Title Une scène de rupture entre mère et filsdans la chanson de
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Title Author Publisher Jtitle Abstract Genre URL Powered by TCPDF (www.tcpdf.org) Une scène de rupture entre mère et filsdans la chanson de Raoul de Cambrai :la démesure de la mère entraîne la mort du fils 小川, 直之(Ogawa, Naoyuki) 慶應義塾大学フランス文学研究室 Cahiers d'études françaises Université Keio (慶應義塾大学フランス文学研究室紀要). Vol.8, (2003. ) ,p.1- 13 Raoul de Cambrai est une épopée composée en ancien Françaiss vers l'an1200 dans la version qui nous est parvenue. Cette chanson sanglante chante larévolte de Raoul, baron dû Cambrésis, centre le roi de France, les hostilitésinjustes que ;e héros commence contre le Vermandois, sa mort dans un conflitcruel avec son meilleur ami Bernier et de multiples actes guerriers de sa famillequi tire vengeance du défunt. Ainsi, te héros trouve la mort à la fin de lapremière partie occupant 3500 vers sur l'ensemble (8500 vers), mais lesconflits qu'il évoque contre les gens du Vermandois demeurent le sujetdirecteur du poème.Raoul est extraordinairement démesuré et sa démesure est le moteur du récittragique. Fait singulier, cela s'exprime, entre autres, dans une scène de querelleentre sa mère Aalais et lui : là, le fils injurie la mère qui essaie de le détournerd'une entreprise imprudente ; d'autre part, Aalais, aussi démesuré que son fils,maudit enfin celui-ci, ce qui le conduit, affirme le poète, à la mort. Notre objetsera de mettre en lumière cet épisode particulier en expliquant comment ladémesure de Raoul incite Aalais à la malédiction. Departmental Bulletin Paper http://koara.lib.keio.ac.jp/xoonips/modules/xoonips/detail.php?koara_id=AA11413507-200300000001 Une scène dans de rupture la chanson la démesure entre de Raoul de la mère entraîne mère et fits de Cambrai la mort : du fits Naoyuki OGAWA Raoul de Cambrai est une épopée composée en ancien Irançars vers l'an 1200 dans la version qui nous est parvenue. Cette chanson sanglante chante la révolte de Raoul, baron dû Cambrésis, centre te rot de France, res hostilités injustes que te héros commence centre te Vermandois, sa molt dans un con flit cruel avec son meilleur amt Bernier et de multiples actes guerriers de sa famille qui tire vengeance du défunt. Ainsi, te héros trouve la molt à la fin de la première partie occupant 3500 vers sur l' ensemble (8500 vers), mats res conflits qu'il évoque centre res gens du Vermandois demeurent te sujet directeur du poème. Raoul est extraordinairement démesuré et sa déme sure est te moteur du récit tragique. Fait singulier, cela s'exprime, entre autres, dans une scène de querelle entre sa mère Aalais et lui : là, te fits injurie la mère qui essaie de te détourner d'une entreprise imprudente ; d'autre part, Aalais, aussi démesuré que son fits, maudit enfin celui-ci, cc qui te conduit, affirme te poète, à la molt. Notre objet sera de mettle en lumière aet épisode particulier en expliquant comment la déme surede Raoul incite Aalais à la matédiction. 1. La déme sure de Raoul L'origine de la guerre de Raoul de Cambrai centre te Vermandois repose certainement sur une sétie d'injustices commises par te rot envers Raoul et son -1- lignage : au moment de la molt de Raoul Taillefer, comte de Cambrai, te rot Louis donne l'investiture de la ter re du défunt, non à son fits, mats à un de ses chevaliers ; et, alors que te fits Raoul, devenu majeur, rédame te fief paternel, Louis ne lui reconnaît que te droit de la première ter re vacante. Lc narrateur attribue, en effet, la cause de la guerre longue et sanglante à cette injustice du suzerain : « par malvais rot est mains trans hem honnis(». » (v. 650) Par ailleurs, te poète suggère, au début de la chanson, une autre source de la tragédie. Dans la scène de l'adoubement de Raoul par te rot, tout en célébrant la belle physique du jeune chevalier, il déplore : S'en lui n'eüst un poi de desmesure mieudres vasals ne tint onqes droiture, mats de cc fu molt pesans l'aventure: hem desreez a molt painne dure. (vv. 320-323) La « déme sure», te détaut unique mats fatal de noire héros. Cependant, la qualification de « démesuré » n'est pas toujours négative dans la tradition épique ; Roland et Vivien sent res meilleurs exemptes. Lc grand héros épique pent se caractériser par sa déme sure.Or, pour présenter res traits d'un personnage, l'épopée a pour nature de recourir à cc que nous voyons et à cc que nous entendons, au lieu de multiplier res commentaires : « la plupart du temps, la construction du personnage s'effectue par te moyen des "actes" qu'il accomplit et des "paroles" qu'il pron once on que d'autres profèrent à son suret(2). » La déme sure de Raoul s'exprimera done dans ses actes et dans ses paroles. N'est-il pas surprenant que te trait épique à éclairer chez Raoul s'extériose dans une querelle entre mère et fits ? Ce n'est pas, en effet, dans te grand champ de bataille comme Roncevaux on Aliscans, mats dans la dispute avec sa mère, que noire héros apparaît dans tout l'édat de sa déme sure. Certes, il se montre déjà démesuré dans res débats avec te rot. Mats Huguette -2- Legros re marqueque, si Raoul est démesuré, cc n'est pas parce qu'il ne respecte pas, comme res autres barons révoltés, l'autorité royale qui dolt établir l'ordre social « plus grave sans doute est l'attitude du héros à l'égard de sa mère(3)». Et, comme l'affirme Reta Bezzola, la déme sureque Raoul manifestedevant sa mère domine tout te poème : « cette déme suredicte [...] toutes res actions ultérieures: la destructiond'Origny, l'offense à Bernier,te tier re futopposé aux off resréitérées de paix des fits d'Herbert, l'invasion de leur territoire ; enfin,elle est la cause de sa molt tragique(4). » De fait, on se rendra compte, à l'issue de cette scène, que Raoul pale cher son extrême brutalité envers sa mère. Nous allons done voir comment la déme surede Raoul prendfor medans sa discussionavec sa mère. 2. L'opposition de la mère au fits Quand Raoul prétendau fief de son père, te rot lui pelmet l'investiture de la première ter revacante au lieu du Cambrésis qu'il avait donné à un de ses barons, Giboin du Mans.Blentôt Herbert de Vermandoismeurt laissantquatre fits ; Raoul entreprendalors de s'emparer du Vermandois.Mise au courant de l'intention de son fits, Aalais se met à te supplier de ne pas partir pour l'invasion. D'abord, au début de son discours (vv. 811 et 827) et au milieu de ses dernièresparoles(v. 939),Aalaismet l'accent sur sa maternité; entre autres,au v. 827 elle soulignequ'elle l'a « norri del lait de [sa] mamele. » Commeil est rare, chez res nobles de l'époque féodale, qu' une mère allaite elle-mêmeses enfants(s),sa positionde maternitépourraitjustifier mieux cc qu'elle développe vis-à-visde son fits. La deuxièmeraison de son opposition à Raoul consiste dans un autre lien humain aussi importantque la maternité ; elle évoque une amitié profonde entre son marl et te comteHerbert: -3- « R[aous] tes pères, cit qt fengenuï, et quens Herbers furent tos jots amt. Maint grant ester ant ensamble forai ; aine n'ot entr'ax ne noise ne hustin. » (817-820) En plus, Herbert laisse des fits ayant te droit de leur ter re héréditaire. Pour voir mieux cette troisième raison, constatons que cc n'est pas la simple réaction émotionnelle qui fait recourir Aalais à la filiation maternelle et à la liaison amicale. Elle ne s'oppose pas à toute guerre ; au contraire, elle incite Raoul qui vient la retrouver à ne plus tarder à accomplir te devoir de reprendre te Cambrésis : « Je me merveig qe tant l'as consenti qe grant piècc a ne 1[= Giboin du Mans]'as molt on honni. » (803,4) Si son fits s'engageait dans la guerre de justice, elle serait heureuse de l'encourager. Voici un jugement qui résume te mieux res raisons qu'elle énumère : « a si grant tort guerre ne commencier.» (vv. 856 et 901) Toutes ses objections tiennent à l'illégitimité de la guerre qui a comme origine l'injustice du rot : Aalais elle-même est une victime de l'injustice royale. Joseph Bédiet explique te motif pro fond de ses oppositions, en disant qu' « Aalais [... ] qui se souvient d'avoir souffert lorsque son fits fut dépouillé, supplie Raoul de ne pas dépouiller, à son tour, des orphelins(6).» Cela révète que te poète assigne à Aalais, non seulement te rôte maternel, mats aussi celui du véritable conseiller à l'égard de Raoul : un des devoirs du conseiller consiste à rappeler à son seigneur qu'un des principaux devoirs du chevalier est de défend re res orphelins et res veuves''). On ne s'accorde done pas complètement avec Pauline Matarasso qui insiste sur « l'illogisme fémin in » d'Aalais : selon la critique, malgré res objections -4- sensées, « chez elle [= Aalais] la logique est subordonnée aux sentiments. [...] tout argument est bon qui l[= Raoul]'empêchera de parti?). » S'il lui manquait vraiment l'esprit logique, on comprendrait difficilement res deux questions suivantes d'Aalais. D'abord, elle demande à son fits : « combien as gent pot guerre commencier ? » (v. 862) ; ensuite, elle l'interroge sur cc que deviendra Bernier que Raoul avait fait chevalier et qui est petit-fits d'Herbert : « Car me di ore q'escera de Bernier ? » (v. 902) La femme « entièrement dom inée par sess sentiments(9)» ne pourrait pas faire ces interrogations. Il s'agit là done d'un conseiller qui s'efforce d'empêcher son seigneur d'entrer dans une guerre injustifiée, plutôt qu'une mère aveuglée par l'amour pour son fits. Aussitôt reçne la réponse de Raoul sur sa force militaire, elle s'écrie : « Dex ! [... ] c'est mat acommencier » (v. 867) et décète la faiblesse du plan de cette guerre. D'après elle, l'erreur fatale de Raoul est dans cc qu'il compte sur res forces de l'Arouaise : res gens de l'Arouaise ne sent que des lâches. Certes, elle ne donne aucune raison à sa méfiance à leur égard(1°, mats cc qui nous importe est qu'elle res compare avec res forces ennemies ; res gens de l'Arouaise ne méritent pas confiance, tandis que res fits d'Herbert sent puissants et courageux. Après avoir développé cette comparaison dans deux laisses (LII et LIII), elle en conclut la défaite de Raoul. Ses analyses fondées sur res observations objectives paraissent convaincantes, cc qui renforce l'impression qu'elle joue te rôte d'un conseiller. Passons à la question qu'elle adresse à Raoul sur Bernier (supra v. 902) et qui constituera la dernière raison de son objection. Elle lui rappelle que la guerre risque de te confronter avec son meilleur amt, avec qui il avait grandi et qu'il avait fait chevalier : leur liaison à la fois amicale et féodale pourrait, en dernier ressort, empêcher Raoul de commencer la guerre. Mats il ose qualifier son amt de « félon [...] et tier » (v. 904) et lui imputer res torts dent celui-ci n'est pas responsable. Jusqu'à cc moment-là, Aalais gardait son calme(12),cc qui servait à valoriser -5- ses conseils. Mats la déme sure ton ; te narrateur l'indique in contrôtable explicitement de Raoul lui fait enfin changer de : cit te [= Raoul] la dame, qide vive esraigier ; a haute vols commença a huchier : « Bren te savoie, a celer net vas qier, cc est ll nom dent avras destorbier, c'il en a arse, de la teste tranchier. » (913-915) Il faudrait dinstinguer cette prédication nétaste des arguments démonstratifs qu'Aalais avait déjà farts. Dans son article sur te rôte de la mère, dans certaines oeuvres liftérailes médiévales, comme une dénonciatrice du crime de son enfant eaché sort dans te passé sort dans te futur, Régine Colliot re marque,que, dans Raoul de Cambrai, la mère du héros apparaît comme une « pro phétesse» qui dénonce une vérité terrible relative à son fits(12): elle volt bien que son fits n'aura aucune justice hi aucune chance dans la guerre qu'il entreprend ; et c'est un désespoir mélangé d'exaspération qui la pousse à ex primer cela sous for me de pro phétie. Ensuite, Aalais supplie Raoul, une dernière fois, de se réconcilier avec res fits d'Herber en lui rappelant son devoir de reprendre sa ter re héréditaire à Giboin du Mans. Elle épulse ainsi toutes res objections possibles centre son fits. Par ailleurs, la scène pent êtie appelée celle d'Aalais : de la laisse XLVIII à LIII, la mère demeure éloquente dans soixante-cinq vers, tandis que Raoul n'en occupe que vingt et un. En plus, elle ne s'impose pas seulement sur la quantité de mots ; saute aux yeux, en effet, une particularité stylistique de ces laisses. Joseph Bédiet dit à cc sujet qu' « en plusieurs laisses dent la monotonie est belle, la mère de Raoul reprend et prolonge sa prière obstinée(i3). » Et cela s'expliquera par l'effet des « laisses similaires » que Jean Rychner met en lumière dans son étude sur l'esthétique formelle des chansons de geste(14).Les -6- éléments principaux des objections d'Aalais sent récurrents dans deux on trots laisses : sa maternité à l'égard de Raoul (XLVIII et XLIX), l'illégitimité de l'invasion en préparation (de même), la puissance des fits d'Herbert (Ll, LII et LIII) et la lâchefé des gens de l'Arouaise (LII et LIII). Quant à Raoul, nous avons déjà vu qu'il ne manifeste, dans la brièveté de son langage, que l'obstination à la guerre centre te Vermandois. Il incarne ainsi la déme sure des héros (chiétiens) épiques, qui se définit, d'après Paul. Bancourt, comme « une sorte de défi a la raison(15) » « consistant dans un espoir insensé de succès(16).» Mats Raoul va plus loin ; sa véritable déme sure éelate dans sa réponse à sa mère. Après avoir qualifié de « lanier » celui qui prend conseil d'une femme au sujet de la guerre (v. 925-927), il injurie Aalais : « Dedensvas chambresvas alez aaisier, beveizpuison pot vo panceencraissier, et si pensezse boiwreet de mangier, car d'autrechosene devezmatsplaidier ! » (928-931) Ces paroles sauvages et cruelles du fits ne font pas seulement renoncer la mère à te détourner de ses projets, mats aussi l'incitent à prendre une attitude aussi démesurée que son fits envers celui-ci. 3. La matédiction jetée par Aalais sur Raoul Dans son dernier discours, Aalais maudit finalement Raoul, cc qui apparaît te résultat de la déme sure de cc dernier. Or, seule peut-elle expliquer la matédiction de la mère ? 3. 1. Un différent La séquence immédiatement un guerrier survenu que nous celle qu'une et sa mère. entre mère et fits dans étudions dans autre chanson Dans la Chanson -7- Raoul une autre de Cambrai de geste présente d'Antioche" épopée romane rappellerait de la dispute 7 , la plus ancienne entre d'une sétie des épopées ayant pour sujet res croisades, la musulmane Calabre essaie en vain de dissuader son fits Corbaran, rot d'Oliferne, de ses projets centre res croisés. L'épisode se déroute sous la for me d'une querelle entre mère et fits et se conclut par leur rupture comme dans Raoul de Cambrai. Mats Calabre ne maudit pas son fits. Une référence à aet épisode permettrait d'éclairer mieux la scène d'Aalais - Calabre, notamment la cause de la matédiction de la mère. Au moment où Corbaran part pour la reprise d'Antioche tombée dans res mains des chiétiens, sa mère Calabre apparaît et s'efforce de te détourner de combattre ceux-ci ; ainsi commence une discussion pénible entre res deux. Dans l'attitude à l'égard de sa mère, Corbarant est démesuré comme Raoul. Il ne lui répond pas seulement par des refus catégoriques, mats encore lui adresse des injures : « Toute estes redotee, l'en vas devroit tuer. » (v. 5393) et « Esperites malignes vas est et cots entrée. » (v. 6880) En cc qui concerne Calabre aussi, nous avons l'impression de voir une autre Aalais en elle. D'abord, comme Aalais, Calabre dit hautement qu'elle s'oppose à son fits en tant que mère ; l'insistance sur sa maternité se trouve tout au début de ses arguments : « vas estes mes confers, mes cuers et mes pensés, En vas est tos mes joies et tote m'amistés.» (6841-2) Et puts, la mère présente res raisons de son opposition à son..fits : elle lui explique combien te Dieu des chiétiens est puissant dans l'Ancien Testament (vv. 6853-6873, 6894-6900) ; de plus, aptès avoir cité un pro phète musulaman d' il y a plus de cent ans qui avait prédit qu' « uns pules venroit de de versOccident Qui conquerroit nos terres par lot tier hardement, » (6932-5) elle affirme, en lisant res astres, que te moment -8- est venu de voir la pro phétie se réaliser (vv. 6937-8) et fait, à propes de l'avenir de Corbaran, des prédictions néfastes « Se or estesvenous,vielsseréset honis Onquesne lustestant ne amés ne cieris Com vas serésadontblastengiéset laidis.» (6910-2) La similitude est frappante entre aet épisode et celui de Raoul de Cambrai 8. Cependant, ceux-ci se différencient par leurs dénouements. Calabre, prongée dans un désespoir mêlé de « grant paor » (v. 6955), quitte Corbaran tranquillement, tandis qu'Aalais ne s'en va pas sans laisser un long discours qui se conclut par une matédiction à Raoulson fits. Nous verrons done d'où provient cette sentense de molt qu'elle rend à son fits ? 3. 2. La matédiction causée par la déme sure d'Aalais Dans cc discours que Jean Rychner cite comme exemple de « l'utilité d'un rappel générat(19)», Aalais rappelle une suite de peines qu'elle avait subies depuis la molt de son marl dans l'espoir que son fits se rétablirait dans ses droits du fief héréditaire, et puts déplore qu'il est sur te point d' « aler tel ter re chalengier / on [ses] ancestres ne prist ainz un denier » (v. 953-4) ; ainsi cc passage « rappelle des événements antérieurs, rappel utile au moment où, l'exposition du sujet term inée,la guerre va commencer (20).» Mats Aalais ne se limite pas à reprendre son opinion ; son désespoir extrême la pousse à maudire son fits : « et qantpot mol ne te viex or laisier, cit Damerdiexqt tout a a jugier ne t'en remaintsain ne sautne entier ! » (955-7) Malgré te repentir pro fond sur lequel se précipite Aalais, cette matédiction -9- avait déjà fixé la destinée du héros. Gaston Paris dit que « la matédiction une fois laneée, [...] l'effet n'en pent plus êtie arrêté, et dès lots une destinée fatale est suspendue sur la tête de Raoul 21)» ; Joseph Bédiet affirme, lui aussi, que « L'exéarable parole une fois laneée ne pent plus êtie reprise : par une conception semblable à celle des mythes grecs, la matédiction prend for me et vie au sortir des lèvies maternelles(22) .» Et te narrateur, lui, ann once cc qu'apportera à Raoul cette matédiction : Par eel maldit et il [= Raoul] tel destorbier, con vas orez, de la teste trenchier ! (958-959) William Carin, en soulignant l'importance de la conception du lignage dans Raoul de Cambrai, re marque que « res membres du clan peuvent êtie considérés comme des extensions de l'un des protagonistes(23).» Dans cc sens, on pourrait reconnaîtie un attribut de Raoul qu'est la déme sureà sa mère et, de surcroît, approuver te point de vue de Pauline Matarasso selon lequel la matédiction provient, dans une certaine me sure,de la déme sured'Aalais, « te pendant fémin in de son fits(24)». Ainsi, Matarasso traduit te rapport Aalais Raoul par l'expression « telle mère, tel fits(25) », expression justifiable mats peut-êtie trop sévère à la mère. Justifiable, sous prétexte de « virilité, rudesse et violence(26) » dent elle témoigne à travels la chanson ; trop sévère, parce qu'elle n'est pas un monstre de la déme sure comme son fits : il faudrait tenir compte de l'amertume qu'elle montre quand elle donne à celui-ci sa matédiction.. En effet, c'est en larmes qu'elle fait son dernier discours (v. 932) et, en plus, dès qu'elle te quitte, elle regrette son acte et passe ses jours dans l'église. Ainsi, poussée par sa prop re déme sure, Aalais maudit son fits. Son remolds immédrat rappelle qu'elle est la mère de cc dernier, mats, bien qu'en un instant, sa déme sure l'emporte sur sa maternité, cc qui détermine, selon te pôète, la destinée fatale de Raoul. -10- Conclusion La chanson victimes de geste Irançarse de la déme sure du héros d'innombrables accable insensés, d'invectives ressemblent, douleur, d'Antioche. à une différence mats aussi fits, matédiction la mère éponyme. pour parler Les deux est te monde l'histoire épique si démesuré qu'il acharnement de s'engager dans de dispute entre mère près : tandis que la mère de Corbaran, de la colère, qui se conerétise Aalais, laisse habitent du personnage scènes tranquillement, des que deux : noire héros et Corbaran au comble échap per non une matédiction par la molt de celui-ci. est aussi dom inée par la déme sure, la tragédie Dans nous ne connaissons sort de scène désespoir de Cambrai sa mère qui te déconseille une geurre désespérée, de la Chanson mats, de Raoul et fits se éerasée de seulement du centre son Dans cette chanson, en quot consiste, en fin de compte, du héros. NOTES (1) Raoul de Cambrai : chanson de geste du XIle siède, éditée par Sarah Kay, an notée et traduite par William Kibler, Paris, Librairie Génétale Françarse, 1996 (Lettres Gothiques) ; voir aussi vv. 603-605. (2) François Sward, La chanson de geste, Paris, Presses Universitaires de France, 1993 (Que sais-je ?), p. 42. (3) Huguette Legros, « Raoul de Cambrai et Dom Juan : Héros lucifélien on personnage écartelé entre deux ordres moraux ? », dans La chanson de geste et te mythe carolingien : Métanges René Louis, 2 vol., Saint-Père-sous-Vézelay. 1982, t. II, p. 1022. (4) Reta R. Bezzola, Les Origines et la formation de la liftérature courtoise en Occident 500-1200, t. Il : La Société féodale et la transformation de la liftérature de cour, Champion, Paris, 1960, p. 511. (5) Léon Gautier, La chevalerie, Paris, Sanard et Derangeon, 1895, réimpression, Puiseaux, Pardès, 1988, p. 119. A cc sujet, Thelma S. Fenster indique la signification symbolique que res gens du Moyen Age accordent à cc qu'une mère nourrit ses enfants au sein ; voir son article : « The Son's Mother : Aalais and Marsent in Raoul de Cambrai », dans Olifant, vol. 12, No. 2, 1987, p. 84, note 11. (6) Joseph Bédiet, Les Légendes épiques : Recherches sur ta formation des chansons de -11- geste, 4 vols., 3e éd., Paris, Champion, 1926-29, t. II, p. 342. (7) Léon Gautier, op. cit. p. 52. (8) Pauline Matarasso, Recherches historiques et liftérailes sur Raoul de Cambrai, Nizet, Paris, 1962, p. 235. (9) Op. cit., p. 234. (10) On trouve, même chez Raoul, une certaine hésitation sur res habitants de cc pays (v. 865-866). A cc sujet, Paul in Paris ramène « une aussi forte rancune » qu'Aalais éprouve centre ces gens à celle du trouvère centre eux. Voir ses études sur Raoul de Cambrai dans Histoire liftéraire de la France, t. XXII, Paris, 1895, p.713. (11) Lc narrateur introduit la parole d'Aalais par des descriptions neutres. Cf. vv. 794, 853 : dist ere ; vv. 867, 868 : dist la dame ; vv. 826 : dist A[alais] la bête ; v. 855: dist la dame au vis tier ; v. 844: Son fit apele, cc ll dist par contraire ; v. 810 : cit te la dame, souspirant respondi. (12) Régine Colliot, « Un rapport dramatique mère / enfant dans te récit médiéval : la mère dénonciatrice du crime » : dans Sénéfiance, 26, p. 167. (13) Joseph Bédiet, op. cit., p. 342. (14) Jean Rychner, La Chanson de geste: Essai sur l'art épique des jongleurs, Droz, Genève, 1955, p.62. (15) Paul Bancourt, Les Musulmans dans res chansons de geste du cycle du rot. 2 vol., Aix-en-Provence, Université de Provence, 1982, t. 1, p. 207. (16) Op. cit., p. 217. (17) La Chanson d'Antioche I : Edition du texte d'après la version ancienne, éd. S. Duparc-Quioc, Paris, Paul Geuthner, Documents relatifs à l'histoire des croisades publiés par l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, XI, 1977. (18) La Chanson d'Antioche aurait été composée par un pèlerin poète nommé Richard immédiatement aptès res événements qu'elle évoque, sort au lendemain de la première croisade, ne nous est parvenue que sous la for me d'un remaniement qu'un certain Graindor de Douai aurait exécuté à la fin du XII' siède. Lc fait que l'épisode en question se trouve dans tolls res manuscrits de la version ancienne nous suggère qu'il remonterait au poème original ; en effet, un chroniqueur anonyme, témein occulaire de la première croisade en tant que vassal de Bonémend de Sicile, done presque contemporain de Richard, rapporte que Kerbogha (te Corbaran de la Chanson d'Antioche), émil de Mossoul, se dispute avec sa mère, non nommée, qui lui demande de renoncer à toute guerre centre res Francs, juste aptès la chute d'Antioche. (Cf. -12- L'Histoire anonyme de la première croisade, éd. et trad. L. Bréhier, Paris, 1964 (1ereéd. 1924), p. 119-125.) Nous en concluons que l'entretien de Corbaran avec sa mère est antérieur à celui de Raoul avec Aalais, dans son état primitif au mains. (19) Jean Rychner, op. cit., p. 62. (20) Op. cit., p. 63. (21) Gaston Paris, son article sur Raoul de Cambrai, dans ses Métanges de liftérature Irançarse du Moyen Age, publiés par Mario Roques, Paris, 1966, p. 155. (22) Joseph Bédiet, op. cit., p. 343. (22) Pauline Matarasso, (23) William Carin, « Raoul de Cambrai : un univers en décomposition i> dans Actes du vie Congrès de la Société Rencesvals, CUER-MA, Aix-en-Provence, 1974, p. 429. (24) Pauline Matarasso. op. cit., p. 234. (25) Op. cit., p. 235. (26) Op. cit., p. 237. -13-