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LA REVUE COMPLETE BIS 24/11/06 11:07 Page 55 RICHESSESDEL’ARTSACRÉCATHOLIQUE © CRÈS Saint-Victor, égliseinférieure, cryptedeLazare PANORAMADELASCULPTURE D’ÉGLISEÀMARSEILLE DUSARCOPHAGEPALÉOCHRÉTIENÀL’ARTDUXXIeSIÈCLE ParBrigitteFÉRET Conservateur du Patrimoine LeséglisesdeMarseille Néanmoins, la présentation proposentauvisiteur, des éléments les plus maroutrelestrictmobilier quants de manière chronologique fournit un bel itinéraire liturgiquerituelissu aussibiendel’histoire des manières sculpturales. propredecellesqui AntiquitéetMoyenÂge subsistentdanslacité Les pièces les plus caractérisquedeleursconsoeurs tiques de cette période sont disparues,unvéritable conservées et, c’est bien légitime, dans le plus ancien édivoyagedansla fice religieux de la ville, statuaireaufil l’église Saint-Victor, ancien dutempsqu’ilest monastère créé par Jean Casimpossible,tant sien vers 416, développé au lesélémentssont Xe siècle ; elles sont constiabondants,d’analyser tuées d’un certain nombre de pièceàpiècefaute sarcophages antiques ou paléochrétiens préservés dans detemps. ouvrage qui peut être daté du IIe siècle, à une représentation biblique schématisée. Cette volonté de rapporter cette image à un thème chrétien identifiable prouve à quel point le répertoire des formes de l’antiquité s’est vidé de tout sens et ne conserve plus © CRÈS l’église basse. La première pièce est connue de la tradition sous le nom de sarcophage des «Saints Innocents», interprétation simpliste d’une iconographie devenue incompréhensible au monde chrétien assimilant le relief figurant des putti forgeant les armes de Mars, qu’un intérêt plastique intrinsèque par la mise en œuvre du travail de sculpture et sa maîtrise. Le deuxième dit sarcophage de Saint-Mauront est conservé dans la chapelle qui porte aujourd’hui son nom vraisemblablement depuis la fin Saint-Victor, églisesupérieure, sarcophageduVesiècle 55 LA REVUE COMPLETE BIS 24/11/06 11:07 Page 56 © CRÈS du VIIIe siècle, puisque Mauront est nommé évê- comme les deux sarcophages dits respectivement que en 780. Ce travail de fort belle qualité datant de saint Maurice et de ses compagnons. Exécutés du IIIe siècle, qui abritait la dépouille d’une fem- vers la fin du IVe siècle, ils adoptent le modèle à me, a reçu sans une seule modification les restes arcature, architecturale ou végétale, mettant en de l’évêque. Il est vrai que pendant toute cette scène les personnages de part et d’autre du Christ période, le réemploi est une pratique absolument qui forme la figure centrale. Cette facture triomadmise qu’il s’agisse, dans un premier temps, phante connaît un réel succès et de nombreuses d’un réemploi brut comme ici ou, dans un variantes. De l’usage régulier du réemploi atteste deuxième temps, d’un réemploi comme ma- également la dalle funéraire d’Isarn, abbé de tériau, support d’une nouvelle sculpture. L’ico- Saint-Victor jusqu’à sa mort en 1047, sculptée à nographie de ce tombeau est résolument païen- même le fond d’un sarcophage de marbre. Elle ne. Le bas-relief adopte une composition symé- constitue un des rares exemples de la sculpture trique par rapport au motif central, un clipeus funéraire du milieu du XIe siècle conservé en porteur des traces France, formule interde l’inscription fumédiaire entre le sarDe l’usage régulier du réemploi atteste néraire initiale. De cophage et la simple également la dalle funéraire d’Isarn, part et d’autre de ce dalle scellée dans le abbé de Saint-Victor jusqu’à sa mort panneau circulaire, pavement de l’église à en 1047, sculptée à même le fond deux captifs assis, un moment où les mod’un sarcophage de marbre. adossés à un paldalités du dispositif fumier, vêtus de manière similaire, tunique et néraire ne sont pas encore strictement figées. La braies, les mains liées, ploient sous son poids préservation de ce monument funéraire s’exalors que deux victoires chargées de palmes de- plique par la grande renommée d’Isarn dans la bout de part et d’autre s’y appuient. Deux scènes cité. Abbé de Saint-Victor de 1020 à sa mort, il se déroulent en symétrie par rapport au joue un rôle important dans la vie de l’abbaye. médaillon : d’un côté, Bacchus appuyé sur un Après les épiscopats de Pons Ier et de Guifred qui thyrse figure dans un char tiré par un centaure redonnent prospérité à l’institution, la reconsbarbu portant lyre et plectron que conduisent un truction de l’église ruinée par des raids barbares amour et une centauresse tenant une corne réitérés, Isarn redonne à l’abbaye le lustre perdu d’abondance, de l’autre, une femme vient au de- et, en 1040, le pape Benoît Ier vient consacrer vant du dieu, un centaure imberbe mène le char l’édifice. Il est probable que son monument fuet porte sur son dos un amour ailé muni d’un néraire ait été réalisé rapidement, vraisemblablefouet. ment sous l’archiépiscopat de Raimbaud d’Arles Auprès de ces pièces antiques réemployées coha- qui passa commande de la «vita» d’Isarn, unique bitent des productions véritablement chrétiennes source dont nous disposons aujourd’hui pour ap- Saint-Victor, Gisantd’Isarn 56 24/11/06 11:07 Page 57 préhender la vie de ce moine catalan promu à la charge d’abbé et rapidement proclamé «saint» eu égard à ses mérites. Son monument présente l’évêque gisant sous une dalle centrale gravée d’une longue épitaphe à la graphie très soignée selon une disposition apparentée à la mandorle. On ne voit de lui que son visage figé dans le sommeil et ses pieds. Au flanc de l’évêque repose le bâton pastoral, symbole de sa dignité. Deux inscriptions complètent cet ensemble, l’une nimbant sa tête et la seconde à ses pieds. Outre ces témoins de l’Antiquité et du haut Moyen Âge, l’église Saint-Victor conserve une vierge noire du XIIIe siècle connue sous le vocable de Notre-Dame de Confession. Cette Vierge de noyer polychromé et rehaussé d’or se présente assise frontalement en majesté et porte l’enfantroi qui tient le globe d’une main et bénit de l’autre. Elle apparaît comme une digne représentante de cette Vierge-reine si chère au XIIIe et objet d’une si profonde dévotion que les représentations fleurirent dans tout le royaume adoptant toutes les formes de l’art alors à la mode, statues de bois, de pierre, d’ivoire, de métal sur âme de bois. LaRenaissance Peu représentée à Marseille, cette période compte pourtant deux rares témoins de sa diversité préservés dans la Vieille Major. Cette ancienne cathédrale de Marseille, réduite à une seule travée après l’amputation répétée de deux travées, l’une au XVIe siècle, puis l’autre, lors de l’édification de la nouvelle Major, n’est plus qu’un pâle reflet de l’édifice prestigieux construit au XIe siècle sur l’emplacement d’un groupe cathédral initial et d’une première église détruite par les Sarrazins en 923. Ces deux ouvrages de la fin du XVe siècle et du début du XVIe témoignent mieux que tout commentaire ou toute analyse livresque de l’importance de l’édifice au commencement de la Renaissance, du niveau de culture des clercs et, enfin, de l’ouverture d’esprit du milieu marseillais. En cette extrême fin du Moyen Âge, le haut clergé local recourt aux services de sculpteurs étrangers pour produire le décor de deux ouvrages importants, non pas par le volume de la réalisation, mais par l’iconographie choisie qui met en scène les saints essentiels du panthéon local. Ils font réaliser ce qu’on nomme aujour- © CRÈS LA REVUE COMPLETE BIS d’hui la chapelle Saint-Lazare, par un sculpteur dalmate et quelques années plus tard, dotent la chapelle Saint-Serenus d’un décor de majolique, tout à fait novateur. Ces sculpteurs italiens font leur apparition dans le royaume à l’instigation du roi René vers 1461, l’usage de faire appel à ces praticiens trouve sans doute son origine dans l’expédition de Naples en 1442 pendant laquelle les belligérants sont confrontés à des horizons et des manières qu’ils ignoraient pour la plupart. Francisco Laurana, un Dalmate formé en Italie, n’est pas un inconnu en Provence lorsqu’il vient à Marseille de 1477 à 1483 puisqu’il a déjà travaillé pour René d’Anjou. Il est sans doute l’auteur du tombeau de Charles IV d’Anjou, le frère du roi René, lequel ouvre la voie des grands tombeaux royaux avec une double thématique : le gisant les mains à plat sur l’abdomen comme autrefois et héroïsation du défunt en un cartel supporté par des enfants nus. Ce sculpteur itinérant, qui parcourt tout le bassin méditerranéen, produit des ouvrages en Sicile, à Naples, en Provence. A Marseille, il propose un autel de marbre de Carrare pour la chapelle de Saint-Lazare qui se caractérise par une double arcature portée par deux pilastres de part et d’autre relayée par une colonne centrale, mais laisse la part belle à son atelier comme à Sain- Saint-Victor, égliseinférieure, Notre-DamedeConfession, diteViergenoire 57 LA REVUE COMPLETE BIS 24/11/06 11:07 Page 58 te-Marthe de Tarascon pour l’exécution du tombeau de la sainte. Les chapiteaux représentent respectivement saint Victor, saint Lazare et saint Cannat et un petit édicule abrite le reliquaire de saint Lazare facilement identifiable grâce à son buste en saillie. L’ensemble de cette structure cantonnée de pilastres cannelés porte sur un culot sculpté d’une tête d’angelot. Ce monument, l’une des premières manifestations de l’art de la Renaissance dans le royaume de France, constitue l’un des signes avant-courriers de cette esthétique comme l’avait si finement dénommé et analysé Erwin Panofsky(1). De la même façon, quelques décennies plus tard, la cathédrale de Marseille choisit l’atelier des Della Robbia pour orner la chapelle de Saint-Serenus tit ouvrage attendrissant qui doit dater du dernier quart du XVe siècle. Sous une arcade trilobée, la Vierge couve du regard l’enfant-Jésus. © C.CRÈS LesXVIIeetXVIIIesiècles VieilleMajor, ChapelledesaintSerenus. Àgauche,miseautombeau (écoledesDellaRobbia) 58 à laquelle ils fournissent un bas-relief présentant une mise au tombeau. Cette commande montre à quel point la cité est au fait des modes artistique puisque la majolique, céramique vernissée, est le décor de façade qui sera choisi par Francois Ier en 1527 pour son château de Madrid dans le bois de Boulogne. Pour ce siècle, à ces deux éléments, il faut ajouter le bas-relief de marbre dit Notre-Dame de l’Adoration conservé à l’église Saint-Philippe, pe- NOTE Période d’abondantes productions dans la ville bien que les années 1680 à 1730, de la fin du règne de Louis XIV à la grande peste de 1720, constitue une rupture faute d’argent, tout d’abord et, ensuite, faute de personnel. Il faut attendre les années 1740 pour que se reconstitue un véritable marché comportant clientèle et fournisseurs potentiels. Les témoignages laissés par les artistes locaux sont néanmoins encore fort nombreux dans les églises marseillaises et cette variété contraint à des choix relevant plus de l’humeur et du goût que de la stricte analyse scientifique. L’église paroissiale des Aygalades conserve un très beau christ en bois d’olivier qui peut être daté du XVIIe siècle mais pour lequel les sources sont totalement muettes. Son intérêt réside essentiellement dans le matériau utilisé et dans un traitement élégant et puissant. A Saint-Victor, l’autel de la Madeleine est surmonté d’un relief de plâtre dû à Christophe Veyrier. Ce sculpteur, neveu de Pierre Puget, est surtout connu pour ses travaux aixois et pour son grand décor de stucs et marbres pour la chapelle du Corpus Domini de l’église cathédrale de Toulon. Il donne ici une œuvre de moindres dimensions mais qui fournit un témoignage essentiel sur l’art du relief en Provence à la fin du XVIIe siècle, art finalement mal maîtrisé par la plupart des sculpteurs français mais où excellait Pierre Puget et toute sa famille. Du XVIIe datent la plupart des statues de façade des Carmes et de Saint-Théodore, lesquelles avaient pour mission de donner au passant le sentiment de la puissance et de la rigueur de l’église catholique. Fort abimées par le temps, ces statues aujourd’hui ne rendent plus compte de l’harmonie des compositions initiales, altérées, parfois reprises au XIXe sans tenir jamais compte du programme de départ. Il reste tout de même quelques éléments notables même si leur état apparaît précaire. Les Prêcheurs, dont la façade refaite au XVIIIe, puis amputée de ses superstructures pour des raisons de sécurité en 1926, conservent de part et d’autre des consoles du fronton deux grandes statues subsistant du parti initial : (1) Panofsky (Erwin), La Renaissance et ses avant-courriers dans l’art occidental, Paris, Editions de Minuit, 1975 LA REVUE COMPLETE BIS 24/11/06 11:07 Page 59 le pape Pie V, grand pape dominicain qui affirmait haut et fort la suprématie papale face au pouvoir civil, et le pape Benoît XI, qui fut général des dominicains Si l’état des parties hautes de cette façade ne permet plus d’en saisir toute la finesse iconographique, il reste évident que cette composition, fidèle à l’esprit dominicain, adoptait un choix très dogmatique. La manière, quant à elle, appartient pleinement à cette grande sculpture issue du baroque d’après le concile de Trente, postures affectées des personnages, amples drapés mouvants. Aux Carmes, en revanche, la façade présente en sa partie haute une élégante vierge d’une façon toute différente, travail en retenue et délicatesse, mise en valeur dans une niche en plein cintre. Cette présence de la Vierge, placée en protectrice de l’édifice, se justifie pleinement par la dévotion particulière que lui portait cet ordre. Deux beaux bustes respectivement du XVIIe et du début du XVIIIe figurent également au rang des fleurons de la statuaire marseillaise. Le premier est conservé dans l’église Saint-Férréol, ancien couvent des Augustins, pour lequel il aurait été produit. Il donne une image frappante du saint adoptant une iconographie assez habituelle, simple buste paré de l’habillement du soldat romain. Dans cette œuvre de bois polychrome, l’accent est mis par le sculpteur sur l’expressivité des traits et le traitement de la chevelure. Le second, aujourd’hui dans la jolie petite église de ChâteauGombert mais conçu primitivement pour l’église d’Aubagne, est attribué à Albert Duparc auquel il aurait été commandé en 1717(2). Ouvrage plus élaboré, il présente saint Mathieu sur un socle galbé peint à l’imitation du marbre vert antique sur ViergeduRosaire ÉglisedesChartreux (XVIIIesiècle) © C. CRÈS © C. CRÈS lequel s’appuient deux angelots de bois doré. La relique est mise en valeur par un cartel doré. Le buste même est traité dans un souci de réalisme mais non dénué d’emphase par l’élégance du drapé du tissu, la précision des galons et l’insistance sur la chevelure et la barbe. L’ensemble, tant par l’usage d’une polychromie à visée naturaliste que par l’emploi du bois doré, appartient bien à la production de la fin du règne de Louis XIV. Malheureusement, les sources manquent et ne permettent pas de confirmer l’attribution qui jouit néanmoins compte tenu du style de la statue, du niveau des sculpteurs en place à Marseille dans le premier quart du XVIIIe siècle, d’une présomption fort légitime en faveur d’Albert Duparc. Il est plaisant de remarquer que la première manière d’Antoine Duparc, son fils, qui entame justement sa carrière dans les années 1720 et ne travaille encore que le bois, emprunte largement à l’esprit des travaux de son père comme en attestent les angelots présents sur les consoles du maître-autel du couvent des grands Carmes, aujourd’hui église NotreDame du mont Carmel. De la même période peut être datée la Vierge des Calfats, vierge de pitié de bois peint et doré, dans l’église Saint-Laurent. Le christ gît sur les genoux de sa mère dont la robe s’évase en de multiples plis auxquels fait écho le drapé du périzonium, un putti baise la main du Christ. Le recours au bois est largement délaissé à Marseille vers 1735-1740 au profit de l’emploi du marbre ou du stuc. L’église des Chartreux conserve un exemple intéressant de la statuaire de marbre du dernier quart du XVIIIe, une Vierge dite Vierge du Rosaire dont la tradition veut qu’elle ait été offerte à la chartreuse marseillaise par celle de Villeneuve-lesAvignon. © C. CRÈS ViergedesCalfats ÉgliseSaint-Laurent (XVIIIesiècle) BustedesaintMathieu àl’église deChâteau-Gombert (XVIIIesiècle) NOTE (2) Féret (Brigitte), Le mobilier religieux marseillais à l’époque baroque et rococo, maîtrise sous la direction du professeur André Bourde, université d’Aix-Marseille, 1982 59 LA REVUE COMPLETE BIS 24/11/06 11:07 LeXIXe Page 60 ses points forts. Pour le décor extérieur, il ne saurait être question de passer sous silence la Vierge monumentale dessinée par Lequesne, cette «bonne Mère» emblématique de la ville. Très prolifique à Marseille comme ailleurs en matière de constructions et de statuaires, la Restauration tente de renouer les fils défaits par la Révolution. Il faut attendre le rétablissement du diocèse en 1823 et le renouveau catholique très actif LeXXe dans les années 1850 pour que refleurissent les Ce siècle constitue une évidente rupture pour campagnes d’aménagement sous l’égide de mon- l’art religieux puisque à partir de la promulgation seigneur Mazenod qui fait édifier ou agrandir en- de la loi de 1905 sur la séparation de l’église et viron quarante églises dans la ville. de l’état, l’Eglise si elle se libère de la tutelle de Deux chantiers essentiels vont marquer définiti- l’Etat doit financer elle-même construction et vement la ville. Le premier est l’édification d’une entretien de son patrimoine propre. Les années nouvelle cathédrale, entre 1852 et 1893, dont les 1920 voient en France un renouveau de l’art replans sont donnés par l’architecte Léon Vaudoyer. ligieux dans un contexte jusque là inédit, liberté Architecture inspirée du style romano-byzantin, face à l’Etat et, aussi, volonté d’évangélisation l’édifice étonne tant par sa démesure que par son active des banlieues qui se créent un peu partout décor foisonnant. La sculpture est omniprésente autour des villes. A Marseille, l’église Saintà la façade de l’édifice : au-dessus du porche, une Louis, commencée en 1935, est conçue dans cet rangée d’arcades abrite sept statues figurant le esprit. Edifice novateur dans sa conception, il Christ entre Pierre et Paul, Lazare, considéré associe une architecture techniquement fondée comme le premier évêque de la cité, et la cohorte sur l’usage du béton à un recours aux arts décodes saints locaux, Marthe, Maximin et Marie- ratifs revisités par des techniques et des choix Madeleine, objets consnouveaux. L’architecte tants de la dévotion poJean Sourdeau, pressenti La deuxième grande entreprise pulaire. Aux tympans, par le prêtre Gabriel du siècle est l’édification trois reliefs de marbre Pourtal, doit trouver un de Notre-Dame de La Garde. reprennent des thèmes plan qui s’adapte à la plus habituels de l’icoparcelle donnée en 1933 nographie chrétienne : le couronnement de la par une paroissienne. Il opte pour placer son bâVierge, le symbole de la résurrection, l’agneau timent en oblique face à la rue et choisit un parti mystique et la fontaine de vie. Les sculpteurs em- architectural d’une grande simplicité mais dont ployés ici appartiennent à l’académisme alors en les masses, la coupole et le décor sculpté tranvogue, que ce soit Allar, originaire de Toulon, qui chent nettement sur l’univers d’entrepôts et réalise la Madeleine ou Guillaume. A l’intérieur, d’usines qui l’enserre. Construction et décor ne Auguste Carli propose une sainte Véronique es- sont pas séparés puisque le maître d’œuvre fait suyant la face du Christ, vaste relief qui par ses appel pour la sculpture à Carlo Sarrabezolles, dimensions et son pathos, fournit un bon exem- spécialisé dans la sculpture sur ciment frais, qui ple des productions du moment Enfin, Louis Bo- taille ses œuvres dans la masse avant que n’intertinelly donne les quatre évangélistes, figures mo- vienne la prise définitive. Il propose pour ce pronumentales, aux quatre angles formés par les re- jet un gigantesque ange Gabriel à la couronne tombées des piles supportant la coupole centrale. d’épines sommant le clocher, quant à la façade La deuxième grande entreprise du siècle est sur rue, elle porte un immense Christ en croix l’édification de Notre-Dame de La Garde. Eglise encadré de reliefs de part et d’autre. Cette église d’une grande richesse décorative par les ma- à propos de laquelle il est difficile de dissocier tériaux mis en œuvre, elle fait paradoxalement construction et éléments sculptés ornementaux une part minime à la statuaire finalement peu constitue un témoin fort à Marseille du mouveprésente dans son décor intérieur mais mise en ment de renouveau de l’art religieux et en partiœuvre d’une manière somptueuse. La Vierge culier de l’art statuaire qui parcourt la France de d’argent réalisée par Chanuel constitue l’un de l’Entre-Deux-Guerres. 60 Page 61 Dans les décennies qui suivent, Louis Botinelly fournit la majeure partie des éléments sculptés un peu partout dans les églises de la ville : pour l’église Saint-Louis, il sculpte le relief de SainteFortunée, à Saint-Férréol, une statue de Jeanne d’Arc tandis qu’aux Réformés en 1943, il reprend ce même thème de Jeanne d’Arc, alors fort en vogue, pour le parvis. Les années soixante voient se tarir comme un peu partout en France la sculpture d’église et il faut attendre presque quarante ans pour que de nouveau fleurisse la sculpture dans l’église comme le prouve le Christ en tôle d’acier, œuvre d’une grande force expressive, produit par François Bouché pour l’église Saint-Georges de Marseille. Cette production est révélatrice du regain d’intérêt pour la statuaire dans l’église à Marseille comme un peu partout en France et, tout particulièrement, pour l’art du métal. Bustede saintFerréol àl’église Saint-FerréolLesAugustins XVIIesiècle © CRÈS 11:07 © C. CRÈS 24/11/06 Christ, parFrançoisBouché, égliseSaint-Georges XXesiècle © CRÈS LA REVUE COMPLETE BIS Christ,parLouisBotinelly églisedesRéformés 61