N 152-EXE - L`Essentiel

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N 152-EXE - L`Essentiel
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Chat
SYNTHESE
Races et comportement
Des différences importantes
Dans tous les pays développés, le nombre de chats dépasse celui des chiens. Au Japon, on en compte plus de dix
millions, avec soixante-huit races reconnues par l’American Fanciers Association (nombre variable selon les pays). Au
contraire de ce qui se passe pour le Chien, peu d’études ont été réalisées sur les différences comportementales entre
races. Cette publication émanant de l’Université Vétérinaire de Tokyo permet d’en savoir davantage, au travers d’une
étude menée sur trente animaux et sur la base d’un questionnaire adressé à des vétérinaires praticiens.
Les auteurs, vétérinaires comportementalistes, présentent
en introduction trente cas examinés dans leur service, dont
vingt concernaient des chats de race.
Dix étaient des chats dits « européens » ou « chats de
maison ». Pour les chats de race, le trouble le plus fréquent
est : « agression envers les humains ou les autres chats
du foyer ». On recensait 14 cas dont l’ensemble des
Abyssins (7) amenés en consultation. Viennent ensuite les
éliminations en des lieux inappropriés (4), les troubles
compulsifs (2). Pour les chats européens, les éliminations
intempestives dominent (6).
Davantage d’agressivité
chez les chats de race ?
Onze critères étudiés
Les traits de caractère étudiés sont les suivants : excitabilité, niveau d’activité, comportement ludique, agressivité envers l’Homme, timidité, goût de la nouveauté,
demande d’affection, nervosité, comportement amical,
élimination en des lieux inappropriés. Les vétérinaires ont
noté au moins six items, pour chaque race, selon un score
prédéfini. La méthode statistique employée est décrite par
les auteurs.
Il existe tout d’abord des différences significatives entre
races sauf pour l’élimination en des lieux inappropriés qui
les concerne toutes.
Même si l’échantillon est de taille trop faible pour appliquer des méthodes statistiques, l’impression empirique
des auteurs est l’existence d’une agressivité plus importante chez les chats de race.
Par la suite, quatre-vingt-seize vétérinaires ont été interrogés. Soixante-sept ont répondu. Ils exerçaient en ville,
aux alentours de Tokyo et Osaka et avaient environ 17
ans d’expérience professionnelle.
Douze races étudiées
Les auteurs ont focalisé leur attention sur 12 races parmi
les plus répandues
• Abyssin
• American shorthair
• Chinchilla
• Himalayen
• « Européen »
• Maine coon
• Persan
• Ragdoll
• Bleu russe
• Scottish fold
• Siamois
• Somali
Rappelons que l’Himalayen provient de croisements
Persan/Siamois, alors que le Chinchilla est une variété
de Persan, ces deux races n’étant pas reconnues dans tous
les pays.
L’Abyssin se retrouve classé parmi les races les plus agressives.
Pour les traits de caractère péjoratifs (agressivité envers
l’homme ou les congénères), les scores les plus élevés
concernent : Chinchilla, Abyssin, Siamois et bleu russe.
Chinchilla : un « mauvais caractère » selon les praticiens japonais.
N°152 du 22 octobre au 4 novembre 2009
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SYNTHESE
Il n’existe pas de différences, selon les sexes, pour la
demande d’affection, le goût pour le jeu et la timidité.
est difficile de conclure car beaucoup de vétérinaires n’ont
pas précisé s’il s’agissait de marquage urinaire au sens strict.
En revanche, les mâles sont plus agressifs envers leurs
congénères, plus actifs et à l’affût des nouveautés, plus
excitables. Ils sont pourtant moins nerveux, et, curieusement, moins prompts à la « malpropreté ».
De fortes différences pour l’agressivité
L’étude du génome félin permettra sans doute d’affiner nos connaissances sur la
génétique des comportements.
Le génome du chat étant décrypté, les auteurs jugent
intéressant d’entamer des recherches portant sur la génétique
des comportements dans cette espèce.
J.-P. S.
Le Maine coon n’usurpe pas sa réputation de « nounours » un peu paresseux.
Pour d’autres critères, on observe que les races peu agressives seraient les American shorthair et les « Européens »,
qui sont aussi les plus vifs. Himalayen et Persan sont
très modérément agressifs et manquent nettement de vivacité. Enfin, Maine coon, ragdoll et Scottish fold sont de
loin les moins agressifs et plutôt « paresseux ».
TAKEUCHI (Y) : Behavioral profile of feline breeds in Japan. Journal of Veterinary Medical
Science. 2009. Vol 71, N°8, p 1053-1057.
Enseignements apportés par une étude américaine
Dans une publication parue en 2005, Bamberger et coll.
avaient déjà remarqué des différences raciales dans
l’expression des comportements indésirables, sur un
effectif beaucoup plus important, puisqu’il comprenait
736 animaux présentés à la consultation de l‘Université
Vétérinaire de Cornell. L’agressivité inter ou intraspécifique
comptait pour 36 % des cas, la « malpropreté » au sens
large pour 56,8 %.
Les auteurs n’avaient pratiqué une analyse statistique
que pour les races représentées par au moins 30 cas. Ils
trouvaient une prédisposition significative des Siamois
pour l’ensemble des comportements indésirables avec
une diminution de l’incidence au cours du temps.
Selon les vétérinaires japonais, le Scottish fold figurerait parmi les races les moins
agressives, à l’instar du Maine coon et du ragdoll.
Au total, concluent les auteurs, les races qui cumulent
les traits de caractère les plus favorables pour faire de bons
chats de compagnie sont les « Européens » et American
shorthair alors que les Siamois et bleu russe sont plus
agressifs et plus nerveux.
Concernant l’élimination en des lieux inappropriés, il
L’American domestic shorthair était considéré comme
le chat le plus équilibré, le moins atteint par les affections
comportementales. Les Persans présentaient plus volontiers
des épisodes d’élimination en des lieux inappropriés.
Les chats souffrant de troubles du comportement alimentaire (pica, chats mangeurs de laine) étaient significativement plus jeunes en moyenne (1,5 ans contre 5,5 ans).
Il faut toutefois se rappeler qu’il s’agit d’études forcément
biaisées puisqu’elles concernent des chats référés pour
des troubles complexes ou récidivant que le praticien
généraliste n’est pas parvenu à résoudre.
Sources : BAMBERGER (M) : Signalment factors, comorbidity, and trends in behavior
diagnoses in cats : 736 cases (1991-2001). JAVMA. 2005. Vol 220, N°10, p 1602-1606.
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