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# 38
Mai 2002
SPACE
CONNECTION
DOSSIER Engins spatiaux miniatures
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Space Connection # 38
Mai 2002
Sommaire
Dossier : Engins spatiaux miniatures
03
La place dans l'espace du tout petit, du tout léger
05
La révolution discrète de l'ultra-miniaturisation
06
OSCAR, lettres de noblesse de la miniaturisation spatiale
07
PROBA-1, premier micro-satellite belge au service
de l'Europe et des jeunes
10
Une université britannique, championne des micro-satellites!
12
Uosat, MOSAIC, Beagle-2, HAND :
les Anglais font mini dans l'espace
14
L'Europe autour de la Lune avec Smart-1
15
Myriade : filière française pour une variété de micro-satellites
16
Ces petits robots qui vont là où l’Homme ne peut aller...
18
Faut-il un lanceur spécifique pour les petits satellites ?
20
USA : microsatellites universitaires pour des missions
de service public
21
Tableau des micro- et mini-satellites (1995-2005)
dans les pays neufs et en développement
25
Rendez-vous sur le web avec les petits de l'espace
27
Au quatrième Spot, l’heure de Végétation
31
Les grandes oreilles de Redu
33
Actualités
Space Connection # 38
Mai 2002
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Introduction
Services fédéraux des affaires
scientifiques, techniques
et culturelles (S.S.T.C.)
Space Connection est une lettre
d’information éditée par les Services
fédéraux des affaires scientifiques,
techniques et culturelles (S.S.T.C.)
contenant des informations sur les
réalisations récentes dans le domaine
spatial. Cette lettre d’information
s’adresse a tous les passionnés de
l’espace et en particulier aux jeunes.
La place dans l'espace
du tout petit,
du tout léger
L’astronautique vit à l’heure des extrêmes. L’habitacle de l’ISS (International Space
Station) prend forme autour de la Terre avec des modules et des équipements de
plusieurs tonnes, à coups de milliards d’euros. Par ailleurs, la miniaturisation poussée des systèmes spatiaux permet des missions dans l’espace avec des automates
moins coûteux, plus petits et plus légers. Les possibilités offertes par ces derniersnés de l’espace sont surprenantes, notamment pour une vision en continu du globe
Comment obtenir gratuitement
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Envoyez vos nom et adresse à la :
Cellule e-info
Secrétariat général
S.S.T.C.
Rue de la Science, 8
1000 Bruxelles
ou envoyez un e-mail à
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http://www.belspo.be
terrestre et pour l’exploration in situ des corps célestes.
Alors que l’Europe, les Etats-Unis, la Russie, l’Ukraine, la Chine, le Japon et l’Inde
se livrent à une surenchère commerciale en développant des fusées de plus en plus
puissantes pour transporter sur orbite de poids lourds destinés aux télécommunications, aux applications multimédia et aux observations de la Terre, on voit se développer une technologie, de plus en plus performante, d’engins spatiaux miniatures.
Ceux-ci sont moins coûteux à réaliser, car leurs équipements, s’ils sont à adapter à
l’environnement de l’espace, sont le plus souvent disponibles sur le marché. Vu leur
faible masse, la mise sur orbite se révèle plus économique et leur encombrement
Editeur responsable:
Ir. Eric Beka
Secrétaire général des S.S.T.C.
réduit ; cela permet d’en lancer plusieurs à la fois.
Ces petits de l’espace peuvent
Rédaction:
Cellule e-info
Secrétariat général
S.S.T.C.
Rue de la Science, 8
1000 Bruxelles
Collaboration extérieure:
Benny Audenaert, Paul Devuyst,
Christian Du Brulle, Théo Pirard
(dossier), Steven Stroeykens.
Coordination:
Patrick Ribouville
Gestion des abonnements:
Ria D’Haemers
e-mail: [email protected]
Photo de couverture:
Le petit Simplesat évoluant au-dessus
du Lac Michigan vient d’être éjecté
de la soute de la navette spatiale
(août 2001). (NASA/JSC)
Numéro 38 - Mai 2002
rendre une variété de services :
collecte de données, prise
d’images, relais de messages,
mesures dans le milieu spatial,
essais de nouvelles technologies... Sous la forme de sondes
interplanétaires ou d’automates à
Le Sojourner a roulé sur Mars durant l’été 1997.
(NASA/KSC)
la surface des astres, ils contribuent à l’exploration du système
solaire dans le cadre de la stratégie faster, better, cheaper (plus vite, mieux, moins
cher) lancée par la NASA. L’opération la plus spectaculaire, au cours de l’été 1997,
fut la réussite du petit véhicule “Sojourner” de 10,5 kg : des internautes furent les
témoins des ébats de ce micro-robot à six roues électriques sur le sol rocailleux de
Mars! Il est question de se servir d’automates miniaturisés comme aides aux astronautes et cosmonautes à bord de l’ISS, pour des activités d’inspection, pour des
mesures de son environnement, pour de délicates expériences en microgravité... 0
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Juin
2001
L’AERcam Sprint évolue au-dessus du Space Shuttle. Il doit constituer
une aide pour les astronautes et a été testé en décembre 1997. (NASA/JSC)
L’intérêt pour les engins spatiaux
et de techniciens peuvent se
de petite taille et de faible
familiariser, se former à la réali-
masse ne cesse pas de grandir.
sation et à l’exploitation de sys-
Dès les années 60, des groupes
tèmes dans l’espace.
de radio-amateurs, des centres
universitaires, des laboratoires
La prolifération des petits satel-
militaires ont montré la voie en
lites pose aussi plusieurs pro-
mettant au point de petits satel-
blèmes. La pollution de l’espace
lites à des fins technologiques.
avec des engins dont la sur-
Dans la foulée, des petites et
veillance et la détection sont dif-
moyennes entreprises ont pris
ficiles fait courir des risques aux
forme dans le but de commercia-
vaisseaux habités et aux observa-
liser des plates-formes légères et
toires de grandes dimensions et
compactes qui permettent la réa-
de haut prix. Une autre menace
lisation de satellites “sur
concerne la population terrestre.
mesure”. Ce sont par ailleurs des
Le transfert des technologies
missions “prêtes à l’emploi” avec
pour les petits satellites, le coût
des équipements peu complexes,
peu élevé de leur déploiement en
via des connexions du type
constellations, l’apparente facilité
Internet. Ainsi des nations en
de leur mise en oeuvre font
développement ont trouvé l’occa-
craindre la dissémination autour
sion d’avoir accès à la dimension
de la Terre de moyens de commu-
spatiale en disposant de petits
nications et d’observation qui
budgets et sans courir trop de
peuvent être contrôlés par des
risques. Des équipes d’ingénieurs
réseaux terroristes!
Le doyen des engins sur orbite :
le microsatellite américain
“Pamplemousse”
Surpris par l’Union Soviétique avec les
Vanguard-1, qui a fonctionné grâce à
lancements des premiers satellites
ses cellules solaires jusqu’en 1964, a
Spoutnik, les Etats-Unis ont mis les
mis en évidence le fait que notre Terre
bouchées doubles afin de sauver leur
n’était pas une sphère parfaite mais
honneur. En 1957, l’US Navy préparait
qu’elle avait la forme d’une poire, à
sa petite fusée à trois étages Vanguard
cause de ses forces internes de convec-
pour mettre sur orbite une boule de
tion. La mission des trois micro-satel-
1,47 kg et d’un diamètre de 0,16 m,
lites Vanguard qui purent être satellisés
surnommée “Pamplemousse”. C’est à
est estimée avoir coûté quelque
son troisième essai, en 1958, qu’elle a
125.000 dollars de l’époque. Un site
réussi à lancer ce micro-satellite entre
Internet suédois consacré à Vanguard-1
654 et 3.968 km. Sur cette orbite,
vous donne en permanence le nombre
Vanguard-1 en a pour au moins deux
de kilomètres et d’orbites parcourus par
siècles de vie spatiale !
le doyen des satellites artificiels.
Pamplemousse, alias Vanguard-1, est le doyen des satellites dans l’espace. (NRL)
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Dossier Engins spatiaux miniatures
Le mini-satellite argentin SAC-A. (NASA/JSC)
La révolution discrète
de l’ultra-miniaturisation
Au même titre que les ordina-
et de prévoir le déclenchement
recherche commune, celle de la
6e
Programme-
Cet univers pratiquement invi-
teurs, les caméras, les mobilo-
de séismes. Les phénomènes et
molécule. Dans le
phones ou les implants électro-
ressources terrestres peuvent
cadre de Recherche et Dévelop-
gents est appelé, grâce à leur
sible des micro-systèmes intelli-
niques, les équipements de
être observés de façon détaillée
pement de l’Union Européenne
rôle dans les missions spatiales,
télécommunications et de navi-
(avec une haute résolution) au
pour la période 2002-2006, les
à faire naître une variété de
gation deviennent à la fois plus
moyen de senseurs optiques
nanotechnologies sont considé-
retombées pour les équipements
compacts et plus performants.
(multispectraux, hyperspectraux)
rées comme une priorité-clé.
terrestres, la vie quotidienne, le
et de systèmes radar qui équi-
Elles concernent les procédés de
corps humain... IMEC (Indepen-
Les systèmes spatiaux sont donc
pent des mini-satellites. Il est
fabrication de matériaux extrê-
dent Microelectronics research &
atteints par les défis technolo-
question, par ailleurs, de se ser-
mement légers et de micro-sys-
development Center), implantée
giques de l’ultra-miniaturisation.
vir de nano-satellites manoeu-
tèmes intelligents.
à Louvain est devenu un acteur
Ces progrès sont particulièrement
vrables pour l’inspection de
sensibles sur les sondes qui
débris spatiaux qui peuvent être
Parmi les nanotechnologies dont
explorent les astres du système
produits en grande série et au
les progrès auront un impact sur
Maîtrisant la technologie des
solaire: il s’agit d’économiser la
moindre coût.
la conception des satellites
semi-conducteurs à hautes per-
futurs :
formances, il conçoit et produit
• les nanotubes en carbone
des micro-circuits “sur mesure”
primordial dans la révolution de
masse à lancer et de rentabiliser
la micro-électronique en Europe.
la puissance à bord grâce à
Le Surrey Space Centre
l’emploi intensif de micro-méca-
(Royaume-Uni) a établi cette
devraient permettre d’accroître
pour les systèmes d’information,
nismes électroniques et optiques.
classification des satellites
jusqu’à 100 fois la surface por-
de communications, de détec-
(voir tableau ci-dessous).
teuse des électrodes sur des
tion. IMEC a notamment parti-
structures extrêmement légères;
cipé à la réalisation de micro-
Le déploiement de satellites
miniaturisés offre la possibilité
La tendance à miniaturiser les
de suivre les évolutions du chan-
systèmes à bord va se poursuivre,
Integrated Microinstruments),
délicat déploiement de satellites
gement global, de comprendre
tirant parti de l’approche multi-
les MEMS (Micro-Electro-Mecha-
sur orbite. De son côté, Alcatel
disciplinaire des nanotechnolo-
nical Systems), les MOEMS
ETCA à Charleroi, maîtrise la pro-
gies. Celles-ci représentent la
(Micro-Opto-Electro-Mechanical
duction de nano-circuits hybrides
convergence des activités de la
Systems) servent à envisager
qui entrent dans la réalisation de
physique, de la chimie et de la
des engins spatiaux qui pour-
sous-systèmes d’alimentation
biologie sur une frontière de
raient tenir dans une main!
électrique pour satellites.
La société Orbital Sciences Corporation
a produit les micro-satellites de la
constellation Orbcomm de messagerie
globale. Ces huit satellites ont la forme de
galettes et peuvent être lancés en une fois
par une fusée aéroportée Pegasus. (OSC)
• les ASIM (Application Specific
caméras qui ont montré le
Classe de satellite
Masse sur orbite
Coût récurrent de réalisation
Grand satellite
> 1 tonne
> 150 millions euros
Petit satellite
de 500 kg à 1 tonne
de 50 à 150 millions euros
Mini-satellite
de 100 à 500 kg
de 10 à 40 millions euros
Micro-satellite
de 10 à 100 kg
de 3 à 8 millions euros
Nano-satellite
de 1 à 10 kg
de 300.000 à 2 millions euros
Pico-satellite
< 1 kg
< 300.000 euros
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Dossier Engins spatiaux miniatures
OSCAR, lettres de noblesse
de la miniaturisation spatiale
OSCAR est l’abréviation de Orbiting Satellite Carrying Amateur Radio. C’est le nom donné à des
satellites compacts qui sont conçus et construits par des radio-amateurs à travers le monde.
La fusée russo-ukrainienne Zenit 2 a mis sur orbite
en 1998 des micro-satellites pour l’Allemagne, Israël,
le Chili, la Thaïlande.. ainsi qu’une petite charge belge
pour relayer des messages.. Ils étaient fixés sur la
structure du satellite russe de télédétection
Resurs-01. (OHB)
naître une famille à l’échelle mondiale,
Research Laboratory fait partie d’une initia-
connue sous le nom d’organisation AMSAT.
tive éducative Students of the World: cette
Cette famille a mis en oeuvre des engins
sphère de 90 kg est une balise qui donne
spatiaux destinés à tester de nouveaux sys-
des informations sur son comportement en
tèmes de transmissions entre les radio-ama-
orbite. Le Sapphire (Stanford AudioPhonic
teurs du monde entier: une quarantaine
Photographic InfraRed Experiment) d’à peine
d’OSCAR, avec une masse entre 10 et
20 kg, réalisé par la Stanford University, est
100 kg, ont vu le jour, le plus souvent avec
également destiné aux étudiants: il teste
des fonds privés. Ceci a permis des avancées
des détecteurs dans l’infrarouge, une caméra
technologiques, comme la compression
numérique et un synthétiseur vocal.
numérique des communications, le traitement à bord des signaux, l’emploi des ondes
ultra-courtes...
Les derniers en date sont trois micro-satellites mis sur orbite en septembre 2001
O
SCAR-1, d’une masse de 4,5 kg, était
depuis la base de Kodiak (Alaska). Le PCsat
placé sur orbite en 1961; il s’agissait
de l’U.S. Naval Academy d’Annapolis (Mary-
d’une simple balise radio sur batteries qui
land) est un micro-satellite de moins de
avait été réalisée par un groupe californien.
20 kg qui permet des communications per-
Dans son sillage, les lancements d’autres
sonnelles au moyen de terminaux portables
petits satellites amateurs allaient faire
et mobiles. Le Starshine 3 (*) du Naval
La société allemande OHB-System a mis au point ce
micro-satellite SAFIR-2 de messagerie. Lancé par une
fusée russo-ukrainienne Zenit 2 le 10 juillet 1998, il est
l’objet d’une exploitation commerciale. (OHB)
Mimosa, microsatellite tchèque
A la fin de 2002, une fusée russe Rockot lancera deux micro-satellites. L’un de fabrication canadienne est le microsatellite d’astronomie
MOST (Microvariability and Oscillations of Stars), se présentant comme un attaché-case de 60 kg. Il sera capable de pointer un télescope
miniaturisé de 0,15 m d’ouverture sur des étoiles pendant plusieurs semaines. Sa sensibilité et sa stabilité rendront possible l’analyse continue des pulsations d’étoiles identiques à notre Soleil. L’autre micro-satellite de 66 kg, baptisé MIMOSA (MicroMeasurements Of Satellite Acceleration), doit étudier sur une orbite elliptique la traînée atmosphérique et les forces non-gravitationnelles. L’ESA qui collabore avec l’Académie tchèque des Sciences pourrait réaliser des missions peu coûteuses avec des micro-satellites qui seraient dérivés du MIMOSA. Surtout que
la Tchéquie contribue (encore modestement) à des activités de L’ESA.
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Dossier Engins spatiaux miniatures
PROBA-1 premier micro-satellite
belge au service de
l’Europe et des jeunes
Le 22 octobre, sur l’île de Sriharikota
Une équipe de la firme Verhaert a vécu l’heu-
(en Inde, au Nord de Madras), s’envole la
reux événement sur la base de Sriharihota.
fusée indienne PSLV-C3 (Polar Satellite
Jo Bermyn, le chef de la mission PROBA, en
Launch Vehicle). Ce lancement, effectué
fait partie: “Ce lancement nous a été proposé
par l’ISRO (Indian Space Research Organi-
par Antrix, la filiale d’ISRO, au prix intéressant
sation), du satellite-espion TES serait
de 850.000 dollars. Nous avons eu droit à des
passé inaperçu... Mais, sous la coiffe se
services d’un grand professionnalisme de la
trouvait le premier satellite belge :
part des ingénieurs et techniciens indiens qui
PROBA-1, l’abréviation de Project for
n’ont pas ménagé leurs efforts.”
On-Board Autonomy, un micro-satellite de
94 kg destiné à l’ESA et réalisé par la
Une heure et demie plus tard, la station de
société Verhaert Design & Development
Kiruna en Suède confirme la bonne satelli-
de Kruibeke (près d’Anvers).
sation de PROBA-1. Quand le centre de
contrôle de Redu (Province de Luxembourg)
PROBA comme il est installé sur la plateforme de
charge utile de la fusée indienne PSLV. (Verhaert)
L
es quatre étages du lanceur fonctionnent
entre en contact avec l’engin spatial belge,
l’ESA a passé avec la société Verhaert
conformément au plan de vol. Son
on jubile à Kruibeke. Le résultat de trois
Design & Development permet à celle-ci de
deuxième étage est propulsé par la variante
années d’efforts se trouve à pied d’oeuvre
se positionner comme systémier d’instru-
indienne du moteur Viking de la fusée
autour de la Terre. “C’est le plus gros des
ments spatiaux et de satellites complets.
Ariane 4. Sa séparation intervient 280
micro-satellites et c’est le plus petit des mini-
secondes après le décollage, à l’altitude de
satellites”, commente Paul Verhaert, chef de
240 km. Avec le troisième étage à poudre,
l’entreprise qui l’a réalisé. Au sourire rayon-
puis avec le quatrième à propulsion biliquide,
nant, il peut être fier de son nouveau-né sur
c’est une orbite circulaire à 568 km qui est
orbite. La Belgique a, en février 1998, pro-
nouvelle stratégie de l’ESA, qui s’inspire de
atteinte avec la précision désirée. Le satellite
posé à l’ESA ce projet de micro-satellite
la politique faster, better, cheaper que Daniel
TES de l’ISRO (1 tonne), puis le micro-
automatisé dans le cadre du programme
Goldin, l’administrateur de la NASA (de 1992
satellite allemand BIRD (Bispectral Infrared
technologique GSTP (General Support Tech-
à 2001), a appliquée à l’industrie américaine
Remote Detection) du DLR (Deutsche Zentrum
nology Programme), via un financement des
pour lancer dans le système solaire d’ambi-
für Luft- und Raumfahrt) (92 kg) sont éjec-
SSTC (Services fédéraux des affaires scienti-
tieuses missions à moindres frais et à courts
tés. Pour PROBA-1, il faut encore patienter
fiques, techniques et culturelles). La Région
délais. PROBA, avec sa forme de cube
une dizaine de minutes. Le temps que les
flamande a largement participé à la réalisa-
allongé (0,80 x 0,60 x 0,60 m), est bel et
moteurs de contrôle d’attitude du quatrième
tion de ce petit satellite dont la plate-forme
bien le prototype d’une filière de petits
étage soient remis en marche afin de réaliser
intelligente assure une autonomie complète
satellites bon marché. Son concept répond à
une orbite allongée entre 570 et 638 km.
pour sa mission spatiale. Le contrat que
la méthodologie COTS (Commercial Off-The-
Sur le modèle faster, better, cheaper
La réalisation de PROBA s’inscrit dans une
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Shelf) avec l’utilisation de composants commerciaux sur étagère. PROBA constitue par
ailleurs un banc d’essais pour la technologie
MEMS (Micro-Electro-Mechanical Systems) des
micro-systèmes électro-mécaniques. Sa
plate-forme, dite intelligente, est équipée
d’un ordinateur de bord avec une mémoire
de masse (1 GBit) et des processeurs à
hautes performances. D’après l’ESA, son
système informatique est cinquante fois plus
puissant que celui de son satellite SOHO
(Solar and Heliospheric Observatory), qui est
pointé vers le Soleil depuis décembre 1995.
“La forme compacte de Proba,” explique Piet
Les préparatifs de PROBA-1 dans les installations de Verhaert à Kruibeke, près d’Anvers. (Verhaert)
Holbrouck, Directeur du Département Espace
de Verhaert, “permet un encombrement mini-
Un robot avec triple vue,
odorat et toucher
Monitoring) et à un senseur de poussières
miniaturisés pour l’autonomie en vol et pour
PROBA-1 est constitué, pour 25 kg - soit plus
sur les caractéristiques des flux de rayonne-
le contrôle d’attitude de Proba.” Le microsa-
d’un quart de sa masse - d’une charge utile
ment et de particules autour des pôles.
tellite est capable d’un pointage fin vers la
qui comprend trois “yeux” (un spectromètre,
surface terrestre grâce à des senseurs stel-
deux caméras), des détecteurs de rayonne-
L’investissement de PROBA-1 est estimé à 15
laires, au moyen d’un récepteur GPS (Global
ments et de poussières. Cette instrumentation
millions euros pour l’ensemble de la mission,
mal à bord de la fusée indienne PSLV. Il a
nécessité l’emploi de systèmes high-tech
DEBIE (Debris In orbit Evaluator). Ces équipements fourniront des données précieuses
Positioning System), à l’aide de 2 magnéto-
miniaturisée doit permettre une double mis-
le lancement et l’équipement au sol compris.
mètres, 4 barres magnétisables, 4 roues à
sion à des fins scientifiques et éducatives:
Une bonne partie représente le coût de déve-
réaction ou gyroscopes miniatures... Il
• une activité de télédétection qui utilise
loppement de la nouvelle plate-forme pour
convient particulièrement bien pour des
deux types d’instruments de prises de vues
micro-satellites. Sur son orbite quasi-polaire,
observations précises, à haute résolution, de
avec des senseurs CCD. L’instrument principal
PROBA-1 aura à démontrer ses possibilités de
régions du globe. Un autre atout de PROBA
est le CHRIS (Compact High Resolution Ima-
vol autonome pendant au moins deux
est l’accès via Internet à ses instruments
ging Spectrometer). Ce spectromètre, que
années. Durant le premier semestre, il sera
scientifiques. Ainsi, les équipes de cher-
l’on peut qualifier d’hyperspectral, visionnera
mis à la disposition de l’ESA pour son pro-
cheurs et des groupes d’étudiants qui ont
la surface terrestre en tranches de 19 km
gramme d’innovations technologiques. Mais
proposé des expériences, peuvent adresser
avec une résolution de 25 m dans 63 bandes
les SSTC ont prévu des activités de recherche
des commandes et obtenir des résultats grâce
spectrales, allant du visible au proche infra-
gérées avec la participation belge au pro-
à un serveur au centre de contrôle de Redu.
rouge. Deux micro-caméras noir & blanc, réa-
gramme européen Prodex, avec le support
lisées par OIP Sensor Systems, fourniront des
technique du B.USOC (Belgian User Support
C’est un consortium international dirigé par
images avec grand angle (40 x 31 degrés
and Operation Centre). Le tableau ci-contre
Verhaert Design & Development qui a conçu
comme champ de vision) et montrant des
détaille les activités approuvées par l’ESA.
et construit PROBA. Des entreprises belges y
détails de l’ordre de 10 m. PROBA, par sa
ont collaboré: Spacebel de Hoeilaart avec
capacité d’observation à différentes échelles
Le contrôle est assuré depuis la station ESA
les logiciels embarqués du traitement à bord
et par ses liaisons en mode d’accès Internet,
de Redu : le petit terminal en bande S
des données, Space Applications Services de
se prête bien à des observations urgentes
(2,5 GHz) avec une parabole orientable de
Zaventem pour la station et les opérations
pour une assistance humanitaire;
2,4 m, l’équipement pour les tests et le
au sol depuis Redu, OIP Sensor Systems
• l’étude “in situ” de l’environnement
contrôle sur orbite ont été installés par
d’Oudenaarde pour les caméras haute résolu-
spatial qui recourt à un détecteur de radia-
Space Applications Services, avec l’aide
tion et grand angle.
tions SREM (Space Radiation Environment
technique de VitroCiset. PROBA-1 sera dans
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GMES (Global Monitoring for Environment
KUL (Katholieke Universiteit Leuven)- Développement d’indicateurs hyperspectraux
Département de gestion du territoire des changements des conditions forestières,
analyse de la texture de la canopée
et de la sécurité.
KUL (Katholieke Universiteit
Leuven) -Laboratoire d’hydraulique
Télédétection hyperspectrale de sédiments
en suspension dans les eaux côtières
A la portée de groupes d’élèves
MUMM (Management Unit of the
North Sea Mathematical Models)
Cartographie de la chlorophylle présente dans les eaux
côtières par la spectrométrie d’images satellitaires
RUG (Universiteit Gent)
-Laboratoire d’hydrologie
et de gestion des eaux
Assimilation des données d’évaporation détectées
à distance pour l’étude du transfert
atmosphère-sol-végétation
les autorités fédérales et régionales belges
VITO (Vlaamse Instelling
voor Technologische Onderzoek)
Recherche de propriétés biophysiques de la fonction
de réflectance bidirectionnelle au moyen de CHRIS
sous la conduite de professeurs, ont été invi-
UCL (Université Catholique
de Louvain)
Reconnaissance des essences forestières,
science environnementale et planning
d’utilisation des terrestres
and Security) au service de l’environnement
En coopération avec l’Euro Space Foundation,
ont lancé le concours Eduproba dans l’enseignement secondaire. Des groupes d’élèves,
tés à concevoir des expériences qui pourraient être réalisées avec PROBA-1 et à en
devenir les utilisateurs. Six écoles dans la
Communauté française et neuf dans la Communauté flamande ont mis en place des
le champ de visibilité de Redu quatre fois
et moyennes entreprises pour les systèmes
groupes de travail et fait des propositions
par jour pendant dix minutes. Les opérations
spatiaux. D’ores et déjà, une version amélio-
pour participer à l’exploitation de PROBA-1.
de collecte de données et de chargement
rée avec PROBA-2 retient l’attention de
A l’Euro Space Center de Transinne-Libin (non
d’ordres, via une liaison Internet, seront
l’ESA. Nouveau défi : la moitié de la masse
loin de la station ESA de Redu), quelque 300
automatisées.
de ce microsatellite consistera en la charge
élèves ont suivi, en février 2001, un stage de
utile. Un appel à propositions d’expériences
formation Eduproba; pendant trois jours en
est lancé pour une mission prévue à partir
classe de l’espace, ils ont pu perfectionner
de 2004. La mission ARGUS (Advanced Reso-
leurs connaissances des systèmes spatiaux
Piet Holbrouck, directeur général de
lution Generated Using Small Satellites),
et, pour leur projet, se faire expliquer par les
Verhaert, est conscient des nombreux efforts
pour des prises de vues avec une résolution
ingénieurs de la société Verhaert le fonction-
Une affaire... à suivre
en recherche et développement qu’il a fallu
de 1 m, est à l’étude. Elle pourrait être réa-
nement du micro-satellite. La plupart des
consentir pour ce projet: “Le résultat est là :
lisée dans le cadre d’une constellation euro-
propositions concernent l’emploi de PROBA-1
notre plate-forme Proba a plusieurs années
péenne de petits satellites pour l’initiative
pour des travaux de télédétection spatiale.
d’avance sur ses concurrentes grâce à son
autonomie de vol, sa stabilisation trois axes,
son accessibilité via Internet. Nous attendons
beaucoup du fonctionnement en orbite de
notre premier satellite pour donner suite à
des contacts que nous avons déjà eus pour
d’autres missions. Un second exemplaire,
assez identique au premier, pourra être réalisé en un an en vue d’un service opérationnel.” Un tel micro-satellite a été discuté
dans le cadre d’activités nouvelles de la
coopération spatiale belgo-russe.
La société Verhaert - qui emploie 170 personnes dont près d’une centaine pour son
“Space Business Unit” - est à la recherche
d’un partenariat commercial dans le
contexte européen d’une alliance des petites
Le premier micro-satellite belge a fait l’objet de tous les soins chez Verhaert. (Th.P./SIC)
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Dossier Engins spatiaux miniatures
Une université
britannique, championne
des micro-satellites !
L’Université de Surrey (au Sud de l’Angleterre) compte 2.000 professeurs
et chercheurs et accueille quelque 10.000 étudiants qui proviennent
d’une centaine de pays. Cette université privilégie la recherche dans les
techniques avancées et le partenariat technologique avec l’industrie.
Martin Sweeting, le fondateur
du Surrey Space Centre. La plateforme UoSat a servi à ce microsatellite HealthSat-2 pour le réseau
de communications HealthNet de
l’organisation américaine SatelLife.
HealthSat-2 a été lancé par une
Ariane 4 en 1993. (SSTL)
S
on fleuron de renommée internationale
ment gratuit de la NASA. Le petit Uosat-1 fut
est le Surrey Space Centre qui est dirigé
finalement assembé avec des composants
par le Professeur Martin Sweeting et qui
sous la main, puis testé de façon artisanale.
Uosat-2, assez identique au premier, fut réa-
emploie 135 chercheurs, ingénieurs, techni-
En 1981, ce premier micro-satellite britan-
lisé en six mois. Lancé en 1984, il fut le pre-
ciens et étudiants. Grâce à son programme
nique était lancé à 550 km d’altitude de la
mier satellite à stocker et à relayer la messa-
Uosat pour la réalisation de petits satellites,
base de Vandenberg (Californie). Transmises à
gerie électronique. Après 17 années de
ce centre est le champion des systèmes
l’aide d’un synthétiseur de voix que contrôlait
fonctionnement, il continue à remplir une
miniaturisés sur orbite, même à des fins mili-
un ordinateur de bord, ses données pouvaient
mission éducative. A partir des Uosat-3
taires: son savoir-faire a été honoré par le
être reçues dans les écoles avec des équipe-
et Uosat-4, satellisés en 1990 avec une
Ministère français de la Défense (micro-satel-
ments portables d’un faible coût. Uosat-1
Ariane 4, c’est une plate-forme modulaire qui
lites Cerise) et par l’US Air Force (Picosat).
fonctionna pendant huit années jusqu’à sa
est mise en oeuvre. Le Professeur Sweeting
rentrée dans l’atmosphère.
a créé en 1985, au sein de l’Université, la
L’espace à bas prix
L’Université de Surrey a démarré ses activités
spatiales, il y a un quart de siècle, de façon
assez modeste. Uosat fut l’aventure et l’affaire
de Martin Sweeting, jeune étudiant en 1974.
Il équipa un laboratoire en une station
capable de capter et traiter les signaux des
satellites météorologiques et radio-amateurs.
Son initiative, à cause de son caractère pluridisciplinaire, attira l’attention des autorités
académiques. En 1978, il conçut le projet
audacieux de réaliser un micro-satellite.
Ayant constitué une équipe avec une douzaine de chercheurs, techniciens et étudiants,
il se mit à la recherche d’un financement et
d’un soutien industriel. Il réussit à obtenir
des aides pour 220.000 livres, ainsi qu’un
espace de travail à l’université et un lance-
A la fin de 1998, le Surrey Space Centre préparait en parallèle trois satellites différents: de gauche à
droite, le micro-satellite Picosat de l’US Air Force (lancé en août 2001), le micro-satellite Tiungsat pour
la Malaisie (en août 2000) et le mini-satellite UoSat-12 de télédétection et de télécommunications
(en avril 1999). (SSTL)
Space Connection # 38
Mai 2002
1
1
Les satellites en développement
au SSTL (2002-2005)
société Surrey Satellite Technology Limited
SATELLITE
(Client, pays)
Caractéristiques de
la mission (orbite)
Etat d’avancement du programme
(lancement prévu)
BILTENSAT (TUBITAK/
BILTEN, Turquie)
Mission de télédétection en mode
panchromatique – 12 m de
résolution - et multispectrale
– 26 m (orbite polaire à 650 km)
MS amélioré de 100 kg (fin 2002)
“NANOSAT”
(US Air Force, USA)
Mission militaire du type Geosat
(orbite polaire ?)
Deux nano-satellites dérivés
du SNAP-1 (2003 ?)
DMC UK
(BNSC, Royaume-Uni)
Disaster Monitoring Constellation
pour l’observation - 32 m de
résolution – des catastrophes
(orbite polaire à 772 km)
MS de 70 kg avec quatre autres
(voir ci-dessous) pour former
une constellation (début 2003)
DMC Algeria ou
ALSAT-1 CNTS, Algérie)
Disaster Monitoring Constellation
(orbite polaire à 772 km)
MS de 80 à 100 kg d’une constellation
internationale (début 2003)
Disaster Monitoring Constellation
(orbite polaire à 772 km)
MS de 80 à 100 kg d’une constellation
internationale (début 2003)
se situe aux environs de 3 millions d’euros.
DMC Nigeria
(Ministry of Science
& Technology, Nigeria)
Disaster Monitoring Constellation
(orbite polaire à 772 km)
MS de 80 à 100 kg d’une constellation
internationale (1ère moitié de 2002)
En avril 1999, le programme Uosat ouvrait
*DMC Thailand
(Mahanakorn University,
Thailande)
*DMC Tsinghua (Tsinghua
University, Chine)
Disaster Monitoring Constellation
(orbite polaire à 772 km)
MS de 80 à 100 kg d’une constellation
internationale (début 2003)
TOPSAT (BNSC/DERA,
Royaume-Uni)
Mission militaire d’observation
à haute résolution - 2,5 m de
résolution - dans le cadre de
MOSAIC (orbite polaire)
MS de 100 kg en coopération
avec QinetiQ [ex-DERA]
(début 2004)
*RAPIDEYE
(RapidEye AG, Allemagne)
Constellation de 4 mini-satellites
pour observations à haute résolution
(6,5 m) en mode multispectral
(orbite polaire à 600 km)
Mini-satellites de 380 kg dérivés
d’Uosat-12 pour des applications
commerciales via Internet
(lancement en 2004)
*”GEMINI”
(Ministry of Science
& Technology, Nigeria)
Système national de
télécommunications avec
un Uosat de 400 kg (orbite
géostationnaire à 25° Ouest)
Mini-satellite avec 4 répéteurs en
bande Ku à l’étude avec le soutien
du BNSC dans le cadre de MOSAIC
(2005)
(SSTL) chargée de commercialiser le concept
Uosat. Des micro-satellites ont été réalisés
pour le compte de clients étrangers comme
l’organisation américaine SatelLife, le CNES,
la Corée du Sud, Portugal, l’Armée de l’Air
chilienne, etc. Ils ont un point en commun:
un microbus modulaire dont un bras extensible de 6 m assure la stabilisation par
gradient de gravité. Son concept permet de
réaliser un satellite d’une masse de 50 kg,
charge utile comprise, en moins d’une année.
Le coût total d’une mission “sur mesure”
un nouveau chapitre avec le lancement d’un
premier mini-satellite, Uosat-12, d’une masse
de 325 kg. Lancé depuis le cosmodrome de
Baïkonour, il est équipé d’un système de
prises de vues et d’un répéteur intelligent de
communications numériques. L’Uosat-12 a
été réalisé par SSTL pour 9 millions d’euros.
Un investissement que Martin Sweeting
considère comme prometteur : “Cette plateforme de mini-satellite suscite beaucoup
d’intérêt pour des missions de télédétection
en orbite polaire et de télécommunications en
orbite géostationnaire. La société allemande
RapidEye nous en a commandé quatre pour
sa constellation de satellites d’observation
multispectrale à haute résolution”.
* Projet dont le financement reste à boucler
MS : Micro-satellite
MOSAIC : Micro Satellite Applications In Collaboration
(programme lancé par l’agence britannique BNSC avec
un budget de 25 millions d’euros)
BNSC : British National Space Centre
CNTS : Centre National des Techniques Spatiales
DERA : Defence Evaluation & Research Agency, devenue la société QinetiQ.
GEMINI : GEOstationary MINI-satellite
En juin 2000, l’équipe de Martin Sweeting
réalisait une autre première avec le lancement
Solidarité et nouveautés sur orbite
tests du micro-satellite, s’initier à son
contrôle et à son exploitation dans l’espace.
du SNAP-1 (Surrey Nanosatellite Applications
Platform) de 6,5 kg. Ce nano-satellite,
Avec Uosat-12 et SNAP-1, la SSTL propose
La mission se veut la plus économique pos-
équipé d’un micro-propulseur du type
un système complet, clefs en main, depuis
sible : de simples PC, connectés à des sta-
“resistojet”, est capable d’aller inspecter des
le satellite sur orbite jusqu’aux équipements
tions compactes, servent de terminaux pour
objets dans l’espace. Doté de quatre micro-
au sol. Il propose des services de transfert
l’exécution des expériences.
caméras, il a photographié le satellite russe
technologique et d’entraînement aux tech-
de navigation Nadeshda et le micro-satellite
niques spatiales. Il aide des équipes d’uni-
Fort de ses partenariats dans le monde, le
chinois Tsinghua-1 au moment de leur mise
versités à se familiariser à la fabrication de
professeur Sweeting a eu l’idée du Surrey
en orbite. “Nous sommes en train de démon-
satellites, à leur instrumentation et leurs
Space Club. L’objectif est de renforcer la
trer ses possibilités pour des missions d’ins-
applications. Professeurs et étudiants, dans
coopération internationale par la technolo-
pection spatiale et nous comptons le proposer
le cadre du contrat, sont invités à Guildford
gie spatiale. Ce club est une sorte de “com-
pour une utilisation à bord de l’ISS.”
pour suivre la préparation, l’assemblage, les
monwealth” dont les membres sont les neuf
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2
Space Connection # 38
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Uosat, MOSAIC,
Beagle-2, HAND :
les Anglais font mini dans l’espace
Le Royaume-Uni joue la carte des petits satellites. Trois sociétés
britanniques développent des engins miniaturisés pour des missions
scientifiques, technologiques et commerciales.
Elles tirent parti de trois programmes: Uosat à l’Université de Surrey (voir cicontre), MOSAIC (Micro Satellite Applications In Collaboration) du British
National Space Centre, Beagle-2 de l’Open University (participation britannique à la sonde européenne Mars Express).
Dans la foulée de l’Université de Surrey, le Ministère britannique de la Défense
a réalisé des micro-satellites de recherche technologique avec la DERA (Defence
Evaluation Research Agency). Le British National Space Center, avec le soutien
du DTI (Department of Trade and Industry), a entrepris, en 2000, le programme
MOSAIC de développement de petits satellites pour l’observation et pour les
télécommunications. En dehors des projets DMC (Disaster Management Constellation) et GEMINI qui ont été confiés au SSTL (Surrey Satellite Technology),
il y a Topsat, un mini-satellite de télédétection à usage dual (civil et militaire),
qui est par ailleurs financé par le Ministère de la Défense. Topsat est réalisé par
pays qui collaborent avec le Surrey Space
Centre: Pakistan, Corée du Sud, Portugal,
Afrique du Sud, Chili, Thaïlande, Singapour,
Malaisie, Chine. En mettant en commun
la société QinetiQ et est destiné à prendre des images qui montrent des détails
leurs micro-satellites respectifs, en coordon-
d’au moins 2,5 m. Dans le cadre d’un second programme MOSAIC, QinetiQ
nant leurs stations de contrôle au sol, en
propose SIMONE (Spacecraft Intercept Mission to an Object Near Earth), une
harmonisant leurs activités futures, ils pour-
mini-sonde de 120 kg qui, grâce à un propulseur électrique à ions, doit
suivent une triple mission: constituer un
effectuer une mission de reconnaissance d’astéroïdes.
réseau mondial d’alerte et d’aide lors de
catastrophes, réduire le coût des moyens
De son côté, Astrium Ltd étudie le projet MicroSAR de mini-satellite radar
(200-300 kg) en bande X (avec une résolution de 5-10 m) qui utilise une
d’accès à l’espace, préserver un savoir-faire
technologique grâce à de nouvelles missions
spatiales...
plate-forme dépliable Snapdragon. Astrium Ltd est impliquée dans le développement du petit atterrisseur martien Beagle-2 (60 kg avec ses systèmes de
Une constellation pour la sécurité
rentrée et d’arrivée en douceur). Ce micro-robot doit être déposé à la fin de
2003 par la sonde européenne Mars Express sur la Planète Rouge. Il servira de
pionnier technologique pour les stations NetLander que la France veut
déployer à la surface martienne en 2008.
La mission la plus originale qui est en préparation pour 2003 concerne la mise en place,
par le biais d’un consortium international,
d’une première constellation DMC (Disaster
Management Constellation) pour la gestion
HAND (Human Activated Nano-satellite Demonstration) est un micro-satellite
des catastrophes. “Il s’agit de développer en
portable de 6,5 kg sur batteries. Il est doté d’un manche pour être lancé à la
parallèle cinq micro-satellites avec un finance-
main par un astronaute au cours d’une sortie dans l’espace. Il utilise une
ment du British National Space Centre grâce
plate-forme compacte Bus-Gamma réalisée par les étudiants de l’Université de
au programme MOSAIC de petits satellites”
Bristol.
précise le Professeur Sweeting. “Si les cinq
satellites DMC pour des observations d’une
Space Connection # 38
Mai 2002
UoSat-12, d’une masse de 325 kg, est le satellite le
plus important réalisé au Surrey Space Centre. (SSTL)
résolution de 32 m sont lancés simultanément
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3
Petits miroirs polis par
des élèves pour les Starshine
par une même fusée russe, chaque pays est
Starshine est un programme éducatif de la NASA en collaboration avec l’US Naval
propriétaire et opérateur du satellite qu’il met
Research Laboratory. Il concerne la fabrication et l’utilisation, dans le cadre
au service de la constellation. Le Royaume-
d’activités scolaires, de micro-satellites passifs dont la structure sphérique est
Uni, l’Algérie, le Nigéria ont accepté de
participer. Notre partenaire thaïlandais et
l’Université chinoise de Tsinghua doivent leur
emboîter le pas. La Turquie veut mettre à la
disposition du système son micro-satellite
Biltensat dont les prises de vues auront une
résolution de 12 m.” A l’Université de Surrey,
couverte par 850 à 1 000 petits miroirs. La grande originalité de ce programme
est que le polissage de ces miroirs est confié à des milliers de jeunes dans des
centaines d’écoles ou institutions éducatives dans le monde. Ce polissage doit
être effectué d’après les indications données dans un kit adressé aux écoles
retenues. Ainsi le Volkssterrenwacht de Beisbroek (Bruges) a participé à la réalisation de Starshine-2.
on étudie déjà la contellation DMC de
seconde génération : elle emploiera des
La mission de ces sphères réfléchissantes, dont les flashes de lumière solaire
micro-satellites du type Constella qui pren-
signalent le passage dans le ciel, est de déterminer l’usure de leur orbite sur
dront des images avec une résolution de 4 m !
les couches résiduelles d’atmosphère. Les observateurs au sol doivent faire
preuve de minutie pour repérer à l’oeil nu les éclairs par rapport à des étoiles
Martin Sweeting insiste sur le fait que sa
connues, estimer leur magnitude, déterminer le temps précis de ces éclats
technologie se révèle plus compétitive “avec
grâce à des chronomètres calés sur le GPS (Global Positioning System), trans-
des coûts 50 à 100 fois moindres” pour lan-
mettre via Internet leurs données sur le site Starshine. Un centre de calcul
cer des applications de télédétection à des
fins commerciales. SSTL est engagée dans
la réalisation du système de télédétection
spatiale de la société allemande RapidEye.
Il s’agit d’une constellation de 4 mini-satellites, dérivés d’Uosat-12 et équipés de senseurs multispectraux, pour des prises de
calcule les paramètres de l’orbite suivie par chaque sphère Starshine. On
confronte les mesures avec les observations que le satellite SOHO (Solar and
Heliospheric Observatory) de l’ESA, à 1,5 million de km de la Terre, transmet
au centre Goddard de la NASA. A ce jour, trois micro-satellites Starshine ont
vu le jour:
• Starshine-1 a été largué dans l’espace de la soute de la navette Discovery en
vues avec 6,5 m de résolution. Déployée
juin 1999 et a effectué des tours du globe jusqu’à son crash dans l’atmo-
lors d’un seul lancement en 2004, elle
sphère, en février 2000. Quelque 25.000 jeunes de 660 écoles dans 18 pays
devrait servir à la mise à jour constante
avaient poli les 878 miroirs en aluminium, chacun d’un diamètre de 2,5 cm.
des systèmes d’information géographique.
• Le lancement de Starshine-3 a eu lieu en août 2001. Cette sphère d’1 m de
Uosat-12 pourrait servir à la réalisation
diamètre est couverte par un millier de miroirs et par une vingtaine de réflec-
d’un mini-satellite géostationnaire Gemini
teurs laser. Ce sont environ 40.000 élèves dans 26 pays qui ont été impliqués
pour des télécommunications. L’Université
dans le polissage de ses miroirs.
de Surrey a obtenu un financement du British National Space Centre pour l’ambitieux
Projet Gemini. “Le Président du Nigéria s’intéresse à un satellite équipé de quatre répéteurs qui doit être placé à 25 degrés Ouest.
Ce projet de 25 millions de livres devrait être
• A la réalisation de Starshine-2 ont pris part quelque 25.000 élèves dans 26
pays. La sphère est équipée de 858 miroirs et de 20 réflecteurs laser, ainsi
que d’un système qui stabilise sa rotation. Elle a été larguée autour de la
Terre le 15 décembre 2001 par l’équipage de la navette Endeavour qui venait
de quitter l’International Space Station.
financé à 85 % par le Nigéria et à 15 % par
le BNSC. C’est certes une solution plus chère
Le duo Starshine 4/5 est en préparation pour une satellisation au cours de la
et plus risquée que la location de répéteurs
mission STS-114 de décembre 2002. Depuis Noël 2001, les instructions pour
sur un satellite Intelsat. Mais elle offre des
polir leurs miroirs sont mises - sur CD-ROM - à disposition des groupes de
avantages pour un pays : l’occupation de la
jeunes qui souhaitent s’associer activement à l’aventure spatiale. Vous obtien-
position géostationnaire qu’il a réservée, une
drez toutes les informations pour participer en allant sur le site du Starshine
réponse spécifique et indépendante à ses
Project (http://www.azinet.com/starshine/).
besoins, le savoir-faire technologique.”
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Mai 2002
Space Connection # 38
Dossier Engins spatiaux miniatures
L’Europe autour de la Lune
avec Smart-1
L’ESA a entrepris SMART (Small Missions for Advanced Research in Technology),
un programme technologique de mini-engins spatiaux pour tester de nouveaux
systèmes destinés à d’ambitieuses missions scientifiques.
MART-1 est en préparation pour un lan-
S
SMART-1 se mettra à tourner autour de
cement à bord d’une Ariane 5 avant la
notre satellite naturel et procèdera pendant
fin de 2002. Son expérimentation permettra
une année à des observations avec des équi-
à l’Europe de réaliser, pour la première fois,
pements miniaturisés :
des expériences autour de la Lune, dans le
• la caméra AMIE (Asteroid-Moon Imaging
cadre d’un budget de 85 millions d’euros. La
Experiment) de 1,7 kg pour des prises de
mini-sonde lunaire de 350 kg, qui est réali-
vues multispectrales à haute résolution de
sée par la Swedish Space Corporation, doit
la surface lunaire;
expérimenter un propulseur à plasma de
• un spectromètre compact dans les rayons
xénon (avec une alimentation électrique
X de 3,3 kg pour une étude des compo-
d’Alcatel ETCA) ainsi que des senseurs à
sants du sol sélène ;
hautes performances.
• un spectromètre miniature de 2 kg fonctionnant dans le proche infrarouge pour
Contrôlée par l’ESOC (European Space Opera-
un relevé des éléments minéralogiques sur
tions Center), SMART-1, dont le logiciel de
la Lune.
bord est réalisé par Spacebel (sur base de
celui qui assure l’autonomie de PROBA-1 sur
La micro-sonde lunaire SMART-1. (ESA)
SMART-2 est une expérience technologique
orbite), disposera d’une grande autonomie
prévue à partir de 2006: deux satellites de
pour manoeuvrer au moyen de son propul-
100 kg doivent évaluer leur éloignement
seur électrique et pour se rapprocher peu à
avec une précision élevée. L’objectif sera
peu de notre satellite naturel. A la mini-
d’expérimenter une technique essentielle aux
sonde, il faudra 18 mois de changements
missions LISA (Laser Interferometry Space
d’orbite pour atteindre la Lune et se satelli-
Antenna) de détection des ondes gravita-
ser autour d’elle. Il s’agira en 2003-2004 de
tionnelles et Darwin de mise en évidence
qualifier des technologies qui serviront à
d’autres planètes autour d’étoiles lointaines
l’exploration de Mercure avec la mission
(comme notre Terre). LISA (en 2011) que
BepiColombo de 2009 à 2013: deux modules
Darwin (2015) effectueront des observations
de propulsion électrique permettront à deux
par interférométrie: des essaims de satellites
sondes d’évoluer autour de Mercure et à un
évolueront de façon coordonnée dans
petit robot d’arriver à sa surface.
l’espace sur des trajectoires éloignées.
Space Connection # 38
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Dossier Engins spatiaux miniatures
Demeter. (CNES)
Le micro-satellite Picard. (CNES)
Myriade : filière française
pour une variété de micro-satellites
Sous le joli nom de Myriade, le CNES
D’ores et déjà, quatre micro-satellites
radio; ils seront lancés en 2004 pour
(Centre National d’Etudes Spatiales) s’est
de 100 à 120 kg sont en préparation.
les besoins du Ministère français de la
lancé dans la réalisation d’une filière de
Leurs missions, avec des charges utiles
défense.
micro-satellites pour des missions spéci-
spécifiques, démontrent leur souplesse
fiques à peu de risques et à faible coût.
d’utilisation: Demeter (pour un lancement
Le CNES a confié la fabrication du micro-
sur le lanceur indien PSLV à la fin de
satellite à la société Latécoère de Toulouse,
2002) pour tester la prévision des séismes,
spécialisée dans la fourniture de structures
Picard pour comprendre l’influence du
d’avions et dans leur câblage avec meubles
Soleil sur le climat, Parasol pour caractéri-
et harnais électriques. Le rôle de Latécoère
ser les nuages depuis l’espace, Microscope
est de réaliser la structure et le câblage du
pour confirmer le principe d’équivalence
microsatellite, puis d’y intégrer, sous le
en physique fondamentale.
contrôle du CNES, les modules préintégrés
des sous-systèmes de contrôle d’attitude
La plate-forme Myriade est utilisée par la
(Snecma), de conditionnement d’énergie
société Astrium pour réaliser l’essaim
(Alcatel ETCA), de traitement à bord
COMINT de quatre micro-satellites d’écoute
(processeurs d’Astrium)...
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Space Connection # 38
Mai 2002
En 2003, l’Europe tentera, avec sa sonde Mars Express,
de faire arriver un petit robot sur la Planète Rouge. (ESA)
Ces petits robots qui
où l’Homme ne peut aller...
Moment crucial pour Huygens: au début
de 2005, elle doit effectuer une descente sur
cette mystérieuse lune qu’est Titan autour de
Saturne. (Doc. ESA)
Dans l’exploration des planètes, L’Europe sur Mars (2003)
de leurs lunes, des astéroïdes
et des comètes, les engins spatiaux
miniaturisés constituent l’essentiel de
la communauté scientifique en étant
télécommandés depuis la Terre.
et sur Titan (2005)
données pendant les 137 minutes
de descente. Le contact avec la
surface (solide ou liquide) Titan
Le programme scientifique de
doit se faire à 20 km/h. Grâce aux
l’ESA s’intéresse à l’exploration in
six instruments de Huygens, on
situ d’astres du système solaire. Il
compte obtenir des images de
pousse l’industrie européenne à
Titan, recueillir des informations
miniaturiser des engins qui doi-
sur l’atmosphère traversée et sur
vent fonctionner dans des milieux
le site atteint.
différents de l’environnement terrestre. Le premier de ces explora-
En 2003, l’Europe aura rendez-
teurs est le caisson Huygens de
vous, pour la première fois, avec
A
insi des missions kamikazes
318 kg qui est fixée sur la sonde
une planète. Lancée de Baïko-
ont permis, dans les années
Cassini de la NASA. Celle-ci est en
nour en juin 2003, la sonde
60, de sonder le sol de la Lune
route, depuis 1997, vers Saturne,
Mars Express parviendra à desti-
avec les sondes Ranger de la
à 1,5 milliards de km de nous.
nation à la fin de l’année. Avant
NASA, puis, dans les années 70,
Autour de la planète aux
de se mettre sur orbite mar-
de fonctionner en pleine four-
anneaux, elle se satellisera en
tienne, elle aura largué une cap-
naise vénusienne au moyen des
2004. Elle éjectera après Huygens
sule contenant le micro-robot
capsules des engins soviétiques
qui doit se poser sur Titan, l’énig-
Beagle 2 qui doit atterrir sur
Venera! L’exploit le plus lointain
matique lune de Saturne en 2005.
Mars grâce à des airbags. Ce
fut le plongeon qu’un module
Cette mini-capsule, pour laquelle
robot de 30 kg doit arriver sur le
conique de 339 kg effectua en
Alcatel ETCA de Charleroi a fourni
site prévu d’Isidis Planitia (à 10
1995 dans l’atmosphère agitée
le sous-système d’alimentation
degrés de latitude Nord). L’engin
et survoltée de Jupiter.
électrique, doit transmettre des
compact déploiera quatre pan-
Space Connection # 38
Mai 2002
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7
Le micro-robot britannique Beagle-2 doit fonctionner
en 2004 à la surface martienne. (Astrium)
Ce nanokhod explorera la surface
de Mercure en 2012. (Th.P./SIC)
gique, participe au programme
cer BepiColombo vers la planète
NetLander destiné à une étude
Mercure. Un duo de robots d’ex-
géophysique de la Planète Rouge.
ploration, utilisant des modules
de propulsion chimique et élec-
Cap sur une comète (2011)
et sur Mercure (2012)
trique, doivent se placer en
orbite mercurienne en 2012. En
tout, ce sont cinq éléments qui
Prévu pour fonctionner pendant
vont se séparer dans l’environ-
une semaine, il doit prendre
Express, l’ESA aura expédié sa
nement de Mercure. L’une des
des prises de vues, trouer le sol
sonde Rosetta pour une odyssée
deux sondes scientifiques doit
avec une “taupe” électronique,
Cinq mois avant l’envol de Mars
dans le système solaire. Lancée
être réalisée en coopération
déployer un micro-rover guidé
en 2003 par une Ariane 5, elle
avec l’ISAS japonais (Institute
par câble jusqu’à une distance
doit aller à la rencontre d’asté-
of Space and Astronautical
de 50 m. Ce véhicule à chenilles
roïdes et avoir rendez-vous avec
Science) : de moins de 200 kg,
du type Nanokhod, sur base
la comète 46P/Wirtanen qu’elle
elle servira à étudier le champ
d’un concept étudié en Russie,
atteindra en 2011! Pendant un
magnétique de cette planète
est proposé par le Max-Planck-
an et demi, Rosetta manoeu-
proche du Soleil. Après sa satel-
Institut für Chemie. D’une masse
vrera autour du noyau de la
lisation, son module de propul-
de 1,6 kg (y compris la charge
comète pour y déposer un
sion servira à déposer en dou-
utile de 0,9 kg), le Nanokhod
module d’atterrissage de 75 kg.
ceur parmi les cratères de
mercurien est développé et
Cet automate miniature sur trois
Mercure l’ensemble miniaturisé
testé par la firme allemande
pieds est équipé pour photogra-
MSE (Mercure Surface Element)
Von Hoerner & Sulger; la société
neaux solaires pour faire fonc-
phier l’environnement et pour
de 44 kg! Largué d’une altitude
Space Applications Services
tionner une charge utile com-
étudier la composition du sol et
de 120 m, il doit résister à l’im-
de Zaventem participe à la mise
plexe: trois caméras, des spec-
du sous-sol.
pact grâce à des airbags.
au point de ce système minia-
vont là
tromètres, des détecteurs sur
ture qui devra opérer dans des
l’environnement martien, un
Entretemps, en 2009, deux
Le MSE constitue le volet le plus
conditions particulièrement
système de collecte d’échan-
fusées Soyouz-Fregat vont lan-
spectaculaire de BepiColombo.
difficiles.
tillons du sol... L’objectif est de
mettre en évidence des traces
d’eau, de résidus organiques,
des minéraux de carbonate.
L’expérience de Beagle 2 sera particulièrement utile pour la préparation des micro-stations NetLander, qui seront embarquées sur la
sonde française PREMIER (Programme de Retour d’Echantillons
Martiens et Installation d’Expériences en Réseau) de 2007:
quatre modules identiques, alimentés par cinq pétales de cellules solaires, se poseront en différents endroits pour constituer
un réseau sur Mars. La Belgique,
avec l’Observatoire Royal de Bel-
La sonde Rosetta doit déposer un robot nain à trois pieds sur le noyau d’une comète. (ESA/J. Huart)
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8
Space Connection # 38
Mai 2002
Dossier Engins spatiaux miniatures
Faut-il un lanceur spécifique
pour les petits satellites ?
Quand on connaît le prix de la satellisation d’un kilogramme,
un petit satellite permet une mise en oeuvre moins coûteuse.
ont servi à lancer des micro-satellites. Les
défis de développer et de commercialiser de
clients de ces lancements n’ont pas le
petits satellites ainsi que ses propres
contrôle final des opérations ni la priorité
moyens pour les lancer. A ce jour, c’est la
pour l’orbite visée. Sont-ils prêts à payer
seule à avoir réussi ce tour de force avec ses
davantage pour un service de lancement
fusées Pegasus, Taurus et Minotaur. L’ESA a
personnalisé ? Il existe bien de petits lan-
décidé de compléter les versions du lanceur
ceurs pour lesquels on s’efforce de réduire
lourd Ariane 5 avec un lanceur modulaire à
les frais d’exploitation. Faut-il investir dans
poudre, le Vega de conception italienne;
de nouvelles fusées adaptées à ce marché
cette fusée testera un nouveau propulseur
limité des engins spatiaux miniatures ?
solide pour Ariane 5 lors de son vol de
démonstration à la fin de 2005. Il en est de
La réponse économique consiste en la
même pour la NASDA japonaise (National
conversion de missiles à longue portée en
Space Development Agency) qui projette de
lanceurs de satellites légers. Des sociétés
se doter d’un lanceur J I amélioré aux côtés
ans le cas du micro-satellite belge
commerciales ont entrepris leur exploitation
de la famille des puissants H IIA. Voici un
PROBA-1 de 94 kg, son lancement avec
en proposant des tarifs attractifs de lance-
inventaire succinct des capacités opération-
un lanceur indien a coûté quelque 940.000
ments. Une entreprise américaine, Orbital
nelles pour les lancements de satellites
euros. Ce qui équivaut à 10.000 euros le kilo-
Sciences Corporation (OSC), a osé relever les
compacts et légers:
Le lanceur russe Cosmos 3M. (OHB-System)
D
gramme. Mais ce prix “attrayant” avait une
contrainte : PROBA-1 était passager secondaire et son orbite dépendait de la mission du
satellite principal. Les Indiens ont modifié le
plan de vol de leur fusée pour placer PROBA-1
sur la trajectoire qui lui convenait le mieux.
Les satellites miniaturisés sont souvent lancés en mode piggyback, sur le dos d’un gros
satellite, ou en grappe, en même temps que
d’autres. Les lanceurs Delta (USA), Ariane
(Europe), Longue Marche (Chine), Zenit
(Russie/Ukraine), PSLV (Inde), ainsi que le
Space Shuttle ont servi et sont proposés
pour des formules “groupe” de lancement
partagé. C’est surtout lors de vols pour
atteindre une orbite polaire que des Ariane 4
La fusée aéroportée Pegasus d’Orbital Sciences Corporation. (OSC)
Space Connection # 38
Mai 2002
Lanceur
Société de développement
ou de commercialisation
Caractéristiques
Athena
Lockheed Martin Commercial
Launch Services, Etats-Unis .
Une famille de lanceurs “sur mesure”. A partir de 1995,
sept exemplaires ont été lancés, cinq vols ont été
des succès. Faute d’un marché suffisant, aucune suite
n’est actuellement envisagée pour ce programme.
Dnepr
Kosmotras/Youchnoye,
Russie/Ukraine
Tiré d’un silo sur le cosmodrome de Baikonour, il peut
placer 1 tonne et demie sur une orbite polaire. Pour
son deuxième vol, en 2000, il a lancé un ensemble
de cinq micro-satellites: Tiungsat-1 (Malaisie),
Megsat-1 et Unisat (Italie), Saudisat-1A et Saudisat-1B
(Arabie Séoudite).
Kaituozhe 1 China Aerospace Science
ou KT 1
& Industry Corporation, Chine
Utilise un troisième étage pour satelliser une centaine
de kg. KT 1 doit effectuer son premier lancement
durant l’été 2002.
LeoLink
-Shavit
Israel Aircraft Industries/
Coleman Aerospace/Astrium,
Israel/Etats-Unis)
Lancés depuis la base de Palmachim, ils ont été mis en
orbite rétrograde (dans le sens opposé de la rotation
Ouest-Est du globe terrestre). Les premiers vols de LK
sont à partir de 2002 mais il n’y a pas de clients...
US Air Force Space
& Missile Systems/Orbital
Sciences Corporation,
Etats-Unis
Capable de satelliser 300 kg sur une orbite polaire. Son
premier vol, en 2000, a permis le lancement de quatre
micro-satellites et six pico-satellites réalisés par des
institutionsuniversitaires dans un but technologique
militaire.
Minotaur
Pegasus
Shtil
START
Strela
Taurus
VLS 1
Orbital Sciences Corporation,
Etats-Unis
Cette fusée ailée, avec 3 étages à poudre, est la seule
au monde – à l’exception de la navette spatiale - à
partir pour l’espace. Sa grande originalité est d’être
transportée sous un avion gros porteur pour être
larguée à près de 12.000 m d’altitude. Ce lanceur
aéroporté, capable de satelliser 200 à 300 kg, est
devenu le cheval de bataille pour les lancements de
petits satellites à partir d’une base aérienne!
Marine russe/Makeyev
Design Bureau, Russie
Missile intercontinental lancé d’un sous-marin nucléaire
pour placer 50 à 100 kg sur orbite basse.
Puskovie Uslugi, Russie
Ses versions à quatre étages (START 1) et à cinq étages
(START) utilisent une plate-forme sur véhicule militaire
sur le cosmodrome de Svobodny (Sibérie). Seule la
START 1, capable de satelliser jusqu’à une demi-tonne,
a réussi des mises sur orbite depuis mars 1993.
NPO Mashinostroyenie,
Russie
Ce lanceur à 2 étages est le missile intercontinental
SS 19 dont une centaine d’exemplaires sont disponibles
pour des lancements spatiaux. Tiré d’un silo de la base
de Svobodny, il peut satelliser jusqu’à 1 tonne. Son
premier envol pour l’espace est attendu durant 2002.
Orbital Sciences Corporation,
Etats-Unis
Cette fusée à 4 étages est la version terrestre,
plus performante, du Pegasus d’OSC. Elle est capable
de satelliser jusqu’à 1 tonne.
Centro Tecnico Aeroespacial,
Brésil
Ce lanceur équipé de 4 étages à propulsion solide
doit donner au Brésil un accès autonome à l’espace
pour des mini-satellites de 200 kg. Ses deux vols
d’essais se sont soldés par des échecs. Il est prévu
d’effectuer un troisième vol, décisif, au cours de 2002.
L’Italie - avec la participation de l’industrie belge - réalise pour l’ESA ce lanceur
Vega qui décollera du Centre Spatial Guyanais dès 2005. (ESA/J.Huart)
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9
Nano-satellites
européens
lancés d’un
sous-marin russe
La Technische Universität Berlin (TUB) a vu
dans la réalisation de micro-satellites une
expérience interdisciplinaire pour leurs
étudiants et a commencé à développer les
TUBsat modulaires. TUBsat-A (35 kg) de forme
cubique et TUBsat-B (40 kg) plus allongé
ont été lancés respectivement en 1991 et en
1994. Le cube TUBsat-C (45 kg) réalisé pour
le Deutsche Zentrum für Luft- und Raumfahrt
était lancé en 1999 comme passager commercial par la fusée indienne PSLV-C2. Ce microsatellite de télédétection était équipé de trois
caméras pour observer des détails de 360 à
6 m sur le globe terrestre. Il préfigure le
premier satellite marocain, Maroc-TUBsat de
47 kg, qui a été mis sur orbite en décembre
2001 pour des prises de vues et comme relais
de communications.
En 1998, la TUB a été partie prenante dans
une première spatiale: le lancement d’un duo
de nano-satellites. Les TUBsat-N (8,5 kg) et
TUBsat-N1 (3 kg) testent des communications
avec de petits terminaux mobiles. Leur réalisation et leur lancement auraient coûté moins
de 390.000 euros. D’autres nano-satellites
sont proposés pour de prochains tirs depuis
des sous-marins dans l’Océan Arctique.
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0
Space Connection # 38
Mai 2002
Dossier Engins spatiaux miniatures
USA: Microsatellites universitaires
pour des missions de service public
La DARPA (Defense Advanced Research Projects Agency), la NASA et
l’industrie américaine ont confié le Programme Nanosatellite à plusieurs
universités et instituts polytechniques.
I
l est demandé à des équipes de professeurs et
mobiles, servir à des observations en 3D avec
d’étudiants de réaliser une constellation d’une
une résolution de 100 m, tester la technologie
dizaine de micro-satellites (de 1 à 10 kg) qui
seront lancés en 2002-2003:
• L’Utah State University, l’University of
de micropropulseurs.
• Plusieurs laboratoires de la Stanford University
et de la Santa Clara University ont pris en
Washington et le Virginia Polytechnic Institute
charge la mission Emerald: un micro-satellite se
coopèrent sur le système Ion-F de trois micro-
coupera en deux, donnant naissance à un duo
satellites pour des mesures coordonnées dans
d’engins, qui seront d’abord reliés par un filin,
l’ionosphère.
puis une fois ce dernier coupé, deviendront
• L’Arizona State University, l’University of
complètement autonomes. Les communications
Colorado Boulder et la New Mexico University
intersatellites et l’emploi de nano-propulseurs
préparent trois nano-satellites identiques pour le
seront l’objet de démonstrations.
Projet Three Corner Sat; évoluant en formation,
ils doivent permettre des liaisons avec les
• La Boston University et le Draper Lab se sont
associés pour fabriquer trois picosatellites
(moins d’1 kg) destinés à la Pathfinder Constellation. Ils serviront à l’étude des variations du
Zarkae Al Yamama,
micro-satellite marocain
Le 10 décembre 2001, une fusée Zenit 2, de construction ukrainienne, a
champ magnétique terrestre.
• La Carnegie Mellon University se propose
d’expérimenter le Solar Blade. Ce nano-satellite
d’une masse de moins de 5 kg ne sera guère
plus encombrant qu’un extincteur. Une fois qu’il
aura déployé ses quatre voiles solaires (20 m
décollé du cosmodrome de Baïkonour. Elle a propulsé à 1000 km d’altitude
de long pour chacune), il aura la forme d’un
le satellite météorologique russe Meteor-3M ainsi que quatre micro-satel-
“moulin à vent” dans l’espace.
lites. Parmi ceux-ci, il y avait le micro-satellite marocain Maroc-TUBsat,
baptisé Zarkae Al Yamama. Réalisé par la Technische Universität Berlin avec
Cette prolifération de micro- et nano-satellites
dans les universités américaines démontre à quel
la collaboration de chercheurs et ingénieurs du Centre Royal de Télédétection
point la technologie spatiale peut servir à des
Spatiale (CRTS) de Rabat, ce petit engin spatial a une forme cubique et une
fins éducatives: par ce biais, les jeunes étudiants
masse de 47 kg. Zarkae Al Yamama est équipé pour des missions de télédé-
sont mis dans des “situations à problème”
autour de réalisations concrètes. L’enseignement
tection et de messagerie. Sa caméra multispectrale permet des observations
de la couverture végétale avec une résolution de 300 m.
en Europe pourrait s’inspirer de cette méthode
pédagogique.
Space Connection # 38
Mai 2002
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Dossier Engins spatiaux miniatures
Tableau des microet mini-satellites (1995-2005)
PAYS
(Organisation responsable)
[maître d’oeuvre]
NOM DU PROJET
(date de lancement/lanceur)
[date projetée/lanceur]
Mission & expériences
(situation au 1er janvier 2002)
(micro-satellite = MS)
AFRIQUE DU SUD
(Stellenbosch University)
[Electronic Systems Laboratory/
Sun Space and Information Systems]
SUNSAT-1, SUNSAT-2
(1999/Delta 2)
[2003?/à déterminer]
Premier MS pour des prises de vues à haute résolution et des
communications avec les radio-amateurs (en orbite, ayant
fonctionné pendant deux ans). Possibilité de réaliser un deuxième
MS plus sophistiqué avec la collaboration d’autres pays africains (en projet).
ALGERIE
(Centre National de Technologie
ALSAT-1 ou DMC-Algeria
Projet national de MS à des fins scientifiques et éducatives, qui fera partie
spatiale) [SSTL]
[fin 2002/à déterminer]
du système international Disaster Monitoring Constellation (en construction).
ARABIE SAOUDITE
(King Abdulaziz City for Science
and Technology)
SAUDISAT-1A/1B
(2000/Dnepr-1)
Un premier duo de MS (10 kg) pour relayer des communications
et collecter des données, lancés par le missile Dnepr (sur orbite).
[Space Research Institute]
Peu d’informations sur les autres MS (en préparation).
ARGENTINE
(Comision Nacional de Actividades
Espaciales/NASA)
SAC-A
(décembre 1998/
[INVAP]
Space Shuttle Endeavour)
(Comision Nacional de Actividades
Espaciales/NASA)
SAC-C
(1999/Delta II)
Mini-satellite de 475 kg pour une mission internationale de télédétection
dans le cadre d’une constellation matinale avec les satellites Landsat-7,
µSAT-1 VICTOR, µSAT-2
(1996/Molniya)
MS éducatifs de 30 kg (sur orbite) et 32 kg (en préparation) pour
des prises de vues météorologiques.
[INVAP]
[Instituto Universitario
Aeronautico Cordoba]
MS technologique de 68 kg pour tester les technologies de SAC-C,
dont une caméra CCD (en fonctionnement jusqu’en août 1999)
EO-1 et Terra de la NASA (sur orbite)
[2002?/Dnep-1?]
[Universidad Nacional del Comahue
MICROPEHUENSAT-1
+ AATE + Amsat Argentina]
[2003?/Zenit 3SL?]
MS éducatif de 30 kg pour radio-amateurs et pour des observations.
[Universidad Nacional del Comahue
NANOPEHUENSAT-1
+ AATE + Amsat Argentina]
[2002/Longue Marche 4?]
AUSTRALIE
(Cooperative Research Centre
FEDSAT
MS pour des communications, des services de navigation,
for Satellite Systems) [SpaceDev]
[2002/H-IIA]
des mesures magnétiques.
[Australian Space Research Institute/
Queensland University of Technology]
JAESAT ou Joint Australian
Engineering Satellite
[2002/Dnepr-1?]
MS technologique de type AMSAT pour les communications avec les radioamateurs, équipé de webcams pour des observations (en construction).
Nano-satellite technologique de 7 kg pour des télécommunications.
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2
Space Connection # 38
Mai 2002
BRESIL
(Instituto Nacional
de Pesquisas Espaciais)
[INPE]
SCD-1, SCD-2
(1993/Pegasus, 1998/
Pegasus XL]
Mini-satellites de 110 kg, stabilisés par rotation, de fabrication brésilienne,
destinés à la collecte de données sur l’environnement de l’Amazonie
(sur orbite).
(Instituto Nacional
SCD-3
Version améliorée des deux premiers SCD, stabilisée sur les 3 axes,
de Pesquisas Espaciais) [INPE]
[2005/à déterminer]
d’une masse de 300 kg (en préparation).
(Instituto Nacional
de Pesquisas Espaciais)
[INPE]
SSR-1, SSR-2
[2004, 2006?/à déterminer]
Mini-satellites de 290 kg, utilisant une plate-forme de fabrication
brésilienne qui est stabilisée sur les 3 axes, pour des observations
multispectrales des régions le long de l’équateur, avec une résolution de 80 m.
(en construction depuis 1990)
(Agencia Espacial Brasileira/
Centre National d’Etudes Spatiales)
[INPE/CNES]
FBM
[2004/VLS-1?]
Premier MS franco-brésilien de recherche scientifique, d’une masse de 100 kg,
stabilisé sur les 3 axes et équipé pour une étude des influences
des éruptions solaires sur l’environnement spatial au-dessus
de l’équateur (en construction).
(Instituto Nacional
SACI-1
MS technologique brésilien de 60 kg pour le Programme SACI
de Pesquisas Espaciais)
[INPE]
(1999/Longue Marche 4B)
ou Satelite Brasileiro de Aplicacoes Cientificas. Echec de la première
mission destinée à une étude de la magnétosphère, suite à
un problème de communication (sur orbite)
CHILI
(Fuerza Aerea de Chile Space Division)
[SSTL]
FASAT-Alfa
(1995/Cyclone)
FASAT-Bravo
MS technologiques et scientifiques de 50 kg réalisés avec la collaboration
de l’Université britannique de Surrey pour des communications
entre radioamateurs et pour des mesures régulières de la couche
(1998/Zenit 2)
d’ozone (non-déploiement du premier, satellisation correcte du second)
(Fuerza Aerea de Chile Space Division)
FASAT-Charlie
MS technologique de 100 kg pour des mesures de la couche d’ozone
[Universidad Catolica]
(2003 ?/à déterminer)
et des prises de vues de la surface terrestre (en préparation).
(ENTEL)
CESAR-1
[2003 ?/à déterminer]
CHINE
(Tsinghua University, Beijing)
[Tsinghua Space and Satellite Company
HANGTIAN TSINGHUA-1
(2000/Cosmos 3M)
MS de démonstration, fruit de la coopération entre les Universités
de Tsinghua et de Surrey, destiné à la surveillance des zones
THNS-1/OLYMPIADSAT-1
[2002/Longue Marche 4B?]
Nano-satellite de moins de 10 kg pour des observations de
la surface terrestre (en construction)
DMC-China
[2003/à déterminer]
MS chinois pour le système Disaster Monitoring Constellation
du Surrey Space Centre, équipé pour des prises de vues
à haute résolution, en préparation du système chinois
+ SSTL]
(Tsinghua University, Beijing)
[Tsinghua Space and Satellite Company
MS de 12 kg, de fabrication chilienne, pour l’échange de messages [Amsat-CE]
(en construction).
de catastrophes avec 40 m de résolution (sur orbite).
+ SSTL]
(Chinese Ministry of Science
& Technology)
[Tsinghua Space and Satellite
Company + SSTL]
de prévention des catastrophes (Space System for Disaster Mitigation)
(Chinese Academy of Space Technology)
[Aerospace Dongfanghong Satellite Ltd]
HY-1
[2002/Longue Marche 4B]
(Chinese Academy of Space Technology)
[Harbin Institute of Technology]
TANSUO-1
[2002/Longue Marche 1D?]
Mini-satellite de télédétection, d’une masse de 360 kg, pour l’étude
multispectrale des océans, des zones côtières et des îles avec une résolution
de 250 m (en construction)
Mini-satellite de télédétection à haute résolution pour préparer
la constellation China Space System for Disaster Mitigation
de huit mini-satellites (en construction)
(China Aerospace Science
OLYMPIADSAT-2
MS éducatif de messagerie et de télédétection, financé par la China
& Technology Corporation)
[Tsinghua Space and Satellite Company]
[2002/Kaituozhe 1?]
Youth Development Foundation et la Veteran Scientists Association
dans le cadre de manifestations pour les Jeux Olympiques de 2008
à Beijing (en construction).
Space Connection # 38
Mai 2002
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COREE DU SUD
(SaTRec/Korea Advanced Institute
of Space & Technology)
[KAIST + SSTL]
KITSAT-1, KITSAT-2
(1992/Ariane 4,
1993/Ariane 4,
MS technologiques, d’une masse de 48 kg, pour les télécommunications
et des observations, développés par SaTRec avec l’assistance
de la Surrey Satellite Technology Ltd (sur orbite, KITSAT-1ayant arrêté de
fonctionner à la fin de 1999).
(SaTRec/Korea Advanced Institute
of Space & Technology)
KITSAT-3
(1999/PSLV)
Mini-satellite de 110 kg, stabilisé sur les 3 axes, équipé pour l’étude de
l’environnement spatial et avec la caméra MEIS (Multispectral Earth Imaging
KAISTSAT-4
(2003/à déterminer)
Mini-satellite technologique, d’une masse de 130 kg, équipé pour l’étude de
la matière interstellaire, pour l’analyse du plasma spatial et avec un système
avancé de collecte et d’échange de messages qui est mis au point en Australie
[KAIST]
(SaTRec/Korea Advanced Institute
of Space & Technology)
[KAIST]
System) pour des prises de vues avec une résolution de 15 m (sur orbite).
(en construction).
EGYPTE
(National Authority for Remote
EGYPTSAT-1
Projet technologique de mini-satellite de 100 kg fourni par l’Ukraine pour
Sensing and Space Sciences)
[Yuzhnoye]
(2003?/Dnepr-1)
l’observation de la surface terrestre avec une résolution de moins de 10 m
(en préparation).
(National Authority for Remote
Sensing and Space Sciences)
DESERTSAT
[2005/à déterminer]
Projet éducatif, en coopération avec l’Italie, d’un mini-satellite de 120 kg
utilisant la plate-forme MITA pour l’étude des zones désertiques
[Carlo Gavazzi]
(en préparation).
INDE
(Anna University)
ANNA-SAT
Micro-satellite expérimental de 60 kg réalisé par un groupe d’étudiants
[+ISRO]
(2004/PSLV)
pour l’échange de messages.
(Amsat-India)
VUSAT
Microsatellite équipé d’une balise pour des expériences de radio-amateurs.
[+ISRO/ANTRIX]
(2003/PSLV ou GSLV)
IRAN
(Ministry of Culture
and Higher Education)
MESBAH
[2003?/Shahab-5
Mini-satellite expérimental de télécommunications pour initier les universités
et les industries iraniennes aux exigences de la technologie spatiale
[industrie iranienne]
ou IRIS-Kosar?]
(en préparation avec le projet de lanceur national pour mini-satellites)
MALAISIE
(Astronautic Technology
Sdn Bhd) [SSTL]
TIUNGSAT-1
(Septembre 2000/Dnepr 1)
MS technologique de 50 kg, développé avec l’aide de la Surrey Satellite
Technology Ltd pour des communications radio-amateurs, pour des
observations météorologiques, pour des mesures des rayons cosmiques
(sur orbite).
(Astronautic Technology
NEqO
Projet Near Equatorial Orbit d’une constellation de huit MS pour des
Sdn Bhd) [à définir]
[2004?/à déterminer]
observations terrestres et pour des communications numériques (en projet)
MAROC
(CRTS ou Centre Royal de
Télédétection Spatiale)
MAROC-TUBSAT
(Décembre 2001/Zenit 2)
MS technologique de 47 kg pour la météorologie et la messagerie, basé
sur la plate-forme TUBsat de la Technische Universität Berlin (sur orbite)
UNAMSAT-B/OSCAR-30
(1996/Cosmos 3M)
MS éducatif de 17 kg pour l’étude des micro-météorites dans la haute
atmosphère, réalisé dans le cadre du Programa Universitario de Investicagion
[Vectronic Aerospace]
MEXIQUE
(Universidad Nacional
Autonoma de Mexico)
[PUIDE /AMSAT]
y Desarrollo Espacial (sur orbite, ayant cessé de fonctionner)
NIGERIA
(National Space Research &
NIGERIASAT-1/DMC-Nigeria
Projet éducatif d’un MS technologique, avec l’aide de l’Université
Development Agency) [SSTL]
[2003/Dnepr-1?]
britannique de Surrey dans le cadre du système international Disaster
Monitoring Constellation du Surrey Space Centre (en construction)
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4
PAKISTAN
(SUPARCO/Space & Upper Atmosphere
Research Commission) [SUPARCO]
PEROU
(Comision Nactional de Investigacion
y Desarrollo Aeroespacial)
Space Connection # 38
BADR-1 et BADR-2
(1990/Longue Marche 2E,
2001/Zenit-2)
Mai 2002
Technologie des MS, acquise avec l’aide de Surrey Satellite Technology Ltd.
Deuxième satellite (69 kg) lancé de Baïkonour le 10 décembre 2001
pour des prises de vues depuis 1.000 km d’altitude (sur orbite).
BADR-C ?
MS technologique dans le cadre du projet d’un lanceur national
[2004 ?/Ghauri ?]
pour petits satellites
CONIDASAT-01
[2002 ou 2003/à déterminer]
Mini-satellite de 200 kg pour une mission de télédétection à haute
résolution, pour observer des détails de 3 m (en construction)
[CONIDA + Astrium]
ROUMANIE
(Romanian Space Agency) [?]
ROSASAT ?
Projet éducatif de MS pour la surveillance des régions à risques naturels
(2004?/à déterminer)
(projet à l’étude pour une coopération internationale).
SINGAPOUR
(Nanyang Technological University)
[NTU + DSO National Laboratories]
NTU X-SAT
[2007/à déterminer]
Mini-satellite de 100 à 150 kg pour des prises de vues à haute résolution
et pour un système avancé de messagerie (en préparation)
TAIWAN
(National Space Program Office)
ROCSAT-1
Mini-satellite de 395 kg pour des observations des océans, pour l’étude
[TRW]
(1999/Athena 1)
de l’ionosphère et pour des communications dans les 30/20 GHz (sur orbite)
ROCSAT-3/COSMIC
Projet USA-Taïwan de six MS pour la réalisation de COSMIC (Constellation
[2004/à déterminer]
Observing System for Meteorology, Ionosphere and Climate) (en construction)
(National Space Program Office)
(Aerospace Science & Technology
Research Center)[NSPO]
YAMSAT-ACUBE
[2002/Dnepr 1?]
Pico-satellite de moins d’1 kg, de la famille Cubesat, pour démontrer
l’emploi de nano-technologies pour des observations de la Terre
(en construction)
TUNISIE
(Union du Maghreb Arabe)
MAGHSAT-1
MS de télédétection et de messagerie pour les nations du Maghreb (en projet)
[2005/à déterminer]
TCHEQUIE
(Czech Space Devices Company)
(entre 1989 et 1996/Cyclone)/
MAGION/MIMOSA
[fin 2002/Rockot]
MS scientifiques de fabrication nationale, technologie développée
dans le cadre du Programme Intercosmos. MS équipé d’un accéléromètre
très sensible (en construction).
THAILANDE
(Mahanakorn University of Technology)
TMSAT-THAI PUHT
[SSTL]
(1998/Zenit 2)
(Thai Micro Satellite Company)
DMC-Thailand
MS de 100 kg pour le système Disaster Monitoring Constellation du Surrey
[TMSC]
[2003/Dnepr 1?]
Space Centre (en construction)
TURQUIE
(Tubitak Information Technology
and Electronics Research Institute)
[SSTL]
TUBITAK-BILTENSAT
ou DMC-TURKEY
[2003/Dnepr 1?]
MS amélioré de 100 kg, réalisé avec la Surrey Satellite Technology Ltd
pour des prises de vues de la surface terrestre (avec une résolution de 12 m),
pour le système Disaster Monitoring Constellation pour une expérience
MS de 50 kg pour des missions de télédétection et de messagerie (sur orbite)
technologique (en construction).
VIETNAM
(NCST ou National Centre for natural
Science and Technology) [SSTL]
MICROSAT ou
DMC-Vietnam
MS amélioré, réalisé avec la Surrey Satellite Technology Ltd pour
des observations à haute résolution, pour le système Disaster Monitoring
[2003/à déterminer]
Constellation (en construction)
(c) Janvier 2002 Space Information Center - Théo Pirard
Space Connection # 38
Mai 2002
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Dossier Engins spatiaux miniatures
Rendez-vous sur le web
avec les petits de l’espace
www.amsat.org : la Radio Amateur Satellite Corporation est l’une
www.issd.uni-bremen.de : Le ZARM (Zentrum fur Angewandte
des premières organisations internationales pour les applications
Raumfahrt-technologie und Mikrogravitation) de l’Université de
dans l’espace. Créée en 1969, cette association éducative regroupe
Bremen a mis sur pied l’ISSD (Internet Support Space Database),
les groupes de radio-amateurs qui réalisent des satellites miniaturi-
une base de données sur les systèmes pour l’espace, spécialement
sés, baptisés OSCAR. Sur son site, on trouve toutes les informations
pour la réalisation des petits satellites. Il faut au préalable obtenir
sur le fonctionnement des engins spatiaux à disposition des radio-
un mot de passe pour la consulter.
amateurs et un état des projets en cours dans le monde.
www.magellanaerospace.com : La société canadienne Bristol
http://csmt.jpl.nasa.gov et www.jpl.nasa.gov : Le Center for
Aerospace Ltd produit les fusées-sondes Black Brant. Elle est char-
Space Microelectronics Technology (CSMT) du Jet Propulsion
gée de réaliser le premier mini-satellite canadien: le Scisat-1 de
Laboratory, s’est spécialisé dans les nano-technologies pour les
160 kg doit étudier la chimie de l’atmosphère.
missions spatiales. Le JPL est associé aux grands exploits des USA
dans l’exploration du système solaire. Le Discovery Program et le
www.megsat.it : une firme italienne présente sa série Megsat de
New Millenium Program réalisent des missions scientifiques et
micro-satellites.
technologiques dans une stratégie “faster, better, cheaper”.
www.nanosat.usu.edu : Toutes les informations sont données sur
www.ee.surrey.ac.uk : Cliquez sur “satellites” pour découvrir le
les dix engins ultraminiaturisés de haute technologie que des uni-
dynamisme de l’Université britannique de Surrey (UniS) dans la
versités américaines vont tester prochainement à des fins scienti-
technologie des satellites miniaturisés.
fiques et militaires.
www.eurospace.org : Eurospace, l’association européenne des indus-
www.nanospace.systems.org : Le Center for NanoSpace Technologies
tries du secteur spatial, publie une intéressante banque de données
(NST) veut promouvoir des systèmes d’applications spatiales qui
sur les plates-formes de satellites qui sont disponibles en Europe.
intègrent la nano-électronique et les MEMS (Micro-Electro-Mechanical
Systems).
www.flosat.be : Le groupe Floreffe Espace a été créé par des
professeurs et élèves du Séminaire de Floreffe (enseignement
www.orbitessera.com : Il s’agit d’une banque de données sur
secondaire) qui ont proposé deux expériences avec le micro-satellite
les orbites et les fréquences de l’ISS, des satellites météo, des
PROBA-1. Rédigé en français, néerlandais, anglais et espagnol.
satellites pour radio-amateurs. C’est un outil intéressant pour
établir des communications avec des engins spatiaux.
www.isas.ac.jp : L’Institute of Space and Astronautical Science au
Japon s’est fait une spécialité des engins spatiaux de petite taille,
www.orbital.com : La société Orbital Sciences Corporation s’est
à cause des performances limitées de ses lanceurs à poudre.
spécialisée dans le développement et le transport de petits satel-
Son site nous donne un aperçu, peu détaillé, des satellites
lites. Elle a réalisé les systèmes Orbcomm (télécommunications)
miniaturisés pour des missions technologiques et scientifiques.
et Orbimage (télédétection). Elle a mis au point et exploite les
lanceurs Pegasus (largué d’un avion), Taurus et Minotaur.
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www.osss.com : L’entreprise One Stop Satellite Solutions (OSSS)
www.ssdl.stanford.edu : Le Stanford University Space Systems
commercialise un service “clés en mains” pour réaliser, lancer et
Development Laboratory (SSDL), sous le nom de Projet CubeSat,
contrôler des micro- ou nano-satellites. Elle propose sur un plan
réalise des pico-satellites.
équatorial la constellation TropNet de 16 à 24 micro-satellites en
orbite basse pour relayer les données.
www.sseti.net : Le Student Space Exploration & Technology
Initiative de l’ESA a pour but de promouvoir auprès des étudiants la
www.sdl.usu.edu : Le Space Dynamics Laboratory (SDL), créé en
science et la technologie spatiales. Elle encourage leur apprentissage
1959 au sein de l’Utah State University (USU), s’est spécialisé dans
avec la conception, la construction et l’utilisation d’un micro-
la micro-électronique pour les systèmes spatiaux. Il organise à la
satellite pour une mission éducative et dans un but médiatique.
mi-août la conférence de l’année sur les petits satellites, pour faire
le point sur les technologies de la miniaturisation des satellites, à
www.suparco.gov.pk : le Space and Upper Atmosphere Commission
des fins tant civiles que militaires.
constitue l’agence spatiale du Pakistan. Il réalise les fusées-sondes
www.smallsatellites.org : Ce site, réalisé par le Surrey Space Centre,
spatiales.
Rehbar, les micro-satellites Badr, des instruments pour des expériences
contient le Small Satellites Home Page, avec de nombreuses informations sur les familles et applications des petits satellites. Il renseigne
www.verhaert.com : Le site de la société qui a réalisé PROBA-1,
sur les institutions et sociétés qui en réalisent dans le monde, sur les
le premier micro-satellite belge.
modèles de lanceurs qui sont adaptés à leur mise sur orbite.
www.vectronic-aerospace.com : cette entreprise de Berlin développe
www.spacedev.com : La compagnie SpaceDev commercialise des
des systèmes de communications pour l’espace. Dans sa rubrique
engins miniaturisés pour les opérations sur orbite terrestre et pour
“space applications”, elle décrit les nano- et micro-satellites Tubsat
l’exploration du système solaire. Elle s’efforce de promouvoir la
de la Technische Universität Berlin.
propulsion hybride (solide-liquide) pour les lanceurs futurs.
http://www.vs.afrl.af.mil/ : le Space Vehicles Directorate de l’Air
http://spacedevices.i-line.cz : cette PME de Prague, créée en
Force Research Laboratory (AFRL) dévoile plusieurs technologies
1991, exploite le savoir-faire tchèque dans le développement
avancées que mettent au point les centres de recherche de l’US Air
d’instruments de haute technologie pour l’espace ainsi que des
Force dans le cadre de missions militaires sur orbite. La rubrique
micro-satellites scientifiques MAGION. Elle a la maîtrise d’oeuvre
“factsheets” est une mine d’informations sur les systèmes micro-
du petit satellite MIMOSA pour l’étude de l’atmosphère.
miniaturisés qui sont testés dans l’espace, notamment les MEMS
(Micro-Electro-Mechanical Systems). Les programmes XSS Microsa-
http://spacescience.nasa.gov/missions/ : la rubrique “space
science” de la NASA fait découvrir la grande variété de missions
passées, en cours et en préparation.
tellite et TechSat 21 y sont décrits.
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Dossier Engins spatiaux miniatures
Au quatrième Spot,
l’heure de Végétation
Dans la nuit du 23 au 24 mars 1998, une fusée européenne Ariane
emportait le satellite d’observation de la Terre Spot 4, un engin qui
s’inscrivait dans le droit chemin d’une filière qui avait fait ses preuves.
E
D’une masse totale au lancement
mesures précises sur les caracté-
de 2.755 kg, il est formé d’une
ristiques fondamentales des
été placés en orbite auparavant:
plate-forme multimissions, d’une
couverts végétaux (forêt, agri-
Spot 1 en février 1986, Spot 2
charge utile haute résolution
culture, etc.) à grande échelle.
en janvier 1990 et Spot 3 en
avec utilisation de moyen infra-
Financé conjointement par la
septembre 1993. Bien que
rouge et d’un ensemble de
Commission européenne, la
conçu pour une durée de vie de
charges utiles complémentaires
France, la Suède, l’Italie et la
3 à 4 ans, les satellites Spot 1
dont une mémoire de masse
Belgique, cet instrument basse
et 2 assurent encore aujourd’hui
Mdm ; Pastel, une expérience de
résolution fournit des images de
un service limité alors que ceux
liaison optique inter-orbitale
très haute qualité qui peuvent
de Spot 3 ont été arrêtés en
Silex -ce programme a été
être combinées avec la haute
novembre 1996.
décidé pour valider le concept
résolution de Spot 4, ce qui per-
optique de transfert de l’image
met aux utilisateurs de superpo-
La filière Spot représente le pre-
HRVIR (Haute résolution dans le
ser directement les images afin
mier programme européen d’ima-
visible et l’infrarouge) à 50 Mbit
d’obtenir des données à plusieurs
gerie de la surface terrestre à
par seconde aux stations de
échelles. Cette faculté est parti-
haute résolution. Proposé par la
Redu (en Belgique) et d’Aussguel
culièrement utile, par exemple,
France en 1976 à ses partenaires
(en France) via le satellite relais
pour faire un zoom sur une
européens pour être conduit
géostionnaire Artémis ; Doris,
région donnée où l’on a détecté
dans le cadre de l’Agence Spa-
une charge destinée à la
au préalable une anomalie.
tiale Européenne (ESA), il a fina-
localisation ; Vega, un répéteur
lement été réalisé en association
radar ; Poam pour la mesure de
par la France, la Suède et la Bel-
l’ozone et… Végétation, un
n effet, trois satellites de la
même famille avaient déjà
gique. Construit par Matra Mar-
instrument d’observation de la
coni Space pour le Centre Natio-
Terre à champ large. Placé sur
nal (français) d’Etudes Spatiales
une orbite héliosynchrone à
(CNES), Spot 4 a été conçu pour
822 km d’altitude, la durée de vie
remplir deux missions princi-
prévue de Spot 4 est de 5 ans.
pales : prendre des vues à haute
résolution pour des services de
Pour quels utilisateurs ?
télédétection et des vues à résolution moyenne afin d’offrir une
Végétation porte bien son nom
couverture globale de sur-
car cette charge utile est en
veillance de l’environnement.
effet capable de fournir des
La première image de synthèse
sur base de données de Végétation
sur dix jours en 1998. (CNES)
Image de Végétation de la Mer Rouge.
(CNES)
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Les utilisations des données de
des zones équatoriales, Végéta-
servent de support aux analyses
et le déclenchement de l’alerte
Végétation peuvent être à la fois
tion permet d’estimer avec fia-
de conjoncture agricole, à l’esti-
éventuelle nécessitent évidem-
scientifiques et opérationnelles
blité les surfaces et l’état des
mation de l’impact de la séche-
ment des délais de traitement et
et se situent à des niveaux géo-
zones forestières. D’autre part,
resse, des gelées ou des inonda-
de diffusion mais leur rapidité
graphiques différents: planétaire,
dans les zones tempérées et
tions, à la détection d’anomalies
débouche sur de nombreuses
national ou régional. Si l’on
boréales, il constitue un outil
ou même de maladies qui mena-
applications souvent ignorées du
considère l’aspect global, Végéta-
utile aux différents systèmes
cent ou affectent les cultures.
grand public. En effet, le secteur
tion apporte une grande contri-
d’estimation et de suivi des res-
Certains organismes internatio-
agro-industriel, comme par
bution aux approches scienti-
sources forestières.
naux comme la FAO (Food and
exemple les fabricants de pro-
Agricultural Organisation) par
duits phyto-sanitaires, d’engrais
fiques liées aux modifications de
la biosphère continentale, comme
L’Europe, le Sahel, l’Afrique du
exemple ont déjà mis en place
ou de graines, est un utilisateur
par exemple estimer son impact
Nord ou de l’Ouest, la Chine,
un système opérationnel pour
des informations fournies par
sur les échanges de carbone ou
etc… c’est-à-dire les grandes
détecter, à partir des données
Végétation à condition qu’il
de concentration de gaz, sur les
régions de la planète, utilisent à
Végétation, les zones de végéta-
puisse en disposer sous une
bilans hydriques, etc… Autant
des degrés différents selon leur
tion propices à la nidification et
forme directement exploitable et
d’informations utiles pour établir
niveau de développement, de 70
au développement du criquet
dans les plus brefs délais. C’est
une prévision des tendances et
à 80 % des informations four-
pèlerin, un prédateur très nocif
que la prévision en temps quasi
de leurs conséquences probables:
nies par Végétation. Pour l’Eu-
aux cultures et très actif en
réel d’une attaque de cochenille
en couvrant chaque jour 90 %
rope, par exemple, ses données
Afrique du Nord, cela dans le
ou le développement d’un cham-
but de pouvoir traiter très rapi-
pignon sur certaines cultures
dement la région infectée.
permet une réaction “commerciale” intéressante.
Dans les pays en voie de développement, Végétation peut
Grâce aux données collectées
rendre des services inestimables
journellement par Végétation
en fournissant régulièrement des
sur l’ensemble de la planète et
données sur l’état des cultures,
la diffusion quasi en temps réel
ce qui permet aux scientifiques
vers les utilisateurs, les scienti-
de détecter très rapidement une
fiques disposent désormais
situation alimentaire qui risque
d’une observation prolongée et
de devenir déficitaire et agiter la
systématique des modifications
sonnette d’alarme auprès des
de notre environnement, ce qui
responsables politiques. Cette
leur permet de mieux com-
surveillance des zones cultivées
prendre les mécanismes des
Image de Végétation des feux de forêts en Australie. (CNES)
changements globaux et donc
de mieux préserver notre futur.
Fuegosat, chasseur d’incendies
Végétation,
un instrument d’exception
L’Espagne a étudié le projet Fuego, une constellation d’une douzaine de mini-satellites aux
senseurs infrarouges qui sont chargés de détecter des feux de forêts ou des débuts d’activité
La charge utile Végétation
volcanique et de suivre leur évolution avec une précision de 35 à 50 m. Le premier Fuegosat
(150 kg) permet de mener sur le
doit être lancé en 2004. La constellation devrait être opérationnelle dès 2006 pour une sur-
couvert végétal planétaire des
veillance des régions situées entre les 50 degrés de latitude Nord et Sud. Madrid a obtenu le
études novatrices à des échelles
soutien de l’ESA, dans le cadre du programme Earth Watch de l’ESA. Alcatel Space (France),
Officine Galileo (Italie), le DLR allemand, ainsi que des universités en Grèce et au Portugal
sont partie prenante dans ce programme qui correspond bien à l’objectif de GMES (Global
Monitoring for Environment and Security).
temporelles et spatiales complémentaires. La mission principale
du système est de fournir des
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Couverture quotidienne de
Végétation (orbite de SPOT 4).
Grâce à une fauchée de 2250 km,
l’instrument peut couvrir la quasi
totalité des terres émergées au
cours des 14 orbites qu’il effectue
chaque jour, seules quelques zones
proches de l’équateur ne sont pas
couvertes. Néanmoins, les zones
équatoriales non couvertes un jour
le sont le lendemain. De plus, au
delà de 35° de latitude, toute zone
est vue au moins une fois par jour.
mesures précises et opération-
France, de la Suède, de l’Italie
chargée de faire l’inventaire et
société Spot Image implantée à
nelles pour différents types d’uti-
et de la Belgique, qui ont mis
d’archiver les données brutes. Le
Toulouse avec l’aide des trois
lisations, notamment des études
en commun leurs capacités de
centre de contrôle et de pro-
sous-distributeurs EOWorks (Bel-
scientifiques nécessitant des
recherche et d’innovation, leurs
grammation vers Spot 4 (ainsi
gique), Satellus (Suède) et
expériences régionales ou locales
compétences techniques et
qu’un réseau de stations en
Telespazio (Italie).
sur de longues périodes, ou
industrielles ainsi que leurs
bande S) chargé de transmettre
encore pour des systèmes d’aide
connaissances des besoins des
le programme d’activités journa-
“Sept jours après le lancement
à la décision nécessaires à la
utilisateurs. Pour répondre au
lières (acquisition d’images et
de Spot 4, soit le 31 mars 1998,
gestion de productions végétales
mieux aux objectifs fixés, le
enregistrement des données) et
les premières images de l’instru-
importantes, agricoles, fores-
système s’articule autour de la
de suivre le bon fonctionnement
ment Végétation étaient acquises
tières ou pastorales.Sa vocation
charge utile et d’une compo-
de la charge utile embarquée,
par la station de réception de
n’est pas la haute résolution spa-
sante sol. A bord du satellite se
est assuré par le CNES depuis
Toulouse. Les jours suivants les
tiale mais la très grande répétiti-
trouve donc un instrument de
Toulouse en France. Une station
acquisitions étaient réalisées par
vité car nombre d’applications
prise de vues à quatre bandes
de réception régionale de réfé-
la station de Kiruna, validant
telles que par exemple la
spectrales couvrant les
rence (SRVL) ayant pour mission
ainsi toute la chaîne du système.
recherche bioclimatique ou la
domaines du visibles (bleu,
de démontrer les possibilités de
En septembre de la même année,
prévision de récoltes, nécessitent
rouge), du proche infrarouge et
réception en bande L est égale-
celui-ci entrait en exploitation et
un suivi permanent du couvert
du moyen infrarouge, identiques
ment située à Toulouse. Enfin,
depuis lors, chaque jour, la sta-
végétal. A cette fin, un champ
à celles des instruments haute
un centre de traitement des
tion principale de réception
très large de 100° a été choisi et
résolution de Spot 4 et dont la
images installé au sein de la
située à Kiruna (SRIV) reçoit un
la “fauchée” de 2.250 km, asso-
résolution spatiale est de 1 km.
VITO à Mol en Belgique (CTIV
volume de 1 à 2 gigaoctets d’in-
ciée à la résolution du kilomètre,
pour Centre de Traitement des
formations brutes correspondant
autorise une couverture quoti-
Les composantes “sol”
Images Végétation), traite les
à la couverture totale des régions
images reçues par la station
continentales” explique Dirk Van
latitudes supérieures à 35° et
Les composantes “sol” sont
principale, gère l’archive mon-
Speybroeck, coordinateur du
tous les deux jours pour les
constituées par une station
diale de toutes les images Végé-
système Végétation au CTIV.
régions équatoriales.
principale de réception en
tation dès le lancement début
“Dès réception, les données sont
bande X des mesures effectuées
1998 et diffuse les produits
inventoriées et transmises au
sur l’ensemble du globe et enre-
finis aux utilisateurs. La distri-
Centre de traitement de Mol.
dienne des régions situées à des
Le développement de ce programme repose sur des équipes
gistrées à bord de Végétation.
bution des produits Végétation
Opérant 24 heures sur 24 et 365
européennes issues de la Com-
Elle est située à Kiruna en
issus du centre de traitement
jours par an avec une équipe de
mission européenne, de la
Suède (SRIV) et est également
CTIV s’effectue également par la
11 personnes, celui-ci archive
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Caractéristiques et schéma de fonctionnement du système Végétation.
toutes les télémesures reçues et
tration (NOAA) américaine, d’es-
les traite systématiquement pour
timer le volume de la production
obtenir, au niveau mondial, une
mondiale cultivée mais aussi
synthèse quotidienne. A partir de
l’état de santé de la végétation
La petite ville de Mol, située en Campine, à la limite des provinces
ces synthèses quotidiennes, il
naturelle. Sols labourés ou
d’Anvers et du Limbourg, fut longtemps connue pour son Centre de
élabore progressivement une syn-
franches jachères, colza ou
Recherche Nucléaire fondé en 1953 et où l’Euratom exploitait, en col-
thèse décadaire basée sur la
maïs, champs de blé ou de bet-
laboration avec la Belgique, un réacteur expérimental. Les activités
meilleure mesure acquise en dix
teraves, savanes ou forêts, sur-
dérivées de ces travaux prenant sans cesse plus d’importance, vers la
jours suivant un algorithme qui
faces inondées ou desséchées,
fin des années 80, début des années 90, il fut décidé de séparer tout
tient compte de la présence de
le module Végétation surveille
nuages au moment de la mesure
désormais en permanence
(mis au point par la VITO avec
depuis l’espace l’évolution du
l’aide de la société Trasys). Ce
manteau de la Terre.
La VITO en quelques mots
ce qui avait trait au nucléaire des autres recherches et c’est ainsi que
le gouvernement flamand créa la “Vlaamse instelling voor technologisch onderzoek” (VITO).
En se situant entre les universités et l’industrie, la VITO travaille prin-
centre a également la capacité
de traiter et de livrer aux utilisa-
Les satellites de la famille Spot
cipalement sous forme de contrats précis tels que la réalisation de
teurs par voie électronique, sous
ont démontré le bien-fondé des
mesures de pollution ou de matériaux en céramique au profit du sec-
forme de CD-ROM ou de bande
choix technologiques faits par
teur privé (notamment les PME) et des autorités. Il compte actuelle-
magnétique et en moins de deux
le CNES lors de la conception de
ment 470 chercheurs (dont un certain nombre de jeunes doctorants).
jours après l’acquisition des
ce système destiné à la récep-
images, des produits spécifiques
tion, au traitement et la diffu-
réalisés à la demande”.
sion des renseignements obtenus par le module Végétation.
Les activités de la VITO se situent dans les domaines de l’énergie, des
matériaux et de l’environnement, plus précisément au sein de huit
centres d’expertises dont un spécialisé dans l’analyse des images satelli-
Aussi, la Belgique (via la VITO)
taires. En effet, un “Centre of Expertise Remote Sensing and Atmospheric
a décidé de poursuivre sa colla-
Processes” (TAP) réalise un certain nombre d’études au profit de clients
Grâce à l’instrument Végétation,
boration avec la France et la
privés ou d’institutions internationales. http://www.vito.be
l’Europe des sciences et de l’in-
Suède dans ce domaine. L’étude
dustrie a relevé un nouveau défi
des écosystèmes de la planète
en matière d’observation de la
sera donc poursuivie avec la
Pour en savoir davantage, consultez les sites :
planète. Elle est aujourd’hui à
charge utile Végétation 2, un
http://www.vgt.vito.be
En attendant Spot 5
même, mieux qu’avec les cap-
instrument presqu’identique à
http://www.spot-vegetation.com
teurs AVHHR de la National
son prédécesseur, jusqu’en
http://vegetation.cnes.fr
Oceanic Atmospheric Adminis-
2010… au moins.
http://www.spotimage.fr
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Dossier Engins spatiaux miniatures
Le petit village de Redu, dans la commune de Libin (province de Luxembourg), est
connu par le grand public comme le village du livre avec, parfois, un soupçon de
spatial car, au détour d’une route et au fond d’une cuvette bordée de champs et
de bois, il découvre une vingtaine d’antennes paraboliques pointées vers le ciel.
C’est en effet dans cet immense amphithéâtre naturel de 19 hectares, à 350
mètres d’altitude et loin de toute perturbation radioélectrique, que l’”Europe
spatiale” a installé en 1968 une station de poursuite et de contrôle de satellites.
Les grandes oreilles de Redu
A
Une ruche
que ESRO 1B, HEOS A1 et A2, TD 1A et COS B)
Aujourd’hui encore, la station de Redu assure
cette époque, la station relayait les
signaux des satellites scientifiques (tels
sous la direction de l’ingénieur britannique
John MacLauchlan. La station assure également une fonction de recette en orbite et de
de l’European Space Research Organisation
le contrôle et le suivi en orbite des satellites
mesure de performances des répéteurs de
(ESRO) vers le Centre Européen d’Opérations
ECS pour le compte d’EUTELSAT (l’Organisa-
télécommunications des satellites d’Eutelsat.
Spatiales (ESOC) situé à Darmstadt en Alle-
tion européenne de télécommunications par
magne. Après la création de l’Agence Spatiale
satellite) et de Marecs. Les signaux qui sont
Mais la station vit aussi à l’heure du futur
Européenne (ESA) en 1975 et avec l’arrivée
acheminés par ces satellites sont essentielle-
car elle est impliquée dans le programme
des satellites géostationnaires, la station de
ment des signaux de télévision, de radio, de
ARTEMIS (Advanced Relay and TEchnology
Redu fut intégrée dans un réseau de poursuite
téléphonie, de transmission de données et de
MISsion) de l’ESA qui comprend la mise en
et de contrôle de satellites comprenant
communications entre mobiles. Le contrôle
orbite d’un satellite de plus de trois tonnes
notamment les stations de Kourou, Malindi,
comprend la détermination d’orbite, le main-
chargé de relayer les hauts débits de don-
Perth et Ibaraki. Elle participa ainsi aux
tien à une position orbitale grâce à des
nées transmis par les satellites en orbite
phases de lancement et de mise en orbite des
manœuvres de correction de trajectoire, le
basse comme Spot-4 (déjà en orbite), Envi-
satellites GEOS (Geosynchronous Orbital Satel-
traitement de données de télémesures ainsi
sat (ESA), OICETS et ADEOS (Nasda, Japon)
lite), OTS (Orbital Test Satelite), Marecs (Mari-
que l’envoi des signaux de télécommande.
et JEM (module japonais de la station spa-
time European Communications Satellite),
Tout ceci s’effectue grâce aux antennes de
tiale internationale) dans les bandes S et Ka
Meteosat (Meteorological Satellite), MOS
toutes tailles qui ont poussé dans la cuvette
ainsi qu’en mode optique (faisceau laser).
(Marine Observation Satellite, en collaboration
et qui assurent les liaisons vers les satellites,
Dans ce programme, Redu est chargé des
avec le Japon), et ECS (European Communica-
grâce aux batteries d’ordinateurs et d’appa-
essais de sa charge utile ainsi que de la ges-
tions Satellite) dont le centre de contrôle se
reils de mesure sophistiqués qui remplissent
tion de la capacité comme relais de données
trouve encore à Redu. La station fut égale-
les salles de contrôle et, surtout grâce au
entre satellites. Actuellement, le nouveau
ment impliquée dans la mise en œuvre du
personnel constitué d’une cinquantaine d’in-
centre de contrôle assure le suivi en orbite
satellite OLYMPUS entre 1989 et 1993.
génieurs et de techniciens qui les manipulent
de la mission PASTEL, un terminal de trans-
3
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mission de données en bande optique laser
également à Redu. La télémesure du satel-
Evidemment toutes ces missions de poursuite
embarqué à bord du satellite SPOT 4, sem-
lite scientifique américain IMP-8, dont les
et de contrôle d’engins spatiaux exigent de
blable à celui qui se trouvera à bord d’Arte-
mesures sont transmises immédiatement à
nombreuses antennes paraboliques et autres.
mis et qui s’appellera OPALE.
la NASA, est reçu également à Redu.
La plus grande est destinée à la télémesure et
La liaison laser entre Spot 4, dont l’orbite
Enfin, le centre de contrôle de PROBA (le
quatre autres servent à effectuer des mesures
polaire se situe à 822 km et Artémis, qui
premier satellite belge) est installé à Redu.
de performance des répéteurs de télécommu-
sera en orbite géostationnaire à 36.000 km
L’engin construit et assemblé par le fabricant
nications des satellites ECS, Eutelsat et Arte-
d’altitude, constitue un véritable défi tech-
Verhaert à Kruibeke près d’Anvers, constitue
mis. Les antennes non-paraboliques sont des
nologique car la marge d’acquisition de la
le premier membre d’une famille de microsa-
antennes en bande de fréquence VHF utilisées
liaison entre les deux engins est de 300
tellites. Pesant près de 100 kg et de forme
pour la télémesure et la télécommande des
mètres alors qu’ils se trouvent à 45.000 km
quasi cubique (80 x 60 x 60 cm), PROBA
satellites ECS, Marecs et IMP-8.
de distance. Ce type de liaisons devrait per-
(PROjet for on-Board Autonomy) a été placé
mettre d’augmenter considérablement la
sur une orbite polaire à 600 km d’altitude par
Une tour a été érigée à l’extérieur du péri-
télécommande du satellite Intégral tandis que
transmission des données: 50 Mbits par
une fusée indienne. Il est équipé d’un spec-
mètre pour permettre la calibration des
seconde avec une puissance de diode laser
tromètre imageur pour des prises de vue à
antennes. Enfin, dans le but de pouvoir four-
de seulement 60 mW. Or, sur un satellite
haute résolution, d’un enregistreur de radia-
nir des données à haut débit, Redu est relié
comme Spot 4, où une partie de l’énergie
tions et d’un détecteur de poussières. Il peut
au réseau de fibres optiques de Belgacom par
est accaparée par son travail de prise de
ainsi réaliser des missions d’observation de la
deux voies indépendantes l’une de l’autre.
vue, la transmission intersatellitaire est
Terre et de l’espace demandées par la com-
beaucoup moins coûteuse en énergie que la
munauté scientifique internationale et par …
Depuis sa création en 1968, la station de
transmission des données vers les stations
des élèves issus d’écoles réparties dans toute
poursuite et de contrôle de Redu a acquis
terrestres. A terme donc, cette technique
la Belgique. En outre, il intègre un récepteur
une expérience considérable dans le domaine
pourrait être utilisée par les futures constel-
GPS pour calculer lui-même son orbite,
des transmissions spatiales au point qu’elle
lations de satellites multimédias.
quatre moteurs, une batterie, des cellules
possède aujourd’hui les atouts pour rentabili-
photoélectriques, un ordinateur, divers sen-
ser son importante infrastructure auprès des
seurs et des équipements de communication
opérateurs de satellites de télécommunica-
vers le sol. Développé pour le compte de
tions et d’institutions scientifiques.
Une forêt d’antennes
Le suivi du satellite INTEGRAL (lancement
l’ESA, il a été conçu pour fonctionner pen-
prévu en 2002) sera assuré par Redu grâce à
dant deux ans mais restera en orbite pendant
une antenne parabolique de poursuite de 15
une dizaine d’années.
mètres de diamètre. Le centre de contrôle
de secours du satellite XMM ainsi que celui
installé récemment par Newskies se trouvent
La station ESA de Redu (Province de Luxembourg)
pilote le micro-satellite PROBA-1. (Th.P./SIC)
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Actualités
A Edimbourg, la Belgique s’est affirmée comme
“le plus grand des petits Etats membres de l’ESA”
Au Conseil de l’ESA à Edimbourg, les 14 et 15
novembre dernier 2001, Yvan Ylieff, le Commissaire chargé de la politique scientifique au sein
du gouvernement belge, a demandé que le rôle
de l’ESA soit redéfini vis-à-vis de ses partenaires
industriels, particulièrement ceux des “petits
pays”: “Ce rôle doit permettre à leurs industries sous-contractants et équipementiers - de se positionner de manière compétitive et de trouver leur
place aux côtés des grands groupes. A cet égard,
il est indispensable de renforcer le rôle central de
l’Agence comme meneur de projets et comme
catalyseur d’initiatives du secteur privé, notamment en lui offrant un support technique adéquat”. Ainsi la Belgique a pour ambition de
développer et de consolider des niches de spécialisation stratégique au sein du monde industriel (équipements pour lanceurs, éléments d’engins spatiaux, systèmes de microsatellites),
d’encourager les équipes scientifiques dans des
activités autour de pôles d’excellence en microgravité, science spatiale, observation de la
Terre, dans la création de spin-offs technologiques, dans la mise en oeuvre de centres d’opération et de traitement...
Evoquant les discussions sur la restructuration
du développement industriel de la version
Ariane 5 Plus de 2006, Yvan Ylieff a répété que
“la volonté de la Belgique est de maintenir et
de renforcer la position de son industrie dans
les niches acquises depuis le début du programme Ariane”. Il a vivement affirmé son
opposition à une restructuration industrielle
qui remettrait en cause les travaux prévus
pour l’industrie belge dans la 3e phase d’amélioration d’Ariane 5. Par contre, il s’est dit prêt
à discuter avec tous les acteurs concernés sur
une restructuration éventuelle de la phase de
production pour qu’Ariane reste compétitive
sur le marché international.
“Pour la Belgique,” a rappelé le Commissaire
belge, “la participation aux programmes et
activités de l’ESA revêt un aspect primordial.
Depuis de nombreuses années, le choix d’investir la quasi-totalité de nos moyens au travers de
l’Agence s’est révélé payant. Aux yeux de mon
pays, l’Agence joue donc un rôle supplémentaire, et non des moindres : celui de structure
spatiale nationale.” La Belgique était venue à
LA PLACE DE LA BELGIQUE PARMI LES MEMBRES DE L’ESA
Etat membre
Activités obligatoires
au pro-rata du PNB (*)
Tous les programmes
obligatoires + optionnels
Allemagne
24,4 %
22,9 %
Autriche
2,5 %
1,2 %
Belgique
3,3 %
(8e
place)
6,8 % (5e place)
Danemark
1,9 %
0,9 %
Espagne
6,9 %
5%
Finlande
1,4 %
0,4 %
France
17,2 %
30,8 %
Irlande
0,7 %
0,3 %
Italie
13,6 %
15,5 %
Norvège
1,7 %
1,2 %
Pays-Bas
4,7 %
2,4 %
Portugal
0,9 %
0,4 %
Royaume-Uni
14,1 %
7,1 %
Suède
2,6 %
2,2 %
Suisse
3,7 %
2,4 %
Canada (Etat coopérant)
0,3 %
0,7 %
(*) Il s’agit des budgets de fonctionnement de l’ESA et du programme
scientifique qui doivent être souscrits par les Etats membres.
Edimbourg en ayant bien préparé ses souscriptions à tous les programmes optionnels de
l’ESA. Jusqu’en 1995, la politique spatiale
belge se distingua par un engagement résolu
dans les programmes d’infrastructure: les lanceurs Ariane, les missions spatiales habitées
avec Spacelab et l’ISS (International Space
Station), l’observation de la Terre, notamment
en coopération avec la France pour les satellites SPOT et l’instrument Végétation. Depuis
le Conseil ESA de Toulouse, un effort accru et
complémentaire s’est porté sur les équipements scientifiques avec PRODEX (programme
de support aux expériences spatiales) et sur
les systèmes technologiques avec ARTES
(Advanced Research in Telecommunications
Systems) et GSTP (General Support Technology
Programme). Dans le cadre de ce dernier programme, ce sont des firmes belges localisées
en Flandre qui ont réalisé le micro-satellite
PROBA-1 de l’ESA. Mis sur orbite par un lanceur indien le 22 octobre 2001, il a réalisé ses
premières prises de vues, sous le contrôle de
la station ESA de Redu.
La stratégie actuelle de la Belgique spatiale
concerne, dans ses trois Régions, le développement d’applications industrielles et commerciales, la recherche sur de nouvelles technologies et le support aux travaux des
scientifiques dans les universités, les institutions fédérales et internationales (comme le
von Karman Institute for Fluid Dynamics). Elle
encourage, dans le contexte européen, la création de pôles d’excellence, la collaboration
entre ces pôles et le monde industriel, la spécialisation dans des technologies innovantes,
les retombées pour des services à la collectivité, l’utilisation duale - à des fins civiles et
militaires - des systèmes spatiaux de télécommunications et de télédétection. Dans le but
d’optimiser et d’actualiser la politique spatiale
belge, vont être mis en place un Comité
consultatif de l’espace avec des représentants
de l’Etat fédéral, des Régions et des Communautés, ainsi qu’un Forum de l’espace réunissant les acteurs industriels et scientifiques,
les utilisateurs publics et privés.
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Actualités
Savoir-faire liégeois
au service de l’Inde spatiale
Le pôle spatial de Liège s’est spécialisé dans les moyens d’essais au sol des
systèmes optiques pour l’espace. Pour tester ses satellites, l’Indian Space
Research Organisation fait appel aux compétences liégeoises. L’objectif des
Indiens est d’acquérir peu à peu l’autonomie technologique pour la fabrication
et l’exploitation des satellites d’applications (télécommunications, télévision,
météorologie, télédétection...), dans le développement et le lancement de
fusées spatiales. En 1980, l’Inde devenait le 7ème pays au monde à démontrer
sa capacité de les placer sur orbite. N’oublions pas que PROBA-1, le premier
satellite belge, a pu être placé autour de la Terre par un lanceur indien PSLV.
La société Alcatel
ETCA de Charleroi s’est
spécialisée dans les
équipements pour
l’alimentation électrique
des satellites.
(Alcatel-ETCA)
Commande chinoise
à Alcatel ETCA
La Chinese Academy of Space Technology a choisi Alcatel ETCA
L’Inde est le seul pays au monde à avoir un ministère fédéral de l’espace: le
budget de ce ministère a doublé en cinq ans et dépassait en 2000 les 450 millions de dollars (soit trois fois le budget spatial de la Belgique). Le programme
spatial indien donne la priorité aux applications pour le développement socioéconomique d’une population qui dépasse le milliard d’habitants. L’ISRO
emploie plus de 18.000 personnes, dont les 2/3 sont des ingénieurs et techniciens, dans cinq grands centres de haute technologie.
Au début de 1999, le Centre Spatial de Liège (CSL) est contacté par l’industrie
indienne en vue d’une offre pour une cuve de simulation spatiale de 5,5 m de
diamètre. Elle est destinée à mettre au point les instruments optiques des
prochains satellites indiens d’observation à haute résolution. Après une
dizaine de mois d’évaluation sur le concept de simulateur, le CSL, avec la collaboration de l’entreprise AMOS (Advanced Mechanical and Optical Systems),
obtenait un contrat de 140 millions de francs de Bharat Heavy Plate & Vessels. Cette compagnie indienne a construit sur place le bâtiment et réalisé le
caisson de simulation. CSL était responsable de toute l’électronique et des
équipements mécaniques, tandis que AMOS était chargée de la stabilisation
et des systèmes thermiques.
pour le coeur électrique de ses deux premiers satellites DFH-4
de télécommunications qui doivent être lancés en 2003-2004.
Les équipements commandés à Alcatel ETCA concernent le
sous-système PCU (Power Conditioning Unit) de 9 kW, d’une
masse de 42 kg, qui est actuellement l’un des plus performants
au niveau mondial. La commande, d’un montant de 3,7 millions
d’euro, procurera quelque 17.000 heures de travail. La livraison
doit être réalisée dans des délais très courts: 13 mois pour le
sous-système du premier satellite, 17 mois pour celui du
second. “Cette commande démontre l’importance de poursuivre
des efforts permanents de recherche et de développement au
sein de notre société avec le support de l’ESA et des SSTC en Belgique”, a reconnu René Hannon, Administrateur délégué d’Alcatel ETCA. En l’an 2000, ALCATEL ETCA qui employait 675 personnes a réalisé un chiffre d’affaires de 76 millions d’euros.
Présentation des activités de l’ESO
Le 20 novembre 2001 avait lieu au Planétarium
(Heysel) une présentation des projets passés
et futurs de l’ESO (European Southern Observatory ou Observatoire austral européen) en présence de Philippe Busquin, Commissaire européen de la Recherche, et d’Yvan Ylieff,
Commissaire du Gouvernement, adjoint au
Ministre de la Recherche scientifique. Une centaine de personnes du monde politique, scientifique et industriel, des astronomes amateurs
et la presse étaient présents.
L’événement s’est déroulé dans le cadre de la
Présidence belge de l’Union européenne et
était organisé conjointement par les Services
fédéraux des affaires, scientifiques, techniques
et culturelles (SSTC) et l’ESO. L’initiative venait
du directeur général de l’ESO, le docteur Catherine Cesarsky, pour mieux faire connaître l’organisation aux états-membres. Cette présentation en Belgique était la troisième après
l’Allemagne et le Portugal.
Après un exposé préalable par le directeur
général sur l’historique et les perspectives
ambitieuses de l’ESO, le Commissaire Busquin
souligna l’importance des grandes infrastructures dans la réalisation de l’Espace européen
de la recherche. Le docteur Maarten Baes
(RUG) et l’ingénieur Jean-Pierre Chisogne
(AMOS) illustrèrent d’exemples la participation
scientifique et technologique belge aux activi-
tés de l’ESO. Les interventions portaient respectivement sur l’étude de la Voie lactée au
moyen du Very Large Telscope (VLT) et sur la
construction de télescopes d’appoint par AMOS
pour l’interféromètre du VLT.
Le Commissaire du Gouvernment Yvan Ylieff
clôtura en soulignant l’importance de l’ESO
pour la Belgique. La projection du film “Astronomy to the power of four” sur la construction
et les possibilités scientifiques du VLT impressionna toute l’assistance.
Des renseignements complémentaires et de la
documentation peuvent être obtenus aux SSTC
auprès de Monnik DESMETH, [email protected]
ou Alain Heynen [email protected]).
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Actualités
L’image satellitaire à
l’Ecole Royale Militaire
A la Conférence GMES à Bruxelles (15 octobre 2001), l’Ecole
Royale Militaire présentait deux utilisations à des fins humanitaires des images spatiales. Son Signal and Image Center
participe à des projets multidisciplinaires d’interprétation de
l’imagerie satellitaire dans le cadre du programme belge Telsat et avec l’appui de l’UEO. Il coopère avec des spécialistes
du Ministère de la Défense, de l’ULB (Université Libre de
Bruxelles), du DLR (Deutsches Zentrum für Luft- und RaumGrande “première” pour l’ESA et l’industrie européenne: une liaison optique,
par faisceau laser, entre le satellite d’observation SPOT-4 et le satellite de
télécommunications ARTEMIS. (ESA)
fahrt) en Allemagne.
PARADIS (Prototype for Assisting Rational Activities in
Première liaison civile
par laser entre un satellite
quasi-géostationnaire
et un satellite quasi-polaire
humanitarian Demining using Images from Satellites) vise à
accroître l’efficacité et la rapidité des campagnes de déminage grâce à la localisation, la définition et l’évaluation plus
précises des champs de mines. Les images à haute résolution
des satellites d’observation, combinées à des prises de vues
aériennes, permettent de bien étudier les terrains minés et
Le 20 novembre 2001, l’Europe réalisait une première avec une liaison optique
civile entre le satellite de télécommunications ARTEMIS sur une orbite d’attente à 31.000 km et le satellite de télédétection SPOT-4 à 832 km. L’expérience a consisté à établir la liaison à quatre reprises, au cours desquelles le
de mieux préparer les actions “in situ”. Le SIC avec l’IGEAT
(Institut de Gestion de l’Environnement et d’Aménagement
du Territoire) de l’ULB, a mis au point une méthodologie de
terminal SILEX à bord d’ARTEMIS a activé sa balise optique OPALE pour balayer
collecte d’informations pour des campagnes au Mozambique
la zone où SPOT-4 était censé évoluer. A la réception du signal optique ARTE-
et au Laos.
MIS, le terminal PASTEL de SPOT-4 a répondu en lui envoyant son propre faisceau laser. Une fois cette réponse reçue, ARTEMIS a interrompu son balayage
et la liaison optique a pu être maintenue pour une durée pré-programmée de 4
SAHARA (Semi-Automatic Help for Aerial Region analysis) met
à 20 minutes. Cette liaison a été réalisée avec l’aide de la station de Redu, par
au point des techniques (sous forme de logiciels) qui facilitent
une équipe de l’ESA et de CISET International. La balise optique du terminal
et accélèrent le traitement de l’information dans les observa-
OPALE à bord d’ARTEMIS a été réalisée par Spacebel en coopération avec le
tions réalisées par satellite. Les images des senseurs multis-
Centre Spatial de Liège.
pectraux et hyperspectraux, l’emploi des systèmes radar sur
Dix jours plus tard, la liaison laser entre ARTEMIS et SPOT-4 a permis la trans-
orbite confrontent l’utilisateur à un flux complexe de données,
mission d’images vidéo haute définition à 50 Mbs/s entre le terminal PASTEL
difficiles à maîtriser par rapport aux besoins souhaités. Dans
de SPOT-4 et le terminal OPALE d’ARTEMIS. Les images transmises sont d’une
un projet pilote, le SIC avec le DLR et la société espagnole
parfaite qualité. Cette démonstration ouvre de nouvelles perspectives dans le
domaine des liaisons inter-satellites, avec l’International Space Station (ISS),
Sener ont étudié l’infrastructure de cinq aéroports dans le
les sondes interplanétaires, les satellites en orbite géostationnaire, les
cadre d’un système d’information géographique destiné aux
constellations de satellites en orbite basse.
missions de l’Union de l’Europe occidentale.
Pour tout savoir
sur la politique
scientifique fédérale:
www.belspo.be

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