discours 40 ans du jumelage - Ville de La Ferté

Transcription

discours 40 ans du jumelage - Ville de La Ferté
40ème anniversaire du jumelage
entre LAUFFEN-AM-NECKAR et LA FERTE-BERNARD
Discours de Jean-Carles GRELIER
Maire de La Ferté Bernard
Monsieur le Maire et Cher Collègue,
Monsieur le Maire honoraire,
Madame et Monsieur les Présidents du Comité de jumelage,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
Chacun d'entre nous garde en mémoire, soit pour y avoir assisté, soit pour l'avoir
visionné, l'entretien du 14 Décembre 1965, au cours duquel le Général de Gaulle
répondant à une question de Michel Droit s'exprimait en ces termes : « Il ne sert à
rien de s'agiter sur sa chaise tel un cabri en répétant l'Europe, l'Europe, l'Europe ».
Ce faisant, l'homme de 18 Juin 1940 nous indiquait une nouvelle fois la voie, celle
d'une Europe à construire qui ne pouvait se contenter de pétitions de principe mais
devait, au contraire, rassembler les énergies et les peuples européens autour de l'idée
d'une coopération économique, d'une mise en commun de nos intérêts qui seule
pouvait garantir une paix enfin durable sur le sol de notre vieux continent.
Et chacun sentait ou pressentait que seules l'Allemagne et la France réconciliées
pouvaient être les moteurs de cette nouvelle coopération. Déjà, à REIMS en 1962 le
Chancelier ADENAUER et le Président français avaient marqué, par leur présence
commune dans la capitale de la Marne, que nous avions changé d'époque et qu'après
le temps des conflits, la ligne de l'histoire nous conduisait désormais vers la concorde
et l'amitié.
Il appartenait, des deux côtés du Rhin, à la génération issue de la guerre qui était alors
aux commandes, de jeter les bases de ce temps nouveau, ce temps de paix qui
s'ouvrait pour nos deux pays.
C'est ainsi qu'en 1967, Madame LEGEAY, Professeur d'Allemand à LA FERTE
BERNARD et le Docteur EISSELE, Proviseur du lycée de LAUFFEN, entrèrent en
relation et commencèrent à construire les premiers échanges scolaires entre nos deux
villes. Ils furent les pionniers de cette amitié dont nous nous réjouissons de célébrer
aujourd'hui le quarantième anniversaire.
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Il faudra encore sept années pour que s'officialise notre jumelage, pour que Monsieur
ROLLER, Maire de LAUFFEN et Monsieur CHAPRON, Maire de notre ville,
ratifient ensemble la charte qui, depuis lors, unit nos deux cités.
Comment ne pas saluer ici l'action de Messieurs EISENBEK et BOTRAS qui eurent,
les premiers, à animer nos Comités de jumelage, ni sans remercier chaleureusement
ceux qui, depuis, ont poursuivi cette œuvre amicale et ont entretenu cette amitié qui n'a fait que grandir et se renforcer au fil des ans.
Comment ne pas citer, au nombre de ceux-ci, Messieurs LINK, KUBLER,
WALDENBERGER et STAHL côté allemand mais aussi Messieurs COUTABLE et
JAMET côté français.
En 40 ans d'échanges scolaires, sportifs ou culturels, nous avons appris à nous
connaître, à apprécier ce qu'il y a de meilleur dans l'autre. Nous avons tissé des liens
personnels mais aussi institutionnels qui viennent garantir la pérennité de notre
jumelage.
Nous avons partagé ensemble des moments forts qui ont scellé notre amitié.
Je garde, pour ma part, le souvenir ému de ce 11 Novembre 2008 où nous étions
présents ensemble et aux côtés du Maire de LOUTH pour honorer les morts de la
Première guerre mondiale, à l'occasion du 90ème anniversaire de l'armistice de 1918.
C'est ainsi, depuis les clochers de nos nombreux villages, que se construit notre
histoire commune, que se construit l'Europe.
Dans son discours, lors des cérémonies du 30ème anniversaire, Pierre COUTABLE
écrivait : « La construction de l'Europe ne sera jamais finie, les choses sont fragiles,
ils faut travailler sans relâche pour qu'elle progresse ».
Dix ans plus tard, je ne peux retirer un mot de ce très juste constat. L'Europe reste un
colosse au pied d'argile.
Dans quelques jours, nous serons tous appelés à désigner, pour un nouveau mandat,
nos députés européens. Il ne faudrait pas que sous les effets de la crise économique,
ces élections fassent reculer la construction européenne, qu'elles marquent le retour à
des nationalismes exacerbés, à des replis sur soi qui portent toujours en eux les
germes de la discorde et sont une menace pour la paix et la concorde.
Au contraire, appuyons-nous sur nos expériences partagées pour construire l'Europe
comme un projet enthousiasmant pour les générations futures.
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Ne donnons pas aux jeunes de nos deux pays le sentiment terrible que l'Europe ne
serait qu'une machine administrative, loin très loin de nos territoires et des aspirations
de leurs habitants.
C'est parce qu'ils voulaient la paix que nos grands Anciens ont voulu la construction
européene. Et ils avaient mille fois raison. Le siècle précédent a par trop montré
combien cette paix, durable, enracinée, était nécessaire.
Pour autant, la génération de nos enfants ne posent pas sur l'histoire le même regard
que nous. La Seconde guerre mondiale leur paraît bien loin et s'apparente le plus
souvent à de l'histoire ancienne.
S'ils ne manquent pas de reconnaissance pour ceux qui, hier, se sont battus pour leur
offrir la liberté, il n'est plus possible de leur proposer de construire l'Europe, leur
Europe, en s'appuyant uniquement sur l'histoire.
Le temps est venu de leur proposer un vrai projet, de véritables coopérations entre
nos deux pays qui continueront d'enraciner profondément notre jumelage.
C'est dans cet esprit que je vous invite, Mon Cher Collègue, à ce que nous puissions
réfléchir ensemble à l'élaboration d'un projet participatif et fédérateur entre nos deux
villes.
Je vous propose que soit désignée par chacun de nos Conseils municipaux une
personne référente, chargée du suivi de notre coopération institutionnelle, pour que
nous ne nous contentions plus de quelques trop rares manifestations officielles pour
nous retrouver. Une sorte d'Ambassadeur qui assurerait entre nos deux cités un lien
permanent et officiel.
Je vous propose que nous mettions en œuvre, dès cette année, une bourse de stages commune à nos deux villes afin d'offrir à de jeunes allemands l'opportunité de venir
effectuer une période de stage au sein des entreprises ou administrations fertoises et à
de jeune fertois de faire de même à LAUFFEN.
Je vous propose, enfin, que se rapprochent nos deux Offices du tourisme afin que
LAUFFEN d'un côté et LA FERTE BERNARD de l'autre deviennent pour nos
habitants des destinations privilégiées de voyage.
Je sais, de vos récents échanges avec François MARIANI qui nous représentait à
LAUFFEN aux cérémonies commémorant le terrible souvenir des bombardements
qu'à eu à subir votre ville en 1944, que vous partagez mon souhait et ma volonté
d'aller plus loin dans la coopération, en nous appuyant réciproquement sur ces
quarante années d'amitié qui nous unissent.
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Envoyons ensemble un message fort à notre jeunesse. Montrons-lui que nos liens
d'amitié sont résolument tournés vers l'avenir. Un avenir que vous voulons bâtir
ensemble, au cœur d'une Europe à visage humain.
Donnons envie à nos jeunes d'aller plus loin encore. Affirmons qu'à notre petite
échelle nous pouvons être un rempart efficace au nationalisme, aux petits intérêts
étatiques, aux égoÏsmes recroquevillés.
L'Europe peut, doit être grande et belle et c'est à nous qu'il appartient de le dire.
A notre niveau, offrons à la jeune génération le visage d'une Europe qui donne envie,
qui suscite les enthousiasmes, qui accompagnent les projets.
Alors et alors seulement nous nous offrirons à nous-mêmes la certitude de pouvoir
nous retrouver pour fêter ensemble les 50, 60, ou 100 ans de notre jumelage.
Vive LAUFFEN, vive LA FERTE BERNARD.
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