interview de Thomas Jestin - Télécom Ecole de Management

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interview de Thomas Jestin - Télécom Ecole de Management
Interview de Thomas Jestin, jeune diplômé de Télécom Ecole de Management,
et co-fondateur de KRDS
Thomas, pourquoi AXA Private
Equity investit-il une somme à 7
chiffres dans KRDS ?
KRDS est en forte croissante et
leader en France sur un marché très
porteur. AXA PE a su apprécier
notre approche “sur mesure” qui
séduit les annonceurs et s’appuie
sur une solide expertise que valide
notre label Facebook « Preferred
Developper Consultant ».
Quels sont les objectifs de ce financement ?
Nous allons consolider notre position de leader en France et continuer à nous déployer en
Europe et en Asie où nous avons déjà des clients : Médiaset, RTVE, Tissot, RTBF… et
même Facebook. Nous n’avons pas d’acquisition en vue. Notre expansion passera
exclusivement par de la croissance interne. Nous souhaitons notamment recruter des
talents, des développeurs et des business developers à qui inculquer notre expertise
Facebook.
Comment vous est venue l’envie de créer KRDS ?
J’ai d’abord rencontré Antoine Sandrin, mon camarade au sein de la promo 2003-2006 de
Télécom Ecole de Management. TEM à cet égard fut pour nous un formidable facteur de
« serendipity ». Avec Antoine, nous avons toujours eu envie d’entreprendre au fond de nous,
mais c'était une envie fugace, comme tout le monde en a, une envie qui aurait pu n’être que
passagère, n’aurions-nous pas été dans un cadre adéquat. C'est en 2005, en en reparlant
autour d'un kebab à la gare d'Evry avec Antoine qu'on s'est pris au mot et avons scellé notre
désir d’entreprendre, nous promettant de profiter de la majeure « entrepreneuriat » de
Télécom Ecole de Management, portée par Jacques Arlotto à l’époque, pour tenter quelque
chose ! Restait à voir quoi…
KRDS est le fruit de ce désir initial, mais c'est une fusée à plusieurs étages. Nous pensions
d’abord à un site répertoriant les meilleures soirées étudiantes : Midnight Love. L'idée a vite
évolué pour devenir un portail pour les étudiants, Kampus, offrant toutes sortes de services.
La découverte de Facebook fin 2005 a été pour nous une révélation. Nous remercions à ce
titre Simon Chignard, intervenant extérieur, de nous avoir mis sur la piste du réseau social
américain. Dès lors, nous avons voulu faire le « Facebook français ». Une fois diplômés,
nous avons pu compter sur le soutien précieux de Sébastien Cauwet et Augustin Radu qui
ont su nous offrir à l’incubateur de l’école le cadre idéal où développer notre projet. Nous
avons vu défiler les stagiaires que je payais en livrant les journaux en scooter sur Paris,
jusqu'à ce que nous trouvions ceux qui sont aujourd’hui nos associés paritaires dans KRDS :
Guillaume Simon de Supinfo 2009 et Thomas Guenoux de Télécom Ecole de Management
2005-2008.
Une fois l'équipe en place, les travaux de développement se sont accélérés et Cancoon.fr a
vu le jour à la rentrée 2007 : un véritable petit bijou, nous avions des fonctionnalités de
microblogging et de liste d'amis qui n'existaient pas alors sur Facebook. Notre parti pris était
que les Français refuseraient d'utiliser leur nom et prénom, d'où un système de pseudo.
Nous n'avons pas essayé alors de lever des fonds, pensant que la guérilla marketing suffirait
pour lancer le site. Nous tentions en parallèle de nous financer en vendant des sites web
classiques aux bouchers, opticiens et autres petits commerçants de Paris en arpentant les
rues de la capitale via l'éphémère structure Aqueo, sans grand succès.
Cancoon.fr n'a jamais vraiment décollé malgré tous nos efforts, sans doute en partie du fait
d'une trop faible campagne de lancement, mais surtout à cause du « tsunami » Facebook qui
a balayé la France à l'automne 2007. Nous nous sommes alors beaucoup remis en question.
Au moment où Facebook a ouvert sa plateforme aux développeurs extérieurs, nous avons
alors fait le choix fondamental d'abandonner Cancoon et de lancer Cursus, application
Facebook reprenant le concept de Copains d'Avant et permettant de retrouver ses
camarades de classes dont on aurait oublié le nom. Après un simple mail général envoyé
aux étudiants de l’Institut TELECOM, l'application s'est mis à viraliser sur Facebook jusqu'à
gagner 200 000 utilisateurs en quelques semaines, du jamais vu en France. Nous nous
sommes alors mis en tête de vendre notre savoir-faire aux marques. Nous avons fondé la
société KRDS en mars 2008 tous les quatre à parts égales. Notre cohésion, notre
complémentarité et notre persévérance à Guillaume, Thomas, Antoine et moi on été, et sont
toujours, les clefs de notre aventure.
Racontez-nous la montée en puissance de KRDS ?
Le mot Facebook est un sésame qui nous a ouvert beaucoup de portes début 2008. Tout le
monde était curieux d'en savoir plus. Ce n'était qu'une question de temps avant qu'un
annonceur au tempérament pionnier nous accorde sa confiance pour tenter quelque chose.
Ce premier annonceur fut Eurosport que nous portons haut dans notre coeur et qui a
accepté de nous suivre avec les applications « Liste des 23 pour l'Euro » et « Pronostics
Euro 2008 ». Ces applications, avec un budget média proche de zéro, ont dépassé les 100
000 utilisateurs en moins d'un mois grâce aux formidables propriétés virales offertes par
Facebook. Depuis lors nous avons enchaîné les opérations à succès avec des annonceurs
comme, entre autres, Danone, Air France, Peugeot, ou Dior. A ce jour nous comptons plus
de 50 collaborateurs et avons réalisé 300 campagnes pour une centaine de marques dans
neuf pays d'Europe et d'Asie.
Avez-vous des projets concernant votre école ?
Le web, le cloud-computing, l’intelligence artificielle vont s'infiltrer partout dans nos vies, bien
au-delà de nos seuls ordis, aussi, voilà le rêve un peu fou que je caresse pour mon école :
voir une filière « développement web » se juxtaposer à Télécom Ecole de Management,
imposer aux étudiants à un moment de leur parcours un projet mixte manager-développeur
et continuer à rapprocher l’école de business angels et fonds d'investissement de façon en
faire une silicon valley à la française, génératrice d'épanouissement, d'emplois et pourquoi
pas de projets webs d'envergure mondiale.