N 152-EXE - L`Essentiel
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N 152-EXE 14/10/09 19:31 Page 14 Chat SYNTHESE Races et comportement Des différences importantes Dans tous les pays développés, le nombre de chats dépasse celui des chiens. Au Japon, on en compte plus de dix millions, avec soixante-huit races reconnues par l’American Fanciers Association (nombre variable selon les pays). Au contraire de ce qui se passe pour le Chien, peu d’études ont été réalisées sur les différences comportementales entre races. Cette publication émanant de l’Université Vétérinaire de Tokyo permet d’en savoir davantage, au travers d’une étude menée sur trente animaux et sur la base d’un questionnaire adressé à des vétérinaires praticiens. Les auteurs, vétérinaires comportementalistes, présentent en introduction trente cas examinés dans leur service, dont vingt concernaient des chats de race. Dix étaient des chats dits « européens » ou « chats de maison ». Pour les chats de race, le trouble le plus fréquent est : « agression envers les humains ou les autres chats du foyer ». On recensait 14 cas dont l’ensemble des Abyssins (7) amenés en consultation. Viennent ensuite les éliminations en des lieux inappropriés (4), les troubles compulsifs (2). Pour les chats européens, les éliminations intempestives dominent (6). Davantage d’agressivité chez les chats de race ? Onze critères étudiés Les traits de caractère étudiés sont les suivants : excitabilité, niveau d’activité, comportement ludique, agressivité envers l’Homme, timidité, goût de la nouveauté, demande d’affection, nervosité, comportement amical, élimination en des lieux inappropriés. Les vétérinaires ont noté au moins six items, pour chaque race, selon un score prédéfini. La méthode statistique employée est décrite par les auteurs. Il existe tout d’abord des différences significatives entre races sauf pour l’élimination en des lieux inappropriés qui les concerne toutes. Même si l’échantillon est de taille trop faible pour appliquer des méthodes statistiques, l’impression empirique des auteurs est l’existence d’une agressivité plus importante chez les chats de race. Par la suite, quatre-vingt-seize vétérinaires ont été interrogés. Soixante-sept ont répondu. Ils exerçaient en ville, aux alentours de Tokyo et Osaka et avaient environ 17 ans d’expérience professionnelle. Douze races étudiées Les auteurs ont focalisé leur attention sur 12 races parmi les plus répandues • Abyssin • American shorthair • Chinchilla • Himalayen • « Européen » • Maine coon • Persan • Ragdoll • Bleu russe • Scottish fold • Siamois • Somali Rappelons que l’Himalayen provient de croisements Persan/Siamois, alors que le Chinchilla est une variété de Persan, ces deux races n’étant pas reconnues dans tous les pays. L’Abyssin se retrouve classé parmi les races les plus agressives. Pour les traits de caractère péjoratifs (agressivité envers l’homme ou les congénères), les scores les plus élevés concernent : Chinchilla, Abyssin, Siamois et bleu russe. Chinchilla : un « mauvais caractère » selon les praticiens japonais. N°152 du 22 octobre au 4 novembre 2009 14 N 152-EXE 14/10/09 19:31 Page 16 Chat SYNTHESE Il n’existe pas de différences, selon les sexes, pour la demande d’affection, le goût pour le jeu et la timidité. est difficile de conclure car beaucoup de vétérinaires n’ont pas précisé s’il s’agissait de marquage urinaire au sens strict. En revanche, les mâles sont plus agressifs envers leurs congénères, plus actifs et à l’affût des nouveautés, plus excitables. Ils sont pourtant moins nerveux, et, curieusement, moins prompts à la « malpropreté ». De fortes différences pour l’agressivité L’étude du génome félin permettra sans doute d’affiner nos connaissances sur la génétique des comportements. Le génome du chat étant décrypté, les auteurs jugent intéressant d’entamer des recherches portant sur la génétique des comportements dans cette espèce. J.-P. S. Le Maine coon n’usurpe pas sa réputation de « nounours » un peu paresseux. Pour d’autres critères, on observe que les races peu agressives seraient les American shorthair et les « Européens », qui sont aussi les plus vifs. Himalayen et Persan sont très modérément agressifs et manquent nettement de vivacité. Enfin, Maine coon, ragdoll et Scottish fold sont de loin les moins agressifs et plutôt « paresseux ». TAKEUCHI (Y) : Behavioral profile of feline breeds in Japan. Journal of Veterinary Medical Science. 2009. Vol 71, N°8, p 1053-1057. Enseignements apportés par une étude américaine Dans une publication parue en 2005, Bamberger et coll. avaient déjà remarqué des différences raciales dans l’expression des comportements indésirables, sur un effectif beaucoup plus important, puisqu’il comprenait 736 animaux présentés à la consultation de l‘Université Vétérinaire de Cornell. L’agressivité inter ou intraspécifique comptait pour 36 % des cas, la « malpropreté » au sens large pour 56,8 %. Les auteurs n’avaient pratiqué une analyse statistique que pour les races représentées par au moins 30 cas. Ils trouvaient une prédisposition significative des Siamois pour l’ensemble des comportements indésirables avec une diminution de l’incidence au cours du temps. Selon les vétérinaires japonais, le Scottish fold figurerait parmi les races les moins agressives, à l’instar du Maine coon et du ragdoll. Au total, concluent les auteurs, les races qui cumulent les traits de caractère les plus favorables pour faire de bons chats de compagnie sont les « Européens » et American shorthair alors que les Siamois et bleu russe sont plus agressifs et plus nerveux. Concernant l’élimination en des lieux inappropriés, il L’American domestic shorthair était considéré comme le chat le plus équilibré, le moins atteint par les affections comportementales. Les Persans présentaient plus volontiers des épisodes d’élimination en des lieux inappropriés. Les chats souffrant de troubles du comportement alimentaire (pica, chats mangeurs de laine) étaient significativement plus jeunes en moyenne (1,5 ans contre 5,5 ans). Il faut toutefois se rappeler qu’il s’agit d’études forcément biaisées puisqu’elles concernent des chats référés pour des troubles complexes ou récidivant que le praticien généraliste n’est pas parvenu à résoudre. Sources : BAMBERGER (M) : Signalment factors, comorbidity, and trends in behavior diagnoses in cats : 736 cases (1991-2001). JAVMA. 2005. Vol 220, N°10, p 1602-1606. N°152 du 22 octobre au 4 novembre 2009 16