor à cordes (1989), Songs
Kodály (1905-1906), posant ainsi les
Musicae Popularis Hungaricae, travail
of Despair and Sorrow (chœur et
fondements de l’ethnomusicologie.
de recensement des musiques
ensemble, 1980-1994) et Stèle, op. 33
Il y découvre, outre l’échelle
folkloriques, jusqu’à ce que la montée
pour grand orchestre (1994). György
pentatonique, des combinaisons
du nazisme et la déclaration de guerre
Kurtág reçoit de très nombreux prix et polyrythmiques non symétriques qu’il en Europe le poussent à s’expatrier
récompenses pour ses compositions.
utilise dans ses premières œuvres
Il est nommé Oicier des Arts et des
pour piano comme dans les Six Danses sa mort, survenue des suites d’une
aux États-Unis, où il demeure jusqu’à
Lettres par le Gouvernement français
bulgares de Mikrokosmos. Ce recueil
leucémie, le 26 septembre 1945.
en 1985 et reçoit une distinction
de pièces se veut une méthode
Bartók est nommé Dr. Phil. honoris
accordée par l’État autrichien en 1998
d’initiation pour débutants aux
causa à la Columbia University, il y
(Österreichisches Ehrnzeichnen).
combinaisons tonales et rythmiques
poursuit ses recherches sur le chant
La même année, il reçoit le Grand Prix
inhabituelles, et s’inscrit dans un
populaire en tant qu’assistant invité.
de la Musique de la Fondation Ernst
projet éducatif auquel Bartók tenait
Modeste durant son existence, le
von Siemens à Munich. En 1999, il est
beaucoup. Cet aspect de sa recherche, succès de sa musique ne tarda pas
invité par l’Ensemble intercontemporain, ainsi que ses études analytiques des
après sa mort, de même que les
le Conservatoire de Paris, la Cité de la
mélodies populaires, constituait pour
honneurs oiciels de la part de son
musique et le Festival d’Automne
lui le pan le plus important de sa
pays d’origine. On compte aujourd’hui
pour une résidence de deux ans à
carrière et sa véritable contribution à
en Hongrie (où repose sa dépouille,
Paris et reçoit l’Ordre du mérite des
la musique. Peu avant 1914, il donne
transférée des États-Unis en 1988) de
Sciences et des Arts de Berlin.
de nombreuses pièces, dont Allegro
nombreux lieux de mémoire dédiés
Membre honoraire de l’American
barbaro pour piano (1911), dont les
au compositeur.
Academy of Arts and Letters et Prix de rythmes martelés et les contours
la Ville et de l’université de Tübingen
émaciés, l’équilibre de l’élément
(Allemagne) en 2001, il reçoit en 2006
magyar et de la nouvelle grammaire,
le Grawemeyer Award in Music
marquent l’avènement d’un style
Composition de l’Université de
neuf. Il poursuit sa lancée avec un
Didier Pateau
Louisville. Parmi ses œuvres les plus
opéra, Le Château de Barbe-Bleue
Didier Pateau remporte un premier
récentes, citons : Varga Bálint Ligaturája (1914-1917), puis avec le ballet
Biographies des interprètes
prix de hautbois au Conservatoire de
pour violon, violoncelle et piano droit
Le Mandarin merveilleux (1918-1919),
Paris (CNSMDP) en 1978 et intègre
(2007), Jelek, játékok és üzenetek
où se révèle l’inluence du Sacre du
l’Ensemble intercontemporain la même
vonóshangszerekre pour alto (1998-
printemps. Il continue à composer
année. Son répertoire inclut de
2005), et Mélodies sur des poèmes
(concertos pour piano, sonates pour
nombreuses pièces solistes du XXe siècle,
d’Anna Akhmatova (1997-2008).
violon et piano, quatuors à cordes…)
de compositeurs tels que Luciano
15
Berio, Heinz Holliger, Gilbert Amy ou
intercontemporain, où il occupe le
Brian Ferneyhough, dont il a créé
poste de clarinette basse (jouant aussi correspondances entre la musique
Algebrah (pour hautbois et ensemble
clarinette, cor de basset et clarinette
d’hier et celle d’aujourd’hui, Alain
à cordes) sous la direction de David
contrebasse). Des rencontres avec de
Billard crée le Trio Modulations aux
Robertson. Didier Pateau a enregistré
nombreux compositeurs majeurs
côtés d’Odile Auboin (alto) et de
Congruences de Michael Jarrell (pour
jalonnent son parcours musical :
Hidéki Nagano (piano). Marco Stroppa,
contemporain et d’établir des
lûte, hautbois et petit ensemble) sous Pierre Boulez, Luciano Berio, Karlheinz Bruno Mantovani ou Philippe Schoeller
la direction de Peter Eötvös, Five
Stockhausen, György Ligeti, Franco
comptent parmi les compositeurs qui
Distances de Harrison Birtwistle,
Donatoni, Peter Eötvös ou encore
ont déjà écrit et dédié des œuvres à
Quatre Nocturnes de Nicolas Bacri et,
Philippe Manoury, Michaël Jarrell,
cette jeune formation. Passionné par
avec le Quintette à vent Nielsen, un
Pascal Dusapin, Bruno Mantovani et
la transmission, Alain Billard participe
programme éclectique conviant Berio, Yann Robin. En contact avec des
très activement aux actions éducatives
Mozart, Reich et Bizet. Didier Pateau
que l’Ensemble intercontemporain
musiciens d’horizons divers, il étofe
se consacre également à la pédagogie. son expérience et sa palette
mène en direction du jeune public et
Outre son enseignement à l’École
instrumentale et apprend le tuba, le
des futurs professionnels de la musique.
Nationale de Musique d’Aulnay-sous-
saxophone et la guitare basse.
Bois, il participe régulièrement à des
Régulièrement invité comme soliste
Sébastien Vichard
rencontres avec des étudiants
par des orchestres nationaux et
Né en 1979, Sébastien Vichard a
compositeurs, par exemple ceux de la internationaux, Alain Billard crée (et
étudié au Conservatoire de Paris
classe de Michael Jarrell à la
(CNSMDP) dans les classes de Michel
enregistre) de nombreuses œuvres
Musikhochschule de Vienne, et donne pour son instrument, parmi lesquelles Bérof (piano), Jean Koerner
des master-classes à Oslo, Halifax ou
Machine for Contacting the Dead
(accompagnement), Patrick Cohen
Santiago du Chili.
(2001) de Lisa Lim, pour clarinette
(pianoforte), Pierre-Laurent Aimard
contrebasse, violoncelle et ensemble
(musique de chambre). C’est au sein
Alain Billard
avec l’Ensemble intercontemporain et des ensembles Alternance (Jean-Luc
Né en 1971, Alain Billard débute la
Jonathan Nott ; Génération (2002),
Menet) et Court-circuit (Philippe Hurel
clarinette à l’âge de 5 ans avec Nino
triple concerto pour trois clarinettes
et Pierre-André Valade) qu’il découvre
Chiarelli à l’École de musique de
de Jean-Louis Agobet, avec Michel
la musique d’aujourd’hui. Il s’associe
Chartres. Il poursuit ses études auprès Portal, Paul Meyer et l’Orchestre
au collectif Multilatérale (jeunes
de Richard Vieille au Conservatoire
National de Strasbourg dirigé
créateurs) et à l’ensemble Quarendo
National de Région de Paris (CNR),
François-Xavier Roth ; Mit Ausdruck
Invenietis, et intègre en 2006
puis au Conservatoire National
(2003), concerto pour clarinette basse l’Ensemble intercontemporain.
Supérieur de Musique de Lyon, et
et orchestre de Bruno Mantovani avec Il enseigne la lecture à vue et la
obtient le diplôme d’études supérieures Jonathan Nott et le Bamberger
dans la classe de Jacques Di Donato.
Symphoniker ; Art of Metal III (2008)
musique de chambre au
Conservatoire de Paris (CNSMDP).
Il rejoint le Quintette à vent Nocturne, pour clarinette contrebasse, ensemble
avec lequel il obtient un premier prix
et électronique de Yann Robin.
Jeanne-Marie Conquer
de musique de chambre au Conservatoire Alain Billard explore les possibilités de Née en 1965, Jeanne-Marie Conquer
de Lyon, le deuxième prix du Concours son instrument ain de développer de obtient à l’âge de 15 ans le Premier
international de l’ARD de Munich et le nouvelles techniques de jeu et travaille Prix de violon au Conservatoire de
prix de musique de chambre d’Osaka
en étroite collaboration avec l’Ircam et
Paris (CNSMDP) et suit le cycle de
(Japon). Depuis 1995, Alain Billard est
la manufacture instrumentale Selmer.
perfectionnement dans les classes de
membre de l’Ensemble
Ain d’élargir le répertoire
Pierre Amoyal (violon) et Jean Hubeau
16
(musique de chambre). Elle devient
supérieur avec mention très bien à
Odile Auboin
membre de l’Ensemble
l’unanimité. Il suit également les
Odile Auboin obtient deux premiers
intercontemporain en 1985. Elle a
master-classes d’Alexandre Benderski
prix au Conservatoire de Paris
également été membre du Quatuor
avant d’aller se perfectionner aux
(CNSMDP) – alto et musique de
intercontemporain. Jeanne-Marie
États-Unis grâce à une Bourse Lavoisier. chambre – en 1991. Elle reçoit une
Conquer développe des relations
Il suit alors les cours de Miriam Fried à bourse de recherche Lavoisier du
artistiques attentives avec les
l’Université de Bloomington et obtient ministère des afaires étrangères ainsi
compositeurs d’aujourd’hui. Elle a en
le performer diploma. Il remporte
particulier travaillé avec György
successivement un 2e prix au Concours du ministère de la culture puis part
Kurtág, György Ligeti (pour le Trio
International de Barcelone Germans
étudier sous la direction de Jesse
avec cor et le Concerto pour violon),
Claret, un 3e prix au Concours
Levine à l’Université de Yale et se
Peter Eötvös (pour son opéra
International des Jeunes Solistes de
perfectionne avec Bruno Giuranna à
qu’une bourse de perfectionnement
Le Balcon) et Ivan Fedele. Ses nombreuses Wattrelos, un 1er prix au Concours
la Fondation Staufer de Crémone.
tournées sous la direction de Pierre
International de Canet, un 1er prix au
Odile Auboin est lauréate du
Boulez, David Robertson ou Jonathan
Concours International de Moscou.
Concours international de Rome
Nott l’ont menée de l’Australie aux
Après deux ans aux États-Unis, Diégo
(Bucchi). Elle entre à l’Ensemble
États-Unis, de l’Argentine à la Finlande. Tosi réintègre le CNSMDP en cycle de
intercontemporain en 1995.
Elle a gravé pour Deutsche Grammophon perfectionnement et remporte, en
Passionnée par le traitement
la Sequenza VIII pour violon seul de
électronique des instruments, elle
2004, le Concours des Avant-scènes.
Luciano Berio, Pierrot lunaire et l’Ode à Dernièrement, il a été lauréat de
crée L’Orizzonte di Elettra pour alto et
Napoléon de Schönberg. Jeanne-Marie grands concours internationaux –
ensemble d’Ivan Fedele et, en 2005,
Conquer a également été la soliste
Joachim Rodrigo de Madrid et
Traces II, pour alto et électronique en
d’Anthèmes II de Pierre Boulez au
Paganini de Gênes – et a obtenu le
temps réel, de Martin Matalon, œuvre
Festival de Lucerne en 2002 et du
premier prix de violon au Concours
composée sur le ilm de Luis Buñuel
Concerto pour violon de Ligeti à la Cité International Valentino Bucchi de
Las Hurdes. Parmi les autres œuvres
de la musique en 2003.
qu’elle crée igurent les concertos
Rome. Au plan discographique,
il participe en 2001 à l’enregistrement pour alto et ensemble de Martin
Diégo Tosi
d’un disque consacré à Édith Canat de Matalon et Walter Feldmann, … Some
Né en 1981, Diégo Tosi étudie le piano Chizy. Il réalise en 2003 un CD en
leaves II… de Michael Jarrell et Little
et le violon dès l’âge de 5 ans.
Italy de Bruno Mantovani pour alto
soliste avec la Camerata de France sur
Il poursuit ses études au Conservatoire Pablo de Sarasate (R de la revue
seul. Très impliquée dans le domaine
d’Aulnay sous Bois et au CNR de
Répertoire, 4 étoiles du Monde de la
Perpignan dans les master-classes de
musique), en 2005, un CD avec des
les premières exécutions des trios de
Jean Lénert. Il y obtient le diplôme
œuvres de Boulez, Berio, Canat de
Marco Stroppa et de Bruno Mantovani.
d’études musicales, mention très bien
Chizy, Xenakis, Ballif (5 Diapasons de
Elle joue sur un alto Stephan von Baehr.
à l’unanimité. À 13 ans, il se présente
la revue du même nom, 4 étoiles du
au CNR de Paris où il obtient un
Monde de la musique) et, en 2006, un
Éric-Maria Couturier
premier prix avec mention très bien à
CD consacré à l’œuvre pour violon de
Né en 1972, Éric-Maria Couturier
l’unanimité et, l’année suivante, un
Maurice Ravel. En 2007, il a enregistré
remporte deux Premiers Prix à
prix de perfectionnement. En 1998,
un CD dédié à l’œuvre pour violon de
l’unanimité au Conservatoire de Paris
il entre au Conservatoire de Paris
Giacinto Scelsi. Diégo Tosi est membre (CNSMDP) – violoncelle et musique
de la musique de chambre, elle donne
(CNSMDP) dans la classe de Jean-Jacques de l’Ensemble intercontemporain
de chambre –, se distingue dans
Kantorow et obtient son diplôme
plusieurs compétitions
depuis octobre 2006.
17
internationales (il est lauréat des
dans les statuts de l’Ensemble. Placés
concours Rostropovitch, de Trapani,
sous la direction musicale de Susanna
de Trieste, de Florence) et reçoit le
Mälkki, ils collaborent, au côté des
soutien des fondations Natexis et
compositeurs, à l’exploration des
Pendleton. Il intègre l’Orchestre de
techniques instrumentales ainsi qu’à
Paris puis devient violoncelle solo de
des projets associant musique, danse,
l’Orchestre National de Bordeaux-
théâtre, cinéma, vidéo et arts plastiques.
Aquitaine avant de rejoindre
Chaque année, l’Ensemble commande
l’Ensemble intercontemporain en 2002. et joue de nouvelles œuvres, qui
Il partage sa quête d’expressions
viennent enrichir son répertoire et
nouvelles avec des ensembles tels
s’ajouter aux chefs-d’œuvre du XXe
que Arcema, Carpediem, Multilatérale. siècle. Les spectacles musicaux pour
Éric-Maria Couturier se produit en
le jeune public, les activités de
musique de chambre aux côtés de
formation des jeunes instrumentistes,
Tabea Zimmermann, Pierre-Laurent
chefs d’orchestre et compositeurs
Aimard, Jean-Claude Pennetier,
ainsi que les nombreuses actions de
Christian Ivaldi, Gérard Caussé, Régis
sensibilisation des publics traduisent
Pasquier et Jean-Guihen Queyras. Ses
un engagement profond et
rencontres avec Pierre Boulez,
internationalement reconnu au
Wolfgang Sawallish, Carlo Maria
service de la transmission et de
Giulini, György Kurtág, Peter Eötvös,
l’éducation musicale. En résidence à la
ainsi que son travail sur l’œuvre de
Cité de la musique depuis 1995,
Iannis Xenakis, Luciano Berio, Franco
l’Ensemble se produit et enregistre en
Donatoni, marquent profondément
France et à l’étranger où il est invité
son évolution. Son étude de la musique
par de grands festivals internationaux.
indienne avec Patrick Moutal le
Financé par le ministère de la Culture et
conduit à une rélexion sur le rapport
de la Communication, l’Ensemble
ente création musicale contemporaine intercontemporain reçoit également le
et improvisation. Ses recherches dans
soutien de la Ville de Paris. Pour ses
le domaine musical s’étendent
projets de création en 2009, l’Ensemble
également à celui du cirque.
intercontemporain bénéicie du soutien
de la Fondation d’entreprise Hermès
Ensemble intercontemporain
Créé par Pierre Boulez en 1976 avec
l’appui de Michel Guy, alors secrétaire
d’État à la Culture, et la collaboration
de Nicholas Snowman, l’Ensemble
intercontemporain réunit 31 solistes
partageant une même passion pour la
musique du XXe siècle à aujourd’hui.
Constitués en groupe permanent, ils
participent aux missions de difusion,
de transmission et de création ixées
18
Et aussi…
> CONCERTS
SAMEDI 23 JANVIER, 20H
> SALLE PLEYEL
JEUDI 3 DÉCEMBRE, 20H
Bruno Mantovani
Le sette chiese
Pierre Boulez
Rituel in memoriam Bruno Maderna
VENDREDI 22 JANVIER, 20H
Ensemble intercontemporain
Ensemble vocal Exaudi
Susanna Mälkki, direction
Omar Ebrahim, baryton
Anne Quirijnen, vidéo
Ensemble intercontemporain
Orchestre du Conservatoire de Paris
Pascal Rophé, direction
VENDREDI 15 JANVIER, 19H
Modeste Moussorgski
Introduction de la Kovantchina
Franz Liszt
Concerto pour piano n° 2
Nikolaï Rimski-Korsakov
Shéhérazade
Georges Aperghis
Œuvre nouvelle (commande de Wittener
Tage für neue Musik, création française)
James Dillon
Quatuor n° 5 (création française)
Olga Neuwirth
Œuvre nouvelle (commande de la Cité de
la musique, création mondiale)
György Ligeti
Quatuor à cordes n° 2
DIMANCHE 31 JANVIER, 16H30
La Chambre Philharmonique
Emmanuel Krivine, direction
Alexei Lubimov, piano
Alexander Janiczek, violon
SAMEDI 17 AVRIL, 20H
Quatuor Arditti
SAMEDI 16 JANVIER, 17H
Pascal Dusapin
Quatuor n° 7 (commande de la Cité de la
musique, création mondiale)
Quatuor Arditti
György Kurtág
Douze Microludes
Ludwig van Beethoven
Quatuor à cordes n° 16
Quatuor Hagen
György Ligeti
Concert Românesc
Sergueï Prokoiev
Concerto pour violon n° 1
Robert Schumann
Symphonie n° 3
Chamber Orchestra of Europe
Sakari Oramo, direction
Lisa Batiashvili, violon
Béla Bartók
Divertimento pour cordes
Ludwig van Beethoven
Concerto pour piano n° 3
Béla Bartók
Le Mandarin merveilleux
Orchestre Philharmonique
de Radio France
Philippe Jordan, direction
François-Frédéric Guy, piano
> MUSÉE
Des visites-ateliers sont proposées tous
les jours pendant les vacances
pour les 4/11 ans.
> ÉDITIONS
Musique et mondialisation
Collectif • 135 pages • 2009 • 19 €
Bartók et le folklore imaginaire
par Jean-François Boukobza •
144 pages • 2005 • 20 €
Musique, iliations et ruptures
Collectif • 138 pages • 2005 • 19 €
> CONCERT ÉDUCATIF
SAMEDI 23 JANVIER, 11H
Abramaderna !
Ensemble intercontemporain
Orchestre du Conservatoire de Paris
Pascal Rophé, direction
Pour les enfants à partir de 10 ans
Éditeur : Hugues de Saint Simon | Rédacteur en chef : Pascal Huynh | Rédactrices : Gaëlle Plasseraud - Véronique Brindeau | Maquette : Elza Gibus | Stagiaires : Laure Lalo - Nicolas Deshoulières
Imprimeur FOT | Imprimeur BAF | Licences no 1014849, 1013248, 1013252
Enno Poppe
Interzone : Lieder und Bilder

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